vendredi 10 juin 2016

SHOTGUN STORIES

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com  

de Jeff Nichols. 2007. U.S.A. 1h31. Michael Shannon, Douglas Ligon, Barlow Jacobs, Natalie Canerday, Glenda Pannel, Lynnsee Provense, Michael Abbott Jr.

Sortie salles France: 2 Janvier 2008

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain né le 7 Décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Considéré aujourd'hui comme un nouveau maître du cinéma américain, Jeff Nichols avait déjà  amorcé son talent personnel à travers Shotgun Stories réalisé en 2007. A mi-chemin entre le cinéma de James Foley (pour les thèmes et le lyrisme hérités de Comme un chien enragé) et celui de Terence Mallick pour sa manière sensitive de filmer une nature sereine, Shotgun Stories empreinte le schéma du film de vengeance avec une rare intelligence. De par son parti-pris à réfuter une violence démonstrative au profit de l'identité psychologique d'une famille désoeuvrée au sein d'une Amérique profonde. 


Abandonnés par leur père dès leur plus jeune âge et délaissés par la mère, trois frères tentent de survivre en s'épaulant mutuellement. A la suite du décès du patriarche, une rivalité entre eux et les demi-frères éclate lors des funérailles. Communément trop fiers de céder aux intimidations, leur discorde morale va entraîner un règlement de compte meurtrier. Drame psychologique d'une intensité dramatique inscrite dans la pudeur et le non-dit, Shotgun Stories aborde l'exclusion d'une délinquance juvénile depuis l'abandon parental. Réflexion sur l'engrenage de la violence sous la bannière d'une rancune intraitable, cette dérive criminelle dresse le constat social d'une jeunesse laissée pour compte où le chômage, l'incommunicabilité et l'absence d'amour vont extérioriser chez eux un sentiment de révolte destructrice. Fort d'une distribution criante de vérité humaine, les trois acteurs composant la fratrie portent le film sur leurs épaules avec une humilité poignante. Leur présence naturelle étant renforcée par un jeu de regards oscillant l'amertume et la tendresse timorée. En frère aîné hanté par la colère et l'injustice, Michael Shannon (Bug, Take Shalter, Midnight Special) livre à nouveau une prestance compacte pour se glisser dans la peau d'un leader protecteur avec un charisme placide. Au sein d'une nature paisible auquel ils évoluent depuis leur enfance, Jeff Nichols met en contraste leur solitude existentielle avec un onirisme nonchalant (mélodie élégiaque en sus durant tout leur cheminement !). 


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".
Affichant un climat réaliste de poésie existentielle sous l'impulsion d'acteurs en posture sentencieuse , Shotgun Stories renouvelle le drame familial avec pudeur et sobriété afin de scruter les âmes torturées d'une fratrie noyée de solitude et de mal-être depuis l'abandon parental. 

jeudi 9 juin 2016

EVENT HORIZON: LE VAISSEAU DE L'AU-DELA. Prix du public, Bruxelles 98.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Paul W. S. Anderson. 1997. 1h36. Avec Laurence Fishburne, Sam Neill, Kathleen Quinlan, Joely Richardson, Richard T. Jones, Jack Noseworthy, Jason Isaacs.

Sortie salles France: 6 Mai 1998. U.S: 15 Août 1997

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final.


Echec public et critique lors de sa discrète sortie en salles, Event Horizon constitue une oeuvre maudite si on se réfère à l'indiscutable savoir-faire de Paul Anderson particulièrement impliqué à façonner un grand huit cauchemardesque. Tant par l'efficacité de sa mise en scène cultivant une angoisse en apesanteur que de son esthétisme léché sublimant l'architecture baroque des corridors du vaisseau. A mi chemin entre Hellraiser pour la représentation d'un Enfer SM et la Maison du Diable pour son aura diabolique sous-jacente, Event Horizon parvient à nous captiver dans son enchaînement de situations hostiles où la mort insidieuse ne laissera aucun répit aux victimes.


Durant 1h30, une poignée d'astronautes va tenter de percer le mystère de l'Event Horizon depuis que les passagers de l'ancienne expédition n'avaient plus donné signe de vie. Au fil de leur découverte macabre, une présence diabolique plane sur leurs épaules si bien que un à un, ils vont sombrer dans une paranoïa collective depuis leurs hallucinations plus vraies que nature. Ce sentiment d'insécurité permanent et cette manière vénéneuse de provoquer nos protagonistes en faisant appel aux réminiscences familiales, Paul Anderson le met en exergue parmi le pouvoir de suggestion. La présence invisible mais palpable redoublant de cynisme à bizuter ces derniers avant de posséder leurs âmes. Qui plus est, en jouant sur la dimension parallèle du trou noir, une vision de l'enfer nous est suggérée sous l'impulsion d'une machine rotative et d'hallucinations hystériques de victimes écorchées vives ! Au-delà du réalisme formel imparti à sa scénographie spatiale et de son climat anxiogène, Event Horizon tire parti d'une distribution solide pour renforcer la crédibilité des enjeux humains. Particulièrement Laurence Fishburne et Sam Neill se disputant l'autorité avec sang froid et une pugnacité en chute libre. Et si sa dernière partie homérique cède un peu à la facilité de l'esbroufe (FX renversants à l'appui à base d'explosions dantesques et d'atrocités corporelles !), Paul Anderson nous avive encore l'attention par le principe d'un survival aussi nerveux qu'escarpé.


Pur divertissement de série B classieuse comme le caractérise l'excentricité des décors futuristes, Event Horizon nous propose un spectacle de haute tenue dans son format de science-fiction horrifique ne lésinant pas sur un gore vicié. A redécouvrir avec un vif intérêt si bien qu'il s'agit (de loin) du meilleur film du très inégal Paul Anderson

Récompense: Prix du Public au Festival du Film Fantastique de Bruxelles, 1998

mercredi 8 juin 2016

FIRESTARTER

                                                                      Photo empruntée sur Google, rattachée au site impawards.com

"Charlie" de Mark L. Lester. 1984. U.S.A. 1h53. Avec David Keith, Drew Barrymore, Freddie Jones, Heather Locklear, Martin Sheen, George C. Scott.

Sortie salles U.S: 11 Mai 1984 

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mark Lester est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 26 Novembre 1946 à Cleveland, Ohio.
1971: Twilight of the Mayas. 1973: Steel Arena. 1982: Class 84. 1984: Firestarter. 1985: Commando. 1986: Armé et Dangereux. 1990: Class of 1999. 1991: Dans les Griffes du Dragon Rouge. 1996: Public Ennemies. 2000: Blowback. 2000: Sacrifice (télé-film). 2000: Guilty as Charged (télé-film). 2002: Piège sur Internet. 2003: Trahisons. 2003: Ruée vers la Blanche. 2005: Ptérodactyles.


Un an avant Commando, Mark Lester s'essaie au genre fantastique en transposant à l'écran le roman de Stephen King, Charlie. Série B dénuée de prétention malgré une distribution alléchante (on y croise David Keith, Drew Barrymore, Martin Sheen, George C. Scott), Firestarter relate dans un schéma narratif orthodoxe les vicissitudes d'un père et de sa fille pourchassés par des agents gouvernementaux depuis que cette dernière cultive des pouvoirs pyromanes. Ses dons meurtriers émanant des expériences scientifiques que ses parents ont autrefois toléré afin de servir la science. Par l'influence surnaturelle de son esprit fulminant, Charlie parvient furtivement à enflammer ses rivaux. Ce qui nous vaut des séquences d'embrasement assez réussies, à l'instar de son final particulièrement homérique dont les effets spéciaux délirants font preuve de réalisme. Avec l'aide d'un tueur professionnel, le capitaine Hollister finit par kidnapper les deux fugitifs afin d'exploiter à des fins belliqueuses le don de la petite Charlie.


Par le biais d'un cheminement narratif assez efficace, suspense et fantastique se chevauchent autour du sort précaire de Charlie et de son père, communément soudés par les liens familiaux. Mark Lester accordant beaucoup de crédit à leur relation affective alors que ces derniers seront séparément cloisonnés dans les chambres d'un institut expérimental. Grâce à la conviction d'une distribution charismatique (en particulier George C Scott, Martin Sheen et David Keith), Firestarter parvient à nous convaincre de son propos fantastique pointant du doigt la menace du nucléaire sous le ressort de la télékinésie. Qui plus est, le jeu dégourdi de Drew Barrymore s'avère assez crédible dans sa fonction candide de victime infortunée s'efforçant de canaliser ses pouvoirs depuis l'enseignement loyal de son père. Hélas, et en dépit du caractère attachant de ce duo servile, Firestarter manque sévèrement d'intensité et d'enjeux dramatiques pour immerger le spectateur dans une palpitante course contre la survie. Car si le spectacle s'avère agréable et jamais ennuyeux, il ne fait que survoler un scénario mal exploité et dénué de surprises. On se rabat alors sur la compassion que suscitent fébrilement le père et sa fille depuis leur maltraitance d'une confrérie avide de totalitarisme.


Soutenu par la partition envoûtante de Tangerine Dream, Firestarter constitue une aimable série B fantastique émaillée de séquences d'incendies parfois fulgurantes et de plages de tendresse que le couple parental endosse avec une certaine densité humaine. 

mardi 7 juin 2016

EDDIE THE EAGLE

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site sallesobscures.com

de Dexter Fletcher. 2016. Angleterre/Allemagne/U.S.A. 1h45. Avec Taron Egerton, Hugh Jackman,
Keith Allen, Jo Hartley, Iris Berben.

Sortie salles France: 4 Mars 2016. U.S: 26 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Dexter Fletcher est un acteur et réalisateur anglais, né le 31 janvier 1966. 
2011 : Wild Bill (également coscénariste). 2013: Sunshine on Leith. 2016: Eddie the Eagle.


"Le plus important aux jeux olympiques n'est pas de gagner mais de participer. L'important dans la vie ce n'est point le triomphe mais le combat."
PIERRE DE COUBERTIN, Fondateur des Jeux Olympiques, 1896. 

A l'instar du succès inattendu de Rocky, il y a encore des petits métrages débordant de générosité et de sincérité à s'approprier un concept éculé si bien que l'on oublie facilement son cheminement balisé pour se laisser à nouveau bercer par la "succes-story" d'un prodige chez une compétition sportive. Tiré d'une histoire vraie, Eddie the Eagle retrace avec une émotion vertigineuse l'incroyable destin d'Eddie Edwards, jeune britannique passionné par le saut en ski et suffisamment utopiste pour croire en son étoile. Raillé par son père, les olympiens et les administrateurs alors qu'il débuta trop tard sa discipline professionnelle, Eddie compte néanmoins participer aux jeux olympiques avec l'appui de son mentor autrefois privé de médaille pour indiscipline. Ensemble, fort d'un entraînement intensif et malgré les échecs, ils vont multiplier les exploits avant de pouvoir concourir aux jeux olympiques d'hiver de 1988. 


Véritable cantique à la passion, au courage, à l'estime de soi et à la constance, Eddie the Eagle réinvente l'ascension sportive d'un jeune loup délibéré à se transcender pour conquérir son rêve. Cette rage de vaincre tous les défis, cette force morale de braver le pessimisme et les brimades de son entourage, Eddie Edwards nous les transmet à l'écran avec un flegme prégnant. Son parcours semé d'embûches, de bévues et de surprises nous emportant dans un tourbillon d'émotions aussi fringantes que le destin de Rocky. A travers des séquences aériennes vertigineuses, on peut également saluer le brio de la mise en scène sublimant les descentes sur ski d'Eddie avant son grand saut de l'aigle ! Une désignation que lui même et ses nouveaux supporters ont acclamé depuis sa performance héroïque contre toute attente. Sous son physique ordinaire de benêt (lunettes trop larges et sourire niais), Taron Egerton (la révélation de Kingsman !) porte le film à bout de bras par son aisance naturelle à insuffler des sentiments fondés sur la loyauté, la bravoure, la passion et l'amitié. Secondé par l'autorité avisée de Bronson Peary, Hugh Jackman lui partage la vedette avec la sobriété d'un coatch amical et d'un philosophe en quête de repentance. Car c'est à travers la persévérance d'Eddie et d'une éventuelle accession victorieuse qu'il tente d'assumer son préalable échec sportif depuis son orgueil juvénile. Lors d'une séquence poignante d'une belle justesse, et toujours à travers le parcours méritoire d'Eddie, on peut enfin souligner l'apparition de Christopher Walken dans celui de l'éminent enseignant gagné par un regain d'humilité pour son ancien élève prodige.  


C'était impossible, alors il l'a fait ! 
Grand moment d'émotions aussi fortes que fragiles pour la destinée insensée d'une étoile filante, Eddie the eagle emprunte le schéma modeste de la série B pour parfaire une "success-story" à 
l'intensité lyrique (bande son tonitruante à l'appui !). Car malgré son impression de déjà vu, Dexter Fletcher parvient à renouveler le spectacle sportif et son thème inhérent de la persévérance (plutôt que celle de la victoire) sous l'impulsion naturelle d'un duo d'acteurs pétris d'humanisme (on pardonne dès lors le jeu stéréotypé de certains seconds rôles estampillés "méchants de service").  

Dédicace à Seb Lake

lundi 6 juin 2016

LA CHEVRE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site quizz.biz

de Francis Veber. 1980. France. 1h33. Avec Pierre Richard, Gérard Depardieu, Michel Robin, André Valardy, Corynne Charbit, Pedro Armendáriz Jr., Jorge Luke .

Sortie salles France: 9 Décembre 1981

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Enorme succès à sa sortie en France (7 079 674 entrées), La Chèvre n'a point usurpé son statut de classique de la comédie populaire tant Francis Veber est parvenu à conjuguer éclats de rire et tendresse sous l'impulsion d'un duo d'acteurs que personne n'aurait imaginé voir réunir ! Car outre sa bonne idée de départ (recruter un comptable malchanceux afin de débusquer la fille d'un PDG aussi infortunée que lui !), La Chèvre tire parti de son ressort comique grâce aux rapports conflictuels que se disputent Pierre Richard et Gérard Depardieu. Si ce dernier adopte une posture autoritaire souvent dénigrante pour se railler des bévues de son camarade, il ne manque pas non plus de susciter un regain de compassion depuis que Perrin est réduit au bouffon de service (et non comme un leader sagace comme le laissaient croire ses supérieurs).


Personnage empoté multipliant les catastrophes à un rythme fertile, Pierre Richard crève l'écran à se glisser dans la peau d'un baroudeur persuadé d'avoir le profil héroïque pour parfaire sa mission. Jouant souvent sur la pantomime avec un sérieux imperturbable, l'acteur insuffle avec son physique naturel un aplomb exubérant pour incarner un maladroit impayable. Prenant pour thème la théorie de la malchance, Francis Veber exploite donc une intrigue efficace et bien construite autour de leurs pérégrinations que Perrin tente maladroitement de diriger. Parmi un éventail de quiproquos, pugilats et rebondissements, ces derniers vont apprendre à se connaître en affrontant une pègre mafieuse puis se tolérer depuis le flair aléatoire de Perrin (ce dernier engendrant au final la chance par sa déveine !). Prenant pour cadre naturel l'état du Mexique, le réalisateur affiche également un certain souffle exotique pour nous dépayser de sa forestation que Perrin et Campana sillonnent dans un concours de circonstances folingues (l'agression avec le gorille, la piqûre de guêpe, le sable mouvant). La musique de Vladimir Cosma composée à la flute de Pan se prêtant à merveille au climat tropical quand bien même l'émotion attendrissante de sa conclusion éveille un sublime instant de poésie candide.


Jalonné de gags, de fantaisies et d'action autour d'une intrigue animée par la poisse du gaffeur, La Chèvre se permet en outre de susciter une émotion lyrique lors d'une retrouvaille inespérée. Reste à saluer le duo légendaire que se partagent avec autant de bonne humeur que d'animosité Pierre Richard / Gérard Depardieu

vendredi 3 juin 2016

LA TARENTULE AU VENTRE NOIR

                                                          Photo empruntée sur Google, rattachée au site ecranlarge.com 

"La Tarantola dal ventre nero" de Paolo Cavara. 1971. Italie. 1h38. Avec Giancarlo Giannini, Claudine Auger, Barbara Bouchet, Rossella Falk, Silvano Tranquilli, Barbara Bach, Stephania Sandrelli.

Sortie salles Italie: 12 Août 1971

FILMOGRAPHIE: Paolo Cavara est un réalisateur et scénariste italien, né le 4 Juillet 1926 à Bologne (Italie), décédé le 7 Août 1982 à Rome. 1988: Accadde a Parma. 1981 Fregoli (TV Mini-Series). 1980 La locandiera. 1979 Atsalut pader. 1979 Sarto per signora (Téléfilm). 1976 E tanta paura. 1974 Il lumacone. 1974 Un parfum d'amour. 1973 Los amigos. 1971 La tarentule au ventre noir. 1969 La Capture. 1967 La cible dans l'oeil. 1966 Witchdoctor in Tails (Documentaire). 1964 I malamondo (Documentaire). 1963 La donna nel mondo (Documentaire. Non crédité). 1962: Mondo Cane (Documentaire).


Giallo injustement occulté et boudé en France si bien qu'en l'occurrence aucune édition numérique n'ait encore percée chez nous, La Tarentule au ventre noir ne manque pas de qualités pour émuler le genre avec sincérité et application. Non pas que la mise en scène soit un modèle du genre, loin de là, mais que le réalisateur parvient à structurer une intrigue assez prenante par son suspense latent contrebalancé de rebondissements (le détail sur la photo !) et (inévitables) fausses pistes. C'est du côté d'un institut de beauté que l'intrigue s'oriente depuis que le personnel est devenu la cible récurrente d'un tueur auquel l'adultère et la nymphomanie en sont les principaux ressorts. La première originalité du récit incombe à l'élaboration des meurtres et l'omnipotence de l'assassin lorsque ce dernier ganté préconise la paralysie de ses victimes à l'aide d'une aiguille empoisonnée (du venin de guêpe nous révélera plus tard un entomologiste !), et ce, juste avant de les assassiner. Dès lors, ces dernières, en état de conscience, subissent impuissantes aux châtiments du poignard pénétré à diverses reprises sur le bas-ventre jusqu'à ce que mort s'ensuive.


Parfois sanglants et soigneusement cadrés, ses crimes s'avèrent assez impressionnants sous l'impulsion d'un rituel atypique redoutablement pervers. La victime féminine symbolisant la soumission d'une tarentule si bien que le tueur s'inspire de la bravoure victorieuse de la "Pepsis Formosa". Une "guêpe des chemins" parvenant toujours à éliminer son rival grâce à la paralysie de son venin injecté dans l'estomac afin de libérer des larves carnivores ! C'est ensuite au niveau du profil de l'inspecteur Tellini que La Tarentule... puise son intensité psychologique, notamment parmi ses rapports intimes entretenus avec sa fiancée philanthrope. En perte de vitesse car ayant une longueur de retard sur les agissements du tueur persifleur (il filme les ébats sexuels de ce dernier et de sa compagne), Tellini se remet constamment en question sur son pragmatisme au risque d'abdiquer sa profession au profit de sa vie de famille. Outre l'efficacité des nombreux meurtres que le récit affiche avec un certain stylisme, La Tarentule... recourt aussi à une rigueur vertigineuse lors d'une course-poursuite entamée sur les toits d'un immeuble. Quant au final haletant, l'intrigue met en parallèle les situations alarmistes de deux victimes en proie à la menace meurtrière, au moment même où l'inspecteur ne s'efforce une ultime fois d'alpaguer le tortionnaire, symptomatique du misogyne.


Avec ses meurtres raffinés (inscrits dans le mutisme), le jeu sentencieux de Giancarlo Giannini, ses têtes d'affiche féminines d'une beauté éminemment lascive et la mélodie envoûtante d'Ennio Morricone, La Tarentule au ventre noir n'a pas à rougir de ses illustres ascendants pour mettre en exergue un thriller captivant. Certes un peu maladroit dans sa réalisation et le jeu perfectible de quelques seconds-rôles, mais d'une sincérité indiscutable lorsque le cinéaste s'efforce d'affilier caractérisation psychologique et suspense métronomique. 


mercredi 1 juin 2016

EXORCISME TRAGIQUE

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemalamorte.es

"Un Bianco Vestito Per Marailé" de Romano Scavolini. 1972. Italie. 1h28. Avec Ida Galli, Ivan Rassimov, Luigi Pistilli, Pilar Velázquez, Ezio Marano

Sortie salles France: 10 Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Romano Scavolini est un réalisateur italien né le 17 JuiN 1940.
2007 Two Families, 2005 L'apocalisse delle scimmie, 2004 Le ultime ore del Che (documentary), 1988 Dog Tags, 1981 Cauchemars à Daytona Beach, 1980 Savage Hunt, 1973 Servo suo, 1973 Cuore, 1972 Exorcisme tragique - Les monstres se mettent à table, 1969 Entonce, 1969 L'amore breve, 1968 La prova generale, 1966 A mosca cieca


Giallo méconnu tout juste édité en galette numérique par Le Chat qui fume, Exorcisme tragique puise une certaine originalité dans sa forme gothico-baroque lorsqu'une poignée de convives sont invités dans le manoir de Marialé pour se livrer à une débauche communautaire. Quelques années au préalable, cette dernière eut été témoin des meurtres de sa mère et de son amant perpétrés par son père (une séquence onirique où la nature solaire se confond au climat macabre depuis les exactions vengeresses). Alors que la fête bat son plein, un mystérieux tueur s'empresse de les assassiner un à un. Dirigé par Romano Scavolini, auteur italien du célèbre Cauchemar à Daytona beach (sommet de gore crapoteux resté dans toutes les mémoires !), Exorcisme Tragique insuffle un climat d'étrangeté assez insolite lors de sa première partie.


Tant par la visite impromptue qu'entament les occupants dans les souterrains poussiéreux du château parmi les toiles d'araignées et des mannequins cadavériques, que leur orgie nocturne où alcool et exhibition érotique se chevauchent sans modération. Affublés de déguisements de carnaval et communément entraînés dans une spirale de débauche, ces derniers se pavanent devant le témoignage fragilisé de Marialé. Asservie par son mari et le majordome car contrainte par la force d'ingurgiter un traitement médicamenteux, cette dernière tente d'exorciser ses vieux démons en empruntant la robe mortifère de sa mère. Si le cheminement narratif dénué de raison à de quoi dérouter durant la première heure par son climat d'insolence en roue libre (la posture exubérante des protagonistes plongés dans un état second), le spectateur s'y laisse facilement envoûter quand bien même Romano Scavolini soigne la forme stylisée d'un esthétisme fringant. Avec souci du cadrage alambiqué magnifiant ses pièces domestiques et éclairés d'une photo flamboyante, Exorcisme Tragique flatte notre vision et l'ouïe sous le score mélodique de Fiorenzo Carpi. La seconde partie, beaucoup mieux rythmée dans sa dérive criminelle, s'écarte parfois de l'intimité du huis-clos pour filmer les extérieurs d'une nature crépusculaire inhospitalière, comme le souligne l'intervention des chiens cerbères. Si son final prévisible ne surprend pas quant à l'identité de l'assassin, la manière habile dont Romano Scavolini parachève son histoire fait preuve de dérision et d'intensité dramatique pour répéter la boucle du passé traumatique.


Sympathique slasher où érotisme, beuveries et châtiments punitifs finissent par se télescoper, Exorcisme Tragique réveille singulièrement le thème du trauma infantile sous l'impulsion d'un témoignage effronté. Une oeuvre mineure pour le genre mais assez hétérodoxe par son schéma narratif et d'une emprise de séduction assez expressive.