vendredi 13 janvier 2017

THE BIRTH OF A NATION. Grand Prix du Jury, Prix du Public, Sundance 2016.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nate Parker. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior, Colman Domingo, Aunjanue Ellis, Dwight Henry

Sortie salles France: 11 Janvier 2017. U.S: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIENate Parker, né à Norfolk le 18 novembre 1979 (37 ans), est un acteur et réalisateur américain.


Applaudi au Festival de Sundance tant et si bien qu'il remporte le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, The Birth of a nation relate l'histoire vraie du prêcheur noir Nat Turner qui incita des esclaves noirs à l'insurrection le 21 Août 1831. Alors que l'année dernière l'oscarisé 12 Years a slave avait également abordé le sujet de l'esclavage aux Etats-Unis, et ce bien avant la guerre de sécession, Nat Parker, acteur et réalisateur néophyte, s'avère à mon sens plus sincère dans sa démarche parfois maladroite (beaucoup lui reprochent une réalisation académique !) pour authentifier un personnage historique s'étant forgé sa notoriété auprès d'une idéologie vindicative. Sans céder à la facilité du pathos et de la complaisance pour l'intensité des torture habilement filmées (hors-champs en sus pour certains moments aussi éprouvants), The Birth of a nation captive par petites touches en prenant soin de décrire la destinée de ce prêcheur dont la réputation résonnera jusqu'à l'abolition de l'esclavage.


De son enfance à l'âge adulte, nous nous immergeons dans la quotidienneté de sa condition soumise avant sa prise de conscience de contester des sévices innommables infligés sur des noirs (potentiellement) indisciplinés, et sa nouvelle interprétation des versets de la Bible qu'il dictait instinctivement afin d'apaiser les rancoeurs de ses pairs. Prenant son temps à narrer son histoire, notamment par le biais d'un romance que partage le héros avec une jeune esclave, Nat Parker croit fermement à la progression dramatique de son récit (aussi prévisible soit-il) pour faire naître une émotion empathique jamais programmée (même si on peut parfois juger un brin appuyée son score musical dans la sonorité cérémonielle des choeurs religieux). Au-delà de la puissance émotionnelle du fait divers dénonçant à nouveau la haine et la barbarie du racisme, The Birth of a Nation renforce sa modeste authenticité auprès du jeu dépouillé de seconds-rôles au charisme saillant. Outre le talent de ses derniers communément impliqués dans une opposition ethnique, Nat Parker, acteur, porte le film sur ses épaules dans son témoignage humaniste d'esclave docile peu à peu rongé par une auto-justice qu'une doctrine religieuse finit par lui enseigner (on peut d'ailleurs prêter un brin de métaphore au mouvement punitif de Daesh bien que le porte parole n'est ici en rien fanatisé). Ce qui donne lieu au terme à quelques séquences d'affrontements sanglants modérément chorégraphiés si bien que Nat Parker ne s'attarde pas sur l'aspect homérique du carnage. On peut également souligner le soin formel imparti à sa reconstitution historique (le comté rural de Virginie) éclairé d'une photo limpide et d'un cadre solaire parfois teinté d'onirisme (comme en témoigne les visions mystiques de Nat lors de son introspection morale ou les couchers de soleil voilant les champs de coton).


Inévitablement poignant, intense et bouleversant parmi la juste mesure de séquences intimistes et d'autres révoltantes réalisées avec tact et pudeur (à l'instar de l'humilité du final cruel où la suggestion prime alors qu'on nous évoque l'image d'après un nouvel épisode belliqueux de l'histoire de l'esclavage), The Birth of a nation n'a pas volé ses récompenses à Sundance en dépit d'un certain scandale qui entoure le passé du réalisateur et du scénariste que certaines critiques se sont relayées pour un motif sans doute péjoratif. Il en émane une première oeuvre imparfaite mais autrement sincère et essentielle pour la gravité de son thème si actuel, et rien que pour cela, The Birth of a nation mérite à mon sens la dignité en ces temps médiévaux d'intolérance et de racisme galopant. 

B-M

Spoilers ! La rébellion qui dura presque 48 heures causa la mort de plus de 60 esclavagistes, semant la peur dans tout le pays. En représailles, des centaines d'africains, esclaves ou non, furent assassinés. Le corps de Nat Turner fut écorché et démembré. Sa peau servit à coudre des reliques et sa chair, à faire de la graisse. Ceci afin de décourager les émules. Fin du Spoiler.

Récompenses: Festival du film de Sundance 2016: sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public

jeudi 12 janvier 2017

FUTUR IMMEDIAT: LOS ANGELES 1991

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lavisqteam.fr

"Alien Nation" de Graham Baker. 1988. U.S.A. 1h31. Avec James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp, Kevyn Major Howard, Leslie Bevis, Peter Jason, Conrad Dunn.

Sortie salles France: 8 Février 1989. U.S: 7 Octobre 1988

FILMOGRAPHIE: Graham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Série B mineure d'anticipation musclée qui fit les beaux jours des cinéphiles des années 80, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 exploite le Buddy Movie en vogue depuis les récents succès de 48 Heures et de l'Arme Fatale ! Si l'intrigue d'une affligeante banalité (2 flics que tout oppose tentent de remontrer une filière de la drogue) ne réserve aucune surprise quant au cheminement stéréotypé, son centre d'intérêt se trouve dans sa formule impartie aux codes du Buddy Movie. A savoir, la communion d'un duo improbable par le biais du choc des cultures qu'incarnent un flic et un extra-terrestre en initiation amicale. Aussi banal soit son pitch digne d'un épisode d'Hollywood Night, Futur Immédiat... parvient tout de même à apporter une touche d'originalité à travers son thème universel, l'invasion extra-terrestre.


Insérés dans la société américaine depuis quelques années, ces aliens sont toutefois victimes de racisme auprès d'une frange de citadins quand bien même les plus véreux se portent garant pour collaborer à l'odieux trafic d'une drogue aussi addictive que destructrice ! Les consommateurs éprouvant après injection des pulsions de violence démesurées, quand bien même une overdose peuvent les soumettre à une mutation surhumaine ! A la suite de la mort de son collègue lors d'un règlement de compte sanglant avec des braqueurs "aliens", le détective Sykes décide de faire équipe avec l'humanoïde Samuel Francisco afin de faciliter son investigation. Inscrit dans la décontraction et un second degré assumé, Graham Baker accorde beaucoup d'attention à la familiarisation de ce duo policier que forment respectivement James Caan (parfaitement à l'aise dans son rôle bourru de flic irascible mais loyal) et Mandy Patinkin (aussi attachant en adjoint humaniste, studieux et inopinément héroïque !). Quand bien même Terence Stamp, quasi méconnaissable à travers sa trogne volumineuse, leur dispute sobrement la vedette dans une posture égotiste de magnat de la drogue. En dépit de sa minceur narrative, ce B movie agréablement troussé est notamment transcendé par ces réparties (gentiment) cocasses que James Caan se prend malin plaisir à improviser afin de désinhiber son acolyte.


Emaillé de quelques gunfights percutants (son prologue explosif particulièrement jouissif et chorégraphié !) et d'une haletante poursuite automobile, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 cultive une irrésistible sympathie dans sa simplicité et son efficacité à jumeler les genres (polar, action, comédie, science-fiction) sous l'autorité d'un duo bonnard très attachant. Tout à fait crédible quant à l'iconographie de nos extra-terrestres implantés sur terre, on peut enfin louer le soin des maquillages (simples mais pleinement convaincants !) issus de l'écurie Stan Winston

B-M

Récompense: Saturn Award du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1990.

mercredi 11 janvier 2017

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB

de Colm McCarthy. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Gemma Arterton, Sennia Nanua, Glenn Close, Paddy Considine, Anamaria Marinca, Dominique Tipper.

Sortie salles Angleterre: 23 Septembre 2016

FILMOGRAPHIEColm McCarthy est un réalisateur et scénariste anglais né le 16 Février 1973 à Edinburgh. Scotland, UK. 2004: Baldy McBain (télé-film). 2010: Outcast. 2016: The Girl with All the Gifts.


Réalisateur néophyte signataire d'un télé-film et d'un long-métrage relativement passé inaperçu (Outcast), Colm McCarthy surprend agréablement avec The Girl With all the Gifts en empruntant brillamment le thème éculé des infectés. Dans un monde dystopique, les membres d'une base militaire tentent de se prémunir contre la menace d'infectés affamés de chair humaine. Dirigeant une petite classe d'enfants contaminés mais doués de conscience et de sensibilité, l'institutrice Miss Justiniau essaie de les éduquer avec l'espoir de les humaniser, quand bien même le docteur Caldwell ne songe qu'à les expérimenter afin de trouver un vaccin qui pourrait sauver l'humanité. Mais l'assaut impromptu d'une armée d'infectés contraignent quelques survivants ainsi que le sujet Mélanie à s'échapper de la base pour sillonner les vestiges du centre urbain. 


Récit d'anticipation horrifique inspirée de 28 jours (et semaines) plus tard, The Girl with all the gifts renoue avec un Fantastique adulte et ambitieux comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Colm McCarthy s'efforçant d'authentifier son contexte post-apo par le biais d'une atmosphère de désolation, quand bien même la ténuité de sa partition envoûtante insuffle une aura poétique assez capiteuse sous l'impulsion d'une héroïne juvénile complexe. Immersif donc pour l'esthétisme blafard de son climat feutré et captivant quant au cheminement de survie que nos héros arpentent fiévreusement, The Girl with all the gifts parvient à renouveler les codes du film d'infectés grâce à des rebondissements habiles ! Telle cette menace inédite d'infection fongique en instance de mutation (une bactérie provenant d'un champignon) puis celle d'une nouvelle génération d'enfants livrés à l'état primitif mais potentiellement aptes à une nouvelle postérité. On est d'autant plus fasciné par la morphologie inhabituelle des infectés, tantôt hiératiques lorsqu'ils sont privés d'odeur humaine, tantôt erratiques lorsqu'une victime s'y trouve à proximité. On est notamment impressionné par le charisme inédit de leur rictus carnassier mimant leur insatiabilité avec une émotion animale ! Outre la vigueur de quelques séquences d'angoisses parfaitement maîtrisées (le soldat dans l'épicerie), The Girl with all the gifts privilégie intelligemment l'étude caractérielle de ses personnages en divergence morale (principalement la biologiste et l'institutrice) sous le témoignage amiteux d'une adolescente futée que Sennia Nanua endosse avec une constance dépouillée (prix d'interprétation féminine à Catalogne !).


Sans jamais se laisser tenter par l'actionner bourrin que nombre de prods horrifiques se sont vulgairement fourvoyées (si on élude ses 20 premières minutes échevelées), The Girl with all the gifts renoue avec un cinéma à l'ancienne (identitaire/intimiste/novateur/climatique) par son parti-pris d'immerger le spectateur dans une aventure humaine aussi pessimiste qu'en demi-teinte. A l'instar de de son épilogue binaire littéralement bipolaire ! Une oeuvre marquante et sensible pour le traitement infligé aux enfants, la plus originale jamais traitée sur le thème rebattu des infectés ! 

B-D

mardi 10 janvier 2017

BLASTFIGHTER, L'EXECUTEUR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nanarland.com

de Lamberto Bava. 1984. Italie. 1h29. Avec Mike Miller, Patrick O'Neil Jr, Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell'Acqua, Michele Soavi.

Sortie salles France: 14 Novembre 1984. Italie: 25 Juillet 1984

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea, 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Surfant sur le succès notoire de Rambo, Lamberto Bava nous livre avec Blastfighter sa version transalpine sous couvert de manifeste écolo anti chasse. Après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour s'être fait justice auprès de l'assassin de sa femme, Tiger Sharp retourne dans sa ville natale. Confronté à la provocation de chasseurs sans vergogne, il finit par les brimer lors d'une partie de chasse. Alors que sa fille vient lui régler des comptes pour l'avoir lâchement abandonné après la mort de sa mère, Tiger est contraint de la protéger depuis la rancoeur des braconniers. Ce pitch canonique surfant sur Délivrance et Rambo compile à rythme métronomique un florilège de situations prévisibles entre un héros invincible (Mike Miller, plutôt inexpressif dans son regard azur) et des méchants décervelés ultra caricaturaux.


Adoptant son sujet au sérieux, Lamberto Bava nous livre donc une série Z truffée de maladresses et de clichés par le biais d'un survival haletant. Sur ce dernier point, Blasfighter s'avère plutôt généreux puisqu'il enchaîne sans répit des bravoures homériques fondées sur le principe payant de Rambo. A savoir une chasse à l'homme de longue haleine inscrite dans la déloyauté si bien que notre héros seul contre tous usera de subterfuges pour tenter de s'en sortir vivant. Et pour perdurer dans l'inspiration de Rambo, le cadre forestier des règlements de compte est efficacement exploitée par l'entremise d'un panorama montagneux. Seulement, si la plupart des épigones transalpins du même tonneau continuent de nous amuser et de nous faire vibrer par leur aspect irrésistiblement ringard (humour involontaire en sus), Blasfighter ne possède pas cette même aura, cette même innocence, faute d'une dramaturgie trop appuyée que l'on voit venir à des kilomètres, et d'un manque flagrant d'intensité pour les enjeux de survie (notamment ces rapports sirupeux entre Tiger et sa fille). Néanmoins, les inconditionnels de bisserie d'exploitation devraient sans doute y trouver leur compte grâce à son action en roue libre culminant vers une dernière partie gentiment débridée (l'usage escompté de la fameuse arme révolutionnaire du héros).


Sympathique par son esprit Bis typiquement transalpin (à l'instar de son score entraînant concocté par Tommie Baby) mais beaucoup trop naïf, contracté et prévisible pour combler nos attentes.

B-M

lundi 9 janvier 2017

THE AUTOPSY OF JANE DOE

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB. 

de André Øvredal. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h31. Avec Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Kelly, Parker Sawyers.

Sortie salles U.S: 21 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter. 2016: The Autopsy of Jane Doe. 2017: Mortal (en projet).


Révélé par le réjouissant food fountage Troll HunterAndré Øvredal nous revient 6 ans plus tard avec The Autopsy of Jane Doe. Un thriller fantastique d'une belle efficacité, de par son cheminement narratif façonnant un suspense assez tendu et la sobriété de comédiens particulièrement cohérents dans leur perplexité à se livrer aux phénomèmes (potentiellement) surnaturels. Exit donc les personnages stéréotypés vulgairement exhibés dans les produits lambdas quand bien même le réalisateur parvient à maintenir l'attention sous l'autorité de deux uniques acteurs. Renouant avec un Fantastique adulte autour d'un unité de lieu que n'aurait pas renié Carpenter (format scope à l'appui), André Øvredal privilégie lestement la suggestion afin d'attiser notre curiosité témoin des interrogations récursives d'employés d'une morgue.


Alors que de nouveaux cadavres viennent de débarquer dans leur établissement, Tommy et son fils Austin vont de surprises en découvertes lors de l'autopsie d'une jeune femme à la langue coupée. Peu à peu, durant une nuit diluvienne, d'étranges évènements intentent à leur tranquillité au point que ces derniers ne parviennent pas à s'extraire de leur enceinte. Sous couvert de thriller à suspense distillant au compte-goutte des indices dénués de raison, André Øvredal parvient à semer inquiétude et doute dans l'esprit du spectateur autour d'une scénographie malsaine impartie aux autopsies de cadavre. Ce dernier ne lésinant par sur les zooms de chairs et organes dépecés en éludant miraculeusement tout effet de complaisance. La grande force de The Autopsy of Jane Doe résidant dans sa manière de distiller l'angoisse sans fantaisie grand-guignolesque et par le biais de petits détails bougrement intrigants (le son d'une clochette, le tube d'une radio, une porte qui s'ouvre lentement sans raison, des visions anxiogènes de silhouettes humaines et ce fameux cadavre sans identité). Si bien que la première heure impeccablement ossaturée s'avère un modèle de suggestion, et ce jusqu'à ses confrontations les plus violentes culminant parfois à une dramaturgie aussi rude qu'inique. Sans révéler le fameux thème du film que le réalisateur exploite avec une évidente originalité, The Autopsy of Jane Doe n'a pas pour prétention de révolutionner le genre mais simplement de nous tailler un moment d'angoisse assez séduisant au sein d'un huis-clos tributaire de l'inexplicable.


Esthétiquement soigné par le biais d'une photo somptueuse et nanti d'un savoir-faire technique plutôt maîtrisé, André Øvredal étonne une fois de plus à considérer le genre avec respect et humilité sous l'impulsion spontanée de deux comédiens en cohésion parentale. Une belle petite surprise tirant parti de sa réussite par sa simplicité à retravailler les codes avec des bouts de ficelle retors.  

B-M

vendredi 6 janvier 2017

THE DARK

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site mavideotek.fr

de John Fawcett. 2005. Angleterre/Allemagne. 1h33. Avec Sean Bean, Maria Bello, Richard Elfyn, Maurice Roëves, Abigail Stone, Sophie Stuckey.

Sortie salles France: 26 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: John Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Passé inaperçu, The Dark porte la signature de John Fawcett, réalisateur de l'excellent Ginger Snaps, film de loup-garou remis au goût du jour. Echec commercial à sa sortie et relativement peu sollicité par la critique, The Dark ne méritait pas un tel desavouement même si de mon point de vue sa dernière partie confuse, voire incohérente, nous laisse sur notre faim avec un sentiment d'inachevé. Adelle part séjourner dans la maison côtière de son ex mari en compagnie de sa fille Sarah. Mais à proximité d'une falaise, un incident grave intente à la vie de cette dernière. Accablés de chagrin et de questionnement, le couple part à sa recherche, Spoil ! quand bien même le fantôme d'une petite fille vient perturber leur investigation Fin du Spoil


Empruntant les thèmes de la hantise, du sacrifice, de la religion et du rituel occulte, The Dark distille une atmosphère de mystère assez vénéneuse sous l'éclairage d'une photo crépusculaire envoûtante et le cadre naturel de vastes paysages côtiers. Nanti d'un suspense latent au fil d'une investigation émaillée d'indices au compte-goutte, The Dark sème le trouble lorsqu'un couple en berne tente de décoder le mystère qui entoure la disparition de leur fille, notamment en apprenant le passé obscur de l'ancien résident de la maison. Spoil ! Un berger obscurantiste en concertation avec les forces de l'au-delà afin d'inciter sa confrérie d'adeptes au suicide collectif. Fin du Spoil. Jalonné de séquences angoissantes et de quelques éclairs de violence intentées sur une âme candide, l'intrigue captive sobrement sous l'autorité de Sean Bean et de Maria Bello, communément convaincants dans leur fonction parentale avide de rédemption. Mais si l'histoire aussi douloureuse que fragile ne manque pas d'intérêt en exploitant un surnaturel écolo, sa dernière partie jonglant entre rebondissements et revirements finit par s'emmêler les pinceaux à force de vouloir nous surprendre. Quand bien même sa conclusion déroutante se clôt sur une note d'amertume qui à mon sens n'avait pas lieu d'être ! Ce qui est donc dommageable car The Dark ne manquait pas de sincérité et d'application à exploiter sans fard le thème de la hantise du point de vue d'un enfant martyr.


Aussi imparfait et inachevé soit son obscur récit, The Dark mérite tout de même le coup d'oeil si bien que cette série B formellement envoûtante ne manque pas d'intensité et d'une certaine originalité (son monde parallèle indicible et le lien morbide conféré aux moutons) pour provoquer inquiétude et angoisse. 

B-M. 2èx

jeudi 5 janvier 2017

TED BUNDY

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site emaze.com

de Matthew Bright. 2002. 1h39. Avec Michael Reilly Burke, Boti Bliss, Steffani Brass, Eric DaRe, Tricia Dickson, Matt Hoffman, Tracey Walter.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 Juin 1952
2003: Tiny Tiptoes. 2002 Ted Bundy. 1999 Freeway II: Confessions of a Trickbaby. 1996: Freeway.


L'expression "tueur en série" est née avec Ted Bundy. Dans les mois précédents son exécution, il recevait plus de 200 lettres par jour de femmes amoureuses de lui. 

Dtv discrètement sorti chez nous en dvd, Ted Bundy est une descente aux enfers que Matthew Bright (auteur du génialement barré Freeway !) retrace avec un souci de réalisme assez rigoureux (images d'archive à l'appui). Epaulé de son acteur Michael Reilly Burke, ce dernier hypnotise l'écran avec une vigueur viscérale dans sa posture sournoise (rictus décontractée en sus !) d'étudiant en droit se complaisant librement aux viols, meurtres en série et rituels macabres (il est nécrophile et décapite parfois ses victimes) ! S'autorisant sans complexe d'observer une fille dévêtue en se masturbant derrière un bosquet ou de grimacer tel un demeuré face au miroir de sa salle de bain, Ted Bundy nous est immédiatement décrit comme un érotomane pathologique, un pervers erratique en dépit de sa romance partagée avec Lee, maman godiche d'une petite fille. Relatant scrupuleusement sur une période de 5 années (1974-1978) ses crimes en série perpétrés à travers 7 états avant son arrestation, son soutien en prison avec une de ses fans, ses 2 évasions et son exécution sur la chaise électrique, Matthew Bright nous glace d'effroi (moral) dans son souci chronologique de répertorier ses exactions crapuleuses sans effets de manche. Avouant finalement à la justice 30 homicides, Ted Bundy aurait été potentiellement signataire de plus de 150 victimes !


Dérangeant et profondément malsain, de par la récurrence des homicides sexuels perpétrés avec une violence bestiale (coups de poing et de matraque assénés en pleine tête !) et de l'aspect macabre des déviances nécrophiles, l'intrigue s'irrigue d'une atmosphère fétide, pour ne pas dire irrespirable sous l'impulsion d'un acteur littéralement possédé par son rôle vicié ! On peut également souligner l'audace du sociopathe séducteur lorsque celui-ci parvient à s'évader sous les yeux de ses geôliers afin de perdurer une nouvelle série de meurtres aussi lâches qu'innommables. Quant au final à la fois dérangeant et inopinément poignant (on s'étonne d'éprouver une réelle compassion face à l'intolérable supplice du condamné !), Matthew Bright nous percute de plein fouet à instaurer une vraie réflexion sur la peine de mort lors des préparatifs du détenu humilié et torturé par les gardiens (ces derniers étant contraints d'obstruer son anus avec du coton pour éviter le flux de selle au moment de la sentence) puis transi de terreur à l'idée de trépasser l'instant d'après sur la chaise. Le réalisateur s'efforçant de dépeindre son chemin de croix avec une intensité émotionnelle à la limite du supportable (la posture infantile d'un Bundy au regard vague !), notamment lorsqu'une assemblée de spectateurs voyeurs osent lui faire face pour contempler avec frigidité son exécution.


Film choc en roue libre soutenu par la sobriété d'un score dramatique poignant, Ted Bundy constitue à mon sens l'un des portraits les plus durs et viscéraux que j'ai pu voir sur pellicule si on occulte les mastodontes inégalés Henry, Maniac et Schizophrenia. Une douloureuse épreuve de perversion morbide aussi fascinante que dérangeante si bien que l'on ne sort pas indemne, notamment pour son sous-texte conféré au réquisitoire anti peine de mort ! (en l'occurrence, l'approche barbare de la chaise électrique). 
Pour public averti

mercredi 4 janvier 2017

ATOMIC CYBORG

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

"Vendetta dal futuro" de Sergio Martino. 1986. Italie. 1h34. Avec Daniel Greene, Janet Ågren, Claudio Cassinelli, George Eastman, Roberto Bisacco, Andrea Coppola, Donald O'Brien

Sortie salles France: 26 Mars 1986

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Spécialiste de séries B et Z en tous genres, Sergio Martino exploite en 86 le filon en vogue du Post-nuke, du cyber punk et de la science-fiction bourine qu'iconisent respectivement Mad-max 2, Robocop et Terminator. Nanar Z typiquement transalpin par son action de pacotille et son casting irrésistible de trognes inexpressives (Daniel Green éclabousse l'écran en mastard impassible mais noble en coeur quand bien même Georges Eastman lui dispute méchamment la vedette avec un cabotinage outrancièrement mesquin !), Atomic Cyborg exploite ses références ricaines avec un savoir-faire non négligeable (principalement sa dernière demi-heure multipliant efficacement ces bravoures improbables !). Par l'entremise d'un récit profondément naïf, Sergio Martino enchaîne les situations ubuesques et extravagantes au travers d'un esprit Bis aujourd'hui révolu.


En sédition contre ses créateurs après avoir volontairement saboté sa mission, le cyborg Paco Queruak s'enfuit en Arizona et trouve refuge chez la taulière d'un motel. Pendant ce temps, les sbires de l'industriel Turner se lancent à ses trousses pour l'exécuter. Cette trame niaise aux références assumées n'est évidemment qu'un prétexte pour mettre en exergue une série d'épreuves physiques et explosives que Paco va amorcer durant 1h30. A savoir, épreuves de bras de fer et pugilats de saloon avec deux molosses vaniteux, courses-poursuites sur bitume en camion et hélico, rixe saugrenue avec une androïde de carnaval et enfin moult gunfights avec des tueurs en costard affublés de lunettes noires. Ces situations puériles tributaires du western futuriste et d'une action parfois gore s'avèrent si attractives sous l'impulsion risible d'une distribution bovine au sérieux inébranlable ! Martino usant des provocations machistes de ces portraits vantards par le biais de confrontations musclées entre routiers décervelés et margoulins déterminés. Pour parachever, on peut compter sur la contribution musicale de Claudio Simonetti pour provoquer l'émotion à travers une mélodie tantôt élégiaque (les étreintes du couple), tantôt entraînante (les règlements de compte virils).


Ludique en diable grâce à l'énergie de sa mise en scène, à la posture grotesque de ses seconds-couteaux impayables, à la variété des costumes ringards, des décors de carton pâte et du cadre naturel photogénique (les plaines de l'Arizona), Atomic Cyborg risque de faire vibrer la corde sensible du cinéphile nostalgique si bien qu'aujourd'hui cette fantaisie folingue semble encore plus cocasse et poignante par son aspect obsolète. 

B-M. 3èx

Info subsidiaire (Wikipedia): Claudio Cassinelli est décédé au cours du tournage du film alors que celui-ci était achevé aux trois-quarts. L'acteur s'est tué en hélicoptère en passant en dessous du Navajo Bridge, dans l'Arizona. Sergio Martino a dû modifier le scénario en urgence puisque Cassinelli devait figurer dans l'affrontement final contre Paco.

mardi 3 janvier 2017

LE CAUCHEMAR DE FREDDY

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site films-horreur.com

"A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master" de Renny Harlin. 1988. U.S.A. 1h39. Avec Lisa Wilcox, Robert Englund, Andras Jones, Tuesday Knight, Danny Hassel, Brooke Theiss.

Sortie salles France: 4 Janvier 1989. U.S: 19 Août 1988

FILMOGRAPHIE: Renny Harlin (Renny Lauri Mauritz Harjola), est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 mars 1959 à Riihimäki (Finlande).
1986 : Born American. 1987 : Prison. 1988 : Le Cauchemar de Freddy. 1990 : 58 Minutes pour vivre (Die Hard 2). 1990 : The Adventures of Ford Fairlane. 1993 : Cliffhanger. 1995 : L'Île aux pirates. 1996 : Au revoir à jamais. 1999 : Peur Bleue. 2001 : Driven. 2004 : Profession profiler. 2004 : L'Exorciste, au commencement. 2006 : Le Pacte du sang. 2008 : Cleaner. 2009 : 12 Rounds. 2011 : Etat de guerre. 2013 : Dyatlov Pass Incident. 2014 : La Légende d'Hercule. 2015 : Skiptrace.


4è volet d'une franchise aussi lucrative qu'Halloween et Vendredi 13, Le Cauchemar de Freddy 
s'avère d'ailleurs le plus gros succès de la saga sous l'égide du réalisateur en herbe Renny Harlin. Si ce dernier était parvenu à nous impressionner un an au préalable avec l'excellent Prison, ce 4è opus des aventures de Freddy se complait dans la trivialité. Faute à un scénario aseptique dénué d'originalité et d'une galerie de personnages stéréotypés dont on éprouve aucune (ou si peu d')empathie. En gros, durant leur sommeil, une bande d'ados se font exterminer un à un par le croquemitaine au griffes d'acier quand bien même Alice tente désespérément de les sauver par le biais de pouvoirs télékinésiques. Une lutte à mort s'engage entre eux et Freddy. 


Si l'intrigue inepte ressemble à s'y méprendre au cheminement criminel d'un certain Jason Voorhees (la recette rébarbative du meurtre tous les quarts d'heure afin de pallier les carences narratives et maintenir en éveil un spectateur amusé !), le Cauchemar de Freddy parvient tout de même à divertir par le biais de séquences chocs souvent inventives, voires parfois même impressionnantes (Freddy aspirant l'oxygène de Sheila par sa bouche, la métamorphose de Debby en cafard humain, la pizza garnie de mini têtes humaines, l'affrontement final entre Alice et Freddy culminant à une surprenante dégénérescence corporelle de ce dernier). Spectaculaire et parfois intense pour les séquences susnommées, le Cauchemar de Freddy soigne d'autant plus le cadre excentrique de sa scénographie macabre avec l'appui d'une photo flamboyante et le souci technique d'effets spéciaux artisanaux. Sur ce dernier point, on reste la plupart du temps fasciné par ses trucages vétustes si bien que le Festival de Catalogne ne resta pas indifférent pour lui décerner le Prix des meilleurs effets spéciaux. Pour terminer sur une note subsidiaire, on peut également louer le jeu frugalement convaincant de Lisa Wilcox dans sa fonction d'étudiante philanthrope tentant de prémunir les siens en ingérant leurs facultés sportives en interne des rêves.


Ersatz inutile des Griffes de la Nuit, le Cauchemar de Freddy peut toutefois susciter la sympathie auprès de son lot récurrent de séquences-chocs onirico-morbides à condition de faire preuve d'une certaine indulgence. 

Bruno Dussart. 3èx

Récompense: Prix des meilleurs effets spéciaux lors du Festival international du film de Catalogne 1988. Ils sont dus à Steve Johnson.

lundi 2 janvier 2017

DEEPWATER

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine

"Deepwater Horizon" de Peter Berg. 2016. U.S.A. 1h47. Avec Mark Wahlberg, Kurt Russell, Dylan O'Brien, Gina Rodriguez, Kate Hudson, John Malkovich, Ethan Suplee.

Sortie salles France : 12 octobre 2016. U.S: 30 septembre 2016

FILMOGRAPHIEPeter Berg est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste, compositeur américain né le 11 mars 1962 à New York.1998 : Very Bad Things. 2003 : Bienvenue dans la Jungle.
2004 : Friday Night Lights. 2007 : Le Royaume. 2008 : Hancock. 2012 : Battleship. 2013 : Du sang et des larmes. 2016 : Deepwater. 2016 : Traque à Boston.


Retraçant avec minutie la pire catastrophe pétrolière des Etats-Unis, à savoir la plate-forme Deepwater Horizon qui explosa le 20 Avril 2010 et entraîna la mort de 11 employés, Deepwater redore le blason du genre avec un réalisme insubmersible ! Aux antipodes du divertissement conventionnel conçu pour épater la galerie en mode ostentatoire (2012, San Andreas, aussi bonnard soit-il !), Deepwater nous ébranle les mirettes lors de ses séquences d'incendies en ébullition instaurées sur une plate-forme échappant au contrôle de ses experts. Mark Wahlberg monopolisant l'écran avec un sobre humanisme dans sa fonction d'ingénieur en chef en initiation héroïque. Par le biais (symbolique) de ce personnage aussi fragile que pugnace, Peter Berg honore les notions de courage et de bravoure lors d'une situation d'extrême danger que l'on redoute perdue d'avance !


Car si le désespoir, le doute et la peur de trépasser (la posture névralgique d'Andrea Fleytas) peut nous être fatal lors d'un contexte de survie aussi déloyal, la rage de s'en sortir, la détermination de croire en soi et à l'espoir peuvent modifier votre destin avec un optimisme insoupçonnée ! Si la première partie dépouillée prend son temps à nous caractériser les principaux témoins et responsables de la tragédie en distillant notamment un suspense sous-jacent quant à la catastrophe escomptée, la seconde partie émotionnellement éprouvante nous donne le vertige dans son maelstrom d'images cauchemardesques inspirées de l'Enfer ! Car durant cette endurance physique et morale où s'élève l'instinct de survie, une poignée de mutilés éreintés de fatigue, de stress et d'angoisse vont tenter de s'extirper de l'aveuglant brasier en se fiant de prime abord à leur libre-arbitre. Outre l'extraction fulgurante du pétrole de son réservoir, le souci du détail imparti à la prolifération des incidents techniques et l'esprit faillible de ces hommes réduits à la solitude et à l'impuissance sont habilement mis en exergue dans un déploiement de bravoures JAMAIS gratuites !


En adoptant le genre avec maturité et un brio technique effleurant la perfection, Deepwater est une référence du cinéma catastrophe dans son parti-pris humanitaire de vanter les ressorts psychologiques des personnages en perdition et dans son humble témoignage conféré à ses 11 victimes sacrifiées (ne ratez pas le pré-générique final plutôt poignant !). 

B-M 

Histoire (Wikipedia): L'explosion de Deepwater Horizon désigne une explosion et un incendie considérable déclarés, le 20 avril 2010, sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon. Elle coule deux jours plus tard, et repose désormais par 1 500 m de fond. Avant ces événements, 115 personnes étaient présentes sur la plateforme. Parmi celles-ci, 11 personnes ont d'abord été portées disparues puis déclarées officiellement décédées. En outre, 17 blessés ont été recensés parmi les personnes rapatriées sur le continent.

Plusieurs fuites ont été produites lors de l'explosion, libérant le pétrole de son réservoir. Selon Lamar McKay, directeur pour les États-Unis de British Petroleum, le dernier dispositif de sécurité associé à la foreuse a lâché, rendant non opérationnelle la coupure de sécurité et les autres barrières empêchant le flux de pétrole de se vider dans la me

vendredi 30 décembre 2016

JUSQU'EN ENFER

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine

"Drag Me to Hell" de Sam Raimi. 2009. U.S.A. 1h39. Avec Alison Lohman, Justin Long, Lorna Raver, Dileep Rao, David Paymer, Adriana Barraza.

Sortie salles U.S: 27 Mai 2009. U.S: 29 Mai 2009

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Après avoir changé de registre et rameuté un public plus large avec sa splendide trilogie Spiderman, Sam Raimi renoue à ses premiers amours avec Jusqu'en Enfer. Un divertissement horrifique en forme de clin d'oeil à Evil-Dead si bien que les séquences démoniaques s'enchaînent sans répit sous la maîtrise d'une réalisation chiadée comme seul Raimi a le secret. Après avoir refusé un prêt auprès d'une gitane prochainement expulsée de son foyer, la jeune banquière Christine Brown est sujette à sa terrible vengeance. Persécutée par le démon Lamia, elle tente de se faire épauler auprès d'un médium afin d'endiguer la conjuration. Dès lors, un combat entre elle et les forces du Mal s'engage quand bien même son petit ami tente de la rassurer dans son esprit cartésien. Sous couvert d'une satire mordante sur l'intolérance de la finance et de la compétition, Sam Raimi nous revient en grande pompe dans son art inégalable de façonner la frousse avec une ironie irrésistiblement sardonique.


Fort d'une mise en scène aussi inventive que fringante, Jusqu'en Enfer redouble d'efficacité à enchaîner les séquences d'anthologie (l'incroyable agression dans le parking impose une frénésie visuelle à couper le souffle !) pour ébranler son héroïne prise à parti avec des forces surnaturelles. A travers son épreuve de force physique (ses agressions avec l'entité invisible) et morale (ses hallucinations récurrentes) qu'elle doit encourir pour sa survie, l'intrigue multiplie les situations de stress, d'angoisse et de terreur avec un réalisme ébouriffant (si on épargne l'effet raté d'une séquence gore en CGI). Raimi parvenant une fois de plus à nous embarquer à bord d'une montagne russe avec une vigueur émoulue et l'appui de seconds-rôles finement dessinés. Outre l'impact jouissif des séquences-chocs incessamment surprenantes et inattendues (à l'instar de son épilogue aussi couillu qu'hétérodoxe !), Jusqu'en enfer bénéficie d'un travail sur le son (strident !) pour scander le déchaînement des forces occultes et d'une solide distribution pour rehausser la dramaturgie des évènements. Que ce soit le jeu dépouillé de Dileep Rao en médium à la fois studieux et prévoyant, le charisme iconique de Lorna Raver en gitane fielleuse, la posture rassurante de Justin Long en amant prévenant et surtout le charme chétif d'Alison Lohman en victime parano continuellement malmenée mais en initiation vaillante dans sa délibération de déjouer le démon Lamia et de s'affirmer auprès de son boss afin de récolter un poste supérieur.


Roublard en diable et mené de main de maître, Jusqu'en Enfer constitue une récréation diablement réjouissante dans son lot de séquences chocs effrénées impeccablement charpentées. Car aussi improbable soit son argument démoniaque, la carrure humaine taillée auprès de l'héroïne faillible et la vigueur des évènements cinglants qu'elle encaisse fébrilement nous scotche au siège pour nous convaincre de l'artillerie occulte. 

B-M. 2èx

jeudi 29 décembre 2016

Les Raisins de la Colère

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Grapes of Wrath" de John Ford. 1940. U.S.A. 2h09. Avec Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin, Dorris Bowdon, Russell Simpson, O. Z. Whitehead, John Qualen.

Sortie salles France: 31 Décembre 1947. U.S: 15 Mars 1940

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJohn Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue.
1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère.
1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale.
1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves.
1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir.
1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe
1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire)


Grand Classique des années 40, les Raisins de la Colère valu à l'illustre John Ford un Oscar pour le talent de sa mise en scène quand bien même Jane Darwell remporta celui du Meilleur Second Rôle Féminin pour son profil de matriarche au grand coeur. Photographié dans un splendide noir et blanc au jeu d'ombres et lumière expressionnistes, Les Raisins de la colère relate avec souci documenté l'épreuve de survie d'une famille de métayers ricains chassés de leur terre durant la Grande Dépression. Alors que Tommy vient de sortir de prison après avoir purgé 4 ans pour homicide, il retrouve sa famille dans une situation si précaire qu'ils doivent s'exiler vers la contrée Californienne. Manifeste contre la misère humaine et l'exploitation ouvrière, ce road movie rural imprime dans l'esprit du spectateur un sentiment intolérable d'injustice face au témoignage démuni de la famille Joad. Le film ne cessant d'illustrer avec une grande pudeur leur errance itinérante dans un pays en crise ne laissant nulle répit à ceux qui tenteraient de refonder un semblant de vie décente.


Ce poids de la sinistrose qui irrigue les pores du récit ne cède jamais au racolage ou au misérabilisme grâce au réalisme de sa reconstitution sociale et au charisme buriné d'une distribution poignante. L'immense Peter Fonda menant sa communauté parentale avec un humanisme à la fois pugnace et désespéré depuis qu'il enchaîne les infortunes au mépris d'une police aussi dictatoriale que véreuse. Ce portrait vérité de la crise économique de 29 qui engendra l'explosion du chômage (et la cupidité des institutions bancaires) s'avère proprement surréaliste face au discrédit de toutes ces familles affamées, violées de leur territoire, pour être ensuite parquées dans des taudis insalubres en se soumettant à une hiérarchie inéquitable. Par le biais du personnage de Tommy, John Ford insuffle à son portrait fragile une intensité dramatique en crescendo du fait de son caractère frondeur à s'attirer les ennuis au point d'être contraints d'abdiquer sa famille. Spoil ! Le film oscillant au final l'amertume et l'espoir quant à la destinée esseulée de ce laissé-pour-compte et la routine de sa famille que "Ma" (la matriarche) se résigne à poursuivre vers l'endurance Fin du Spoil.


Drame social d'une dureté âpre dans son réalisme glauque émanant d'un impitoyable pessimisme, Les Raisins de la Colère perce finalement vers l'optimisme lors de sa conclusion en demi-teinte afin de mettre en exergue l'initiation de survie d'une famille en perdition gagnée par le désir de persévérer et de s'affirmer pour la dignité. Un chef-d'oeuvre d'une puissance visuelle et émotionnelle que John Ford nous imprime avec une étonnante discrétion ! 

B-M. 3èx

mercredi 28 décembre 2016

LE REGNE DU FEU

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

"Reign of Fire" de Rob Bowman. 2002. 1h42. Avec Christian Bale, Matthew McConaughey, Izabella Scorupco, Gerard Butler, Scott Moutter, David Kennedy, Alexander Siddig, Ned Dennehy.

Sortie salles France: 21 Août 2002

FILMOGRAPHIE: Rob S. Bowman est un réalisateur et producteur de télévision américain, né le 15 mai 1960 à Wichita Falls, Texas aux États-Unis. 1993: Airborne. 1998: The X-Files, le film. 2002: Le Règne du feu. 2005: Elektra


Sous le moule d'une série B de luxe, Rob Bowman redore le blason du blockbuster grand public avec l'intelligence d'un script redoutablement efficace. Dans un monde post-apo, Quinn Abercromby et sa confrérie de survivants tentent de se prémunir contre l'offensive de dragons dans leur forteresse de pierre. Alors qu'une attaque vient de leur porter préjudice depuis la maraude d'un de leurs acolytes à s'emparer d'une récolte, une escouade d'itinérants en fourgons militaires leur sollicite l'hospitalité sous l'impériosité de Denton Van Zan. D'abord réticent, Quin accepte le compromis quand bien même le baroudeur stoïque se vante d'être un tueur de dragon. S'efforçant consciencieusement de soigner le cadre réaliste d'un univers post-apo inspiré d'une scénographie médiévale, Rob Bowman parvient à crédibiliser sa situation improbable littéralement fantasmatique (certains plans faisant office de fresque picturale). A savoir le cataclysme nucléaire du 21è siècle engendré par l'hostilité d'une invasion de dragons au coeur de la capitale londonienne.


Avec ses FX numériques étourdissants de précision pour le design des dragons, et de fluidité pour leurs envolées épiques, le Règne du Feu fascine sans fards si bien que les séquences spectaculaires s'agencent au cheminement narratif sous le pilier d'une confrontation humaine assez tendue. Christian Bale et Matthew McConaughey (qu'on croirait sorti de Mad-Max 2 !) se disputant sobrement la vedette lors d'un point de vue antinomique. L'un préconisant l'alliance des deux camps afin de mieux détruire les dragons, l'autre privilégiant prévention et vigilance pour éviter la bravoure suicidaire des pertes humaines. Ces rapports de force instaurés durant toute l'aventure parviennent à captiver si bien que ces deux hommes vaillants et communément autoritaires vont prendre conscience de leurs erreurs humaines au fil des stratégies offensives puis finalement se respecter en assumant leur responsabilité. Au-delà de cette étude caractérielle bâtie sur le doute, le tort, le pardon et la fraternité, Le Règne du Feu imprime sur une photo désaturée un furieux spectacle sous l'impulsion vertigineuse de dragons plus vrais que nature (à l'instar de cette incroyable chasse en plein ciel perpétrée avec des hommes volants !). On peut même prétendre qu'il s'agit sans doute des sauriens les plus réalistes que l'on ai vu au cinéma avec l'autre exploit Le Dragon du lac de Feu de Matthew Robbins. Le final explosif et sacrificiel s'avérant d'une fulgurance visuelle aussi fascinante qu'hypnotique, notamment lorsque Bowman s'attarde à zoomer sur le charisme carnassier de l'animal !


B movie post-nuke où la fantasy se jumelle scrupuleusement au profit d'une densité narrative et formelle (décorum moyenâgeux et créatures mythologiques criants d'authenticité !), Le Règne du Feu instaure sans aucune prétention un divertissement retors aussi intelligent que mature dans son refus racoleur. Une excellente surprise au succès inévitablement modeste !

B-M. 3èx

Récompense: Prix des effets visuels au Festival international du film de Catalogne