jeudi 13 octobre 2016

Une Fille pour le Diable / To the devil a Daughter

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

de Peter Sykes. 1976. Angleterre/RFA. 1h31. Avec Richard Widmark, Christopher Lee, Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodliffe, Nastassja Kinski.

Sortie salles France: 30 Mars 1977. Angleterre: 4 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Peter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit. 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable. 1979 : Jesus.


Avant-dernière production de la Hammer pour leur 1er cycle, Une Fille pour le Diable porte la signature de Peter Sykes, déjà auteur de l'excellent les Démons de l'esprit pour le compte de la firme. Tiré d'un roman de Dennis Wheatley, l'intrigue surfe sur la vague des films d'horreur satanistes initiés par Rosemary's Baby et L'Exorciste alors que la Malédiction prendra le relais quelques mois plus tard après la sortie d'Une fille pour le diable. Le PitchUn écrivain, spécialiste des sciences occultes, se porte garant pour protéger la fille d'un ami, une jeune religieuse tributaire des agissements maléfiques d'un prêtre excommunié. Un combat rigoureux contre les forces du Mal s'engage entre les deux hommes. En dépit d'une réputation timorée et de conditions de tournages houleuses entre la prod et certains acteurs,  Une Fille pour le Diable surprend beaucoup dans l'ossature de son climat malsain irrésistiblement ombrageux.


Bien que son cheminement narratif s'avère parfois un peu décousu pour les enjeux diaboliques compromis avec le Lord "Astaroth", la réalisation scrupuleuse de Peter Sykes détonne par son réalisme documenté en insistant notamment sur les pouvoirs machiavéliques que la confrérie parvient à animer à distance. Outre le soin consciencieux de son atmosphère méphitique, sa distribution de prestige doit autant à la véracité des évènements énoncés que le cinéaste s'efforce d'acheminer avec force et détails inquiétants (grimoire, médaillon, signes et symboles rituels). Tant par la présence du grand Richard Widmark dans une posture héroïque contrariée, du dandy Christopher Lee, impressionnant de charisme délétère sous l'intensité d'un regard vicié, que de la compagnie candide de Nastassia Kinski, étrange de sensualité en victime déflorée. D'autres seconds-rôles sont méritoires dans leur fonction de faire-valoir (Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodliffe), communément malmenés par l'emprise invisible du Mal. Enfin, on peut aussi souligner l'audace de la Hammer d'avoir osé tolérer des séquences chocs franchement licencieuses (l'accouchement sordide pour le projet du premier baptême, la transfusion sanguine d'une élue, la vision ensanglantée d'un bébé monstrueux que Catherine s'efforce de pénétrer à l'intérieur de son vagin et le sacrifice d'un nourrisson perpétré lors du rituel final).


Un "Hammer" indécent que les bien-pensants ont tendance d'occulter pour son réalisme fétide.
Série B perfectible dans sa narration biscornue un brin prévisible, Une Fille pour le Diable extériorise pourtant un sentiment persistant de malaise environnemental de par son réalisme clinique et l'aura de souffre suintant du moindre cadre de l'écran (tant pour les décors domestiques et gothiques que des extérieurs naturels subordonnés au cérémonial occulte). Fascinant, inquiétant, incongru et dérangeant, il doit beaucoup de sa vigueur dramatique dans la coordination de séquences-chocs sulfureuses et l'autorité renfrognée d'une distribution quatre étoiles.

2èx

mercredi 12 octobre 2016

BEFORE I WAKE

                                                                                                 
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site bom-boxoffice.over-blog.com

"Somnia" de Mike Flanagan. 2016. U.S.A. 1h37. Avec Kate Bosworth, Thomas Jane, Jacob Tremblay, Topher Bousquet, Annabeth Gish, Dash Miho.

Sortie salles France: Prochainement...

FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan est un réalisateur américain né le 20 Mai 1978 à Salem, Massachusetts. 2016: Before I Wake. 2016: Hush. 2013: The Mirror. 2011: Absentia. 2003: Ghosts of Hamilton Street. 2001: I Still Life. 2000: Makebelieve.


Série B horrifico-fantastique toute en intimisme, Before I Wake renoue avec un cinéma mature pour honorer le genre sans céder à une facilité racoleuse dans son savant dosage de frissons et vives émotions. Dans la lignée des chefs-d'oeuvre d'un Fantastique épuré comme le caractérisent Le Cercle Infernal, l'Enfant du Diable ou encore Ne vous Retournez pas, Before i wake aborde lestement la thématique du deuil infantile sous le pivot d'un duo de comédiens dépouillés dans leur carrure parentale meurtrie. A la suite de la mort accidentelle de leur fils, le couple Hobson décide d'adopter un garçon orphelin du nom de Cody. Souffrant d'insomnie, ce dernier est terrorisé à l'idée de s'endormir depuis que ces rêves prennent vie dans la réalité. Affublé d'un don exceptionnel, Cody va bouleverser le destin de ses nouveaux parents après avoir matérialisé le fantôme de leur défunt rejeton. 


Dans son art de narrer un conte délétère sous l'impulsion énigmatique d'une autorité infantile, Mike Flanagan prend soin de développer ses protagonistes en étudiant les rapports conflictuels du couple fragile à tolérer la perte de l'être aimé. Face à leur témoignage, un enfant tributaire d'un passé traumatique doit également surmonter une double épreuve (sa hantise des cauchemars nocturnes et son deuil familial) si bien que le réalisateur oppose leurs points communs de l'angoisse et du chagrin inéquitable avec une étonnante pudeur. L'émotion jamais programmée nous saisissant en intermittence (la bouleversante projection du film en camescope !) parmi la juste mesure d'une maturité parentale ne s'apitoyant jamais sur leur sort. Jouant la carte du suspense anxiogène en la présence spectrale d'une créature famélique et d'énigmes en suspension, ce dernier nous traduit des séquences frissonnantes plutôt convaincantes dans son désir d'enchérir une terreur sournoise voguant vers la rancoeur. Baignant dans un climat d'angoisse palpable cédant parfois à un onirisme (inopinément) enchanteur (la présence incandescente des papillons nocturnes !), Before i wake condense avec une rare alchimie horreur et féerie afin de culminer vers une métaphore rédemptrice (l'amour spirituel et maternel). A ce titre, le final révélateur s'avère divinement bouleversant lorsque le cinéaste lève le voile sur le don singulier de Cody par l'entremise d'une main maternelle.


Sous le format minimaliste de la série B et parmi le parti-pris de crédibiliser son histoire surnaturelle sans pathos ni sinistrose, Mike Flanagan parvient à transfigurer un douloureux conte de fée dans son désir de conjurer les démons qui habitent les corps des personnages. Remarquablement interprété (le jeune Jacob Tremblay - révélation de Room - s'avère aussi modéré dans sa culpabilité candide !), Before i wake recourt au fantastique psychologique sous l'impulsion d'une caractérisation humaine en questionnement mystique. Une jolie réussite rehaussée d'un point d'orgue transcendant dans son acuité lyrique !

Dédicace à George Abitbol et Jean-Marc Micciche
B-M

mardi 11 octobre 2016

PHANTASM: RAVAGER

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de David Hartman. 2016. U.S.A. 1h27. Avec Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Bill Thornbury,
Reggie Bannister, Kathy Lester, Gloria Lynne Henry. Scénario et Production: Don Coscarelli.

Sortie salles US: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIE: David Hartman est un réalisateur américain.
2016: Phantasm: Ravager


18 ans après Phantasm 4: Oblivion, Don Coscarelli cède sa place à un spécialiste de séries TV, David Hartman (si bien qu'il s'agit ici de son premier long-métrage) afin de parachever son illustre saga. Scénarisé et produit par le maître en personne, Phantasm: ravager relance l'intérêt des enjeux belliqueux entre Reggie et Tall Man sous le pivot d'une narration (classiquement) fourre-tout et décousue. Ayant préalablement combattu en plein désert l'homme en noir, Reggie se retrouve à nouveau confronté à lui après avoir été hébergé au domicile d'une jeune automobiliste. Ayant perdu tous repères avec la réalité, il semble acquérir le don d'ubiquité au moment même où Mike vient lui rendre visite dans un hospice pour l'avertir de sa démence. Hanté par le spectre du Tall Man, Reggie s'efforce de le convaincre que ses fantasmes ne sont pas le fruit de son imagination délurée. A travers ce pitch délibérément tortueux, nous sommes en terrain connu depuis la ligne de conduite des précédents opus s'évertuant à nous entraîner dans un univers fantasmagorique en perte de repères (illusion et réalité se télescopant jusqu'à saturation).


Inscrit dans la sincérité et le respect des codes de la saga, Phantasm: Ravager constitue une pochette surprise assez dégingandée car alternant défauts formels (FX numériques souvent désuets, réalisation digne d'un télé-film, photo stérile) et qualités narratives (situations saugrenues truffées de péripéties inventives d'où perce en intermittence une émotion poignante lors de retrouvailles familiales). A mi-chemin entre la série B et Z (n'ayons pas peur du terme péjoratif !), Phantasm: Ravager tire parti de son attrait gogo grâce à la générosité du cinéaste s'efforçant de satisfaire l'attente des fans par le biais des composantes du gore et de l'action se disputant la mise sans répit. Outre le caractère ludique des rebondissements débridés menés avec esprit bonnard, les personnages familiers qui y évoluent s'avèrent toujours aussi attachants dans leur cohésion fraternelle mais aussi empathiques pour leur âge buriné (18 ans séparent le 4è opus de ce dernier chapitre !). Sur ce dernier point, et en abordant les thèmes de la peur de l'inconnu et l'injustice de la mort sous couvert de loyauté amicale, Phantasm: Ravager transfigure le conte métaphysique (la vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille !) avec une émotion franchement poignante. A l'instar des retrouvailles chaleureuses de nos héros lors du prologue ou encore lors des adieux émouvants (j'en ai d'ailleurs versé une larme !) instaurés vers sa conclusion. Truffé de clins d'oeil au 1er volet, les spectateurs seront notamment heureux de retrouver des antagonistes secondaires dont je tairais l'indice alors que des décors (et éléments) familiers ne manquent pas non plus de titiller notre nostalgie. Quant au regretté Angus Scrimm, le monstre sacré insuffle toujours autant d'aplomb et de vigueur dans son charisme délétère avec une persuasion indéfectible !


Des retrouvailles émouvantes pour un cadeau d'adieu fantasmatique.
En brossant avec imagination et maladresse une parabole sur l'illusion existentielle (la vie n'est qu'un rêve dans un rêve !), David Hartman en extirpe par le biais du fantasme une catharsis sur l'acceptation de notre mort. Cheap en diable et inabouti (comme chacun des précédents opus !) mais suscitant un charme tangible par son esprit Bisseux, Phantasm: Ravager tire parti de sa frénésie fantaisiste dans son esprit modeste de B movie intègre. Pour conclure, ce dernier chapitre ne comblera pas toutes les attentes des fans mais il parvient néanmoins à laisser en mémoire une émotion mélancolique pour sa cantique conférée à la chimère et à l'amour de la fratrie.  

La Chronique de Phantasm: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/phantasm.html
B-M

lundi 10 octobre 2016

DESIERTO. Prix FIPRESCI, Toronto 2015.

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jonás Cuarón. 2015. Mexique. 1h32. Avec Gael García Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo, Diego Cataño, Marco Pérez,

Sortie salles France: 13 Avril 2016. Interdit - de 12 ans. Mexique: 15 Avril 2016.

FILMOGRAPHIE: Jonás Cuarón est un réalisateur et scénariste mexicain né en 1981 à Mexico. Il est le fils d'Alfonso Cuarón.
2007: Año uña. 2007: The Shock Doctrine (documentaire). 2013: Aningaaq (court métrage). 2015:
Desierto.


Survival cauchemardesque d'un réalisme percutant, Desierto est la seconde réalisation du mexicain Jonas Cuaron, fils du célèbre cinéaste Alfonso Cuaron (Les Fils de l'homme, Gravity). A partir d'un pitch linéaire (des migrants mexicains voulant rejoindre les Etats-Unis par le désert californien sont subitement coursés par un prédateur raciste), Jonas Cuaron exploite habilement son potentiel alarmiste sous l'impulsion d'une chasse à l'homme escarpée ! Optant comme unité de lieu la vaste scénographie d'un désert rocheux émaillé d'éléments hostiles (les sentiers des cactus, le nid des serpents, les immenses rochers blancs), le cinéaste magnifie son cadre solaire et crépusculaire (photo naturel à l'appui !) que les protagonistes à bout de souffle arpentent avec la peur au ventre !


En relançant efficacement l'action des règlements de compte par de multiples itinéraires que ces derniers improvisent par instinct de survie, Desierto laisse les mains moites à observer de manière aussi impuissante une dérive criminelle d'autant plus intolérable par ses actes xénophobes. D'un réalisme âpre quant au sentiment de déréliction que les survivants éprouvent inlassablement, Desiorto recourt à une violence tranchée lorsqu'un chasseur habité par la haine de l'étranger décide de les exterminer avec une ruse perfide. Et sur ce point, on peut compter sur le charisme impérieux de Jeffrey Dean Morgan (Sans retour, Extrême Préjudice) pour exprimer la posture virile d'un bourreau méprisant de lâcheté et de turpitude. Avec l'appui d'un berger allemand dressé pour tuer, le cinéaste compte notamment sur ce pilier secondaire pour perdurer la tension des poursuites par le biais d'estocades criminelles d'une grande violence ! Sans romancer la notion d'héroïsme, le cinéaste dresse notamment le portrait équivoque d'un migrant mexicain (Gael García Bernal impressionnant de vigueur viscérale dans son regard en émoi !) partagé entre un courage endurant mais aussi une lâcheté contestable (une condition pourtant indispensable à la survie !), Spoiler ! même si au final son instinct de préserver la vie d'autrui le rappellera à l'ordre ! Fin du Spoil.


“La lâcheté, cette condition que personne ne reconnaît ou n'accepte, pourtant indispensable à la survie.”
Pamphlet anti raciste, hymne à l'espoir de la liberté par l'entremise du courage de la survie, Desierto exploite le thème éculé de la chasse à l'homme avec une efficacité en roue libre. Tant par le brio de sa mise en scène ne cédant jamais à une vaine esbroufe que par la prestance humaine des seconds-rôles pleinement investis dans leur fonction de bêtes traquées. Excellent. 

B-M

Le point de vue de Jean-Marc Micciche
Séance de rattrapage avec le magnifique survival Desierto. On se souviens déjà l'année dernière de The sea fog, les clandestins, où comment un sujet qui prêtait un traitement dramatique se laissait déborder par l'horreur de son sujet pour embrasser quelques chose de plus viscérale. Par son jusqu'au boutisme, The sea fog transcendait les clichés pour afficher une vrai démarche d'auteur dans le cinéma de genre. Et un an plus tard, à travers un sujet qui malheureusement schlingue le fait divers, Desertio nous montre qu'il n'y a rien de mieux qu'un sujet de B Movies pour nous parler avec horreur de notre époque. Le méchant du film du film incarné comme un ange de la mort (magnifique Jeffrey Dean Morgan) est le prisme révélateur de notre époque. Dans les années 80, on tapait sur le clochard, sur le voyou, sur les russes. Aujourd'hui, la source de haine et de peur est incarné par l'émigré, l'étranger, le clandestin. A travers son postulat aussi simple qu'évident (des clandestins se font charcler comme des merdes par un malade et son clébard), Desertio suit une logique narrative inébranlable. Bien sûr, cerise sur le gâteau, Desertio renvoie par sa simplicité et sa force brute à une pléthorique bande culte, de Duel en passant par Hitcher, Calme Blanc, Blue Steel auquel on peut aussi cité le moins connu Marathon Killer), un sens du cadre et de l'atmosphère (le plan d'ouverture est sublime) qui captive et réjouit, un décor qui incarne à merveille cette descente en enfer. Pas de pose 'festival' (comme Ma loute, The Assassin ou The Neon Demon), juste une ligne brute, qui nous rappelle que le cinéma sera toujours le meilleur sous cette forme. Alors on peut regretter que le score musical ne soit pas plus tranchant (un truc à la Tangerine dream), que le face à face final ne se pas nourrit pas un idée plus marquante. Mais honnêtement pour un premier film, Jonas Curaon frappe juste et fort pour marquer les esprits.

Récompenses: Prix FIPRESCI au Festival international du film de Toronto 2015 : sélection « Special Presentations »

vendredi 7 octobre 2016

En plein Cauchemar. Corbeau d'Or, Bruxelles 84.

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

"Nightmares" de Joseph Sargent. 1983. U.S.A. 1h39 (version non censurée). Avec Cristina Raines, Emilio Estevez, Moon Unit Zappa, Billy Jayne, James Tolkan, Lance Henriksen, Tony Plana.

Sortie salles France: 13 Juin 1984. U.S: 2 Septembre 1983.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joseph Sargent (Giuseppe Danielle Sorgente) est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 22 juillet 1925 à Jersey City, New Jersey (États-Unis), mort le 22 décembre 2014 à Malibu (Californie). 1966: L'Espion au chapeau vert. 1970: Le Cerveau d'Acier. 1974: Les Pirates du Métro. 1975: La Nuit qui terrifia l'Amérique (télé-film). 1979: De l'or au bout de la piste. 1983: En plein Cauchemar. 1987: Les Dents de la Mer 4. 2008: Un coeur à l'écoute (télé-film).


Cinéaste prolifique détenteur de 70 films (ciné / TV) à son actif, Joseph Sargent profite du succès de Creepshow réalisé un an au préalable pour façonner un film à sketchs avec En plein Cauchemar. Série B horrifique particulièrement soignée par sa réalisation adroite, sa photo parfois stylisée (l'épisode 3) et la sobriété de seconds-couteaux particulièrement attachants (Emilio Estevez, Lance Henriksen, Richard Masur, Veronica Cartwright), En plein cauchemar aborde différents thèmes du cinéma horrifique et de la science-fiction de manière inégale comme le veut la tradition du film à sketchs. Le 1er segment, le plus court et le plus faible (mais jamais ennuyeux), empreinte la voie du slasher lorsqu'une mère de famille en manque de nicotine décide d'emprunter sa voiture pour se payer un paquet de cigarette au tabac le plus proche. Mais quelques heures au préalable, non loin de sa contrée, un flic fut retrouvé assassiné depuis l'évasion d'un demeuré. Un pitch éculé et prévisible que seuls son prologue particulièrement sauvage (du moins dans la version uncut puisque dans nos salles françaises il fut expurgé de toute violence graphique !) et sa chute sardonique parviennent gentiment à surprendre.


Dénué de longueur, notamment en raison de sa faible durée, Terreur à Topanga parvient quand même à maintenir notre attention grâce à l'efficacité de sa réalisation et à l'atmosphère nocturne instaurée en bourgade urbaine parmi une galerie de citadins interlopes. Il demeure donc finalement plaisant, un tantinet atmosphérique même et quelque peu efficace en faisant preuve d'une certaine indulgence. Le second chapitre, l'Evêque des Batailles, l'un des meilleurs du lot, constitue une satire de l'addiction aux jeux videos par le biais d'un ado névrotique accro à sa passion si bien qu'il est réputé comme le meilleur joueur de sa région. Délibéré à accéder au 13è niveau d'un jeu d'arcades malgré ses tentatives infructueuses, ce dernier décide de pénétrer illégalement dans sa boutique de jeux-videos afin de défier une ultime fois "l'évêque des batailles". Démarquage sarcastique de Tron en mode inversé (ici les entités informatiques s'extraient du jeu pour pénétrer dans notre réalité et brimer le héros), l'intrigue pétulante parvient à captiver sans modération grâce au portrait caustique imparti à l'ado rebelle et à l'enchaînement de péripéties et rebondissements qu'engendrent ses épreuves de force avec la machine ! Pour parachever, on peut également souligner l'efficacité des FX conçus en images de synthèse lorsqu'ils se jumellent à notre réalité !


Le 3è segment, déclinaison de Duel en mode sataniste, s'intéresse à l'étude caractérielle d'un prêtre en reniement catholique depuis la mort accidentelle d'un enfant. Sur le chemin de son départ, il est harcelé par le pick-up d'un conducteur sans visage s'efforçant de le poursuivre dans l'unique but de l'assassiner. En dépit de timides moments spectaculaires de poursuites automobiles, La Bénédiction peine à insuffler une quelconque tension par son rythme poussif et la caractérisation trop rapidement expédiée du personnage en perdition spirituelle. Et ce, en dépit de l'esthétisme envoûtant de sa photo sépia et de la prestance sentencieuse de Lance Henrikson. Le 4è sketch, le plus jouissif et atmosphérique, met en exergue la nuit de cauchemar d'un couple et de leur fille pris à parti avec les agissements sournois d'un rat particulièrement destructeur. Ce dernier n'hésitant pas à saccager les meubles domestiques avec une vélocité cinglante ! Nanti d'un climat d'angoisse palpable sous l'impulsion d'une bande-son dissonante très efficace, La Nuit du Rat insuffle angoisse et suspense avec l'habileté de la suggestion et d'une tension en crescendo. Si les trucages cheaps de sa conclusion prêtent à sourire quant à l'apparition disproportionnée du rat, l'efficience de sa réalisation, l'implication spontanée des comédiens et sa narration soigneusement structurée empruntant au final les codes du "conte" (avec naïveté !) parviennent à transcender l'improbable.


Perfectible et inégal si bien que 2 chapitres sur 4 méritent le détour, mais habilement réalisé, formellement soigné et toujours attachant comme le confirme sa distribution de seconde zone, En plein Cauchemar constitue une série B bonnard que les nostalgiques auront plaisir à recôtoyer. 

B-M. 5èx

jeudi 6 octobre 2016

S.O.S FANTOMES. Version Longue.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Ghostbusters" de Paul Feig. 2016. U.S. Version Longue 2h13 (vs 1h56). Avec Kristen Wiig, Melissa McCarthy, Kate McKinnon, Leslie Jones, Chris Hemsworth, Neil Casey

Sortie salles France: 10 Août 2016. U.S: 15 Juillet 2016

FILMOGRAHIE: Paul Feig, né le 17 septembre 1962 à Royal Oak (Michigan (États-Unis), est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain.
1997 : Life Sold Separately. 2003 : I Am David. 2006 : Enfants non accompagnés. 2011 : Mes meilleures amies. 2013 : Les Flingueuses. 2015 : Spy. 2016 : S.O.S Fantômes. 2017 : Tango et Cash.

Déception, moi qui espérais tant le défendre (puisque vilipendé par la planète entière avant même sa sortie !).

mercredi 5 octobre 2016

La Gorgone

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site vicsmovieden.com

"The Gorgon" de Terence Fisher. 1964. Angleterre. 1h20. Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Richard Pasco, Barbara Shelley, Michael Goodliffe, Patrick Troughton, Jack Watson.

Sortie salles Angleterre: 18 Octobre 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein, 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll, 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All. 1964 : La Gorgone. 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974: Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Après avoir revisité auprès de la Hammer diverses icônes du cinéma d'horreur classique (le loup-garou, le monstre de Frankenstein, Dracula et Dr Jekyll), Terence Fisher aborde la mythologie grecque avec La Gorgone. Peu exploité au cinéma, surtout dans le domaine de l'épouvante, le réalisateur perdure son talent de conteur à travers le portrait fulgurant d'une antagoniste féminine ayant la faculté de pétrifier ses proies à la vue de son simple regard. Avec maîtrise formelle et brio technique, Terence Fisher cultive des séquences d'angoisse et de terreur remarquablement efficaces quant aux apparitions furtives de la Gorgone souvent inscrits dans la suggestion. A l'instar du reflet de son visage aperçu dans l'eau qu'un des protagonistes observe contre son gré !


Le Pitch: A la suite de la mort de son père et de son frère, Paul Heitz se rend au domicile familial afin de tenter de percer le mystère qui entourent leurs décès. Retrouvé pétrifié à son domicile un soir de pleine lune, son paternel est préalablement parvenu à lui écrire une lettre pour l'avertir du danger. Séduit par l'assistante du docteur Namaroff, Paul s'attire la jalousie de ce dernier au point que Carla Hoffman est contrainte de feindre leur relation sentimentale. Avec l'aide du professeur Karl Meister, Paul tente de démasquer l'identité de la gorgone surnommée "la mégère" quand bien même des soupçons se portent sur Carla. Alliant horreur et romance avec l'efficacité d'une intrigue à suspense davantage oppressante, la Gorgone nourrit son intensité dramatique dans la caractérisation contrariée de ces personnages. Paul Heitz (Richard Pasco, épatant de ténacité caractérielle !) se disputant les contradictions avec son acolyte Karl Meister (Christopher Lee dans un ton impérieux !) et l'énigmatique Dr Namaroff (Peter Cushing dans un jeu suspicieux de la réserve !) afin de préserver l'innocence de sa nouvelle maîtresse. Quant à la victime soumise à la malédiction antique, Terence Fisher prend soin de la dépeindre avec fragilité de par ses sentiments d'aigreur de repousser contre son gré l'amour de Paul. Car craignant de manière intuitive d'être à l'origine de ses homicides depuis ses récurrentes amnésies, elle tente en désespoir de cause de protéger son entourage en s'exilant vers une lointaine contrée. Dans ce rôle ambivalent, la sublime Barbara Shelley excelle à se fondre dans la peau d'une victime anxieuse avec une élégance étonnamment rassurante.


Baignant dans un climat onirique ensorcelant par le biais d'une nature crépusculaire à la lisière de la féerie (le jardin d'Eden du pavillon de Heitz), La Gorgone insuffle un suspense horrifique lattent sous l'impulsion d'investigateurs pugnaces s'efforçant de démystifier la plus sournoise des menaces. Si la créature féminine s'avère aussi magnétique que repoussante à chacune de ses terrifiantes apparitions, Terence Fisher aura pris soin d'y transfigurer son apparence machiavélique avec l'appui d'un sens retors du cadrage (tant auprès du plan serré ou large). Un splendide poème gothico-macabre au pouvoir vénéneux de séduction d'où s'y précise une tragédie sentimentale. 

B-M. 3èx

mardi 4 octobre 2016

FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L'ENFER

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site vostfr.club

"Frankenstein and the Monster from Hell" de Terence Fisher. 1974. Angleterre. 1h34. Avec Peter Cushing, David Prowse, Shane Briant, Madeline Smith, John Stratton, Michael Ward, Elsie Wagstaff

Sortie salles France: Avril 1974. Angleterre: 2 Mai 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein, 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll, 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974: Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Dernier chapitre de la saga des Frankenstein estampillé HammerFrankenstein et le Monstre de l'Enfer constitue le dernier chef-d'oeuvre de la firme sous l'égide du maître du genre, Terence Fisher. A partir d'un pitch que l'on connait par coeur, le réalisateur réussit l'exploit de transcender ses conventions sous l'impulsion d'une mise en scène inspirée et la prestance spontanée des comédiens pleinement investis dans leur fonction démiurge. Ces deux qualités essentielles permettant à l'intrigue de se réinventer avec une puissance visuelle prégnante ! Directeur d'un asile psychiatrique sous une fausse identité, Victor Frankenstein perdure ses exploits de ressusciter un mort avec l'aide d'un médecin marginal récemment inculpé pour sorcellerie. Victor n'ayant plus la faculté d'utiliser ses mains, c'est à Simon qu'incombe donc la tâche de redorer la vie du monstre avec l'appui d'une pensionnaire mutique. Baignant dans une atmosphère malsaine méphitique au sein d'un établissement psychiatrique peuplé d'aliénés et d'employés charlatans, Frankenstein et le monstre de l'Enfer captive incessamment par son sujet mystique auquel deux praticiens se concertent à nouveau afin de concurrencer Dieu !


Inquiétant par son climat d'insécurité aussi anxiogène qu'étouffant, le film imprime une dimension cauchemardesque en la présence renfrognée d'une créature insolite chez la saga car conforme à un homme-singe. Franchement impressionnant par sa musculature corpulente et la noirceur de son vaste regard chargé de haine et de mélancolie, David Prowse se fond dans le corps martyr avec une vigueur aussi terrifiante que poignante. Outre le réalisme imparti à sa caractérisation hybride de cobaye en apprentissage (comme le veut la tradition), les rapports tendus qu'entretiennent Simon et Victor font preuve d'un passionnant jeu d'autorité depuis l'orgueil immoral de ce dernier ne songeant qu'à son ego. Peter Cushing explosant une fois de plus l'écran de sa présence émaciée avec une autorité perfide déloyale. En assistant érudit beaucoup plus indulgent que son mentor, Shane Briant lui partage la vedette avec sobriété dans sa remise en question moraliste. Dans un second-rôle beaucoup plus modeste, Madeline Smith se prête au jeu introverti sous l'apparence timorée d'une servante traumatisée par un passé familial. Terence Fisher prenant soin avec habileté de développer la part sombre de cette dernière en nous dévoilant les motifs de sa pathologie mentale ainsi que l'identité du responsable. Tous ces protagonistes magnifiquement éclairés sous une lumière sépia servant l'intrigue avec une rigueur dramatique en crescendo. On peut d'ailleurs souligner le caractère barbare du dernier acte d'une rare violence auquel son climat de folie contagieuse semble avoir déteint sur la psychologie du baron !


A l'aube d'une fin de carrière déclinante, l'illustre firme Hammer compte une ultime fois sur leur architecte Terence Fisher pour imprimer sur pellicule un chef-d'oeuvre d'épouvante gothique inopinément fétide et névrotique (l'atmosphère dépressive suintant des corridors de l'établissement), sardonique et sans illusion quant à l'avenir infructueuse du baron Frankenstein.  

B-M. 3èx

lundi 3 octobre 2016

ELLE

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paul Verhoeven. 2016. France. 2h10. Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny,
Charles Berling, Virginie Efira, Judith Magre, Christian Berkel, Jonas Bloquet, Alice Isaaz.

Sortie salles France: 25 Mai 2016

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book. 2016: Elle.


10 ans après Black Book, Paul Verhoeven nous revient avec Elle, un thriller singulier à contre courant des codes traditionnels du genre, d'après le roman Oh... de Philippe Djian. Production franco-allemande entièrement tournée avec des acteurs français (selon Verhoeven, il était impossible de localiser l'action à Boston à cause de son sujet jugé trop sulfureux), Elle relate la quotidienneté intime et professionnelle d'une divorcée esseulée après avoir été violée par un mystérieux inconnu. Lors d'une seconde agression, une étrange relation amiteuse va se nouer entre eux. Thriller d'une perversité vénéneuse où se télescope en annexe le drame psychologique, Elle constitue un magnifique portrait de femme torturée aux antipodes des conventions. Car subversif et anticonformiste, le cinéaste milite pour les ambiances licencieuses au travers d'une protagoniste austère en proie à ses fantasmes (la séquence de masturbation et son voyeurisme qui en émane par la fenêtre de sa chambre !) et ses pulsions sadomasochistes (les rapports de soumission/domination avec son agresseur).


Sublimé par la présence diaphane d'Isabelle Hupert, cette dernière parvient à extérioriser une aura malsaine sous l'impulsion d'une personnalité équivoque au sang froid mâtiné de déviance. Profondément marquée par un épisode tragique de son enfance, Michele se glisse aujourd'hui dans la peau d'une directrice autonome au franc-parler parfois vexant ou offensant selon ses humeurs versatiles. Entrepreneuse d'une société de jeu-video, sa forte personnalité lui attire quelques jalousies et rancunes de la part de certains adjoints professionnels. Sournoise lorsqu'elle complote une relation d'adultère avec un ex mari, elle se révèle donc instable pour renouer une vie conjugale équilibrée. Epaulé de personnages secondaires au caractère bien trempé, l'intrigue insuffle parfois un ton fantaisiste décalé lors de leurs postures extravagantes ou désinvoltes que caractérisent l'entourage familial et amical. Ces jeux d'acteurs décomplexés dépeints sans romantisme avivant subtilement le côté dérangeant d'une intrigue déroutante bâtie sur les rapports conflictuels que s'échangent couples et amants. Car sans jamais juger ses personnages, et sous couvert d'une diatribe contre l'intégrisme (le passé traumatique de l'héroïne élevée sous l'autorité d'un père bigot), Verhoven en structure un suspense diffus au fil d'un cheminement tortueux (l'ambivalence psychologique de Michele) sur le fil du rasoir.


D'une perversité vénéneuse indicible par son climat malsain sous-jacent ou contrairement explicite, Elle redore les composantes du thriller avec une provocation iconoclaste. De par l'étude caractérielle de personnages anti manichéens et du portrait lubrique imparti à une femme d'affaire où perce finalement une fragilité humaine (comme le constate son final rédempteur aussi beau que poignant !). Traitant sans fard ni tabou des thèmes de la névrose sexuelle et de l'intégrisme, Elle constitue un grand thriller cérébral n'hésitant pas à dévoiler la face cachée de nos fantasmes les plus intimes. 

B-M

Le mot de Jean-Marc Micciche:

Cycle film d'auteur avec ouf enfin un bon film et on dit merci Paulo. Donc disons les choses clairement pour bien situer le dernier opus du filmeur fou aussi bien dans le contexte actuel et dans sa filmo. Si on place Elle dans le contexte du cinéma français et sur celui du film d'auteur, ben c'est clairement ce qu'on voit de mieux à l'heure actuel. A l'inverse si on le place dans son immense filmo (on compte pas Tricked), faut reconnaître que le film n'a pas forcément les épaules pour se mesurer aussi bien sur le terrain du film sulfureux et dérangeant que sur le plan stylistique. Attention je dis pas que le film n'a aucun style mais on sent deux principaux manques. La première c'est bien la place qu'occupait ses deux chef op de prestige à savoir Jost Vacano et Jan De Bont qui réussissait même avec des films intimistes à avoir un style percutant (et parfois il faut bien le dire, certains passages de Elle pourront paraître anodin sur le plan formel). De l'autre la patte d'un vrai scriptwritter qui parviendrait à transfigurer un sujet soyons honnête un thriller de cul du samedi soir sur M6 en quelque chose de plus perver crade. Donc oui Elle pourra sembler comme trop sage et avec le recul on peut comprendre comment le public bourgeois de Cannes et les critiques Dandy des Cahiers ont pu être tenter d'élever le réal Paul Verhoeven à un statut proche horreur de Michael Haneke. Fort heureusement, le film reste du Verhoeven pur souche car il réussit à pervertir l'aspect bourgeois du récit en quelque chose de plus subtil de plus sournois. Et ça passe aussi bien par le jeu en nuance de Huppert, par des choix de montage déconcertant, des dérapages ironiques croustillants. En attendant son probable succès aux oscars et aux césars (et pourquoi pas opportunisme culturel oblige une nomination comme président aux festivals de Cannes, rigolez pas, ils l'ont fait pour George Miller), Elle est donc à sa façon une belle réussite, à relativiser bien évidement, mais concrète. Donc dans mon Top 20 en toute éventualité.

samedi 1 octobre 2016

BRAQUEURS

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Julien Leclercq. 2016. 1h20. France. Avec Sami Bouajila, Guillaume Gouix, Youssef Hajdi, Kaaris, Redouane Behache, Kahina Carina, David Saracino.

Sortie salles France: 4 Mai 2016

FILMOGRAPHIE: Julien Leclercq est un réalisateur et  producteur français, né le 7 août 1979 à Somain, dans le nord de la France. 2004 : Transit. 2007 : Chrysalis. 2011 : L'Assaut. 2013 : Gibraltar. 2016 : Braqueurs. 2018 : Prost.


Sortie en catimini dans nos salles si je ne m'abuse, Braqueurs est une putain de série B d'action burnée comme on en voit peu dans le paysage français !

A partir d'une intrigue simple mais solide, Braqueurs nous immerge de plein fouet dans l'univers vénal de braqueurs émérites avec une efficacité incisive depuis l'entrée en scène de dealers belliqueux délibérés à les extorquer ! Tant par l'hyper réalisme des scènes d'actions ultra tendues et spectaculaires (à titre de comparaison, Heat a de quoi rougir pour l'ampleur épique de ces braquages et gunfights sanglants) que par la prestance charismatique d'une poignée de seconds couteaux totalement impliqués dans leur bravoure suicidaire où perce une contrariété en chute libre !


Froid, hargneux, violent (mais jamais complaisant), rapide, haletant, implacable, oppressant, car d'une intensité exponentielle à couper au rasoir, Braqueurs nous cloue au siège parmi le brio d'une mise en scène géométrique, comme le souligne la fluidité du montage et son sens du découpage ! (notamment un travail rigoureux sur le son !). Impliqués tête baissée dans une dérive criminelle escarpée, Braqueurs laisse les mains moites avec un réalisme blafard si bien que nous nous prenons d'empathie pour ces anti-héros solidaires fustigés par leurs conséquences immorales ! (les décisions aussi avisées qu'expéditives du leader du groupe).


Rappel du Synopsis (source allo ciné):
Yanis, Eric, Nasser et Frank forment l’équipe de braqueurs la plus efficace de toute la région Parisienne. Entre chaque coup, chacun gère comme il peut sa vie familiale, entre paranoïa, isolement et inquiétude des proches. Par appât du gain, Amine, le petit frère de Yanis, va commettre une erreur... Une erreur qui va les obliger à travailler pour des caïds de cité. Cette fois, il ne s'agit plus de braquer un fourgon blindé, mais un go-fast transportant plusieurs kilos d'héroïne. Mais la situation s’envenime, opposant rapidement braqueurs et dealers…

B-M


Le p'tit mot de Jean-Marc Miciche:
Séance découverte avec le bonnard Braqueurs, une chouette série B d'une heure 20. Carré, superbement bien joué, une mise en scène au plus proche de ses personnages, un récit ramassé qui va à l'essentiel, des seconds rôles attachants, quelques scènes d'actions bien senties....le meilleur film de son réal. Après certains reprocheront sans doute au film ses faux airs de Heat, référence obligatoire, mais le réal parvient à s'extirper de cet influence pour imprimer son propre univers. Franchement c'est de la série B que j'aime.



vendredi 30 septembre 2016

LES CICATRICES DE DRACULA

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Scars of Dracula" de Roy Ward Barker. 1970. Angleterre. 1h36. Avec Christopher Lee, Dennis Waterman, Jenny Hanley, Patrick Troughton, Michael Ripper, Michael Gwynn, Wendy Hamilton.

Sortie salles Angleterre: 8 Novembre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010.
1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


6è volet de Dracula issu de l'illustre firme Hammer, Les Cicatrices de Dracula peut se targuer d'être le plus violent et dévergondé de la série dans son alliage d'érotisme polisson et de gore outrancier. A l'instar d'un homicide d'une rare sauvagerie intenté sur une victime féminine prise en flagrant délit d'adultère ! Même encore aujourd'hui, on se surprend du réalisme poisseux de la mise à mort que Dracula perpétue avec frénésie lorsque le poignard perfore à moult reprises la chair ensanglantée ! Outre le caractère graphique de ses séquences-chocs souvent impressionnantes (notamment le massacre dans l'église ou encore l'agression d'une chauve-souris !), Roy Ward Barker prend également soin d'instaurer un climat d'érotisme sulfureux (surtout pour l'époque !) en brossant les portraits décomplexés de personnages lubriques.


Tant pour la présence vénéneuse de Tania, maîtresse infidèle de Dracula, de Paul, séducteur invétéré au point de courtiser en un temps furtif trois paysannes impudentes, ou encore de Klove, l'assistant versatile de Dracula aux penchants sado-maso et fétichistes ! En dépit d'une intrigue au cheminement classique (épaulé de son épouse, Simon tente de retrouver son frère aîné au sein du château de Dracula, quand bien même ce dernier s'efforce de vampiriser sa partenaire), Roy Ward Barker parvient efficacement à captiver sans modération par la nervosité d'un récit fertile en rebondissements, situations fortuites et péripéties haletantes. Prenant soin de fignoler la forme gothique au sein de magnifiques décors domestiques comme le souhaite la tradition Hammer, Les Cicatrices de Dracula envoûte les sens sous l'impulsion de personnages perfides. Comme le prouve le serviteur de Dracula pétri de contradiction et de fourberie en dupant ses adversaires avec perversité exubérante ! Avec une cruauté escarpée, Roy Ward Barker n'hésite pas non plus à y sacrifier quelques victimes innocentes alors qu'une empathie venait de s'instaurer auprès de l'une d'elles depuis sa bravoure de prêter main forte à notre héros. Quant au personnage vicié que caractérise orgueilleusement Dracula, l'irremplaçable Christopher Lee magnétise l'écran à chacune de ses apparitions avec une classe impérieuse ! Au visage blême se succédant parfois un regard éraillé dans son désir de nuire à autrui pour le plaisir d'asservir sa proie !


Déclinaison couillue de la série des Dracula, les Cicatrices de Dracula s'affranchit de tout carcan afin d'extérioriser une atmosphère malsaine inhabituellement dépravée pour la firme. Par le biais d'une investigation périlleuse et du traditionnel jeu du chat et de la souris émane un habile exercice de style auquel se prêtent avec charisme infaillible la stature hiératique de Christopher Lee, des seconds rôles fielleux et un défilé de jeunes actrices somptueusement émoustillantes !  

B-M. 3èx

jeudi 29 septembre 2016

WOLF

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Mike Nichols. 1994. U.S.A. 2h05. Avec Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, James Spader, Kate Nelligan, Richard Jenkins, Christopher Plummer, Eileen Atkins.

Sortie salles France: 14 Septembre 1994. U.S: 17 Juin 1994

FILMOGRAPHIEMike Nichols, né Michael Igor Peschkowsky le 6 novembre 1931 à Berlin et mort à New York le 19 novembre 2014 (à 83 ans), est un réalisateur américain, d’origine russe et allemande. 1966 : Qui a peur de Virginia Woolf ? 1967 : Le Lauréat. 1970 : Catch 22. 1971 : Ce plaisir qu'on dit charnel. 1973: Le Jour du dauphin. 1975 : La Bonne Fortune. 1983 : Le Mystère Silkwood. 1986 : La Brûlure. 1988 : Biloxi Blues. 1988 : Working Girl. 1990 : Bons baisers d'Hollywood. 1991 : À propos d'Henry. 1994 : Wolf. 1996: Birdcage. 1998 : Primary Colors. 2000 : De quelle planète viens-tu ? 2004 : Closer, entre adultes consentants. 2007: La Guerre selon Charlie Wilson.


- Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui, avec la figure d’homme, cachent un cœur faux, corrompu, ingrat.

Immense réalisateur révélé par Qui a peur de Virginia Wolf ? et Le Lauréat, Mike Nichols renoue avec le Fantastique après nous avoir déjà séduit avec l'émouvant (et méconnu) Le Jour du Dauphin. Prenant pour thème le mythe séculaire du loup-garou, Mike Nichols nous offre également avec Wolf une variation moderne de la Belle et la Bête que le duo Nicholson/Pfeiffer transfigure par le biais de leur romance en perdition. Après avoir été mordu par un loup un soir de pleine lune, Will Randall s'étonne de ses nouveaux dons olfactifs et auditifs. Licencié par son patron d'édition par la faute de son ennemi juré, l'opportuniste Stewart Swinton, il tente en désespoir de cause de renégocier son emploi au moment même où il rencontre incidemment la fille du boss, Laura Alden. Sensiblement attirés l'un pour l'autre, cette dernière s'efforce de soutenir les angoisses expansives de son compagnon persuadé qu'il est habité par un instinct primitif depuis sa morsure


Avec le brio d'une mise en scène classieuse, Mike Nichols renouvelle le mythe du loup-garou par le biais d'une trajectoire narrative prévisible mais constamment captivante. Si l'intrigue linéaire n'apporte rien de neuf, le cinéaste compte sur l'art de conter son histoire en prenant son temps à y poser les enjeux humains par l'entremise d'une étude caractérielle. Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer formant sobrement le couple infortuné avec un humanisme et une pudeur fragile. Charismatiques en diable et plein de séduction dans leurs échanges amoureux, ces derniers portent le film sur leurs épaules avec une densité psychologique que Mike Nichols prend soin d'intensifier sans prétention. La belle, partagée entre l'optimisme et l'angoisse, s'efforçant sereinement de protéger la bête en proie à une contrariété davantage pesante. La force du récit émanant notamment de sa capacité à nous faire croire à l'improbable (la victime possédée par l'instinct lycanthrope) en optant également pour l'effet de suggestion si bien que les séquences véritablement horrifiques et homériques n'interviennent que durant le dernier tiers du film. Outre sa belle romance transcendée par l'aplomb de nos illustres comédiens, Mike Nichols en extirpe également en sous-texte social une satire sur l'arrivisme des financiers prêts à s'entretuer pour accéder en haut de la pyramide. Sur ce point, James Spader s'avère délectable de cynisme et de fourberie en endossant le rôle annexe d'un transfuge habité par l'appât du gain.


Si Wolf aurait mérité à être plus compact et surprenant si son cheminement narratif eut été plus original, Mike Nichols parvient néanmoins avec brio indiscutable à instaurer une acuité à travers la caractérisation contrariée des personnages combattant le Mal, entre foi amoureuse et espoir de rédemption. Habilement exploités car retardant au possible les métamorphoses spectaculaires, on peut enfin prôner le réalisme des maquillages à l'ancienne (aussi concis soient-ils et inspirés des travaux de la Universal !) ainsi que sa partition musicale qu'Ennio Morricone transfigure avec une émotion épurée ! (suffit de capter l'essence onirique de son épilogue élégiaque pour s'en convaincre !). 

B-M. 3èx

Récompense: Saturn Award du meilleur scénario par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur.

mercredi 28 septembre 2016

MAMBA / FAIR GAME

                                                                     Photo empruntée sur Google

"Fair Game" de Mario Orfini. 1988. Italie. 1h21. Avec Trudie Styler, Gregg Henry, Bill Moseley, John Randolph, Rene Auberjonois.

Sortie salles France: 28 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Mario Orfini est un réalisateur et producteur italien né en 1936 à Lanciano.
1978 : Noccioline a colazione. 1988 : Mamba. 1992 : Jackpot (classe spéciale). 1998 : L'anniversario.


Série B oubliée des années 80 malgré sa sélection officielle à Avoriaz en 1989, Mamba exploite le Snake movie en interne d'un huis-clos domestique de tous les dangers. Suite à leur rupture, un amant sans vergogne décide de comploter un jeu machiavélique auprès de son ancienne maîtresse. A savoir, introduire un Mamba noir en interne de son studio, serpent réputé comme l'un des plus dangereux du monde si la victime redouble d'adrénaline. A l'aide d'un ordinateur et d'une mini caméra de surveillance, il observe à l'instar d'un jeu-video les déplacements du reptile en espérant la mort brutale de sa compagne en un temps chronométré de 60 minutes. Seule et embrigadée contre son gré, Eva finit par se rendre compte du danger létal de la menace rampante ! Déterminée à ne pas se laisser intimider, elle tente par tous les moyens de se défendre contre l'intrus !


Modeste production réalisée par un cinéaste transalpin méconnu, comme le souligne sa filmographie malingre comprenant uniquement quatre longs-métrages, Mamba joue la carte du survival intimiste par le principe d'unité de lieu et de temps. L'héroïne confinée chez elle s'efforçant de se prémunir du danger par l'entremise de stratégies de défense que la caméra véloce exploite habilement en vue subjective ou en cadrages alambiqués. Si certaines péripéties sombrent un peu dans la facilité en forçant le trait d'effets de surprise en trompe l'oeil, la plupart des rebondissements qui intentent à la tranquillité de l'héroïne parviennent aisément à captiver en instaurant notamment une véritable efficacité par son climat d'angoisse oppressante que le mélomane Gorgio Moroder (La Féline, Midnight Express) exacerbe parmi un score haletant. Sur une durée minimaliste d'1h21 (générique en sus), Mario Orfini parvient donc à exploiter le cadre restreint du cocon domestique en relançant l'action dans de multiples directions. L'héroïne accourant tous azimuts dans les recoins de son studio afin de désorienter le serpent et le piéger à l'aide d'accessoires retors dont je tairais les noms.


Réalisé avec soin formel et habileté technique en distillant en intermittence de jolis moments de terreur viscérale, Mamba constitue une fort sympathique série B horrifique dans son jeu pervers d'épreuve de force impartie au survival. Le duo antinomique formé par Trudie Styler (épouse à la ville du chanteur Sting au jeu parfois outré) et Gregg Henry (Body Double, Scarface) assurant vigoureusement une confrontation (à distance) des plus sournoises comme le souligne aussi l'audace de son final sardonique ! (à une incohérence près qu'on peut juger grossière).

B-M. 3èx