mardi 7 février 2017

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND. Oscar du meilleur scénario original, Charlie Kaufman et Michel Gondry

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Michel Gondry. 2004. U.S.A. 1h48. Avec Jim Carrey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo, Elijah Wood, Tom Wilkinson

Sortie salles France: 6 Octobre 2004. U.S: 19 Mars 2004

FILMOGRAPHIEMichel Gondry est un réalisateur français, né le 8 mai 1963 à Versailles (Yvelines). 2001 : Human Nature. 2004 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind. 2006 : La Science des rêves. 2006 : Dave Chappelle's Block Party. 2007 : Soyez sympas, rembobinez. 2010 : L'Épine dans le cœur. 2011 : The Green Hornet. 2012 : The We and the I. 2013 : L'Écume des jours. 2014 : Conversation animée avec Noam Chomsky. 2015 : Microbe et Gasoil.


Une part en moi me dit que j'ai connu cette vie sentimentale. Entre bonheur, mort et renaissance. 

Second film américain du français Michel Gondry, Eternal sunshine of the spootless Mind est une bouleversante étude de moeurs sur la complexité de l'amour et l'intensité cognitive, sur le refoulement des sentiments et l'égoïsme commun qu'un couple en étreinte va endurer dans leurs caractères bien distincts. A travers un procédé scientifique improbable (supprimer nos propres souvenirs d'un amant que l'on a autrefois chéri afin de s'épargner toute souffrance morale), Michel Gondry ausculte avec une imagination débridée les mécanismes de la passion et de l'angoisse de souffrir si on se laisse gagner par le pessimisme, l'incommunicabilité et la routine du quotidien bâtie sur la médiocrité. C'est par le procédé d'effacement des souvenirs du cerveau de Joel que le couple finira par prendre conscience de leur rapport orgueilleux car rongés par la désillusion de n'avoir su préserver leurs sentiments communs. Joel revivant chaque souvenir avec autant de souffrance que d'exaltation tout en s'exprimant à sa propre conscience afin de s'interroger sur les facteurs de son échec amoureux. Mais finalement délibéré à préserver ses plus beaux souvenirs, ce dernier s'efforce en dernier ressort à prémunir les moments de joie les plus radieux afin de graver en mémoire la personnalité extravagante de sa dulcinée habitée par le désir.


L'intolérance de la différence qu'on se résigne à ne plus accepter, c'est ce que subissent Joel et Clémentine dans leur amertume anxiogène et leur manque de confiance à consolider leur amour commun s'évaporant un peu plus chaque jour. En les plaçant notamment face à eux mêmes pour leurs erreurs d'appréciation et de jugement, pour leurs rancunes et leur susceptibilité de s'être laissés gagner par des conflits d'autorité puérils, Joel et Clémentine font face à leur responsabilité morale lors d'une mise en abyme. Mais l'amour fulgurant est intemporel, une rencontre abordée au coin d'une rue ne s'explique pas, elle se laisse guider par les vibrations émotionnelles comme nous le démontrent malicieusement Joel et Clémentine dans leur posture infantile (notamment en s'inventant de nouveaux souvenirs durant l'époque de leur enfance). Grâce à leur instinct sentimental, aucun lavage de cerveau, aucune machine à effacer les réminiscences ne pourront consumer les ressorts de la tendresse chez ses deux coeurs expansifs. La mise en scène de Gondry constamment inventive utilise l'image tel un album souvenirs aussi intenses que scintillants dans la scénographie baroque d'un onirisme candide, quand bien même deux êtres s'étaient rencontrés aux abords d'une plage pour tenter de se courtiser dans un troublant espace, entre joie et allégresse, colère et trahison, et avant de tenter de s'accorder une ultime chance pour une nouvelle acceptation d'eux mêmes ! Incandescents à l'écran dans leurs expressions mélancoliques et dépressives, dans l'exaltation de leurs sentiments et leur fougue de l'épanouissement, Jim Carrey et Kate Winslet immortalisent les amants infortunés avec une puissance émotionnelle d'une fragilité palpable. Parce qu'ils incarnent également le reflet de nous mêmes, à savoir les failles de chacun de nous pétri de névroses et de contradictions à s'affirmer dignement mais à douter des autres, ou pire, à se rejeter la faute dans son refus d'amour propre (la quête désespérée, quasi insurmontable de sonder une paix intérieure comme le clamera Clémentine !).


Que le sort de l'irréprochable vestale est heureux !
Le monde oubliant, par le monde oublié;
Éclat éternel de l'esprit immaculé !
Chaque prière exaucée, et chaque souhait décliné
De ce maesltrom d'émotions aussi lyriques que candides émanent l'un des plus beaux et singuliers poèmes sur l'amour passion et sa fragilité qui en émane, leçon d'apprentissage et de tolérance pour la fiabilité du couple contrarié par la peur d'échouer, le manque de confiance en soi, la hantise de la trahison et celle de redouter un deuil sentimental.   

A Stéphanie...

B-D. 3èx
07/02/2016
01/02/2010

Récompenses:
2005 : Oscar du meilleur scénario original pour Charlie Kaufman et Michel Gondry
2005 : BAFTA Awards :
Meilleur montage pour Valdís Óskarsdóttir
Meilleur scénario original pour Charlie Kaufman et Michel Gondry

vendredi 3 février 2017

HAINE

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Le credo de la violence" de Dominique Goult. 1980. France. 1h30. Avec Klaus Kinski, Maria Schneider, Patrice Melennec, Evelyne Bouix, Katia Tchenko, Paulette Frantz

Sortie salles France: 9 Janvier 1980 (Interdit aux - de 18 ans)

FILMOGRAPHIE: Dominique Goult est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur français né en 1947. 1980: Haine. 1978: Lèvres gloutonnes. 1978: Partouzes perverses. 1977: Les queutardes. 1977: Les monteuses.


Sorti discrètement en salles à l'aube des années 80 puis exploité en catimini en Vhs, Haine est l'unique réalisation non pornographique du français Dominique Goult. Curiosité oubliée de tous en dépit d'une poignée de videophiles irréductibles, Haine relate la traque sauvage d'un motard par des chasseurs racistes et décérébrés. La veille, le cadavre de la petite fille du maire fut retrouvée sur le fossé d'un chemin rural, fauchée par un motard. On nous dévoilera d'ailleurs en fin de parcours le véritable visage du fameux coupable sans se surprendre de sa révélation attendue. Avec son rythme languissant digne d'une production Jean Rollin, Haine risque de laisser sur le bitume une bonne partie du public si bien que Dominique Goult peine à insuffler de l'intensité lors d'un cheminement aussi routinier que rébarbatif si on exclu sa dernière demi-heure plus haletante lors des confrontations musclées entre les paysans et l'étranger.


Monté avec les pieds et maladroitement réalisé, comme le souligne notamment sa structure narrative anarchique tentant de distiller un faux suspense quant à la culpabilité du meurtrier de la fillette, Haine tire malgré tout parti de ses défauts techniques pour faire naître une ambiance insolite assez palpable (si on reste pleinement concentré sur l'évolution du récit). Prenant pour thèmes l'auto-défense, le fascisme et le lynchage communautaire, Haine peut prêter une certaine allusion à La Traque de Serge Leroy pour la caricature impartie à ses assassins du Dimanche que rien ne soupçonnait à extérioriser une violence aussi bestiale qu'aveugle. En prime, au sein de son environnement rural épargné d'urbanisation, la réalisateur adopte le parti-pris auteurisant de façonner un climat glauque futilement captivant quand bien même ses éclairs de violence d'un réalisme assez cru précipitent le road movie vers le western rural lors d'une dernière partie rigoureusement dramatique. La victime incessamment coursée éprouvant elle aussi un sentiment rancunier d'auto-justice qui l'incitera à employer une arme afin de sauver sa peau ! Klaus Kinski se glissant dans la peau du motard à combinaison blanche avec une personnalité équivoque, tant pour ses rapports amicaux et sentimentaux partagés avec deux paysannes que de son comportement un peu trop amiteux (et tactile) auprès de la fillette du pompiste. Fascinant également de constater la complicité communautaire de tout un village (ou presque !) à tolérer lynchage aussi fourbe en prenant comme alibi la mort accidentelle d'une fillette alors qu'aucun témoin oculaire n'eut pu constater la présence de l'étranger sur les lieux !


Curiosité franchouillarde dénonçant maladroitement la haine du fascisme chez des métayers réactionnaires, Haine inspire une drôle d'impression d'amertume et de douce fascination dans sa forme brouillonne de survival compromis au vigilante movie. Un OVNI nébuleux à privilégier chez les cinéphiles les plus indulgents ou aguerris. 

B-M. 2èx

jeudi 2 février 2017

PREMIER CONTACT

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Arrival" de Denis Villeneuve. 2016. 1h56. U.S.A. Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Tzi Ma, Mark O'Brien

Sortie salles France: 7 Décembre 2016. U.S: 11 Novembre 2016

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners. 2015: Sicario. 2016: Premier Contact. 2017: Blade Runner 2049.

Une oeuvre atypique et magnifique, notamment parmi l'épure de sa mise en scène façonnée à la manière d'un reportage. Un conte existentiel sur l'arme du langage. Un second visionnage s'impose impérativement pour en saisir toutes ses richesses thématiques.

mercredi 1 février 2017

Quelques Minutes après minuit

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

"A Monster Calls" de Juan Antonio Bayona. 2016. Espagne/Angleterre/U.S.A/Canada. 1h48. Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville, Oliver Steer, Dominic Boyle

Sortie salles France: 4 Janvier 2017. U.S: 23 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE:  Juan Antonio Bayona est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1975 à Barcelone. 2004: Sonorama (video). 2004: 10 anos con Camela (video). 2005: Lo echamos a suertes (video). 2007: l'Orphelinat. 2012: The Impossible. 2016: Quelques minutes après minuit.


Révélé par l'Orphelinat et The Impossible, Juan Antonio Bayona nous assène un nouvel uppercut émotionnel avec Quelques minutes après minuit. Un drame aussi fragile que douloureux sur le deuil maternel qu'un jeune garçon doit s'efforcer d'accepter en dépit de son immaturité. Utilisant intelligemment le conte fantastique comme métaphore sur une initiation au courage et à la vérité que l'on garde au fond de soi, Juan Antonio Bayona transfigure par la même occasion une véritable déclaration d'amour aux monstres comme le souligne le déclic émotionnel que le héros éprouve à la vision de la mort injuste de Kong sur l'empire State Building. Passionné par l'art et les dessins, Conor fuit la réalité pour oublier le cauchemar qu'est entrain d'éprouver sa maman moribonde. Il s'imagine alors que l'arbre de son jardin nanti de vie pourrait éventuellement sauver cette dernière gravement malade d'un cancer.


Si son climat onirico-baroque peut dérouter de prime abord une partie du public (à l'instar du magnifique Labyrinthe de Pan !), le ton inquiétant et la manière personnelle dont Juan Antonio Bayona structure son intrigue préconise les rapports intimistes et équivoques échangés entre l'arbre et le jeune héros. C'est donc l'histoire d'une longue thérapie que nous conte de manière originale l'auteur du point de vue d'un adolescent torturé en phase d'affirmation car sur le point de se libérer de sa prison mentale. Sans jamais tirer sur la corde sensible quant aux évènements douloureux traités avec une détonante pudeur; Quelques minutes après minuit distille une intensité dramatique davantage rigoureuse à l'approche inévitable du deuil familial. Instaurant au compte goutte un climat dépressif néanmoins jamais démonstratif, nous sommes d'autant plus ébranlés par la violence psychologique du contexte familial si bien que le jeune héros réduit à la solitude et humilié par des camarades de classe semble toujours plus démuni d'accepter une circonstance morbide aussi intolérable. Le jeune Lewis MacDougall endossant brillamment ce rôle juvénile d'ado à la fois timoré et précaire tout en nous extériorisant derrière ses contradictions sa rage et sa révolte afin d'y tolérer le fardeau insurmontable du deuil.


Bouleversant à plus d'un titre sans jamais se laisser attendrir par la sinistrose, Quelques minutes après minuit déconcerte par son aspect austère en abordant un Fantastique noble et adulte sous couvert d'une féerie horrifique rédemptrice. Epousant un point de vue fructueux quant au pouvoir de l'imaginaire exorcisant nos angoisses, en particulier celui des monstres plus tolérants et humains que le commun des mortels, Quelques minutes après minuit imprime une leçon de vie auprès de la fragilité de l'adolescence confrontée à l'injustice de la mort. Il y émane une oeuvre précieuse à la fois dure et cruelle, magnifique et délicate de par ses thèmes sobrement autopsiés si bien que l'on en sort aussi éprouvé qu'hanté. On peut d'ailleurs sans rougir le hisser à la dénomination du chef-d'oeuvre absolu. 

*Bruno Matéï
14.03.22. 2èx

mardi 31 janvier 2017

CRONOS

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de Guillermo Del Toro. 1993. Mexique. 1h35. Avec Federico Luppi, Ron Perlman, Claudio Brook, Margarita Isabel, Tamara Shanath, Daniel Giménez Cacho.

Sortie salle Mexique: 3 Décembre 1993. France (uniquement en Dvd): 18 Août 2001.

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.


Quelle bien étrange curiosité que ce Cronos, premier long du maître Guillermo Del Toro réalisé en à peine 45 jours. Fascinant à plus d'un titre car détournant les codes avec originalité et inspiration, le récit se focalise sur la découverte d'une curieuse relique qu'un antiquaire vient d'acquérir du fond de son magasin. Appartenant autrefois à un alchimiste, cet objet de couleur or formant un scarabée possède la faculté de rendre la vie éternelle à celui qui se laisserait perforer par son dard. Dès lors, sous le témoignage curieux de sa petite fille, le grand-père sombre dans une addiction incontrôlée au moment même où un magnat à l'agonie s'efforce de se procurer le talisman par le biais de son brutal neveu. Eclairé d'une photo opaque au sein de décors domestiques assez glauques, Cronos emprunte le mythe du vampirisme de manière à la fois baroque et singulière si bien que le film ne ressemble à rien de connu.


Dominé par la prestance charismatique du grand Federico Luppi parfaitement à l'aise dans sa fonction véreuse de zombie en régénération, Cronos renoue avec la noblesse d'un fantastique pur et dur car façonnant un univers surnaturel irrésistiblement envoûtant, de par son réalisme nocturne. Outre le fait de croire facilement à ce que l'on nous raconte, la force du récit réside notamment dans l'art et la manière iconoclaste de le conter sans les artifices usuels du genre et sous l'impulsion d'une poésie macabre inattendue ! Je songe aux rapports intimes que s'échangent respectueusement la petite fille et son grand-père, communément complices d'une découverte improbable impartie à la vie éternelle. Métaphore sur l'addiction et la peur de la vieillesse entraînant inexorablement la mort; Cronos est également une forme de catharsis afin d'accepter l'hérédité du trépas comme le souligne au terme la résolution morale du héros refusant de se laisser berner par sa seconde peau. Semé de clins d'oeil aux classiques du fantastique moderne (on songe inévitablement à Hellraiser pour la boite de Pandore et son initiation à une douleur finalement apaisante), sa structure narrative détonne et déroute dans son refus de se plier aux conventions du genre. Notre anti-héros sévèrement malmené par un tortionnaire étant contraint de subir divers sévices corporels avant de mourir et de pouvoir renaître de prime abord dans un piteux état grâce au scarabée d'or. Ce dernier n'ayant pas comme motivation éculée (à une rare exception !) de se procurer du sang frais pour subvenir à ses besoins nutritionnels ! Il en émane une drôle d'ambiance débridée à la limite de la cocasserie lors des confrontations musclées avec le neveu décervelé (formidable Ron Perlman !).


Moi Vampire, chronique de la douleur. 
Série B horrifique particulièrement efficace et fascinante par son schéma narratif hétérodoxe hérité du cinéma d'auteur, Cronos possède de sérieux atouts pour embarquer le spectateur dans une bien étrange histoire de vampirisme face au témoignage d'une innocence beaucoup plus lucide et téméraire qu'elle n'y parait. Un conte macabre étonnamment baroque et imprévisible, parfois même assez viscéral dans la caractérisation sclérosée du mort-vivant en quête de rédemption. 

B-D. 3èx

Récompenses: Festival de Cannes 1993 : Prix Mercedes-Benz
Guadalajara Mexican Film Festival 1993 : prix DICINE
Festival international du film de Catalogne 1993 : meilleur acteur pour Federico Luppi, meilleur scénario pour Guillermo del Toro
Festival international du nouveau cinéma latino-américain de La Havane 1993 : meilleure affiche, meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Premio Ariel 1993 : Ariel d'or pour Guillermo del Toro, meilleur acteur dans un rôle mineur pour Daniel Giménez Cacho, meilleure direction pour Guillermo del Toro, meilleur premier film pour Guillermo del Toro, meilleure histoire originale pour Guillermo del Toro, meilleure direction artistique pour Tolita Figueroa, meilleur scénario pour Guillermo del Toro, meilleurs effets spéciaux pour Laurencio Cordero
Festival international du film fantastique de Bruxelles 1994 : Corbeau d'argent
Fantasporto 1994 : meilleur film, prix du public et meilleur acteur pour Federico Luppi
Saturn Awards 1995 : meilleure sortie vidéo
Premios ACE 1995 : meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Fantafestival 1995 : meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro

lundi 30 janvier 2017

LA COURSE A L'ECHALOTTE

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Zidi. 1975. France. 1h40. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont, Marc Doelsnitz, Amadeus August, Henri Déus, Luis Rego, Catherine Allégret, André Bézu

Sortie salles France: 8 Octobre 1975

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Si un an au préalable, Claude Zidi nous avait drôlement séduit avec la Moutarde me monte au nez que le couple fringant Pierre Richard / Jane Birkin avait su dynamiser avec une étonnante alchimie, la Course à l'échalotte fait bien pâle figure si bien qu'en l'occurrence la mécanique du rire tourne à vide. Faute à un scénario aussi superficiel que mal ficelé, à des gags poussifs rarement efficaces (si on épargne deux, trois moments timidement amusants) et au duo en berne Richard / Birkin se démenant comme ils peuvent à nous enthousiasmer de leur divergence conjugale. Leur périple investigateur à débusquer une mallette étant l'élément déclencheur qui pourrait leur permettre de se réconcilier. Directeur de banque le temps d'une semaine, Pierre Vidal tente de reconquérir sa muse lassée de leur routine. Au même moment, de dangereux malfrats dérobent une importante mallette secrètement gardée dans un coffre. Pierre se lance alors à leurs trousses parmi la présence inopinée de sa compagne. 


A travers ce récit semé de péripéties assez mouvementées, les aventures rocambolesques de Pierre Vidal s'avèrent inutilement redondantes dans ce jeu du chat et de la souris avec des malfrats issus du café-théâtre. Exploitant de manière maladroite dans une ambiance de carnaval la diversité des décors que Pierre et sa compagne arpentent au fil de leurs vicissitudes (train, salle de music-hall, maison abandonnée, bateau), Claude Zidi peine à provoquer le rire si bien que les quiproquos et incidents en chaîne se suivent sans l'intensité d'une bonne humeur expansive. En héros malgré eux, Pierre Richard et Jane Birkin s'avérant notamment peu à l'aise dans leur fonction annexe d'amants en instance de séparation. Tout l'inverse donc de ce qu'ils nous décrivaient dans le génialement rocambolesque La Moutarde me monte au nez, ce qui est fort dommage surtout venant de la part du maître Claude Zidi !

B-D

vendredi 27 janvier 2017

APOCALYPTO

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Mel Gibson. 2006. U.S.A. 2h18. Avec Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernández, Jonathan Brewer, Morris Birdyellowhead, Carlos Emilio Baez, Ramirez Amilcar

Sortie salles France: 10 Janvier 2007. U.S: 8 Décembre 2006

FILMOGRAPHIE: Mel Gibson est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 3 Janvier 1956 à Peekskill (Etats-Unis).
1993: l'Homme sans visage. 1995: Braveheart. 2004: La Passion du Christ. 2006: Apocalypto. 2016: Tu ne tueras point.


Télérama : « Nouvelle boucherie signée Mel Gibson, chez les Mayas. Attention navet.

Expérience de cinéma d'aventures d'un souffle nouveau, Apocalypto réinvente le genre avec une vigueur viscérale vertigineuse ! Odyssée guerrière relatant l'initiation héroïque du néophyte Patte de Jaguar, Apocalypto nous immerge de plein fouet au coeur de la jungle mésoaméricaine au moment même où une tribu Maya s'obstine à kidnapper sa famille pour les offrir en sacrifice à une divinité. Tourné dans les décors naturels du Catemaco et du Mexique, Mel Gibson, producteur, scénariste et réalisateur, s'est donné les moyens pour authentifier son cadre historique comme le souligne notamment le recrutement de centaines de figurants (Mexicains, Améridiens, natifs de Los Tuxtlas et de Vera Cruz) lors des séquences les plus baroques (les fameux sacrifices sur l'autel du temple). Sans compter le soin imparti aux peintures de guerre, armes blanches, coiffures, vêtements tissés à la main par des professionnels ! (voir Making-Of du Blu-ray sorti chez nous). Visuellement splendide, de par l'éclairage naturel de sa photo magnifiant une végétation aussi vaste qu'impénétrable et ses immenses chutes d'eau en vue panoramique, Apocalypto transfigure avec brio singulier une descente aux enfers verts comme si nous y étions !


D'une violence inévitablement primitive comme l'a déjà privilégié Gibson avec ces précédents travaux, l'intrigue cumule les séquences chocs et/ou éprouvantes à un rythme épuisant. Chaque exaction sanglante découlant des actes et rituels barbares d'une communauté sans vergogne quand bien même un rescapé en remise en question avec sa peur usera de riposte pour tenter d'échapper à la mort ! Apocalypto traitant par ailleurs des thèmes de l'esclavagisme, du fanatisme et de la manipulation religieuse par le biais de cette tribu mégalo (toujours cette loi du plus fort !) alors que de nouveaux explorateurs étrangers envisageraient à leur tour de coloniser cette terre inconnue. Métaphore sur les génocides (l'immense charnier de cadavres que traverse le héros en cours de fuite) et l'impérialisme si je me réfère à sa conclusion en demi-teinte, Apocalypto provoque une lourde empathie pour ces innommables souffrance infligées sur des tribus démunies (notamment ces viols pratiqués sur les femmes lorsqu'elles ne sont pas vendues, les octogénaires livrées à l'exode, les enfants sacrifiés ou laissés à l'agonie d'une maladie contagieuse) quand bien même en seconde partie Gibson embraye sur le mode du survival afin d'offrir un sens à la destinée de notre héros chrysalide ! L'action des enjeux de survie se dispersant dans de multiples directions si bien que l'on reste rivé à son siège à savoir quelle prochaine épreuve d'endurance notre héros pourrait à nouveau exceller dans son "parcours du combattant" !


Exploitant à merveille son environnement naturel que l'homme et la faune braconnent en interne d'un climat tropical subitement fluctuant, Apocalypto (=je révèle) agite nos sens pour nous redonner goût à un cinéma autre, viscéral, sensoriel, immersif, sous l'impulsion d'acteurs méconnus criants de naturel. Bref, du cinéma épique brut de décoffrage comme on en voit rarement dans le paysage du divertissement imberbe, à réserver néanmoins à un public adulte. 

B-M