lundi 18 juillet 2016

THE STRANGERS

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Na Hong-jin. 2016. Corée du Sud. 2h36. Avec Kwak Do-won, Hwang Jeong-min, Cheon Woo-hee, Kim Hwan-hee, Jun Kunimura.

Sortie salles France: 6 Juillet 2016. Corée du Sud: 12 Mai 2016

FILMOGRAPHIE: Na Hong-jin est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né en 1974.2008 : The Chaser. 2010 : The Murderer. 2016: The Strangers


Révélé par le chef-d'oeuvre The Chaser et le non moins excellent The MurdererNa Hong-jin nous revient avec The Strangers, un projet autrement singulier si bien que ce thriller prioritairement horrifique baigne dans un surnaturel chargé de mysticisme. Dans un petit village coréen, l'inspecteur Jong-goo est chargé d'élucider une vague de crimes inexpliqués. Au moment de suspecter un japonais vivant reclus dans les montagnes, sa fille est en proie à des crises d'hystérie incontrôlées. Il décide d'invoquer l'aide d'un shaman. 


D'une durée excessive de 2h36, The Strangers aborde le thème de la possession sataniste avec la dextérité d'une mise en scène prenant son temps à développer son sujet et la trajectoire indécise des personnages. Alternant enquête policière et magie noire face au témoignage d'un flic et d'un éminent chaman, Na Hong-jin tend à nous alerter sur la nature insidieuse du Mal et l'incapacité pour l'homme d'en démasquer son identité. Ne cessant de brouiller les pistes quant aux suspects délétères experts en art du subterfuge, The Stranger insuffle un climat d'inquiétude aussi inconfortable que malsain. Tant au niveau de la scénographie des victimes sauvagement mutilées, des séances d'exorcisme pratiquées dans une tradition séculaire que des exactions meurtrières d'un zombie dégingandé ou de la posture placide d'un japonais mutique. La nature environnante, pluvieuse et feutrée, renforçant également son cadre anxiogène. Face à cette dérive criminelle en chute libre, un flic tente d'en débusquer le coupable et d'y déceler le vrai du faux lorsque le surnaturel est objet de craintes et de doutes. Sa propre fille en subira d'ailleurs un préjudice inéquitable jusqu'à la conclusion aussi équivoque que glaçante. Sans volonté d'expliquer les tenants et aboutissants des personnages les plus énigmatiques (la femme en blanc, le japonais, le shaman), Na Hong-jin nous embourbe dans une vénéneuse et éprouvante descente aux enfers depuis l'impuissance du héros à déjouer les forces du Mal.


"Le mal caché est le plus grave"
Inquiétant et déroutant et parvenant avec brio à renouveler les codes du film de possession parmi la charpente d'un scénario volontairement tortueux et abscons, The Strangers pourrait même décupler sa vigueur émotionnelle et dramatique après un second visionnage. Fort d'une intensité en crescendo et d'une caractérisation fébrile des personnages (se laissant beaucoup trop influencés par leurs émotions !), cette épreuve humaine extériorise un sentiment d'impuissance poignant face à la déloyauté du Mal. 

B.M


lundi 11 juillet 2016

Les Seigneurs de la Route / La Course à la mort de l'An 2000 / Death Race 2000. Licorne d'Or au Rex de Paris, 1975.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Paul Bartel. 1975. U.S.A.1h19. Avec David Carradine, Sylvester Stallone, Simone Griffeth, Mary Woronov, Roberta Collins, Martin Kove.

Sortie salles France: 16 Juin 1976. U.S: 27 Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema. 1969: Naughty Nurse. 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.


B movie culte produit par Roger Corman, Les Seigneurs de la Route gagna également sa notoriété grâce à son exploitation en VHS à l'orée des années 80. Prenant pour thème les dérives (avant-gardistes) de la télé-réalité à travers un jeu sportif extrêmement violent, l'intrigue suit l'itinéraire routier de pilotes de course avides de remporter la victoire en assassinant sur leur chemin le plus de piétons possibles. Une femme équivalent à 20 points, un adolescent: 40 points, les enfants de 12 ans et -: 70 points et enfin les personne âgés de plus de 75 ans: 100 points. Frankenstein (David Carradine) et Mitraillette Kelly (Sylvester Stallone) se disputant fébrilement le match avec un cabotinage décomplexé ! Ainsi, ce concept aussi délirant qu'improbable, Paul Bartel l'illustre avec un humour sardonique souvent jouissif à travers ses gags à répétitions et sa violence gore qui en émane. Tous les personnages vils et mesquins surjouant sans retenue pour mieux dénoncer l'absurdité d'une société despotique dénuée de culture et d'humanité, alors que les médias se prêtent cyniquement à cette mascarade dans l'immoralité la plus totale (suffit de voir le rictus du présentateur se réjouissant de la mort de chaque piéton sacrifié !).


Avec ces voitures futuristes customisées tout droits sorties de la série animée Les Fous du volants et la défroque risible de super-héros à la p'tite semaine, les Seigneurs de la Route cultive un esprit BD bisseux dans une facture ultra kitch. A l'instar des décors de fond grossièrement façonnés en matte painting derrière les tribunes des spectateurs ! Or, si le récit répétitif se résume à une inlassable course entre pilotes décervelés (on a d'ailleurs l'impression qu'ils ont subi une lobotomie pour accepter pareille déontologie !), Paul Bartel parvient à soutenir le rythme de par son lot fertile de poursuites et règlements de compte, notamment avec l'appui militant de l'armée de la résistance (française ! ?) semant des pièges autour de cette course transcontinentale. Quant au personnage imbu de Frankenstein, David Carradine se prête satiriquement au jeu avec une certaine ambivalence de par son attitude aussi couarde qu'héroïque, alors que Stalonne lui dispute jalousement la vedette dans sa fonction risible de "gangster" machiste opportuniste.


Divertissement fauché aussi débridé que décalé pour sa représentation cartoonesque d'une dictature présidentielle régissant les nouveaux jeux du cirque (le merchandising du jeu-video s'en inspirera d'ailleurs par la suite), les Seigneurs de la Route fait office de sympathique curiosité avec l'appui d'anthologiques lynchages routiers lors de sa 1ère partie furibarde. 

*Bruno
13.09.23. 6èx

Récompense: Licorne d'Or au Festival du cinéma fantastique de Paris, 1975.

vendredi 8 juillet 2016

TREMORS

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Ron Underwood. 1990. U.S.A. 1h36. Avec Kevin Bacon, Fred Ward, Finn Carter, Michael Gross,
Reba McEntire, Robert Jayne.

Sortie salles France: 23 Mai 1990. U.S: 19 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Ron Underwood est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 6 novembre à Glendale, Californie (États-Unis).
1986 : The Mouse and the Motorcycle (TV). 1988 : Runaway Ralph (TV). 1990 : Tremors. 1991 : La Vie, l'Amour, les Vaches. 1993 : Drôles de fantômes. 1994 : Chérie vote pour moi. 1998 : Mon ami Joe. 2002 : Pluto Nash. 2003 : Stealing Sinatra. 2003 : Monk Saison 2 Épisode 2 : Monk part à Mexico. 2004 : Back When We Were Grownups (TV). 2005 : In the Mix. 2006 : La Fille du Père Noël (TV). 2007 : Un fiancé pour Noël (TV). 2011 : Trois jours avant Noël.


Succès commercial timoré lors de sa sortie en salles (en France, il enregistre 211 585 entrées), Tremors s'est taillé au fil des ans grâce à son exploitation video une réputation de film culte pour son concept humoristique d'une menace reptilienne. Par leur taille disproportionnée et leur appétit vorace, on peut d'ailleurs y déceler une certaine comparaison parodique aux fameuses Dents de la Mer de Spielberg si bien qu'ici l'animal carnassier se déplace sous terre à une vitesse aussi furtive que le requin ! Dans un petit village du Nevada, deux cowboys de longue date vont s'allier avec une poignée de citadins, une sismologue et un duo d'expert en armes pour déjouer l'hostilité de vers géants tapis sous terre. Contraints de se réfugier au dessus des toits domestiques puis sur les roches du désert, ils vont user de trouvailles et constance pour s'extirper des mâchoires de la terre. Série B horrifique jumelant les codes du western, de la comédie et du film catastrophe, Tremors constitue un modèle d'efficacité dans son quota d'action ininterrompue menée à 100 à l'heure au coeur d'un cadre naturel judicieusement exploité (le réalisateur ne cessant de varier les lieux de refuge que nos héros jonglent pour mieux feindre l'ennemi).


A partir d'une trame simpliste prétexte à moult péripéties ultra spectaculaires (mais toujours au service narratif !), Ron Underwood déborde d'inventivité et de générosité à relancer l'action parmi l'intrusion de nouveaux personnages (le couple paramilitaire vaut son pesant de cacahuètes !) et les stratégies de défense et d'attaque que nos survivants négocient dans un ressort héroïque ! Epaulé d'effets spéciaux artisanaux entièrement conçus à l'ancienne, Tremors suscite la fascination en la présence tentaculaire de serpents de terre aussi véloces que chafouins ! De par leur réalisme convaincant et l'habileté du découpage, les séquences d'attaques effrénées se succèdent d'autant mieux à un rythme métronomique ! L'action omniprésente décuplant notamment son caractère trépidant sous l'impulsion expansive de protagonistes s'en donnant à coeur joie dans la plaisanterie et la cohésion héroïque. Que ce soit nos illustres têtes d'affiche que forment Kevin Bacon et Fred Ward, les seconds-rôles tous aussi avenants leur disputent fougueusement la vedette avec l'appui de Finn Carter, figure féminine d'un charme naturel tout en simplicité. Parmi cette dynamique de groupe, on discerne bien à travers l'écran la joie des comédiens se prêtant insatiablement au jeu du "cours après moi que je t'attrape !".


Spectacle familial (si j'ose dire !) de survival horrifique déployant une générosité sans égale dans son panel de bravoures extravagantes, Tremors est une merveille de série B de samedi soir. Déclaration immodérée pour l'amour des monstres et la bonhomie des comédiens dans une diversité harmonieuse des genres. A redécouvrir d'urgence car pas une seule ride du haut de ses 26 ans !

B.M. 3èx

jeudi 7 juillet 2016

DEMOLITION

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be

de Jean-Marc Vallée. 2015. U.S.A. 1h42. Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis, C. J. Wilson, Polly Draper.

Sortie salles France: 6 Avril 2016. U.S: 8 Avril 2016

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec. 1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2015: Demolition.


Drame psychologique d'une pudeur étonnante pour son traitement conféré à la difficulté d'assumer un deuil conjugal, Demolition bouscule les conventions avec une étonnante originalité. Jean-Marc Vallée façonnant une mise en scène épurée allant droit à l'essentiel pour entraîner le spectateur dans une dérive existentielle à la trajectoire indécise. Par son cheminement narratif impromptu bourré de situations erratiques, Demolition désarçonne le spectateur face à la quête identitaire d'un financier hanté par le remord et la soif de vérité. Celle de connaître ses véritables sentiments pour sa défunte épouse depuis que celle-ci succomba lors d'un accident de voiture. Dans sa dérive morale alternant fragilité, austérité et exubérance, Davis Mitchell multiplie les épreuves d'expiation afin de se soulager du poids de sa culpabilité et pour tenter de lever le voile sur sa nature amoureuse.


Parmi la sobriété d'une émotion poignante, Jean-Marc Vallée nous interroge sur la complexité de l'amour et l'essentialité de la cultiver au quotidien avec le témoignage d'une autre épouse (aussi lunatique que Davis) et de sa fille rebelle en crise sexuelle. Autour de ses trois quêtes identitaires (en comptant donc celle de Davis !), le réalisateur aborde la difficulté de s'accepter et d'assumer ses faiblesses, ses erreurs, tant au niveau de la responsabilité parentale, de l'infidélité et de la maturité. Par ces thèmes actuels émanant d'un malaise sociétal, Demolition injecte une dose d'ironie acide pour détourner les clichés, notamment afin d'y extraire un vent de liberté et une soif de vivre sous l'impulsion colérique de Davis et Chris. Déroutant, insolite et baroque, le récit tentaculaire imparti aux trois protagonistes ne pourra faire l'unanimité auprès du grand public quand bien même l'oeuvre aussi singulière que fragile est également transcendée par le jeu décomplexé de comédiens exprimant une humanité toute en discrétion. Au delà des prestances charismatiques du duo Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Demolition est largement favorisé par la présence de Judah Lewis (sa troisième apparition à l'écran !). Epoustouflant de naturel et d'autonomie dans sa condition rebelle, l'acteur juvénile parvient presque à voler la vedette à ses pairs tant il retranscrit avec subtilité une personnalité névrosée aussi attachante que dégourdie !  


Résurrection
Requiem de la solitude lorsque l'amour ne parvient pas à réconcilier les âmes perdus, récit initiatique auprès de son identité propre et de l'estime de soi sous le mobile d'une fidélité amicale (principalement la relation paternelle entre Davis et Chris), Demolition désarçonne pour mieux surprendre sous l'impulsion d'une violence libératrice allouée à la reconstruction. Superbe. 

Dédicace à Pascal Frezzato
B.M

mercredi 6 juillet 2016

VENDREDI 13 (2009). Killer cut.

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Friday the 13 th" de Marcus Nispel. 2009. U.S.A. 1h46 (Uncut Version). Avec Jared Padalecki, Danielle Panabaker, Amanda Righetti, Travis Van Winkle, Derek Mears, Aaron Yoo, Julianna Guill, Arlen Escarpeta, Willa Ford.

Sortie salles France: 11 Février 2009. U.S: 13 Février 2009

FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


Après avoir dépoussiéré Massacre à la Tronçonneuse avec son excellent remake entrepris en 2003, Marcus Nispel s'attaque à la saga Vendredi 13 pour une nouvelle relecture aussi avisée que palpitante. Reprenant le canevas traditionnel de jeunes vacanciers partis en week-end au camp Crystal Lake, Vendredi 13 apporte toutefois une touche d'originalité en la présence d'une disparue (entrevue dans le prélude) que son frère va s'efforcer de retrouver en côtoyant nos pèlerins. Ca démarre fort avec un prologue cinglant lorsqu'une poignée d'ados réunis autour d'un feu vont se faire étriper par Jason durant une chaude nuit estivale (couple en coït à l'appui !). Étonnamment, on se surprend de la qualité de la mise en scène s'efforçant de distiller un climat anxiogène toujours plus oppressant quant à la vigilance des vacanciers et avant que la terreur ne s'abatte sur leurs épaules sous la dictature erratique de Jason.


Confrontant en parallèle deux mises à mort aussi inventives que cruelles, Marcus Nispel décuple l'intensité des affrontements physiques avec l'appui d'une ultra-violence graphique. Outre les poursuites nocturnes effrénées impactées par une bande-son punchy, Vendredi 13 nouvelle mouture cultive la terreur en la présence iconique de Jason Voorhees plus agressif et véloce que jamais ! Charismatique en diable, ce dernier impose une stature saillante et belliqueuse beaucoup plus réaliste que n'importe quel opus initié par Sean S. Cunningham. Si la suite des vicissitudes de nos ados emprunte le schéma usuel de la saga (un meurtre sauvage toutes les 10 minutes entre 2 scènes de cul et une partie de défonce), la distribution convaincante permet un peu d'étoffer les moments d'angoisse et de stress avant les fameuses exactions primitives. En prime, en alternant avec la claustration d'une disparue secrètement isolée dans une tanière, Marcus Nispel insuffle un petit suspense autour de sa condition recluse si bien que les étudiants de Crystal Lake seraient-ils aptes à la débusquer pour la sauver ? Quant au final haletant se focalisant sur la survie de trois rescapés (une redite habilement contournée, notamment parmi leur cohésion héroïque !), Marcus Nispel renoue avec le même climat d'affolement entrevu en préambule lors d'une succession de poursuites (souterraines et externes) fertiles en rebondissements. On est également ravi de retrouver en ultime épilogue un clin d'oeil cher à la saga, un "jump-scare" redoutablement incisif afin d'émuler dignement la conclusion inoubliable du premier volet.


Hormis le côté rebattu des situations de siège à mi-parcours du récit, Vendredi 13 fait preuve de savoir-faire et d'esthétisme saturé (photo rutilante à l'appui !) pour honorer la saga avec l'appui de comédiens juvéniles plus spontanés que de coutume. Pour parachever, l'aspect cru des meurtres gores (version Killer cut en sus !) et son climat parfois malsain rehaussent l'aspect prosaïque d'une franchise surfaite (on est en effet ici plus proche d'un Carnage de Tony Maylam que du modèle surestimé de Cunningham). 

B.M. 2èx

lundi 4 juillet 2016

GREEN ROOM

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site delibere.fr

de Jeremy Saulnier. 2015. U.S.A. 1h35. Avec Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart, Alia Shawkat, Callum Turner, Joe Cole, Macon Blair.

Sortie salles France: 27 Avril 2016. U.S: 1er Avril 2016

FILMOGRAPHIEJeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain. 2007 : Murder Party. 2013 : Blue Ruin. 2015 : Green Room



Révélé par l'excellent Blue Ruin, Jeremy Saulnier nous revient 2 ans plus tard avec Green Room, un survival primitif d'une violence à couper au rasoir ! Après leur concert, un groupe de punks se retrouvent piégés à l'intérieur d'une chambre après avoir témoignés d'un meurtre. Refusant d'alerter la police, les responsables de la boite décident d'éliminer tous témoins gênants. Une course pour la survie s'engage entre victimes et assaillants. Thriller à suspense conçu sur l'efficacité d'affrontements bellicistes qu'un groupe de jeunes musiciens doit opérer en guise de survie, Green Room renoue avec le survival brut de décoffrage par son réalisme tranché. D'une ultra violence aussi barbare que sauvage, le récit multiplie les situations d'auto-défense et les exactions meurtrières sous le pilier d'une intensité dramatique en crescendo. Les victimes molestées et prises pour cibles tentant désespérément de s'extirper de leur tanière avec une bravoure suicidaire !


Fort d'un climat ombrageux déroutant et d'une tension permanente, Green Room insuffle un climat d'insécurité omniprésent au sein d'une scénographie opaque. Le réalisateur exploitant habilement les sombres corridors de l'établissement que nos héros arpentent avec une vigilance apeurée. En dépit de la facilité de certaines situations éculées faisant parfois preuve d'incohérences (l'un des héros faisant croire à son agresseur qu'il fait parti de son équipe !), Green Room parvient à susciter une tension alerte au fil d'un cheminement de survie précaire où la moralité n'a plus lieu d'être. Les victimes adoptant contre leur gré un comportement meurtrier toujours plus hargneux si bien que le réalisateur redouble de cruauté à les confronter au trépas de manière souvent impromptue et avec l'hostilité de chiens cerbères (l'agressivité primitive des pit-bulls). Insufflant une sobre empathie pour leur esprit de cohésion et leur ascension héroïque, les comédiens juvéniles témoignent d'expressivité viscérale pour faire naître l'émotion.


Si on peut regretter le classicisme de son intrigue conçue sur l'itérativité des affrontements meurtriers, Green Room redore le sens du survival primal en exploitant assez efficacement une ultra-violence en roue libre. Par le biais de cette épreuve de force déshumanisée émane également le caractère déroutant d'un climat baroque au confins du genre horrifique. 


jeudi 30 juin 2016

GINGER SNAPS. Prix Spécial du Jury, Toronto 2000.

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John Fawcett. 2000. U.S.A. 1h48. Avec Emily Perkins, Katharine Isabelle, Kris Lemche, Mimi Rogers, Jesse Moss, Danielle Hampton

Sortie salles Canada: 11 Mai 2001. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: John Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Inédit en salles en France et directement sorti en Dvd en catiminie, Ginger Snaps aborde le thème de la lycanthropie avec une rare intelligence pour son traitement des personnages. Celui de deux soeurs inséparables partagées entre un goût pour le morbide (elles se mettent en scène pour exprimer diverses tentatives de suicide) et un désir de séduction au prémices de leur puberté. Sauvagement agressée en pleine nuit par un loup-garou à proximité d'un parc, Ginger change peu à peu de comportement face à l'impuissance de sa soeur cadette. Communément soudées par les liens de la fratrie, Brigitte tente de trouver une solution pour enrayer le mal qui ronge Ginger. Si sur le papier, le scénario sans surprises laisse craindre une resucée convenue du film de loup-garou, John Fawcett en décortique une métaphore sur la crise adolescente et le passage à l'âge adulte d'un point de vue féminin. Un parti-pris rarement abordé chez la thématique lycanthrope permettant au récit de renouveler les clichés même si on peut prêter une certaine allusion au personnage infortuné de Carrie de De Palma (notamment lorsque Ginger observe pour la première fois ses menstruations depuis sa transformation corporelle).


Avec tact et une sobre tendresse pour dresser les portraits fragiles de deux ados rebelles, Ginger Snaps adopte une tournure documentée afin de mettre en exergue une tragédie horrifique bâtie sur l'étude de caractère. En portant un regard scrupuleux sur le malaise adolescent et l'angoisse de la mort du point de vue de deux soeurs marginales, cette série B aux allures de télé-film témoigne d'une surprenante vigueur psychologique pour la descente aux enfers d'ados en crise identitaire. Tant pour la victime en proie à des pulsions sanguinaires et sexuelles incontrôlées que du témoignage de sa soeur complice, bouleversée à l'idée d'endurer sa lente mutation et s'efforçant de trouver un antidote. Formidablement incarné par deux actrices juvéniles épatantes de tempérament dans leur complicité affectée et véreuse (notamment leur collaboration meurtrière), Emily Perkins et Katharine Isabelle portent le film à bout de bras avec un naturel expansif. Outre le réalisme du contexte horrifique aussi improbable, on est également surpris de la véracité des crimes perpétrés avec brutalité par une créature indomptable ! Les effets spéciaux artisanaux s'avérant par ailleurs convaincants pour donner chair au loup-garou quand bien même les effets gores insistent à décrire l'agonie haletante des victimes sans un chouia de complaisance.


Délibéré à transcender l'objet de série B sous couvert d'une passionnante étude de caractères, John Fawcett en extrait un documentaire sur l'émoi adolescent sous l'impulsion de deux comédiennes en roue libre. On peut donc aujourd'hui considérer sans réserve Ginger Snaps comme un classique moderne à conserver auprès de La Nuit du Loup-garou, Hurlements et le Loup-garou de Londres

BM. 3èx

Récompenses: Prix spécial du jury, lors du Festival international du film de Toronto en 2000.
Prix du meilleur film, meilleure actrice pour Emily Perkins et meilleurs effets spéciaux, lors de la Semaine du cinéma fantastique de Málaga en 2001.
Prix du meilleur film sorti en DVD, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.
Prix du meilleur film, lors des International Horror Guild Awards en 2002.