mardi 15 décembre 2015

20 000 LIEUES SOUS LES MERS

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr  

"20 000 Leagues Under the Sea" de Richard Flescheir. 1954. U.S.A. 2h06. Avec Kirk Douglas, James Mason, Paul Lukas, Peter Lorre, Robert J. Wilke, Carleton Young, Ted de Corsia.

Sortie salles France: 7 octobre 1955. États-Unis: 23 décembre 1954

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Première production Disney tournée en scope et en prise de vue réelle, 20 000 lieues sous les mers dépoussière le cinéma d'aventures sous la scénographie épurée d'un univers marin. D'après un célèbre roman de Jules Verne, ce grand classique familial possède les solides atouts de tirer parti d'une interprétation pleine de vigueur et d'une mise en scène professionnelle d'un maître du cinéma de genre, Richard Fleischer. L'action se situe en 1868... Alors que plusieurs bateaux sont victimes d'attaques perpétrées par un éventuel animal marin, le professeur Aronnax, le harponneur Ned Land et le domestique Conseil embarquent à bord d'une frégate pour le traquer. A leur tour pris pour cible par la menace, nos trois comparses se retrouvent évincer de leur embarcation avant d'être repêcher par les sbires du Capitaine Nemo à bord d'un submersible. Aventure haute en couleurs dédiée à l'amour de la mer et de sa faune environnante, 20 000 lieues sous les mers se porte en témoignage poignant pour retracer l'utopie meurtrière d'un capitaine avide de rancoeur contre l'humanité. Celle de fustiger la cupidité de l'homme tirant profit des moindres richesses aux quatre coins du monde et exploitant les plus faibles pour tenir lieu d'esclavagisme.


Par le biais de ce frondeur ingrat habité par le venin de la vendetta, Richard Fleischer dresse le portrait mélancolique d'un amoureux de la mer, désespéré à l'idée de retrouver un jour la prospérité d'une terre inscrite dans le respect et la bonté. Sur ce point, le vétéran James Mason s'avère remarquable de sobriété dans la peau d'un capitaine émérite mais désavoué par sa détresse suicidaire. Quant aux seconds-rôles héroïques qui lui prêtent la réplique, on peut principalement prôner l'interprétation galvanisante de Kirk Douglas dans celui d'un marin aussi pétulant que caractériel à daigner s'extirper de sa condition d'otage. Paul Lukas et Peter Lorre endossant les carrures nobles d'hommes avisés à tenter de dissuader la folie du capitaine Nemo. A travers les aspirations criminelles de ce dernier, Richard Fleischer en exploite un spectacle familial d'une beauté formelle épurée, à l'instar de l'antre baroque du submersible (en compagnie théâtrale et musicale d'un orgue !) et des séquences sous-marines dévoilant la richesse insoupçonnée d'une faune coexistant en harmonie. Jalonné de péripéties homériques parmi une communauté de cannibales et de belligérants enrôlés en mission, 20 000 lieues sous les mers alterne l'action mais aussi l'humour sous l'impulsion d'un Kirk Douglas rivalisant d'insolence et d'espièglerie, à l'instar de son amitié partagée avec un phoque (sa beuverie improvisée avec ce dernier distille une fervente cocasserie !). Pour parachever, ajoutez également en point d'orgue le caractère épique d'une confrontation dantesque avec un poulpe géant. Alors que plus d'un demi-siècle après sa confection artisanale (la créature est un mélange d'hydraulique, d'air comprimé, de tuyaux et de caoutchouc !), on reste impressionné par le réalisme de cette bravoure rehaussée de la vigueur d'un climat nocturne tempétueux !


Grand classique du film d'aventures délivrant un message écolo pour la protection de l'environnement marin (espace de rigueur et de liberté) et une diatribe contre l'égoïsme de l'homme, 20 000 lieues sous les mers préserve son pouvoir de fascination grâce au brio de sa mise en scène et à la chaleureuse complicité d'un quatuor de comédiens au charisme indéfectible.  

Bruno Matéï
3èx

Récompenses: Oscar des meilleurs effets visuels 1955
Oscar de la meilleure direction artistique 1955

lundi 14 décembre 2015

Le Chat Noir


"Il Gatto nero" de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h32. Avec Patrick Magee, Mimsy Farmer, David Warbeck, Al Cliver, Bruno Corazzari.

Sortie salles France: 9 Mars 1983.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981: La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..


Film mineur au sein de la carrière de Fulci alors que la même année la Maison près du cimetière et l'Au-delà traumatisèrent toute une génération de cinéphiles, Le Chat Noir connut néanmoins un certain succès mérité auprès des vidéos-clubs des années 80 sous l'égide de Scherzo
Synopsis: Une photographe et un inspecteur de police vont chacun de leur côté tenter de démystifier les découvertes de cadavres sauvagement agressés. Leurs investigations les amènent à fréquenter un médium solitaire alors qu'un chat noir semble être à l'origine de cette vague de meurtres. 


Faute d'un scénario mal exploité il est vrai, le Chat Noir compte surtout sur l'alignement de scènes chocs morbides perpétrées autour d'une ambiance d'étrangeté fréquemment envoûtante pour instaurer une efficacité payante. D'autre part, le concept original d'incriminer un chat à l'origine de sanglants méfaits ne manque pas d'attiser notre curiosité quand bien même l'étrange medium communiquant avec l'au-delà semble y tirer les ficelles. Un chat noir d'un charisme inquiétant que Lucio Fulci parvient à rendre oppressant dès ses apparitions en plan serrés, qui plus est renforcé d'un bourdonnement dérangeant à travers la dissonance de bruits sourds et réguliers. Pour ce rôle interlope, on retrouve avec plaisir l'inoubliable acteur d'Orange Mécanique et d'Histoires d'Outre-tombe, Patrick Magee, campant ici un personnage antipathique aussi fourbe qu'égoïste auprès de son mobile vindicatif. Dans celle de la photographe fureteuse, l'illustre Mimsy Farmer lui partage la vedette en posture fragile d'investigatrice gagnée par la révélation d'indices macabres. Enfin, David Warbeck endosse avec plus de discrétion la carrure d'un inspecteur de police assez malhabile, à l'instar de son impuissance à se prémunir contre l'agression meurtrière du chat.


En dépit d'une intrigue superficielle néanmoins insolite, de son montage déstructuré et de certaines maladresses de mise en scène (notamment la régularité de zooms intentés sur les regards suspicieux de protagonistes), le Chat Noir réussit à diluer charme et sympathie de par sa facture latine délicieusement macabre. Tant auprès de la composition attachante de nos seconds couteaux pris dans la tourmente d'une énigme occulte, du climat d'étrangeté rehaussé parfois d'esthétisme gothique (principalement les intérieurs archaïques de la demeure de Robert miles), de l'accompagnement musical énergiquement orchestré par Pino Donnago et enfin de l'impact graphique conféré aux meurtres les plus complaisants (le sort du couple finissant par succomber à un horrible asphyxie, l'agression de l'inspecteur dans la cité nocturne et le châtiment par le feu imparti à une quinquagénaire dans la quiétude de son foyer). A revoir donc pour les amateurs de série B horrifique révolue à l'ambiance résolument prégnante. 

*Bruno
5èx

vendredi 11 décembre 2015

HISTOIRES DE FANTOMES CHINOIS. Prix spécial du jury, Avoriaz 1988.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Sien nui yau wan/A Chinese Ghost Story" de Ching Siu-tung. 1987. Hong-Kong. 1h38. Avec Leslie Cheung, Joey Wong, Wu Ma, Lam Wai, Lau Siu-ming, Xue Zhilun, Wong Jing

Sortie salles France: 28 décembre 1988. Hong Kong: 18 juillet 1987

FILMOGRAPHIE: Ching Siu-tung est un réalisateur et un chorégraphe hong-kongais né en 1953.
1982 : Duel to the Death. 1985 : Witch from Nepal. 1987: Histoire de fantômes chinois. 1990 : Swordsman. 1990 : Terracotta Warrior. 1990 : Histoire de fantômes chinois 2. 1991 : The Raid. 1991 : Histoire de fantômes chinois 3. 1992 : Swordsman 2. 1993 : Swordsman 3. 1993 : Mad Monk: 1994 : Wonder Seven. 1996 : Dr. Wai. 1997 : The Longest Day. 2000 : Conman in Tokyo. 2002 : Naked Weapon. 2003 : Un aller pour l'enfer. 2008 : Kingdom of War. 2011 : Le Sorcier et le Serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake)


Film culte des années 80 auréolé du Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1988, Histoires de fantômes chinois aura marqué toute une génération de spectateurs et de vidéophiles (le film fit un carton en Vhs !). De par l'imagerie flamboyante impartie à son romantisme féerique où le fantastique s'entrechoque sous l'impériosité de fantômes maléfiques. Concentré d'humour pittoresque (le héros maladroit multiplie les bévues au fil de ses déambulations avec des rencontres occultes), d'action bondissante (les corps - affublés de soie - volent dans les airs pour se combattre avec une fluidité épurée !) et de tendresse lyrique (la relation désespérée du couple extériorise des plages de poésie prude), Histoires de Fantômes chinois est un enchantement permanent ! Avec une virtuosité étourdissante et l'ambition formelle de nous immerger dans un univers atypique, l'intrigue se focalise sur les vicissitudes du jeune Ning égaré en pleine forêt à proximité du temple Lan Jou. Sur place, il y établi la rencontre d'une charmante inconnue, Hsiao-Tsing, quand bien même un taoiste, Yen, pourchasse les fantômes qui errent à travers bois. Alors qu'une relation amoureuse s'improvise entre le couple, Hsiao-Tsing lui révèle sa véritable identité et lui avoue qu'elle est contrainte de se marier avec un arbre démon d'ici trois jours. Afin de la sauver des griffes du mal et de pouvoir la réincarner, Ning doit exhumer les cendres de sa compagne pour les déposer dans une sainte campagne.


Ensorcelant et exaltant, Histoires de fantômes chinois se porte en étendard romantique sous couvert d'un récit fantastique aussi homérique que vertigineux. Par le biais d'un montage ultra rapide et d'effets spéciaux bluffant de réalisme, Ching Siu-tung parvient à transfigurer moult péripéties virevoltantes sous l'impulsion héroïque du couple scandé par la passion des sentiments. Véritable hymne à la candeur de l'amour, l'intrigue met en exergue leur ressort romanesque avec une poésie proprement capiteuse ! Aux regards mélancoliques mêlés de tendresse et de désir de liberté, Ning et Hsiao-Tsing oscillent les sentiments contradictoires de fragilité amoureuse, entre espoir et désespoir d'une condition infortunée. Le cinéaste renouvelant les codes du mélodrame sous argument fantastique d'une thématique empruntée aux fantômes. Ultra inventif dans les péripéties fulgurantes accordées aux combats aériens et au déchaînement de l'enfer (point d'orgue borderline à couper le souffle !), Histoires de fantômes chinois transcende un univers chimérique au sein du pays mandarin. Dépaysé et déboussolé, le spectateur français basculant dans une dimension surnaturelle auquel une langue géante alpague ses proies pour soumettre les âmes humaines en Enfer !


Terriblement attachant et cocasse pour la complicité romanesque que se partage timidement le couple de héros, voir également émouvant pour le dénouement de leur destin, Histoires de fantômes chinois transcende le mélodrame par le biais d'un conte fantastique où le spectacle pyrotechnique ne cède jamais à une vaine outrance. Inscrit dans un romantisme lyrique à l'érotisme chétif, il en émane un chef-d'oeuvre de fantaisie touchée par la grâce des comédiens Leslie Cheung/Joey Wong.

Bruno Matéï
4èx

Récompense: Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1988.

jeudi 10 décembre 2015

ROCKY 3, L'OEIL DU TIGRE

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site latavernedutroll.wordpress.com

"Rocky 3" de Sylvester Stallone. 1982. U.S.A. 1h39. Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith, Tony Burton, Mister T., Hulk Hogan, Ian Fried.

Sortie salles France: 12 janvier 1983. U.S: 28 Mai 1982

FILMOGRAPHIE: Sylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York. 1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Fort d'un succès planétaire avec les deux premiers opus, Sylvester Stallone rempile devant et derrière la caméra pour offrir un 3è volet à sa saga légendaire sous l'impulsion d'un "méchant" au charisme impressionnant, Mr T ! L'acteur noir insufflant une fureur animale inédite par son autorité et sa vigueur physique à vouloir mettre à terre son adversaire aujourd'hui réputé comme champion du monde de poids-lourd. Cette fois-ci, la chronique sociale s'efface beaucoup au profit du show d'exhibition (le match de charité négocié avec le catcheur Hulk Hogan laisse libre court à un délirant pugilat destitué de règles !) et du spectacle de combats de boxe outrancièrement dantesques que Sylvester Stallone chorégraphie avec une maîtrise estomaquante. Toujours épaulé du score épique de Bill Conti parmi l'appui du célèbre thème Eye of the Tiger de Survivor immiscé durant les phases d'entrainement, les coups portés sur chacun des adversaires n'auront jamais été perçus aussi homériques pour ébranler le spectateur. Au point tel qu'avec son homologue Rocky 4, on peut sans conteste avouer qu'il s'agit de l'opus le plus jouissif de la saga, de par l'impact terriblement spectaculaire conféré aux affrontements physiques sous l'impulsion viscérale d'un antagoniste aussi indiscipliné qu'impavide !


Si le film perd en réalisme dans la caricature allouée au sport de lutte (les boxeurs ressemblant à s'y m'éprendre à de véritables gladiateurs des temps modernes), l'efficacité du récit émane du caractère ultra jouissif de l'action des combats et des états d'âme de notre héros en pleine remise en question. A travers les thèmes de la célébrité et de la peur d'affronter l'adversaire, Rocky 3,l'oeil du tigre oppose les doutes du champion de boxe affaibli par son embourgeoisement depuis sa glorieuse victoire avec Apollo Creed. A nouveau défié avec la venue de Clubber Lang, un boxeur noir issu des quartiers de Chicago, Rocky tente d'influencer Mickey à renouer l'entrainement pour l'ultime match de leur carrière. Mais juste avant de monter sur le ring pour venir l'affronter, Rocky est témoin du malaise cardiaque de son mentor. C'est bouleversé et contrarié qu'il combat ensuite son ennemi pour rapidement perdre le match par KO au 2è round. Plongé dans la détresse depuis la mort de Mickey, Rocky tente néanmoins de s'offrir une seconde chance à combattre son ennemi sous l'appui amical d'un nouveau manager, Appolo Creed. A travers cette mécanique narrative bien huilée alternant l'action, le drame et la romance pour les plages d'intimité entre Rocky et Adrian, l'intrigue met en appui la rédemption de l'amour sous l'appui maternel de son épouse. Une nouvelle femme plus affirmée car motivée à inculquer son initiation au courage, à l'endurance et à la confiance en soi afin de convaincre Rocky de retrouver l'oeil du tigre. A savoir, extérioriser une nouvelle rage de vaincre et continuer de puiser dans l'endurance afin de tenir la distance. Surprenante de naturel et d'élégance suave dans son nouveau rôle de femme forte, Talia Shire offre là son plus beau rôle de toute la saga !


Excellent divertissement avant tout conçu sur l'efficacité virtuose d'une action survoltée sans toutefois dénigrer l'émotion et la tendresse dans les ressorts de romance (Rocky/adrian), de drame (Rocky/ Mickey) et d'amitié (Rocky/Apollo), Rocky 3, l'Oeil du Tigre fait également preuve de cocasserie sous les réparties arrogantes du personnage bourru de Paulie. 

Rocky: http://brunomatei.blogspot.fr/…/rocky-oscar-du-meilleur-fil…
Rocky 2: http://brunomatei.blogspot.fr/20…/…/rocky-2-la-revanche.html

Bruno Matéï
5èx

mercredi 9 décembre 2015

ROCKY 2, LA REVANCHE

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Rocky 2" de Sylvester Stallone. 1979. U.S.A. 1h59. Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith, Tony Burton, Joe Spinell, Sylvia Meals, Frank McRae

Sortie salles France : 29 février 1980. U.S: 15 juin 1979

FILMOGRAPHIE: Sylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York.
1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Trois ans après le succès surprise de Rocky façonné par le duo gagnant John G. Alvidsen / Sylvester Stallone, une suite est mise en chantier par l'acteur himself. Alors que Rocky entreprend de prendre sa retraite après son combat épique contre Apollo Creed, ce dernier lui propose une revanche afin de taire les mauvaises langues pour son éventuelle défaite. Mais délibéré à construire une vie de famille avec Adrian, Rocky décide de raccrocher les gants et postuler vers un emploi de prolétaire. Evincé par une agence de pub et limogé par son patron d'usine, il part rejoindre son entraîneur pour le supplier en dernier ressort de l'entraîner au match de la revanche. Second opus d'une saga légendaire érigée sur le milieu de la boxe, Rocky 2, la Revanche continue de surfer avec efficacité sur les ingrédients payants de son modèle. A savoir l'action vigoureuse d'un ultime combat de boxe beaucoup plus épique qu'au préalable, et les bons sentiments d'une succès story irrésistiblement lyrique.


Une vibrante chronique sociale, une initiation à la maîtrise des sentiments (que ce soit du point de vue chagriné de Rocky ou celui vindicatif d'Appolo) où chaque personnage transmettent avec une sincérité souvent poignante les valeurs d'amour, d'amitié et de tendresse dans leur esprit de cohésion à asseoir la réputation de l'étalon sur piédestal. Incarnation du rêve américain, Rocky est cette fois-ci confronté à un choix cornélien depuis l'opposition de sa femme à affronter une seconde fois un champion discrédité de sa notoriété. Ridiculisé par le merchandising de la pub et réduit au chômage, Rocky n'a comme unique échappatoire que de remonter sur le ring (et ce, en dépit du strabisme de son oeil gauche) afin de survivre et prouver aux fans que le premier combat n'était pas un accident. Mais par malchance, son épouse sombre dans le coma à la suite de la naissance prématurée de leur enfant. Jouant sur la corde sensible, Stallone, réalisateur, ne s'apitoie par sur le pathos à dramatiser la situation anxiogène. Avec efficacité, il compte sur l'intégrité des comédiens pleins d'humanité dans leur stature amiable et la sobriété de Stallone, acteur, insufflant une fragilité émotive tout à fait digne pour honorer la fidélité de l'amour. Autour de ce compromis conjugal sur le fil du rasoir, Stallone cultive en second acte un goût prononcé du spectacle rédempteur. Que ce soit les phases d'entraînement intenses perpétrées à l'ancienne sous l'impériosité de Mickey, l'anthologique course d'endurance que Rocky parcourt en centre urbain sous l'appui d'une escorte d'enfants, et le combat de la revanche chorégraphié à l'instar d'un tournoi de gladiateurs. Jouissif, pour ne pas dire jubilatoire, cet affrontement violent est ici décuplé par sa tension exponentielle, notamment par le biais du public observant avec effarouchement l'adversité hargneuse des boxeurs ! Il en émane un oppressant combat de tous les dangers rendu d'autant plus trépidant sous la partition épique de Bill Conti.


Emotif et poignant pour ses péripéties humaines où l'intelligence du propos oppose le sens du devoir et la passion des sentiments autour d'un enjeu sportif, Rocky 2 instaure également avec efficacité une réflexion sur la vengeance et l'acceptation de la défaite du point de vue frustré d'un champion notoire transi d'orgueil.  

Rocky 1: http://brunomatei.blogspot.fr/…/rocky-oscar-du-meilleur-fil…
Rocky 3: http://brunomatei.blogspot.fr/…/12/rocky-3-loeil-du-tigre.h…
Bruno Matéï
5èx

Récompenses:
1980 : Prix Marquee du meilleur film, remis par l'American Movie Awards2
1980 : People's Choice Awards du film favori du public

mardi 8 décembre 2015

JOURNEE NOIRE POUR UN BELIER

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site michaelbruce.fr

"Giornata nera per l'ariete /Jour Maléfique" de Luigi Bazzoni. 1971. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, Silvia Monti, Wolfgang Preiss, Ira Fürstenberg, Edmund Purdom, Rossella Falk, Renato Romano

Sortie salles Italie: 28 Août 1971

FILMOGRAPHIELuigi Bazzoni, né en 25 juin 1929 à Salsomaggiore Terme dans la région de l'Émilie-Romagne en Italie et mort le 1er mars 2012 dans la même ville, est un réalisateur et un scénariste italien.
1963 : Un delitto (court-métrage). 1963 : Di domenica (court-métrage). 1965 : La donna del lago. 1968 : L'Homme, l'Orgueil et la Vengeance. 1971 : Journée noire pour un bélier. 1973 : Blu Gang e vissero per sempre felici e ammazzati. 1975 : Le orme. 1994 : Roma imago urbis.


Inédit en salles en France et relativement occulté par les critiques avant de se voir exhumer de sa torpeur grâce au Dvd promulgué par le Chat qui Fume, Journée noire pour le Bélier emprunte la voie du Giallo avec une originalité atypique. Un journaliste enquête sur une succession de meurtres dont leur particularité est d'avoir été commis un mardi. Au fil de son investigation personnelle, la police commence à le suspecter depuis son absence d'alibis et ses fréquentations lubriques avec de jeunes femmes volages retrouvées assassinées. Une intrigue conventionnelle de prime abord, voir confuse par sa structure narrative en dents de scie où la plupart des personnages masculins sont présentés comme des individus interlopes en qui nous ne pouvons accorder un quelconque bénéfice ou une moindre empathie. Même notre héros, Andrea Bilde, journaliste qu'endosse avec aplomb renfrogné Franco Nero, affiche une posture hétérodoxe dans la peau d'un amant machiste, alcoolique et infidèle en proie à de violentes crises de jalousie.


Un personnage ombrageux à contre-emploi donc du héros redresseur de tort que le comédien parvient aisément à retranscrire de manière antipathique. Quant aux maîtresses qui empiètent l'intrigue pour se réconforter dans ses bras, c'est toujours avec réel plaisir de retrouver un défilé d'actrices italiennes toutes plus plantureuses ou ténues les unes que les autres, quand bien même un tueur s'efforce d'y appliquer son rituel morbide en tentant de les assassiner. Ce jeu vénéneux de séduction s'avère d'autant plus déroutant que le cinéaste tire parti de ses scènes-chocs dans sa manière subjective (et agressive) d'implanter le crime au sein de décors souvent blafards et d'un climat claustrophobe que les victimes éprouvent (à l'instar de l'angoissante séquence de claustration où un bambin esseulé se retrouve pourchassé par l'assassin au sein de son foyer privé de lumière !). Et si l'intrigue d'apparence canonique a de quoi laisser parfois perplexe, son cheminement indécis finit par insuffler un suspense grandissant jusqu'au dénouement homérique des plus surprenants. On peut également souligner l'attention accordée à sa bande-son (la brise d'un vent) et surtout la maîtrise de son esthétisme formel, Luigi Bazzoni déroulant les évènements autour d'une iconographie géométrique (les lieux industriels et les pavillons d'ameublement sont magnifiquement exploités pour suggérer un contraste, une corrélation avec les psychés torturés des protagonistes).


Si au premier abord, Journée noire pour un Bélier peine à apprivoiser le spectateur démunis de ses repères, l'atmosphère d'étrangeté et son climat anxiogène aussi baroque qu'envoûtant parviennent rapidement à transcender son intrigue nébuleuse aux mobiles audacieux. Soutenu par la discrétion d'une partition éthérée de MorriconeJournée noire pour un Bélier aborde les thèmes de la jalousie, de l'émancipation sexuelle, de la vengeance meurtrière et de l'adultère avec une ambition iconoclaste 

Bruno Matéï


vendredi 4 décembre 2015

VICTORIA. Grand Prix Beaune 2015, Festival du film policier

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com

de Sebastian Schipper. 2015. Allemagne. 2h18. Avec Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski,
Burak Yigit, Max Mauff , André Hennicke, Eike Frederik Schulz, Hans-Ulrich Laux

Sortie salles France: 1er Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Sebastian Schipper est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste allemand, né le 8 Mai 1968 à Hannover.
1999: Absolute Giganten. 2006: Ein Freund von mir. 2009: Vers la fin de l'été. 2015: Victoria


                                       "Ce film renversera le monde". Darren Aronofsky

Uniquement tourné en temps réel d'un plan-séquence de 2h18, Victoria est une expérience cinématographique unique en son genre. Une véritable épreuve de force, un uppercut émotionnel comme on en voit peu dans le paysage du polar auquel le drame social l'emporte avec une rigueur à couper le souffle. Car par le biais d'un tour de force technique ahurissant de maîtrise et précision, Victoria privilégie les émotions à la fois fortes et fragiles de par le portrait scrupuleux d'une jeunesse insouciante contrainte d'exécuter une dangereuse transaction contre leur gré. Le récit décrivant avec ultra réalisme la rencontre impromptue d'une jeune espagnole, Victoria, avec trois délinquants allemands ivres de fureur de vivre. S'attardant durant 45 minutes sur leur virée nocturne avec une attention emprunt de lyrisme, Victoria nous immerge à travers leur sympathique amitié parmi le témoignage innocent de la jeune fille en quête de sensations nouvelles. Ainsi, en dépit de l'aspect irresponsable de cette jeune clique d'adultes peu fréquentables, Sebastian Schipper parvient inévitablement à nous provoquer de l'empathie pour leur esprit de cohésion inscrite dans l'amitié et leur désir insouciant d'une liberté sans règles sous euphorie d'alcool et de joints. Ce sentiment tendre de camaraderie sera notamment renforcé du regain d'affection que Sonne et Victoria vont apprivoiser durant leur cheminement périlleux.


La grande force du film résidant dans le portrait imparti à leur caractérisation humaine où désespoir et fragilité vont s'embraser un peu plus, ces derniers conscients d'un danger trop ardu étant toutefois contraints d'y céder sous le chantage d'un mafieux impérieux. Passés les préparatifs et le passage à l'acte du hold-up retranscrit avec suggestion et vigueur anxiogène Spoiler ! (notamment celle de l'attente interminable du chauffeur et de la panne du véhicule qui s'ensuit), Fin du Spoiler le cinéaste nous dépeindra avec toujours cette même rigueur d'ultra réalisme (l'action est filmée en temps réel) les conséquences tragiques de leur exploit de courte durée. Or, ce sentiment d'urgence d'éviter à tous prix la riposte des policiers, l'affolement et le marasme qui émanent de leur fuite à bout de souffle ainsi que la peur de trépasser, Sebastian Schipper les transcendent à l'instar d'un reportage pris sur le vif si bien que le langage cinématographique s'évapore au profit d'une expérience immersive avec l'engrenage de la délinquance. Cette densité émotionnelle allouée à l'injustice de leur défaite, cette angoisse exponentielle perçue à travers leur détresse étant exacerbés par les présences écorchées vives de comédiens plus vrais que nature au point d'en omettre leur "jeu d'interprétation". Et sur ce point probant, nous ne sommes pas prêts d'oublier la prestance bouleversante de Laia Costa se livrant corps et âme dans la peau de Victoria avec fraîcheur, innocence et insolence dépouillées. Curieuse et fascinée par le danger de l'interdit, elle alterne sentiments d'angoisse et de panique, courage et détermination, tristesse et désespoir durant son parcours initiatique à couteaux tirés.


Les Enfants du Silence
Expérience cinégénique dépassant le simple stade du divertissement policier, Victoria transfigure plutôt le drame social et psychologique sous couvert de mal-être d'une génération terriblement fragile et déboussolée. D'un ultra réalisme à faire rougir l'illustre John Cassavetes, Victoria est prioritairement sublimé par la prestance viscérale de gueules juvéniles criantes de vérité humaine. Soyez également avertis d'une méchante gueule de bois vers l'ultime acte du baroud d'honneur pour la verdeur de son acuité dramatique inconsolable. Car au-delà de son tour de force technique à couper au rasoir, cette oeuvre incandescente extériorise la douleur inéquitable, le désespoir d'une innocence galvaudée. Une tragédie humaine inoubliable en somme. 

* Bruno
P.S: A découvrir obligatoirement en VOst. 

Récompenses: Ours d'Argent, Prix du Public, Prix des cinémas au Festival de Berlin, 2015.
Grand Prix du festival du film Policier à Beaune, 2015.

La critique de Nelly Rufeet: 
Un film tout simplement incroyable, je n'ai jamais vu un film comme ça ! Une expérience viscérale hors du commun, on est en apnée tout le film, et ce dès le début alors que les 45 minutes sont assez "joyeuses". Mais le réalisateur réussit à nous faire rester sur nos gardes et ce dès le début ! La musique discordante contribue largement au malaise, alors que les plans où l'on voit la bande de jeunes de dos dans les rues de Berlin, très réussis, nous mettent très vite mal à l'aise. Cette bande de jeunes est en quête de sens et veut tout simplement vivre et prend sa liberté à travers de petits larcins en toute insouciance. Mais l'insouciance va vite virer au drame... On attend une catastrophe, on est en état d'ébullition tout du long, un des acmés étant le moment où Sonne met du temps pour demander à Victoria de les accompagner dans un truc qui paraît tout de suite très louche...
 Aucun jugement n'est porté sur ces jeunes, l'insouciance de ces derniers est bien rendue, notamment lors de la scène en boîte de nuit, qui fait écho à celle du tout début du film. Les plans rapprochés sont très très réussis, ils donnent le vertiges et nous sommes immergés dans la psychologie des personnages et même au-delà: ce film nous renvoie à nos propres démons, à nos propres angoisses, c'est une vraie expérience qui pose de grandes questions sur l'être, son aspiration à la liberté et l'insouciance dans une société cadenassée par la censure où les trafics font loi. C'est aussi un questionnement sur les passions (la scène au piano est juste incroyable, la caméra épouse le visage de Victoria et les mouvements habités de ses mains au piano, on comprend qu'elle souffre encore de ne pas avoir pu faire une carrière de pianiste et on souffre avec elle !).
Mention spéciale à Laia Costa qui joue merveilleusement bien. Ses regards incendiaires sont habités d’une passion horrifique pour cette bande de potes, inconnus il y a quelques heures mais qui deviennent très vite SA bande, pour laquelle elle est prête à tout... Frederick Lau est également très touchant, on voit vite que ce “chef” de bande est en réalité très amène et doux, et qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. La rue et l’aventure dans laquelle ils sont embarqués le transforme malgré lui...

Le rythme du film est incroyablement bien orchestré, cette scène au piano étant une parenthèse "tendre" avant le coup d'éclat de violence incontrôlée qui va suivre...Cette bande de jeunes est prise au piège d'une dette qu'a un des jeunes envers une personne qui l'a aidée quand elle était en prison et cette dette va transformer leur vie en cauchemar.. On est bientôt très loin de la scène sur le toit et on part dans une escalade de violence hallucinante qui nous hantera longtemps.... et qui hantera longtemps Victoria, embarquée presque malgré elle dans cette aventure mortuaire... Le monde de la nuit nous est magnifiquement décrit de façon poétique (les gros plans sur Victoria à l'hôtel face à Sonne, c'est de la poésie !), anxiogène, alors que le tout dernier plan sonne le glas du drame en un acte auquel nous avons assiste, enfin + qu'assisté... Que nous avons VECU avec eux ! Un chef-d'oeuvre comme on n'en fait plus, d’autant plus qu’il a été tourné en un seul plan-séquence dans plus de 22 lieux différents, une prouesse !

La critique de Mathias Chaput:
« Victoria » est un véritable tour de force cinématographique puisque, à l’instar du film de Hitchcock « La corde », il a été tourné en un seul et unique plan de deux heures vingt minutes dans vingt- deux lieux différents, outre cette gageure technique incroyable et sidérante se rajoute des acteurs incroyables, tous très justes et qui tiennent la cadence sans fatiguer ; la prouesse dont fait preuve Sebastian Schipper est d’autant plus monumental qu’on se croit même carrément en train d’assister à un rêve éveillé, les décors s’imbriquent pile poil dans l’histoire du film, tout est millimétré et pourtant c’est du cinéma freestyle, très tonique avec comme levier scénaristique le casse qui doit avoir lieu et Victoria qui se retrouve embringuée dans cet imbroglio (formidable Laia Costa, fille nature et attendrissante)…
Dès lors, dès que le spectateur a l’information qu’un casse va avoir lieu, cela rajoute une tension de folie mais là où « Victoria » est un métrage incroyable, c’est que Sebastian Schipper choisit justement de ne PAS montrer le casse, du moins de l’intérieur de la banque !
A la différence de « Killing Zoe » auquel on aurait pu penser et se référer, il n’y a aucune violence brute mais plus une empathie pour les personnages…
Le spectateur est baladé dans un voyage filmique hors des conventions et rien n’est laissé au hasard, « Victoria » est une virée nocturne où le spectateur, calé confortablement dans son fauteuil, va suivre l’itinéraire de ces jeunes gens, avec une issue de fous (que je ne vous dévoilerai bien sûr pas)…
Schipper a signé avec « Victoria » une œuvre essentielle pour le cinéma européen des années deux mille dix/deux mille quinze, c’est un tourbillon absolu dont on sort en larmes et totalement collapsé, cette maitrise totale de la technique boostée par le jeu des comédiens amène à se demander comment les comédiens ont pu tenir tout le long du film sans faire de malaise (ils sont restés sans uriner alors qu’ils se sont enquiller des dizaines de verres !), « Victoria » est un film monumental, une claque et même on peut se demander s’il n’a pas été tourné avec une micro caméra, les scènes de voitures ou la caméra qui sort par la vitre avant de la voiture pour rejoindre les protagonistes sur le trottoir, je ne vois pas comment cela a été fait, un homme caméraman en aurait été techniquement incapable, c’est vraiment un travail exceptionnel !
Le film est sorti au début de l’été 2015 en France mais n’a pas laissé de traces énormes, il est donc à réhabiliter impérativement, c’est un OVNI total qui révolutionne le monde du cinéma…
Les cinéphiles apprécieront « Victoria » comme il se doit et savoureront un mélange de drame, d’action et de film d’auteur qui restera longtemps gravé dans les mémoires !
Les dix dernières minutes sont à couper le souffle, mais chuttt…. Je vous laisse voir et explorer ce film monumental….
Une gifle !
Note : 10/10

jeudi 3 décembre 2015

LES VAMPIRES

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site videowatchdog.com

"I Vampiri" de Riccardo Freda et Mario bava. 1956. Italie. 1h22. Avec Gianna Maria Canale, Carlo D'Angelo, Dario Michaelis, Wandisa Guida, Angelo Galassi, Antoine Balpêtré.

Sortie salles France: 27 Novembre 1957

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan
1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.


Premier film d'horreur italien de l'après-guerre, Les Vampires constitue la réunion de deux talents. Riccardo Freda ayant tourné la première moitié du film sur une durée de 15 jours quand bien même Mario Bava, directeur de la photo et des effets-spéciaux, s'occupa de la seconde partie sur une période de deux jours et demi de tournage suite au départ précipité de son comparse. La faute incombant à l'irascibilité caractérielle de Freda selon les dires de Jean-Pierre Dionnet qu'il fréquenta personnellement (voir interview du Dvd français sorti chez Carlotta). Après le succès de la Hammer, les italiens s'empressent donc d'exploiter à leur tour le filon horrifique emprunté au thème du vampire de manière aussi audacieuse qu'originale. Exit donc le traditionnel vampire aristocrate inlassablement poursuivi par Van Helsing et tous les éléments chers au genre (cape noire, gousses d'ail, crucifix et canines pointues), Freda ayant la judicieuse idée de délocaliser le cadre de son action dans l'époque contemporaine des années 50. Paris, 1956. D'étranges cadavres de jeunes femmes sont découverts dans le fleuve de la Seine. Ces meurtres seraient à l'origine d'un serial-killer surnommé le Vampire ! C'est ensuite l'enlèvement d'une jeune comédienne, Lorrette Robert, que les journaux relayent dans l'affolement. Alors que la police enquête de manière infructueuse, un journaliste tente d'éclaircir cette sordide affaire au moment d'être courtisé par Giselle, nièce de la célèbre duchesse du Grand. 


Ce récit inquiétant alternant disparitions en série, expériences scientifiques et investigation policière parvient à distiller un suspense assez habile grâce à la réalisation soignée de Freda et Bava. Les deux cinéastes parvenant avec une belle homogénéité à transfigurer une scénographie gothique (le château, la crypte souterraine et la chapelle sont rehaussés de plans stylisés d'un onirisme macabre) au coeur d'un contexte contemporain (l'urbanisation parisienne des années 50 même si le film a été tourné en Italie). Cette facture assez débridée se permet en outre de prêter allusion à l'épouvante de la Universal par le biais d'un duo de médecins comparables au mythe du savant fou adepte d'expérimentations occultes. A travers les thèmes indissociables du vampirisme et de la jeunesse éternelle, nos auteurs réussissent donc à renouveler les codes sous l'impulsion d'un antagoniste féminin redoutablement sournois et impudent. Gianna Maria Canale endossant avec charme et tempérament hautain une riche héritière avide d'élégance et de prospérité pour son goût de l'éternelle jeunesse. Outre l'intensité de son caractère aussi lâche que cruel, ses apparitions délétères sont rehaussés des maquillages de Bava lorsque cette dernière se métamorphose en temps réel pour nous laisser dévoiler un faciès décati assez repoussant. Un effet spécial redoutablement astucieux dans sa confection artisanale inspirée de Dr Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian. Les meilleurs moments du film étant régis autour de sa posture perfide à déjouer l'intrusion de ses ennemis au sein du manoir.


Efficace et assez captivant pour l'originalité de sa structure narrative où l'enquête policière, les expérimentations médicales et le vampirisme moderne se juxtaposent dans un contexte réaliste, Les Vampires constitue un excellent divertissement que Mario Bava transcende en seconde partie par le biais d'un esthétisme gothique d'une poésie gracile. 

Bruno Matéï

mercredi 2 décembre 2015

L'ENFANT MIROIR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

"The Reflecting Skin" de Philip Ridley. 1990. U.S.A. 1h36. Avec Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Jeremy Cooper, Sheila Moore, Duncan Fraser, David Longworth, Robert Koons.

Sortie salles France: 28 Novembre 1990

FILMOGRAPHIE: Philip Ridley est un réalisateur et scénariste anglais né le 29 Décembre 1964 à Londres. 1990: L'enfant miroir. 1995: Darkly Noon. 2009: Heartless.


Réalisateur aussi discret que peu reconnu, Philip Ridley réalise en 1990 un coup de maître avec l'Enfant Miroir. Un premier long-métrage bougrement ambitieux dans son refus de l'orthodoxie et dans un souci formel à dépeindre un univers atypique, en demi-teinte du conte de fée et du drame horrifique. Empruntant les thèmes de la vieillesse, la mort, la cruauté, le sexe et la perversité, l'Enfant Miroir est une odyssée mélancolique sépulcrale du point de vue d'un bambin moralement perturbé, car livré à lui même depuis la démission parentale. Son père étant suspecté de crime pédophile, sa mère s'appuyant sur une autorité castratrice parfois tyrannique dans ses châtiments expéditifs. Au coeur de l'immensité de champs de blés d'un jaune incandescent, l'action prend pour cadre une bourgade rurale de l'Amérique des années 50. En attendant le retour propice de son frère aîné parti au front, Seth fuit son ennui en s'amusant à des jeux sordides avec ses camarades, à l'instar des sévices infligés sur un crapaud. Témoin de cet acte gratuit, l'une des voisines de la région, Blue Dolphin, se prend de sympathie pour le garçon. Après avoir été invité dans sa demeure et après leur discussion échangée sur des jeux morbides, Seth se persuade que derrière l'apparence blême de cette veuve solitaire se cache un vampire.


Ce pitch tortueux dénué de raison, Philip Ridley l'exploite à la manière d'un conte macabre qu'un jeune gamin fantasme dans sa fragilité autonome. Fasciné par la mort et effrayé à l'idée de voir son frère kidnappé par la "femme", Seth fantasme son existence malingre alors que des cadavres d'enfants sont inexplicablement retrouvés par la population. Dans une mise en scène extrêmement épurée faisant honneur aux plages d'onirisme tantôt féeriques, tantôt morbides, Philip Ridley réinvente le langage cinématographique pour nous accompagner par la main à une expérience métaphysique avec la mort. Abordant les thèmes de la peur de la vieillesse et du trépas du point de vue de l'innocence, L'enfant Miroir s'avère une oeuvre déroutante par son émotion fragile que véhiculent l'enfant et le couple en étreinte, Blue/Cameron. Envoûtant par son climat d'étrangeté solaire et baroque pour le comportement pétulant d'adultes autoritaires envers l'enfant, le réalisateur façonne une succession ininterrompue de situations singulières autour du témoignage équivoque de Seth. Bambin impénétrable lorsqu'il écoute attentivement l'enseignement des adultes avec une posture impassible. Criant de naturel trouble dans son petit corps d'enfant, Jeremy Cooper se fond dans la peau de son personnage parmi l'intensité d'un regard noir où perce une innocence galvaudée. Littéralement transi d'émoi et de fascination durant son cheminement initiatique, le comédien insuffle un humanisme teinté de désespoir dans sa ballade tortueuse avec les anges et la mort.


Jeux Interdits
Etrange, baroque et dérangeant mais d'une beauté gracile capiteuse pour sa flamboyance allouée à l'univers chimérique d'un enfant, l'Enfant Miroir constitue une expérience singulière dans sa palette d'émotions contradictoires oscillant le macabre et la féerie. Un joyau noir beau à en pleurer (les images crépusculaires et incandescentes défilent au rythme d'une partition élégiaque !), une oeuvre sublime et désenchantée sur la quête insoluble de l'amour conférant jeunesse éternelle à l'heureux élu. 

Bruno Matéï
2èx

mardi 1 décembre 2015

CHUTE LIBRE. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

"Falling Down" de Joel Schumacher. 1993. U.S.A. 1h52. Avec Michael Douglas, Robert Duvall, Barbara Hershey, Tuesday Weld, Rachel Ticotin, Frederic Forrest, Lois Smith.

Sortie salles France: 26 mai 1993. U.S: 26 février 1993

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 août 1939 à New York. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St. Elmo's Fire. 1987: Génération perdue. 1989: Cousins. 1990: L'Expérience interdite. 1991: Le Choix d'aimer. 1993: Chute libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de tuer ? 1997: Batman & Robin. 1999: 8 millimètres. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000 : Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction.


Réalisateur capable du pire comme du meilleur en de brèves occasions (selon mon avis personnel), Joel Schumacher réalise sans doute un de ses films les plus percutants avec Chute Libre. Une charge virulente contre l'hypocrisie du consumérisme du point de vue erratique d'un ingénieur de la défense tributaire de ses pulsions de revanche sur la société matérialiste. Alors qu'il tente de rejoindre son ex femme au foyer afin de souhaiter dignement l'anniversaire de sa fille, William Foster est en proie au pétage de plomb moral depuis sa condition d'exclu. Que ce soit auprès de son licenciement économique ou de son mariage raté, il décide aujourd'hui de prendre sa revanche sur son existence sinistrée, quand bien même la faune urbaine de citadins marginaux, arrogants ou nantis va déclencher chez lui une explosion de violence en perdition.


Film choc s'il en est pour la violence incontrôlée du sujet névrosé et les thèmes brûlants conférés au racisme et à la cupidité que Joel Schumacher dépeint au travers de seconds-rôles, Chute Libre cultive un jeu de provocations aussi caustiques que jouissives chez le spectateur. S'identifiant pleinement au marasme social et à la fragilité névralgique de cet ex-ingénieur en voie de rébellion, nous parcourons son itinéraire routard avec l'adrénaline au ventre pour ses pulsions destructrices de revanche contre l'autorité. Outre l'intensité des séquences les plus spectaculaires (la prise d'otage dans le Fast-food, l'affrontement sanglant avec le gang des Chicanos) où la dramaturgie des situations se conjugue à l'absurdité d'un comportement irresponsable, Chute Libre est transcendé par la présence symbolique de Michael Douglas. Portant littéralement le film sur ses épaules, l'acteur se taille une carrure schizo aussi fascinante que malsaine dans ses sentiments d'aversion sociale mêlés de dépit amoureux. Ses interventions inopinées et homériques provoquant chez nous une empathie gênée pour sa décision de précipiter l'acte de riposte auprès d'individus matérialistes, voir fétichistes pour le cas le plus pathologique. Sa rencontre exubérante avec un vendeur xénophobe et homophobe s'avérant l'un des moments les plus dérangeants quand on songe au degré de haine que peuvent véhiculer librement des individus primaires dans leur idéologie fasciste.


Avec une ironie caustique pas toujours du meilleur goût (en de brèves occasions) et au-delà de l'inutilité de quelques séquences triviales (la fête d'anniversaire de l'inspecteur Prendergast au sein du commissariat, le portrait caricatural imparti à son épouse dépressive), Joel Schumacher dresse avec Chute Libre l'aigre constat d'une société mercantile engluée dans l'affabulation et l'hypocrisie, quand bien même les plus démunis tentent d'en tirer profit avec une insolence capricieuse (la sollicitation du Sdf gay, ou à moindre échelle, la baignade du gardien et de sa famille chez son riche propriétaire). Il en émane un divertissement aussi efficace qu'inquiétant dans le portrait imparti à l'affable ingénieur, machine de guerre frondeuse engendrée par la suprématie de nos sociétés modernes. 

Dédicace à Franck Gossard
Bruno Matéï

lundi 30 novembre 2015

THE HARVEST

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de John Mc Naughton. 2013. U.S.A. 1h48. Avec Michael Shannon, Samantha Morton, Natasha Calis, Charlie Tahan, Peter Fonda, Leslie Lyles.

Sortie salles: INEDIT

FILMOGRAPHIE: John Mc Naughton est un réalisateur américain, né le 13 Janvier 1950 à Chicago.
1984: Dealers in Death. 1986: Henry, portrait d'un serial killer. 1991: Sex, drugs, Rock and Roll. 1991: The Borrower. 1993: Mad Dog and Glory. 1996: Normal Life. 1998: Sexcrimes. 2000: Condo Painting. 2001: Speaking of sex. 2004: Redliners. 2009: Backstabbers. 2013: The Harvest.


Révélé par Henry, portrait d'un serial-killer, John Mc Naughton renoue de manière plus édulcorée avec le genre horrifique avec The Harvest. Un thriller à suspense où se télescope habilement le drame psychologique lorsqu'une famille dysfonctionnelle s'efforce de préserver la santé de leur jeune fils paraplégique. Mais l'arrivée fortuite d'une jeune voisine soucieuse du sort de l'adolescent va semer le désordre au sein de leur cellule familiale. Un pitch facilement séduisant dans la manière leste dont John Mc Naughton juxtapose le thriller et le drame avec un sens du suspense calibré.


La condition estropiée d'Andy, l'humanisme fragile des parents et la suspicion de leurs comportements permettant au spectateur de s'y identifier avec une compassion interrogative. Eprouvant une inévitable empathie pour le sort d'Andy atteint de grave paralysie, le cinéaste nous confronte à son désarroi moral et physique (il est un fan de baseball) parmi le témoignage d'une jeune voisine, élément perturbateur car témoin-clef de circonstances aussi malchanceuses que profitables quant à la condition précaire d'Andy. En dépit de la fluidité de son intrigue soigneusement charpentée dosant avec juste mesure rebondissements et revirements surprenants, The Harvest tire-parti de son intensité dans la présence dépouillée des comédiens. Outre le plaisir de retrouver Michael Shannon (Take Shelter) dans celui du paternel équivoque, Samantha Morton en mère castratrice ou encore l'apparition annexe de Peter Fonda en grand-père avenant, la prestance de la néophyte Natasha Calis (découverte dans Possédée) leur vole presque la vedette tant elle apporte beaucoup de tension à la progression de l'énigme en porte à faux. Endossant de manière expressive une investigatrice juvénile aussi craintive que burnée, la comédienne oscille sentiments d'amitié, d'anxiété et de courage avec une sobre vigueur pour le sort de son compagnon d'infortune.


Thriller à suspense impeccablement soutenu parmi l'ossature de son intrigue et l'implication enjouée de comédiens pleins de tempérament, The Harvest aborde les thématiques de l'amour maternel, la maltraitance infantile et de la perte de l'être cher avec une dimension humaine davantage erratique. Une manière horrifique d'alimenter les frissons sous alibi d'un cheminement narratif aussi inopiné qu'efficace. Excellent. 

Bruno Matéï


vendredi 27 novembre 2015

Rocky. Oscar du Meilleur Film, 1977.

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John G. Alvidsen. 1976. U.S.A. 2h00. Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith, Thayer David, Joe Spinell

Sortie salles France: 25 Mars 1977. U.S: 3 Décembre 1976

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Oscars du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleur Montage, Rocky reçut un succès planétaire à travers le monde (même si en France le nombre d'entrées fut timoré) pour marquer à jamais plusieurs générations de spectateurs éblouis par le récit initiatique d'un boxeur de seconde zone hanté par l'esprit de revanche. Un symbole du "rêve américain" dans sa détermination, sa philosophie, sa labeur et son courage à prouver aux yeux du monde qu'il n'est point un loser comme le sous-entend son passé perfectible. Par le biais de ce personnage marginal inscrit dans la fragilité humaine et la volonté de transcender son train de vie précaire, Rocky révéla aux yeux du public la future égérie du cinéma d'action moderne, Sylvester Stallone. L'acteur, littéralement habité par son statut symbolique, laissant libre court à ses sentiments contradictoires de constance, d'endurance et d'angoisse de l'échec avec un humanisme romantique. A l'instar de l'idylle entamée avec Adrian que John G. Alvidsen dépeint avec beaucoup d'humilité. Tourné en seulement 28 jours avec un budget de 1 075 000 dollars, le film en rapporta 225 000 000 $ aux quatre coins du monde alors que son thème, Gonna Fly Now, composé par Bill Conti accèdera à la première place du Billboard Hot 100 du 2 au 8 Juillet 1977. D'après un scénario entièrement écrit par Sylvester Stallone, le film suit donc le parcours initiatique d'un boxer ayant l'opportunité de prouver ses atouts en affrontant un champion du monde de poids lourds le jour du bicentenaire.


Ainsi, avec une émotion emplie de tendresse pour ces personnages, John G. Alvidsen brosse les portraits intimes de prolétaires conscients de leur statut besogneux car hantés par la peur de l'échec, la désillusion et l'hésitation d'affronter leur propre vie. Je songe surtout à Paulie Pennino, l'ami de Rocky, boucher bourru désespéré à l'idée de perdurer sa profession, quand bien même sa soeur introvertie Adrian, occupe une place de vendeuse en animalerie avec une discrétion timorée. Par le biais de ce duo atone, Rocky va tenter d'y apporter une touche d'optimisme et de s'y faire une place empathique en courtisant de prime abord Adrian (ce qui nous vaut des scènes romantiques d'une pudeur émotionnelle souvent poignante). Ces personnages de désoeuvrés truffés de fragilité dans leur condition d'exclu, John G. Alvidsen les filment avec une sobre dignité. Quand bien même le personnage secondaire de Mickey, manager grincheux subitement épris d'empathie pour l'ambition de Rocky, intervient pour contrer l'angoisse de l'échec. Par conséquent, à travers les contradictions du manque de confiance et du dépassement de soi, le parcours personnel de Rocky n'est pas de remporter la victoire pour le trophée d'une ceinture mais de résister au combat, tenir la distance, marquer la cadence de l'endurance afin de tenir tête à son adversaire jusqu'au dernier round. Ce qui donne lieu à un combat final d'une intensité émotionnelle ardue de par l'appétence morale de notre boxeur délibéré à parvenir jusqu'au bout de son dessein avec une fulgurante résignation.


A travers les plages intimistes d'une romance inscrite dans la candeur des sentiments, et par l'initiation morale d'un boxeur avide de revanche sur sa condition lambda, Rocky nous offre une leçon de vie et d'obstination avec une vibrante acuité émotionnelle. Outre le caractère attachant de ces laissés pour compte que les comédiens endossent avec une spontanéité somme toute fragile, Rocky enivre les coeurs sous l'impulsion héroïque d'une légende de cinéma: Sylvester Stallone. Un grand moment de cinéma, une odyssée de l'espoir et du courage par le travail de l'endurance, et ce doublé d'un noble hommage à la pratique controversée de la boxe. 

Dédicace à Stéphane Passoni.
*Bruno