mardi 19 avril 2016

THE BOY

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de William Brent Bell. 2016. U.S.A. 1h37. Avec Lauren Cohan, Rupert Evans, Jim Norton, Diana Hardcastle, Ben Robson, James Russell

Sortie salles France: 27 Janvier 2016. U.S: 22 Janvier 2016

FILMOGRAPHIE: William Brent Bell est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2016: The Boy. 2013: Wer. 2012: Devil Inside. 2006: Stay Alive. 1997: Sparkle and Charm.


Surfant sur le succès (éhonté) d'AnnabelleWilliam Brent Bell exploite les thématiques de la poupée diabolique et du deuil infantile de manière étonnamment sobre et déférente. The Boy jouant la carte du premier degré dans sa volonté de renouer avec une épouvante à l'ancienne. Fraîchement débarquée dans un manoir anglais pour y occuper le poste de Baby-sitter, une jeune américaine est contrainte de subir les caprices d'un couple de retraités depuis que leur défunt rejeton est substitué en poupée de porcelaine. Au fil des jours, Greta entretient une étrange relation avec le mannequin si bien qu'elle se persuade d'être en présence du fantôme du fils des Heelshire.


Série B ludique conçue sur l'efficacité d'un suspense latent irrésistiblement envoûtant, The Boy surprend par son parti-pris modeste à préconiser une atmosphère d'inquiétude plutôt que la facilité de la surenchère. Formellement soigné, tant par la beauté de sa photo aux couleurs pétulantes que des décors gothiques raffinés, l'intrigue se concentre sur les rapports intimistes partagés entre la baby-sitter et sa poupée. Sans chercher à provoquer le spectateur par des procédés spectaculaires que l'on connait par coeur, The Boy repose surtout sur l'interrogation d'une poupée potentiellement diabolique et l'aura feutrée d'une demeure vétuste occultant un sombre passé. Rehaussé du jeu nuancé de la fringante Lauren Cohan, sa présence maternelle doit beaucoup à la crédibilité des situations anxiogènes lorsque son personnage finit par céder à une foi occulte. Et parmi son obstination, le spectateur de croire à l'improbable, notamment par le biais d'une mise en scène scrupuleuse observant leurs rapports avec une empathie trouble. Emaillé d'idées parfois astucieuses (la larme sur la joue de Brahms), on sent que le réalisateur s'efforce soigneusement de narrer son histoire avec l'appui du simulacre et parmi l'expectative d'une révélation détonante. Bien que quelques clichés viennent futilement desservir la véracité des évènements en fin de parcours, The Boy s'avère suffisamment intriguant, persuasif et atmosphérique pour se laisser notamment surprendre par son twist en dépit d'une dernière image superfétatoire.


Série B horrifique inopinément adulte dans sa volonté de bâtir une histoire surnaturelle plus finaude que le tout venant mainstream, The Boy séduit agréablement grâce à la sincérité modeste du réalisateur soucieux de développer l'évolution morale de ses personnages tourmentés. 

lundi 18 avril 2016

BUG. Prix FIPRESCI, Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2006

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineparade.eklablog.com

de William Friedkin. 2006. U.S.A. 1h42. Avec Ashley Judd, Michael Shannon, Harry Connick Jr., Lynn Collins, Brian F. O'Byrne.

Sortie salles France: 21 février 2007. U.S: 25 Mai 2007. Interdit aux - de 12 ans.

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


Expérience paranoïde contagieuse, Bug s'inspire d'une pièce de théâtre de Tracy Letts jouée en 2004. S'appuyant sur le principe du huis-clos suffocant, William Friedkin prend un malin plaisir à immerger le spectateur dans une descente aux enfers schizophrène. La cause incombant à un ex militaire d'apparence affable et timoré qu'Agnès aura rencontré dans un bar par l'intermédiaire de sa meilleure amie. Solitaire, droguée, marginale, cette dernière se remet difficilement de la disparition inexpliquée de son fils et de son échec conjugal, faute d'un mari abusif. Harcelée par son ex, elle se réconforte auprès de son hôte avant que celui-ci ne lui déclare qu'il est le cobaye d'une horrible machination perpétrée par le gouvernement. Des insectes se seraient alors infiltrés dans son corps afin de transmettre la maladie à autrui et anéantir nos cerveaux. Sous couvert de thriller au suspense latent (la première partie prend son temps à caractériser les rapports du couple), William Friedkin en extirpe un drame psychologique d'une intensité dramatique en chute libre. Le film décrivant avec réalisme cinglant les rapports équivoques d'un couple en renaissance amoureuse convaincu d'être le fruit d'un odieux complot.


Outre la maîtrise de sa mise en scène accordant beaucoup d'intérêt à la bande-son afin d'aviver l'angoisse morale de nos héros, Bug est transcendé par un jeu d'acteurs au diapason ! Michael Shannon endossant avec spontanéité viscérale la carrure du dangereux schizophrène (sans doute) traumatisé par la guerre. Dans un jeu de fragilité aiguë, Ashley Judd lui prête la vedette avec une dimension humaine névralgique, faute de ses tourments dépressifs facilement manipulables. Le duo se déchirant au rythme de la passion amoureuse et de la hantise de persécution. D'une violence rigoureuse dans les comportements erratiques en roue libre, les joutes verbales et les exactions sanglantes (notamment une torture dentaire proprement horrifique !), Bug dérange pour provoquer un malaise tangible auprès des agissements du couple compromis par l'autosuggestion. Par le biais de cet imposteur victime d'une pathologie mentale et de cette marginale dépressive en quête éperdue d'amour, William Friedkin en extrait une réflexion sur l'influence de la paranoïa et la manipulation de celui qui l'extériorise.


Baignant dans un climat névrosé progressif au fil d'une dégénérescence morale, Bug aborde les thèmes de la paranoïa et du complot politique sous l'impulsion d'un dangereux psychopathe. Par son intensité émotionnelle perturbante, il en émane une expérience viscérale éprouvante où l'impact des images cauchemardesques (les mutilations corporelles échangées entre le couple par la cause des insectes) se disputent au désarroi d'un drame de la solitude. 

Récompense: Prix FIPRESCI lors de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2006

vendredi 15 avril 2016

LE CERCLE

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Ring" de Gore Verbinski. 2002. U.S.A. 1h55. Avec Naomi Watts, Brian Cox, Martin Henderson, David Dorfman, Rachael Bella, Daveigh Chase

Sortie salles France: 5 Février 2003. U.S: 18 Octobre 2002

FILMOGRAPHIE: Gregor « Gore » Verbinski, né le 16 mars 1964, est un réalisateur et producteur américain. 1997 : La Souris. 2001 : Le Mexicain. 2002 : Le Cercle. 2003 : Pirates des Caraïbes: La Malédiction du Black Pearl . 2005 : The Weather Man. 2006 : Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit. 2007 : Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde. 2011 : Rango. 2013 : Lone Ranger, naissance d'un héros.


"Je déteste la télé, ça me file la migraine. Il y a tellement d'ondes dans l'air à cause de ça et des téléphones, qu'on perd dix fois plus de neurones qu'on le devrait. Les molécules du cerveau deviennent instables. Les fabricants le savent, mais ils font rien. C'est un vrai complot. 
Tu sais combien d'ondes traversent notre tête chaque seconde ?"

Remake du célèbre Ring, classique japonais de Hideo Nakata réalisé en 1998, le Cercle reprend avec habileté le concept de la Vhs maudite pour renouveler la peur parmi l'appui d'une narration dramatique en crescendo. Sans se laisser influencer par la facilité du copier-coller, Gore Verbinski ré-exploite la malédiction de Samara avec une science du suspense affûté et le joug d'un climat de malaise. Une jeune journaliste, Rachel Keller, décide d'enquêter sur une série de meurtres inexpliqués après que les victimes eurent visionné le contenu d'une cassette video leur augurant leur mort 7 jours après sa diffusion. Un appel téléphonique les avertissant au moment propice. 


Dominé par l'interprétation obstinée de Naomi Watts compromise entre ses sentiments d'émoi, de doute et de paranoïa, Le Cercle repose sur une investigation de longue haleine pour immerger le spectateur vers une troublante descente aux enfers. L'intrigue soigneusement structurée délivrant au compte goutte indices et révélations macabres avec un sens du détail dérangeant. Outre l'art de conter un récit malsain terriblement inquiétant, il faut également souligner le soin formel apporté à sa photographie désaturée si bien que certaines images poétiques nous magnétisent l'esprit par sa puissance évocatrice. Particulièrement l'environnement clairsemé d'une nature en clair obscur comme le symbolise à plusieurs reprises l'arbre décharné étroitement lié au secret de Samara. Quant à la présence candide des chevaux, elle fait office de ressort dramatique parfois éprouvant (le comportement erratique de l'étalon embarqué sur le bateau et poursuivant Rachel s'avère l'un des moments les plus rigoureux !) lorsque ces derniers sont soumis à une force diabolique. Parmi les archétypes de la légende urbaine, de l'enfance diabolique, de la superstition et de la malédiction, Gore Verbinski s'efforce de crédibiliser une douloureuse histoire de relation maternelle par l'entremise de la famille dysfonctionnelle et avec l'appui de Rachel éprise de compassion pour la condition équivoque de Samara. Ne cédant jamais à l'esbroufe horrifique car s'efforçant de mettre en valeur une épouvante premier degré, le cinéaste parvient brillamment à exacerber quelques brefs instants d'effroi par l'habileté de la suggestion.


Redoutablement efficace comme le souligne son ossature narrative d'une riche intensité dramatique et l'aura perméable de son angoisse malsaine, Le Cercle honore dignement l'entreprise commerciale du remake si bien que Gore Verbinski y apporte sa marque et son identité avec brio inattendu. La peur, subtile et diffuse, s'avère donc à nouveau au rendez-vous sous l'impulsion d'une satire des médias, et pourrait même prétendre à émuler son modèle !

3èx

jeudi 14 avril 2016

UN JOUR SANS FIN

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site daveexaminesmovies.com

"Groundhog Day" d'Harold Ramis. 1993. U.S.A. 1h41. Avec Bill Murray, Andie MacDowell, Chris Elliott, Stephen Tobolowsky, Michael Shannon, Harold Ramis

Sortie salles France: 28 Juillet 1993. U.S: 12 Février 1993

FILMOGRAPHIE: Harold Ramis, de son vrai nom Harold Allen Ramis, est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 21 novembre 1944 à Chicago, dans l'Illinois aux (États-Unis), et mort dans cette même ville le 24 février 2014.
1980: Le Golf en folie. 1983: Bonjour les vacances. 1986: Club Paradis. 1993: Un jour sans fin.
1995: Stuart sauve sa famille. 1996: Mes doubles, ma femme et moi. 1999: Mafia Blues. 2000 : Endiablé. 2002: Mafia Blues 2. 2005 : Faux Amis. 2009 : L'An 1: Des débuts difficiles.


Comédie fantastique d'une fantaisie et d'une tendresse insatiables, Un jour sans fin exploite le thème du voyage temporel avec une rare originalité. Harold Ramis ne recourant jamais à l'esbroufe spectaculaire pour divertir le spectateur car s'appuyant sur une dimension philosophique oecuménique. Le genre ludique se transcendant ici en habile réflexion sur l'ennui de la routine, le sens du temps en perpétuel mouvement et les répercussions bénéfiques ou malheureuses de nos actes quotidiens les plus anodins. Illustrant avec cocasserie le quotidien inlassable d'un présentateur météo condamné à revivre la même journée hivernale, le réalisateur surenchérit d'inventivité pour lui imposer une multitude de situations éculées afin de l'initier à l'humanisation.


A savoir, surpasser l'inertie d'une boucle temporelle par un désir de formation et d'observation à décrypter les traits de caractère de nos proches pour s'adapter à la sociabilité. Précepte d'amour et de tolérance pour l'autre, le parcours de prime abord morose de Phil Connors se cristallise en leçon de vie parmi la complicité amicale de sa productrice Rita (Andie MacDowell sémillante de candeur dans une fringance naturelle !). Egocentrique, bourru et ingrat, Phil va peu à peu occulter ses sautes d'humeur du quotidien éculé, rivaliser de trouvailles et constance à s'alimenter de nouvelles occupations pour déjouer l'ennui. Pour incarner ce rôle exubérant en demi-teinte, Bill Murray crève l'écran dans celui du célibataire aguerri en éveil existentiel. Sa posture de clown triste l'amenant peu à peu à adopter une posture humble au contact de son entourage et de seconds-rôles méconnus. Outre ses thèmes passionnants impartis à l'harmonie de la vie, à la fraternité et à l'amitié, Un jour sans fin aborde la thématique de l'amour avec une émotion fragile. Flirtant même parfois avec la féerie, Harold Ramis implique le spectateur dans une relation romanesque fondée sur l'intégrité des sentiments après que Phil eut saisi les failles de sa personnalité dédaigneuse.


Chef-d'oeuvre d'humour et d'émotion parfois poignante, Un jour sans Fin transfigure le genre pour nous prodiguer l'apparat du lendemain par l'apprentissage culturel et les ressorts existentiels de tolérance, d'altruisme, de fraternité et d'amour. Hymne à la vie, un moment de cinéma en apesanteur où la tendresse des actes humains nous laisse également songeur sur l'harmonie conjugale.  

mercredi 13 avril 2016

HOT SPOT

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site blackfever.org

de Dennis Hopper. 1990. U.S.A. 2h10. Avec Don Johnson, Virginia Madsen, Jerry Hardin, Jennifer Connelly, Charles Martin Smith, Barry Corbin, William Sadler.

Sortie salles France: 16 Janvier 1991. U.S: 12 Octobre 1990

FILMOGRAPHIE: Dennis Hopper, né le 17 mai 1936 à Dodge City, Kansas et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles, est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers.


Thriller vénéneux d'un érotisme torride, Hot Spot constitue la sixième réalisation de l'acteur Dennis Hopper, sans doute la plus maîtrisée de sa carrière. Tant par sa direction hors pair d'acteurs au charisme saillant que d'une structure narrative remarquablement ciselée dans son alliage de suspense et rebondissements impromptus. Au moment de cambrioler la banque de sa contrée Texane, un vendeur en automobile tombe sous le charme de deux vamps au caractère distinct. L'une s'avérant une jeune fille introvertie soumise à l'arrogance d'un maître chanteur, l'autre une épouse nantie plutôt nymphomane dans son art de séduire les beaux mâles influençables. 


Vouant une affection immodérée pour son trio maudit, Dennis Hopper redouble d'ironie et de cynisme à dépeindre le portrait peu recommandable de personnages véreux partagés entre leur appétence sexuelle et le goût du lucre. Tributaire d'une situation modeste de salarié et de son instinct vénal, Harry Madox choisit la facilité de l'escroquerie afin d'optimiser sa situation financière. Courtisé par la beauté fringante de deux tentatrices, il finit par céder à leurs avances avant de se laisser voguer vers une dérive criminelle. Opposé au conformisme, Dennis Hopper se prend un malin plaisir à vitrioler un climat érotique ardent autour d'un trio sulfureux bâti sur le mensonge, la trahison et la manipulation. Chaque personnage occultant leurs secrets et désir intrinsèque avant de se laisser berner par un jeu délétère de séduction. D'une sensualité fragile, Jennifer Connelly se fond dans le corps d'une secrétaire timorée avec une ambivalence bisexuelle, quand bien même Virginia Madsen lui partage la vedette dans une fonction égocentrique de garce mi-perfide, mi-sournoise. Au coeur de ce duo à couteau tiré, Don Johnson tente de peser le pour et le contre de leurs aveux féminins afin de départager ses sentiments les plus influents. En exploiteur égotiste rattrapé d'une bravoure héroïque et d'une empathie pour la situation soumise de Dolly, l'acteur crève l'écran pour se tailler une prestance en demi-teinte d'escroc charmeur irrigué par l'avilissement.


Au rythme entêtant de plages de blues (on y croise John Lee Hooker, Miles Davis, Taj Mahal et Roy Rogers) et sous l'impulsion libidineuse du trio galvaudé, Dennis Hopper insuffle un climat solaire concupiscent pour y extraire une machination amorale. Un grand thriller vertigineux au pouvoir de séduction aussi ensorcelant que licencieux. 

mardi 12 avril 2016

JEU D'ENFANT

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Child's Play" de Tom Holland. 1988. U.S.A. 1h27. Avec Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Brad Dourif, Dinah Manoff, Tommy Swerdlow, Jack Colvin

Sortie salles France: 5 Avril 1989. U.S: 9 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE: Tom Holland est un réalisateur et scénariste américain né le 11 Juillet 1943.
1985: Vampire, vous avez dit vampire. 1987: Beauté Fatale. 1988: Jeu d'Enfant. 1989: l'Enfant génial (The Wizard). 1993: Meurtre par intérim. 1996: La Peau sur les Os.


Habile artisan de la série B révélé par Vampire, vous avez dit vampire, Tom Holland continue de séduire les fantasticophiles 3 ans plus tard avec Jeu d'Enfant, sélectionné à Avoriaz. Premier volet d'une franchise à succès dont le concept sardonique sera usé jusqu'à la corde (en témoigne son dernier opus téléfilmesque), l'intrigue aborde le thème du vaudou parmi l'icone d'une poupée industrielle. Sans doute influencé par Au coeur de la Nuit, Magic, Devil Dolls ou encore le méconnu la Poupée de la Terreur de Dan Curtis, Tom Holland donne chair à son antagoniste infantile par le biais d'effets spéciaux novateurs pour l'époque. Si les autres opus de la saga parviendront toutefois à transcender la mobilité de son corps et de ses expressions faciales avec l'appui de la numérisation, Jeu d'Enfant parvient déjà à crédibiliser ses exactions, notamment par le biais d'une verve sardonique assez ravageuse.


Pris au piège par la police, un tueur en série adepte du vaudou parvient à se planquer dans un magasin de jouets pour y infiltrer in extremis son âme dans le corps d'une poupée. Epris de vengeance, il se résout ensuite d'assassiner ces rivaux avant de tenter de se réincarner dans la peau d'un enfant. La mère de ce dernier et un flic vont tenter de déjouer ses stratagèmes criminels. Captivant, Jeu d'Enfant tire parti de son efficacité grâce à son équilibre narratif fertile en actions, rebondissements et suspense diffus. Sans jouer la facilité de la surenchère, Tom Holland n'abuse jamais de la vacuité de séquences horrifiques car plus soucieux à accorder de la carrure aux portraits contrariées d'un enfant, d'un flic et d'une mère résignés à se tolérer une improbable vérité ! A savoir, dénoncer la culpabilité d'une poupée douée de chair et de sang ! Sous l'impulsion conflictuelle de ces derniers, l'intrigue gagne donc en crédibilité par leur motivation forcenée, quand bien même le cinéaste parvient parfois à distiller un suspense franchement anxiogène quant à la prochaine agression sournoise de Chucky. Son premier homicide perpétré contre une babysitter s'avérant d'ailleurs la séquence la plus réussie en terme d'angoisse palpable en chute libre. Par le principe d'une investigation insolite et grâce à la sobriété de ces comédiens (Catherine Hicks en tête car remarquable de spontanéité en mère névrosée !), Jeu d'Enfant renoue avec dynamisme avec le psycho-killer sans prétention de révolutionner le genre.


Nerveux, original, efficace et mis en scène avec autorité comme le souligne parfois la rigueur de son angoisse oppressante, Jeu d'Enfant privilégie l'horreur à l'ancienne dans un refus de dérision (ou de raillerie) pour susciter la peur (facteur que la plupart des autres cinéastes réfutera dans les autres volets puisque prônant le ressort potache). Un très sympathique slasher domestique renouvelant avec assez d'originalité le thème du vaudou sous le symbole mercantile de Chucky

vendredi 8 avril 2016

LE MANOIR MAUDIT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Metempsyco"de Antonio Boccaci. 1963. Italie. 1h28. Avec Annie Alberti, Marco Mariani, Adriano Micantoni, Flora Carosello

Sortie salles France: 12 Novembre 1963

FILMOGRAPHIE: Antonio Boccaci est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1963: Le Manoir Maudit.


Ne tournons pas autour du pot, l'unique réalisation d'Antonio Boccaci est un nanar transalpin d'un intérêt limité. Le Manoir Maudit se contentant avec le minimum syndical de distiller inquiétude latente et expectative autour d'une machination parasitée d'incohérences. Tout du moins, faute d'une narration prémâchée (montage déstructuré à l'appui) et du comportement équivoque et elliptique de protagonistes ne cessant de déambuler dans les recoins du château avec une appréhension risible. Pour tenter d'impressionner le spectateur et le rassurer du spectacle horrifique, Antonio Boccaci compte sur les apparitions spectrales d'une comtesse et les exactions sordides d'un monstre de foire confiné dans une crypte. Sous l'impulsion barbare de ce dernier, on peut d'ailleurs relever l'audace graphique d'une séquence d'agression particulièrement brutale.


Le docteur Darnell et sa fille Anna viennent s'installer dans le manoir d'un aristocrate hindou autrefois épris d'amour pour sa comtesse Irène. Cette dernière ayant subitement disparue depuis 20 ans, il se réconforte auprès de la nouvelle présence d'Anna ressemblant à s'y méprendre à son ancienne maîtresse. La nuit, hantée par ses cauchemars et son somnambulisme, Anna tente de découvrir l'horrible vérité sur Irène avec le soutien de son fantôme. Mais au sous-sol du manoir, un valet au visage difforme veille dans une salle de tortures avant de kidnapper ses hôtes. Ce pitch fourre tout, Antonio Boccaci l'exploite avec beaucoup de maladresses, tant par sa mise en scène dégingandée que la prestance involontairement grotesque des comédiens cabotins s'efforçant d'exprimer leur angoisse ou terreur face aux diverses menaces (le fantôme et le monstre), quand bien même la police veille parfois à proximité pour débusquer un éventuel coupable. Dépourvu de tout ressort à suspense, l'intrigue peine à préserver l'attention tant nos personnages ne cessent d'aller et venir dans les chambres et couloirs avec une apathie rébarbative. Et pour éviter de se morfondre vers la somnolence, on se raccroche comme on peut sur la beauté de sa photo monochrome et le gothisme de quelques décors poussiéreux pour se rassurer d'une intrigue improbable étirée en longueurs. Qui plus est, sa partition dissonante irrite parfois les tympans dans ses tonalités inopinément joviales alors qu'il aurait mieux valu préconiser une sombre mélodie entêtante comme savent si bien les parfaire nos maestros italiens.


Uniquement destiné aux inconditionnels de raretés au rabais, le Manoir Maudit constitue une curiosité obsolète à découvrir d'un oeil distrait si vous êtes aptes à redoubler d'indulgence. 
Nota: VO absente de l'édition Artus Films.

jeudi 7 avril 2016

INFECTES

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

"Carriers" d'Àlex et David Pastor. 2009. U.S.A. 1h24. Avec Lou Taylor Pucci, Chris Pine, Piper Perabo, Emily VanCamp, Christopher Meloni, Kiernan Shipka.

Sortie salles France: 26 Mai 2010. U.S: 4 Septembre 2009.

FILMOGRAPHIE: Àlex Pastor, né le 13 mars 1981 à Barcelone, Catalogne, est un scénariste, réalisateur et producteur espagnol. David Pastor, né le 25 juillet 1978 à Barcelone, Catalogne, est un scénariste et réalisateur espagnol. Il est le frère d'Alex Pastor.
2009: Infectés (Carriers). 2013 : Les Derniers Jours (Los últimos días).


Premier long des frères Pastor, Infectés aborde le thème de la dystopie sous l'alibi d'un virus mortel extrêmement contagieux. Amorçant sa mise en scène à l'instar d'un Teen movie conventionnel, l'intrigue dévie rapidement de sa trajectoire lorsque que 2 jeunes couples en véhicule se refusent à prêter main forte à un automobiliste depuis l'infection de sa petite fille. Sillonnant les contrées désertiques du sud-ouest des Etats-Unis, ces derniers tentent de rejoindre une plage afin de s'isoler de présence humaine et se prémunir de la pandémie. Durant leur cheminement, ils vont côtoyer d'autres rescapés tous aussi désespérés et égoïstes à l'idée de survivre dans leur no man's land. 


Saturé d'une photographie ocre contrastant avec un climat solaire écrasant, Infectés distille une atmosphère putride toujours plus tangible au fil des pérégrinations urbaines de nos survivants en instance de survie. De par la découverte de macchabées décharnés ou de malades moribonds, et l'attitude davantage sournoise de nos comparses terrifiés à l'idée de rejoindre la liste des infectés. Le moindre contact tactile avec le sang du malade ou de leur respiration leur assurant la transmission d'une maladie incurable. Road Movie vitriolé dans son parti pris de démasquer l'esprit de lâcheté et d'individualisme de l'homme prêt à braver sa moralité au prix de sa survie, Infectés instaure un sentiment de désespoir en crescendo. Sous l'impulsion d'une dynamique de groupe, la fraternité familiale, l'esprit de camaraderie et les sentiments amoureux volent en éclat depuis qu'un virus mortel aura décidé de les éradiquer. Outre son pessimisme radical émanant de l'environnement de décrépitude, cette aura de déréliction se renforce de la caractérisation sournoise des protagonistes évoluant dans une déchéance immorale, faute d'un concours de circonstances miséreuses. Les réalisateurs ne nous épargnant rien de leurs agissements couards et exactions perfides à daigner sauver leur peau au mépris de la solidarité.   


Sous ses allures de série B mainstream survolant au premier abord le stéréotype de jeunes survivants faussement affables, Infectés s'extirpe de la conformité grâce à leur caractérisation fielleuse mise à nu au sein d'un cadre suffocant de dystopie. Dur et sans concession, l'intrigue improvisée insufflant une émotion aigre quant à la destinée précaire de ces anti-héros partagés entre une parcelle de remord et la rage de subsister. De ce maelström de corruption émane un constat aussi pessimiste que terrifiant sur la nature humaine. Et vous, que feriez-vous en pareille occasion ?

07.04.16. 3èx
16.03.11

mercredi 6 avril 2016

THE TROLL HUNTER

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'André Øvredal. 2010. Norvège. 1h43. Avec Otto Jespersen, Glenn Erland Tosterud, Johanna Mørck, Tomas Alf Larsen, Hans Morten Hansen.

Sortie salles France: 27 Juillet 2011. Norvège: 29 Octobre 2010

FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter.


Récoltant plus de 4 160 000 $ de recettes à travers le monde (pour un budget de 3.5 millions), The Troll Hunter fut principalement un succès commercial dans son pays natal alors que le public français le découvrit pour la première fois durant la sélection du Festival de Gérardmer en 2011. S'il repartit bredouille dans l'hexagone, la Norvège lui décerna lors des prix Amanda, le Prix du Public et des Meilleurs effets visuels, quand bien même le Festival de Neuchâtel lui attribua le Prix H.R. Giger Narcisse du Meilleur film, le Méliès d'argent du meilleur film fantastique européen ainsi que le Prix du Public. Adoptant le principe du documenteur, plus familièrement nommé aujourd'hui Found Footage, The Troll Hunter tente avec le plus grand sérieux de nous convaincre de l'existence de Trolls à travers l'Europe du Nord, et plus précisément à l'ouest de la péninsule scandinave. Préparant un reportage sur la chasse à l'ours, trois étudiants norvégiens s'épanchent sur la réputation notoire du braconnier Hans. Durant une chasse nocturne, ses derniers le suivent pour devenir témoin d'une incroyable révélation ! Un gigantesque troll affublé de trois têtes les pourchassent sans relâchent à travers bois, quand bien même Hans s'efforce de l'éradiquer à l'aide d'un projecteur incandescent. Un principe routinier afin de putréfier le monstre. C'est le début d'une longue investigation que vont vaillamment pratiquer nos héros à travers les montagnes et forêts enneigées. 


Avec son parti-pris d'authentifier une légende de notre enfance sous le principe d'une caméra amateur, André Øvredal redouble d'ambition et d'inventivité à mettre en image une trépidante chasse aux Trolls. Regorgeant de situations aussi farfelues que débridées lorsque nos journalistes en herbe assistent impuissants à l'investigation ardue du braconnier, The Troll Hunter renouvelle l'action en exploitant les cadres naturels de sa contrée sauvage (les repères tentaculaires des montagnes et forêts) et en multipliant les confrontations animales parmi la diversité de trolls protéiformes. Hyper documenté comme le soulignent les interviews de divers scientifiques participant sobrement au jeu de questions/réponses, l'intrigue s'évertue à crédibiliser son contexte improbable avec souci du détail scientifique (pour quelle raison épidermique tel troll sera putréfié alors qu'un autre éclatera sous les éclats de lumière ?). Notamment du point de vue autoritaire de Hans, chasseur aguerri connaissant les combines pour se prémunir d'une attaque en masquant l'odeur de sa transpiration par des excréments de Troll. Quand bien même il n'omet pas d'enseigner à ses cameramans que le "catholique" reste la proie humaine la plus identifiable chez l'intuition du monstre (le christianisme ayant diabolisé la croyance du Troll jusqu'au 19è siècle, ceci explique cela !). Provoquant les éclats de rire nerveux comme en témoigne la séquence où ce dernier affublé d'une armure guerrière tente d'approcher un spécimen pour lui pratiquer une prise de sang (seringue géante à l'appui !), The Troll Hunter relance l'action parmi ses missions suicidaires. Peu avare à mettre en exergue les apparitions dantesques des créatures hybrides, André Øvredal s'appuie également sur la performance d'effets spéciaux numériques sidérant de réalisme. A l'instar de son final épique culminant avec l'apparition disproportionnée du Jotnar atteint par la rage !


Aventure aussi hilarante que jubilatoire dans son lot d'actions exubérantes et de situations folingues que nos héros déjouent vaillamment caméra à l'épaule, The Troll Hunter tire parti de son efficacité par son dosage de cocasseries extériorisées par la sobriété de comédiens subtilement ironiques. Farce impayable instituée en mode documenteur, cet immense défouloir s'avère beaucoup plus réjouissant, inventif et percutant que n'importe quel opus de Jurassic Park !  

mardi 5 avril 2016

PERE NOEL ORIGINES

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

"Rare Exports: A Christmas Tale" de Jalmari Helander. 2010. Finlande-France-Norvège-Suède. 1h22. Avec Per Christian Ellefsen, Peeter Jakobi, Tommi Korpela, Jorma Tommila, Onni Tommila.

Sortie salles France: 14 Décembre 2011. Norvège: 3 Décembre 2010.

FILMOGRAPHIEJalmari Helander est un réalisateur et un scénariste finlandais né le 21 juillet 1976. 2010: Père Noël Origines. 2014: Big Game (également coscénariste).


Comédie fantastique finlando-franco-norvégio-suédoise, Pere Noel Origines fit sensation dans les festivals où il fut projeté, à l'instar du public de Gérardmer qui lui accorda un accueil des plus enthousiastes malgré son absence de récompense. Inspiré à l'origine par deux courts-métrages que Jalmari Helander réalisa en 2003 et 2005, Pere Noel Origines tire parti de son efficacité et de sa truculence grâce à l'originalité d'un scénario hétérodoxe. Digne d'une production Amblin des années 80, l'intrigue met en valeur un héros en culotte courte de manière aléatoire si bien que le jeune acteur endossé par Onni Tommila parvient remarquablement à s'initier au redresseur de tort avec un humanisme aussi attendri que stoïque, eu égard des rapports conflictuels compromis avec son père. Alors que des chercheurs américains auraient découvert l'origine du véritable père-noël fossilisé depuis des siècles au coeur de la montagne Korvatunturi, une troupe de villageois s'inquiètent du massacre de rennes perpétrés près de la station archéologique. Le jeune Pietari et son père découvrent ensuite un mystérieux individu grièvement blessé dans un piège à loup. A moitié nu et mutique, ce dernier épouse un comportement aussi placide qu'inopinément violent.


Jouant sur l'attente d'un suspense anxiogène quant au comportement équivoque de cet étrange vieillard, Pere Noël Origines distille de prime abord un mystère sous-jacent si bien que l'ambiance insidieusement horrifique laisse suggérer un danger létal. Cette première partie subtilement fallacieuse amorce ensuite un virage fortuit pour laisser place à une série d'incidents et de revirements toujours plus réjouissants, de par son lot d'idées débridées mettant en valeur le père-Noel de manière aussi couillue que salace ! On peut d'ailleurs prêter une certaine allusion à la pédophilie lorsque l'inconnu sclérosé adopte une attention ambiguë face à la présence juvénile de Pietari, Spoil ! et lorsque ces complices entièrement nus s'efforcent de courser dans la neige une cargaison de marmots suspendus à un hélico afin de les châtier de leur turbulence parentale Fin du Spoil. A travers l'existence chimérique du fameux Santa claus, Pere-Noël Origines offre donc un savoureux pied de nez à la légende avec une dérision gentiment sarcastique. Outre l'aspect trépidant d'un cheminement narratif imprévisible, le charisme saillant des père-noël fouettards et la caractérisation fraternelle des villageois sont rehaussés de la posture brusquement martiale du jeune Pietari s'improvisant en meneur avec une conviction inébranlable !


Animé d'un humour espiègle subtilement inventif au sein d'une narration exubérante, Pere Noël Origines repose autant sur la cohésion attachante des protagonistes jouant les redresseurs de tort avec une volonté capitaliste plaisamment gouailleuse. Ovni féerique où le conte de noël est diablement détourné au profit d'un climat vénéneux, Pere-Noël Origines fait preuve d'une insolence rafraîchissante pour élever le divertissement fantastique au stade adulte. 

Récompense: Prix de la meilleure réalisation, 9e Festival du film d’horreur de Wales, mars 2010.

lundi 4 avril 2016

LE FILS DE SAUL. Grand Prix Cannes 2015. Oscar du Meilleur film Etranger, 2015.

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Saul fia" de László Nemes. 2015. Hongrie. 1h47. Avec Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn, Todd Charmont, Sándor Zsótér, Uwe Lauer, Björn Freiberg

Sortie salles France: 4 novembre 2015. Hongrie: 11 juin 2015

FILMOGRAPHIELászló Nemes, né à Budapest (Hongrie) le 18 février 1977, est un réalisateur et scénariste hongrois. 2015: Le Fils de Saul.


Malgré ses longueurs récurrentes et un climat austère pesant, un très beau film sur la dignité du deuil infantile durant l'holocauste nazi.

Récompenses: Festival de Cannes 2015 : Grand prix
Prix FIPRESCI
Prix François Chalais
Prix Vulcain de l'artiste technicien de la CST pour l'ingénieur du son Tamás Zányi
Boston Online Film Critics Association Awards 2015 : Meilleur film en langue étrangère
New York Film Critics Circle Awards 2015 : Meilleur premier film
National Board of Review Awards 2015 : Meilleur film en langue étrangère
Golden Globes 2016 : Meilleur film en langue étrangère
Oscars 2016 : Meilleur film en langue étrangère

vendredi 1 avril 2016

LA FORET D'EMERAUDE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Emerald Forest" de John Boorman. 1985. U.S.A. 1h54. Avec Powers Boothe, Charley Boorman, Ruy Polanah, Meg Foster, Dira Paes, Eduardo Conde, William Rodriguez

Sortie salles France: 26 juin 1985. U.S: 3 juillet 1985.

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni).
1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


"La forêt amazonienne disparaît au rythme de 2500 hectares par jour. 4 millions d'indiens y vivaient. Il n'en reste que 120 000. Quelques tribus n'ont eu aucun contact extérieur. Il savent encore ce que nous avons oublié." Paragraphe du générique de fin.

Gros succès commercial en France ayant réuni plus de 2,6 millions de spectateurs à sa sortie en 1985, La Forêt d'Emeraude pâti aujourd'hui d'une certaine indifférence chez nous programmateurs audiovisuels en dépit de sa notable réputation. Oeuvre écolo dénonçant la déforestation auprès de magnats sans vergogne, aventure humaine aussi exaltante que furieusement sauvage, la Forêt d'Emeraude s'inspire d'une histoire vraie lorsqu'un père de famille, ingénieur de chantier pour la fondation d'un barrage, s'efforça durant plus de 10 ans à retrouver son fils enlevé par une ethnie indienne. Choc des cultures entre la civilisation moderne et celle archaïque d'une tribu indigène, John Boorman nous dépeint scrupuleusement les us et coutumes des "Invisibles" avant que l'homme moderne ne vienne piétiner leur terre pour les chasser dans un motif pécuniaire. Par ces rapports de force déloyaux émane un saisissant contraste entre les chantiers en construction et le bout de terrain forestier que les "Invisibles" désespèrent à préserver malgré leur foi en une mère nature philanthrope.


Observant de prime abord avec souci documentaire leur condition de vie harmonieuse parmi le témoignage du père recueilli au sein leur foyer depuis une rixe contre les Féroces (un peuple amazonien autrement hostile), Boorman déclare sa flamme à la faune, la flore et à l'indien qui y réside dans un florilège d'images dantesques sublimant sa nature paradisiaque. Faisant preuve d'une réflexion mystique quant aux pouvoirs occultes d'une ethnie pacifique, La Forêt d'Emeraude prend la tournure d'un conte existentiel sous l'autorité de dame nature prête à perpétrer sa revanche contre la cupidité de notre civilisation moderne. Par le biais d'une poignante histoire d'amour entre un père et son fils, la narration finit par amorcer une tournure plus dramatique et violente lorsque le paternel, conscient de sa culpabilité vénale, finit par prendre conscience que son rejeton ne pourra jamais s'adapter à sa société de consommation fondée sur le goût du lucre, la perversion du profit et l'exploitation humaine (celle des ouvriers mais aussi la traite des blanches que les "féroces" négocieront au profit d'armes vendus par la pègre).


Périple initiatique d'un duo parental plongé dans une société primitive antimatérialiste où la nature se porte garante à préserver leur civilisation bâtie sur la tolérance, le respect d'autrui et l'amour patriarcal, La Forêt d'Emeraude nous laisse un goût d'amertume lorsque John Boorman nous dévisage de notre corruption vénale et de notre irrespect pour l'environnement. Magnifique.

jeudi 31 mars 2016

La Maison de la Terreur / La Casa con la scala nel buio / Blade in the Dark

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com  

de Lamberto Bava. 1983. Italie. 1h48 (version intégrale) - 1h36 (France). Avec Andrea Occhipinti, Anny Papa, Fabiola Toledo, Michele Soavi, Valeria Cavalli, Stanko Molnar.

Sortie salles France: 23 décembre 1987. Italie: 11 mai 1983

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et scénariste italien, né le 3 avril 1944 à Rome.
1980: Baiser Macabre. 1983: La Maison de la Terreur. 1984: Apocalypse dans l'océan rouge. 1984: Blastfighter. 1985: Demons. 1985: Midnight Horror. 1986: Demons 2. 1991: Body Puzzle. 2006: Ghost Son.


Largement inspiré par Ténèbres d'Argento et un peu moins de Blow Up (pour la résolution de l'assassin à travers une pellicule), Lamberto Bava nous offre avec la Maison de la Terreur un sympathique ersatz du Giallo à défaut de nous passionner vers une ultime demi-heure un tantinet poussive par moments. Hormis ce léger handicap, le cinéaste parvient à instaurer un suspense soutenu au sein de son thriller typiquement transalpin, ponctué comme le veut la tradition de meurtres sanglants assez réussis pour nous impressionner en mode viscéral. Le PitchMusicien pour le cinéma, Bruno loue une résidence afin de parfaire sa dernière composition en toute tranquillité. Alors qu'une jeune voisine vient lui rendre visite pour l'accoster, cette dernière est assassinée par un mystérieux rôdeur. Inquiet par sa disparition, Bruno ne tarde pas à suspecter qu'un meurtre vient d'être commis dans sa villa. Par le biais du huis-clos domestique auquel l'ombre du tueur plane à chaque recoin, Lamberto Bava nous confectionne donc un psycho-killer anxiogène futilement atmosphérique. 


Par l'entremise d'un leitmotiv musical (parfois rébarbatif avouons-le) et d'une scénographie domestique aimablement stylisée, le cinéaste s'efforce de singer le cinéma d'Argento si bien que certains plans dans les poursuites et exactions (la position des victimes, l'aménagement du jardin de la villa) semblent avoir été calqués sur Ténèbres (notamment la tenue vestimentaire des voluptueuses actrices lascives). Sans compter ses éclairages oniriques chargés de teintes limpides et bleu-ciel afin d'agrémenter son design domestique. Pourtant, ce sentiment largement référentiel est pallié par la sincérité de Lamberto Bava soucieux d'y façonner un psycho-killer étrangement inquiétant au sein d'un dédale mortuaire. Le cinéaste transfigurant avec application permanente chaque recoin de la demeure à l'instar d'un théâtre macabre batifolant avec la mort. Qui plus est, il parvient avec assez de créativité à styliser deux meurtres dans la manière d'assassiner suivi de l'art de l'agonie morbide. Sans déflorer la résolution de l'intrigue également inspirée d'un grand classique du genre, Bava finalise sa conclusion avec une certaine habileté afin de justifier la pathologie traumatique du tueur en corrélation avec le cinéma de genre.


Hormis un jeu d'acteurs perfectible quelque peu attachant dans leur modeste sincérité et les références saillantes empruntées à Ténèbres (esthétisme limpide à l'appui au sein d'une villa harmonieuse), La Maison de la Terreur dilue un mystère latent gentiment magnétique autour de fulgurances criminelles à la fascination morbide. S'efforçant de rendre une copie de travail formellement ciselée, Lamberto Bava s'extirpe miraculeusement de la médiocrité grâce à son aimable ambition d'émuler son maître, et ce en dépit de quelques baisses de rythme (et d'intérêt) lors de sa dernière partie rehaussée d'un final crédible. 

Dédicace à Céline Trinci.

*Bruno
23/03/23. 3èx.