mardi 15 mars 2016

HARDCORE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 2or3thingsiknowaboutfilm.blogspot.com

de Paul Schrader. 1979. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Peter Boyle, Season Hubley, Dick Sargent, Leonard Gaines, Dave Nichols, Larry Block, Gary Graham, Ilah Davis

Sortie salles France: 2 Mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 9 Février 1979.

FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
1978: Blue Collar: 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.


Drame psychologique abordant les thèmes de la pornographie underground et du rigorisme parmi le témoignage du paternel investigateur, Hardcore nous dévoile l'envers du décor lorsqu'une jeune adolescente disparaît afin de devenir esclave sexuelle derrière l'écran. Après avoir vainement embauché un détective véreux, Jak Van Dorn décide de mener lui même son enquête afin de retrouver sa fille en vie. Plongé dans un monde obscur qu'il n'a jamais côtoyé, son parcours l'amène à fréquenter la clientèle au sein des clubs SM et Sex-shops diffusant parfois des projections privées de films ultra violents. Tourné à la fin des années 70, Hardcore aborde le libéralisme de la pornographie à son expansion. Car c'est durant cette période sulfureuse que les productions X ont droit de diffusion dans les salles spécialisées tout comme l'émergence florissante des Sex-shop. A l'instar d'une enquête policière, l'intrigue prend son temps à relater le difficile périple d'un père, catholique pratiquant plongé malgré lui dans un univers de dépravation sexuelle après avoir été témoin des ébats de sa fille lors d'une projection super 8.


Par l'entremise du porno underground, Paul Schrader ose aborder avec sérieux la légende urbaine des fameux Snuff-movies que certains désaxés s'échangeraient sous le manteau lors d'une stricte confidentialité. A cette époque en vogue de la libre circulation du X, Schrader y dénonce le laxisme et l'impuissance de la police à démasquer les auteurs de pédophilie lorsque des filles mineures sont enrôlées de force pour tourner dans des productions sans fiche identitaire. Si la mise en scène parfois maladroite manque de subtilité à exploiter son sujet et d'intensité dramatique (notamment pour les rapports conflictuels entre le père et sa fille), Hardcore suscite l'intérêt quant à la déliquescence irascible du paternel contraint d'observer les pratiques sexuelles les plus perverses. Par le biais de ce personnage puritain qu'endosse brillamment le vétéran George C. Scott, son parcours moral tend à décliner vers des accès de violence incontrôlées, notamment en osant molester une jeune prostituée venue lui prêter main forte pour retrouver les auteurs de l'éventuel kidnapping. Mieux encore, Schrader met en appui les conséquences dramatiques de sa morale rigoriste sachant Spoil ! que sa fille ne fut finalement jamais enlevée par un quelconque réseau. C'est ce que le final nous dévoile brièvement lorsque cette dernière osera avouer à son paternel qu'elle claqua la porte du domicile depuis l'éthique conservatrice de ce dernier. Fin du Spoil. L'émancipation de la femme et la liberté sexuelle étant notamment à cette époque en pleine révolution.


Hormis quelques scories dénaturant parfois le réalisme de situations scabreuses, la caricature de certains seconds-rôles (principalement le détective privé grossièrement incarné par Peter Boyle) et son sujet pas totalement abouti, Hardcore ne manque pas de déranger pour fustiger l'industrie mafieuse d'un porno autonome et l'influence qu'elle peut engendrer chez sa clientèle déviante. Portant le film à bout de bras, l'immense George C. Scott parvient en outre à se tailler une carrure équivoque dans sa posture de voyeur vindicatif avant sa remise en question religieuse pour l'amour filial. 


lundi 14 mars 2016

KRAMPUS

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Michael Dougherty. 2015. U.S.A. 1h38. Avec Adam Scott, Toni Collette, David Koechner, Allison Tolman, Conchata Ferrell, Emjay Anthony.

Sortie salles France: 4 mai 2016. US: 4 décembre 2015

FILMOGRAPHIE: Michael Dougherty est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur et producteur américain, né en Octobre 1974 à Columbus. 1998: Refrigerator Art. 1998: Deadtime Stories. 2008: Trick'r Treat. 2010: Calling all Robots. 2015: Krampus.


Déjà responsable du réjouissant Trick or Treat, Michael Dougherti confirme tout le bien que l'on pensait de lui avec Krampus. Un conte de noël gouailleur dans la lignée de Gremlins et de l'esprit généreux de Joe Dante à honorer le genre. Durant la réunion de famille d'un réveillon de Noël, le jeune Max ne supporte plus l'ambiance électrique de leurs discordes. Tandis qu'une menace semble se propager à l'extérieur de la maison, tous les invités se préparent à recevoir son éventuel intrusion. A travers un cheminement narratif éculé (stratégies d'attaques et de défense contre une menace grandissante), Michael Dougherti parvient à renouveler les codes du film de monstres grâce au charisme de leur morphologie, l'implication spontanée des comédiens, l'habile gestion de l'expectative et un sous-texte social fustigeant le consumérisme.


Les conséquences horrifiques de cette nuit tumultueuse émanant de l'incivisme des enfants autant que celui des adultes rendus capricieux par leur confort matériel. Sans jamais ridiculiser la coutume de Noël puisque pleine de tendresse pour sa noble tradition, le réalisateur en profite donc pour nous rappeler à quel point notre société de consommation nous a tous réduits à des êtres insolents férus d'égoïsme à occulter dignement la naissance de Jésus. La plupart des adultes se comportant ici comme des bambins dénués de tous repères moraux. Jouant également sur l'attente quant à l'apparence ostensible de la grande menace, Michael Dougherti cultive la curiosité par une notion latente de suspense jusqu'à ce que des seconds-rôles diablotins ne viennent bouleverser la donne lors d'une 2è partie échevelée. Pleins d'inventivité et d'insolence, les pugilats entre créatures et victimes laissent libre court à un esprit cartoonesque sous l'impulsion de l'humour noir et d'une ambiance survoltée offrant un joli pied de nez à la sagesse de Noël. Le soin apporté aux décors oniriques et à sa photo bigarrée confirmant également la volonté du cinéaste d'y soigner son cadre traditionnellement chaleureux.


Sans révolutionner le genre et sans autre ambition que de distraire intelligemment le spectateur par le biais d'une pétulante épreuve de survie, Michael Dougherti continue de surprendre et de prouver son amour, sa générosité et son brio à honorer le genre comme le fit autrefois l'illustre Joe Dante. Efficacement mené et emballé et regorgeant de situations débridées ne laissant aucun bénéfice aux personnages (à l'instar de la causticité de l'épilogue), Krampus constitue une sympathique farce macabre au travers d'une diatribe sur notre matérialisme infantile.  

vendredi 11 mars 2016

MEURTRES EN 3 DIMENSIONS (le tueur du vendredi 2)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site users.net1.cc

"Friday the 13th Part 3" de Steve Miner. 1982. U.S.A. 1h35. Avec Dana Kimmell, Paul Kratka, Richard Brooker, Nick Savage, Rachel Howard, David Katims, Larry Zerner, Tracie Savage.

Sortie salles France: 16 février 1983. États-Unis: 13 août 1982

FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur de Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.


Troisième opus de la franchise Vendredi 13, retitré en Dvd et Vhs par Le Tueur du Vendredi 2, Meurtres en 3 dimensions exploita le relief en vogue à l'aube des années 80 (les Dents de la mer 3, Amityville 3, Parasite, etc...) afin de mieux rameuter son public ado. Déjà responsable du second volet, Steve Miner (réalisateur parfois inspiré si je me réfère à House, Lake Placid et Halloween H20) ne s'embarrasse ici ni de subtilité ni d'originalité pour donner suite aux exactions de Jason. A titre de détail iconique, c'est d'ailleurs la première fois qu'il s'affuble d'un masque de hockey au visage pour ébranler sa victime, épiée et coursée avant l'estocade promise. On prend donc les mêmes et on recommence ! Le scénario d'une rare indigence reprenant les clichés du premier (et second) opus dans une structure narrative aseptique si on épargne la teneur sardonique de l'épilogue confiné à l'orée d'un lac.


On retrouve donc le cadre idyllique du camp forestier auquel une traditionnelle clique d'étudiants fêtards s'y sont réunis comme le caractérisent le duo de fumeurs de joints, le farceur féru de blagues macabres et le couple d'amoureux, quand bien même un vagabond leur avait préalablement prédit un destin des plus macabres. Pour ajouter un peu de fantaisie à l'aventure horrifique, Steve Miner s'embarrasse également de l'irruption impromptue d'un trio de loubards venus provoquer nos ados avant que Jason ne mette rapidement un terme à leurs bravades. Endigué de suspense et de tension, Meurtres en 3 dimensions ne compte donc que sur l'outrance spectaculaire des meurtres inventifs (2/3 effets chocs valent tout de même le détour !) avant que la dernière survivante ne rehausse le rythme pour affronter vaillamment le tueur lors de l'ultime quart d'heure. Cartoonesque en diable car fertile en poursuites homériques, ce point d'orgue ne manque ni de rythme ni de cocasserie lorsque le duo impromptu renchérit à se courser inlassablement pour l'enjeu de survie. Pour un peu, on se croirait même dans un épisode de Tom et Jerry tant Jason fait preuve d'apathie à daigner alpaguer maladroitement sa partenaire alors que cette dernière se parodie à jouer la victime effarouchée !


Franchise lucrative destinée à répéter la même recette jusqu'à saturation, Meurtres en 3 dimensions ne déroge pas à la règle mais se revoit aujourd'hui avec un sourire amusé pour les inconditionnels de Jason et du célèbre leitmotiv d'Harry Manfredini. Parfois spectaculaire et involontairement drôle, puis haletant lors de sa dernière partie, ce nanar sans prétention fait encore son p'tit effet ludique à condition de l'évaluer au second degré. 

jeudi 10 mars 2016

A L'INTERIEUR

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2007. France. 1h23. Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Claude Lulé

Sortie salles France: 13 Juin 2007

FILMOGRAPHIE: Alexandre Bustillo, né à Saint-Cloud le 10 août 1975, est un réalisateur et scénariste français. 2007 : À l'intérieur (avec Julien Maury). 2011 : Livide (avec Julien Maury).
2014 : Aux yeux des vivants (avec Julien Maury). 2016 : Leatherface (avec Julien Maury).
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.


Première incursion derrière la caméra du duo français Bustillo/Maury, A l'intérieur emprunte le schéma du survival horrifique sous le joug du huis-clos. Recluse chez elle, Sarah se remet difficilement de son accident de voiture qui lui valu la perte de son mari. Enceinte et sur le point d'accoucher, elle est persécutée par une mystérieuse inconnue délibérée à lui soutirer son bébé. Prenant pour thèmes le deuil et la maternité, A l'Intérieur aborde la perte de l'être aimé d'un point de vue horrifique jusqu'au-boutiste tant nos compères redoublent de provocation à enchaîner les exactions sanglantes avec une sauvagerie rarement intentée dans le paysage français. Grâce à son efficacité narrative soigneusement planifiée alternant situations de survie et stratégies de défense parmi l'appui de seconds-rôles en proie au danger permanent, ce home invasion ne cesse de surenchérir dans le hardgore avec un parti-pris assumé.


Epaulé d'une photo sépia aux éclairages translucides et d'une partition monocorde atmosphérique, Bustillo et Maury fignolent le cadre nocturne d'une demeure domestique confondue en théâtre de sang sous l'impulsion d'une tortionnaire intraitable. Dans sa posture hiératique et longiligne, Beatrice Dalle se délecte à emprunter la soutane d'une prêtresse habitée par la perversité. Cette dernière traquant ses proies avec un flegme inquiétant avant de se laisser chavirer vers des pulsions sanguinaires autrement primitives. La manière stylisée dont les cinéastes transfigurent chacune de ses apparitions apporte une touche surréaliste à sa silhouette mortifère. A l'instar d'une séquence subtilement angoissante lorsque cette dernière, tapie dans la pénombre d'une pièce, espionne par derrière sa victime à l'instar d'un spectre invisible. En proie soumise incessamment molestée et martyrisée (l'affrontement final innommable repousse les limites de la bienséance !), Alysson Paradis provoque la surprise à endosser la caricature fragile d'une défunte en instance de survie oscillant vigilance et bravoure pour contredire les châtiments de son ennemie. Nos deux partenaires féminines insufflant au fil de leur pugilat une tension dramatique d'une fureur viscérale. Pour terminer, on peut louer la qualité des FX artisanaux que Jacques Olivier Molon est parvenu à mettre en exergue avec un réalisme à couper au rasoir (en dépit de 2/3 CGI grossiers, à l'instar du rêve de l'héroïne et des apparitions internes du foetus).


Parmi son ambiance malsaine dérangeante instaurée dans le cadre feutré du huis-clos anxiogène, A l'Intérieur parvient à distiller angoisse, terreur et tension sous l'impulsion d'une horreur éprouvante parfois insoutenable (la gorge perforée à l'aide d'une tige à tricot, l'éventration au ciseau). Pour ce premier essai, Bustillo et Maury se tirent haut la main de la routine pour être parvenus avec sincérité et insolence à façonner un survival brut de décoffrage sous l'autorité charismatique de deux comédiennes à couteaux tirés. 
A réserver à un public averti.

mercredi 9 mars 2016

THE LAST HOUSE ON DEAD END STREET

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site lostmedia.wikia.com

de Roger Watkins. 1977. U.S.A. 1h18. Avec Roger Watkins, Ken Fisher, Bill Schlageter, Kathy Curtin, Pat Canestro, Steve Sweet, Edward E. Pixley.

Sortie salles U.S: Mai 1977 (Interdit aux - de 18 ans). Inédit en France.

FILMOGRAPHIE: Roger Michael Watkins (pseudos: Richard Mahler/Bernard Travis/Victor Janos) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur, né le 17 Septembre 1948, décédé le 6 Mars 2007.
1988: Decadence (Video) (as Richard Mahler). 1987: American Babylon (Video) (as Richard Mahler). 1983: Midnight Heat (as Richard Mahler). 1983: Corruption (as Richard Mahler). 1981: A Day in the Life of... The Cosmopolitan Girls (uncredited). 1981: Spittoon. 1980: Her Name Was Lisa (as Richard Mahler). 1980: Shadows of the Mind (as Bernard Travis). 1980: The Pink Ladies (as Richard Mahler). 1977: The Last House on Dead End Street (as Victor Janos).


Avertissement ! Par son climat putride et ses séquences scabreuses, le film est à réserver à un public averti.

Précédé d'une réputation sulfureuse aux séances nocturnes des Grindhouse et des drive-in, The Last house on dead end street surfe sur le thème des Snuff-movies que le duo Michael et Roberta Findley avait déjà évoqué un an au préalable dans leur médiocre Snuff. A peine sorti de prison, un cinéaste underground se lance dans l'exploitation de films pornos. Avec l'appui d'un producteur sans vergogne, il décide de le réaliser en repoussant les limites de la tolérance. Dans une ambiance électrique, le tournage va virer à l'orgie sanglante lorsque Terry décide d'assassiner devant la caméra ses acteurs ainsi que son producteur afin de proposer au public un spectacle plus vrai que nature. Expérience malsaine tout droit sortie d'un esprit dérangé, The Last house on dead end Street constitue la première oeuvre de Roger Watkins, réalisateur mais aussi acteur principal de son propre film. Un cinéaste aussi discret qu'obscur comme le souligne ses multiples pseudos qu'il emprunta également pour la confection de métrages X.


Par l'entremise d'un pitch linéaire exploitant à intervalle régulier sexe et gore de la manière la plus racoleuse (humiliations et sévices corporels s'avérant les maîtres mots !), Roger Watkins traite du mythe du Snuff-movie avec un réalisme (faussement) documenté. Un parti-pris assumé de préconiser le choc cérébral chez le spectateur participant malgré lui à une expérience visuelle et auditive profondément dérangeante (dissonance musicale à l'appui). Par son climat d'hystérie collective où chaque protagoniste est affublé d'un masque risible, ses éclairages limpides ou autrement ternes, son décor d'entrepôt insalubre et ses salles d'expérimentations, The Last house on dead end Street amorce une dérive criminelle en roue libre. Bien que son cheminement narratif ne cesse de compiler une succession de séquences chocs parfois/souvent déviantes (le célèbre supplice de la patte de bouc), le film parvient à susciter une curiosité palpable par son florilège d'images cauchemardesques où la folie désaxée semble habiter chacun des comédiens. D'ailleurs, durant ce tournage chaotique, on peut suspecter que ces derniers se soient adonnés aux drogues hallucinogènes, le réalisateur étant lui même un fervent consommateur à sa période autodestructrice. Cette ambiance aussi enragée que dérangée reflète bien les états d'âme pathologiques de celui-ci soucieux de cristalliser sur pellicule un bad-trip démoniaque habité par la perversité.


Que l'on adhère ou rejette en bloc ce délire scabreux imparti à l'expérimentation douteuse, The Last house on dead end street ne laisse pas indifférent et entretient la curiosité par son panel de séquences hystériques où l'ambiance malsaine indécrottable laisse parfois en mémoire des images d'une perversité maladive. Probablement l'une des expériences les plus cintrées de l'histoire du cinéma.
A ne pas mettre entre toutes les mains. 


mardi 8 mars 2016

Le Manoir de la Terreur / Le Notti del terrore/Burial Ground

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bubblegeek.eklablog.com

d'Andrea Bianchi. 1981. Italie. 1h25. Avec Karin Well, Gianluigi Chirizi, Simone Mattioli, Antonella Antinori, Roberto Caporali, Claudio Zucchet, Renato Barbieri, Mariangela Giordano, Peter Bark.

Sortie U.S le 15 Octobre 1986. Italie: 9 Juillet 1981

FILMOGRAPHIEAndrea Bianchi est un réalisateur italien, né le 31 Mars 1925 à Rome.
1972: Diabolica Malicia. 1972: L'Île au trésor. 1974: Quelli che Contano. 1974: Basta con la guerra... facciamo l'amore. 1975: Nu pour l'assassin. 1976: La Moglie di mio padre. 1977: Cara dolce nipote. 1978: La moglie siciliana. 1979: Malabimba. 1981: Le Manoir de la Terreur. 1983: Altri desideri particolari. 1983: Morbosamente vostra. 1986: Dolce Pelle di Angela. 1987: Maniac Killer. 1987: l'Ange de la Mort. 1988: Incontri in case private. 1988: Racconti di donne. 1989: Massacre. 1989: Io Gilda. 1990: Qualcosa in più. 1990: Gioco di seduzione. 1991: Bambola di carne. 1993: Formula 3 - 1 ragazzi dell'autodromo.


Joli succès en Vhs dans les années 80 sous l'effigie de Fantastic VideoLe Manoir de la Terreur s'est taillé au fil des décennies une certaine réputation auprès des aficionados du nanar transalpin. Réalisée en quatre semaine avec des interprètes néophytes (si on excepte la présence de Mariangela Giordano), cette bisserie typiquement latine se démarque un peu de la tradition du mythe grâce au cadre singulier du manoir et à l'apparence risible des revenants maculés de terre cuite sur la trogne. Inspiré de l'Enfer des Zombies réalisé un an au préalable, et plus précisément de la saga des Templiers d'Ossorio, le film d'Andrea Bianchi se veut ouvertement gore dans la tradition putassière du patrimoine italien. Soupçon de polissonnerie en sus, à l'instar d'une séquence plutôt scabreuse restée dans les mémoires (mais j'y reviendrai plus tard...). Séjournant dans un manoir le temps d'un week-end, deux couples, une mère et son fils sont assiégés par une horde de zombies. Malgré leur inexpérience (c'est peu de le dire !), ils vont devoir redoubler de vigilance et de bravoure à repousser l'antagoniste exhumé d'une crypte. Cette intrigue triviale dénuée de surprises est fort heureusement transcendée par le rythme échevelé d'agressions carnivores que nos zombies parcheminés n'auront de cesse de surenchérir, notamment parmi l'appui d'outils de jardinage confondus en armes blanches (ils s'empareront même d'un bélier pour défoncer la porte d'entrée !).


Et à ce niveau, les péripéties instaurées de prime abord dans le cadre verdoyant du jardin débordent de générosité à décupler les affronts entre zombies et survivants, si bien que ces derniers finiront par se barricader dans l'enceinte du manoir dès la nuit tombée. Grâce à la vigueur de ces affrontements récurrents et grâce à la présence mortifère des macchabées emmitouflés de soutanes, Andrea Bianchi parvient à nous immerger dans l'action, notamment avec l'accompagnement musical d'un score tantôt dissonant, tantôt onirique (on peut même prêter allusion aux sonorités lyriques d'un Popol Vuh). Parmi ces meurtres sauvages traficotés de manière artisanale et avec une indécence lubrique (la relation incestueuse entre le fils et sa génitrice suivi du matricide !), Le Manoir... s'efforce également de rendre attrayante la scénographie gothique du mausolée par le biais d'une jolie photographie contrastant avec le gore criard. Si la maladresse de la réalisation oscillant les zooms grossiers et l'approximation du montage renforcent le côté fauché de l'entreprise, le Manoir de la Terreur perdure la réjouissance parmi l'exubérance d'un jeu d'acteurs inexpressifs surjouant les victimes effarées ! En dépit de ces têtes d'affiche négligeables, Mariangela giordano s'avère un peu plus convaincante en mère effarouchée quand bien même l'étrange acteur de petite taille Peter Bark parvient gentiment à faire fi de son inexpérience grâce à son regard révulsé et son faciès émacié. Son apparence blême s'avérant aussi inquiétante que sa morphologie prématurée (il est en fait âgé de 25 ans au moment du tournage alors qu'il présume en avoir 12 pour mieux se confondre dans la peau du rejeton !).


La Nuit de la Mort.
Avec son ambiance gothique ombrageuse, sa partition lancinante, son interprétation bovine, le look décati des zombies et ses scènes gores parfois insensées (sein arraché à pleines dents, tête décapitée à la faux, gorge arrachée, sans oublier les traditionnels actes de cannibalisme auscultés en gros plans !), le Manoir de la Terreur engendre un perpétuel plaisir coupable. Tout du moins pour les inconditionnels de nanars de la grande époque, il se révèle aujourd'hui encore plus dynamique et fantaisiste par son rythme alerte et la verve maladroite des seconds couteaux. A son ambiance débridée allouée au contexte de survie, Andrea Bianchi en exploite une série Z beaucoup plus stimulante, immersive et ludique que les derniers zombie movies mainstream. 

08.03.16. 4èx
13.07.12. (204 v)



lundi 7 mars 2016

FRANKENSTEIN

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com  

de Bernard Rose. 2015. U.S.A. 1h33. Avec Carrie-Anne Moss, Xavier Samuel, Danny Huston, Tony Todd, Mckenna Grace, James Lew, Carol Anne Watts, Maya Erskine.

FILMOGRAPHIE: Bernard Rose est un réalisateur, scénariste, acteur, directeur de photo et monteur britannique, né le 4 Août 1960 à Londres.
1986: Smart Money. 1987: Body Contact. 1988: Paperhouse. 1990: Chicago Joe and the Showgirl. 1992: Candyman. 1994: Ludwig van B. 1997: Anna Karénine. 2000: Ivans xtc. 2005: Snuff Movie. 2008: The Kreutzer Sonata. 2010: Mr Nice. 2011: Two Jacks. 2015: Frankenstein.


Réactualisation moderne du roman de Mary Shelley, Frankenstein est également l'occasion pour Bernard Rose de renouer avec le cinéma Fantastique. Genre qui le révéla avec le magnifique poème infantile Paperhouse, puis un plus tard avec une perle toute aussi marquante, le conte social Candyman. Reprenant à peu de choses près le même cheminement narratif du chef-d'oeuvre de James Whale par le biais de clins d'oeil judicieusement insérés, Frankenstein relate à nouveau les vicissitudes d'une créature candide délaissée par son créateur et donc livrée à elle même dans un univers dont elle ignore toute déontologie. En plaçant le cadre de l'action dans une banlieue urbaine contemporaine et avec le parti-pris d'adopter une démarche réaliste, Bernard Rose alterne critique sociale et conte existentielle avec une sensibilité à fleur de peau. De par la posture candide du monstre démuni contraint de subir la violence d'une autorité arbitraire depuis sa situation marginale et son illettrisme. Dès le prologue, Bernard Rose nous immerge de manière expérimentale en privilégiant la caméra subjective afin d'ausculter la souffrance physique et morale de la créature livrée aux expérimentations médicales. Par l'entremise de ses séquences éprouvantes, comment ne pas prêter allusion à la vivisection lorsque la créature apeurée et terrorisée subit contre son gré une multitude de châtiments corporels afin de contenter la recherche thérapeutique du créateur.


Comparable à un nouveau-né (réflexes infantiles à l'appui !), le monstre adopte une posture innocente véritablement poignante, tant par son émoi à observer la réalité du quotidien dans un cadre cliniquement scientifique que par son instinct affectif à chercher réconfort auprès de la personne maternelle, la savante Elisabeth Frankenstein. Mais rapidement livré à l'abandon par ses parents depuis l'interrogation inexpliquée d'une maladie de l'épiderme et sur le point d'être sacrifié, le monstre finit par s'échapper pour sillonner un monde hostile où la loi du plus fort et l'insociabilité départagent les classes sociales. Peinture pessimiste sur la civilisation déclinante de nos sociétés modernes où l'exclusion fait parti du paysage urbain, Frankenstein porte un regard si cruel sur notre intolérance, notre égoïsme et notre indifférence à capter les ressorts émotifs de l'autre. Vivant reclus comme un SDF avec l'appui d'un aveugle, le monstre tente de décrypter les us et coutumes sociales de notre civilisation par le biais d'une violence rétrograde. Que ce soit les forces de l'ordre aveuglées par leur ligne de conduite professionnelle, la foule réactionnaire avide d'auto-justice ou ses parents démissionnaires de leur poste pédagogue. Par son cheminement de survie où les sévices les plus cruels lui seront infligés avec une violence sans limite, le monstre nous provoque désarroi et pitié avec une affliction bouleversante. Grâce au jeu pantomime de Xavier Samuel, l'acteur parvient à se tailler une carrure fragile avec une dimension humaine souvent éprouvante. Son parcours social ressemblant parfois au chemin de croix que Jésus a parcouru péniblement jusqu'à la rédemption de la mort. Emaillé de séquences poétiques à travers le songe et renforcé d'un monologue subjectif souvent poignant quant à l'initiation existentielle de la créature en réflexion identitaire, Frankenstein nous saisit d'émotion par son réalisme jusqu'au-boutiste.


D'une acuité émotionnelle aussi rigoureuse que bouleversante, tant par la cruauté physique que psychologique infligées sur l'innocence du monstre, Frankenstein renouvelle le roman de Mary Shelley avec une rare intelligence parmi l'ambition scrupuleuse du cinéaste humaniste amoureux de son souffre-douleur. Par sa dimension philosophique, sa réflexion sociale sur l'inégalité et la nature primitive de l'homme et le jeu sans fard de Xavier Samuel, ce portrait désenchanté d'une innocence déchue nous laisse en état de collapse. A mon sens, il s'agit peut-être même de la plus belle version de son roman éponyme. 

Je suis Adam.


La chronique de Jean Marc Micciche.
Cycle fantastique avec pour commencer l'énorme Frankenstein de Bernard Rose. Quoique réalisé par un réalisateur autrefois coté (paperhouse, candyman) et quelques raretés (Anna Karénine, Ludwig Beethoven, Chicago Joe et Showgirl), on peut vraiment se demander ce qu'un énième adaptation de Frankenstein pouvaient apporter de neuf....c'est dire la découverte du film a été un énorme choc tant cette version 'moderne' comptemporaine' s'impose sans doute comme la meilleur adaptation du mythe depuis les films de James Whale. En gros on n'oublie tout ce qui a été fait, on change d'axe (tout est vue par la créature), on reformule les figures imposés (l'émeute des villageois, la machine à faire vivre, l'aveugle, la petit fille) et on impose quelque chose de totalement inédit. Bref on repart à zéro. Et du coup, le sentiment d'immersion est totale des les premières minutes (on songe à la naissance de Robocop) pour plonger dans un cauchemar clinique à l'absence du budget devient non seulement sa force mais aussi une véritable profession de fois qui ravira sans aucun doute tous les fanas du cinéma gore des années 70 et 80, à une époque où justement le gore pouvait horrible, viscérale, triste, poétique. Un peu comme si Cronenberg (période Rage avait voulu adapter le roman de Shelley). On pense au Jodorowki de Santa Sangre, on pense au culte Sonny Boy, on pense à cette esthétique du caniveau cher aux Basket case, aux films de SF The brother from another planet. Bref, tout ce peut paraître chip et fauché sur la forme est au contraire transcendé par une vision tragique et pathétique du personnage de la Créature, du Monstre et donne vraiment pour la première fois la possibilité de scrupter son âmes damnés et à comprendre sa tristesse et sa haine de sa condition....La scène de la bastonnade, celle de la prostitué et de l'aveugle, la scène de l'euthanasie, la scène du chien, vont longtemps vous marquer de sa gifle. Voilà c'est fabuleux, ça aurait du avoir avoir un prix à Gérardmer...

vendredi 4 mars 2016

Marathon Man. Meilleur second rôle masculin, Laurence Olivier, Golden Globes 77.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lemodernecinematographe.unblog.fr

de John Chlesinger. 1976. U.S.A. 2h05. Avec Dustin Hoffman, Laurence Olivier, Roy Scheider, William Devane, Marthe Keller, Richard Bright, Marc Lawrence, Fritz Weaver, Jacques Marin

Sortie salles France: 22 décembre 1976 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 8 octobre 1976.

FILMOGRAPHIE: John Chlesinger est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Février 1926 à Palm Springs, décédé le 25 Juillet 2003. 1962: Un Amour pas comme les autres. 1963: Billy le menteur. 1965: Darling. 1967: Loin de la foule déchaînée. 1969: Macadam Cowboy. 1971: Un Dimanche comme les autres. 1975: Le Jour du Fléau. 1976: Marathon Man. 1979: Yanks. 1981: Honky Tonk Freeway. 1984: Le Jeu du Faucon. 1987: Les Envoûtés. 1988: Madame Sousatzka. 1990: Fenêtre sur Pacifique. 1993: L'Innocent. 1995: Au-delà des lois. 2000: Un Couple presque parfait


Thriller d'espionnage doublé d'un suspense haletant auprès de son intensité à corps perdu, Marathon Man n'a point usurpé sa réputation notoire de chef-d'oeuvre tant John Chlesinger a su redoubler d'ambition et de brio pour y transcender un scénario machiavélique d'une rare efficience. Le pitch: A la suite de la mort de son frère "Doc", agent double de contre espionnage, "Babe" se retrouve mêlé au chantage du Dr Christian Szell. Cet ancien dentiste nazi exilé en Uruguay est contraint de rappliquer à New-York afin de récupérer un magot depuis la mort accidentelle de son frère aîné. Dès lors, "Babe" est harcelé par Szell depuis que "Doc" lui aurait éventuellement soufflé un mot sur la planque du butin. S'entraînant quotidiennement au marathon, il va devoir compter sur son endurance afin de déjouer une traque inlassable au sein des quartiers urbains. D'après le roman éponyme de William Goldman, Marathon Man aborde les thèmes du spectre du nazisme et de la paranoïa au sein d'une société contemporaine encore traumatisée par l'après-guerre. De par le concours d'une circonstance aussi risible qu'infortunée (un banal accident de voiture) compromettant un complice, John Chlesinger en extrait une intrigue perfide où l'espionnage et le nazisme ne cesseront de se disputer la mise d'un trésor !


Ainsi, par le biais d'une distribution prestigieuse au charisme buriné ou suave (Marthe Keller, délectable de charme fallacieux), chaque comédien oscille la mesquinerie et le subterfuge dans leur fonction sournoise à manoeuvrer l'étudiant. "Babe", dernier témoin de l'agonie de son frère, si bien que celui-ci s'efforça en dernier ressort de lui souffler un mot imprononçable. Dustin Hoffman endossant la stature timorée du jeune marathonien dans une posture maladroite de bouc-émissaire. Grâce à son épreuve de survie sur le fil du rasoir puis son influence fluctuante vers l'auto-justice (sauver l'honneur de son frère mais aussi celle de son père, ancien historien déchu), nous lui éprouvons une forte empathie depuis ses vicissitudes à déjouer des agents doubles en transaction avec Szell. Détestable de couardise, Laurence Olivier donne chair à son personnage dans une posture monolithique de nazi impassible. Sous son impériosité perverse, comment ne pas aborder la séance bucco-dentaire que "Babe" endure par le principe improvisé d'une torture à la fraise. John Chlesinger élaborant avec suggestion et rigueur quasi insoutenable l'expectative d'une soumission de longue haleine avant le supplice facial. Outre ces moments éprouvants en crescendo, l'intrigue ne cesse d'y déployer avec une logique narrative infaillible des moments de bravoure aussi anxiogènes qu'oppressants ! Tant auprès de la tentative d'assassinat de Doc dans sa chambre d'hôtel, de l'effraction de deux espions dans la demeure de Babe confiné dans sa salle de bain, de sa poursuite à pied perpétrée dans un new-york inhospitalier, de sa fausse cavale automobile instrumentalisée par Janeway, de sa rencontre avec Elsa et ses sbires dans la maison de Klaus Szell, de son ultime confrontation avec le Dr Szell, ou encore de son point d'orgue d'un malaise tangible lorsque d'anciens déportés croient reconnaître l'ange blanc au coeur d'une foule urbaine !


C'est sans danger ?
Scandé de l'inoubliable partition de Michael Small renforçant à merveille le caractère oppressant des situations de dangerMarathon Man ne laisse aucun répit au spectateur pour l'entraîner au coeur d'un thriller paranoïde où chacun des antagonistes n'auront de cesse de tourmenter un souffre-douleur tout en se trahissant afin d'approcher la prospérité. Un grand moment de cinéma d'une intensité scrupuleuse sous l'impulsion viscérale d'un duo d'acteurs (Hoffman/Mason) à leur acmé.   

Récompense: Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Laurence Olivier en 1977.

Eric Binford
5èx

jeudi 3 mars 2016

LA VALLEE DE GWANGI

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.in

"The Valley of Gwangi" de Jim O'Connolly. 1969. U.S.A. 1h35. Avec James Franciscus, Gila Golan, Richard Carlson, Laurence Naismith, Freda Jackson, Gustavo Rojo

Sortie salles U.S: 3 Septembre 1969

FILMOGRAPHIE: Jim O'Connolly est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 23 février 1926 à Birmingham et mort en décembre 1986 à Hythe dans le Kent.
1963 : The Hi-Jackers. 1965 : The Little Ones. 1964 : Smokescreen. 1967 : Le Cercle de sang. 1967-1969 : Le Saint (TV). 1969 : Crooks and Coronets. 1969 : La Vallée de Gwangi. 1972 : La Tour du diable. 1974 : Maîtresse Pamela.


Relativement oublié et peu diffusé à la TV, La Vallée de Gwangi fit les beaux jours des vidéophiles lors de son exploitation en Vhs au milieu des années 80. Réalisateur méconnu, Jim O'Connolly aime à jumeler les genres de manière singulière comme le soulignera également le très sympathique La Tour du diable (une chasse au trésor horrifique confinée à proximité d'un phare insulaire) réalisé 3 ans plus tard. Avec la Vallée de Gwangi, il affilie les composantes du Western et du Fantastique mythologique parmi l'attraction foraine de monstres préhistoriques. A la suite du vol d'El Diablo par des Tsiganes (l'Eoipus, cheval miniature disparu depuis 50 millions d'années), une poignée de cowboys et les propriétaires d'un cirque se lancent à leur poursuite jusqu'à destination d'une vallée réputée interdite. C'est dans ce lieu tenu secret qu'ils vont avoir affaire à l'hostilité de monstres préhistoriques comme le symbolisera un dangereux T Rex. Récit d'aventure familial fertile en péripéties dans son brassage d'action, de fantastique et de merveilleux (chacune des interventions candides d'El Diablo), La Vallée de Gwangi dépayse agréablement le spectateur embarqué dans un western d'un nouveau genre.


Exploitant à peu de choses près la narration de King-Kong, notamment lors de sa dernière partie lorsque Gwangi est capturé par nos héros afin de l'exhiber dans une attraction foraine, et la poursuite qui s'ensuit, Jim O'Connolly parvient à nous distraire avec l'efficacité d'une traque haletante. Dans des rôles héroïques redoublant de bravoure à déjouer les affronts des monstres, les protagonistes s'investissent dans l'action avec une spontanéité aussi enjouée qu'exaltante. Comme le souligne également la romance en ascension du couple d'amants compromis par leurs sentiments contradictoires depuis le vol d'El Diablo. On peut également s'amuser du comportement versatile de l'héroïne à daigner profiter d'une découverte aussi prodigieuse quand bien même un scientifique sournois n'y songe qu'à l'étudier. Au milieu de ce duo attisé par la cupidité, Tuck Kirby (l'amant de cette dernière) tente timidement de les raisonner tout en se laissant envahir par ses sentiments amoureux. James Franciscus se prêtant au jeu de la loyauté avec le charisme viril qu'on lui connait. Mais au-delà des fantaisies et mésententes caractérielles de nos personnages, La Vallée de Gwangi est surtout transcendé par la présence disproportionnée des monstres préhistoriques ! Ray Harryhausen accomplissant une fois de plus le tour de force de donner vie à ces créatures par le biais du Stop Motion ! Outre la fluidité de chacun de leur mouvement, leur aspect cartoonesque (couleurs criardes à l'appui) renforcent le charme naïf de leur caricature afin de nous fasciner avec une fantaisie innocente.  


Éminemment kitch, naïf et un brin corrigible pour la caractérisation expéditive de certains personnages, la Vallée de Gwangi insuffle malgré tout une indéniable sympathie par son pouvoir enchanteur sous l'impulsion prodige de Ray Harryhausen. On est d'autant plus amusé d'assister à la résurrection de ces monstres antiques que le western dit classique se dévergonde ici avec une dérision pétulante. A redécouvrir avec son âme d'enfant.

mercredi 2 mars 2016

LA TRAQUE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site lci.tf1.fr

de Serge Leroy. 1975. France. 1h35. Avec Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau,
Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet, Michel Robin.

Sortie salles Allemagne: 7 Novembre 1975

FILMOGRAPHIE: Serge Leroy est un réalisateur français, né le 14 Mai 1937 à Paris, décédé le 27 Mai 1993.
1973: Le Mataf. 1975: La Traque. 1977: Les Passagers. 1978: Attention, les enfants regardent. 1981: Pause-café. 1982: Légitime Violence. 1983: L'Indic. 1985: Double Face (téléfilm). 1985: Le Quatrième Pouvoir. 1988: Contrainte par corps. 1989: Pause-café, pause tendresse. 1989: Une saison de feuilles (télé-film). 1991: Les Cahiers Bleus (télé-film). 1992: Maigret chez les Flamands (télé-film). 1992: Maigret et le corps sans tête (télé-film). 1993: Taxi de Nui. 


Survival brut de décoffrage pour un genre peu prisé dans le paysage du cinéma français, la Traque porte la signature du franc-tireur Serge Leroy. Un cinéaste audacieux ayant surtout oeuvré dans les années 70 et 80, comme le souligne l'excellent Attention les Enfants regardent (farce caustique sur l'influence que peut exercer la violence télévisuelle chez nos têtes blondes). Peu diffusé à la TV et inédit en Dvd dans l'hexagone, La Traque constitue un modèle de mise en scène plus de 40 ans après sa sortie confidentielle. Dans le sens où la réalisation consciencieuse privilégie l'aspect inhabituellement documenté d'un thriller âpre profondément malsain où la dynamique de groupe s'accorde une complicité commune d'une rare vilenie. La violence des actes émanant autant d'une brutalité physique (le viol, les blessures corporelles à l'arme à feu) que d'une psychologie perfide (les bourreaux multipliant points de vue et comportements contradictoires avant une connivence déloyale). A travers le périple cauchemardesque d'une jeune anglaise pourchassée par des chasseurs en pleine forêt après avoir été violée, Serge Leroy cultive un réalisme poisseux afin de déranger le spectateur témoin malgré lui d'une battue d'un nouveau genre, la chasse au gibier humain. 


Dans la lignée du Comte Zaroff pour sa réflexion sur la bassesse et l'instinct pervers du chasseur avide de pourchasser sa proie (humaine) jusqu'à ce que mort s'ensuive, la Traque dresse le portrait pathétique d'une communauté de bourgeois machistes compromis par leur confort, leurs pulsions lubriques et punitives ainsi que leur lâcheté. Bien que le film affiche une distribution de premier choix (on y croise Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet et Michel Robin), on en arrive à oublier ses têtes familières tant chacun des comédiens exprime un naturel sobre dans leur fonction couarde, pleutre, mesquine et sournoise. Quant à la jeune actrice américaine Mimsy Farmer, cette dernière insuffle une acuité fragile dans sa carrure filiforme de proie incessamment molestée par des justiciers sans vergogne. Spoil ! Ces derniers s'efforçant de la traquer sans relâche pour lui autoriser une transaction depuis sa complicité de s'être vengée auprès d'un des tortionnaires. Habités prochainement par une justice expéditive, leurs comportements impulsifs finissent à leur tour par les inciter à la vendetta Fin du spoil. Par son regard tendre et candide habité par le désespoir et l'angoisse de trépasser, Mimsy Farmer provoque un malaise toujours plus tangible face à sa condition torturée. Ce qui nous converge vers une glaçante conclusion d'une violence psychologique difficilement soutenable ! 


Apre, tendu, malsain, dérangeant, poisseux, désespéré, La Traque est l'une des rares incursions françaises à s'être essayé au survival rural avec brio et réalisme sans fard. Car plus de 40 ans après sa sortie, cette descente en enfer champêtre continue d'exercer un pouvoir vénéneux dans sa déchéance immorale. Tant par la situation insurgée de la victime violée que de la peinture sordide allouée à une bourgeoisie invulnérable (à l'instar de leur culpabilité victorieuse). 

La chronique d'Attention, les Enfants regardent: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/attention-les-enfants-regardent.html

mardi 1 mars 2016

L'ANTECHRIST (Baiser de Satan)


"L'Anticristo/The Tempter" d'Alberto De Martino. 1974. Italie. 1h51 (version intégrale). Avec Carla Gravina, Mel Ferrer, Arthur Kennedy, George Coulouris, Alida Valli.

Sortie salles Italie: 22 Novembre 1974. France: Sans doute en 1975 en Province (418 075 entrées).

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Alberto De Martino (né le 12 juin 1929 à Rome) est un réalisateur italien. Il utilise parfois le pseudonyme de Martin Herbert.
1963 : Persée l'invincible. 1963 : La Maison de la terreur.1964 : Le Triomphe d'Hercule .1964 : Les Sept invincibles. 1966 : Django tire le premier. 1967 : Opération frère Cadet. 1968 : Rome comme Chicago. 1969 : Perversion. 1972 : Le Nouveau boss de la mafia. 1974 : L'Antéchrist. 1977 : Holocauste 2000.


Hit video des années 80 sous la bannière notoire de VIP, l'Antéchrist constitue la réponse transalpine à l'Exorciste de Friedkin réalisé un an au préalable. Façonné par Alberto De Martino, habile artisan du cinéma d'exploitation comme le prouvera notamment son excellente déclinaison de la Malédiction, Holocaust 2000, l'Antéchrist renaît aujourd'hui de sa torpeur grâce à sa sortie Dvd supervisée par le Chat qui fume. Considéré comme le meilleur ersatz des films de possession, ce petit classique du B movie préserve son charme fascinatoire grâce à sa facture latine qu'Alberto De martino s'efforce de transfigurer par le biais d'une scénographie baroque oscillant monuments historiques (la région de Rome) et sculptures ornementales (la résidence bourgeoise de la famille d'Ippolita). Sublimant la ville à l'instar d'une visite touristique où plane une ombre malfaisante et les superstitions de pénitents, l'Antéchrist est également illuminé par la prestance écorchée de Carla Gravina. Littéralement habitée par ses pulsions perverses, l'actrice se réapproprie honorablement des clichés du genre (sa métamorphose physique impartie aux jets de bave verdâtre et yeux révulsés) grâce à sa caractérisation humaniste en chute libre. Alberto De Martino prenant soin dans sa première partie de nous décrire son cheminement spirituel vers Satan après une séance d'hypnose. Durant cette expérience, son passé parvient à lui remémorer le rituel d'un sabbat perpétré sous l'autorité d'une secte satanique ainsi que sa condamnation au bûcher décrétée par des apôtres religieux. Ippolita étant soumise dans sa vie antérieure à s'initier à la sorcellerie avant de se reconvertir en dernier ressort à Dieu.


Outre le soin stylisé de ces séquence fantasmagoriques chargées d'éclairages bleutés, Martino réussit à transcender une répulsion tangible par le pouvoir de suggestion. Je songe évidemment à la première séquence, celle anthologique du léchage d'anus d'une chèvre qu'Ippolita mime langoureusement en pleine séance d'hypnose. Un moment lubrique d'une audace inouïe car illustrant sous l'égide du Mal une préliminaire assumée de zoophilie ! Mais au-delà de l'aspect horrifico-sexuel de ses séquences-chocs que la seconde partie va largement exploiter par le principe d'exorcismes à répétition (répliques ordurières à l'appui !), l'Antéchrist cultive la fascination grâce à sa densité narrative décrivant consciencieusement le profil galvaudé d'une célibataire aigrie. Perturbée par la tragédie de son accident qui lui valu son impotence paraplégique et par la mort de sa mère, hantée par le remord d'une liaison incestueuse potentiellement échangée avec son frère, Ippolita jalouse également l'infidélité de son père épris d'une nouvelle maîtresse. Seule et désemparée dans sa solitude, elle tente dans un premier temps de se repentir auprès d'une madone avant que Satan n'y habite son corps. Ce qui nous vaut un prologue d'un réalisme documenté assez saisissant lorsque des pénitents conjurent l'absolution dans une posture erratique. Ces éléments de frustration concupiscente soulignant la lente dégénérescence d'Ippolita vont parvenir à crédibiliser son futur cas de possession, notamment grâce à la sobriété des personnages secondaires que des acteurs reconnus (ou familiers du ciné Bis) vont solidement endosser. On peut également souligner l'intensité dramatique de son final rédempteur lorsque Ippolita tente de renouer (comme dans sa vie antécédente) avec le pardon divin sous une ondée nocturne. Les scores musicaux orchestrés à l'orgue par Ennio Morricone et Bruno Nicolai renforçant le caractère élégiaque de la situation.


Exploitant avec souci de véracité et d'esthétisme baroque un nouveau cas de possession préalablement inégalée par Friedkin, Alberto De Martino parvient honorablement à s'extraire du second degré (si on fait fi de quelques FX cheap aujourd'hui obsolètes) grâce à la maîtrise de sa réalisation et le tempérament furibond de la troublante Carla Gravina. Un classique du Bis estampillé latin par ses audaces visuelles, son aura démoniaque et sa dramaturgie diaphane. 

Remerciement au Chat qui fume.

01.03.16
29.10.10 (229)
5èx


lundi 29 février 2016

ROOM. Oscar 2016 de la meilleure actrice, Brie Larson.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site les400coups.org

de Lenny Abrahamson. 2015. Canada/irlande. 1h57. Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen, William H. Macy, Sean Bridgers, Tom McCamus.

Sortie salles France: 9 Mars 2016. U.S: 16 Octobre 2015.

FILMOGRAPHIE: Lenny Abrahamson est un réalisateur irlandais, né le 30 novembre 1966 à Dublin.
2004: Adam & Paul. 2007: Garage. 2012: What Richard Did. 2014: Frank. 2015: Room.


Prenant pour thème éculé le rapt lorsqu'une mère et son fils se retrouvent embrigadés dans un abris de jardin depuis 7 longues années, Lenny Abrahamson parvient à en détourner les codes grâce à l'intelligence de sa mise en scène scrutant les états d'âmes de nos protagonistes avec une sensibilité à fleur de peau. Sans misérabilisme ni pathos, le réalisateur nous transfigure un conte plein de poésie du point de vue candide de l'enfant tout en exacerbant un drame psychologique sur la difficile réadaptation sociale de la mère. La manière sobre dont est traitée cet enlèvement s'inscrit dans une pudeur fragile, de par les relations intimes qu'entretiennent quotidiennement Joy et Jack condamnés à coexister dans une chambre terne éludée de présence humaine. Seul la fenêtre d'une lucarne leur laisse parfois entrevoir l'exposition du soleil lorsque le temps en accorde une embellie.


Par le biais de cette vision édénique symbolisant l'épanouissement de la liberté, et par l'entremise de l'enseignement maternel, Lenny Abrahamson accorde beaucoup d'intérêt à éveiller les sentiments de l'enfant prochainement apte à se transcender pour tenter de braver leur exclusion. D'ailleurs, la séquence onirique auquel Jack contemple enfin pour la première fois l'immensité du ciel au moment même où sa vie en dépend affiche un lyrisme bouleversant ! Si la première partie dégage déjà une puissance émotionnelle pour les rapports étroits des otages livrés à leur seule compagnie, la seconde partie s'intéresse à leur rédemption dans le cadre autrement plus vaste et chaleureux d'une demeure familiale. En captant le regard attentionné et innocent de Jack curieux de comprendre le désarroi de sa mère, Lenny Abrahamson porte un témoignage bouleversant sur sa fragilité et son initiation à la sagesse tout en soulignant les liens amicaux inoxydables que peuvent sacraliser un enfant et sa mère. Si l'actrice Brie Larson n'a pas volé son oscar d'interprétation pour livrer avec une sobre émotion le douloureux portrait d'une mère traumatisée par sa claustration, je retiendrais surtout le jeu expressif de l'incroyable Jacob Tremblay se mettant à nu devant la caméra avec un naturel confondant. Une force de la nature transcendée par l'authenticité de son regard prude avide de découverte, de réconfort et d'amour.


Grâce au tact de sa mise en scène détournant les clichés du genre avec une habileté sans fard et à la présence incandescente des deux comédiens, Room transcende le drame psychologique par le biais du conte existentiel. Car sous l'alibi d'une situation traumatique d'embrigadement, Lenny Abrahamson en extrait un hymne à la vie, une initiation à l'apprentissage à travers les richesses de l'univers. Un moment intimiste d'une émotion suprême confinant au vertige par son intensité dramatique improvisée (dans le sens où le réalisateur ne surligne jamais les instants de gravité).

Récompenses:
Oscars du cinéma 2016 : Oscar de la meilleure actrice pour Brie Larson
Festival international du film de Toronto 2015 : People's Choice Award
Festival international du film de Vancouver 2015 : VIFF Award du meilleur film canadien
British Independent Film Awards 2015 : meilleur film indépendant international
Festival international du film des Hamptons 2015 : meilleur film
National Board of Review Awards 2015 :
Meilleure actrice pour Brie Larson
Meilleur espoir pour Jacob Tremblay
Golden Globes 2016 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Brie Larson