mardi 7 février 2017

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND. Oscar du meilleur scénario original, Charlie Kaufman et Michel Gondry

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Michel Gondry. 2004. U.S.A. 1h48. Avec Jim Carrey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo, Elijah Wood, Tom Wilkinson

Sortie salles France: 6 Octobre 2004. U.S: 19 Mars 2004

FILMOGRAPHIEMichel Gondry est un réalisateur français, né le 8 mai 1963 à Versailles (Yvelines). 2001 : Human Nature. 2004 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind. 2006 : La Science des rêves. 2006 : Dave Chappelle's Block Party. 2007 : Soyez sympas, rembobinez. 2010 : L'Épine dans le cœur. 2011 : The Green Hornet. 2012 : The We and the I. 2013 : L'Écume des jours. 2014 : Conversation animée avec Noam Chomsky. 2015 : Microbe et Gasoil.


Une part en moi me dit que j'ai connu cette vie sentimentale. Entre bonheur, mort et renaissance. 

Second film américain du français Michel Gondry, Eternal sunshine of the spootless Mind est une bouleversante étude de moeurs sur la complexité de l'amour et l'intensité cognitive, sur le refoulement des sentiments et l'égoïsme commun qu'un couple en étreinte va endurer dans leurs caractères bien distincts. A travers un procédé scientifique improbable (supprimer nos propres souvenirs d'un amant que l'on a autrefois chéri afin de s'épargner toute souffrance morale), Michel Gondry ausculte avec une imagination débridée les mécanismes de la passion et de l'angoisse de souffrir si on se laisse gagner par le pessimisme, l'incommunicabilité et la routine du quotidien bâtie sur la médiocrité. C'est par le procédé d'effacement des souvenirs du cerveau de Joel que le couple finira par prendre conscience de leur rapport orgueilleux car rongés par la désillusion de n'avoir su préserver leurs sentiments communs. Joel revivant chaque souvenir avec autant de souffrance que d'exaltation tout en s'exprimant à sa propre conscience afin de s'interroger sur les facteurs de son échec amoureux. Mais finalement délibéré à préserver ses plus beaux souvenirs, ce dernier s'efforce en dernier ressort à prémunir les moments de joie les plus radieux afin de graver en mémoire la personnalité extravagante de sa dulcinée habitée par le désir.


L'intolérance de la différence qu'on se résigne à ne plus accepter, c'est ce que subissent Joel et Clémentine dans leur amertume anxiogène et leur manque de confiance à consolider leur amour commun s'évaporant un peu plus chaque jour. En les plaçant notamment face à eux mêmes pour leurs erreurs d'appréciation et de jugement, pour leurs rancunes et leur susceptibilité de s'être laissés gagner par des conflits d'autorité puérils, Joel et Clémentine font face à leur responsabilité morale lors d'une mise en abyme. Mais l'amour fulgurant est intemporel, une rencontre abordée au coin d'une rue ne s'explique pas, elle se laisse guider par les vibrations émotionnelles comme nous le démontrent malicieusement Joel et Clémentine dans leur posture infantile (notamment en s'inventant de nouveaux souvenirs durant l'époque de leur enfance). Grâce à leur instinct sentimental, aucun lavage de cerveau, aucune machine à effacer les réminiscences ne pourront consumer les ressorts de la tendresse chez ses deux coeurs expansifs. La mise en scène de Gondry constamment inventive utilise l'image tel un album souvenirs aussi intenses que scintillants dans la scénographie baroque d'un onirisme candide, quand bien même deux êtres s'étaient rencontrés aux abords d'une plage pour tenter de se courtiser dans un troublant espace, entre joie et allégresse, colère et trahison, et avant de tenter de s'accorder une ultime chance pour une nouvelle acceptation d'eux mêmes ! Incandescents à l'écran dans leurs expressions mélancoliques et dépressives, dans l'exaltation de leurs sentiments et leur fougue de l'épanouissement, Jim Carrey et Kate Winslet immortalisent les amants infortunés avec une puissance émotionnelle d'une fragilité palpable. Parce qu'ils incarnent également le reflet de nous mêmes, à savoir les failles de chacun de nous pétri de névroses et de contradictions à s'affirmer dignement mais à douter des autres, ou pire, à se rejeter la faute dans son refus d'amour propre (la quête désespérée, quasi insurmontable de sonder une paix intérieure comme le clamera Clémentine !).


Que le sort de l'irréprochable vestale est heureux !
Le monde oubliant, par le monde oublié;
Éclat éternel de l'esprit immaculé !
Chaque prière exaucée, et chaque souhait décliné
De ce maesltrom d'émotions aussi lyriques que candides émanent l'un des plus beaux et singuliers poèmes sur l'amour passion et sa fragilité qui en émane, leçon d'apprentissage et de tolérance pour la fiabilité du couple contrarié par la peur d'échouer, le manque de confiance en soi, la hantise de la trahison et celle de redouter un deuil sentimental.   

A Stéphanie...

B-D. 3èx
07/02/2016
01/02/2010

Récompenses:
2005 : Oscar du meilleur scénario original pour Charlie Kaufman et Michel Gondry
2005 : BAFTA Awards :
Meilleur montage pour Valdís Óskarsdóttir
Meilleur scénario original pour Charlie Kaufman et Michel Gondry

vendredi 3 février 2017

HAINE

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Le credo de la violence" de Dominique Goult. 1980. France. 1h30. Avec Klaus Kinski, Maria Schneider, Patrice Melennec, Evelyne Bouix, Katia Tchenko, Paulette Frantz

Sortie salles France: 9 Janvier 1980 (Interdit aux - de 18 ans)

FILMOGRAPHIE: Dominique Goult est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur français né en 1947. 1980: Haine. 1978: Lèvres gloutonnes. 1978: Partouzes perverses. 1977: Les queutardes. 1977: Les monteuses.


Sorti discrètement en salles à l'aube des années 80 puis exploité en catimini en Vhs, Haine est l'unique réalisation non pornographique du français Dominique Goult. Curiosité oubliée de tous en dépit d'une poignée de videophiles irréductibles, Haine relate la traque sauvage d'un motard par des chasseurs racistes et décérébrés. La veille, le cadavre de la petite fille du maire fut retrouvée sur le fossé d'un chemin rural, fauchée par un motard. On nous dévoilera d'ailleurs en fin de parcours le véritable visage du fameux coupable sans se surprendre de sa révélation attendue. Avec son rythme languissant digne d'une production Jean Rollin, Haine risque de laisser sur le bitume une bonne partie du public si bien que Dominique Goult peine à insuffler de l'intensité lors d'un cheminement aussi routinier que rébarbatif si on exclu sa dernière demi-heure plus haletante lors des confrontations musclées entre les paysans et l'étranger.


Monté avec les pieds et maladroitement réalisé, comme le souligne notamment sa structure narrative anarchique tentant de distiller un faux suspense quant à la culpabilité du meurtrier de la fillette, Haine tire malgré tout parti de ses défauts techniques pour faire naître une ambiance insolite assez palpable (si on reste pleinement concentré sur l'évolution du récit). Prenant pour thèmes l'auto-défense, le fascisme et le lynchage communautaire, Haine peut prêter une certaine allusion à La Traque de Serge Leroy pour la caricature impartie à ses assassins du Dimanche que rien ne soupçonnait à extérioriser une violence aussi bestiale qu'aveugle. En prime, au sein de son environnement rural épargné d'urbanisation, la réalisateur adopte le parti-pris auteurisant de façonner un climat glauque futilement captivant quand bien même ses éclairs de violence d'un réalisme assez cru précipitent le road movie vers le western rural lors d'une dernière partie rigoureusement dramatique. La victime incessamment coursée éprouvant elle aussi un sentiment rancunier d'auto-justice qui l'incitera à employer une arme afin de sauver sa peau ! Klaus Kinski se glissant dans la peau du motard à combinaison blanche avec une personnalité équivoque, tant pour ses rapports amicaux et sentimentaux partagés avec deux paysannes que de son comportement un peu trop amiteux (et tactile) auprès de la fillette du pompiste. Fascinant également de constater la complicité communautaire de tout un village (ou presque !) à tolérer lynchage aussi fourbe en prenant comme alibi la mort accidentelle d'une fillette alors qu'aucun témoin oculaire n'eut pu constater la présence de l'étranger sur les lieux !


Curiosité franchouillarde dénonçant maladroitement la haine du fascisme chez des métayers réactionnaires, Haine inspire une drôle d'impression d'amertume et de douce fascination dans sa forme brouillonne de survival compromis au vigilante movie. Un OVNI nébuleux à privilégier chez les cinéphiles les plus indulgents ou aguerris. 

B-M. 2èx

jeudi 2 février 2017

PREMIER CONTACT

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Arrival" de Denis Villeneuve. 2016. 1h56. U.S.A. Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Tzi Ma, Mark O'Brien

Sortie salles France: 7 Décembre 2016. U.S: 11 Novembre 2016

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners. 2015: Sicario. 2016: Premier Contact. 2017: Blade Runner 2049.

Une oeuvre atypique et magnifique, notamment parmi l'épure de sa mise en scène façonnée à la manière d'un reportage. Un conte existentiel sur l'arme du langage. Un second visionnage s'impose impérativement pour en saisir toutes ses richesses thématiques.

mercredi 1 février 2017

Quelques Minutes après minuit

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

"A Monster Calls" de Juan Antonio Bayona. 2016. Espagne/Angleterre/U.S.A/Canada. 1h48. Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville, Oliver Steer, Dominic Boyle

Sortie salles France: 4 Janvier 2017. U.S: 23 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE:  Juan Antonio Bayona est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1975 à Barcelone. 2004: Sonorama (video). 2004: 10 anos con Camela (video). 2005: Lo echamos a suertes (video). 2007: l'Orphelinat. 2012: The Impossible. 2016: Quelques minutes après minuit.


Révélé par l'Orphelinat et The Impossible, Juan Antonio Bayona nous assène un nouvel uppercut émotionnel avec Quelques minutes après minuit. Un drame aussi fragile que douloureux sur le deuil maternel qu'un jeune garçon doit s'efforcer d'accepter en dépit de son immaturité. Utilisant intelligemment le conte fantastique comme métaphore sur une initiation au courage et à la vérité que l'on garde au fond de soi, Juan Antonio Bayona transfigure par la même occasion une véritable déclaration d'amour aux monstres comme le souligne le déclic émotionnel que le héros éprouve à la vision de la mort injuste de Kong sur l'empire State Building. Passionné par l'art et les dessins, Conor fuit la réalité pour oublier le cauchemar qu'est entrain d'éprouver sa maman moribonde. Il s'imagine alors que l'arbre de son jardin nanti de vie pourrait éventuellement sauver cette dernière gravement malade d'un cancer.


Si son climat onirico-baroque peut dérouter de prime abord une partie du public (à l'instar du magnifique Labyrinthe de Pan !), le ton inquiétant et la manière personnelle dont Juan Antonio Bayona structure son intrigue préconise les rapports intimistes et équivoques échangés entre l'arbre et le jeune héros. C'est donc l'histoire d'une longue thérapie que nous conte de manière originale l'auteur du point de vue d'un adolescent torturé en phase d'affirmation car sur le point de se libérer de sa prison mentale. Sans jamais tirer sur la corde sensible quant aux évènements douloureux traités avec une détonante pudeur; Quelques minutes après minuit distille une intensité dramatique davantage rigoureuse à l'approche inévitable du deuil familial. Instaurant au compte goutte un climat dépressif néanmoins jamais démonstratif, nous sommes d'autant plus ébranlés par la violence psychologique du contexte familial si bien que le jeune héros réduit à la solitude et humilié par des camarades de classe semble toujours plus démuni d'accepter une circonstance morbide aussi intolérable. Le jeune Lewis MacDougall endossant brillamment ce rôle juvénile d'ado à la fois timoré et précaire tout en nous extériorisant derrière ses contradictions sa rage et sa révolte afin d'y tolérer le fardeau insurmontable du deuil.


Bouleversant à plus d'un titre sans jamais se laisser attendrir par la sinistrose, Quelques minutes après minuit déconcerte par son aspect austère en abordant un Fantastique noble et adulte sous couvert d'une féerie horrifique rédemptrice. Epousant un point de vue fructueux quant au pouvoir de l'imaginaire exorcisant nos angoisses, en particulier celui des monstres plus tolérants et humains que le commun des mortels, Quelques minutes après minuit imprime une leçon de vie auprès de la fragilité de l'adolescence confrontée à l'injustice de la mort. Il y émane une oeuvre précieuse à la fois dure et cruelle, magnifique et délicate de par ses thèmes sobrement autopsiés si bien que l'on en sort aussi éprouvé qu'hanté. On peut d'ailleurs sans rougir le hisser à la dénomination du chef-d'oeuvre absolu. 

*Bruno Matéï
14.03.22. 2èx

mardi 31 janvier 2017

CRONOS

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de Guillermo Del Toro. 1993. Mexique. 1h35. Avec Federico Luppi, Ron Perlman, Claudio Brook, Margarita Isabel, Tamara Shanath, Daniel Giménez Cacho.

Sortie salle Mexique: 3 Décembre 1993. France (uniquement en Dvd): 18 Août 2001.

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.


Quelle bien étrange curiosité que ce Cronos, premier long du maître Guillermo Del Toro réalisé en à peine 45 jours. Fascinant à plus d'un titre car détournant les codes avec originalité et inspiration, le récit se focalise sur la découverte d'une curieuse relique qu'un antiquaire vient d'acquérir du fond de son magasin. Appartenant autrefois à un alchimiste, cet objet de couleur or formant un scarabée possède la faculté de rendre la vie éternelle à celui qui se laisserait perforer par son dard. Dès lors, sous le témoignage curieux de sa petite fille, le grand-père sombre dans une addiction incontrôlée au moment même où un magnat à l'agonie s'efforce de se procurer le talisman par le biais de son brutal neveu. Eclairé d'une photo opaque au sein de décors domestiques assez glauques, Cronos emprunte le mythe du vampirisme de manière à la fois baroque et singulière si bien que le film ne ressemble à rien de connu.


Dominé par la prestance charismatique du grand Federico Luppi parfaitement à l'aise dans sa fonction véreuse de zombie en régénération, Cronos renoue avec la noblesse d'un fantastique pur et dur car façonnant un univers surnaturel irrésistiblement envoûtant, de par son réalisme nocturne. Outre le fait de croire facilement à ce que l'on nous raconte, la force du récit réside notamment dans l'art et la manière iconoclaste de le conter sans les artifices usuels du genre et sous l'impulsion d'une poésie macabre inattendue ! Je songe aux rapports intimes que s'échangent respectueusement la petite fille et son grand-père, communément complices d'une découverte improbable impartie à la vie éternelle. Métaphore sur l'addiction et la peur de la vieillesse entraînant inexorablement la mort; Cronos est également une forme de catharsis afin d'accepter l'hérédité du trépas comme le souligne au terme la résolution morale du héros refusant de se laisser berner par sa seconde peau. Semé de clins d'oeil aux classiques du fantastique moderne (on songe inévitablement à Hellraiser pour la boite de Pandore et son initiation à une douleur finalement apaisante), sa structure narrative détonne et déroute dans son refus de se plier aux conventions du genre. Notre anti-héros sévèrement malmené par un tortionnaire étant contraint de subir divers sévices corporels avant de mourir et de pouvoir renaître de prime abord dans un piteux état grâce au scarabée d'or. Ce dernier n'ayant pas comme motivation éculée (à une rare exception !) de se procurer du sang frais pour subvenir à ses besoins nutritionnels ! Il en émane une drôle d'ambiance débridée à la limite de la cocasserie lors des confrontations musclées avec le neveu décervelé (formidable Ron Perlman !).


Moi Vampire, chronique de la douleur. 
Série B horrifique particulièrement efficace et fascinante par son schéma narratif hétérodoxe hérité du cinéma d'auteur, Cronos possède de sérieux atouts pour embarquer le spectateur dans une bien étrange histoire de vampirisme face au témoignage d'une innocence beaucoup plus lucide et téméraire qu'elle n'y parait. Un conte macabre étonnamment baroque et imprévisible, parfois même assez viscéral dans la caractérisation sclérosée du mort-vivant en quête de rédemption. 

B-D. 3èx

Récompenses: Festival de Cannes 1993 : Prix Mercedes-Benz
Guadalajara Mexican Film Festival 1993 : prix DICINE
Festival international du film de Catalogne 1993 : meilleur acteur pour Federico Luppi, meilleur scénario pour Guillermo del Toro
Festival international du nouveau cinéma latino-américain de La Havane 1993 : meilleure affiche, meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Premio Ariel 1993 : Ariel d'or pour Guillermo del Toro, meilleur acteur dans un rôle mineur pour Daniel Giménez Cacho, meilleure direction pour Guillermo del Toro, meilleur premier film pour Guillermo del Toro, meilleure histoire originale pour Guillermo del Toro, meilleure direction artistique pour Tolita Figueroa, meilleur scénario pour Guillermo del Toro, meilleurs effets spéciaux pour Laurencio Cordero
Festival international du film fantastique de Bruxelles 1994 : Corbeau d'argent
Fantasporto 1994 : meilleur film, prix du public et meilleur acteur pour Federico Luppi
Saturn Awards 1995 : meilleure sortie vidéo
Premios ACE 1995 : meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Fantafestival 1995 : meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro

lundi 30 janvier 2017

LA COURSE A L'ECHALOTTE

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Zidi. 1975. France. 1h40. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont, Marc Doelsnitz, Amadeus August, Henri Déus, Luis Rego, Catherine Allégret, André Bézu

Sortie salles France: 8 Octobre 1975

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Si un an au préalable, Claude Zidi nous avait drôlement séduit avec la Moutarde me monte au nez que le couple fringant Pierre Richard / Jane Birkin avait su dynamiser avec une étonnante alchimie, la Course à l'échalotte fait bien pâle figure si bien qu'en l'occurrence la mécanique du rire tourne à vide. Faute à un scénario aussi superficiel que mal ficelé, à des gags poussifs rarement efficaces (si on épargne deux, trois moments timidement amusants) et au duo en berne Richard / Birkin se démenant comme ils peuvent à nous enthousiasmer de leur divergence conjugale. Leur périple investigateur à débusquer une mallette étant l'élément déclencheur qui pourrait leur permettre de se réconcilier. Directeur de banque le temps d'une semaine, Pierre Vidal tente de reconquérir sa muse lassée de leur routine. Au même moment, de dangereux malfrats dérobent une importante mallette secrètement gardée dans un coffre. Pierre se lance alors à leurs trousses parmi la présence inopinée de sa compagne. 


A travers ce récit semé de péripéties assez mouvementées, les aventures rocambolesques de Pierre Vidal s'avèrent inutilement redondantes dans ce jeu du chat et de la souris avec des malfrats issus du café-théâtre. Exploitant de manière maladroite dans une ambiance de carnaval la diversité des décors que Pierre et sa compagne arpentent au fil de leurs vicissitudes (train, salle de music-hall, maison abandonnée, bateau), Claude Zidi peine à provoquer le rire si bien que les quiproquos et incidents en chaîne se suivent sans l'intensité d'une bonne humeur expansive. En héros malgré eux, Pierre Richard et Jane Birkin s'avérant notamment peu à l'aise dans leur fonction annexe d'amants en instance de séparation. Tout l'inverse donc de ce qu'ils nous décrivaient dans le génialement rocambolesque La Moutarde me monte au nez, ce qui est fort dommage surtout venant de la part du maître Claude Zidi !

B-D

vendredi 27 janvier 2017

APOCALYPTO

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Mel Gibson. 2006. U.S.A. 2h18. Avec Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernández, Jonathan Brewer, Morris Birdyellowhead, Carlos Emilio Baez, Ramirez Amilcar

Sortie salles France: 10 Janvier 2007. U.S: 8 Décembre 2006

FILMOGRAPHIE: Mel Gibson est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 3 Janvier 1956 à Peekskill (Etats-Unis).
1993: l'Homme sans visage. 1995: Braveheart. 2004: La Passion du Christ. 2006: Apocalypto. 2016: Tu ne tueras point.


Télérama : « Nouvelle boucherie signée Mel Gibson, chez les Mayas. Attention navet.

Expérience de cinéma d'aventures d'un souffle nouveau, Apocalypto réinvente le genre avec une vigueur viscérale vertigineuse ! Odyssée guerrière relatant l'initiation héroïque du néophyte Patte de Jaguar, Apocalypto nous immerge de plein fouet au coeur de la jungle mésoaméricaine au moment même où une tribu Maya s'obstine à kidnapper sa famille pour les offrir en sacrifice à une divinité. Tourné dans les décors naturels du Catemaco et du Mexique, Mel Gibson, producteur, scénariste et réalisateur, s'est donné les moyens pour authentifier son cadre historique comme le souligne notamment le recrutement de centaines de figurants (Mexicains, Améridiens, natifs de Los Tuxtlas et de Vera Cruz) lors des séquences les plus baroques (les fameux sacrifices sur l'autel du temple). Sans compter le soin imparti aux peintures de guerre, armes blanches, coiffures, vêtements tissés à la main par des professionnels ! (voir Making-Of du Blu-ray sorti chez nous). Visuellement splendide, de par l'éclairage naturel de sa photo magnifiant une végétation aussi vaste qu'impénétrable et ses immenses chutes d'eau en vue panoramique, Apocalypto transfigure avec brio singulier une descente aux enfers verts comme si nous y étions !


D'une violence inévitablement primitive comme l'a déjà privilégié Gibson avec ces précédents travaux, l'intrigue cumule les séquences chocs et/ou éprouvantes à un rythme épuisant. Chaque exaction sanglante découlant des actes et rituels barbares d'une communauté sans vergogne quand bien même un rescapé en remise en question avec sa peur usera de riposte pour tenter d'échapper à la mort ! Apocalypto traitant par ailleurs des thèmes de l'esclavagisme, du fanatisme et de la manipulation religieuse par le biais de cette tribu mégalo (toujours cette loi du plus fort !) alors que de nouveaux explorateurs étrangers envisageraient à leur tour de coloniser cette terre inconnue. Métaphore sur les génocides (l'immense charnier de cadavres que traverse le héros en cours de fuite) et l'impérialisme si je me réfère à sa conclusion en demi-teinte, Apocalypto provoque une lourde empathie pour ces innommables souffrance infligées sur des tribus démunies (notamment ces viols pratiqués sur les femmes lorsqu'elles ne sont pas vendues, les octogénaires livrées à l'exode, les enfants sacrifiés ou laissés à l'agonie d'une maladie contagieuse) quand bien même en seconde partie Gibson embraye sur le mode du survival afin d'offrir un sens à la destinée de notre héros chrysalide ! L'action des enjeux de survie se dispersant dans de multiples directions si bien que l'on reste rivé à son siège à savoir quelle prochaine épreuve d'endurance notre héros pourrait à nouveau exceller dans son "parcours du combattant" !


Exploitant à merveille son environnement naturel que l'homme et la faune braconnent en interne d'un climat tropical subitement fluctuant, Apocalypto (=je révèle) agite nos sens pour nous redonner goût à un cinéma autre, viscéral, sensoriel, immersif, sous l'impulsion d'acteurs méconnus criants de naturel. Bref, du cinéma épique brut de décoffrage comme on en voit rarement dans le paysage du divertissement imberbe, à réserver néanmoins à un public adulte. 

B-M

jeudi 26 janvier 2017

ARLINGTON ROAD

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Mark Pellington. 1999. U.S.A. 1h57. Avec Jeff Bridges, Tim Robbins, Joan Cusack, Hope Davis, Robert Gossett, Mason Gamble.

Sortie salles France: 21 Avril 1999. U.S: 9 Juillet 1999

FILMOGRAPHIE: Mark Pellington est un réalisateur, producteur et acteur américain né le 17 mars 1962 à Baltimore, Maryland (États-Unis). 1991 : Words in Your Face (TV). 1992 : U2: Achtung Baby (vidéo). 1992 : Punch and Judy Get Divorced (TV). 1995 : United States of Poetry (feuilleton TV)
1997 : Going All the Way. 1997 : Destination Anywhere (vidéo). 1998 : Pearl Jam: Single Video Theory (vidéo). 1999 : Arlington Road. 2002 : La Prophétie des ombres. 2003 : Day by Day: A Director's Journey Part II (vidéo). 2003 : Day by Day: A Director's Journey Part I (vidéo). 2007 : U2 3D (vidéo) retraçant en 3D la tournée 2006-2007 de U2 Vertigo Tour. 2008 : Henry Poole. 2014 : Final Masquerade - Linkin Park : (vidéo). 2015 : Human Race - Three Days Grace : (vidéo). 2017 : The Last Word.


Thriller parano à couper le souffle dans sa structure affûté d'un suspense à couper au rasoir, Arlington Road aborde le thème du terrorisme interne avec un machiavélisme proprement couillu si bien que l'audace subversive Spoil ! de son épouvantable conclusion fait froid dans le dos ! (quitte à frustrer une bonne partie du public pour le hanter à jamais !) Fin du Spoil.  Après avoir sauvé la vie d'un enfant grièvement blessé sur la chaussée, Michael Faraday, professeur d'histoire spécialiste du terrorisme, apprend qu'il s'agit de Brady Lang, le fils d'un de ses voisins. En guise de remerciement, la famille Lang convie Michael et sa petite amie à un souper familial. Mais au fil de leurs échanges amicaux, Michael finit par suspecter l'identité de cet aimable voisin après y avoir établi des recherches sur son obscur passé. Amateurs de thriller alerte mené sur un rythme sans faille, Arlington Road fait office de mastodonde du genre tant le méconnu Mark Pellington s'ingénie à peaufiner une tension sous-jacente autour de l'investigation ardue d'un professeur d'histoires en conflit avec sa paranoïa. Ce dernier étant peu à peu convaincu que son voisin est un dangereux terroriste avant de douter de ses convictions puis finalement se rétracter. 


Et ce jusqu'à ce que le réalisateur nous charpente un suspense exponentiel littéralement éprouvant quant à l'élan de son héroïsme suicidaire lors d'une dernière partie aussi apocalyptique que cauchemardesque ! En dénonçant les méthodes faillibles du FBI pour remonter sommairement la source d'un présumé coupable, Arlington Road jette un pavé dans la marre quant à leur incompétence d'enrayer le terrorisme et d'y suspecter une mauvaise cible. Sans traiter du thème religieux indissociable au fondement du terrorisme, l'intrigue met plutôt en exergue le profil d'un citadin américain avide de vengeance contre la culpabilité de ses exécutifs d'avoir chassé son paternel de ses terres autrefois métayer. D'une rigueur psychologique habilement fouillée quant aux profils antinomiques de deux pères de famille s'affrontant mutuellement avec flegme avant de laisser éclater leur haine, Arlington Road est notamment transcendé par le jeu halluciné d'un Jeff Bridges habité par l'inquiétude, l'angoisse et la terreur tangibles ! Outre ses facultés d'investigateur plutôt adroites et son ascension émotive à présager le pire, il faut le voir circuler fissa en plein centre urbain pour retrouver son fils et déjouer l'attentat d'une ampleur inconsidérée ! En terroriste aguerri que rien ne laissait supposer, Tim Robbins lui partage sobrement la vedette dans une posture fourbe et vénéneuse si bien que sans vergogne à oser sacrifier un bambin pour parfaire son projet insurrectionnel. 


Hommage aux victimes des attentats et en particulier aux enfants lâchement sacrifiés, Arlington Road exploite son thème (tristement actuel) sous le pilier d'un thriller acéré (on peut parler de modèle du genre pour le sens ciselé de son efficacité). Dominé par la prestance autoritaire d'un Jeff Bridges tétanisant d'intensité dans sa terreur viscérale, l'intrigue semée de rebondissements et péripéties (son final épique paroxystique !) nous prend aux tripes de la première (Spoil ! le prologue cinglant nous ébranle déjà quant à l'imagerie sanglante d'un enfant accidenté ! Fin du Spoil) à la dernière minute (Spoil ! le dernier plan, glaçant, épargnant tout espoir de happy-end ! fin du Spoil). Un chef-d'oeuvre du genre, sans doute irréalisable de nos jours car d'un nihilisme aussi radical qu'effronté n'hésitant pas en prime d'y dénoncer l'incompétence et la manipulation d'une Amérique insécuritaire, à redécouvrir d'urgence ! 

B-D

mercredi 25 janvier 2017

LOVING

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jeff Nichols. 2016. U.S.A/Angleterre. 2h04. Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Michael Shannon, Nick Kroll, Marton Csokas, Bill Camp.

Sortie salles France: 15 Février 2017. U.S: 4 Novembre 2016

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain, né le 7 décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Reconnu par le formidable Take Shelter, Jeff Nichols cumule les réussites à rythme métronomique depuis son 1er long, Shotgun Stories. S'inspirant d'un fait divers judiciaire fustigeant la loi raciste au sein d'une Amérique rurale, Loving suit le chemin de croix moral d'un couple uni par la passion, un blanc et une noir, finalement en compromis pour tenter de modifier la restriction au droit du mariage interracial après que ces derniers eurent l'audace de se marier illégalement en Virginie. Considéré comme des pestiférés et des criminels aux yeux de la justice et d'une police fielleuse, Richard et Mildred Loving vont endurer ce poids inéquitable de la culpabilité durant 10 longues années, et ce avant qu'un avocat ne les épaulent afin poursuivre l'affaire des droits civiques à la cour suprême des Etats-Unis.


Remarquablement endossé par le couple Joel Edgerton / Ruth Negga d'une sensibilité pleine de modestie, Loving dresse leur portrait galvaudé avec une sobre émotion si bien que Jeff Nichols n'a pas pour ambition de faire pleurer dans les chaumières pour élever le genre (mal aimé) avec humilité. Grâce au brio (toujours aussi infaillible) de sa mise en scène épurée et d'un score envoûtant tout en retenue, Loving provoque une poignante empathie avant de nous bouleverser lors d'un épilogue en demi-teinte (je n'en dirais pas plus). Outre son brio technique, son esthétisme formel (ses magnifiques paysages naturels éclairés par un soleil écrasant) au sein d'une reconstitution soignée des années 50 (notamment ce goût raffiné pour ce défilé de voitures anciennes, de la Ford à la Chevrolet en passant par la Pontiac !), Loving tire parti de son intensité par son réalisme étroitement mêlé au "fait divers" si bien que l'on s'estomaque de pareille aberration ! Sous couvert de réquisitoire contre le racisme, Jeff Nichols exploitant son récit habilement détaillé et limpide sous le pilier d'un signe d'espoir (et de rédemption) lorsque des magistrats vont s'efforcer de changer les lois obscurantistes de leur état.


L'amour plus fort que la haine. 
En opposant sans fard la romance et le drame judiciaire, Loving élève ces genres avec modestie et humilité sous le symbolisme d'un couple aussi incandescent dans leur complémentarité amoureuse qu'affecté par leur poids de la culpabilité. 

B-M

lundi 23 janvier 2017

LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecomedies.com

de Claude Zidi. 1974. France. 1h38. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Claude Piéplu, Jean Martin, Danielle Minazzoli, Vittorio Caprioli, Julien Guiomar, Henri Guybet.

Sortie salles France: 8 Octobre 1974.

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Spécialiste de la comédie populaire comme en témoignent ses trois premières comédies, Les Bidasses en folie, Les Fous du stade, Le Grand Bazar, Claude Zidi nous revient en grande forme en 1974 avec une satire sur le milieu du journalisme, précisément la presse à scandales. Fort du duo improbable Pierre Richard/Jane Birkin réunit pour la première à l'écran, La Moutarde me monte au nez est un régal de cocasserie sous couvert d'une tendre idylle pointant le bout du nez vers sa dernière partie. Professeur de mathématiques dans un lycée, Pierre Durois est le fils du chirurgien Hubert Durois à nouveau en lice pour les élections municipales. Mais après avoir égaré un dossier comprenant le discours de son père, Pierre se retrouve mêlé à une manipulation médiatique depuis son séjour dans le pavillon luxueux de l'illustre actrice, Jackie Logan. 


Comédie d'aventures rocambolesques si j'ose dire, la Moutarde me monte au nez bénéficie d'un scénario débridé pour enchaîner les quiproquos les plus improbables et saugrenus sous l'impulsion d'un couple déjanté ! Pierre Richard endossant avec sa traditionnelle expression faciale un personnage empoté cumulant les catastrophes à rythme métronomique. Irrésistible de drôlerie mais également touchant dans le reflet de son regard naïf et candide, l'acteur crève à nouveau l'écran pour sa quête éperdue de redorer sa réputation et celle de son père après avoir été larbin d'un stratagème. En compagne glamour à l'accent british, Jane Birkin lui partage la vedette dans le corps (hyper sexy du haut de ses 28 ans !) d'une jeune actrice plutôt capricieuse mais néanmoins empathique et loyale quant à ses sentiments exprimés pour Pierre. En nous baladant également derrière les coulisses d'un tournage de western, Claude Zidi se raille gentiment de la vanité des cinéastes et de leurs stars au rythme effréné de poursuites à cheval et en voiture quant bien même Jane Birkin se perfectionne aux bagarres de saloon d'un oeil revanchard. La faute incombant à une presse à scandales lui ayant émis les gros titres depuis l'irruption de Pierre Durois dans sa vie intime.


Au-delà de la drôlerie expansive de ses péripéties et rebondissements en pagaille, La Moutarde me monte au nez puise son charme dans sa simplicité la plus modeste, comme le caractérise brillamment la fantaisie musicale (si entêtante !) de Vladimir Cosma. Dans l'intégrité d'un cinéaste nullement suffisant pour offrir généreusement au spectateur la comédie la plus ludique qui soit. Si le duo très attachant formé par Pierre Richard et Jane Birkin doit beaucoup à son ressort émotionnel, les seconds-rôles spontanés ne sont pas en reste, tel l'irrésistible Vittorio Caprioli en metteur en scène patriarche ! Une merveille inoxydable de comédie romantique, l'antidépresseur par excellence d'une époque révolue si bien que l'on quitte le générique le pincement au coeur.  

B-D. 3èx

vendredi 20 janvier 2017

48 HEURES DE PLUS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site vostfr.club

"Another 48 Hrs" de Walter Hill. 1990. U.S.A. 1h33. Avec Eddie Murphy, Nick Nolte, Brion James, Kevin Tighe, Ed O'Ross, David Anthony Marshall, Andrew Divoff, Bernie Casey.

Sortie salles France: 15 Août 1990. U.S: 8 Juin 1990

FILMOGRAPHIE : Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Huit ans après avoir rempli les salles avec 48 heures, Walter Hill rempile avec une séquelle au succès commercial encore plus considérable que son modèle. Reprenant à peu de choses près la même ligne de conduite dans son concentré d'action et de comédie que Nick Nolte et Eddy Murphy impulsent avec la même complicité masochiste (je t'aime, moi non plus !), 48 heures de plus ne souhaite pas innover en matière de Buddy Movie si bien que cette suite impeccablement ficelée pourrait même faire office de remake par sa structure rebattue (le cache-cache du gendarme et du voleur). Et ce, même si le thème de la corruption policière vient égayer finalement l'intrigue afin de surprendre le spectateur. Sur le point d'être déféré pour homicide volontaire après une rixe sanglante avec un dangereux caïd, Jack Cates profite de la libération de son ancien collègue Reggie Hammond pour parfaire son enquête sachant que la tête de ce dernier est mise à prix chez un gang de motards. C'est le début d'une nouvelle investigation que nos compères vont mener avec la même dissension caractérielle afin de parvenir à démasquer la mystérieuse identité de "l'ange bleu" ! 


En dépit de son récit linéaire comme celles de ses situations cocasses que se disputent à nouveau nos deux héros orgueilleux (bien que Nick Nolte s'avère ici plus amiteux pour considérer son camarade !), 48 heures de plus s'édifie en série B explosive grâce au savoir-faire d'un Walter Hill aussi inspiré dans son brio de chorégraphier des séquences d'action d'une vigueur homérique (le prologue fulgurant, hommage référentiel au western spaghetti, le carambolage entre un bus et un poids-lourd, le canardage dans l'hôtel puis dans une boite de nuit !). En tablant autant sur l'abattage d'un Eddy Murphy aussi fringant qu'au préalable pour ses punchlines impayables et sur le tempérament bourru d'un Nick Nolte toujours aussi robuste dans les coups de poing foudroyants et les échanges de tirs, 48 heures de plus divertit généreusement sous l'impulsion d'une violence aussi rigoureuse qu'incroyablement spectaculaire ! Ajoutez à cela le rythme échevelé de la célèbre partition de James Horner et vous obtenez une redite à la fois éminemment bonnard et attractive !

P.S: Afin de mieux l'apprécier, évitez de mater d'affilé les 2 opus.

B-D


                                                                            (Photo empruntée sur Google, appartenant au site johnplissken.com)


de Walter Hill. 1982. U.S.A. 1h36. Avec Nick Nolte, Eddie Murphy, Annette O'Toole, Frank McRae, James Remar, David Patrick Kelly, Sonny Landham, Brion James, Kerry Sherman, Jonathan Banks.

Sortie salles France: 27 Avril 1983. U.S: 8 Décembre 1982

Récompense: Grand Prix au Festival du film policier de Cognac, en 1983

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Gros succès à sa sortie et révélation du néophyte Eddie Murphy pour son premier rôle à l'écran, 48 heures est devenu au fil du temps une référence du Buddy Movie, genre prisé au début des années 80. Sous la houlette d'un maître du cinéma musclé et avec la complémentarité de deux comédiens loquaces, ce film policier moderne constitue un jubilatoire concentré d'action et de comédie par son rythme sans faille. Pour retrouver un dangereux criminel et son complice, l'inspecteur Jack Gates négocie une transaction avec Reggie Hammond, un taulard afro condamné à une peine de 3 ans mais prochainement libérable. Durant 48 heures de liberté surveillée, Reggie va devoir collaborer avec son allié pour remonter la piste de ces anciens associés mais aussi mettre la main sur un butin de 500 000 dollars.


Sous le pilier d'une intrigue habilement troussée générant une action échevelée et parmi la posture volcanique de deux partenaires forts en gueule, 48 Heures est un modèle de divertissement grand public. Sans céder à la facilité d'une action redondante, Walter Hill mise surtout sur l'abattage de ces deux protagonistes dans leur personnalité caractérielle. Au fil de leurs vicissitudes semées d'embûches et de déconvenues, le flic et le voleur en perpétuel conflit moral font finalement parvenir à s'apprivoiser, s'accepter et se tolérer afin de débusquer des tueurs sans vergogne lâchés dans les cités nocturnes de New-York. A deux doigts d'appréhender à plusieurs reprises ces criminels, ils n'auront de cesse de manquer leur cible en jouant de malchance ! Un alibi de manière à attiser l'expectative pour la prochaine rixe haletante avivée d'une violence incisive. Parmi la drôlerie de leur complicité braillarde, Walter Hill retarde l'altercation pronostiquée pour laisser libre court à leurs discordes et provocations fantaisistes (leur rixe improvisée en pleine rue avant qu'une patrouille de police ne les séparent, l'interrogatoire improvisé par Reggie à la clientèle d'un bar de country ou encore sa requête lubrique invoquée à certaines femmes pour satisfaire sa libido). En flic renfrogné à l'impressionnante carrure, Nick Nolte impose une autorité inflexible avant d'accéder à la loyauté d'accorder du crédit à son coéquipier marginal. Secondé par ce taulard aussi loquace que finaud, Eddie Murphy se délecte spontanément à gouailler son partenaire ainsi que les malfrats avec une verve hilarante.


Au rythme de l'inoubliable thème de James Horner, 48 heures divertit en diable grâce à notre irrésistible tandem de durs à cuire à l'ironie percutante et au professionnalisme de son auteur transfigurant une action décapante. En conjuguant avec extravagance l'action et l'humour, 48 Heures peut aisément se qualifier comme modèle du Buddy Movie

16.07.12. 4èx
B-D

jeudi 19 janvier 2017

Le Beau-Père. Grand Prix de la Critique, Cognac 88

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Stepfather" de Joseph Ruben. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Terry O'Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan.

Sortie salles France: 1er Juin 1988. U.S: 23 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


Responsable du sympathique Dreamscape, Joseph Ruben renchérit ses ambitions 3 ans plus tard avec le Beau-Père justement récompensé du Grand Prix de la Critique à Cognac. Bien connu des cinéphiles durant la sacro-sainte décennie 80, ce petit thriller horrifique bougrement efficace s'est taillé une aura de culte lors de son exploitation Vhs. Tant pour l'originalité de son intrigue inspirée d'un fait-divers des années 50 que de son ambiance à la fois vénéneuse et débridée quelque peu incongrue. Le PitchObsédé à l'idée de fonder une vraie famille, Jerry Blake est un dangereux sociopathe derrière son masque d'agent immobilier. Alors qu'il vient de trucider sa nouvelle maîtresse et ces enfants, il rejoint une autre contrée afin de fonder un nouveau foyer avec une inconnue divorcée. Mais la fille de cette dernière voit d'un mauvais oeil l'attitude obséquieuse du beau-père. Réalisé avec savoir-faire dans sa faculté d'y distiller une ambiance malsaine sous-jacente autour des extravagances du serial-killer conservateur, le Beau-père constitue une diabolique satire sur le conformisme d'une famille modèle. 


Par sa présence charmeuse faussement affable et rassurante, Terry O'Quinn se délecte à se glisser dans la peau d'un manipulateur aux multiples visages (il change de coiffure et de tenue vestimentaire, s'improvise une moustache pour parfaire une nouvelle identité) et aux pulsions psychotiques difficilement maîtrisables (ses crises d'hystérie dans la cave). Franchement terrifiant lorsqu'il s'attelle à l'acte criminel, l'acteur insuffle un charisme inquiétant assez magnétique à travers son jeu de regard tour à tour cynique, pervers, faussement affable. En belle-fille suspicieuse aussi angoissée que lucide, Jill Schoelen surprend agréablement dans son profil nubile à s'interroger sur sa véritable personnalité en faisant preuve d'une étonnante maturité afin de convaincre son entourage. Avec un peu moins de conviction mais tout à fait à sa place en mère aimante, Shelley Hack (héroïne de la série TV Drôles de Dames) endosse l'épouse candide avec une paisible sensualité avant de s'effrayer de la véritable identité de son amant. Ce qui nous amène vers un final d'une rare violence si bien que Joseph Ruben fait preuve d'un réalisme tranché pour mettre en exergue les confrontations sanglantes entre victimes et bourreau confinés au sein du cocon familial. Une conclusion anthologique véritablement épeurante que les fans de frissons n'ont jamais oublié sitôt le générique clos. 


Portrait craché d'une famille modèle
Alternant l'enquête policière par le biais d'un détective pugnace et les discordes familiales sensiblement anxiogènes, Le Beau-père affiche une étonnante efficacité au fil d'un récit charpenté ponctué de contrecoups abrupts, et ce sans céder à la gratuité d'un gore badin (aussi brutale soit l'iconographie meurtrière ! ). Un thriller insolent habilement réalisé donc (dynamisme du montage en sus) dans une facture ludique de série B et au jeu d'acteurs plutôt détonnant pour l'échange des rapports familiaux compromis par la fourberie, la duperie et le simulacre. 

*Bruno
07.02.23. 5èx. vf

Note (wikipedia): Le film est basé sur l'histoire vraie dans les années 1950 de John List (1925-2008) qui tua sa femme et ses enfants et s'installa dans une autre famille.

Récompenses:
1987 : Festival international du film de Catalogne Meilleure actrice Jill Schoelen
1988 : Festival du film policier de Cognac, Grand Prix de la Critique.

mercredi 18 janvier 2017

LA TAULARDE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dunnozmovie.wordpress.com

de Audrey Estrougo. 2016. France. 1h38. Avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny, Eye Haidara, Marie-Sohna Condé, Carole Franck, Marie Denarnaud.

Sortie salles France: 14 Septembre 2016 (interdit aux - de 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Audrey Estrougo est une réalisatrice et scénariste française. 2007 : Regarde-moi. 2008 : Encore un printemps. (documentaire). 2011 : Toi, moi, les autres. 2014 : Une histoire banale. 2016 : La Taularde. 2017 : Héroïnes (mini série - 3 x 52min).


Film choc s'il en est de par son intensité latente puis exponentielle, la Taularde aborde avec un réalisme documenté l'univers carcéral du point de vue féministe. Par amour pour son mari, Mathilde Leroy décide de prendre sa place en prison après lui avoir permis de s'évader. Alors qu'elle tente de s'insérer dans cet univers sans foi ni loi, elle reste sans nouvelles de ce dernier. Sans misérabilisme ni racolage, la réalisatrice Audrey Estrougo nous assène un coup de poing dans l'estomac pour décrire la quotidienneté d'une taularde en remise en question depuis le silence de son époux. En évitant les clichés du genre carcéral mainte fois traités au préalable de manière souvent ostentatoire, Audrey Estrougo parvient à nous immerger dans cet enfer de détention grâce à la personnalité de sa mise en scène proche d'un style de Pialat ! Autant dire que cette réalisatrice plutôt discrète (si bien que j'ignore l'éventuel label de ses oeuvres antécédentes) me parait brillamment douée pour sa maestria d'une caméra inventive (jamais voyeuriste !) en adoptant le parti-pris d'autopsier les profils de détenues sans effet de manche. Par extension, avec une vérité humaine brut de décoffrage !


L'intensité psychologique qui émane des divergences morales entre elles et des surveillantes s'avérant parfois difficilement supportable (bien que l'on énumère une seule séquence brutale quasi suggérée du hors-champs !) alors que son climat malsain, quasi irrespirable, nous jugule de manière sous-jacente. Habituée aux rôles plutôt glamour, Sophie Marceau casse son image docile avec une remarquable sobriété si bien qu'elle s'affiche à l'écran sans fard pour mettre en exergue un jeu viscéral de dégénérescence morale depuis sa désillusion d'un amour tronqué. Le film illustrant avant tout de quelle façon cette détenue en herbe de prime abord taiseuse et courageuse va lentement céder à la révolte, l'infantilisme et à la haine parmi l'influence de son entourage séditieux en quête de reconnaissance et parmi l'autorité arrogante de gardiennes parfois intransigeantes. Outre l'intensité de sa présence à la fois fragile et déterminée (comme celle de se procurer un portable afin de contacter son mari), les autres seconds-rôles qui l'accompagnent ou la molestent s'avèrent tous sidérants d'authenticité, notamment par leur charisme buriné confondant de naturel ! Pour faire simple, on croirait réellement avoir à faire à de réelles détenues purgeant leur peine entre deux claps de tournage ! On peut autant prôner le jeu impérieux des geôlières quotidiennement impliquées malgré elles dans des conflits d'autorité et de caprice entre taulardes si bien que la réalisatrice s'attarde notamment à souligner leur fragilité tantôt dépressive à gérer leur situation professionnelle au sein d'un climat pernicieux.


Descente aux enfers anxiogène dans les tréfonds d'un milieu carcéral exclusivement féminin, La Taularde prend aux tripes et émeut sous le pilier de sa dramaturgie émotionnelle qu'Audrey Estrougo maîtrise avec virtuosité et dextérité dans son souci documenté de dépeindre la déchéance animale de ces détenues. Sans jamais s'apitoyer sur leur sort précaire, La Taularde constitue un cri d'alarme contre toute hiérarchie pénitentiaire si bien que l'on ne sort pas indemne de son amère constat d'échec.  

B-M 

Audrey Estrougo