mercredi 17 février 2016

L'IMPORTANT C'EST D'AIMER. César de la meilleure actrice, Romy Schneider.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site critikat.com

d'Andrzej Zulawski. 1975. Allemagne/France/Italie. 1h52. Avec Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko.

Sortie salles France: 12 février 1975 (avec mention: Interdit aux - de 18 ans).

FILMOGRAPHIE: Andrzej Zulawski est un réalisateur, scénariste, écrivain, metteur en scène de théâtre polonais, né le 22 Novembre 1940 à Lwow (Lviv).
1971: La Troisième partie de la nuit. 1972: Le Diable. 1975: L'Important c'est d'aimer. 1981: Possession. 1984: La Femme Publique. 1985: L'Amour Braque. 1987: Sur le globe d'Argent. 1989: Mes Nuits sont plus belles que vos jours. 1989: Boris Godounov. 1991: La Note Bleue. 1996: Chamanka. 2000: La Fidélité. 2015: Cosmos.


                                                Une chronique exclusive de Mathias Chaput

Synopsis :
Servais Mont est un reporter photographe qui a couvert de grands événements, notamment la guerre du Vietnam et les conflits en Algérie...
Dorénavant il végète un peu à droite à gauche, scrutant le moindre scoop pouvant lui rapporter un maximum d'argent facile...
Il n'hésite donc pas à faire des photos pornographiques en effectuant des clichés de gens partouzards à leur insu, derrière une glace sans tain !
Alors qu'il déboule clandestinement sur le tournage d'un film, il prend en photo l'actrice Nadine Chevalier alors qu'elle effectue une scène très difficile à jouer (l'amour avec un homme sur le point de mourir)...
Très vite une relation ambigüe va se nouer entre les deux protagonistes car le mari de Nadine est impuissant et ne lui fait, pour ainsi dire, jamais l'amour...
Nadine voit en Servais un échappatoire et une possibilité d'assouvir et de réguler ses pulsions et ses fantasmes sexuels débridés !
Mais l'homme reste hermétique à tout celà...
Le film relate donc les difficultés des relations dans un couple et transcrit les tenants et les aboutissants d'un périclitement conjugal, avec comme issue, soit la mort soit la déception éternelle...


Mon avis :

"L'important c'est d'aimer" est un des films les plus "posés" du grand Zulawski, ici beaucoup moins de survoltage et de délires baroques que l'on retrouvera dans ses métrages postérieurs...

Zulawski prend tout son temps pour délivrer les émotions et les angoisses de ses comédiens et s'applique, comme toujours, à relater des tranches de vie de gens écorchés vifs, souffrant d'une pathologie inhérente à leurs conditions, en l'occurrence ici, à leurs vies de couples !

Dès le démarrage, on est dans le ton : Romy Schneider se donne à fond et sans retenue et Testi semble comme un électron libre, vacillant dans un univers d'opprobre, cerné par un entourage de pervers aussi repoussants que sociopathes...


Les personnages secondaires sont également bien entamés notamment Michel Robin en vieil alcoolique atteint de délirium et Kinski déjà à la folie bien amorcée qui électrise le film par sa composition au summum de la catharsis...

Ceci étant, "L'important c'est d'aimer" n'occulte nullement l'aspect dramatique et tragique et fait des transferts/parallèles entre le monde virtuel (celui du cinéma) et l'univers réel (les difficultés du quotidien et de la gestion d'un couple)...

Ce n'est d'ailleurs pas innocent si l'oeuvre de Zulawski s'inspire de la "Nuit américaine", sorte de mise en abyme de la pièce de théâtre que Nadine essaie, non sans mal, de jouer, captant avec difficultés ce que le réalisateur veut lui inculquer et insuffler...


Zulawski, par son immense talent, arrive avec facilité via une direction d'acteurs au cordeau, à décortiquer des situations lambda et fréquentes, que nous avons tous plus ou moins déjà rencontrées, et provoque un bouleversement affectif aussi bien dans ses séquences que chez le spectateur...

En gros, il nous explique que le plus simple c'est juste d'AIMER sans se poser de questions et rendre heureux ceux qui nous entourent et que l'on aime...

La dernière phrase du film veut tout dire et se conclut par un "Je t'aime" dans  la bouche de Romy Schneider !

Je dédicace ma critique à Pierre, qui lui aussi a tant d'amour à donner et à recevoir !

Note : 9/10

Récompense: César de la Meilleur Actrice, Romy Schneider, 1976.

mardi 16 février 2016

SUBURRA

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Stefano Sollima. 2015. Italie/France. 2h15. Avec Pierfrancesco Favino, Greta Scarano, Jean-Hugues Anglade, Elio Germano, Alessandro Borghi, Giulia Gorietti, Lidia Vitale, Claudio Amendola.

Sortie salles France: 9 décembre 2015. Italie : 14 octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima, né le 4 mai 1966 à Rome, est un cinéaste et réalisateur italien. FILMS: 2012: A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015: Suburra. SERIES TV: Un posto al sole - soap opera (2002), La squadra - série TV, 7 épisodes (2003 - 2007), Ho sposato un calciatore - mini série (2005),
Crimini - série TV, épisodes Il covo di Teresa, Mork et Mindy et Luce del nord (2006 - 2010)
Romanzo criminale, 22 épisodes (2008 - 2010). Gomorra, 12 épisodes (2014 - 2015).


Révélé par le film A.C.A.B. et les séries TV, Romanzo Criminale et Gomorra, Stefano Sollima n'en finit plus de prouver l'étendue de son talent avec une nouvelle bombe sépulcrale, Suburra. D'une puissance émotionnelle rigoureuse pour les revirements impromptus des vendettas criminelles (on ne devine jamais quel est la prochaine victime à trépasser et par qui elle sera exécuté !), l'intrigue retrace avec souci de réalisme et de limpidité le déclin en chute libre de clans mafieux se disputant le projet de casinos parmi la complicité véreuse d'un parlementaire et d'un cardinal. Ou comment la mort par overdose d'une mineure va déclencher chez eux une dérive d'exactions revanchardes depuis la culpabilité d'un politique. Fort d'une mise en scène épurée et d'une bande-son stylisée constamment ensorcelante, Suburra nous immerge de plein fouet dans cet univers vénéneux où chacun des témoins tentent d'accéder à la suprématie avec une détermination intraitable. L'emploi de la violence chez la nouvelle génération s'avérant notamment désordonnée et d'une cruauté sans limite dans leurs pulsions de rancoeur et d'allégeance. A cet égard, les éclairs de violence poisseuse qui traversent le récit font preuve d'une crudité acérée quand bien même une certaine fascination malsaine s'en extrait sans sombrer dans la complaisance.


Chaque exécution n'étant que le vecteur des conséquences tragiques d'une réaction en chaîne de vendetta mafieuse. Si l'intrigue éculée a déjà été maintes fois exploitée dans les classiques du genre que Scorcese, De Palma, Mann et Coppola ont su optimiser avec quintessence, Stefano Sollima parvient à renouveler les codes grâce à la virtuosité de sa réalisation d'une précision métronome, son réalisme brut, sa tension alerte et à l'autorité viscérale de comédiens criants de vérité. Des sales gueules burinées au pouvoir de séduction infaillible dans leur posture orgueilleuse à se disputer la mise d'une transaction pharaonique. Ténébreuse lorsque la ville d'Ostie nous est représentée comme un dédale tentaculaire corrompu par le Mal, Suburra fait appel au lyrisme par sa puissance dramatique en ascension, puis à l'onirisme désenchanté lorsque les hommes rêvent d'un Eden inaccessible quand bien même les femmes dépendent de leur machisme avant que l'une d'elle n'entreprenne une riposte. Sous l'impulsion vaniteuse de ces témoins tributaires de leur déchéance vénale, Suburra fascine et hypnotise nos sens avec une vigueur émotionnelle vertigineuse. Car on ne compte plus les scènes d'anthologie tantôt sensuelles (sexe et mort s'uniformisent lors d'un triolisme), tantôt criminelles (la fusillade dans le supermarché, la poursuite en voiture, Spoil ! la mort d'un rival sous les yeux impuissants de son amie fin du Spoil) que Stefano Sollima transcende au gré d'une charpente narrative souvent inopinée par ces ripostes furibondes.


Vision hallucinée et crépusculaire d'un univers de corruption proche du chaos (le préambule nous averti déjà d'une fatale apocalypse et la chronologie journalière des évènements dramatiques va confirmer la prophétie !), Suburra dépeint le venin du pouvoir par le biais du sexe et de l'argent. Un monde de déchéance humaine où chacun des rupins lâches, cyniques, pleutres et insidieux vont payer le prix fort de leur insolence mégalo. Fort d'une bande-son électrisante appuyant un lyrisme désenchanté, ce polar mafieux confine irrémédiablement au chef-d'oeuvre opératique par son réalisme aussi poisseux que stylisé et sa distribution au charisme félin étrangement séducteur. 



samedi 13 février 2016

AMY

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Asif Kapadia. 2015. Documentaire. 2h02. Amy Winehouse, Mitchell Winehouse, Janis Winehouse, Raye Cosbert, Nick Shymanksy, Blake Fielder-Civil, Mos Def, Tyler James, Juliette Ashby.

Sortie salles France: 8 Juillet 2015. U.S: 3 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Asif Kapadia, né à Hackney (Londres) en 1972, est un cinéaste britannique d'origine indienne. 1994 : Indian Tales. 1996 : The Waiting Room. 1996 : Wild West. 1997 : The Sheep Thief. 2001 : The Warrior. 2006 : The Return. 2007 : Far North. 2008 : Uneternal City
2008 : Trancity. 2008 : My World. 2010 : Senna. 2012 : The Odyssey. 2013 : Standard Operating Procedure. 2015 : Amy. 2016 : Ali and Nino


Chronique express:

Gloire et décadence d'une cendrillon trop fragile pour subsister.

Retraçant avec une émotion aussi prude que rigoureuse l'ascension puis le déclin de la diva du Jazz, Amy Whinehouse, ce documentaire unique nous immerge de plein fouet dans sa quotidienneté intime et professionnelle sans faire preuve de voyeurisme ou de racolage pour sa déliquescence liée à la toxicomanie et pour l'instabilité sentimentale de ses liaisons conjugales. Sous l'impulsion fragile car humaniste d'une mélomane jamais prétentieuse, son parcours fulgurant nous dévoile l'envers du décor du showbizz par son statut de célébrité. Une manière probante de régler aussi des comptes avec la cupidité des producteurs, la rapacité des journalistes et la raillerie des médias vis à vis de sa déchéance autant morale que physique. Emaillé de chansons inoubliables autour de l'intervention familiale, les managers et les proches amis, Amy met en exergue parmi leur humble témoignage son désarroi, sa solitude, son impuissance et son épuisement à se défaire de l'alcool et la drogue depuis sa dictature professionnelle (elle est contrainte de respecter la clause de ses contrats) et sa rupture amoureuse. Hypnotique car immersif et sensoriel, il en émane un bouleversant (pour ne pas dire déchirant) portrait de femme-enfant par son franc naturel, son insouciance libertaire, sa fantaisie parfois exubérante, sa passion des sentiments et son désir immodéré de tendresse.


Biopic exhaustif inscrit dans sa passion musicale, Amy suscite une intensité émotionnelle en chute libre pour son parcours chaotique car c'est dans la mort (le suicide ?) qu'elle fuira la pression et les paillettes de sa starisation pour accéder malgré elle (la célébrité n'a jamais été son ressort professionnel) à une figure emblématique du jazz.

Dédicace à Guylian Pinchard et Frederic Serbource



vendredi 12 février 2016

Les Dents de la Mer, 2è Partie / Jaws 2

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Jeannot Szwarc. 1978. U.S.A. 1h56. Avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Joseph Mascolo, Jeffrey Kramer, Ann Dusenberry, Mark Gruner, Collin Wilcox Paxton, Barry Coe, Susan French.

Sortie en salles aux USA: 16 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse. 1975: Les Insectes de Feu. 1978: Les Dents de la Mer 2.
1980: Quelque part dans le temps. 1983: Enigma. 1984: Supergirl. 1985: Santa Claus. 1987: Grand Larceny. 1988: Honor Bound. 1990: Passez une bonne nuit. 1991: La Montagne de Diamants. 1994: La Vengeance d'une blonde. 1996: Hercule et Sherlock. 1997: Les Soeurs Soleil.


Trois ans après le chef-d'oeuvre matriciel Les Dents de la Mer, c'est au réalisateur français Jeannot Szwarc qu'incombe la difficile gageure d'y façonner une séquelle au succès planétaire de Steven Spielberg. Spectacle ludique conçu sur une violence belliqueuse, le cinéaste mise donc avant tout sur la surenchère afin de secouer le spectateur embarqué dans un survival à bout de souffle. 
Synopsis: Quelques années après les horribles évènements survenus à la station balnéaire d'Amity, le cauchemar reprend lorsque deux plongeurs disparaissent dans l'océan. C'est ensuite une skieuse nautique et la conductrice d'un hors bord d'y faire les frais de la nouvelle attaque. Alors qu'un appareil photo et un yacht sont retrouvés à l'entrée du port, le shérif Brody sème la panique sur la plage, croyant percevoir l'animal à proximité des baigneurs. 
Dès le prologue, Jeannot Szwarc prend le parti de nous dévoiler l'apparence hostile du squale fonçant droit vers deux plongeurs partis explorer l'épave de l'Orca. Là où Spielberg entretenait l'expectative visuelle du requin 45 mns durant, cette suite nous le dévoile furtivement afin d'y privilégier un rythme autrement plus haletant comme le démontre notamment la seconde provocation coûtant la vie à deux skieurs nautiques passées 20 minutes de métrage. Une estocade d'une violence doublement fulgurante quant au sort réservé à la conductrice du hors bord.


Hormis le peu d'indices laissés sur les scènes de crime, le shérif Brody suspecte rapidement qu'un nouveau requin est à l'origine des méfaits. C'est sur la plage d'Amity que notre héros traumatisé par son ancienne confrontation se laisse à nouveau gagner par sa paranoïa en semant la panique auprès des baigneurs. Une scène assez ironique dans sa situation éculée car aujourd'hui fondée sur le simulacre, de par le comportement erratique de Brody persuadé qu'un requin est sur le point de parfaire un nouveau carnage. La seconde partie beaucoup plus rythmée et rigoureuse s'attelle ensuite aux vicissitudes d'une poignée d'adolescents insouciants partis faire de la voile avec les fils de Brody, quand bien même le requin ne cessera de les narguer avant l'intervention martial du shérif ! Ainsi, avec une belle efficacité, Jeannot Swarc multiplie les affrontements dantesques entre survivants et l'animal au profit d'une intensité dramatique sans répit. Les adolescents tentant désespérément d'y protéger leurs compagnes en émoi face à l'hypocrisie du requin redoublant ses stratégies meurtrières. Le réalisateur jouant notamment avec sagacité sur l'apparition furtive de son aileron afin de susciter au spectateur un sentiment anxiogène palpable. Sardonique, Jeannot Swarc n'hésite pas non plus à nous concocter des séquences horrifiques assez cruelles (deux ados y trinquent), voires parfois même disproportionnées. A l'instar de cette séquence improbable lorsque le requin agrippera de sa mâchoire la membrane d'un aéronef pour entraîner le pilote au fin fond de l'océan. Un moment débridé d'un réalisme assez saisissant. Face au charisme délétère du requin, les effets spéciaux artisanaux s'avèrent parfaitement crédibles afin de l'authentifier sans lésiner parfois sur la pyrotechnie comme le soulignent la scène de l'hélico susnommée ainsi que son dénouement explosif.


Solidement réalisé et charpenté afin de transcender une seconde partie beaucoup plus haletante, violente et implacable, Les Dents de la Mer, 2è partie constitue une excellente suite de par son concentré de terreur et d'action communément échevelées. Hormis la psychologie stérile des protagonistes juvéniles (même si on a vu bien pire ailleurs), l'intrigue annexe impartie au contexte de survie insuffle un suspense vigoureux avec une émotion parfois cruelle. Enfin, l'icone monstrueuse, plus teigneuse et meurtrière que jamais, ainsi que la nouvelle participation du vétéran Roy Scheider  renforcent évidemment la dimension homérique de ce slasher aquatique autrement plus farouche qu'en 75. Inutile de bouder son plaisir donc.

*Bruno

La Chronique des Dents de la mer: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/les-dents-de-la-mer-jaws.html

12.02.16.
14.09.11. (221 v)

5èx

jeudi 11 février 2016

SCALPS

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mondoexploito.com

de Fred Olen Ray. 1983. U.S.A. 1h22. Avec Jo-Ann Robinson, Richard Hench, Roger Maycock, Frank McDonald, Carol Sue Flockhart, Barbara Magnusson.

Sortie salles U.S: Décembre 1983.

FILMOGRAPHIEFred Olen Ray est un producteur de cinéma, réalisateur, scénariste américain, également catcheur et acteur, né le 10 septembre 1954.
Retrouvez l'intégralité de sa filmo à la fin de la chronique.


Curiosité horrifique oubliée et méconnue que l'éditeur Uncut Movie sortit de sa torpeur dans une édition Dvd passable (l'image vaporeuse s'avère digne d'une Vhs), Scalps est une série B d'exploitation portant la signature de Fred Olen Ray. Un cinéaste prolifique soumis à l'enseigne Z, faute de budget souvent précaire et d'une distribution amateuriste. Réalisé avec les moyens du bord en un minimum de temps, Scalps ne déroge pas à la règle. Le cinéaste concentrant l'essentiel de son action dans la scénographie aride d'un désert californien. En l'absence de leur professeur, six jeunes étudiants spécialistes d'archéologie ont pour mission de fouiller les terres sacrées d'une ancienne tribu indienne. Malgré le remord et la culpabilité de l'un d'eux, ils finissent par libérer l'esprit maléfique d'un sorcier délibéré à leur faire payer la violation de territoire. A partir de ce pitch linéaire, Fred Olen Ray en exploite un slasher surnaturel où l'ombre d'une présence délétère plane sur les épaules des protagonistes et avant que la violence ne s'abatte sur eux. En terme d'imagerie gore et malgré son interdiction dans certains pays, Scalps s'avère un peu timoré si on épargne deux séquences assez impressionnantes.


Celui d'un égorgement réaliste perpétré à l'arme blanche suivi du scalp de la victime. Sur ce dernier point, on préférera quand même se remémorer la vigueur cinglante (car beaucoup plus réaliste) des exactions de Frank Zito instaurées dans les deux versions de Maniac. Au niveau du cheminement narratif, n'attendez donc aucune surprise, l'intrigue s'efforçant de suivre le cache-cache improvisé entre les victimes et un démon indien ayant parvenu à posséder l'esprit de l'un d'eux. Par le biais de cette possession démoniaque, on songe à Evil-Dead réalisé un an au préalable, quand bien même l'une des protagonistes susceptible aux présences occultes nous refait le coup du médium doué de visions. Si les comédiens amateurs n'apportent aucune densité humaine à leur fonction alimentaire (si bien qu'on peine à les distinguer), une sympathie niaise émane de leur effort à exprimer angoisse et désarroi face à la menace invisible, quand bien même leur esprit de cohésion nous accorde un soupçon d'attachement. En dépit de ses carences et d'une réalisation approximative (faux raccords à l'appui), Scalps parvient pourtant à diluer une atmosphère d'inquiétude au coeur des collines californiennes. Le réalisateur parvenant souvent à cristalliser une atmosphère maléfique parmi l'environnement naturel d'un soleil écrasant ou celui d'un ciel nocturne. En prime, et par l'effet du ralenti, certaines séquences oniriques dégagent un sentiment d'insécurité anxiogène lorsque les victimes pourchassées tentent de fuir le démon à travers la végétation. Grâce à la structure feutrée de ce climat tantôt crépusculaire, tantôt solaire, Scalps parvient à fasciner durant tout le périple de survie.


Relique bisseuse à la lisière du nanar, Scalps constitue un produit d'exploitation bourré de maladresses mais néanmoins envoûtant par sa faculté à nous immerger dans un environnement aussi malsain qu'interlope. Son côté fauché et le jeu aseptique mais avenant des comédiens ajoutant charme et sympathie pour leur comportement hagard et désorienté d'une épreuve de survie en chute libre. Par le biais de son thème social imparti à la cause indienne, on peut également souligner le mérite du cinéaste à militer contre le massacre des colons américains. A réserver toutefois aux inconditionnels. 

Dédicace à Céline Trinci et Peter Hooper.

FILMO FRED OLEN RAY:
1977 : The Brain Leeches. 1980 : Alien Dead. 1983 : Scalps. 1985 : Biohazard. 1986 : The Tomb.
1986 : Armés pour répondre (Armed Response). 1987 : Cyclone. 1987 : Prison Ship. 1987 : Commando Squad. 1987 : Evil Spawn. 1988 : Warlords. 1988 : Hollywood Chainsaw Hookers.
1988 : Deep Space. 1989 : Terminal Force. 1989 : The Phantom Empire. 1989 : Beverly Hills Vamp
1990 : Alienator. 1990 : The Boss (Mob Boss) (vidéo). 1991 : Scream Queen Hot Tub Party (vidéo)
1991 : Bad Girls from Mars. 1991 : Wizards of the Demon Sword. 1991 : Désir fatal (Inner Sanctum)
1991 : Spirits. 1991 : Haunting Fear. 1992 : Evil Toons. 1993 : Dinosaur Girls. 1993 : Witch Academy. 1994 : Dinosaur Island. 1994 : Mind Twister. 1994 : Possessed by the Night (vidéo). 1994 : L'Emprise de la peur (Inner Sanctum II). 1995 : Star Hunter (vidéo). 1995 : L'Attaque de la pin-up géante (Attack of the 60 Foot Centerfolds). 1995 : Bikini Drive-In. 1995 : Droid Gunner. 1996 : Masseuse. 1996 : Over the Wire. 1996 : Fugitive Rage (vidéo). 1996 : Friend of the Family II. 1997 : Little Miss Magic. 1997 : Maximum Revenge. 1997 : Bikini Hoe-Down (vidéo)
1997 : Night Shade. 1997 : Hybrid. 1997 : Masseuse 2 (vidéo). 1997 : Invisible Mom (vidéo). 1997 : The Shooter. 1997 : Rapid Assault (vidéo). 1998 : Mom's Outta Sight. 1998 : Dear Santa. 1998 : Billy Frankenstein. 1998 : Rêves défendus (Illicit Dreams 2). 1998 : Indian Ninja (Inferno). 1998 : Invisible Dad (vidéo). 1998 : Mom, Can I Keep Her? (vidéo). 1999 : Scandal: On the Other Side
1999 : Counter Measures (vidéo). 1999 : The Kid with X-ray Eyes (vidéo). 1999 : The Prophet
1999 : Fugitive Mind (vidéo). 1999 : Invisible Mom II (vidéo). 2000 : Inviati speciali. 2000 : Alerte finale (Critical Mass). 2000 : Les Ailes d'acier (Active Stealth) (vidéo). 2000 : Sideshow. 2000 : Crash dans l'océan (Submerged). 2001 : Kept. 2001 : Emmanuelle 2001: Emmanuelle's Sensual Pleasures (vidéo). 2001 : ACW Wrestling's Wildest Matches! (vidéo). 2001 : Stranded. 2001 : Mach 2 (en). 2001 : Extrême vidéo (Air Rage) (vidéo). 2001 : Emmanuelle 2000. 2002 : Thirteen Erotic Ghosts. 2002 : Face aux serpents (Venomous) (vidéo). 2002 : Southern Discomfort: Wrestling on the Indie Circuit. 2003 : Final Examination (vidéo). 2003 : Bikini Airways (vidéo). 2004 : The Bikini Escort Company (vidéo). 2004 : Teenage Cavegirl (vidéo). 2004 : Haunting Desires (TV). 2004 : Genie in a String Bikini (vidéo). 2004 : Tomb of the Werewolf (vidéo). 2004 : Bikini a Go Go (vidéo). 2005 : Bikini Chain Gang (vidéo). 2005 : Glass Trap. 2005 : Bikini Round-Up (vidéo).
2006 : Ghost in a Teeny Bikini (vidéo). 2006 : Bikini Girls from the Lost Planet (vidéo). 2007 : Ouragan nucléaire (Nuclear Hurricane) (TV). 2007 : Bewitched Housewives (TV). 2007 : Girl with the Sex-Ray Eyes (TV). 2007 : The Girl from B.I.K.I.N.I. (vidéo). 2007 : An Accidental Christmas (TV). 2008 : Tarzeena: Jiggle in the Jungle (TV). 2008 : Solar Flare. 2008 : Périls sur la terre (Polar Opposites) (TV). 2008 : Bikini Royale (TV). 2008 : Voodoo Dollz (TV). 2009 : Dire Wolf. 2009 : Silent Venom (vidéo). 2007-2009 : L'Antre (TV). 2010 : American Bandits: Frank and Jesse James (vidéo). 2010 : Bikini Royale 2 (vidéo). 2010 : Bikini Frankenstein (vidéo). 2010 : Twilight Vamps (vidéo). 2010 : Bikini Jones and the Temple of Eros (TV). 2010 : Turbulent Skies (TV). 2010 : Housewives from Another World (vidéo). 2012 : Une seconde chance pour Noël (A Christmas Wedding Date) (TV).

mercredi 10 février 2016

AUX PORTES DE L'AU-DELA (From Beyond).

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"From Beyond" de Stuart Gordon. 1986. U.S.A. 1h26 (director's cut). Avec Jeffrey Combs, Barbara Crampton, Ken Foree, Ted Sorel, Carolyn Purdy-Gordon, Bunny Summers.

Sortie salles France: 20 mai 1987 (version censurée). U.S: 24 octobre 1986.

FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago (Illinois).
1979: Bleacher Bums (télé-film). 1985: Ré-Animator. 1986: Aux portes de l'au-delà. 1987: Dolls. 1988: Kid Safe (télé-film). 1990: Le Puits et le Pendule. 1990: La Fille des Ténèbres. 1990: Robojox. 1993: Fortress. 1995: Castle Freak. 1996: Space Truckers. 1998: The Wonderful ice cream suit. 2001: Dagon. 2003: King of the Ants. 2005: Edmond. 2005: Masters of Horro (le cauchemar de la sorcière - Le Chat Noir). 2007: Stuck. 2008: Fear Itself.


Définition de Glande Pinéale: Située dans le cerveau, la glande pinéale, aussi appelée épiphyse, fait partie des glandes endocrines. En d'autres termes, la glande pinéale synthétise et relâche des hormones à l'intérieur même de la circulation sanguine. Petite (moins de 10mm), la glande pinéale tire son nom de sa forme, évoquant celle d'une pomme de pin. La glande pinéale a pour principale fonction de sécréter la mélatonine. Surnommée « hormone du sommeil », la mélatonine est essentiellement synthétisée la nuit. Elle indique à l'organisme qu'il est temps de dormir et permet également de réguler de nombreuses autres sécrétions d'hormones dans le corps.

Hommage:
Film culte de la génération 80 au même titre que Re-animator, From Beyond pâtit de la comparaison avec son précurseur lors de sa sortie fougueusement escomptée. Les spectateurs s'attendant sans doute à un nouveau délire horrifique aussi désopilant que son ancêtre sous la direction pertinente de Stuart Gordon et de son acteur névrosé, le génial Jeffrey Combs. Avec le recul et après plusieurs décennies, From Beyond renaît sous un aspect autrement galvanisant par sa fraîcheur visuelle à transcender avec fantaisie débridée l'univers indicible de l'au-delà. Le docteur Pretorius et son assistant Crawford Tillinghast sont parvenus à mettre au point un résonateur. Une machine révolutionnaire capable de stimuler la glande pinéale située dans le cerveau. Par le déclenchement de leur invention, un nouveau monde peuplé d'esprits et de créatures invisibles s'extrait de l'au-delà pour tourmenter nos scientifiques. Transis d'émoi et de fascination, ces derniers éprouvent un irrésistible attirance à se laisser aguicher par ce monde méconnu, notamment par leur stimulation sexuelle de la glande pinéale. Mais l'expérience vire rapidement au drame depuis que Pretorius se retrouve projeté dans l'au-delà quand bien même Crawford est alpagué par la police pour être interné en psychiatrie. Soutenu par le docteur Katherine McMichaels, Crawford peut retrouver sa liberté à la seule condition de retenter l'essai sous l'autorité de cette dernière. Avec l'appui d'un suppléant, ils se réfugient communément dans le laboratoire de Pretorius afin de renouer les travaux. Une lutte acharnée contre le Mal s'engage...


Avec un concept aussi original que pétulant hérité d'une nouvelle de H.P Lovecraft, Stuart Gordon parvient avec sa troisième réalisation à transfigurer un univers singulier parmi l'appui d'effets spéciaux novateurs ! Les techniciens redoublant d'inventivité à donner chair à des créatures hybrides se combinant parfois avec la masse musculaire des victimes molestées ! Bluffant de réalisme, les maquillages à l'ossature visqueuse et aux couleurs criardes ébranlent le spectateur par sa scénographie cauchemardesque jamais vue au préalable ! Des séquences chocs diablement efficaces car au service d'une narration riche en rebondissements sous l'impulsion d'apprentis sorciers sévèrement malmenés par un esprit lubrique. Pretorius symbolisant une sorte de démon insatiable dans son appétence sexuelle et cannibale à dévorer ses proies avant de les accueillir dans l'antre de l'au-delà. Nanti d'une charge érotique parfois sulfureuse sous l'autorité lascive de la plantureuse Barbara Crampton, Gordon exploite humour noir et érotisme avec la complicité affable de comédiens s'en donnant à coeur joie dans leurs exubérances incontrôlées. Le résonateur déclenchant des pulsions concupiscentes chez les sujets les plus réceptifs ! Sans compter la facture malsaine de séquences gores franchement vomitives dans une version Director's cut inédite chez nous. En particulier l'énucléation d'un oeil gobé par la bouche (un effet graphique complaisamment ausculté par le zoom !), la dégustation d'un cerveau frais que Crawford s'est illégalement approprié avant de s'engorger de nausée et l'arrachage d'une glande pinéale à pleines dents (cette séquence est par contre disponible dans la version cut).


Drôle et inventif, gore et érotique dans un esprit autrement cartoonesque que son acolyte Re-animator, From Beyond réussit l'exploit de nous immerger dans une dimension onirico-cauchemardesque sous l'impulsion vertigineuse d'effets spéciaux homériques ! Outre le savoir-faire inspiré de son auteur, la complicité amicale qu'insufflent avec dérision Jeffrey Combs, Barbara Crampton et Ken Foree est loin d'être étrangère à la réussite de cette série B effrontée. Jubilatoire !

mardi 9 février 2016

LA RANCON DE LA PEUR


"Milano odia: la polizia non può sparare" d'Umberto Lenzi. 1974. Italie. 1h39. Avec Tomás Milián, Henry Silva, Anita Strindberg, Laura Belli, Lorenzo Piani, Mario Piave, Gino Santercole.

Sortie salles Italie: 8 Octobre 1974. Interdit aux - de 18 ans en France.

FILMOGRAPHIE: Umberto Lenzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Aout 1931 à Massa Marittima, dans la province de Grosseto en Toscane (Italie).
1962: Le Triomphe de Robin des Bois, 1963: Maciste contre Zorro, Sandokan, le Tigre de Bornéo, 1964: Les Pirates de Malaisie, 1966: Kriminal, 1967: Les Chiens Verts du Désert, 1968: Gringo joue et gagne, 1969: La Légion des Damnés, Si douces, si perverses, 1970: Paranoia, 1972: Le Tueur à l'orchidée, 1972: Au pays de l'Exorcisme, 1973: La Guerre des Gangs, 1974: Spasmo, La Rançon de la Peur, 1975: Bracelets de Sang, 1976: Brigade Spéciale, Opération Casseurs, La Mort en Sursis, 1977: Le Cynique, l'infâme et le violent, 1978: Echec au gang, 1980: La Secte des Cannibales, l'Avion de l'Apocalypse, 1981: Cannibal Ferox, 1983: Iron Master, la guerre du fer, 1988: Nightmare Beach, la Maison du Cauchemar, 1991: Démons 3, 1996: Sarayevo inferno di fuoco.


Polar au vitriol pour son portrait crapuleux imparti au trio de malfaiteurs, La Rançon de la peur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dépeindre leurs exactions criminelles sous l'impulsion d'un leader erratique. Tomas Milian se délectant à se fondre dans la peau d'un psychopathe avec une expressivité outrée depuis sa réputation galvaudée par un éminent mafieux. Passé l'humiliation, Giulio Sacchi s'efforce de montrer ses preuves héroïques en s'en prenant à une famille bourgeoise après qu'une jeune rescapée venait d'y trouver refuge. Unique survivante d'un nouveau massacre improvisé, Sacchi décide de la kidnapper afin d'exiger une rançon auprès de son riche paternel. Susceptible par son complexe d'infériorité, ce dernier perdurera les crimes en série en toute gratuité devant le témoignage médusé de ses comparses et d'une police infructueuse.


Réalisé avec savoir-faire dans son lot d'action effrénée, de course-poursuite et d'ultra violence décomplexée (un gosse y trinque froidement !), La Rançon de la peur insuffle un réalisme âpre parmi le cadre insalubre de décors rubigineux (le repère du kidnapping près du canal, la demeure séculaire du couple de retraités), photo sépia à l'appui. Sous l'impulsion immorale de nos malfrats narguant la police avec cynisme pour leurs stratégies perfides d'une rançon gagnée d'avance, Umberto Lenzi nous offre un polar assez tendu. L'efficacité vertigineuse du récit nous invitant à nous immerger dans leur misérable quotidienneté alors qu'une otage humiliée et violentée est sur le point d'y trépasser. Sans concession car jusqu'au-boutiste dans sa violence brutale et dégénérée, La Rançon de la peur adopte un parti-pris subversif à étaler sans accalmie la dégénérescence morale du leader tandis qu'un commissaire hargneux ose bafouer sa déontologie afin de mieux l'alpaguer. L'impassible Henry Silva lui partageant la vedette avec autorité suspicieuse dans sa posture de flic manipulable incessamment brimé par son rival mais bientôt influencé par une justice expéditive.


Série B d'exploitation à l'ultra-violence incontrôlée, La Rançon de la peur doit beaucoup de sa vigueur et de son efficacité parmi l'audace d'un script méphitique dressant le portrait dérisoire d'un sociopathe avide de gloire et reconnaissance. Tomas Millian se prêtant au jeu pervers avec outrance putassière (réparties crues à l'appui) dans sa vilenie lâche et sournoise. Conçu dans l'esprit Bis, ce classique transalpin n'a rien perdu de son aura poisseuse en dépit du côté daté du langage des armes à feu. 

B.M 

lundi 8 février 2016

LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrormovie.forumfree.it

"L'Isola degli uomini pesce" de Sergio Martino. 1979. Italie. 1h39. Avec Barbara Bach, Claudio Cassinelli, Richard Johnson, Beryl Cunningham, Joseph Cotten, Franco Iavarone.

Sortie salles France: 28 février 1979. Italie: 18 Janvier 1979

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Hommage:
Inspiré par l'île du Dr Moreau tourné 2 ans au préalable, Le Continent des Hommes poissons joue la carte de l'aventure fantastique dans une facture typiquement Bis. Principalement pour la physionomie cheap, car caoutchouteuse, des hommes poissons, la musique latine de Luciano Michelini et les trognes vénérables d'acteurs de seconde zone. Richard Johnson dominant la troupe avec un charisme impassible dans sa posture rigide de tyran sans vergogne, quand bien même la sublime Barbara Bach tente de se démener de sa soumission avec une affable sobriété. De par sa présence sensuelle magnétique et sa force de caractère, l'actrice parvient efficacement à se débarrasser de la caricature "potiche". Succès commercial considérable à sa sortie, le film fut également reconnu auprès des vidéophiles grâce à sa superbe jaquette éditée chez Carrere Video dans les années 80.


1891. Le lieutenant Claude de Ross et quelques un de ses prisonniers trouvent naufrage sur une petite île dirigée par l'autoritaire Edmond Rackham. Sur place, ils sont agressés par d'étranges créatures amphibiennes. Unique survivant, De Ross va tenter de percer le mystère impliquant l'intransigeant Rackham et un savant utopiste. A la base d'une intrigue simpliste exploitant plusieurs clichés du cinéma d'aventures et Fantastique, Le Continent des Hommes poissons parvient à se démarquer de la routine grâce au savoir-faire technique de Martino (notamment la vigueur des corps à corps) emprunt de modeste poésie. Tant par les troubles rapports entamés entre la belle et ses monstres que l'exploitation de décors marins et caverneux plutôt photogéniques. Outre l'aspect débridé (mais aussi féerique !) de son récit fertile en péripéties et rebondissements, Sergio Martino cultive l'art de narrer une histoire sous l'alibi du mythe de l'Atlantide. Le film ne cessant d'attiser la sympathie dans le brassage de ses composantes liées à l'aventure et au Fantastique parmi un soupçon d'horreur. A savoir, l'action explosive (la dernière partie marque la cadence !), la romance houleuse, la menace monstrueuse, les expérimentations génétiques d'un dictateur et d'un savant, la quête au trésor d'une cité engloutie et enfin la prophétie du dieu soleil annonçant une éruption volcanique !


En abordant en sous-texte le totalitarisme et l'exploitation de l'homme au profit d'expériences génétiques, le Continent des Hommes poissons s'interroge sur l'avenir de la famine dans le monde. Façonné dans un esprit décomplexé de divertissement exotique, cette série B aussi attachante que charmante parvient à crédibiliser son concept fantaisiste grâce à l'intégrité consensuelle d'une entreprise fidèle au genre.  

Dédicace à Sylvain Marage
B.M
3èx

vendredi 5 février 2016

LA GALAXIE DE LA TERREUR

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

"Galaxy of Terror" de Bruce D. Clark. 1981. U.S.A. 1h21. Avec Edward Albert, Erin Moran, Ray Walston, Bernard Behrens, Zalman King, Robert Englund.

Sortie salles France: 16 juin 1982. U.S: Octobre 1981.

FILMOGRAPHIEBruce D. Clark est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur, né le 29 Juin 1945 à Christchurch, Nouvelle-Zélande. 1969: Les anges nus. 1971 Slalom aquatique. 1972 Hammer. 1981: La galaxie de la terreur.


Hommage:
Au même titre que le génialement pétulant Mutant d'Allan Holzman, La Galaxie de la Terreur est une production Roger Corman réalisée un an avant son homologue. Film culte de la génération VHS dont l'affiche bigarrée reste sans doute l'une des plus belles illustrations que le cinéma horrifique nous ait offert, La Galaxie de la Terreur tire-parti de son attractivité dans la scénographie envoûtante de sa planète inhospitalière. Largement influencé par Alien de Ridley Scott, Bruce D. Clarck reprend le même synopsis lorsqu'une poignée d'astronautes trouvent refuge sur une galaxie inconnue depuis leur mission de secours. En inspectant les lieux du vaisseau "Rebus", les membres de l'équipage ne retrouvent aucun survivant. Fascinés par le monument d'une pyramide, ils s'y dirigent afin de dénicher d'éventuels rescapés. Mais sur place, ils seront en proie à de violentes altercations avec un panel de monstres hybrides. Dès lors, une lutte pour la survie s'engage entre eux. A travers ce pitch scolaire, Bruce D. Clarck en exploite une sorte de slasher spatial sachant que nos héros vont devoir user de bravoure et constance afin de déjouer les agressions meurtrières des monstres martiens.


Epreuve de force pour la survie qu'ils vont parcourir la peur au ventre, La Galaxie de la Terreur témoigne d'une incroyable ambiance ombrageuse parmi l'architecture baroque de décors photogéniques, quand bien même les trucages artisanaux toutefois perfectibles font preuve d'un esthétisme pictural. On peut également saluer l'efficacité des maquillages gores redoublant d'inventivité à infliger sur les victimes des sévices assez cruels. A ce titre, la séquence visqueuse du viol d'une astronaute par un vers géant s'avère un moment d'anthologie aussi malsain que dérangeant ! Comme le veut la tradition du slasher, l'intrigue se concentre sur les pérégrinations de l'équipage inspectant consciencieusement les lieux avant de se faire happer un à un par un ennemi redoutablement sournois ! Gagnés par la terreur de trépasser à tous moments alors que d'autres font preuve d'un peu plus de vaillance, ces derniers ne cessent de se contredire à perdurer l'inspection malgré la menace omniprésente. En dépit du caractère routinier de la narration, le réalisateur parvient toute de même à motiver l'attention grâce à la vigueur des rebondissements horrifiques et avant de nous surprendre lors d'un dénouement débridé justifiant efficacement l'épreuve de survie des héros. Outre le caractère ludique de leurs nombreux déplacements instaurés dans des galeries hétéroclites, la Galaxie de la terreur fait preuve d'un sens de cocasserie involontaire sous l'impulsion cabotine de seconds couteaux forts en gueule. Par leur jeu outré et leur posture maladroite émanent une sympathie loufoque au sein de leur solidarité houleuse, si bien que plusieurs protagonistes versatiles font preuve d'un zèle exubérant, voire d'une saute d'humeur parfois incohérente !


Sous l'autorité maladroite d'un jeu d'acteurs risible surjouant avec un sérieux imperturbable, La Galaxie de la Terreur mise la carte de la série B avec une naïveté pittoresque. Grâce à sa facture bisseuse terriblement attachante, Bruce D. Clark parvient également à transfigurer la forme (en dépit de moyens minimalistes) d'un univers stellaire aussi glauque et ténébreux que flamboyant (photo saturée à l'appui). Par son esprit ludique dénué de prétention et sa sincérité à façonner un film d'exploitation fertile en péripéties et insolence gore, la Galaxie de la Terreur constitue l'une des perles des années 80, au même titre que son congénère Mutant, ou encore Inseminoïd.

*Eric Binford.
4èx

Ci-joint la chronique video de Jean-Marc Micciche: 

jeudi 4 février 2016

LE CAVEAU DE LA TERREUR

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site adventuresinpoortaste.com  

"Vault of Horror" de Roy Ward Baker. 1973. Angleterre. 1h23. Avec Terry-Thomas, Curd Jürgens, Tom Baker, Dawn Addams, Denholm Elliott, Michael Craig

Sortie salles Angleterre: Mars 1973

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010.
1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


Hommage:
Réalisé entre Histoires d'outre-Tombe et Frissons d'outre-tombe, Le Caveau de la Terreur continue d'exploiter le filon du film à sketchs inspirés des bandes dessinés EC. Comics des années 50. Sous la houlette de l'illustre Roy Ward Barker, cette nouvelle anthologie de l'horreur relate avec un habituel sens de l'humour sardonique 5 histoires plus ou moins originales autour d'une galerie peu recommandable d'antagonistes mesquins. Si le premier segment imparti au thème du vampirisme s'avère peut-être le plus faible, son ambiance feutrée et inquiétante confinée au sein d'une bourgade anglaise puis celle d'un restaurant, le cynisme accordé au meurtrier parental ainsi que l'ironie débridée de son destin ne manquent pas de piquant. Passionnant de cocasserie pour dépeindre la dérive conjugale d'un couple néophyte (le mari étant un maniaque du rangement et de la propreté alors que l'épouse s'avère contrairement désordonnée) et véhiculant une intensité exponentielle autour de la condition parano de cette dernière, la seconde histoire s'avère sans doute la plus jouissive pour sa peinture ubuesque allouée au matérialisme du machiste intarissable.


Nanti d'une ambiance exotique parmi la contrée touristique de l'Inde, le 3è sketch s'intéresse aux villégiatures d'un couple cupide avant d'improviser leurs stratégies meurtrières autour des pouvoirs surnaturels d'une magicienne. Un récit assez captivant se jouant avec dérision du simulacre et de l'authenticité de la magie avant qu'une sorcellerie d'outre-tombe ne vienne rendre des comptes aux oppresseurs. D'une durée concise, le 4è sketch affiche un esthétisme gothico-macabre autour d'une scénographie sépulcrale depuis qu'un duo de malfrats ont élaboré un plan machiavélique afin d'empocher une prime d'assurance. L'un d'eux ayant décidé de simuler sa mort dans le caveau d'un cimetière ! Bien rythmée, cette farce claustro surprend et amuse, notamment grâce à l'intervention impromptue de deux étudiants lors de son final fertile en rebondissements et subterfuge. Enfin, le dernier segment renoue avec l'ambiance exotique du 3è lorsqu'un artiste peintre décide de s'exiler sur une île afin d'élaborer une vengeance auprès de ses commanditaires. Après avoir participé à une séance vaudou lui permettant de s'octroyer d'un sort, il repart au pays natal afin de parfaire sa cruelle punition. Une intrigue soigneusement charpentée laissant libre court à l'inventivité gore des diverses mises à mort, quand bien même sa chute potentiellement prévisible parvient tout de même à nous surprendre pour le châtiment réservé au sorcier comme le souligne la règle élémentaire de chaque anthologie.


Bien qu'inférieur aux Histoires d'Outre-Tombe et à Frissons d'outre-tombe, Le Caveau de la Terreur ne manque toutefois pas de charme dans son lot de suspense, d'humour macabre et de fantaisie rocambolesque afin de se gausser de l'appétence criminelle de cinq condamnés trop orgueilleux pour se convaincre de leurs bassesse. Un sympathique divertissement rehaussé d'une ambiance horrifique vintage inscrite dans la dérision du gag saignant !

B.M

mardi 2 février 2016

MADE IN FRANCE

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nicolas Boukhrief. 2014. France. 1h29. Avec Malik Zidi, Dimitri Storoge, François Civil,
Nassim Si Ahmed, Ahmed Dramé, Franck Gastambide, Judith Davis.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIENicolas Boukhrief est un réalisateur et scénariste français né le 4 juin 1963 à Antibes. 1995 : Va mourire. 1998 : Le Plaisir (et ses petits tracas). 2003 : Le Convoyeur. 2008 : Cortex. 2009 : Gardiens de l'ordre. 2015 : Made in France. 



Hommage: 
Prévu à l'origine pour une sortie salles le 18 novembre 2015 mais repoussé à Janvier 2016 puis annulé en raison des tragiques attentats ayant secoué la France le 13 Novembre 2015, Made in France passa finalement par la case VOD ce 29 Janvier 2016. Thriller choc s'attardant scrupuleusement sur les stratégies terroristes d'une cellule djihadiste au sein de la capitale parisienne, alors qu'un journaliste musulman est parvenu à s'y infiltrer afin de les déjouer, Made in France insuffle une atmosphère crépusculaire autour de leurs agissements délétères. Fort d'une mise en scène stylisée renouant avec l'âpreté des polars modernes des années 80, Nicolas Boukhrief redouble d'ambition et de sincérité à fignoler un thriller politique d'une brûlante actualité. Soutenu d'une partition électro entêtante, cette plongée ténébreuse dans l'univers du djihadisme nous dépeint sobrement les motivations morales, l'apprentissage et le passage à l'acte du terrorisme de jeunes intégristes agrégés à leur guerre sainte d'Allah.


Sans chercher à parfaire un documentaire sur l'islamisme radical, Nicolas Boukrhief privilégie avant tout la forme cinégénique d'un thriller vénéneux remarquablement troussé. Par le biais du personnage de l'indic contraint de collaborer avec le chantage policier, Made in France cultive un suspense sous-jacent autour de sa fausse identité. Outre le fait de redouter sa culpabilité aux yeux de ces adjoints, l'intrigue met en exergue les projets insensés d'attentats meurtriers, un terrorisme interne (mais aussi autonome) faisant écho à la triste actualité du 13 Novembre 2015. Si son cheminement narratif peut s'avérer inévitablement prévisible, Nicolas Boukrhief parvient habilement par l'habileté de sa réalisation à se défaire des clichés lors d'une dernière partie émaillés d'incidents aléatoires tout en soulignant la mauvaise conscience impartie aux plus jeunes d'entre eux ! Ces djihadistes en herbe faisant preuve de contrariété, d'indécision et de remords à ne pas connaître l'unique identité de leur porte-parole et à oser franchir les limites de l'intolérable (tuer innocemment femmes et enfants au nom de leur religion). De par ses rebondissements inopinés, la caractérisation fragile des éléments les plus influençables et le sort indécis réservé au journaliste infiltré, Made in France injecte une tension oppressante autour de leur projet terroriste. Sans faire preuve de complaisance pour la cruauté de certaines scènes, le cinéaste mise notamment sur la suggestion du hors-champ afin de ne pas sombrer dans la facilité putassière des agissements les plus barbares. On est également surpris de la facture émotive de son épilogue prodiguant un message de tolérance, d'amour et de paix vis à vis de l'idéologie religieuse (quand bien même certains reprocheront peut-être son côté moralisateur).


Hypnotique, captivant et envoûtant par son onirisme crépusculaire, Made in France renoue avec les ambiances noires et oppressantes des fleurons policiers des années 80. Outre le brio indiscutable de son auteur à exploiter sans esbroufe une intrigue politico-religieuse sur l'endoctrinement de la violence chez de jeunes recrues (tout en soulevant la question d'un terrorisme indépendant), la spontanéité des comédiens renforce la facture réaliste d'un évènement aussi prémonitoire.   

B.M

lundi 1 février 2016

BONE TOMAHAWK. Grand Prix, Gérardmer 2016.

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site standbyformindcontrol.com

de S. Craig Zahler. 2015. U.S.A. 2h12. Avec Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, Lili Simmons, Evan Jonigkeit,

Sortie salles U.S: 23 Octobre 2015

FILMOGRAPHIES. Craig Zahler est un réalisateur et scénariste américain né en 1973 à Miami, Floride. 2015: Bone Tomahawk


Hommage:
En jumelant les codes du western et de l'horreur, le néophyte S. Craig Zahler surprend agréablement avec Bone Tomahawk si bien que les membres du Jury de Gérardmer lui décernèrent le Grand Prix. Une odyssée sauvage que vont arpenter un shérif et ces trois acolytes depuis que la femme d'Arthur O'Dwyer et un adjoint de l'ordre ont été kidnappés par des indiens anthropophages. En s'inspirant de deux classiques au genre contradictoire (la Prisonnière du désert et Cannibal Holocaust), Bone Tomohawk bouscule nos habitudes de spectateur immergé malgré lui dans un voyage vers l'enfer où le danger palpable fait irruption sans ménagement. Principalement vers sa seconde partie lorsque le réalisateur exploite sans complexe une poignée d'affrontements gores d'une cruauté inouïe alors que les indiens aux aguets surgissent de leur tanière de manière totalement improvisée !


De par son réalisme cru à la limite du soutenable et ses effets de surprise, la tension engendrée émane du sentiment de stupeur et d'impuissance des victimes avant d'endurer désespérément des souffrances corporelles. Mais bien avant ce déchaînement de violence viscérale d'un autre âge, le cinéaste aura pris soin de nous attacher à la cohésion de nos protagonistes sévèrement châtiés par un concours de circonstances infortunées. Sillonnant les collines du Nouveau-Mexique avec un courage déterminant, ils vont être amenés à réviser leur jugement sur la condition estropiée d'un de leurs camarades, Arthur. Ce dernier ralentissant sa troupe depuis le grave handicap de sa jambe alors qu'il s'évertue de suivre ses comparses afin de retrouver son épouse en vie. Cette situation de survie houleuse s'avère l'un des pivots dramatiques de l'intrigue, Spoil ! sachant que le groupe sera contraint de se diviser Fin du Spoil alors que le danger tangible se rapproche inexorablement. Cette tension sous-jacente découlant de la précarité physique d'Arthur et l'expectative de retrouver les disparus en vie permettent au spectateur de provoquer l'anxiété au sein de leur intimité amicale. Par son rythme languissant ne laissant rien présager des prochains incidents, Bone Tomohawk sème le terrain avec l'habileté sardonique d'embrayer sur une seconde partie horrifique en crescendo. Quasiment exclu de score musical et soutenu du jeu viscéral des comédiens, S. Craig Zahler privilégie un climat réaliste de mystère lattent au sein d'un décorum photogénique (les collines du Nouveau-mexique éclairées d'une photo sépia) auquel la menace hostile se symbolise par le cri primal d'indiens spectraux.


Captivant, angoissant, parfois terrifiant et éprouvant, de par le ressort d'un suspense en ascension, sa dramaturgie sans concession et sa violence jusqu'au-boutiste, Bone Tomohawk nous achemine au survival d'une descente aux enfers sous l'impulsion de comédiens d'une digne densité humaine. 
A réserver néanmoins à un public averti

B.M.

Récompenses:
Festival international du film de Catalogne 2015 : meilleur réalisateur pour S. Craig Zahler et prix « José Luis Guarner » de la critique
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2016 : Grand Prix

vendredi 29 janvier 2016

Le Couloir de la Mort / The Evil


"The Evil" de Gus Trikonis. 1978. U.S.A. 1h29. Avec Richard Crenna, Joanna Pettet, Andrew Prine, Lynne Modie, Cassie Yates, George O'Hanlon Jr.

Sortie salles France: 15 Juillet 1981

FILMOGRAPHIE: Gus Trikonis est un acteur, danseur et réalisateur américain, né à Manhattan (New York) le 21 novembre 1937. 1997: Insel der Furcht1991: The Great Pretender. 1985 Délit de fuite (TV Movie).  1985 Midas Valley (TV Movie). 1985 Malice in Wonderland (TV Movie). 1983 First Affair (TV Movie). 1983 Dempsey (TV Movie). 1983 Pris au piège. 1982 Miss All-American Beauty (TV Movie). 1981 Twirl (TV Movie). 1981: Ca passe ou ça casse. 1981 Elvis and the Beauty Queen (TV Movie). 1980 Touched by Love. 1979: She's Dressed to Kill (TV Movie).  1979 The Last Convertible (TV Mini-Series) (part 3). 1979 The Darker Side of Terror (TV Movie). 1978 Le couloir de la mort. 1977 Moonshine County Express. 1976 The Student Body. 1976 Nashville Girl. 1975 The Swinging Barmaids. 1975 Supercock. 1969 Five the Hard Way.


Hit Vhs des années 80 sous l'étendard étoilé d'Hollywood Video, Le Couloir de la mort fit autant les beaux jours des rats des vidéos que ceux des cinéphiles lors de sa ressortie en salles au début des années 80. J'en suis d'ailleurs la preuve même puisque après l'avoir loué, je me rendis un samedi après-midi dans mon ciné du coin afin de m'y replonger avec ferveur ! Pure série B d'exploitation surfant sur la vague des demeures hantées, Le Couloir de la Mort ne prétend pas révolutionner le genre avec son intrigue éculée dénuée de surprises (hormis un final délirant à la limite du grotesque selon l'humeur du jour) car entièrement bâtie sur le caractère spectaculaires des séquences chocs. Epaulé d'effets spéciaux artisanaux souvent soignés et efficaces, les mises à mort qui empiètent le récit font preuve d'un réalisme parfois étonnant, à l'instar de cette main découpée à la scie circulaire, de l'éjection d'un corps dans les airs ou du viol d'une afro ballottée par l'entité invisible. Le pitch nous ressasse donc sur la période d'un week-end la réunion d'une dizaine de personnes au sein d'un manoir scellé depuis 25 ans. Alors que le gardien devait s'y présenter dès leur arrivée, ce dernier fit les frais d'un inexplicable incendie dans la cave de la bâtisse (seul, le spectateur sera témoin de son agonie).


A travers cette séquence assez cruelle, on peut déjà relever l'aura feutrée de son atmosphère gothique lorsque ce dernier inspecte les lieux vétustes avec l'appréhension d'avoir entendu des bruits suspicieux. Passé ce prologue particulièrement ombrageux, nos hôtes vont vite s'opposer aux manifestations surnaturelles de la demeure sans pouvoir s'échapper de l'intérieur. Un à un, ils feront face aux estocades d'une force démoniaque jusqu'à ce que leur mort s'ensuive. Nanti d'un rythme haletant n'accordant aucun répit pour les péripéties diaboliques, le Couloir de la Mort parvient à distraire le spectateur embarqué dans un train fantôme où l'esbroufe reste le pivot alimentaire. En prime de ces effets spectaculaires bien troussés, la caractérisation attachante des personnages parvient réellement à nous impliquer dans leur désarroi, et ce, en dépit du comportement naïf, voir parfois incohérent de certains protagonistes. Tant par la prestance affirmée de Richard Grenna en psychologue rationnel réfutant toute théorie surnaturelle, que par les seconds-rôles s'efforçant maladroitement à contredire la présence du mal. Hormis cette lacune comportementale, le Couloir de la Mort captive facilement le spectateur par le biais d'un charme Bis irrésistible, notamment grâce au savoir-faire du réalisateur s'efforçant de distiller une ambiance démoniaque parfois tangible. Quant au final incongru laissant apparaître le diable en personne sous l'influence fantaisiste de Victor Buono, le climat fantasmagorique qui s'y dégage ose se démarquer de la conformité à travers la scénographie d'un au-delà limpide ! Le spectateur dépaysé étant partagé entre fascination et sourire amusé, notamment parmi l'appui d'un fantôme charitable lors de son dernier clin d'oeil.


Plaisir innocent du samedi soir au travers d'une série B sans prétention, le Couloir de la mort n'a rien perdu de son charme naïf à tenter de provoquer l'angoisse parmi l'efficacité de séquences-chocs et la saveur vintage d'une atmosphère délétère souvent persuasive. Outre l'intégrité de son auteur à façonner un pur divertissement horrifique, ajoutez la spontanéité communicative des comédiens de seconde zone et vous obtenez un petit classique du genre, aussi mineur soit-il.  

B.M
5èx
29.01.16
25.02.11