mardi 11 juillet 2017

ATOMIC COLLEGE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Class of Nuke 'Em High" de Richard W. Haines, Michael Herz et Lloyd Kaufman. 1986. 1h23. Avec Janelle Brady, Gil Brenton, Robert Prichard, Pat Ryan, James Nugent Vernon, Brad Dunker, Gary Schneider.

Sortie salles France: 3 Juin 1987. U.S: 12 Décembre 1986

FILMOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945) est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. 2017: Return to Return to Nuke 'Em High Aka Vol. 2. 2016 Grindsploitation. 2013 Return to Nuke 'Em High Volume
1. 2006 Poultrygeist: Night of the Chicken Dead. 2006 Debbie Rochon Confidential: My Years in Tromaville Exposed! (Video). 2004 Tales from the Crapper (Video) (non crédité). 2000 Citizen Toxie: The Toxic Avenger IV. 1999 Terror Firmer. 1996 Tromeo and Juliet. 1990 Sgt. Kabukiman N.Y.P.D. 1989 The Toxic Avenger Part III: The Last Temptation of Toxie. 1989 The Toxic Avenger Part II. 1988 Troma's War (as Samuel Weil). 1986 Atomic College (as Samuel Weil). 1984 Toxic (as Samuel Weil). 1983 The First Turn-On!! (as Samuel Weill). 1982 Stuck on You ! (as Samuel Weil). 1981: Waitress! (as Samuel Weil). 1979 Squeeze Play (as Samuel Weil). 1978 The Fur Trap. 1977 My Sex-Rated Wife (as David Stitt).1977 Exploring Young Girls (as David Stitt). 1976 Les Nympho Teens (as David Stitt). 1976 The Divine Obsession (as Louis Su). 1974 Sweet & Sour (as H.V. Spyder). 1973 The New Comers (as Louis Su). 1973 Ha-Balash Ha'Amitz Shvartz (non crédité). 1971 The Battle of Love's Return. 1969 The Girl Who Returned.


Troma: office de la contre-culture
Film culte des années 80 au même titre que son homologue Toxic avenger, Atomic College demeure également le cartoon vitriolé de tous les excès. Baignant dans une insolence résolument décomplexée sous l'impulsion de protagonistes extravagants aussi bien fêlés qu'écervelés, Atomic College conjugue humour bas d'plafond et gore débridé à un rythme échevelé ! Le pitch d'une rare trivialité tournant autour de la rivalité d'une bande de punks, anciens élèves du lycée de Tromaville, contre l'autorité d'enseignants et d'étudiants les plus entêtés. A la suite d'une fuite radioactive d'une centrale nucléaire située à proximité de leur établissement scolaire, certains d'eux se transforment en mutants et sombrent dans une folie meurtrière. Toutefois, légèrement contaminés par les effets radioactifs d'un joint, un jeune couple tente de s'opposer à la bande lors de règlements de compte ultra-violents.


Dès lors, dans une ambiance électrique d'hyper tension et d'incidents meurtriers, élèves et délinquants se confrontent au moment même où un monstre né des conséquences de la radioactivité est sur le point d'éclore. Rustre, bête et méchant (le passage à tabac d'une vieille dame !) et déjanté comme de coutume chez la Firme Troma, Atomic College reprend à peu de choses près les ingrédients salaces et gorasses de Toxic Avenger avec une alchimie plus ou moins égale. Et ce en dépit d'un cheminement narratif foutraque truffé d'invraisemblances et d'incohérences mais pour autant transcendé d'un débordement de situations toutes plus folingues et hilarantes les unes que les autres. Et ce avec l'appui d'un montage ultra dynamique et d'une partition rock de seconde zone où son thème entêtant ("Nuke 'Em High" !) s'impose avec une plaisante métronomie ! Car si Atomic College empile sans modération des gags acnéens enfantés par un cerveau déficient, l'ambiance survoltée de bonne humeur que les acteurs parviennent outrancièrement à exprimer et surtout l'inventivité des séquences gores rehaussées d'FX en latex plutôt adroits parviennent à nous galvaniser par leur énergie récréative !


100% pur jus de culte chez la centrale Tromaville ! 
Teen movie horrifico-potache à la croisée de Class 84 (notamment ce final explosif où nos méchants punks kidnappent la fille du héros afin de l'entraîner dans les sous-sols du lycée !) et de Toxic Avenger (les lycéens se transformant en super mutants alors qu'un monstre visqueux est sur le point de les déglutir !), Atomic College affiche un "politiquement incorrect" en roue libre sous une facture polychrome de bande dessinée viciée. A revoir illico avec un attendrissant sourire de sale gosse ! 

Bruno Matéï
4èx

lundi 10 juillet 2017

THE LOST CITY OF Z

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de James Gray. 2016. U.S.A. 2h21. Avec Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland, Angus MacFadyen, Edward Ashley, Nicholas Agnew, Ian McDiarmid.

Sortie salles France: 15 Mars 2017. U.S: 21 Avril 2017

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z.


D'après l'histoire vraie de l'explorateur anglais Percy Fawcett délibéré durant toute sa vie à retrouver les traces d'une éventuelle cité d'or au coeur de la forêt amazonienne, The Lost city of Z renoue avec le souffle épique et romanesque des récits d'aventures les plus authentiques. Car riche d'une intensité émotionnelle parfois bouleversante au travers de séquences intimistes sans fard, James Gray semble touché par la grâce d'avoir aussi majestueusement narré (structure limpide en sus) cette incroyable épopée humaine prônant les thèmes des valeurs familiales, du courage, de l'espoir, du dépassement de la peur, de l'obsession, du sens de l'amitié (les rapports indéfectibles entre Percy et ses 2 comparses) et de la tolérance envers les ethnies sauvages discréditées ou parfois exploitées à l'esclavage chez l'homme blanc.


D'une ampleur visuelle à couper le souffle au sein de vastes décors naturels hostiles (extérieurs tournés en Colombie) confrontant l'homme à une survie suicidaire (rations précaires d'eau et de nourriture, maladies, affronts meurtriers de tribus indigènes à proximité des fleuves, faune sauvage à l'affût), The Lost city of Z nous oriente vers un voyage mystique (son final évocateur faisant appel à une idéologie spirituelle) sous l'autorité inflexible de Percy Fawcett. Un explorateur érudit et patriotique pétri de valeurs, de sens du devoir et en avance sur son temps quant à sa morale imputée à l'égalité des sexes et au racisme que l'acteur Charlie Hunnam endosse avec noble sobriété. Cette foi furibarde et désespérée de sillonner sa cité perdue, son endurance de poursuivre sans relâche cet Eldorado durant plusieurs décennies nous invoque stupeur et dignité par son courage physique, sa force de caractère, sa résilience de longue haleine, et ce en dépit des sacrifices qu'il est contraint de s'imposer auprès de sa fonction parentale. Car partagé entre le sens du devoir familial et sa passion professionnelle, ce dernier pour autant révérencieux et compréhensif aura tout de même l'aubaine de se confronter à une épouse aussi humaine car d'autant plus patiente, optimiste et tolérante en dépit de son désarroi affectif et de sa crainte du trépas. Là aussi James Gray dresse l'honorable profil d'une femme fidèle privilégiant au final l'entreprise héroïque de son époux, l'actrice Sienna Miller l'incarnant avec une juste discrétion, entre force d'esprit, franchise et élégance épurée.


En terre inconnue
Passionnant et subtilement envoûtant en dépit d'un début gentiment placide prenant son temps à exposer sa trame, The lost city of Z est un grand moment de cinéma sous l'oeil avisé de l'éminent James Gray maîtrisant la puissance de son récit sous une fulgurance visuelle tangible. Magnifique portrait d'un destin aventurier, progressiste avant-coureur dont la raison de vie n'était que de changer l'avenir et y imposer sa signature afin de confronter l'évolution du monde aux civilisations inconnues, The Lost city of Z demeure une flamboyante épopée humaine derrière une rage de vaincre l'échec, et ce quitte à en sacrifier son destin. D'une sensibilité jamais démonstrative émane un chef-d'oeuvre humble où son intensité dramatique nous bouleverse sans nous prévenir, et ce pour nous transformer psychologiquement parlant. 

Bruno Dussart

vendredi 7 juillet 2017

LES SORCIERES / PACTE AVEC LE DIABLE

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site priceminister.com

"The Witches" de Cyril Frankel. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Joan Fontaine, Kay Walsh, Alec McCowen, Ann BellAnn Bell, Ingrid Boulting, John Collin, Michele Dotrice.

Sortie salles Angleterre: 9 Décembre 1966. U.S: Février 1967. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Cyril Frankel est un réalisateur anglais né le 28 décembre 1921 à Stoke Newington en Londres. 1950 : Explorers of the depths. 1950 : Eagles of the fleet. 1951 : Wing to wing. 1953 : The nutcracker. 1953 : Man of africa (documentaire). 1954 : Make me an offer. 1955 : It's great to be youg. 1957 : No time for tears. 1958 : She didn't say no! 1958 : Alive and kicking. 1960 : Scheidungsgrund : Liebe. 1960 : Never take sweets from a stranger. 1960 : School for scoundrels. 1961 : Don't bother to knock. 1961 : On the fiddle. 1963 : The very edge. 1966 : Pacte avec le diable. 1967 : The trygon factor. 1975 : La Trahison. 1990 : Eine frau namens Harry.


Perle de la Hammer méconnue en France si bien qu'elle resta inédite en salles si je ne m'abuse, les Sorcières préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, Rosemary's Baby. De par son parti-pris de dépoussiérer le thème de la sorcellerie dans un cadre contemporain et son sens suggéré d'exploiter appréhension et paranoïa de la victime sans outrance grand-guignolesque. Et ce en dépit de sa dernière partie autrement vrillée lors des incroyables séances de sabbat incantées autour de fanatiques transis d'émoi. Fascinant et délirant, ce dénouement horrifique vaut son pesant de cacahuètes par son illustration flamboyante et l'audace de quelques situations scabreuses si j'ose dire, notamment si on se réfère à l'époque dans lequel le film fut conçu (la mélasse comparable aux excréments que se partagent goulûment chaque fidèle provoque un dégoût viscéral !). Après avoir été agressée par une expérience vaudou lors d'une mission en Afrique, Gwen Mayfield retourne dans son pays anglais pour y exercer un nouveau poste d'institutrice. Fraîchement débarquée au sein du petit village de Cornouailles, celle-ci est rapidement contrainte de s'inquiéter de la relation amoureuse de deux adolescents que les habitants pointent du doigt avec médisance


Suspense horrifique charpenté par le truchement d'une ossature narrative soigneusement contée, Les Sorcières joue la carte de la sobriété pour mieux nous adhérer à son cauchemar ésotérique où les forces du Mal sont sur le point de parfaire un stratagème morbide Spoil ! (sacrifier une vierge pour le compte d'une égérie avide de seconde jeunesse Fin du Spoil). Ponctué de quelques détails inquiétants et du comportement suspicieux de certains citadins tantôt irascibles, tantôt sournois, l'intrigue est bâtie du point de vue aussi bien vulnérable que preux de l'institutrice en quête investigatrice depuis l'incident d'un ado mystérieusement sombré dans le coma. Davantage dramatique au fil de péripéties macabres et machiavéliques que notre héroïne découvre (et subit !) avec une contrariété contenue, les Sorcières insuffle un subtil climat de tension au sein d'une réalité quotidienne corrompue par la science de la sorcellerie. Elégante, droite et mature dans sa posture d'éducatrice empathique plongée dans une improbable énigme surnaturelle, Joan Fontaine domine l'écran avec densité cérébrale dans sa faculté de déceler les tenants et aboutissants d'une étrange confrérie et d'y déjouer leurs forces obscures non sans subterfuge (coup de théâtre inopiné à la clef lors du sort précaire de la victime !).  


Méconnue et occultée en France malgré sa résurrection en Dvd (merci Seven 7 !), les Sorcières demeure un petit bijou de suspense et d'épouvante éthéré sous l'autorité infaillible de la Hammer et la présence épurée d'une Joan Fontaine bougrement convaincante dans sa fonction d'institutrice policière ballottée par une conspiration sectaire. Fascinant, captivant et lestement vénéneux sous l'esthétisme sépia d'un charmant hameau faussement paisible ! 

Bruno Dussart
2èx

jeudi 6 juillet 2017

MULHOLLAND DRIVE

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de David Lynch. 2001. 2h26. U.S.A/France. Avec Naomi Watts, Diane Selwyn, Laura Harring,
Justin Theroux, Ann Miller, Dan Hedaya, Lori Heuring, Angelo Badalamenti.

Sortie salles France: 21 Novembre 2001. U.S: 12 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).


Une perte identitaire au sein de l'industrie du 7è art. 
Histoire d'amour passionnelle au sein de l'univers impitoyable et si illusionniste d'Hollywood, Mulholland Drive oppose deux récits contradictoires afin de semer doute et confusion à travers l'identité trouble de deux jeunes actrices prometteuses aptes à concourir pour la célébrité. A la suite d'un accident de voiture conduit par deux mystérieux individus, une jeune femme brune est frappée d'amnésie. A proximité du crash, elle s'enfonce dans un bosquet pour se diriger vers la ville de Mulholland Drive. Elle finit par entrer à l'improviste au sein d'une demeure occupée par une actrice néophyte, Betty Elms, elle-même chaudement hébergée par sa tante. Rapidement éprise d'amitié, Betty décide d'épauler l'inconnue dans sa quête identitaire, ce qui les mèneront vers une découverte macabre.  


Magnifiquement incarné par Naomi Watts et Laura Harring crevant l'écran à chacune de leurs apparitions, Mulholland Drive emprunte le cheminement d'un thriller à suspense comme seul Lynch, alchimiste inné, a le secret. Car constamment trouble et envoûtant, imbitable mais aussi limpide quant aux rapports (autrefois) intimes des deux héroïnes en proie à l'investigation, sa narration déstructurée est conçue à la manière d'un puzzle que le spectateur s'efforce de remodeler sans en saisir tous les tenants et aboutissants. Emaillé de séquences érotiques d'une sensualité épurée (l'intense échange du baiser durant l'audition de Betty, l'étreinte sexuelle de cette dernière avec Rita nous hypnotisant les sens !), Mulholland Drive demeure un vénéneux objet de séduction que notre duo saphique se partage entre passion des sentiments et rancune meurtrière. C'est ce que la seconde partie, brutalement dramatique et ramifiée dans les psychés contradictoires des héroïnes, nous impose à travers le dédale tortueux de deux personnalités où se disputeront trahison, cupidité et jalousie.


Une histoire d'amour dans la cité des rêves
Envoûtant, onirique, cocasse, absurde et méthodiquement fascinant au sein d'un environnement baroque indicible, Mulholland Drive cultive au final une superbe histoire d'amour écorchée vive sous l'impulsion torride de deux actrices talentueuses corrompues par la chimère d'Hollywood. Sombre récit d'échec personnel parmi le témoignage d'une foule de complices aussi bien interlopes que véreux, David Lynch y revêt son talent de conteur singulier afin d'imposer sa signature personnelle. Pour cela, il emprunte par ailleurs le truchement du thriller obsessionnel où les indices irrésolues nous laissent fatalement en suspens (du moins au 1er visionnage). On se laisse pour autant facilement bordé par la main de ce rêve éveillé parmi l'emprise lascive de deux égéries d'Hollywood traversant l'écran de Lynch avec une désillusion romanesque. Rien que pour elles (les protagonistes et les comédiennes ne faisant qu'une !), Mulholland Drive constitue un précieux moment de cinéma d'une finesse sensorielle.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Festival de Cannes 2001 : Prix de la mise en scène, ex æquo avec The Barber de Joel et Ethan Coen.
César 2002 : Meilleur film étranger.
BAFTA 2002 : Meilleur montage pour Mary Sweeney.

mardi 4 juillet 2017

REMO, SANS ARME ET DANGEREUX

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"Remo Williams: The Adventure Begins" de Guy Hamilton. 1985. U.S.A. 2h01. Avec Fred Ward
Joel Grey, Wilford Brimley, J.A. Preston, George Coe, Charles Cioffi, Kate Mulgrew.

Sortie salles France: 19 Mars 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIEGuy Hamilton, né le 16 septembre 1922 à Paris (France) et mort le 20 avril 2016 à Majorque en Espagne, de parents britanniques, est un réalisateur britannique. 1952 : L'assassin a de l'humour (The Ringer). 1953 : Le Visiteur nocturne. 1954 : Un inspecteur vous demande. 1955 : Les Indomptables de Colditz. 1956 : Charley Moon. 1957 : Manuela. 1959 : Un brin d'escroquerie.
1959 : Au fil de l'épée. 1961 : Le Meilleur Ennemi. 1964 : L'Affaire Winston. 1964 : Goldfinger.
1965 : The Party's Over. 1966 : Mes funérailles à Berlin. 1969 : La Bataille d'Angleterre. 1971 : Les diamants sont éternels. 1973 : Vivre et laisser mourir. 1974 : L'Homme au pistolet d'or. 1978 : L'Ouragan vient de Navarone. 1980 : Le miroir se brisa. 1982 : Meurtre au soleil. 1985 : Remo sans arme et dangereux. 1989 : Sauf votre respect.


Film culte des années 80 ayant bercé toute une génération, à l'instar du tout aussi fun et débridé Commando, Remo sans arme et dangereux est un divertissement d'action follement réjouissant sous l'impulsion épique d'un thème électro de Craig Safan et Tommy Shaw aussi inoubliable. Et ce en dépit de l'aspect totalement improbable de l'entrainement rigoureux de Rémo entamant une initiation héroïque avec une agilité surréaliste (il faut le voir esquiver les balles par la seule vélocité de son corps ainsi que la force de son esprit !). Officiellement décédé après une interpellation musclée avec des malfrats, le policier Samuel Makin est en fait le jouet d'une organisation secrète délibérée à l'exploiter pour nettoyer la ville des dirigeants les plus véreux, notamment ceux appartenant à une base militaire. Avec l'aide d'un vieux chinois et durant une longue épreuve de force aussi bien morale et physique, Samuel devient Remo auprès de l'enseignement d'une bravoure sans armes. Truffé d'humour voir d'hilarité (parfois involontaire quant au caractère "hénaurme" de certains exploits physiques - Chiun accourant sur l'eau d'un lac à grandes enjambées - !), de bonne humeur et de chaleur humaine autour de la relation amicale que se partagent progressivement Remo et son mentor, Maître Chiun, Remo s'extirpe du ridicule, aussi naïf soit son concept singulier (un super-héros sans panoplie se défendant à mains nues contre les balles ennemies !). Dénué d'une once de prétention et assumant pleinement le côté saugrenu de ces péripéties au sein d'un schéma narratif somme toute classique, Guy Hamilton parvient pour autant à rajeunir le genre académique en cette époque sacro-sainte des Eighties grâce à la générosité de son action tantôt inventive, tantôt vertigineuse.


A l'instar de certaines séquences de haute voltige (l'épreuve d'acrobatie sur la grande roue, l'affrontement musclé du haut de la statue de la liberté en rénovation - l'escalade sur le tronc d'arbre déplacé dans les airs par un câble porteur) provoquant la sensation d'ivresse ! Nous sommes d'autant plus impressionnés par l'habileté de la réalisation et du montage n'en faisant jamais trop (ou alors si peu !) pour épater la vue avec souci artisanal du détail technique. Bref, une époque révolue donc conçue sur l'authenticité de cascades impeccablement coordonnées si bien que l'ère numérique n'en n'était pas encore à sa prémices. Au-delà de l'aspect fun des moments d'entraînements à la fois cocasses et improbables, et du passage à l'acte belliqueux de Remo sur le terrain militaire, Rémo renchérit son charme en la présence d'un trio pétulant militant les valeurs d'amitié et d'amour (et ce en dépit du machisme badin de Chiun !). Fred Ward incarnant sans nul doute son rôle le plus sympathique à l'écran dans celui du (super) héros infaillible si bien que l'acteur au charisme viril compte sur la dérision et la bonhomie de sa posture surhumaine afin de se démarquer de l'orgueil. Dans celui du manager placide plein de sagesse et de bons préceptes, Joel Grey lui partage la vedette avec davantage de cocasserie puis l'empathie progressive qu'il cultive auprès de son comparse avec poignante dignité (notamment ce final où perce une émotion sensible quant à l'éventuel sort dramatique de Chiun ou de Remo !). Enfin, affublée d'une robe militaire longiligne, la charmante et si rare Kate Mulgrew se fond dans la peau d'un major avec une innocence et un naturel fondés sur la noblesse de sentiments aussi sincères qu'amoureux.


Inévitablement naïf et à la limite du grotesque lors de certaines séquences homériques hallucinées, Remo, sans arme et dangereux s'extirpe miraculeusement du ridicule, voir de la série Z de luxe, grâce à sa cocasserie en roue libre monopolisant tout le cheminement narratif, à ses péripéties davantage explosives si je me réfère à la touche guerrière de la dernière demi-heure (ajoutez notamment l'aspect dépaysant du vaste cadre forestier magnifiquement filmé) et surtout grâce à la camaraderie de l'attachant trio héroïque débordant de spontanéité et chaleur humaine (j'insiste encore là-dessus !) pour nous combler de béatitude communicative ! 

Dédicace à Olivier Hancart, Ludovic Hilde, Abdala Bouzebiba
Bruno Dussart
3èx

lundi 3 juillet 2017

GHOST STORY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr 

"Histoire de fantômes" de Stephen Weeks. 1974. Angleterre. 1h27. Avec Murray Melvin, Larry Dann, Vivian MacKerrell, Marianne Faithfull, Barbara Shelley, Anthony Bate, Leigh Lawson...

Sortie salles France: 22 Septembre 1976. Angleterre: 19 Mars 1974

FILMOGRAPHIE: Stephen Weeks est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né en 1948 à Hampshire. 1984: The Bengal Lancers! 1984: L'épée du vaillant. 1976: Scars (TV Movie documentary). 1974: Histoire de fantômes. 1973: Gawain and the Green Knight. 1971: I, Monster.


Il y a des raretés dont on ferait mieux de ne pas exhumer de l'oubli.

Eric Binford

vendredi 30 juin 2017

L'AMBULANCE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant à senscritique.com

"The Ambulance" de Larry Cohen. 1990. U.S.A. 1h35. Avec Eric Roberts, James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright.

Sortie salles France: 5 Juin 1991. U.S: 29 Mars 1990

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Echec public aux States mais joli succès dans l'hexagone (notamment sous l'effigie de sa Vhs), l'Ambulance est une série B trépidante typiquement représentative de son auteur, l'illustre Larry Cohen. Créateur entre autre de la série Les Envahisseurs et de deux chefs-d'oeuvre du fantastique moderne, le Monstre est Vivant et Meurtres sous Contrôle. A partir d'un pitch aussi original que cocasse, l'Ambulance met en exergue une course-poursuite infernale entre un dessinateur de BD délibéré à appréhender une mafia médicale exerçant des trafics d'êtres humains afin de guérir les diabétiques. Dans le rôle (à contre-emploi) du méchant chirurgien, on est surpris de retrouver l'acteur Eric Braeden issue de la série TV Amour, gloire et beauté, se fondant ici dans la peau d'un savant fou moderne avec une dérision macabre gentiment convaincante. Et ce en dépit d'un cabotinage assumé que chaque acteur incarne avec aplomb enjoué afin d'accentuer le caractère débridé du contexte horrifique aussi bien singulier qu'improbable.


Bien conscient de ses facilités qu'il empreinte durant un cheminement narratif à la fois homérique et pittoresque, Larry Cohen ne prend jamais au sérieux son argument sardonique et privilégie l'énergie de sa mise en scène maîtrisant efficacement rebondissements et imprévus avec une générosité en roue libre. L'Ambulance alternant sans temps morts investigation policière infructueuse (les flics stéréotypés en prennent plein leur grade dans leur posture décervelée !) et survival urbain que notre héros (formidablement campé par la verve amicale du fringant Eric Roberts swinguant dans une "cool attitude" !) encourt à perdre haleine, notamment afin de retrouver saine et sauve une jeune inconnue rencontrée plus tôt dans le centre-ville. Outre les présences très attachantes de nos principaux protagonistes s'évertuant à courser les malfrats en blouse blanche, on est également ravi de retrouver une foule de seconds-couteaux bien connus des amateurs de B movies (James Earl Jones, Megan Gallagher, Red Buttons, Richard Bright, Nicholas Chinlund), sans compter quelques caméos inopinés (Stan Lee en personne et Lou Ferigno !) se prêtant au jeu du pastiche avec bonhomie.


Pur divertissement de samedi soir fertile en frénésie visuelle (photo saturée en sus !) sous l'impulsion excentrique de comédiens s'en donnant à coeur joie dans les outrances gestuelles et verbales si bien qu'on les croiraient sortis d'une bande-dessinée, l'Ambulance est le prototype par excellence de la série B galvanisante (aussi naïve soit-elle !) dans son concentré d'humour, d'actions et de cascades aussi bien funs que décomplexés ! A redécouvrir avec un réjouissant sourire d'ado ! 

Bruno Dussart
3èx