jeudi 21 juillet 2016

LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John Hughes. 1986. U.S.A. 1h42. Avec Matthew Broderick, Alan Ruck, Mia Sara, Jeffrey Jones, Jennifer Grey.

Sortie salles France: 17 Décembre 1986. U.S: 11 Juin 1986

FILMOGRAPHIE: John Hughes est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 18 Février 1950 à Lansing (Michigan, Etats-Unis), mort le 6 Août 2009 d'une crise cardiaque à New-York. 1984: Seize bougies pour Sam. 1985: The Breakfast Club. 1985: Une Créature de rêve. 1986: La Folle Journée de Ferris Bueller. 1987: Un Ticket pour deux. 1988: La Vie en plus. 1989: Uncle Buck. 1991: Le P'tite Arnaqueuse.


Comédie culte de toute une génération sortie un an après le tout aussi notoire The Breakfast Club; La folle journée de Ferris Bueller est une invitation à l'évasion et à l'épanouissement en cette période aussi fragile qu'insouciante que détermine l'adolescence. Initiateur du Teen movie, John Hughes va bien au-delà du genre pour mettre en exergue un hymne à la décompression à travers la journée de sèche d'un lycéen impudent rivalisant d'audace et de ruses pour déjouer la hiérarchie enseignante et parentale. D'une drôlerie constamment inventive multipliant à rythme métronomique les morceaux d'anthologie (la réception au restaurant, le fameux concert improvisé en centre-ville au coeur d'une foule déchaînée, la séquence du commissariat avec Jeanie éprise d'amour pour un jeune marginal !), La folle journée de Ferris Bueller puise également sa vigueur expansive en la présence du jeune Matthew Broderick endossant le rôle titre avec une spontanéité désinvolte.


En lycéen émérite, ce dernier starifie son personnage depuis sa réputation notable d'enchaîner les réussites avec un sens stratégique infaillible. Finaud, espiègle et bonimenteur, la journée rocambolesque qu'il se partage avec son acolyte Cameron et sa compagne Sloane constitue une aventure singulière dans sa manière couillue d'improviser les situations extravagantes au détour d'un périple urbain. A travers son esprit de camaraderie, John Hughes adopte également (sans prévenir) une rupture de ton pour souligner les thèmes de l'exclusion et du malaise adolescent par le biais du personnage introverti de Cameron qu'Alan Ruck incarne avec un humanisme torturé. Sa volonté désespérée de s'affirmer pour tenir tête à son père castrateur donne lieu à des moments poignants lorsqu'il extériorise sa colère (la destruction de la Ferrari dans le garage). Sémillante et pleine de charme, Mia Sara s'interpose avec une tendre complicité dans la peau de Sloane, compagne sentimentale de Ferris. Dans un second-rôle gentiment folingue, Jennifer Grey se glisse naturellement dans la peau d'une soeur cadette avec une jalousie fulminante ! Cette dernière s'efforçant de dénoncer à ses parents l'attitude flâneuse, insolente et orgueilleuse de Ferris, d'autant plus sarcastique à son égard ! Enfin, et pour parachever de la manière la plus désopilante, impossible d'occulter le personnage empoté du principal de lycée que Jeffrey Jones adopte avec une rage contenue ! Littéralement obsédé à l'idée de démasquer au grand jour les stratagèmes perfides de Bueller, ce dernier ne cesse de semer les bévues improbables durant son cheminement investigateur ! (son effraction au foyer des Bueller, le tête à tête avec le Rottweiler puis enfin son départ dans le car scolaire).


"La vie bouge bien trop vite. Si tu t'arrêtes pas de temps en temps, elle peut te filer entre les doigts !"
Authentique chef-d'oeuvre du teenage movie, comédie débridée pleine de fraîcheur et d'hilarité, cure de jouvence anti-dépressive, pied de nez au politiquement sérieux, la Folle journée de Ferris Bueller suscite une ferveur exutoire en cette période complexe de l'adolescence. Une époque instable partagée entre l'épanouissement et la curiosité de braver l'interdit, la quête de reconnaissance et d'amour (tant au niveau parental qu'amical), la rébellion et le besoin d'aplomb pour ménager la maturité.

La chronique de Breakfast Clubhttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/09/the-breakfast-club.html

B.M 3èx

mercredi 20 juillet 2016

Le Secret de la Pyramide / Young Sherlock Holmes

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site quelfilmregarder.blogspot.com

"Young Sherlock Holmes" de Barry Levinson. 1985. U.S.A. 1h49. Avec Nicholas Rowe, Alan Cox, Sophie Ward, Anthony Higgins, Vivienne Chandler, Susan Fleetwood, Freddie Jones.

Sortie salles France: 26 Mars 1986. U.S: 4 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Barry Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 Avril 1942 à Baltimore. 1982: Diner. 1984: Le Meilleur. 1985: Le secret de la Pyramide. 1987: Les Filous. 1987: Good morning Vietnam. 1988: Rain Man. 1990: Avalon. 1991: Bugsy. 1992: Toys. 1994: Jimmy Hollywood. 1994: Harcèlement. 1996: Sleepers. 1997: Des Hommes d'influence. 1998: Sphère. 1999: Liberty Heights. 2000: An Everlasting Piece. 2001: Bandits. 2004: Envy. 2006: Man of the Year. 2008: Panique à Hollywood. 2009: PoliWood (documentaire). 2012: The Bay. 2014 : The Humbling.
2015: Rock the Kasbah.


"Restez maître de vos émotions où elles vous mèneront à votre perte !"
En 1985, un an après l'énorme succès d'Indiana Jones et le temple maudit, Steven Spielberg et son illustre société de production Amblin Entertainment supervisent une aventure inédite de Sherlock Holmes sous la houlette du réalisateur Barry LevinsonConan Doyle n'ayant jamais adapté d'aventures sur la jeunesse du détective, Chris Columbus, scénariste de Gremlins et des Goonies, en élabore un script afin de divertir un public familial hélas timoré lors de sa sortie commerciale (en France, 791 146 spectateurs se déplacent dans les salles). En prime, même si la critique de l'époque reconnait ses qualités techniques (notamment l'innovation des images de synthèse par le biais du personnage "3D" du chevalier) et narratives (script charpenté truffé d'idées et de rebondissements), sa cotation s'élève à peine à 5,7/10 sur le site web Rotten Tomatoes. Pour autant, en France, Le Secret de la Pyramide va rapidement conquérir le coeur des vidéophiles, principalement lors de son exploitation en Vhs ! Ainsi, quelques décennies plus tard, cette aventure rocambolesque aux allures de luxueuse série B possède toujours ce charme irréfragable qui plus est inscrit dans la modestie. 


Non seulement grâce au savoir-faire et à l'intégrité de Barry Levinson s'efforçant scrupuleusement d'agrémenter un scénario captivant émaillé de bravoures (l'échappée en machine volante, le duel à l'épée, les pugilats au coeur du temple égyptien) et de fulgurances débridées (les délires hallucinogènes que les victimes éprouvent sont matérialisés par des FX à la fois soignés et inventifs !) mais aussi grâce à la cohésion de nos protagonistes juvéniles pétris d'humanisme et d'héroïsme lors de leur apprentissage policier. Qui plus est, avec le charme docile de Sophie Ward endossant un second rôle sentimental, Le Secret de la pyramide se permet en annexe de souligner sobrement une romance poignante parmi Sherlock Holmes si bien que son final Spoil ! pessimiste détonne par son inopinée noirceur fin du Spoil. C'est donc à travers l'investigation sagace d'Holmes, Watson et d'Elisabeth que ce récit d'aventures renchérit son efficacité pour y démasquer un mystérieux criminel (l'énigmatique soutane à la sarbacane !) en compromis avec une secte adoratrice du dieu Osiris ! Et ce, afin d'y venir à bout, à condition de savoir maîtriser ses émotions au profit de la discipline.   


Amblin for ever.
Retraçant avec vibrante émotion le récit initiatique du plus célèbre détective anglais tentant de maîtriser ses émotions par le truchement de l'action, la romance, l'amitié (ses rapports étroits avec Watson) et l'aventure, Le Secret de la Pyramide regorge de générosité, d'émotions candides et de sincérité pour mettre en exergue un spectacle familial au service d'un public érudit. Dans la mesure où son action bondissante JAMAIS gratuite est parfaitement équilibrée d'une structure narrative compacte sous l'impulsion chaleureuse d'ados lucides que le score de Bruce Broughton accompagne avec une sensibilité ténue pour leurs moments les plus intimes. Un bijou que le temps ne parvient pas à scléroser (bien au contraire). 

*Bruno Matéï
10.06.22. 4èx

mardi 19 juillet 2016

FRANCESCA

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site anythinghorror.com 

de Luciano Onetti. 2015. Argentine/Italie. 1h19. Avec Luis Emilio Rodriguez, Gustavo Dalessanro, Raul Gederlini, Silvina Grippaldi, Evangelina Goitia, Juan Bautista Massolo, Florencia Ollé.

Sortie salles Espagne: 9 Octobre 2015

FILMOGRAPHIE:  Luciano Onetti est un réalisateur, scénariste et acteur argentin.
2013: Sonno Profondo. 2015: Francesca


15 ans après la disparition de Francesca, un tueur sévit en agressant sauvagement ses victimes. Deux détectives tentent de résoudre l'énigme. 

Fortement influencé par le genre en vogue à l'aube des seventies, Francesca est à mon sens un mauvais giallo auquel sa durée minimaliste ne plaide pas non plus en sa faveur (comptez 1h09 sans le générique de fin !). Car malgré la bonne volonté et la sincérité du réalisateur de nous offrir un spectacle divertissant dans la noble tradition du genre, Francesca sombre rapidement dans la médiocrité. Faute à un scénario mal ficelé que l'on connait par coeur auquel l'investigation dénuée de suspense et de ressort dramatique fait chavirer le navire vers la trivialité. A l'instar du jeu inexpressif des acteurs au grand dam d'une gestuelle atone, du manque de réalisme des séquences de meurtres, d'une partition pop trop envahissante, voire parfois même irritante (notamment ses mélodies agressives au clavecin), et d'une photo surexposée bien trop contrastée pour se laisser séduire par ses fulgurances picturales. Si toutefois de bonnes idées formelles et narratives font parfois illusion (comme le souligne son splendide générique d'intro saturé d'un score entraînant !), l'aspect franchement scolaire (pour ne pas dire amateur) de la mise en scène dénature toute ambition artistique.


"La peinture, ce n'est pas copier la nature, c'est travailler avec elle !"
Vraiment dommage donc d'avoir tenter aussi maladroitement d'honorer ses ascendants sans brio (ou si peu si je me réfère encore à son prologue), sans originalité et sans audace si bien que le metteur en scène n'avait d'yeux que pour l'ultra référence. Jusque dans la touche rétro de sa rutilante affiche d'exploitation "dessinée à l'ancienne"que les cinéphiles se consoleront finalement à fantasmer !

B.M

STRANGER THINGS

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

Créé par Matt Duffer et Ross Duffer. 2016. 8 épisodes de 48 minutes. Avec Winona Ryder, David Harbour, Matthew Modine, Cara Buono, Finn Wolfhard, Millie Brown.

FILMOGRAPHIE: Les frères Duffer sont des réalisateurs, producteurs et scénaristes américains. 2015: Hidden. 2016: Stranger Things.

                                  Une chronique exclusive de Gilles Rolland.

Note: ★★★★★

Le Pitch :
En 1983, dans une petite bourgade de l’Indiana aux États-Unis, l’inexplicable disparition de Will, un enfant, provoque l’émoi de toute la communauté. Alors que la mère du garçon affirme percevoir des étranges signaux lui indiquant que ce dernier cherche à communiquer, les amis de Will se lancent à sa recherche, tout comme les services de police, dirigés par Hopper, un homme brisé par une tragédie qui ne cesse de l’affecter. Rapidement, les indices convergent vers un mystérieux laboratoire perdu dans les bois. L’arrivée d’Eleven, une jeune fille pas comme les autres sortie de nulle part, ayant peut-être un lien avec toute cette histoire…


La Critique :
Impossible de nier la monumentale influence du cinéma de genre des années 80 sur la production actuelle. Plus particulièrement des films portés par Amblin, la firme créée en 1981, par Steven Spielberg, Frank Marshall et Kathleen Kennedy, qui n’a eu de cesse de redéfinir les contours d’une industrie jusqu’à imposer un nouveau modèle. Que l’on parle de E.T., de Gremlins, des Goonies ou de Retour vers le Futur, Amblin a révolutionné le septième-art populaire en profondeur.
Forcément, les choses ont bien changé sous le soleil d’Hollywood depuis la fin de ce que beaucoup considèrent à juste titre comme un authentique âge d’or, avec l’arrivée de nouveaux moules, amenés à produire des œuvres plus cyniques, parfois sous couvert de démarches opportunistes faussement sincères. Alors que les pères fondateurs, Spielberg et Joe Dante en tête continuent leur route, avec une flamboyance sans cesse renouvelée pour le premier et un peu au petit bonheur la chance pour le second, d’autres tentent de renouer avec cette verve, sans toujours y parvenir. Si on a largement parlé de J.J. Abrams, le réalisateur de Star Wars – Le Réveil de la Force et de Super 8, comme du principal héritier de ce mouvement, plus parce que ce dernier a vraiment cherché cette étiquette que pour de solides raisons, personne n’a vu venir les frères Duffer. Deux frangins remarqués par les initiés avec notamment leur film Hidden, qui ont déboulé sans crier gare avec Stranger Things, une série parfaitement connectée avec l’esprit Amblin et plus largement avec tout un pan de la contre-culture pop. De celle dont on se souvient avec une mélancolie sincère…

Stranger Things s’est annoncé à grand renfort d’affirmations hyper prometteuses du genre « Winona Ryder dans une série hommage au cinéma de Spielberg ». Le style qu’on voit tous les quatre matins mais qui débouche souvent sur d’amères déceptions. Pour autant, là, on avait envie d’y croire. Et en effet, nous avons eu raison, car Stranger Things est une pépite. De celles que l’on ne trouve que très rarement et qui, sans forcer, remettent les pendules à l’heure.


Dans la forme, cette anthologie, avec un début, un milieu et une fin (ouverte sur une potentielle saison 2), adopte beaucoup des codes mis en place dans les années 80. La photographie est superbe, vintage à souhait, mais ne se contente pas pour autant de tabler sur des automatismes. L’immersion est totale. On s’y croirait vraiment. Les ambiances sont prégnantes et certaines séquences brillent par leur beauté crépusculaire. Les Duffer ont soigné leur production design et leur mise en scène. Épaulés par Shawn Levy, qui ne nous avait pas vraiment habitué à tant de pertinence, ils construisent un univers plus vaste qu’il n’y paraît mais parviennent avant tout à donner du corps à cette communauté, comme au bon vieux temps où E.T. visitait notre planète. Les clins d’œil « visuels » sont nombreux. Certaines scènes font directement référence à des classiques, on voit des posters ici ou là (The Thing, Evil Dead, Les Dents de la Mer…), et il est très agréable de se laisser aspirer par un monde qui ressemble à ce que le notre fut jadis. Tout du moins celui qui nous faisait rêver quand, enfant, nous regardions ces films qui ont construit une large partie de notre imaginaire. La cave où les enfants jouent à Donjons et Dragons, la cabane dans les bois, l’école, un laboratoire secret… à eux seuls, les lieux clés de l’intrigue appellent des sensations et des sentiments multiples et identifiables pour quiconque ayant connu cette époque. Pour les autres, les plus jeunes, finalement, c’est un peu la même chose tant Stranger Things évoque une certaine universalité avec laquelle il semble difficile de ne pas avoir d’affinités. À la manière de Spielberg, mais aussi de Stephen King, largement cité lui aussi, le show prend pied dans une réalité reconnaissable, avant d’en modifier les contours pour la distordre selon sa volonté, au grès d’une histoire de monstres, de copains, de parents et de méchants agents mandatés par un gouvernement en pleine Guerre Froide.
Alors oui, il convient vraiment d’évoquer Stephen King, tant Stranger Thing lorgne du côté de son œuvre, là encore, sans s’y reposer totalement. En fait, le scénario rappelle principalement Charlie et Carrie, mais dans le bon sens. On pense aussi à Ça et bien sûr à Stand By Me. Que du bon. Les Duffer utilise leur goût et l’influence qu’ont eu Spielberg, King, ou bien John Carpenter, comme tremplin et non comme prétexte. Il serait dommage de limiter Stranger Things à ses références car la série vaut bien plus que cela.


La façon dont elle s’amuse avec ses modèles va d’ailleurs ce sens. Les Duffer sont même allés jusqu’à chercher une icône de l’époque, en la personne de Winona Ryder, pour lui confier un rôle difficile, emblématique, mais par forcément central, même si elle véhicule une émotion puissante. Matthew Modine, une autre star des 80’s, est aussi dans la place, aux côtés d’une jeune génération d’acteurs parfaitement raccords avec les intentions globales. Winona Ryder et Matthew Modine sont en quelque sorte des cautions. Les représentants d’un passé qui refait surface sous l’impulsion de la nouvelle garde. Les Duffer et leurs jeunes acteurs se réappropriant ces références dans ce qui s’apparente à la fois à un vibrant hommage, mais aussi à un désir de continuer ce que d’autres ont commencé. L’histoire se prolonge et nous d’en prendre plein les yeux.
Même la musique a été pensée pour nous emporter loin, dans cette petite bourgade en proie à des phénomènes surnaturels. Une excellente partition signée par le duo Kyle Dixon, Michael Stein, très électro, dans le bon sens, alignée sur les scores de John Carpenter, et agrémentée de tubes rock issus de cette glorieuse décennie prise en étau entre le souffle punk et l’envol de la FM et des nappes de synthé. Pertinente, enveloppante, la musique est partout, omniprésente, et accompagne les personnages dans leurs aventures, de la plus belle des manières. Tout spécialement quand elle se fait le vecteur d’une poésie sombre qui se manifeste elle aussi au grès d’accents plus ou moins affirmés, mais jamais vains.


Il y a bien un monstre dans Stranger Things. Un créature effrayante sortie d’un enfer qui en dit long sur notre époque (on n’en dira pas plus), qui est pourtant loin de compter autant que les personnages. Car si la série est aussi réussie, c’est justement car elle ne perd jamais de vu ses personnages. Ils ne souffrent pas du contexte surnaturel ou d’une surabondance d’effets-spéciaux. Les frères Duffer ont esquivé tous les pièges que beaucoup se sont pris en pleine poire. Stranger Things est un drame avant d’être un trip horrifique ou purement fantastique. Là encore, à l’instar des plus grands, les réalisateurs/scénaristes ont imaginé une histoire solide où les thématiques trouvent un écho dans le fantastique. Ils nous livrent l’un des plus beaux récits d’amitié vus depuis des lustres. Les Duffer ont parfaitement saisi tout ce qui caractérise les relations que peuvent avoir des amis avant l’adolescence. Sans en faire des caisses, dans une démarche sincère et habitée, proche du modèle du genre, à savoir Stand By Me. Pareil quand ils parlent de la maternité ou du deuil. Stranger Things est une grande série sur l’espoir que peuvent porter les enfants, devant des parents soit dépassés soit plus démissionnaires. En prenant pied au début des années 80, le show en profite pour parler de la société américaine, mais aussi du monde dans son ensemble. Il nous cause de la peur de l’autre, qui parfois est différent, et de cette innocence que le cynisme et le monde des adultes cherche à tout prix à détruire.


On a souvent reproché à J.J. Abrams d’avoir fait de Super 8, son hommage à Spielberg et à Amblin, une sorte de gros truc opportuniste. On est d’accord ou pas mais il n’y a aucune chance que l’on affirme la même chose à propos des frères Duffer. Ces derniers ont tout compris, jusque dans les moindres détails et si chaque épisode de leur série regorge en effet de références appuyées, elles sont finalement surtout là pour permettre au spectateur de s’identifier à l’univers mis en place ainsi qu’aux personnages, mais jamais une fin en soi. Pour les fans, elles sont de bons gros bonus bien savoureux mais pour les néophytes, elles ne seront jamais une entrave à la bonne compréhension ou à l’appréhension de l’ensemble.
Stranger Things fait passer par une multitude d’émotions différentes. Très vite, dès les premières minutes, on se prend à vibrer avec Mike et ses amis. On a parfois peur, on rit souvent et les larmes ne sont jamais bien loin. La chair de poule elle, est omniprésente. Au fil des épisodes, tandis que le dénouement approche, Stranger Things dévoile ses cartes. Son écriture, pleine de sensibilité et d’empathie, démontre d’une compréhension rare des codes et d’un respect indéniable. De Winona Ryder aux gamins, en passant par l’intense David Harbour (vu dans The Newsroom) et la jeune Millie Bobby Brown, la distribution est de plus assez incroyable. Les acteurs ont tous été castés avec une attention manifeste et ça se voit. À fond, ils livrent des interprétations sans faille et contribuent à nous coller des étoiles dans les yeux, grâce à leur talent et à leur dévouement permanent (mention aux 3 gamins).
Sublime, passionnante, surprenante, ce show unique a tout pour plaire au plus grand nombre, mais ne sacrifie jamais son intégrité. Dans le jargon, on appelle ça un miracle de cinéma. Comment ça c’est une série TV ?

@ Gilles Rolland

lundi 18 juillet 2016

THE STRANGERS

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Na Hong-jin. 2016. Corée du Sud. 2h36. Avec Kwak Do-won, Hwang Jeong-min, Cheon Woo-hee, Kim Hwan-hee, Jun Kunimura.

Sortie salles France: 6 Juillet 2016. Corée du Sud: 12 Mai 2016

FILMOGRAPHIE: Na Hong-jin est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né en 1974.2008 : The Chaser. 2010 : The Murderer. 2016: The Strangers


Révélé par le chef-d'oeuvre The Chaser et le non moins excellent The MurdererNa Hong-jin nous revient avec The Strangers, un projet autrement singulier si bien que ce thriller prioritairement horrifique baigne dans un surnaturel chargé de mysticisme. Dans un petit village coréen, l'inspecteur Jong-goo est chargé d'élucider une vague de crimes inexpliqués. Au moment de suspecter un japonais vivant reclus dans les montagnes, sa fille est en proie à des crises d'hystérie incontrôlées. Il décide d'invoquer l'aide d'un shaman. 


D'une durée excessive de 2h36, The Strangers aborde le thème de la possession sataniste avec la dextérité d'une mise en scène prenant son temps à développer son sujet et la trajectoire indécise des personnages. Alternant enquête policière et magie noire face au témoignage d'un flic et d'un éminent chaman, Na Hong-jin tend à nous alerter sur la nature insidieuse du Mal et l'incapacité pour l'homme d'en démasquer son identité. Ne cessant de brouiller les pistes quant aux suspects délétères experts en art du subterfuge, The Stranger insuffle un climat d'inquiétude aussi inconfortable que malsain. Tant au niveau de la scénographie des victimes sauvagement mutilées, des séances d'exorcisme pratiquées dans une tradition séculaire que des exactions meurtrières d'un zombie dégingandé ou de la posture placide d'un japonais mutique. La nature environnante, pluvieuse et feutrée, renforçant également son cadre anxiogène. Face à cette dérive criminelle en chute libre, un flic tente d'en débusquer le coupable et d'y déceler le vrai du faux lorsque le surnaturel est objet de craintes et de doutes. Sa propre fille en subira d'ailleurs un préjudice inéquitable jusqu'à la conclusion aussi équivoque que glaçante. Sans volonté d'expliquer les tenants et aboutissants des personnages les plus énigmatiques (la femme en blanc, le japonais, le shaman), Na Hong-jin nous embourbe dans une vénéneuse et éprouvante descente aux enfers depuis l'impuissance du héros à déjouer les forces du Mal.


"Le mal caché est le plus grave"
Inquiétant et déroutant et parvenant avec brio à renouveler les codes du film de possession parmi la charpente d'un scénario volontairement tortueux et abscons, The Strangers pourrait même décupler sa vigueur émotionnelle et dramatique après un second visionnage. Fort d'une intensité en crescendo et d'une caractérisation fébrile des personnages (se laissant beaucoup trop influencés par leurs émotions !), cette épreuve humaine extériorise un sentiment d'impuissance poignant face à la déloyauté du Mal. 

B.M


lundi 11 juillet 2016

Les Seigneurs de la Route / La Course à la mort de l'An 2000 / Death Race 2000. Licorne d'Or au Rex de Paris, 1975.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Paul Bartel. 1975. U.S.A.1h19. Avec David Carradine, Sylvester Stallone, Simone Griffeth, Mary Woronov, Roberta Collins, Martin Kove.

Sortie salles France: 16 Juin 1976. U.S: 27 Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema. 1969: Naughty Nurse. 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.


B movie culte produit par Roger Corman, Les Seigneurs de la Route gagna également sa notoriété grâce à son exploitation en VHS à l'orée des années 80. Prenant pour thème les dérives (avant-gardistes) de la télé-réalité à travers un jeu sportif extrêmement violent, l'intrigue suit l'itinéraire routier de pilotes de course avides de remporter la victoire en assassinant sur leur chemin le plus de piétons possibles. Une femme équivalent à 20 points, un adolescent: 40 points, les enfants de 12 ans et -: 70 points et enfin les personne âgés de plus de 75 ans: 100 points. Frankenstein (David Carradine) et Mitraillette Kelly (Sylvester Stallone) se disputant fébrilement le match avec un cabotinage décomplexé ! Ainsi, ce concept aussi délirant qu'improbable, Paul Bartel l'illustre avec un humour sardonique souvent jouissif à travers ses gags à répétitions et sa violence gore qui en émane. Tous les personnages vils et mesquins surjouant sans retenue pour mieux dénoncer l'absurdité d'une société despotique dénuée de culture et d'humanité, alors que les médias se prêtent cyniquement à cette mascarade dans l'immoralité la plus totale (suffit de voir le rictus du présentateur se réjouissant de la mort de chaque piéton sacrifié !).


Avec ces voitures futuristes customisées tout droits sorties de la série animée Les Fous du volants et la défroque risible de super-héros à la p'tite semaine, les Seigneurs de la Route cultive un esprit BD bisseux dans une facture ultra kitch. A l'instar des décors de fond grossièrement façonnés en matte painting derrière les tribunes des spectateurs ! Or, si le récit répétitif se résume à une inlassable course entre pilotes décervelés (on a d'ailleurs l'impression qu'ils ont subi une lobotomie pour accepter pareille déontologie !), Paul Bartel parvient à soutenir le rythme de par son lot fertile de poursuites et règlements de compte, notamment avec l'appui militant de l'armée de la résistance (française ! ?) semant des pièges autour de cette course transcontinentale. Quant au personnage imbu de Frankenstein, David Carradine se prête satiriquement au jeu avec une certaine ambivalence de par son attitude aussi couarde qu'héroïque, alors que Stalonne lui dispute jalousement la vedette dans sa fonction risible de "gangster" machiste opportuniste.


Divertissement fauché aussi débridé que décalé pour sa représentation cartoonesque d'une dictature présidentielle régissant les nouveaux jeux du cirque (le merchandising du jeu-video s'en inspirera d'ailleurs par la suite), les Seigneurs de la Route fait office de sympathique curiosité avec l'appui d'anthologiques lynchages routiers lors de sa 1ère partie furibarde. 

*Bruno
13.09.23. 6èx

Récompense: Licorne d'Or au Festival du cinéma fantastique de Paris, 1975.

vendredi 8 juillet 2016

TREMORS

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Ron Underwood. 1990. U.S.A. 1h36. Avec Kevin Bacon, Fred Ward, Finn Carter, Michael Gross,
Reba McEntire, Robert Jayne.

Sortie salles France: 23 Mai 1990. U.S: 19 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Ron Underwood est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 6 novembre à Glendale, Californie (États-Unis).
1986 : The Mouse and the Motorcycle (TV). 1988 : Runaway Ralph (TV). 1990 : Tremors. 1991 : La Vie, l'Amour, les Vaches. 1993 : Drôles de fantômes. 1994 : Chérie vote pour moi. 1998 : Mon ami Joe. 2002 : Pluto Nash. 2003 : Stealing Sinatra. 2003 : Monk Saison 2 Épisode 2 : Monk part à Mexico. 2004 : Back When We Were Grownups (TV). 2005 : In the Mix. 2006 : La Fille du Père Noël (TV). 2007 : Un fiancé pour Noël (TV). 2011 : Trois jours avant Noël.


Succès commercial timoré lors de sa sortie en salles (en France, il enregistre 211 585 entrées), Tremors s'est taillé au fil des ans grâce à son exploitation video une réputation de film culte pour son concept humoristique d'une menace reptilienne. Par leur taille disproportionnée et leur appétit vorace, on peut d'ailleurs y déceler une certaine comparaison parodique aux fameuses Dents de la Mer de Spielberg si bien qu'ici l'animal carnassier se déplace sous terre à une vitesse aussi furtive que le requin ! Dans un petit village du Nevada, deux cowboys de longue date vont s'allier avec une poignée de citadins, une sismologue et un duo d'expert en armes pour déjouer l'hostilité de vers géants tapis sous terre. Contraints de se réfugier au dessus des toits domestiques puis sur les roches du désert, ils vont user de trouvailles et constance pour s'extirper des mâchoires de la terre. Série B horrifique jumelant les codes du western, de la comédie et du film catastrophe, Tremors constitue un modèle d'efficacité dans son quota d'action ininterrompue menée à 100 à l'heure au coeur d'un cadre naturel judicieusement exploité (le réalisateur ne cessant de varier les lieux de refuge que nos héros jonglent pour mieux feindre l'ennemi).


A partir d'une trame simpliste prétexte à moult péripéties ultra spectaculaires (mais toujours au service narratif !), Ron Underwood déborde d'inventivité et de générosité à relancer l'action parmi l'intrusion de nouveaux personnages (le couple paramilitaire vaut son pesant de cacahuètes !) et les stratégies de défense et d'attaque que nos survivants négocient dans un ressort héroïque ! Epaulé d'effets spéciaux artisanaux entièrement conçus à l'ancienne, Tremors suscite la fascination en la présence tentaculaire de serpents de terre aussi véloces que chafouins ! De par leur réalisme convaincant et l'habileté du découpage, les séquences d'attaques effrénées se succèdent d'autant mieux à un rythme métronomique ! L'action omniprésente décuplant notamment son caractère trépidant sous l'impulsion expansive de protagonistes s'en donnant à coeur joie dans la plaisanterie et la cohésion héroïque. Que ce soit nos illustres têtes d'affiche que forment Kevin Bacon et Fred Ward, les seconds-rôles tous aussi avenants leur disputent fougueusement la vedette avec l'appui de Finn Carter, figure féminine d'un charme naturel tout en simplicité. Parmi cette dynamique de groupe, on discerne bien à travers l'écran la joie des comédiens se prêtant insatiablement au jeu du "cours après moi que je t'attrape !".


Spectacle familial (si j'ose dire !) de survival horrifique déployant une générosité sans égale dans son panel de bravoures extravagantes, Tremors est une merveille de série B de samedi soir. Déclaration immodérée pour l'amour des monstres et la bonhomie des comédiens dans une diversité harmonieuse des genres. A redécouvrir d'urgence car pas une seule ride du haut de ses 26 ans !

B.M. 3èx

jeudi 7 juillet 2016

DEMOLITION

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebel.be

de Jean-Marc Vallée. 2015. U.S.A. 1h42. Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis, C. J. Wilson, Polly Draper.

Sortie salles France: 6 Avril 2016. U.S: 8 Avril 2016

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec. 1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2015: Demolition.


Drame psychologique d'une pudeur étonnante pour son traitement conféré à la difficulté d'assumer un deuil conjugal, Demolition bouscule les conventions avec une étonnante originalité. Jean-Marc Vallée façonnant une mise en scène épurée allant droit à l'essentiel pour entraîner le spectateur dans une dérive existentielle à la trajectoire indécise. Par son cheminement narratif impromptu bourré de situations erratiques, Demolition désarçonne le spectateur face à la quête identitaire d'un financier hanté par le remord et la soif de vérité. Celle de connaître ses véritables sentiments pour sa défunte épouse depuis que celle-ci succomba lors d'un accident de voiture. Dans sa dérive morale alternant fragilité, austérité et exubérance, Davis Mitchell multiplie les épreuves d'expiation afin de se soulager du poids de sa culpabilité et pour tenter de lever le voile sur sa nature amoureuse.


Parmi la sobriété d'une émotion poignante, Jean-Marc Vallée nous interroge sur la complexité de l'amour et l'essentialité de la cultiver au quotidien avec le témoignage d'une autre épouse (aussi lunatique que Davis) et de sa fille rebelle en crise sexuelle. Autour de ses trois quêtes identitaires (en comptant donc celle de Davis !), le réalisateur aborde la difficulté de s'accepter et d'assumer ses faiblesses, ses erreurs, tant au niveau de la responsabilité parentale, de l'infidélité et de la maturité. Par ces thèmes actuels émanant d'un malaise sociétal, Demolition injecte une dose d'ironie acide pour détourner les clichés, notamment afin d'y extraire un vent de liberté et une soif de vivre sous l'impulsion colérique de Davis et Chris. Déroutant, insolite et baroque, le récit tentaculaire imparti aux trois protagonistes ne pourra faire l'unanimité auprès du grand public quand bien même l'oeuvre aussi singulière que fragile est également transcendée par le jeu décomplexé de comédiens exprimant une humanité toute en discrétion. Au delà des prestances charismatiques du duo Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Demolition est largement favorisé par la présence de Judah Lewis (sa troisième apparition à l'écran !). Epoustouflant de naturel et d'autonomie dans sa condition rebelle, l'acteur juvénile parvient presque à voler la vedette à ses pairs tant il retranscrit avec subtilité une personnalité névrosée aussi attachante que dégourdie !  


Résurrection
Requiem de la solitude lorsque l'amour ne parvient pas à réconcilier les âmes perdus, récit initiatique auprès de son identité propre et de l'estime de soi sous le mobile d'une fidélité amicale (principalement la relation paternelle entre Davis et Chris), Demolition désarçonne pour mieux surprendre sous l'impulsion d'une violence libératrice allouée à la reconstruction. Superbe. 

Dédicace à Pascal Frezzato
B.M

mercredi 6 juillet 2016

VENDREDI 13 (2009). Killer cut.

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Friday the 13 th" de Marcus Nispel. 2009. U.S.A. 1h46 (Uncut Version). Avec Jared Padalecki, Danielle Panabaker, Amanda Righetti, Travis Van Winkle, Derek Mears, Aaron Yoo, Julianna Guill, Arlen Escarpeta, Willa Ford.

Sortie salles France: 11 Février 2009. U.S: 13 Février 2009

FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


Après avoir dépoussiéré Massacre à la Tronçonneuse avec son excellent remake entrepris en 2003, Marcus Nispel s'attaque à la saga Vendredi 13 pour une nouvelle relecture aussi avisée que palpitante. Reprenant le canevas traditionnel de jeunes vacanciers partis en week-end au camp Crystal Lake, Vendredi 13 apporte toutefois une touche d'originalité en la présence d'une disparue (entrevue dans le prélude) que son frère va s'efforcer de retrouver en côtoyant nos pèlerins. Ca démarre fort avec un prologue cinglant lorsqu'une poignée d'ados réunis autour d'un feu vont se faire étriper par Jason durant une chaude nuit estivale (couple en coït à l'appui !). Étonnamment, on se surprend de la qualité de la mise en scène s'efforçant de distiller un climat anxiogène toujours plus oppressant quant à la vigilance des vacanciers et avant que la terreur ne s'abatte sur leurs épaules sous la dictature erratique de Jason.


Confrontant en parallèle deux mises à mort aussi inventives que cruelles, Marcus Nispel décuple l'intensité des affrontements physiques avec l'appui d'une ultra-violence graphique. Outre les poursuites nocturnes effrénées impactées par une bande-son punchy, Vendredi 13 nouvelle mouture cultive la terreur en la présence iconique de Jason Voorhees plus agressif et véloce que jamais ! Charismatique en diable, ce dernier impose une stature saillante et belliqueuse beaucoup plus réaliste que n'importe quel opus initié par Sean S. Cunningham. Si la suite des vicissitudes de nos ados emprunte le schéma usuel de la saga (un meurtre sauvage toutes les 10 minutes entre 2 scènes de cul et une partie de défonce), la distribution convaincante permet un peu d'étoffer les moments d'angoisse et de stress avant les fameuses exactions primitives. En prime, en alternant avec la claustration d'une disparue secrètement isolée dans une tanière, Marcus Nispel insuffle un petit suspense autour de sa condition recluse si bien que les étudiants de Crystal Lake seraient-ils aptes à la débusquer pour la sauver ? Quant au final haletant se focalisant sur la survie de trois rescapés (une redite habilement contournée, notamment parmi leur cohésion héroïque !), Marcus Nispel renoue avec le même climat d'affolement entrevu en préambule lors d'une succession de poursuites (souterraines et externes) fertiles en rebondissements. On est également ravi de retrouver en ultime épilogue un clin d'oeil cher à la saga, un "jump-scare" redoutablement incisif afin d'émuler dignement la conclusion inoubliable du premier volet.


Hormis le côté rebattu des situations de siège à mi-parcours du récit, Vendredi 13 fait preuve de savoir-faire et d'esthétisme saturé (photo rutilante à l'appui !) pour honorer la saga avec l'appui de comédiens juvéniles plus spontanés que de coutume. Pour parachever, l'aspect cru des meurtres gores (version Killer cut en sus !) et son climat parfois malsain rehaussent l'aspect prosaïque d'une franchise surfaite (on est en effet ici plus proche d'un Carnage de Tony Maylam que du modèle surestimé de Cunningham). 

B.M. 2èx

lundi 4 juillet 2016

GREEN ROOM

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site delibere.fr

de Jeremy Saulnier. 2015. U.S.A. 1h35. Avec Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart, Alia Shawkat, Callum Turner, Joe Cole, Macon Blair.

Sortie salles France: 27 Avril 2016. U.S: 1er Avril 2016

FILMOGRAPHIEJeremy Saulnier est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain. 2007 : Murder Party. 2013 : Blue Ruin. 2015 : Green Room



Révélé par l'excellent Blue Ruin, Jeremy Saulnier nous revient 2 ans plus tard avec Green Room, un survival primitif d'une violence à couper au rasoir ! Après leur concert, un groupe de punks se retrouvent piégés à l'intérieur d'une chambre après avoir témoignés d'un meurtre. Refusant d'alerter la police, les responsables de la boite décident d'éliminer tous témoins gênants. Une course pour la survie s'engage entre victimes et assaillants. Thriller à suspense conçu sur l'efficacité d'affrontements bellicistes qu'un groupe de jeunes musiciens doit opérer en guise de survie, Green Room renoue avec le survival brut de décoffrage par son réalisme tranché. D'une ultra violence aussi barbare que sauvage, le récit multiplie les situations d'auto-défense et les exactions meurtrières sous le pilier d'une intensité dramatique en crescendo. Les victimes molestées et prises pour cibles tentant désespérément de s'extirper de leur tanière avec une bravoure suicidaire !


Fort d'un climat ombrageux déroutant et d'une tension permanente, Green Room insuffle un climat d'insécurité omniprésent au sein d'une scénographie opaque. Le réalisateur exploitant habilement les sombres corridors de l'établissement que nos héros arpentent avec une vigilance apeurée. En dépit de la facilité de certaines situations éculées faisant parfois preuve d'incohérences (l'un des héros faisant croire à son agresseur qu'il fait parti de son équipe !), Green Room parvient à susciter une tension alerte au fil d'un cheminement de survie précaire où la moralité n'a plus lieu d'être. Les victimes adoptant contre leur gré un comportement meurtrier toujours plus hargneux si bien que le réalisateur redouble de cruauté à les confronter au trépas de manière souvent impromptue et avec l'hostilité de chiens cerbères (l'agressivité primitive des pit-bulls). Insufflant une sobre empathie pour leur esprit de cohésion et leur ascension héroïque, les comédiens juvéniles témoignent d'expressivité viscérale pour faire naître l'émotion.


Si on peut regretter le classicisme de son intrigue conçue sur l'itérativité des affrontements meurtriers, Green Room redore le sens du survival primal en exploitant assez efficacement une ultra-violence en roue libre. Par le biais de cette épreuve de force déshumanisée émane également le caractère déroutant d'un climat baroque au confins du genre horrifique. 


jeudi 30 juin 2016

GINGER SNAPS. Prix Spécial du Jury, Toronto 2000.

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de John Fawcett. 2000. U.S.A. 1h48. Avec Emily Perkins, Katharine Isabelle, Kris Lemche, Mimi Rogers, Jesse Moss, Danielle Hampton

Sortie salles Canada: 11 Mai 2001. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: John Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Inédit en salles en France et directement sorti en Dvd en catiminie, Ginger Snaps aborde le thème de la lycanthropie avec une rare intelligence pour son traitement des personnages. Celui de deux soeurs inséparables partagées entre un goût pour le morbide (elles se mettent en scène pour exprimer diverses tentatives de suicide) et un désir de séduction au prémices de leur puberté. Sauvagement agressée en pleine nuit par un loup-garou à proximité d'un parc, Ginger change peu à peu de comportement face à l'impuissance de sa soeur cadette. Communément soudées par les liens de la fratrie, Brigitte tente de trouver une solution pour enrayer le mal qui ronge Ginger. Si sur le papier, le scénario sans surprises laisse craindre une resucée convenue du film de loup-garou, John Fawcett en décortique une métaphore sur la crise adolescente et le passage à l'âge adulte d'un point de vue féminin. Un parti-pris rarement abordé chez la thématique lycanthrope permettant au récit de renouveler les clichés même si on peut prêter une certaine allusion au personnage infortuné de Carrie de De Palma (notamment lorsque Ginger observe pour la première fois ses menstruations depuis sa transformation corporelle).


Avec tact et une sobre tendresse pour dresser les portraits fragiles de deux ados rebelles, Ginger Snaps adopte une tournure documentée afin de mettre en exergue une tragédie horrifique bâtie sur l'étude de caractère. En portant un regard scrupuleux sur le malaise adolescent et l'angoisse de la mort du point de vue de deux soeurs marginales, cette série B aux allures de télé-film témoigne d'une surprenante vigueur psychologique pour la descente aux enfers d'ados en crise identitaire. Tant pour la victime en proie à des pulsions sanguinaires et sexuelles incontrôlées que du témoignage de sa soeur complice, bouleversée à l'idée d'endurer sa lente mutation et s'efforçant de trouver un antidote. Formidablement incarné par deux actrices juvéniles épatantes de tempérament dans leur complicité affectée et véreuse (notamment leur collaboration meurtrière), Emily Perkins et Katharine Isabelle portent le film à bout de bras avec un naturel expansif. Outre le réalisme du contexte horrifique aussi improbable, on est également surpris de la véracité des crimes perpétrés avec brutalité par une créature indomptable ! Les effets spéciaux artisanaux s'avérant par ailleurs convaincants pour donner chair au loup-garou quand bien même les effets gores insistent à décrire l'agonie haletante des victimes sans un chouia de complaisance.


Délibéré à transcender l'objet de série B sous couvert d'une passionnante étude de caractères, John Fawcett en extrait un documentaire sur l'émoi adolescent sous l'impulsion de deux comédiennes en roue libre. On peut donc aujourd'hui considérer sans réserve Ginger Snaps comme un classique moderne à conserver auprès de La Nuit du Loup-garou, Hurlements et le Loup-garou de Londres

BM. 3èx

Récompenses: Prix spécial du jury, lors du Festival international du film de Toronto en 2000.
Prix du meilleur film, meilleure actrice pour Emily Perkins et meilleurs effets spéciaux, lors de la Semaine du cinéma fantastique de Málaga en 2001.
Prix du meilleur film sorti en DVD, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 2002.
Prix du meilleur film, lors des International Horror Guild Awards en 2002.


mardi 28 juin 2016

SALUT L'AMI ADIEU LE TRESOR


                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Chi trova un amico, trova un tesoro" de Sergio Corbucci. 1981. Italie. 1h44. Avec Bud Spencer, Terence Hill, Sal Borgese, John Fujoka, Luise Bennett, Terry Moni Papuana.

Sortie salles France: 16 Décembre 1981. Italie: Décembre 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Corbucci est un réalisateur et scénariste italien, né le 6 Décembre 1927 à Rome, décédé le 1er Décembre 1990.
1962: Romulus et Remus. 1963: Danse Macabre (co-réalisé avec Antonio Margheriti). 1966: L'Homme qui rit. 1966: Django. 1966: Ringo au pistolet d'or. 1966: Navaja Joe. 1968: Le Grand Silence. 1969: Le Spécialiste. 1970: Companeros. 1972: Mais qu'est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? 1978: Pair et Impair. 1980: Un Drôle de flic. 1981: Salut l'ami, adieu le trésor. 1989: Night Club.


Gros succès en salles à sa sortie, Salut l'ami adieu le trésor est aujourd'hui l'occasion pour moi de rendre hommage à la disparition de Bud Spencer avec un brin de nostalgie depuis que j'ai eu l'opportunité de découvrir le film dans une salle de ciné. Accompagné de mon père un samedi après-midi à l'Apollo Lens, c'est un souvenir d'ado mémorable que je garde en mémoire quand bien même aujourd'hui je le redécouvre pour la 3è fois avec un enthousiasme ému. Tant pour la perte de l'acteur de seconde zone aussi modeste qu'introverti que pour la disparition d'un genre de comédie épique dont les italiens s'étaient faits une spécialité. Car il faut l'avouer, les films du duo Bud Spencer / Terence Hill ne brillaient pas par leur subtilité pour provoquer le rire mais fonctionnaient plutôt sur leur simplicité narrative et surtout sur la bonhomie de nos "gros durs" avec une tendresse et une sincérité qu'on ne retrouve plus (ou rarement) aujourd'hui.

                                       

A la recherche d'un trésor dans une île du pacifique, Alan (Terence Hill) s'invite en passager clandestin sur le bateau de Charlie O'Brien (Bud Spencer). Après leurs récurrentes mésententes qui leur valu d'abandonner le navire, nos deux touristes sont contraints de rejoindre à la nage l'île autrefois résidée par l'armée japonaise de l'après-guerre. Au moment d'amorcer leur chasse aux trésors, ils sont accueillis par les natifs indigènes alors que des pirates et gangsters vont rapidement s'interposer pour la quête du magot. Parmi l'insolence de quiproquos, gags et rebondissements improbables, Salut l'ami, adieu le trésor compte beaucoup sur l'extravagance puérile des personnages secondaires et sur l'inimitié amicale du duo héroïque pour susciter la réjouissance. Terence Hill invoquant un personnage espiègle et chafouin afin de titiller les nerfs de son partenaire autonome ! Fort d'un rythme nerveux ne cédant jamais à l'ennui, l'intrigue alterne les rivalités avec des antagonistes forts en gueule afin que nos héros inflige mandales et grosses baffes avec une inventivité insatiable. Dépaysant par son climat tropical solaire et entêtant sous l'impulsion ringarde d'une partition antillaise, Salut l'ami, adieu le trésor dégage un charme aussi folingue que surréaliste sous l'autorité intègre de Sergio Corbucci (cinéaste notoire affichant à son curriculum les signatures de Django et du Grand Silence !).


Spectacle familial débordant de fantaisie sous le ressort d'une naïveté bon enfant, Salut l'ami, adieu le trésor constitue une perle Bis de la comédie italienne que le duo légendaire Bud Spencer / Terence Hill est parvenu à immortaliser dans leur concours de baffes décoiffantes !

A Bud Spencer (31.10.29 / 27.06.16)

lundi 27 juin 2016

Frogs

  
                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George Mc Cowan. 1972. U.S.A. 1h32. Avec Ray Milland, Sam Elliott, Joan Van Ark, Adam Roarke, Judy Pace, Lynn Borden, Mar Mercer, David Gilliam.

Sortie salles France: 2 Octobre 1974. U.S: 10 Mars 1972

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: George Mc Cowan est un réalisateur canadien né le 27 Juin 1927, décédé le 1er Novembre 1995. 1971: Face-Off. 1972: Frogs. 1972: La Chevauchée des 7 mercenaires. 1974: The Inbreaker. 1974: To kill the King. 1976: Shadow of the Hawk. 1979: Alerte dans le cosmos. 1990: Sanity clause (télé-film).


Série B horrifique réalisée par un artisan de séries TV (l'île Fantastique, Drôle de dames, Shannon, l'Homme à l'orchidée, Starsky et Hutch, Cannon, les Envahisseurs, etc...), Frogs emprunte la thématique des animaux meurtriers sous couvert de manifeste anti-pollution (les pesticides employées ici à outrance par un propriétaire cossu). D'une simplicité narrative, de riches résidents d'une bâtisse insulaire se voient agressés par des animaux à proximité de leurs étangs et de la forêt. Quand bien même un journaliste écolo tente de leur prêter main forte malgré l'intransigeance du patriarche à ne pas céder à l'affolement. Avec son affiche cartoonesque aussi grotesque que pittoresque, Frogs cultive l'esprit Bis d'un nanar ricain assez fallacieux. Dans la mesure où malgré leur omniprésence à l'écran (croassement rébarbatif à l'appui !), ni grenouilles ni crapauds éprouvent une pulsion meurtrière si on excepte l'ultime séquence lorsqu'ils se réunissent en masse pour provoquer une attaque cardiaque chez le propriétaire. Outre cet écart de conduite, nos batraciens occupent leur temps à observer inlassablement les exactions meurtrières de leurs congénères. 


A savoir, serpents, lézards, crocodiles et volatiles communément complices pour se venger de la morale irrévérencieuse de l'homme. Si l'intrigue sans surprises tourne à vide et que la direction d'acteurs est inégale de par l'aspect attachant des personnages parfois crétins dans leur maigre effort à repousser la menace, les séquences chocs qui empiètent le récit font preuve d'une certaine vigueur dans leur mise à mort à la fois viscérale et malsaine. Non pas que le cinéaste ne cède aux effusions de sang mais qu'il insiste à décrire de manière documentée l'agonie cruelle des victimes lorsqu'elles sont sauvagement prises à parti avec les reptiles. Et à ce niveau on ressent bien la patine  insalubre d'une oeuvre plutôt réaliste (tous les animaux, omniprésents et repoussants, sont authentiques !) symptomatique de l'époque des Seventies. En prime, le cadre insécure de l'environnement naturel dans lequel évoluent les animaux insuffle un climat hostile assez envoûtant (bruitages dissonants à l'appui fonctionnant à merveille). Si 1 ou 2 attaques chocs sombrent un peu dans le ridicule, faute du comportement incohérent ou ridicule des protagonistes (une des victimes s'efforçant maladroitement de se défendre contre un alligator au sein d'un étang, une autre se vautrant bêtement dans une fumée toxique au lieu de s'en écarter !), les animaux charismatiques, car bien communément réels, provoquent terreur et répulsion viscérale prégnantes !


Day of the Animals
Série B mineure à la réalisation stérile et à la distribution timorée bien qu'attachante (Ray Milland  cabotine aimablement dans sa prestance patriarcale) mais néanmoins rehaussée d'un climat anxiogène constamment inquiétant, Frogs constitue un fort sympathique divertissement pour les amateurs de relique bisseuse à l'aura génialement licencieuse (marque de fabrique des Seventies pour le genre).  

*Bruno
24.01.23. 5èx
27.06.16
10.03.10