lundi 18 janvier 2016

DHEEPAN

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jacques Audiard. 2015. France. 1h58. Avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga, Tarik Lamli

Sortie salles France: 26 Août 2015

FILMOGRAPHIE: Jacques Audiard est un réalisateur, scénariste et monteur français, né le 30 Avril 1952 à Paris. 1994: Regarde les Hommes tomber. 1996: Un héros très discret. 2001: Sur mes lèvres. 2005: De battre mon coeur s'est arrêté. 2009: Un Prophète. 2012: De Rouille et d'Os. 2015: Dheepan.


Auréolé de la Palme d'Or en 2015, le nouveau film évènement de Jacques Audiard aborde le choc culturel et la violence urbaine sous le témoignage d'un trio de migrants issus du Sri Lanka. Fuyant la guerre civile de leur pays, Dheepan parvient à rejoindre la France avec l'appui d'une fille et d'une jeune femme dont il ignore leur identité (stratagème planifié à l'aide de faux papiers afin de franchir la douane). Logés à l'enseigne d'un quartier défavorisé où la violence urbaine est quotidienne, ils vont tenter de survivre pour s'y faire une place. Fort d'une mise en scène extrêmement appliquée et d'une habile construction narrative suggérant l'approche d'un danger, Dheepan parvient à nous immerger dans le désarroi de cette famille indienne au sein de leur intimité. Débarqués à l'improviste dans cette nouvelle terre d'accueil que symbolise la France, nos trois migrants vont tenter de s'adapter à leur situation précaire depuis les trafics de drogue perpétrés sous leur nez par des délinquants sans vergogne.


Pourvu d'un réalisme scrupuleux, que ce soit pour les séquences d'action percutantes prises sur le vif que de la caractérisation humaine des comédiens méconnus (le couple Antonythasan Jesuthasan / Kalieaswari Srinivasan entremêle pudeur et colère avec une intensité viscérale), Dheepan nous fait donc partager leur quotidienneté sous l'amertume contrariée d'un avenir aussi incertain. Sans effet de misérabilisme et de sinistrose, Jacques Audiard parvient à magnifier leur portrait moral avec souci de vérité d'ausculter leurs sentiments internes fondés sur le dépit, l'angoisse et la révolte. Dressant un tableau terrifiant sur la violence urbaine des ghettos défavorisés au sein de l'hexagone, l'intrigue établit un parallèle sur la situation autrefois vécue par le peuple Tamoul depuis leur traumatisme de la guerre. Constat amère d'une France gangrenée par le chômage et la violence, Jacques Audiard dénonce le laxisme de nos politiques à faire fi des quartiers défavorisés transformés ici en zone de non-droit. Récit initiatique pour une délicate insertion sociale et les rapports amicaux en ascension du couple de migrants, Dheepan nous alerte sur les conséquences de la violence urbaine lorsqu'un ancien belligérant se retrouve confronté à reprendre les armes afin de prémunir son foyer.


Mis en scène avec une virtuosité sans fard et superbement incarné par des comédiens d'une bouleversante humilité, Dheepan aborde l'apprentissage de l'amour, le machisme, l'émancipation féminine et la rébellion sous l'impulsion désoeuvrée d'une guerre urbaine juvénile. Un grand film plein de dignité pour la condition humaine des migrants autant qu'un cri d'alarme sur la situation inquiétante d'une France gangrenée par la violence des cités. 

B.M. 

vendredi 15 janvier 2016

HOSTEL

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

d'Eli Roth. 2006. U.S.A. 1h33. Jay Hernández, Derek Richardson, Eythor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova, Jana Kaderabkova, Jan Vlasák, Jennifer Lim.

Sortie salles France: 1er Mars 2006 (mention: Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement : "De nombreuses images, d'une grande violence, peuvent impressionner les spectateurs".
Sortie U.S: 6 Janvier 2006.

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno. 2015: Knock Knock.


Deux ans après le phénomène Saw, le débutant Eli Roth exploite à son tour le filon du Tortur'Porn remis au goût du jour pour le public ado en quête de sensations hardcores. Devenu comme son homologue un petit film culte auprès de la génération 2000, Hostel emprunte la démarche du film d'exploitation ayant préalablement sévi sur les écrans, particulièrement durant l'époque florissante des Seventies. A travers le thème du trafic d'humains négocié dans les pays les plus défavorisés, Eli Roth s'épanche sur les bas instincts de rupins étrangers partis se réunir en Slovaquie afin de combler leur appétence morbide. Trois jeunes étudiants américains décident de faire escale à Prague depuis l'adresse d'un bordel tenu secret. Ayant sympathisé avec des call-girls au sein de leur auberge, deux d'entre eux disparaissent après avoir flirté dans une boite. Paxton décide de partir à leur recherche... Serie B horrifique inscrite dans une violence graphique parfois éprouvante, Eli Roth n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dépeindre avec réalisme rugueux les divers supplices de victimes torturées pour le compte de bourreaux pathologiques.


Si la première partie éculée n'échappe pas aux inévitables conventions, l'efficacité de la réalisation et le soin imparti à la caractérisation des personnages (que ce soit nos fêtards juvéniles ou nos nymphettes aguicheuses) permettent de nous attacher à leur virée nocturne faite de sexe et de défonce. Outre l'érotisme stylisé des étreintes torrides, le cinéaste s'efforce par petites touches de distiller un climat d'angoisse sous-jacent au fil des disparitions inexpliquées des enlèvements. L'anxiété montant d'un cran lorsque le dernier survivant, Paxton, commence à percuter les tenants et aboutissants des catins compromises à une sombre association. Par le principe haletant du survival, la seconde partie redouble de rigueur horrifique lorsque ce dernier va se retrouver piégé à l'intérieur d'une usine désaffectée reconvertie en chambre des horreurs. Fignolant le cadre insalubre de cet entrepôt rubigineux avec un certain stylisme (notamment la tenue fétichiste des tortionnaires rehaussée d'un charisme patibulaire), Hostel nous emmène droit en enfer lorsque les victimes moribondes sont soumises aux divers instruments de torture. Non exempt d'un humour très noir, notamment au niveau des réparties de criminels excités à l'idée de passer à l'acte, la verdeur qui émane de certaines séquences chocs (particulièrement l'énucléation) provoque dégoût, malaise et sentiment d'inconfort lorsque la victime, embrigadée, enchaînée et en proie à la nausée, se retrouve impuissante à endurer les sévices corporels. Le mode claustro du huis-clos permettant notamment au spectateur de se confiner dans cet univers olfactif transpirant la rouille, le sang, le vomi et la sueur. Pour culminer la tension et la dramaturgie de la survie, la dernière partie allouée à la condition esseulée de deux rescapés nous engage vers une traque homérique parmi l'appui d'enfants délinquants livrés à eux mêmes. Au passage, Eli Roth en profite pour décrier la posture primitive de cette marginalité infantile quand bien même la corruption policière et la prostitution sont également mêlées au trafic d'êtres humains depuis la décrépitude de leur état.


Efficace et tendu, éprouvant et parfois choquant pour quelques effets gores démonstratifs, Hostel adopte le principe du divertissement horrifique par l'exploitation du Tortur'porn. Il en émane un petit moment de frousse à la fascination malsaine assez dérangeante, de par son contexte social où la bourgeoisie arbitraire est capable d'enfreindre sa morale pour assouvir ses fantasmes les plus déviants.  

La Chronique de Hostel 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/hostel-chapitre-2-hostel-part-2.html

B.M

jeudi 14 janvier 2016

La Place Sanglante (Uncut Version)

     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Blood Beach" de Jeffrey Bloom. 1980. U.S.A. 1h31. Avec David huffman, Marianna Hill, Burt Young, John Saxon, Darrell Fetty.

Sortie salles France: 29 Juillet 1981

FILMOGRAPHIE: Jeffrey Bloom est un scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 4 Avril 1945. 1975: Dogpound Shuffle. 1977: The Stick Up. 1980: La plage sanglante. 1984 Jalousies (télé-film). 1985: L'étoile inconnue (TV). 1986: Le droit au meurtre (TV). 1987: Juarez (TV). 1987: Flowers in the Attic


Cette fois-ci, le danger ne vient pas de la mer ! 
Série B horrifique symptomatique des années 80 surfant sur la vague du "monstre aquatique" initié par les Dents de la Mer, La Plage Sanglante fait office d'ersatz amusé de par sa réalisation apathique et ces personnages niais dénués de psychologie. Les comédiens s'efforçant d'exprimer leur effroi ou leur désarroi face à la menace indicible avec une inexpressivité limite impayable. Le pitchDans une station balnéaire californienne, de jeunes vacanciers disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. (Le spectateur assistant avec stupeur amusée à leur ensevelissement par une menace invisible tapie sous le sable). Dépêchés sur les lieux, la police et le chef de la brigade portuaire enquêtent sans parvenir à élucider cette vague morbide. Alors que les morts s'accumulent en intermittence et que les fouilles infructueuses piétinent, le spectateur contemple le suspense au second degré. Produit d'exploitation fallacieux si au premier coup d'oeil on se laisse aguicher par la fulgurance formelle de son affiche, La Plage Sanglante fait office de nanar bonnard au fil d'une intrigue atone incapable de progresser mais rehaussée d'un casting étonnamment attachant (le garde côte roucoulant avec sa compagne 1h30 durant tout en tentant vainement d'éclaircir l'enquête). 


La narration se condensant aux investigations policières rébarbatives et à l'éveil romanesque du couple d'amants (susnommé) au rythme de victimes absorbées par le sable. Si l'idée horrifique s'avère originale et alimente au départ une certaine curiosité quant à sa description spectaculaire et l'envie de démasquer l'identité du meurtrier et son éventuel mobile, la manière puérile dont Jeffrey Bloom exploite indéfiniment ces situations anxiogènes fait chavirer le navire vers la gaudriole. Et pour amuser la galerie, on peut également compter sur nos vénérables seconds rôles John Saxon et Burt Young s'opposant gentiment avec bonhomie, le caractère risible (et involontairement drôle) de leurs dialogues les contraignant à la caricature pittoresque. Incapable d'insuffler un suspense à travers une intrigue à bout de souffle, la Plage Sanglante demeure pourtant miraculeusement plaisant pour qui affectionne le ciné Bis (pour rire), et ce jusqu'au dénouement grotesque où l'apparition protéiforme du monstre nous plonge à nouveau dans une stupeur amusée. Cerise sur la gâteau, on peut également relever la partition métronomique de son score ombrageux limite auto-parodique à daigner provoquer une angoisse sous-jacente lorsque la présence hostile est sur le point d'alpaguer sa nouvelle proie.


Entre ces situations involontairement cocasses ou hilarantes (notamment grâce à la présence bourrue de Burt Young en flic génialement gouailleur) et ces quelques effets gores TRES timorés (en précisant qu'il s'agit ici de la version Uncut inédite en France !), La Plage Sanglante tente d'y façonner une intrigue scolaire plaisamment ubuesque. En mode bisseux, le divertissement ultra modeste parvient donc à séduire l'afficionados du genre de par le charme de ces interprètes assez attachants et son atmosphère horrifique (photo sépia à l'appui) symptomatique d'une époque révolue. 

*Bruno
05.10.20.
4èx

mercredi 13 janvier 2016

Electric Dreams. Prix du Public, Antenne d'Or A2, Avoriaz 85.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Steve Baron. 1984. U.S.A/Angleterre. 1h32. Avec Lenny Von Dohlen, Virginia Madsen, Bud Cort, Maxwell Caulfield, Wendy Miller, Don Fellows, Alan Polonski.

Sortie salles France: 17 Avril 1985

FILMOGRAPHIE: Steve Barron est un réalisateur et producteur irlandais, né le 4 mai 1956 (59 ans) à Dublin (Irlande). 1984 : Electric Dreams. 1990 : Les Tortues ninja. 1992: ZZ Top : Greatest Hits (vidéo). 1993: Bowie : The Video Collection (vidéo). 1993 : Coneheads. 1996 : Pinocchio. 1998 : Merlin (TV). 2000 : Les Mille et Une Nuits (Arabian Nights) (TV). 2000 : L'Étrange histoire d'Hubert (Rat). 2001 : Mike Bassett: England Manager. 2003 : DreamKeeper (feuilleton TV). 2006 : Chocking Man. 2011 : Apocalypse 2.0 (Delete) (TV). 2012 : L'Île au trésor (Treasure Island) (TV).


Un miracle de romantisme fringant à la sauce informatique.
Film culte de la génération 80, Electric Dreams emprunte la comédie romantique sous couvert d'un argument débridé d'anticipation. A savoir, l'ordinateur domestique doué de vie et de sentiments après avoir été incidemment irrigué de champagne par son propriétaire. Ce pitch d'une naïveté fantaisiste, pour ne pas dire ridicule, est transcendé par le talent perfectionniste d'un surdoué issu du video-clip, Steve Barron. Sa réalisation hyper inventive insufflant une fraîcheur galvanisante auprès de la relation singulière du triangle amoureux impliqué dans des péripéties pittoresques. Car au moment d'installer son équipement informatique, Miles Hardings tombe sous le charme de sa voisine de palier, Madeline, violoncelliste de renom. Fasciné par ses compositions qu'elle répète au sein de son intimité, l'ordinateur s'initie également à la mélodie pour les mémoriser au moment de s'éprendre d'amour pour elle. Régissant tous les appareils domestiques de l'appartement de son propriétaire, l'ordinateur s'insinue dans leur vie privée avec une jalousie toujours plus envahissante.


Nanti d'une bande-son envoûtante de Giorgio Moroder et des tubes entraînants de Culture Club, P.P. Arnold, Jeff Lynne, Helen Terry et Heaven 17, Electric Dreams distille une incroyable bonne humeur fringante au rythme enivrant d'une fougue romantique. Steve Barron combinant avec beaucoup efficacité  et d'inspiration de mini-clips musicaux parmi le témoignage saugrenu d'un ordinateur en quête d'amitié et d'amour. Conte de fée moderne gorgé de bons sentiments pour son éloge à l'amour et à la tendresse, le cinéaste renouvelle le contexte éculé par l'entremise de cet ordinateur avide d'autonomie et de chaleur humaine auprès du corps charnel. Mais l'aspect si attachant de cette tendre comédie émane également du caractère effronté de ce dernier rivalisant d'espiègleries et de roguerie à importuner son adversaire avant de s'initier communément à l'amour des sentiments. Au-delà de l'aspect délirant de cette situation improbable où l'amour ne cesse de chavirer les coeurs, Electric Dreams est illuminé par le couple d'amants en ascension sentimentale. A travers son personnage d'architecte rivalisant de bévues et de naïveté à courtiser sa muse et à enquiquiner son entourage, Lenny Von Dohlen (sosie de Thierry Lhermitte !) insuffle une bonhomie candide irrésistiblement attachante. Secondé par la sensuelle Virginia Madsen, cette dernière diffuse une fraîcheur sémillante avec une légèreté d'humeur attendrissante.


Conte de fée romantique alimenté par la flamme de l'émoi amoureux, Electric Dreams préserve une fraîcheur intarissable au rythme d'une BO aussi galante que pétulante. En dépit de son cachet un peu désuet (essentiellement pour la morphologie académique de l'ordinateur), cette série B décomplexée parvient même à culminer une émotion poignante pour la destinée infortunée d'Edgar, machine électronique férue d'amour corporel. Techniquement inventif, notamment auprès de l'ultra dynamisme du montage inspiré du video-clip, il y découle un vrai bijou de charme et de tendresse parmi la légèreté d'humour et de poésie candide (les ordinateurs rêvent-ils de moutons électriques ?) que les nostalgiques reverront avec beaucoup d'émotions. 

* Bruno
12.06.23. 5èx. Vostfr

Récompenses: Prix du Public, Antenne d'Or A2 au Festival du film fantastique d'Avoriaz, 1985.

mardi 12 janvier 2016

FRISSONS D'OUTRE-TOMBE

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Arte.tv

"From beyond the grave" de Kevin Connor. 1973. 1h37. Angleterre. Avec Ian Bannen, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Donald Pleasence, Nyree Dawn Porter, David Warner.

Sortie salles France: Mars 1974. Angleterre: 23 février 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


En plein essor du film à sketchs inauguré par la célèbre firme Amicus depuis le Train des Epouvantes, Frissons d'outre-tombe renoue avec la qualité d'Histoires d'Outre-tombe réalisé 2 ans au préalable. Kevin Konnor, habile faiseur de séries B à qui l'on doit le bijou d'humour macabre, Nuits de Cauchemar, ainsi qu'une pléthore de fantaisies mythologiques (Le 6è Continent, Centre Terre, septième continent, Le Continent Oublié, Les 7 cités d'Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée), nous concocte avec soin quatre sketchs relativement surprenants ou tout du moins ludiques dans son lot de circonstances débridées auquel des protagonistes chapardeurs vont s'y retrouver mêlés. Un miroir, une médaille, une tabatière et une porte vont servir d'éléments perturbateurs avec l'au-delà depuis que des clients se sont empressés de les négocier auprès d'un vieil antiquaire (Peter Cushing se prêtant au jeu du vendeur sénile avec une ironie insidieuse). Servi par une pléiade d'acteurs notoires et de seconds couteaux bien connus des amateurs du genre (Donald Pleasance, David Warner, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Nyree Dawn Porter), Frissons d'outre-tombe tire parti de son capital sympathie grâce à la modeste élaboration de sa réalisation où rien n'a été laissée au hasard.


Que ce soit au niveau de l'efficacité des intrigues aussi amusantes qu'intrigantes dans leur invention machiavélique, de la caractérisation mesquine des personnages n'hésitant pas à frauder la mise de l'objet convoité, que de l'ambiance tout à fait envoûtante que Kevin Konnor fignole parfois par le biais d'éclairages saturés (la dernière anthologie renouant avec l'aspect gothique d'un Bava). Outre les composantes traditionnelles du film à sketchs (dérision, épouvante et suspense), la chute sardonique reste à nouveau tributaire d'ultime estocade pour la victime sévèrement châtiée, quand bien même l'une d'elle bénéficiera d'une faveur d'indulgence. Grâce à la volonté intègre de son auteur à tenter d'émuler son homologue notoire (Histoire d'outre-tombe), Frissons d'outre-tombe attise un pouvoir de séduction émanant d'une ambiance mortuaire délicieusement archaïque. Principalement le premier et le dernier sketch où des revenants tentent de s'extraire d'outre-tombe par le biais d'un miroir ou d'une porte en tourmentant l'esprit de leurs propriétaires. L'humour noir ne cessant de ricocher au fil du comportement versatile des ces derniers attirés dans un univers fantasmagorique sensiblement démoniaque. Prenant pour thème le vaudou par le biais d'une médaille militaire, le second segment ne manque pas non plus de fantaisies et de rebondissements quant à la destinée infortunée du mari préalablement molesté par une épouse abusive. Si le troisième sketch (la tabatière) manque un peu de densité et de surprises par son cheminement prévisible, l'humour cocasse acheminé autour d'un exorcisme et de l'entité indicible permet de transcender ses carences avec un soupçon de méchanceté sarcastique (sa chute espiègle).


Nanti de sketchs (futilement) inégaux mais toujours amusants, insolents et irrésistiblement ensorcelants (j'insiste sur l'ambiance spectrale qui irrigue de son empreinte chaque récit !), Frissons d'Outre-tombe honore le genre d'épouvante sans esprit de prétention et avec l'aimable autorité de comédiens en posture indélicate (mention spéciale au sourire livide de l'étonnamment trouble Angela Pleasance dans le 3è segment). Un petit fleuron d'épouvante archaïque à redécouvrir car d'une fraîcheur insoupçonnée !  

B.M.
2èx

vendredi 8 janvier 2016

THE BEAST (Le Traitement)

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Franceinter.fr

"De Behandeling" de Hans Herbots. 2014. Belgique. 2h07. Avec Geert Van Rampelberg, Ina Geerts, Johan Van Assche, Laura Verlinden, Roel Swanenberg

Sortie salles France: 30 Décembre 2015. Belgique: 29 Janvier 2014

FILMOGRAPHIE: Hans Herbots est un réalisateur et scénariste néerlandais, né le 13 Mai 1970 à Antwerp. 2001: Vallen. 2004: 10 jaar leuven kort. 2005 Verlengd weekend. 2006: Tempête en haute mer. 2010: Bo. 2014: The Beast



D'après le roman The Treatment de Mo Hayder, The Beast relate l'enquête ardue d'un inspecteur de police délibéré à retrouver un assassin pédophile au coeur d'une bourgade rurale de la Belgique. Déjà traumatisé par la disparition de son frère alors qu'il était âgé de 8 ans, Nick Cafmeyer poursuit cette investigation avec acharnement dans sa soif de justice et le désir inespéré de retrouver le kidnappeur de son frangin. Véritable descente aux enfers dans les tréfonds de la bassesse humaine, The Beast constitue un électrochoc émotionnel, de par son réalisme glauque à la limite du soutenable et la caractérisation insalubre de marginaux particulièrement cyniques.


Prenant pour thème la pédophilie dans sa figuration la plus licencieuse, Hans Herbots n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous plonger dans un univers mortifère aussi asphyxiant que déprimant. Alternant l'enquête policière émaillée d'indices au compte goutte puis la quête pour la survie d'une famille en instance de claustration, The Beast éprouve et dérange de manière hypnotique. De par sa structure narrative vénéneuse, ses l'éclairages blafards d'une photo opaque, la maîtrise personnelle de sa mise en scène et l'interprétation névralgique de Geert Van Rampelberg, littéralement habité par ses pulsions de haine et de révolte. Le spectateur se retrouvant, comme le héros, immerger dans un dédale cafardeux depuis sa fréquentation avec des suspects équivoques et ses effractions commises dans des bâtiments décrépits. En dépit d'une intrigue parfois confuse où certains évènements majeurs s'enchaînent (à mon sens) un peu trop rapidement, le suspense exponentiel qui irrigue les pores du scénario nous agrippe la gorge, quand bien même le héros est à deux doigts de démasquer l'identité meurtrière. La dernière partie, crapuleuse et effleurant parfois la complaisance putanesque, s'avérant d'une intensité terriblement dérangeante pour la fonction démunie des victimes et la posture erratique d'un(e) criminel(le) au mobile bien spécifique. Une manière couillue d'invoquer une certaine singularité à ces exactions où la pédophilie est une fois de plus compromise au réseau.


Véritable chemin de croix à perdre haleine que le héros parcourt avec une rage désespérée, The Beast transcende le thriller poisseux avec vigueur et âpre réalisme dans son souci scrupuleux de cristalliser une atmosphère anxiogène épouvantablement immersive. Par sa puissance de suggestion épargnant l'intolérable, le réalisateur parvient toutefois à provoquer un malaise nauséeux par l'appui de bouts de photographie et d'images VHS, tandis que son point d'orgue traumatique fait preuve de violence graphique dans les corps à corps de survie. Pour parachever, on peut également prôner la sobriété des comédiens méconnus (du moins dans l'hexagone) éludant toute forme de misérabilisme ou de pathos, particulièrement le jeu viscéralement tempétueux de Geert Van Rampelberg. A réserver néanmoins à un public averti en raison de la facture douloureuse de son thème scabreux et la verdeur de son climat malsain en roue libre où nos nerfs sont à deux doigts de chavirer !

Dédicace à Jen Winter
B.M.



jeudi 7 janvier 2016

JEEPERS CREEPERS

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Victor Salva. 2001. U.S.A. 1h30. Avec Gina Philips, Justin Long, Patricia Belcher, Eileen Brennan, Brandon Smith, Jeffrey William Evans.

Sortie salles France: 3 juillet 2002. U.S: 31 Août 2001

FILMOGRAPHIE: Victor Salva est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 29 Mars 1958 à Martinez. 1989: Clownhouse. 1995: Powder. 1999: Rites of Passage. 2001: Jeepers Creepers. 2003: Jeepers Creepers 2. 2006: Peaceful Warrior. 2012: Rosewood Lane.


Portrait type de la série B horrifique du samedi soir, Jeepers Creepers constitue un pur hommage aux Boogeymans des années 80. Un hymne au cinéma d'antan, celui des bandes récréatives conçues pour divertir et frissonner un public prioritairement juvénile, et non un vulgaire épigone surfant sur l'exploitation. En villégiature, un frère et une soeur empruntent la nationale pour rejoindre leurs parents à bord d'une Plymouth. Sur la route, ils sont importunés par un mystérieux camionneur particulièrement erratique. Après avoir réussi à le semer, ils retrouvent ses traces à proximité d'une chapelle. C'est à ce moment précis que le frère aperçoit l'agresseur enfourner un corps à l'embouchure d'une grotte. Ensemble, ils décident de s'y aventurer afin de sauver un éventuel rescapé. Entre Duel et Les Griffes de la Nuit, et à moindre échelle Terreur extra-terrestre (pour la séquence du couple débarquant à l'improviste au sein du "Diner" parmi une clientèle peu accueillante !), Victor Salva se réapproprie des codes du genre avec une dérision factuelle. Fignolant le cadre bucolique d'une petite contrée ricaine, les décors minimalistes et la photo ocre s'harmonisent à merveille pour parfaire une atmosphère horrifique irrésistiblement envoûtante.


Véritable film d'ambiance si j'ose dire, Jeepers Creepers est entièrement voué à l'amour du genre d'épouvante dans un contexte contemporain et parmi la cohésion attachante de deux ados en marasme. Ne cessant de jongler avec les clichés et une certaine auto-parodie pour les réparties sarcastiques, le cinéaste parvient à en tirer une efficacité optimale sous couvert de vicissitudes que nos héros arpentent afin de fuir une créature humaine en mutation. La grande réussite du film résidant notamment dans la nouvelle confection iconique de ce monstre hybride affublé d'un costume de cow-boy (chapeau à l'appui !) et féru de chair humaine afin de se régénérer. Créatif car délibéré à sacraliser un nouvel archétype du genre à l'aura mortifère, Victor Salva remodèle sa légende urbaine de manière ultra charismatique. En prime, par le principe d'un rituel savamment planifié et au rythme d'un tube des années 60, ce "Jeepers Creepers" doit s'extraire de sa tanière tous les 23 Printemps pour se nourrir de chair durant 23 jours. En supplément, et pour ajouter une facture inédite à son tempérament mutique, ce dernier est contraint de renifler sa victime afin de sélectionner la personne la plus odorante ! (prioritairement les jeunes mâles). Parsemé d'action, de revirements et d'idées délirantes, notamment par le biais de personnages interlopes (la médium, la rombière et ses nombreux chats), Victor Salva parvient à renouveler le concept de la traque nocturne avec un brio technique avisé (à l'instar de cette caméra ne cessant de voguer d'une voiture à une autre afin de discerner les conversations des divers conducteurs !).


Hommage respectueux aux B movies des années 80, Jeepers Creepers honore le genre horrifique, de par sa puissance visuelle et le rythme effréné d'une traque rocambolesque jamais à court de carburant. Angoissant (les deux poursuites automobiles, l'expectative de l'offensive au sein du commissariat), malsain (la facture morbide du prologue confiné dans le sous-sol, son final nihiliste), fascinant (la configuration bigarrée de la créature), délirant mais aussi sardonique comme le souligne l'incroyable cruauté de l'épilogue, Jeepers Creepers peut aujourd'hui accéder à la notoriété de Classique dans une facture vintage jubilatoire. 

B.M.
3èx

La Chronique de Jeepers Creepers 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/jeepers-creepers-2-jeepers-creepers-2.html

mercredi 6 janvier 2016

SHREW'S NEST / MUSARANAS

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site trendsetter.blogs.elle.es

"Musarañas/Sangre de mi sangre" de Juanfer Andrés et Esteban Roel. 2014. Espagne. 1h32. Avec Macarena Gómez, Nadia de Santiago, Hugo Silva, Luis Tosar , Gracia Olayo , Lucía González, Carolina Bang, Tomás del Estal

Sortie salles Espagne: 25 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Juanfer Andrés est un réalisateur espagnol. Esteban Roel est un cinéaste et acteur espagnol. 2014: Musaranas/Sangre de mi sangre 


Thriller psychologique aux confins de l'horreur, Musaranas porte la signature du duo ibérique Juanfer Andrés/Esteban Roel. Et on peut avouer que pour un premier essai, ces débutants parviennent haut la main à tailler sur mesure un suspense machiavélique autour des rapports dysfonctionnels entre deux soeurs cohabitant dans le même appartement. Alors qu'un homme grièvement blessé leur invoque secours au seuil de leur porte, Montse, l'aînée, choisit in extremis de lui prêter main forte. Rapidement avertie, la cadette, Nina, s'éprend d'affection pour l'inconnu mais se voit contrainte de lui rendre visite en cachette depuis l'autorité castratrice de sa frangine. Au fil de leur romance rendue secrète, le sort du blessé s'avère précaire sachant qu'aucun médecin n'est convoqué pour lui soigner sa jambe, quand bien même ses proches commencent à s'inquiéter de sa disparition.


Abordant les thèmes de la psychose, du conservatisme et de l'agoraphobie, nos cinéastes dressent avec efficacité le portrait névralgique d'une catholique terriblement aigrie à l'idée d'entretenir une relation amoureuse avec un mâle depuis son repli mental. Profondément vouée à l'amour divin, cette dernière entretient des rapports fanatiques au point d'inculquer à sa soeur une éducation de fer où la romance masculine n'a pas lieu d'être. Livrées à elles mêmes depuis la disparition de leurs parents, ces dernières cultivent des sentiments intenses de rancune et de jalousie névrosées qui ira crescendo au fil de leur discorde en chute libre. C'est ce que nous proposera vulgairement la seconde partie aussi débridée qu'éprouvante dans son lot percutant de revirements sanglants après nous avoir instruit du passé galvaudé de Montse. Bien que l'intrigue parfois prévisible cède aux situations éculées (on songe également à Misery mais aussi au chef-d'oeuvre Les Proies pour les rapports de soumission établis entre la victime alitée et la mégère), la manière habile dont les cinéastes nous informe des réminiscences des deux soeurs permet à l'action de mieux rebondir jusqu'au dénouement inopinément poignant. A titre annexe, le soin formel accordé à la photo et aux somptueux décors du huis-clos rétro permettent de nous immerger dans cette intimité familiale sous l'impulsion de comédiens alertes. Particulièrement Macarena Gómez (Dagon, Les Sorcières de Zugarramurdi) endossant avec une locution viscérale une mégère abusive accablée par le deuil et Spoil ! l'inceste. Sa posture malingre hantée par le démon paternel contrastant avec l'ébène de sa tenue vestimentaire. Fin du Spoil.


Efficace, captivant et haletant pour le portrait schizophrène qu'il expose adroitement et la tournure délirante des affrontements violents du second acte, Musaranas exploite les codes du thriller parmi l'atout d'une psychologie fouillée. Outre sa facture ludique constamment stimulante, cette série B est également rehaussée de l'interprétation hystérique de Macarena Gomez, de par l'intensité de son regard désaxé ! 

Dédicace à Karine.
B.M.

mardi 5 janvier 2016

L'INCOMPRIS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Incompreso" de Luigi Comencini. 1966. Italie. 1h42. Avec Anthony Quayle, Stefano Colagrande,
Simone Giannozzi, John Sharp, Adriana Facchetti, Silla Bettini.

Sortie salles France: 1er août 1968. Italie: 19 décembre 1966

FILMOGRAPHIE: Luigi Comencini est un réalisateur italien, né le 8 juin 1916 à Salò, province de Brescia en Lombardie (Italie), mort le 6 avril 2007 à Rome.
1948 : De nouveaux hommes sont nés. 1949 : L'Empereur de Capri. 1951 : Les Volets clos. 1952 : La Traite des blanches. 1952 : Heidi. 1953 : La valigia dei sogni. 1953 : Pain, Amour et Fantaisie. 1954 : Pain, Amour et Jalousie. 1955 : La Belle de Rome. 1956 : Tu es mon fils. 1957 : Mariti in città. 1958 : Mogli pericolose. 1959 : Und das am Montagmorgen. 1959 : Le sorprese dell'amore. 1960 : La Grande Pagaille. 1961 : À cheval sur le tigre. 1962 : Le Commissaire. 1963 : La Ragazza. 1964 : Tre notti d'amore. 1964 : La mia signora. 1965 : Les Poupées (Le bambole), segment Il trattato di eugenetica. 1965 : Le Partage de Catherine. 1965 : Don Camillo en Russie. 1967 : L'Incompris. 1968 : Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! 1969 : Casanova, un adolescent à Venise. 1969 : Senza sapere niente di lei. 1972 : L'Argent de la vieille. 1974 : Un vrai crime d'amour. 1974 : Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? 1975 : Les Aventures de Pinocchio. 1975 : La Femme du dimanche. 1976 : Mesdames et messieurs bonsoir. 1976 : Basta che non si sappia in giro!…1976 : La Fiancée de l'évêque. 1977 : Qui a tué le chat ? 1979 : Le Grand Embouteillage. 1980 : Eugenio. 1982 : L'Imposteur. 1984 : Cuore. 1987 : La storia. 1987 : Un enfant de Calabre. 1988 : La Bohème, adaptation de l'opéra de Puccini. 1989 : Joyeux Noël, bonne annnée. 1991 : Marcellino.


"les enfants plus jeunes ont une espèce de dureté naturelle qui leur permet de résister, alors qu'en grandissant ils deviennent plus vulnérables...(...)" Luigi Comencini

Vilipendé par la critique lors de sa sortie en France et au festival de Cannes, l'Incompris aborde toutefois le mélodrame avec une certaine sobriété dans son émotion contenue et son refus du racolage. Le film puisant sa force dans la confrontation psychologique du père (un consul d'Angleterre expatrié à Florence) et de ses deux fils depuis la disparition soudaine de la mère. Alors que Milo, le cadet, attire toute l'attention du paternel du fait de son très jeune âge, Andrea se retrouve livré à une solitude pesante à cause de son tempérament taciturne. Témoin de ce favoritisme et donc quotidiennement délaissé, il multiplie les audaces et bévues afin d'attirer la considération du père et celle de son entourage. Hanté et accablé par la perte maternelle, Andrea s'efforce néanmoins de protéger son jeune frangin tout en prouvant à son père sa détermination courageuse d'affronter le deuil. Mais un évènement inopportun va bouleverser la donne et inverser les rôles, de façon à lever le voile sur la responsabilité du père.

                                       

Prenant pour cadre le huis-clos d'une riche demeure et de son vaste jardin auquel les enfants batifolent sous l'oeil négligeant d'une gouvernante, l'Incompris approche le drame intimiste avec une délicate pudeur. Les enfants endossant leur fonction innocente avec fraîcheur et spontanéité malgré la contrainte du deuil. Particulièrement l'aîné introverti conscient de sa responsabilité à canaliser la turbulence du cadet, et lucide que la fragilité de l'existence dépend de l'opacité de la mort. Dans celui du père en berne, Anthony Quayle adopte une mine sentencieuse prégnante tout en préservant une marque autoritaire afin de mettre en exergue son rôle pédagogique. Par la posture insolente des enfants multipliant les indocilités face aux absences quotidiennes du père, la première partie privilégie leurs rapports de divergence tout en se focalisant sur l'état d'amertume d'Andrea livré à la jalousie et la solitude. La seconde partie, plus cruelle, se livre ensuite à la confrontation douloureuse du père et d'Andrea, communément livrés malgré eux à des confidences sur l'amour, le remord, le pardon et la mort en guise d'échappatoire. Chacun des témoins se retrouvant subitement à endosser un rôle contradictoire de victime injustement méprisée.


Sans faire preuve de misérabilisme et malgré l'académisme de sa mise en scène, l'incompris aborde avec tact et pudeur parfois poignante les thèmes de la perte de l'être aimé, l'acceptation du deuil, la jalousie et la rancune sous pivot d'une incommunicabilité parentale. Distillant un parfum aigre de nostalgie par la contrariété fragile d'un enfant livré à son inconsolable chagrin, l'intrigue gagne en émotion au fil de son cheminement en perdition. Un très beau mélo auscultant avec autant d'attention que de dextérité les états d'âme endeuillés d'une enfance introvertie. 

Dédicace à Dimitri Derock et Nelly Tess
B.M.

vendredi 1 janvier 2016

LES CHARLOTS CONTRE DRACULA

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jean-Pierre Desagnat et Jean-Pierre Vergne. 1980. France. 1h25. Avec Gérard Filipelli, Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Andréas Voutsinas, Gérard Jugnot, Amélie Prévost, Vincent Martin.

Sortie salles France: 17 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Jean-Pierre Desagnat, né le 18 octobre 1934 à Paris 12e, est un réalisateur et scénariste de films. 1983 : Flics de choc.
Jean-Pierre Vergne est un réalisateur français, né le 1er avril 1946 à Saint-Brice-sous-Forêt (Seine-et-Oise1) et mort le 25 août 2014 à Terrasson-Lavilledieu (Dordogne).
1980 : Les Charlots contre Dracula (non crédité) coréalisé par Jean-Pierre Desagnat
1985 : Le téléphone sonne toujours deux fois. 1994 : Priez pour nous. 1996 : Golden Boy.


Comédie franchouillarde devenue culte auprès d'une poignée d'amateurs de nanars alors que son petit succès en salles totalisa pas moins de 555 878 entrées, Les Charlot contre Dracula est une aberration filmique conçue par deux réalisateurs aussi discrets qu'insignifiants. D'après un scénario et des dialogues pensés par les Charlots, les Charlots contre Dracula relate la sempiternelle conquête du comte auprès d'une jeune provinciale afin de parfaire le pouvoir d'une fiole, quand bien même Phil et ses compagnons Gérard et Jean vont se lancer à sa poursuite jusqu'au repère du château pour récupérer sa fiancée. Ce pitch d'une ineptie exaspérante est toutefois compensé par le ressort d'un florilège de gags à l'inventivité saugrenue ! Enchaînant les péripéties, quiproquos et bévues à rythme sans faille, les Charlots contre Dracula parvient in extremis à attiser charme et sympathie.


Non pas pour la drôlerie quasi inexistante des blagues de potache grossièrement étalées mais pour l'extravagance des charlots s'en donnant à coeur joie dans leurs bravoures malhabiles à déjouer les subterfuges du comte et de son valet. Ce duo contribuant à tenter de ranimer le pouvoir diabolique d'une fiole grâce au sosie de la mère de Dracula. Comme de coutume à l'aise dans leur fonction pittoresque, nos trois charlots insufflent une spontanéité naturelle pleine d'entrain pour amuser la galerie à renfort de dialogues dérisoires et de grimaces bas de plafond. Cette bonhomie attachante qui émane de leur cohésion est également contrebalancée par la présence secondaire de Gérard Gugnot endossant celui d'un émissaire condescendant chargé de kidnapper la fiancée de Phil avant de se retrouver réduit à l'état de nigaud déficient. Au niveau de la prestance du comte, Andréas Voutsinas adopte une carrure inévitablement hautaine pour incarner un vampire en herbe en voie de couronnement, quand bien même Vincent Martin lui prête la réplique dans la peau du majordome avec un naturel risible. En dépit d'une réalisation et d'une photo ternes tout à fait négligeables, nos deux réalisateurs parviennent futilement en seconde partie à soigner le cadre gentiment gothique du château, notamment par le biais d'éclairages saturés (le salon, la salle à manger, les couloirs) ou, au contraire, opaques (la cave décrépite renfermant tous les cercueils et le final nocturne imposé sur le toit du château).


"Dieu est belge !"
D'une nullité indiscutable pour l'originalité triviale des gags cartoonesques, Les Charlots contre Dracula réussit tout de même à consolider une comédie franchouillarde débridée sous l'impulsion de comédiens aussi plaisantins que farceurs et par la vigueur de rebondissements trépidants. Aujourd'hui condamné à l'oubli sans doute à raison, les fans nostalgiques de nanars pourront néanmoins renouer avec leur plaisir coupable pour subir les vicissitudes de nos charlots embarqués une unique fois dans un train-fantôme horrifico-comique. A savourer entre amis complices...

B.M.

Anecdote (Wikipedia): Le réalisateur, Jean-Pierre Desagnat n'est autre que le père de Vincent Desagnat, l'un des complices de Michaël Youn dans l'émission Le Morning Live.


mercredi 30 décembre 2015

CREED

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ryan Coogler. 2015. 2h13. U.S.A. Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tony Bellew, Andre Ward, Tessa Thompson, Phylicia Rashād, Graham McTavish, Wood Harris.

Sortie salles France : 13 janvier 2016. U.S: 25 Novembre 2015

FILMOGRAPHIE: Ryan Coogler est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Mai 1986 à Oakland, Californie. 2013: Fruitvale Station. 2015: Creed


Spin-off de la saga Rocky dirigé par Ryan Coogler, cinéaste en herbe révélé par une première oeuvre dramatique lardée de récompenses (Fruitvale Station), Creed entreprend clairement de relancer la franchise par le biais d'une passation de pouvoir. Rocky ayant décidé in extremis d'entraîner le fils d'Appolo Creed, Adonis Johnson, afin de lui disputer un championnat du monde. Privé d'un père qu'il n'a jamais connu depuis sa naissance, c'est du côté de son coach qu'il décide de se rapprocher au moment même de parfaire communément un entraînement stoïque. Ce pitch simpliste surfant sur le même schéma que la saga Rocky avait de quoi laisser perplexe quant à la sincérité du projet, quand bien même durant sa première heure l'intrigue laisse peu de place à l'émotion parmi son air de déjà vu. A savoir l'idylle naissante d'Adonis avec sa voisine de palier, le recueillement de Rocky auprès de ses fidèles défunts (Adrian et Pauly), leur entrainement sportif et le match de compétition (même si successivement vite expédiés). Néanmoins, le soin imparti à la réalisation se réfutant à grossir le trait de la caricature parvient tout de même se détacher de la trivialité, notamment grâce au naturel des comédiens impliqués dans la sobriété d'une cohésion familiale.


C'est donc lors de sa seconde partie que Creed va prendre son envol à renfort de dramaturgie improvisée et d'émotion lyrique comme avaient su dignement les transcender Rocky 1 et 6. Sans jamais trahir l'esprit de la saga, Ryan Coogler s'efforce de mettre en exergue la nouvelle ascension de ce jeune boxer de couleur noire (au passage, joli témoignage de tolérance pour mettre en valeur sa communauté) particulièrement impulsif depuis son enfance difficile. Là où le film parvient doucement mais surement à insuffler de l'empathie émane des rapports père/fils qu'entretiennent tendrement Adonis et Rocky, quand bien même Stallone impose sa nouvelle présence avec une vérité humaine bouleversante. La gueule burinée de rides dans une posture inévitablement atone et le corps empâté, l'acteur se fond dans une peau sclérosée avec pudeur et fragilité par ses instants de remords, de conscience meurtrie et de remise en question. D'ailleurs, certaines séquences intimistes dont je tairais tout indice resteront à jamais gravées dans notre mémoire comme le souligne sa déchirante conclusion faisant écho à la nostalgie d'un temps révolu. Empruntant les thématiques de la vieillesse et de la maladie sans appui de sinistrose sentimentale, Ryan Coogler fait donc naître une émotion candide, notamment face au témoignage juvénile du jeune boxeur avide de revanche mais aussi de compassion pour son maître. Par le biais de leurs étroits rapports confrontés au même problème d'éthique, à savoir la volonté de se battre pour vaincre l'échec, Creed cultive une dimension humaine pleine d'humilité pour ces thèmes alloués autour de la fraternité, la romance, l'amour parental, la loyauté, l'espoir, le pardon, mais aussi la peur de l'échec et de la mort. Inévitablement compromis à la règle du sens du spectacle, Ryan Coogler parvient lors du point d'orgue à transfigurer un combat homérique au réalisme documenté alors que son score musical (Bill Conti himself) surenchérit l'acuité émotionnelle lorsque Creed tentera de toute sa hargne à vaincre son adversaire ! L'énergie foudroyante qui émane de leur pugilat, la sobre chorégraphie des affrontements et la réalisation aussi consciencieuse qu'inventive nourrissent une puissance dramatique en crescendo renouant avec les plus beaux corps à corps de la saga Rocky


En abordant les thèmes de l'absence paternelle et de la maladie autour de la compétition de la boxe, Creed parvient à se hisser au niveau de Rocky 1 et 6 sous l'impulsion d'un orphelin black en quête identitaire et sous l'autorité de son mentor destiné à s'éclipser au profit de la nouvelle génération. Riche en émotions lors de sa seconde partie, Creed parvient donc à réinterpréter l'histoire pour s'imposer comme digne successeur de l'héritage Balboa dans son intégrité de dépeindre la nouvelle gestation d'un héros davantage attachant au fil de sa constance initiatique. Quant à l'icone que caractérise le dinosaure Stallone, il livre là l'un des plus beaux rôles de sa carrière dans sa fonction pudique d'acteur vieillissant dont certaines séquences tireront les larmes aux plus sensibles. Hymne à la vie, à la nostalgie du temps et à l'amitié, une oeuvre magnifique rattrapée par l'incandescence de son évolution dramatique sous le brio d'un metteur en scène autonome inscrit dans la maturité. 

Dédicace à Stéphane Passoni
B.M.

La point de vue de Dimitri Derock :
Et oui, émotion le maître mot de ce film... Nous retrouvons 40 ans plus tard, la faim, que dis-je la rage de vaincre de Rocky Balboa via un jeune noir, qui n'est autre que le fils naturel d'Appolo Creed. Un film d'une humanité profonde que seul le Rocky désoeuvré des débuts pouvait nous offrir. Adrian partie, Paulie également, Rocky ne voit plus de raison de livrer un dernier combat. Adonis Creed va le convaincre... Nous retrouvons les rues et les places de Philadelphie qui n'ont pas changé, tous ces endroits qui furent témoins d'une immense gloire passée, la musique qui revient dans l'ultime round achève de nous mettre le poil au garde à vous... Une magie revient 40 ans plus tard. Un film plein de colère, de l'amertume du temps qui passe, mais toujours de cette sensation indéfinissable qui nous oblige à voir en Rocky Balboa un ami, un vrai. Pas de larme pour ce qui me concerne mais un immense bol d'air à travers ce choc générationnel bouleversant...

L'avis de Peter Hooper:
Note : 5,5 / 6
// Le ring de l’homme //
Deux hommes avancent, cotes à cotes. Une main puissante, épaisse, abîmée, posée sur l’épaule de l’autre dans son peignoir de satin. Un travelling rendu interminable par une image ralentie, un couloir qui semble ne plus finir, dans un bruit de fond aux tonalités distordantes, étouffées, presque inaudibles. Puis enfin le bout du tunnel, face aux portes battantes des sons qui deviennent distinctement les clameurs d’un public surexcité, autour de ce ring ou va avoir lieu LE combat. C’est l’image que je garderai de ce « Creed ». Un plan hautement symbolique et qui incarne à la perfection ce passage de témoin, cette transmission, une scène héritage.
« Balboa » (2006) était un formidable album photo offert aux fans. Fidèle parmi les fidèles, j’ai découvert les deux premiers volets en VHS quelques mois avant de me ruer en salle pour « L’œil du tigre ». Nous étions en 1982, je n’avais pas encore 17 ans…En feuilletant « Balboa » c’était toute la vie de ce self-made-man qui défilait, le héros parfait de mes illusions d’adolescent. Un livre souvenir dont chaque image me renvoyait a Vingt-quatre ans de ma propre existence, de ce lycéen puis étudiant devenu père. Avec ce film Stallone nous offrait le plus beau des cadeaux, un hommage parfait comme épilogue d’une formidable saga et avec lui la boucle était admirablement bouclée.
Lorsque j’ai eu écho d’un nouvel opus j’ai d’abord été quelque peu « vexé » dans ma groupie attitude ! Sans aller jusqu'à parler de trahison ou de crime de lèse majesté, je ne voyais franchement pas l’intérêt de ressortir ces gants dont le cuir risquait de sentir fortement la naphtaline! Mais c’était sans compter sur un incroyable scénario, dont je n’avais pas présagé une seconde de sa force !
Un fil tendu entre passé et futur la ou la cloche du sixième round sonnait au présent. Un récit extrêmement habile jonglant subtilement entre les ombres d’hier et la lumière de demain. Exit pathos et passéisme outrancier qu’on pensait légitiment devoir endurer, Ryan Coogler distille avec une scientifique parcimonie les gimmicks de la saga et assure un collage parfait avec l’époque actuelle où se situe l’intrigue.
Une intelligente narration dans un langage permettant une compréhension intergénérationnelle, une traduction par tous et ce même si on ne connaît pas « toute » l’histoire, au contraire donc de « Balboa ». Des « jeunes » ou peut-être des moins jeunes qui auront même sûrement envie de séances « adjuts your tracking »afin de combler le retard…
« Creed » c’est donc le fils de son père, celui sans qui au final « tout cela » ne serait probablement jamais arrivé. Un fils illégitime qui a pourtant hérité du sang et de la hargne de son géniteur de champion. Un rôle campé par Michael B. Jordan, redoutable de justesse, tout en détermination sans jamais en faire des tonnes, comme le dit d’ailleurs très bien Bianca (Tessa Thompson), sa future « Adrian » « tu ne ressemble pas a un boxeur » . Pas complètement non…sauf quand il cogne ! C’est donc lui qui doit mettre les gants, le short (…) et monter sur le ring pour tenter a son tour de devenir LE champion.
Oui, ok, et Rocky dans tout ça ?? Déjà il sait se faire attendre, et on a du mal à ne pas trépigner d’impatience pendant de très longues minutes sur son siége! C’est dans son restaurant Adrian’s ou se rend Adonis, qu’il surgit pour la première fois, enfin! Les épaules toujours aussi larges et la démarche nonchalante, agitée de quelques petits tics, bref : iconique ! Une scène où se bousculent les tableaux souvenirs dans un dialogue rendu d’autant plus savoureux par la grâce de ce secret dévoilé, qui nous hantait depuis l’épilogue de « Rocky III » ! Balboa, et je ne dévoile rien, qui va accepter de devenir l’entraîneur du fils d’Apollo et nous livrer par la même occasion une interprétation d’une rare épaisseur, probablement la plus belle de sa riche carrière.
Vieillissant mais ce petit trait d’humour un rien désuet toujours intact. Un charisme a en crever d’émotion, le père, le grand père ou le « tonton » qu’on rêverait tous d’avoir. Généreux, protecteur, la force tranquille, bon, juste un papi qui regarde son poulain avec « l’œil du bienveillant ». Hilarant dans sa peau d’ « ancien » étonné de voir Adonis prendre une photo avec son smart phone de sa feuille d’entraînement, craignant qu’il l’égare, et qui découvre le principe du Cloud !
On aime Rocky car on a souffert pendant 35 ans, on a encaissé ses coups, enduré ses entraînements surhumains, sué, saigné…mais assurément jamais autant que dans « Creed », dans ce nouveau combat (no spoile !!!). Un combat qui assure le fil rouge de la deuxième moitié du film, stigmates du courage et de l’abnégation.
Il n’y a plus de Mickey, plus d’Apollo, plus d’Adrian, plus de Pauli…a présent il faut sauver Rocky ! Ce que tentera de faire pour nous le jeune boxeur en menant ce double combat. Bouleversant Sly…
Le score, comme depuis 1975, est au rendez-vous. Ludwig Göransson nous livre une composition tout en nuance, entre quelques notes familières parfaitement identifiables prises en étau par ces accords hyper vitaminés dopés au rap et au R'n'B, des musiques de « Djeuns », sans oublier les rythmiques brutales très « tambours du Bronx » qui viennent souligner la brutalité des coups .
Un mixage parfait, comme l’ensemble.
Au final « Creed » au delà d’un simple spin-off fonctionne comme une relecture moderne du « Rocky » originel, une sorte de remake modernisé, ce que viennent confirmer certains plans « décalqués » , jusqu’au sweat gris d’Adonis et les cris de la foule scandant « Creed ! Creed ! Creed !... » . Mais rien qui puisse nous faire bouder notre plaisir avec, de plus, des combats hallucinants de réalisme, sûrement ce que j’ai vu de plus convaincant a ce jour !
Quel bonheur ! Et l’étalon italien malgré un cœur et des jambes fatiguées (formidable et émouvant épilogue !) porte quand même sur ses épaules la plus cohérente et la plus enthousiasmante saga de l’histoire du cinéma.
A présent mon gars tu peux jeter l’éponge tranquille, je te le dis droit dans ton œil de tigre : on t’aime !

Récompenses: National Board of Review Awards 201528 : Top 10 des films de l'année, meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Boston Online Film Critics Association Awards 201529 : Top 10 des films de l'année, meilleur acteur pour Michael B. Jordan, meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Southeastern Film Critics Association Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Phoenix Film Critics Society Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Las Vegas Film Critics Society Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Utah Film Critics Association Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
St. Louis Film Critics Association Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone
Austin Film Critics Association Awards 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Sylvester Stallone