mardi 17 mai 2016

TRIPLE 9

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com 

de John Hillcoat. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus, Gal Gadot, Woody Harrelson, Kate Winslet, Teresa Palmer

Sortie salles France: 16 mars 2016. États-Unis: 26 février 2016

FILMOGRAPHIE: John Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988: Ghosts… of the Civil Dead. 1996: To Have and to Hold. 2005: The Proposition. 2009: La Route. 2012: Des hommes sans loi. 2016: Triple 9


Révélé par La Route et (à moindre échelle) par des Hommes sans loi alors qu'il nous avait préalablement estomaqué avec son western sauvage, The Proposition, John Hillcoat réinvente aujourd'hui le polar hard-boiled avec Triple 9. 999 signifiant le code d'alerte des services de police lorsque l'un d'eux est grièvement blessé par l'ennemi. Rameuté en masse, ils tentent alors en dernier recours de sauver leur comparse. Entre les hostilités du cartel mexicain et de la mafia russe, un jeune flic dur à cuire se retrouve mêlé à une odieuse conspiration. A savoir, devenir la cible meurtrière de flics ripoux contraints d'exécuter une ultime fois un cambriolage pour le compte d'Irina Vlaslov, l'épouse d'un éminent mafieux mis sous verrou. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Fort d'un casting prestigieux opposant d'illustres vétérans (Woody HarrelsonKate Winslet) aux talents de la nouvelle génération (Casey Affleck, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus ), Triple 9 est l'occasion pour ces têtes viriles de nous livrer un superbe numéro d'acteurs.


Leur prestance burnée imposant chez la plupart un jeu vicié de corruption policière autour de l'héroïsme d'une jeune recrue venu s'interposer avec loyauté. Exploitant un scénario éculé de trahison policière en concertation avec la pègre, John Hillcoat parvient à réinventer les codes grâce à la virtuosité de sa mise en scène nous immergeant de plein fouet dans une situation d'urgence. Les séquences de braquages, poursuites sur bitumes et règlements de compte sanglants s'enchaînant avec une redoutable efficacité au fil oppressant d'un cheminement narratif vénéneux. Quant aux scènes de fusillades remarquablement chorégraphiées, elles nous plaquent au siège par leur intensité effrénée avec la sonorité d'un score à résonance horrifique ! Par le biais d'une intrigue structurée dressant les portraits sournois d'individus véreux (même le chef de la police plutôt largué panse sa solitude avec l'emprise de stupéfiants et d'alcool), John Hillcoat met en exergue la déliquescence d'une cité en perdition où la police tente difficilement d'imposer sa mainmise face aux pouvoirs du cartel mexicain et de la mafia russe. L'ultra réalisme imparti à cette urbanisation marginale est rehaussé d'éclairs de violence arides quant à l'agonie latente des victimes. Cette crudité poisseuse imposée par leurs exactions engendrant une intensité dramatique au fil de l'investigation fébrile de Chris Allen et parmi la contrainte des ripoux assignés à opérer le chantage des russes. Ce dernier redoublant les risques à tenter de les appréhender sans se douter que la menace émane également de sa propre hiérarchie.


Passionnant et rondement mené grâce à l'efficacité d'une réalisation vertigineuse et à la tension des enjeux dramatiques, Triple 9 insuffle une ambiance opaque terriblement ensorcelante au coeur d'une cité urbaine au bord du marasme. Outre ses éclairs d'action et de violence puissamment incisifs, Triple 9 est transcendé par les postures martiales de têtes d'affiche infaillibles (Kate Winslet s'avérant par ailleurs quasi méconnaissable en baronne soviétique !). 

    lundi 16 mai 2016

    LANDMINE GOES CLICK

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com 

    de Levan Bakhia. 2015. Géorgie. 1h50. Avec Sterling Knight , Spencer Locke , Dean Geyer , Kote Tolordava, Giorgi Tsaava

    Sortie salles Géorgie: 1er Juin 2015

    FILMOGRAPHIE: Levan Bakhia est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur georgien.
    2011: 247°F. 2015: Landmine Goes Click


    Rape and Revenge originaire de la Géorgie, Landmine goes click dépeint la descente aux enfers d'un couple de touristes, Chris et Alicia, pris à parti avec les humiliations d'un métayer après le départ précipité de l'amant de celle-ci. Chris ayant avoué à son meilleur ami une liaison avec sa compagne, Daniel avait déjà prémédité une terrible vengeance. Le pied posé sur une mine, Chris est contraint de resté immobile en attendant les éventuels secours du garde-chasse. Impuissante, Alicia tente en dernier ressort de creuser une tranchée au moment même où un chasseur et son chien viennent s'immiscer à l'improviste. Dès lors, un danger bien plus délétère se profile à l'horizon ! Série B d'un réalisme horrifique par son concept de survival brutal si bien que la première partie oscille humiliations et sévices sexuels, Landmine goes click part d'une idée insolite lorsque qu'un jeune touriste est contraint de témoigner impuissant au calvaire de son amie. Le pied posté sur une mine, Chris va entamer une épreuve de force avec une patience surdouée. Contraint d'espérer l'arrivée des secours sur une durée de 4 heures, il doit en prime affronter l'hostilité d'un redneck sadique cumulant les brimades auprès de ses proies.


    Plutôt bien soutenu, et avec l'appui d'un jeu d'acteurs assez convaincant, le suspense distille une tension toujours plus ardue pour le sort fragile des touristes. Par leurs comportements de stress et de malaise et parmi le jeu de provocations putassières imposé par leur tyran, on songe inévitablement à la Dernière maison sur la Gauche jusqu'à sa dérive primitive du viol (une séquence démonstrative s'attardant d'ailleurs un peu trop sur l'expression des visages). La seconde partie dérangeante continuera d'ailleurs d'explorer le schéma narratif de Craven du point de vue d'un justicier déterminé à se venger. Par son climat oppressant émanant du huis-clos domestique où des otages innocents vont à leur tour subir les bizutages, Landmine goes click éprouve un peu plus par sa violence gratuite engendrée par un bourreau sans vergogne. Jusqu'au-boutiste, l'issue de l'intrigue détonne pour nous laisser sur une impression amère de déchéance morale. Sa réflexion sur la vengeance s'avérant ici habilement exposée du point de vue de la remise en question finale du vindicateur. Une image forte qui en dit long sur le caractère vénéneux de la haine et l'incapacité d'y refréner ses pulsions perverses.


    Haletant, efficace et tendu, Landmine goes click repose beaucoup sur la dimension humaine des personnages exprimant une palette d'émotions de révolte et de désespoir par leur situation d'otages en survie. Psychologiquement éprouvant pour le chemin de croix de la victime et davantage malsain chez le cheminement immoral du justicier, sa conclusion glaçante fait mouche pour dénoncer l'avilissement d'une haine rendue ingérable.  

    vendredi 13 mai 2016

    LA FALAISE MYSTERIEUSE

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site retro-hd.com

    The Uninvited de Lewis Allen. 1944. U.S.A. 1h39. Avec Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp,
    Cornelia Otis Skinner, Dorothy Stickney.

    Sortie salles : 10 février 1944

    FILMOGRAPHIE: Lewis Allen est un réalisateur britannique, né le 25 décembre 1905 à Oakengates, Telford, décédé le 3 mai 2000 à Santa Monica (Californie).
    1943 : Freedom Comes High. 1944 : La Falaise mystérieuse. 1944 : Our Hearts Were Young and Gay
    1945 : Those Endearing Young Charms. 1945 : L'Invisible meurtrier. 1947 : The Perfect Marriage
    1947 : Suprême aveu (en). 1947 : La Furie du désert. 1948 : Une âme perdue. 1948 : Verdict secret.
    1949 : Enquête à Chicago. 1951 : Rudolph Valentino, le grand séducteur. 1951 : Échec au hold-up.
    1952 : Les Fils des mousquetaires. 1954 : Je dois tuer. 1955 : Un pruneau pour Joe. 1955 : Témoin à abattre. 1958 : Je pleure mon amour. 1959 : La Lorelei brune ou La Fugitive du Rhin. 1963 : Decision at Midnight.


    Edité en Blu-ray et Dvd sous l'effigie de Wild Side Video et vendu comme l'un des films les plus effrayants selon Martin Scorcese, La Falaise Mystérieuse peut enfin aujourd'hui s'exhumer de sa torpeur. Série B modeste tournée en noir et blanc et préfigurant les futurs sommets d'effroi que seront La Maison du Diable et Les Innocents, la Falaise Mystérieuse joue la carte de suggestion pour tenter d'impressionner le spectateur. Car il faut bien l'avouer, cette curiosité oubliée suscite plus la sympathie amusée que la terreur escomptée. L'allégation du maître Scorcese s'avère donc à mon sens disproportionnée (ou pire mensongère) et ressemble plus à un alibi commercial, à l'instar de son confrère James Cameron ayant prodigué avec constance ses éloges à Terminator Genesys.



    Séduits par la scénographie côtière d'une bâtisse située à proximité d'une falaise, un frère et une soeur décident de l'acheter pour une modique somme. Mais rapidement, des voix inquiétants perçues dans la nuit vont importuner nos propriétaires. Dès lors, Roderick et Pamela vont enquêter sur l'ancienne résidente, Mary Meredith, mystérieusement décédée des années au préalable. Cette intrigue futile, Lewis Allen l'exploite avec efficacité d'un rythme soutenu par le biais d'une investigation de longue haleine que concertent le couple de héros, la fille de la défunte disparue et un praticien. Emaillé de quelques traits d'humour afin de désamorcer les situations trop anxiogènes, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir et instaurer un climat d'inquiétude avec l'intelligence du hors-champ sonore. Les séquences les plus réussies émanant des voix d'outre tombe oscillant pleurs, rires et râles pour distiller un (timide) malaise. Par l'entremise éthérée de spectres en fâcheuse contradiction, le réalisateur prend plaisir à détourner les rôles pour mieux nous égarer tout en nous révélant des indices au compte-goutte autour d'une relation filiale en quête identitaire et de rédemption. Enfin, en parallèle du récit en suspens, il cultive un goût pour la romance que partagent fougueusement Roderick et Stella, la fille persécutée de Mary.


    Reposant sur l'autorité d'une mise en scène inspirée et servi par des comédiens attachants dans leur motivation impromptue de détectives, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir sous le principe modeste de la série B. Attention toutefois au slogan dithyrambique révélé par Martin Scorcese, vous risqueriez d'être sévèrement déçus !  

    jeudi 12 mai 2016

    MUSTANG. Meilleur premier film, César 2016.

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Deniz Gamze Ergüven. 2015. Germano-franco-turco-qatari. 1h37. Avec Güneş Nezihe Şensoy,
    İlayda Akdoğan, Tuğba Sunguroğlu, Elit İşcan, Doğa Zeynep Doğuşlu.

    Sortie salles France: 17 Juin 2015. Turquie: 23 Octobre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Deniz Gamze Ergüven est une réalisatrice, scénariste et actrice franco-turque, née le 4 juin 1978 à Ankara en Turquie.
    2004: Libérables (court). 2006: Mon trajet préféré (court). 2006: Une goutte d'eau (court). 2015: Mustang


    Drame social d'une rigueur toujours plus grave, Mustang traite du patriarcat au sein de la société Turque, alors que paradoxalement, en 1934, le droit de vote pour les femmes fut autorisé chez eux bien avant l'hexagone (1945). A travers le terrible destin de 5 orphelines livrées à la dictature de leur grand-mère et d'un oncle, la réalisatrice franco-turque met en exergue l'idéologie obscurantiste de son pays depuis l'arrivée au pouvoir d'un nouveau parti patriarcal (l'AKP) instauré depuis 2003.


    Cette régression morale, Deniz Gamze Ergüven l'illustre à travers le calvaire de ces soeurs avides de liberté et de désir d'aimer mais toujours plus contraintes de se confiner dans le mutisme depuis les nouvelles normes drastiques exigées par des parents rétrogrades. C'est bien connu, plus on interdit les choses, plus on est tenté de les braver ! Et ces adolescentes recluses dans leur cocon familial (l'oncle à installer des barreaux derrière chaque fenêtre et leur a interdit de retourner à l'école) vont donc user de stratagèmes d'évasion et de rébellion afin de s'accorder un semblant d'épanouissement. Parmi la subtilité d'une mise en scène jamais démonstrative (la réalisatrice use d'ellipses pour aller droit à l'essentiel et ainsi éviter les conventions) et le talent sémillant d'une distribution juvénile débordante de naturel, Mustang provoque une émotion prude réfutant le misérabilisme. Car ces portraits fragiles d'ados en quête d'amour et de désir sexuel nous émeut sobrement par leur situation désoeuvrée à subir le machisme d'un patriarche aussi insidieux qu'immoral (Spoil ! ses abus sexuels perpétrés sur une des filles ! Fin du Spoil).


    Illustrant avec vitalité la crise adolescente de cinq soeurs en quête de fantaisies et d'amour (tant du point de vue des fréquentations que de leurs parents démissionnaires) puis cédant ensuite au désespoir de leur situation de claustration, Mustang dérange, émeut, prend aux tripes le spectateur, témoin impuissant des traditions archaïques d'une société patriarcale imposant les mariages forcés afin de taire leurs effronteries. Hymne à l'émancipation de la cause féminine, cette oeuvre magnifique aborde sans fard la désillusion existentielle avant de ranimer l'espoir d'une révolte féminine au bord du suicide. Bouleversant. 

    Récompenses:
    Festival de Cannes 2015 : Label Europa Cinema21 (sélection Quinzaine des réalisateurs3,22)
    Festival international du film d'Odessa 2015 : Duc d'or du meilleur film
    Festival international du film de Stockholm 2015 : prix du meilleur scénario23
    Prix LUX du Parlement européen 201524
    Festival international du film de femmes de Salé 2015 : Prix du scénario
    21e cérémonie des prix Lumières 2016 :
    Prix Lumières du meilleur film
    Prix Heike Hurst du meilleur premier film
    Prix Lumières du meilleur espoir féminin pour Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit Işcan, Tuğba Sunguroğlu et Ilayda Akdoğan
    Prix de la meilleure photographie pour David Chizallet
    Goya du meilleur film européen 2016
    Festival de Valladolid 2015 : Espiga de plata Largometraje, Premio "Pilar Miro" al mejor nuevo director.
    Prix du cinéma européen 2015 : Prix découverte - prix FIPRESCI
    41e cérémonie des César 2016 : Meilleur scénario original. Meilleur montage. Meilleure musique
    Meilleur premier film.

    mercredi 11 mai 2016

    APPEL INCONNU

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

    El Desconocido de Dani de la Torre. 2015. Espagne. 1h40. Avec Dani De La Torre, Luis Tosar, Javier Gutiérrez, Goya Toledo.

    Sortie salles Espagne: 25 Septembre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Dani de la Torre est un réalisateur espagnol né en 1975 à Galicia.
    2013: Gala premios Mestre Mateo 2012 (télé-film). 2015: Appel Inconnu


    Suspense oppressant prenant pour cadre restreint l'habitacle d'une voiture auquel un père et ses deux enfants y sont embrigadés de force depuis l'amorce d'une bombe confinée sous les sièges, Appel Inconnu parvient à nous tenir en haleine dans sa succession de revirements alertes ! Grâce à la maîtrise de sa mise en scène et à la géométrie du montage, Dani de la Torre insuffle une belle vigueur au cheminement narratif sous l'impulsion de protagonistes démunis contraints de céder au racket d'un étranger cupide. Sans céder à la facilité de l'esbroufe pour sa situation hostile sur le qui-vive, le réalisateur préconise un réalisme percutant pour nous convaincre de la véracité du fait singulier. A savoir, une prise d'otage échelonnée à distance par l'entremise de téléphones portables !


    Ce concept insolite va imposer au fil de son huis-clos routier une sévère épreuve de force pour le père de famille. Si bien que son entourage familial et professionnel, ainsi que la police en alerte n'auront de cesse de le suspecter d'être l'instigateur de la prise d'otages. Fustigeant en sous texte social la corruption financière du management, Appel Inconnu insuffle une intensité dramatique du point de vue moral du criminel et de la victime, au moment même de la déconvenue d'une cellule familiale en crise. Au-delà de l'aspect effréné de quelques courses-poursuites sur bitume et de la solide gestion du suspense, Appel Inconnu met en exergue le portrait galvaudé d'un père de famille Spoil ! peu à peu rongé par le remord d'une lâcheté et en quête désespérée de rédemption afin de préserver la vie de ses enfants fin du Spoil. Par l'entremise des rapports intimes entretenus avec sa fille aînée, Dani de la Torre accentue l'empathie d'une vibrante relation paternelle davantage gagnée par la fraternité.


    Thriller à suspense mené avec savoir-faire et impeccablement servi par une distribution sans fard, Appel Inconnu oscille réalisme et vigueur dramatique face à un contexte de survie sur le fil du rasoir. On pardonne donc la facilité d'une bravoure finale futilement improbable et quelques clichés usuels au genre que l'intrigue exploite (efficacement) dans sa dernière partie (son principe éculé de la vengeance criminelle et l'identité du coupable). Un excellent divertissement taillé sur mesure.  

    Dédicace à Seb Lake.

    mardi 10 mai 2016

    CALIGULA, LA VERITABLE HISTOIRE

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmplakater.wordpress.com

    Caligula II: The Untold Story/Emperor Caligula: The Garden of Taboo de David Hills (Joe D'Amato). 1982. Italie. 1h32 (version cut) / 1h50 (version Uncut X) / 2H05 (version longue Uncut X). Avec Laura Gemser , Oliver Finch , David Brandon , Gabriele Tinti , Michele Soavi.

    Sortie salles U.S le 6 Janvier 1983 en version censurée.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien.
    1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


    Avertissement ! La version Uncut comprend diverses séquences pornographiques dont une séance de zoophilie risquant d'offenser certaines âmes trop prudes ! 

    « Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ! »
    Epigone bisseux du film scandale de Tinto Brass tourné 2 ans au préalable, Caligula porte inévitablement la signature de son auteur transalpin, spécialiste du gore vomitif comme l'avaient si bien transfigurées ses illustres zèderies Anthropophagous, Horrible et surtout son chef-d'oeuvre nécrophile, Blue Holocaust. Joe d'Amato ne reculant une fois encore devant rien pour provoquer le dégoût et ébranler le spectateur, témoin d'une débauche aussi meurtrière qu'érotomane. Peplum horrifico-porno tourné avec des bouts de ficelles et des acteurs de seconde zone (dont une figuration issue du milieu porno), Caligula retrace le destin putassier du plus célèbre empereur de Rome. Obnubilé à l'idée de gouverner le monde par le chantage et une violence expéditive car rivalisant de provocations à châtier ses nombreux ennemis, il s'efforce d'asseoir sa triste réputation afin d'émuler l'immortalité des dieux. Son goût insatiable pour l'autocratie le mène donc à une déchéance immorale aux confins de la folie comme le souligne la récurrence de ses cauchemars nocturnes. Mais une esclave, Miriam, s'empresse de venger la mort d'une de ses comparses par un stratagème de séduction.


    « Plût aux Dieux que le peuple n'eut qu'une seule tête. »
    Ce scénario linéaire bourré d'ellipses (montage approximatif) et d'incohérences (principalement le comportement équivoque de Miriam éprise de fougue amoureuse pour l'empereur avant de se culpabiliser in extremis), Joe d'Amato l'exploite avec autant de maladresses (notamment le profil parano de Caligula) que de savoir-faire dans son parti-pris de cristalliser un climat poisseux littéralement obsédant. Tant par l'aspect onirique des cauchemars inquiétants que Caligula intériorise avec prémonition, que les banquets fétides où orgies sanglantes et sexuelles s'agencent pour plonger le spectateur dans un délire baroque. En dépit de sa faiblesse narrative prétexte à une mosaïque de provocations visuelles assez réalistes et choquantes (la fameuse séquence de zoophilie, l'empalement par l'anus !), Caligula insuffle au fil de la dérive schizo de son antagoniste un climat d'étrangeté vénéneux, comme le souligne parfois la partition hypnotique de mélodies lancinantes. Hormis une direction d'acteurs assez inexpressifs, l'objet de décadence est également renforcé du jeu délétère de David Brandon endossant par son charisme trouble et l'intensité d'un regard frigide un pervers sanguinaire hanté par des exactions toujours plus irraisonnées (Spoil ! le sort réservé à Miriam fin du Spoiler). On peut également mettre en valeur la présence secondaire de Laura Gemser incarnant avec une émotion parfois poignante une esclave introvertie partagée entre la colère, les sentiments (ses rapports inopinément charnels avec Caligula) et une rancoeur punitive teintée de désespoir.


    « Le pouvoir donne ses chances à l'impossible. »
    Délire scabreux profondément malsain, opaque et étrangement fascinant, Caligula ose inscrire de manière insalubre la décadence putassière d'un empereur rongé par sa mégalomanie et sa paranoïa morbide. Dans une facture bisseuse de série B au rabais, Joe d'Amato parvient tout de même à transcender la maigreur de son budget par son réalisme historique (on y croit, aussi minimaliste que soit la topographie des décors cheap et sa timide figuration) et surtout l'aura tangible d'un climat trouble de séduction. Une expérience licencieuse à l'aura de souffre indécrottable, à prescrire inévitablement auprès d'un public averti.

    lundi 9 mai 2016

    10 Cloverfield Lane

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site offi.fr 

    de Dan Trachtenberg. 2016. U.S.A. 1h43. Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher, Jr., Maya Erskine, Mat Vairo

    Sortie salles France: 16 Mars 2016. U.S: 11 Mars 2016

    FILMOGRAPHIE: Dan Trachtenberg est un réalisateur et scénariste américain.
    2016: 10 Colverfield Lane



    Prenant pour cadre le huis-clos intimiste d'un bunker auquel trois survivants s'y sont confinés depuis une éventuelle attaque chimique, 10 Cloverfield Lane n'est pas la suite du documenteur catastrophiste de Matt Reeves. Le titre du film se référant ici exclusivement à l'adresse du lieu unique de l'action. Mais en dépit de son absence de pyrotechnie visuelle, nous restons tout de même un peu dans l'esprit de Cloverfield pour son aspect "fin du monde" ainsi que la révélation dantesque de son intrigue. Série B modeste privilégiant sans retenue la suggestion afin de cultiver un suspense tendu autour de trois personnages en discorde, 10 Cloverfield Lane parvient à retenir l'attention grâce à l'étude des caractères contradictoires. Renforcé du jeu équivoque de l'impressionnant John Goodman et des prestances aussi convaincantes de John Gallagher et surtout de Mary Elizabeth Winstead en héroïne de dernier ressort, l'intrigue laisse planer assez habilement le doute quant aux agissements équivoques du propriétaire du bunker.


    Car sujet aux excès de colère et de violence lorsque l'un d'eux tente de s'échapper par la sortie au risque de contaminer les membres du bunker, Howard Stambler y extériorise un caractère castrateur conçu sur la bienveillance d'autrui. Mais s'agit-il d'un kidnappeur (comme le laisse sous-entendre son ancienne relation avec Megan) ou d'un aimable secouriste ? (comme le souligne le prologue lorsque Michelle opère une embardée sur l'autoroute). La réponse finira par éclore au fil des stratégies d'évasion que nos deux rescapés vont solidairement tenter de commettre en cataminie. Quant à la menace externe qui plane sur les épaules de nos survivants, nous restons constamment dans une perpétuelle perplexité à savoir si Howard Stambler aurait tout inventé pour mieux contenir l'interrogation de ses otages Spoil ! malgré la preuve oculaire d'une victime moribonde laissée à l'extérieur de la bâtisse fin du Spoil. La seconde partie autrement explicite nous dévoile enfin l'envers du décor de cette éventuel péril atomique par le biais de séquences inquiétantes réussies par leur réalisme fascinatoire, qui plus est superbement éclairé lors d'un climat opaque. 


    Série B solide, intense, retorse et intelligente misant sur l'expectative d'une révélation potentiellement dystopique, 10 Colverfield Lane y transcende en prime un superbe portrait de femme pugnace que Mary Elizabeth Winstead endosse avec un sang-froid perpétuellement impressionnant. Superbement photographié et immersif dans son cadre exigu de tous les dangers, 10 Cloverfield Lane inquiète puis fascine lors de son dernier acte sous tension impeccablement épaulé d'FX renversants de réalisme. 

    *Bruno
    20.05.23. 2èx. vf

    vendredi 6 mai 2016

    NIKITA. César de la Meilleure Actrice, Anne Parillaud, 1991.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com 

    de Luc Besson. 1990. France/Italie. 1h57. Avec Anne Parillaud, Marc Duret, Patrick Fontana, Alain Lathière, Laura Chéron, Roland Blanche.

    Sortie salles France: 21 Février 1990

    FILMOGRAPHIE: Luc Besson est un réalisateur, producteur, et scénariste français né le 18 mars 1959 à Paris.
    1983: Le Dernier combat, 1985: Subway, 1988: Le Grand Bleu, 1990: Nikita, 1991: Atlantis, 1994: Léon, 1997: Le 5è élément, 1999: Jeanne d'Arc, 2005: Angel-A, 2006: Arthur et les Minimoys, 2009: Arthur et la vengeance de Maltazard, 2010: les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Arthur 3, la guerre des 2 mondes, 2011: The Lady. 2013 : Malavita. 2014 : Lucy. 2017: Valérian et la Ville aux mille planètes.


    Enorme succès à sa sortie dans l'hexagone (3 546 077 entrées) et outre-atlantique (5 millions de dollars de recettes), Nikita est une première incursion dans le cinéma d'action pour Luc Besson. Jugé à perpétuité après le meurtre d'un policier, une jeune toxicomane se voit proposer une seconde chance par le gouvernement. Accepter le rôle d'émissaire afin d'exécuter de dangereuses missions pour le compte d'une organisation secrète. Après un entrainement intensif et être parvenue à achever sa première tâche, Nikita retourne dans la vie sociale et tombe amoureuse d'un caissier de supérette. Mais 6 mois plus tard, ses supérieurs la rappellent pour un second objectif. 


    A partir d'un scénario original combinant avec efficacité gunfight chorégraphiques et moments intimismes d'étreinte conjugale, Nikita est également l'occasion de nous dévoiler un talent de comédienne hors pair en la présence d'Anne Parillaud, transcendant ici un magnifique portrait de femme-enfant. Aussi fragile que volcanique par son tempérament d'écorchée vive puis soumise à exercer son devoir professionnel afin de payer sa dette à l'état, son initiation au meurtre l'incite à adopter une posture de tueuse opiniâtre avant d'amorcer des signes de faiblesses morales au fil de missions toujours plus ardues. Récompensée du César de la meilleure actrice, l'actrice crève littéralement l'écran à se glisser dans la peau de cet agent secret constamment sur la corde raide et débordante d'émancipation. Sous l'impulsion de ses émois amoureux, Luc Besson souligne le caractère démunie de cette marginale abandonnée de tous à l'exception de son amant Marco (Jean Hugue Anglade, épatant de fringance naturelle !). Alternant les moments de tension lorsqu'elle est contrainte de préméditer sa mission en feignant ses activités devant le témoignage de ce dernier, et les instants de tendresse lorsque le couple se laisser voguer par leur amour fusionnel, Nikita brasse ses émotions contradictoires avec une dramaturgie davantage anxiogène. A l'instar de l'apparition fortuite du "Nettoyeur" (Jean Reno, magnétique par son charisme impassible !) insufflant au cheminement narratif une montée en puissance du suspense et d'ultra-violence incontrôlée !


    Mis en scène avec virtuosité sous l'autorité personnelle de Luc Besson, Nikita réactulise le cinéma d'action moderne sous le pilier d'une étude caractérielle des personnages (Tchéky Karyo se délectant également à entretenir l'ambiguïté dans sa fonction cynique de mentor empathique). Outre l'impact jouissif de ses scènes d'actions scandées d'une partition entêtante, le film repose surtout sur les frêles épaules d'Anne Parillaud oscillant avec une énergie viscérale la tendresse des sentiments et le courage d'un héroïsme en perdition. Un des meilleurs films d'action français des années 90.

    Récompenses: MystFest 1990: meilleur acteur pour Tchéky Karyo (également pour son rôle dans Corps perdus)
    César 1991: meilleure actrice pour Anne Parillaud
    Prix David di Donatello 1991: meilleure actrice étrangère pour Anne Parillaud
    Rubans d'argent 1991: meilleur réalisateur étranger pour Luc Besson

    jeudi 5 mai 2016

    THE MIDNIGHT MEAT TRAIN. Prix du Jury, Prix du Public, Gerardmer 2009.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Ryuhei Kitamura. 2008. U.S.A. 1h43. Avec Bradley Cooper, Leslie Bibb, Brooke Shields, Vinnie Jones, Roger Bart, Tony Curran, Barbara Eve Harris, Peter Jacobson.

    Sortie salles France: 29 Juillet 2009. U.S: 1er Août 2008.

    FILMOGRAPHIE: Ryuhei Kitamura (北村 龍平) est un réalisateur, producteur et scénariste japonais né le 30 mai 1969 à Ōsaka (Japon). 1996: Heat After Dark. 1997: Down to Hell. 2000: Versus, l'ultime guerrier. 2002: Jam Films (segment The Messenger - Requiem for the Dead)
    2002 : Alive. 2003 : Aragami. 2003 : Azumi.  200: Sky High. 2004: Longinus. 2004: Godzilla: Final Wars. 2006 : LoveDeath. 2008: The Midnight Meat Train. 2012: No One Lives. 2014: Lupin III.


    Célébré à Gérardmer avec deux prix mérités, The Midnight meat train emprunte une nouvelle de Clive Barker pour mettre en exergue une narration aussi solide qu'insolite. Alors qu'un boucher sévit dans les métros de New-York en trucidant sauvagement les voyageurs du dernier train, un photographe en quête de notoriété s'efforce de suivre ses agissements quitte à en perdre sa morale. Série B horrifique à l'ambiance hermétique plutôt vénéneuse, The Midnight meat train oscille l'esbroufe de séquences gores assez corsées (en dépit de l'extrême maladresse de certains effets CGI entachés d'un sang oranger !) et l'investigation de longue haleine d'un photographe obsédé à démasquer les obscurs agissements d'un tueur en série. Pour corser la situation hostile, sa compagne toujours plus inquiète de son comportement instable et de ses virées nocturnes s'efforce en parallèle d'enquêter avec l'appui d'un ami.


    Outre la structure ciselée d'une narration pleine de rebondissements et d'idées inquiétantes (les pustules sur le torse du tueur, son journal intime datant de plus de 100 ans !), l'intrigue repose notamment sur la densité caractérielle de ces personnages plongés dans un aventure licencieuse en chute libre. Particulièrement le désarroi progressif du couple lorsque Maya témoigne de l'avilissement moral de son compagnon, Léon. Ce dernier exerçant le métier de photographe avec une trouble ambiguïté (prendre les clichés d'une violente altercation avant de porter assistance à la victime !) depuis son désir de combler les exigences d'une directrice en galerie d'arts. Avec sobriété et la subtilité d'une humeur versatile, Bradley Cooper se glisse dans la peau du voyeur avec une fascination morbide si bien que son cheminement vers la vérité le mènera droit en enfer. Cette initiation à la déliquescence meurtrière, Ryuhei Kitamura la traduit autour de l'efficacité d'un suspense haletant ne lésinant par sur les affrontements barbares lorsque les survivants et notre anti-héros tentent de se dépêtrer de la mort. Quant à la dernière partie rivalisant d'audaces et de surprises car levant le voile sur les mobiles du boucher tueur, le cinéaste transcende un univers sépulcrale avec un pessimisme étonnamment déroutant.


    Slasher atypique au scénario charpenté, The Midnight meat train parvient à fasciner le spectateur pour témoigner de l'errance morale d'un photographe fasciné par le Mal car plongé malgré lui dans un voyeurisme dangereusement fétide. Un solide divertissement à l'odeur de souffre aussi éthérée que capiteuse. 


    mercredi 4 mai 2016

    THE HOUSE OF THE DEVIL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site glasseyepix.com

    de Ti West. 2009. U.S.A. 1h35. Avec Jocelin Donahue, Tom Noonan, Mary Woronov, Greta Gerwig,
    A. J. Bowen, Dee Wallace.

    Sortie DTV France: 8 septembre 2010 

    FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur.
    2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament.


    Petit artisan de la série B à qui l'on doit les épatants The Innkeepers et The Sacrament, Ti West se fit connaître aux yeux des cinéphiles avec son quatrième long passé par la trappe DTV, The House of the Devil. Pur hommage aux productions horrifiques des années 70 et 80 si bien que l'on jurerait que le film émane de cette époque charnière, cette modeste production joue la carte de la suggestion afin d'honorer ces ancêtres. Que l'on accroche ou pas à son ambiance d'inquiétude diffuse misant sur l'expectative du suspense latent, le soin conféré à sa réalisation provoque une certaine fascination dans la manière avisée du cinéaste à exploiter le cadre architecturale d'une bâtisse classique. Et ce, jusque dans la tenue obsolète des fringues auquel s'affublent chacun des protagonistes.


    Croisement entre Trauma (pour l'accueil patibulaire des proprios sclérosés feignant l'identité d'une belle-mère sans visage), Terreur sur la ligne (pour la solitude anxiogène d'une baby-sitter en perte de repères dans les corridors de la demeure) et Rosemary's Baby (pour son final satanique à l'épilogue convenu), The House of the Devil provoque une irrésistible sympathie dans sa confection artisanale photogénique. D'une simplicité narrative, l'intrigue préconise le climat intimiste d'une jeune baby-sitter confinée dans une demeure gothique le temps d'une nuit d'éclipse. Par l'entremise de détails inquiétants misant également sur les hors-champs sonores (craquements de meubles et chuchotements), Tim West cultive un goût pour l'atmosphère d'inquiétude (partition monocorde à l'appui) plutôt que l'angoisse ou la terreur tangible. Dominé par la présence de la débutante Jocelin Donahue (bien qu'il s'agisse de son 3è rôle au cinéma), cette dernière parvient à donner chair à son personnage candide avec un charisme et une franchise épatants de naturel. Et si la dernière partie laissant libre court à une violence graphique emprunte certaines facilités (Spoil ! la manière banale dont l'héroïne parvient à s'extirper des griffes de ses oppresseurs ! fin du Spoil), l'énergie de la réalisation transcende ces scories parmi la vigueur d'une terreur oppressante.


    Sympathique hommage au cinéma d'horreur des années 70 et 80, The House of the Devil instaure la série B d'antan dans une gestion de suspense et de mystère scrupuleusement envoûtants. Psycho-killer laconique empruntant la démarche d'une hantise satanique sous l'impulsion d'une héroïne en perdition, The House of the Devil réactulise les ficelles du genre avec une efficacité dignement modeste. 

    mardi 3 mai 2016

    MIRACLE SUR LA 8E RUE

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposters.2038.net

    "Batteries Not Included" de Matthew Robbins. 1987. 1h46. Avec Hume Cronyn, Jessica Tandy, Frank McRae, Elizabeth Peña, Michael Carmine

    Sortie salles France: 23 Mars 1988. U.S: 18 Décembre 1987

    FILMOGRAPHIE: Matthew Robbins est un scénariste et réalisateur américain, occasionnellement producteur et acteur.
    1978 : Corvette Summer. 1981 : Le Dragon du lac de feu. 1985 : The Legend of Billie Jean. 1987 : Miracle sur la 8e rue. 1991 : Bingo.


    Produit par Steven Spielberg et réalisé par Matthew Robbins à qui l'on doit l'un des meilleurs films d'heroic fantasy des années 80 (le Dragon du Lac de Feu), Miracle sur la 8è rue fit son p'tit effet d'émerveillement lors de sa sortie en 87. Que ce soit en salles ou en location VHS. Série B aussi modeste que naïve dans sa volonté de privilégier un public infantile, l'intrigue repose sur la confrontation ardue entre un promoteur sans vergogne et une poignée de retraités délibérés à défendre leur territoire en guise de survie. Pour parfaire ses ambitions vénales et terroriser ces locataires, ce dernier recourt à l'intervention d'un délinquant porto-ricain. Mais un soir, des petits visiteurs venus d'une autre galaxie ont décidé de prêter main forte aux habitants de l'immeuble. 


    Ce pitch linéaire dénué de surprises, Matthew Robbins l'exploite avec pas mal de fantaisies et d'émotions pour attendrir le spectateur, complice amusé d'une intervention altruiste d'extra-terrestres. Par le biais d'effets spéciaux artisanaux soignés, les créateurs optent pour la miniaturisation d'humanoïdes et de soucoupes volantes afin d'accentuer un sentiment candide de féerie. Grâce à leurs postures avenantes et leurs exploits techniques à consolider l'infrastructure de l'immeuble, le récit parvient par petites touches à les rendre attachants, notamment parmi la cohésion des habitants s'épaulant mutuellement afin de préserver leur autonomie. En particulier un couple de retraités dont l'épouse sénile se morfond dans une douce démence depuis la disparition accidentelle de son fils. Seul élément dramatique de l'intrigue, Matthew Robbins peine à susciter une réelle empathie car n'accordant pas assez de temps pour développer la caractérisation fragile du duo en berne. On peut également sourire de l'initiation affable du voyou de service surnommé Carlos, seul témoin externe des pyrotechnies des E.T, entamant en fin de parcours une bravoure de dernier ressort pour se racheter une conduite. Là encore, les rapports (faussement) maternels partagés entre celui-ci et la septuagénaire endeuillée (elle le confond avec l'identité de son défunt fils !) sont édulcorés afin de résider dans le registre de la comédie.


    Emaillé de situations pittoresques particulièrement puériles (à l'instar de l'apprentissage culinaire des E.T) et d'instants de poésie parfois touchants, Miracle sur la 8è rue comblera surtout les attentes des enfants de moins de 12 ans. L'intrigue simpliste offrant le minimum syndical à se focaliser sur les rapports de force incessants entre gentils locataires et méchants promoteurs. Reste un sympathique divertissement dont les effets spéciaux crédibles apportent leur quota d'enchantement.  

    lundi 2 mai 2016

    BREAKDOWN

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site amazon.com

    de Jonathan Mostow. 1997. U.S.A. 1h35. Avec Kurt Russell, J. T. Walsh, Kathleen Quinlan, M. C. Gainey, Jack Noseworthy, Rex Linn

    Sortie salles France: 8 Octobre 1997 (Int - de 12ans). U.S: 2 Mai 1997

    FILMOGRAPHIE: Jonathan Mostow est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 28 novembre 1961 à Woodbridge, Connecticut (États-Unis). 1991: Flight of Black Angel. 1997: Breakdown. 2000: U-571. 2003: Terminator 3: Le Soulèvement des machines. 2009: Clones. 2016: Hunter's Prayer (en post-production).


    Jeff Taylor, caméraman et correspondant de guerre, perturbé par les horreurs de son métier décide d'en changer. Accompagné de sa femme, Amy, il entreprend la traversée des Etats-Unis. Ils tombent en panne dans une région désertique. Un routier propose à Amy de l'ammener au prochain relais routier alors que Jeff reste auprès du véhicule. En attendant le retour de sa femme, il réussit à faire redémarrer sa voiture. Il part rejoindre sa femme au relais. Mais Amy n'est pas là et personne ne se souvient d'avoir vu ni la jeune femme ni le routier.


    Bien que son schéma narratif soit prévisible et éculé (conjonction de Duel et du télé-film Ma femme a disparu), Breakdown tire parti de son efficacité dans l'intensité d'un suspense haletant et le jeu viscéral de Kurt Russel se démenant avec pugnacité contre les maîtres chanteurs d'un odieux kidnapping. Et pour parachever cette course effrénée contre la mort, de nous réserver en dernier acte une course-poursuite fertile en cascades automobiles prouvant à nouveau la rigueur du montage et l'habileté de sa réalisation.



    vendredi 29 avril 2016

    PANDORUM

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Christian Alvart. 2009. U.S.A. 1h48. Avec Ben Foster, Dennis Quaid, Cam Gigandet, Antje Traue, Cung Le, Eddie Rouse.

    Sortie salles France: 30 Septembre 2009. U.S: 25 Septembre 2009

    FILMOGRAPHIE: Christian Alvart est né en 1974 à Frankfurt, Germany.
    2016: Tschiller: Off Duty. 2015: Halbe Brüder. 2013: Banklady. 2012: Wolff - Kampf im Revier (TV Movie). 2010: 8 Uhr 28. 2009: Pandorum. 2009: Le cas 39. 2005: Antikörper. 1999: Curiosity & the Cat.


    Echec public et critique lors de sa sortie (20 635 059 $ de recettes pour un budget de 30 millions), Pandorum conjuguait pourtant efficacement horreur (fétide) et science-fiction par le biais d'un scénario en suspens multipliant rebondissements et coups de théâtre. En dépit de la complexité de son intrigue schizo semant parfois doute et confusion chez les confrontations humaines, cette série B puise sa densité dans l'atmosphère d'inquiétude régie à l'intérieur du vaisseau et dans l'intensité des séquences d'action parfois emprunts de violence primitive. Plusieurs affrontements barbares ne lésinant pas sur le gore depuis la vélocité d'antagonistes habités par une démence incontrôlée. Entièrement tourné en Allemagne au studio de Babelsberg et dans une centrale électrique berlinoise, le pitch repose sur les interrogations morales du lieutenant Payton et du caporal Bower frappés d'amnésie après avoir été plongés en hyper sommeil durant 8 ans.


    Bloqué à l'intérieur du vaisseau Elysium, ils tentent de se remémorer la raison de leur mission depuis qu'ils eurent transportés parmi eux 60 000 voyageurs afin de coloniser la planète Tanis. En perte de repères dans les sombres corridors de leur dédale spatial, une menace meurtrière s'empresse également de les éradiquer. Bientôt, d'autres passagers en hyper sommeil parviennent à s'extraire de leur caisson pour les rejoindre, quand bien même ils vont communément user de vigilance et bravoure à déjouer les exactions de mutants cannibales. Enfin, pour corser les enjeux de survie, le réacteur nucléaire de leur navire doit être manuellement réactiver en un temps record. Esthétiquement soigné par son climat caverneux où chaque entrailles du vaisseau constitue un danger pour les occupants, Pandorum parvient à crédibiliser son huis-clos rubigineux sous l'impulsion d'humanoïdes affamés de chair humaine. Outre leurs attaques cinglantes perpétrées avec une agilité parfois illisible, l'intrigue ne cède jamais à une esbroufe outrancière pour nous combler. Et pour éluder cette facilité, Christian Alvart compte sur la complexité morale de ces personnages scindés en deux groupes afin de mieux gérer leur situation précaire. Au fil de leur cheminement initiatique à errer dans l'enceinte du vaisseau, le récit fonctionne également sur l'intrusion fortuite de nouveaux personnages si bien que certains d'entre eux vont pouvoir nous éclaircir sur leur obscur passé ainsi que le sort de l'humanité. Reposant également sur leurs sentiments de paranoïa d'appréhender la menace cannibale, ces derniers doivent également se prémunir contre eux même selon une potentielle trahison et la folie du syndrome de Pandorum (délire du mal de l'espace après y avoir séjourné trop longtemps).


    Série B rondement menée par son action belliqueuse escarpée instaurée au sein d'un repère glauque, Pandorum ne manque pas de trouvailles pour motiver l'intérêt des enjeux sous l'impulsion de comédiens d'une spontanéité viscérale (Dennis Quaid en tête de peloton !). Un excellent divertissement aussi dynamique qu'envoûtant malgré l'aspect décousu d'une narration (volontairement) schizophrène.