jeudi 3 août 2017

ASYLUM. Licorne d'Or, Paris 73.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.fr

de Roy Ward Baker. 1972. Angleterre. 1h28. Avec Peter Cushing, Britt Ekland, Herbert Lom, Patrick Magee, Barry Morse, Barbara Parkins, Robert Powell, Charlotte Rampling, Sylvia Syms, Richard Todd.

Sortie salles France: 8 Mai 1974 (Int - de 18 ans). Angleterre: Juillet 72

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1967: Les Monstres de l'Espace. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


Produit par la célèbre firme Amicus d'après des récits de Robert Bloch, Asylum porte notamment la signature d'un petit maître en la matière, le réalisateur Roy Ward Baker (Les Cicatrices de Dracula, The Vampires Lovers, le génial Les Monstres de l'Espace et surtout son chef-d'oeuvre estampillé Hammer, Dr Jekyll et Sr Hyde). Prenant pour cadre un asile psychiatrique, un jeune médecin doit découvrir l'identité du Dr Star par le biais de 4 patients épris de démence. Un à un, ces derniers lui racontent leur récit personnel basé sur le surnaturel. Le 1er segment, agréablement conté par l'entremise d'un suspense inquiétant, repose sur le stratagème meurtrier d'un mari infidèle délibéré à supprimer son épouse afin de couler des jours paisibles dans les bras de sa maîtresse. Seulement, sa femme finira par lui réserver une diabolique surprise grâce à sa relation amicale entretenue plus tôt avec le Pr Kalanga (un sorcier vaudou). Délirant quant au retournement de situation macabre que le coupable doit endurer, l'intrigue amuse efficacement avec l'appui d'une réalisation avisée, d'effets spéciaux cheap plutôt soignés pour l'époque (aussi concis soient-ils !) et d'une distribution fort convaincante. Le second récit, le plus atmosphérique par son climat gothique envoûtant (candélabres en sus au sein d'une chambre vide !), s'intéresse au cas d'un couturier désargenté prochainement limogé par son propriétaire, faute de ne plus pouvoir payer son loyer. Seulement, un étrange individu (campé par le dandy Peter Cushing) vient frapper in extremis à sa porte pour lui suggérer de façonner un costume pour son jeune fils. En dernier ressort, le vendeur accepte selon le mode d'emploi draconien du client. A savoir, élaborer le costard entre 0h00 et 5h00.


Poétique et cruel, sournois et machiavélique, les rebondissements qui empiètent l'intrigue font preuve d'intensité et de réalisme afin de nous amener à côtoyer l'improbable. Car une fois de plus, Roy Ward Baker s'y prend avec savoir faire technique et souci formel Spoil ! lorsqu'un mannequin de vitrine va soudainement prendre vie sous nos yeux ! Fin du Spoil. La troisième histoire, plus conventionnelle, nous illustre les rapports fragiles entre un frère et une soeur si bien que cette dernière souffre de paranoïa. Remarquablement campé par Charlotte Rampling, celle-ci parvient à insuffler densité psychologique et angoisse sous-jacente durant son cheminement ambigu par un jeu trouble de schizophrénie que n'aurait pas renié Sir Alfred Hitchock quand on se remémore son chef-d'oeuvre Psychose. Sans surprise, voir prévisible, Roy Ward Baker parvient pour autant à insuffler un suspense assez prenant lors de sa trajectoire psychotique sans doute en proie au dédoublement de personnalité. A moins qu'il ne s'agisse du fantôme de sa meilleure amie ! Le dernier sketch nous relate en temps réel le discours délirant du patient Byron dans l'enceinte de l'asile (l'éventuel Dr Star !). Ayant confectionné des jouets plus vrais que nature, il est persuadé de donner vie à ses mini robots par la simple persuasion de son esprit. Outre la performance indiscutable des acteurs (Herbert Lom, Patrick Magee et Rober Powel se disputent la vedette à jeu égal) et ce souci formaliste récurrent imputé à la mise en scène et aux trucages rétros, cet ultime segment tire-parti de son caractère fascinant par la présence onirique de poupées diaboliques douées de vie. Sans doute l'épisode le plus fun et débridé du lot.


Efficace, atmosphérique, intrigant et fascinant sous la mainmise d'une distribution totalement impliquée (notamment la solide présence de Barry Morse en styliste malencontreusement cupide !) et l'originalité d'intrigues aux chutes sardoniques que le réalisateur relève plutôt brillamment, Asylum peut se targuer de faire parti du haut du panier sous la bannière Amicus. A ranger soigneusement à proximité d'Histoires d'outre-tombe, de Frissons d'outre-tombe, de La Maison qui tue et du Caveau de la Terreur.

Bruno Matéï
2èx

Récompenses:
Prix Interfilm et Prix OCIC, lors du Festival de Berlin en 1973.
Licorne d'or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction

mercredi 2 août 2017

LE JUSTICIER DE NEW-YORK

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Death Wish 3" de Michael Winner. 1985. U.S.A. 1h31. Avec Charles Bronson, Deborah Raffin, Ed Lauter, Martin Balsam, Gavan O'Herlihy, Joe Gonzalez.

Sortie salles France: 5 Mars 1986 (Int - de 18 ans). U.S: 1er Novembre 1985

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013. 1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.


Troisième opus des vicissitudes du vindicateur Paul Kersey, Le Justicier de New-York joue plein pot la carte de la dérision avec un esprit cartoonesque tantôt fun, tantôt jouissif. Sur ce dernier point, personne ne peut oublier son final belliqueux proprement surréaliste lorsque flics, voyous et aimables citadins s'entretuent, flingues et sulfateuses à la main, au coeur d'une cité urbaine livrée à feu et à sang ! Assumant le côté débridé de tant d'exubérances, Michael Winner parvient à transcender ses clichés par le biais de situations semi parodiques efficacement gérées (notamment parmi l'appui d'un sens du cadre !). De par la posture amiteuse de vieillards impotents peu à peu motivés par un esprit réactionnaire et des exactions criminelles de notre justicier redoublant de subterfuge pour éradiquer les voyous parmi l'élaboration de pièges domestiques ou avec la gâchette de son "Magnum 475".


Paul Kersey ayant pour mission, et avec le soutien d'un flic véreux (l'attachant Gavan O'Herlihy dans une présence d'esprit autoritaire !), de nettoyer un quartier malfamé que le 3è âge est contraint de subir depuis le laxisme de la police locale. Fort de son charisme viril et d'un regard impassible éminemment magnétique, Charles Bronson soutient le film de ses épaules robustes avec une classe désarmante de naturel. Jeu du gendarme et du voleur mené tambour battant sous les intimidations d'un leader punk assoiffé de haine et d'impériosité (Gavan O'Herlihy ne passe pas inaperçu dans son cabotinage patibulaire), le Justicier de New-York baigne dans le politiquement incorrect avec un esprit sarcastique très second degré. Et ce en dépit d'une ultra violence tantôt râpeuse, tantôt outrée (à croire que le réal ne sait parfois pas sur quel pied danser à opposer actions réalistes et surréalistes !). Dans tous les cas, le spectateur partagé entre stupeur et hilarité s'amuse fréquemment de ce divertissement improbable noyé dans la démesure. Pour clore, on peut aussi louer le caractère aussi bien envoûtant qu'entêtant de sa partition musicale supervisée par Jimmy Page et Mike Moran ( leitmotiv similaire aux 2 précédents opus !).


Série B d'action d'une ultra violence décérébrée ne se prenant jamais au sérieux, Le justicier de New-York justifie le plaisir coupable avec une dérision cartoonesque aussi attachante que bonnard. On retiendra surtout de ces règlements de compte en pagaille son impensable point d'orgue urbain littéralement dégénéré ! 

Eric Binford.
5èx

mardi 1 août 2017

SHORT CIRCUIT

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Badham. 1986. U.S.A. 1h35. Avec Ally Sheedy, Steve Guttenberg, Fisher Stevens, Tim Blaney, Austin Pendleton, G. W. Bailey, Brian McNamara, Marvin J. McIntyre.

Sortie salles France: 20 Août 1986. U.S: 9 Mai 1986

FILMOGRAPHIE: John Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Août 1939 à Luton. 1976: Bingo. 1977: La Fièvre du samedi soir. 1979: Dracula. 1981: C'est ma vie après tout. 1983: Tonnerre de feu. 1983: Wargames. 1985: Le Prix de l'exploit. 1986: Short Circuit. 1987: Etroite Surveillance. 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie. 2000: Laser game.


Puéril en diable car pétri de bons sentiments au gré d'une intrigue linéaire prévisible (réfugié chez une attendrissante célibataire, un gentil robot s'efforce de fuir méchants militaires et scientifiques lors d'une course poursuite récursive !), Short Circuit est un sympathique divertissement uniquement conçu pour les enfants. Car en dépit du charmant duo que forment la sémillante Ally Sheedy et le non moins affable Steve Guttenberg, Short Circuit s'embourbe dans la niaiserie au rythme d'une accumulation de poncifs sirupeux (si on écarte la jolie scène de danse, unique moment de fantaisie nanti d'une sensible émotion, et de quelques images oniriques assez prégnantes lors de sa dernière partie). Bref, surfant sur la notoriété d'E.T (chef-d'oeuvre d'émotions et de simplicité procréé 4 ans plus tôt par le magicien Spielberg), John Badham que l'on a connu tellement plus ambitieux et inspiré nous façonne un produit mercantile techniquement soigné mais d'une vacuité narrative sans vigueur ni émotions.

Bruno Matéï
3èx

vendredi 28 juillet 2017

THE HOUSE ON SORORITY ROW

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scopophiliamovieblog.com

de Mark Rosman. 1983. U.S.A. 1h35. Avec Kate McNeil, Eileen Davidson, Janis Ward, Robin Meloy, Harley Jane Kozak, Jodi Draigie, Ellen Dorsher

Sortie salles U.S: 21 Janvier 1983. Inédit en France.

FILMOGRAPHIE: Mark Rosman est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né en 1959. 1983: The House on Sorority Row. 1985: Alfred Hitchcock présente (Alfred Hitchcock Presents) (série télévisée). 1985 : The Blue Yonder (TV). 1986 : Capone Chien Gangster! (TV). 1994 : The Force. 1995 : Evolver. 1997 : Invasion Alien. 2000 : Grandeur nature (TV). 2000 : Mannequin d'un jour (TV). . 2004 : Comme Cendrillon. 2005 : L'Homme parfait. 2011 : Kate et William : Quand tout a commencé... (TV).


Un groupe d'étudiantes se réunissent dans une sororité afin de célébrer la fête de fin d'année. Mais la matriarche, propriétaire de la demeure, leur refuse illico de rester sur les lieux pour une éventuelle party. Les filles insolentes refusent de se laisser impressionner et se résignent à y séjourner. Mme Slater décide alors de se venger en provoquant un couple en coït. A leur tour, en guise de rancoeur, les étudiantes complotent une macabre mise en scène pour brimer la sexagénaire. Seulement, la mauvaise blague tourne au drame, celle-ci se noyant dans la piscine. Après avoir lesté le corps au fond du bassin, les filles entament leur fameuse party en compagnie de nombreux invités. Mais un mystérieux assassin rode aux alentours pour décimer un à un les responsables de la mort de Mme Slater.


Slasher oublié des années 80 quand bien même il fut injustement proscrit de nos salles hexagonales, The House on sorority row exploite son filon en vogue avec une certaine efficacité. Et ce en dépit d'une réalisation académique à la fois bricolée et maladroite, d'incohérences parfois grossières (l'étudiant lambda inexplicablement sacrifié, aucune des filles ne s'interroge à savoir qui aurait pu planquer le cadavre de Mme Slater dans le grenier !) et d'une interprétation timorée (même si on a connu bien pire pour le genre !). Pour autant, hormis tous ces défauts indiscutables et d'un schéma narratif usé jusqu'à la corde, ce petit psycho-killer parvient à distraire avec un charme et une sincérité qu'on ne retrouve plus dans nos productions contemporaines. La bonne idée de départ est de nous caractériser les futures victimes comme les coupables d'un meurtre accidentel ayant mal tourné. Ensemble, et d'un commun accord, elles décident de se débarrasser du cadavre sans en avertir la police, et ce en dépit de la réticence de certaines. Sournoises et véreuses mais rongées par le remord à l'exception de la responsable du crime, ces dernières parviennent à nous confronter à leur désarroi de s'être adonnées à un compromis aussi machiavélique.


Quand bien même le fantôme de Mme Slater pourrait sévir aux alentours après y avoir déplacer son corps à plusieurs reprises ! Nanti d'une photo saturée et d'une ambiance parfois disco lors d'une party nocturne, The house on sorority row laisse planer le mystère en la présence d'un tueur aussi invisible qu'invincible dont on devine toutefois assez rapidement l'identité si je me réfère à son prologue implicite. Pour autant, le suspense et la tension, aussi chétifs soient-ils, parviennent à faire leur petit effet lors de séquences d'angoisses et exactions morbides parfois percutantes ou envoûtantes. A l'instar de cette idée astucieuse de nous duper sur l'éventuel meurtre d'une future victime par le biais deux proies séparées à proximité d'un cimetière. Seulement, cette séquence trop furtive s'avère mal exploitée pour la résultante de son effet de surprise dénué d'intensité et de terreur. On se réconfortera néanmoins vers son final haletant distillant une atmosphère onirique plutôt palpable lorsque l'unique survivante se retrouve confinée dans la demeure parmi le soutien d'un praticien et du tueur masqué. Et si l'héroïne peu finaude manque de conviction dans sa posture effarouchée, on se prête toutefois au jeu de son appréhension lors d'une partie de cache-cache assez inventive dans l'exploitation des décors domestiques et l'apparition finale du tueur.


Psycho-killer mineur des années 80 émaillé de couacs et de maladresses, The house on Sorority row n'en demeure pas moins ludique et sympathique dans son intégrité d'exploiter un efficace suspense sous le pivot d'une atmosphère horrifico-onirique gentiment prégnante. A (re)découvrir ! 

Dédicace à Célina Trinci
Bruno Matéï
28/07/17. 2èx
11/05/11 (190 vues)

jeudi 27 juillet 2017

HOWARD LE CANARD

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

"Howard the Duck" de Willard Huyck. 1986. U.S.A. 1h50. Avec Lea Thompson, Jeffrey Jones, Tim Robbins, Ed Gale, Chip Zien, Timothy M. Rose.

Sortie salles France: 10 Décembre 1986. U.S: 1er Août 1986

FILMOGRAPHIEWillard Huyck (né le 8 septembre 1945) est un scénariste, réalisateur et producteur américain. 1986: Howard... une nouvelle race de héros. 1984 Une défense canon. 1979 French Postcards. 1973 Messiah of Evil.


D'après le Comics Marvel éponyme créé par Steve Gerber et Val Mayerik, Howard the Duck est considéré comme l'un des plus gros échecs de l'histoire du cinéma au moment de remporter les pires Razzie Awards l'année même de sa sortie. Produit par Georges Lucas pour un budget avoisinant 30 millions de dollars, il n'en rapporte que 9 au grand dam du créateur de Star Wars. Véritable aberration filmique sortie tout droit d'une 4è dimension, Howard le canard est un nanar cosmique aussi impayable que lourdingue. Nanti d'un rythme folingue au travers de séquences d'actions homériques (trucages fluos en sus sans doute inspirés de S.O.S Fantômes !), de blagues de comptoir, d'allusions salaces (!?) et de gags infantiles conçus pour les - de 10 ans, ce divertissement familial parvient autant à amuser qu'à agacer un spectateur déconcerté par tant d'inepties. Le pitch à lui tout seul semble avoir été procréé par un cerveau déficient ! Jugez en !


De sa planète lointaine, un canard humanoïde est subitement projeté vers la terre par une masse énergétique expérimentée par un scientifique. Sur place, il fait la rencontre amicale d'une jeune rockeuse prête à l'adopter, quand bien même notre éminent scientifique (incarné par l'excellent Jeffrey Jones - la Folle journée de Ferris Bueller - !) poursuit ses expériences à l'aide de son spectroscope. Mais il libère incidemment un méchant monstre issue de la planète Sominus. Dès lors, ce dernier habité dans le corps du scientifique sème la panique dans New-york alors qu'Howard s'évertuera à l'éradiquer de sa petite taille véloce. Mouvementé car riche en péripéties et catastrophes en roue libre (la pagaille dans le bar, l'échappée vertigineuse en ULM !), Howard le canard parvient tout de même amuser la galerie sous l'impulsion d'un preux canard doué de parole et de deux terriens que campent fougueusement la sémillante et sexy Léa Thompson et le grand dadais Tim Robbins à ses prémices d'acteur (bien qu'il s'agisse de sa 6è apparition à l'écran). Ce dernier se fondant dans la peau d'un novice scientifique avec un jeu outré d'olibrius intarissable. Le trio aussi bien attachant que crétin dans leurs bravoures de survie parvenant in extremis à nous divertir, notamment grâce à leur esprit (naïf) de cohésion fraternelle.


Nanar de luxe où se disputent dans un foutoir disproportionné gags potaches (souvent ridicules) et pyrotechnies parfois impressionnantes (FX assez convaincants à l'appui !), Howard le canard risque de rendre une partie de son public cyclothymique à la vue de cet ovni atypique ne sachant sur quel pied danser (tel ce fameux final avec l'intrusion d'une gigantesque créature conçue en Animatronic !). Il faut le voir pour le croire, pour le meilleur et pour le pire ! 

Bruno Matéï2èx

mercredi 26 juillet 2017

THE BIG LEBOWSKI

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Joel Coen et Ethan Cohen (non crédité). 1998. U.S.A/Angleterre. 1h57. Avec Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, David Huddleston, Philip Seymour Hoffman, Peter Stormare, Flea, Torsten Voges, Tara Reid, John Turturro, Sam Elliott, Ben Gazzara, Leon Russom, David Thewlis.

Sortie salles France: 22 Avril 1998. U.S: 6 Mars 1998

FILMOGRAPHIE: Joel Coen (né le 29 novembre 1954) et Ethan Coen (né le 21 Septembre 1957) sont deux frères réalisateurs, scénaristes, monteurs, acteurs et producteurs américains.
1984: Sang pour Sang, 1987: Arizona Junior, 1990: Miller's Crossing, 1991: Barton Fink, 1994: Le Grand Saut, 1996: Fargo, 1998: The Big Lebowski, 2000: O'Brother, 2001: The Barber, 2003: Intolérable Cruauté, 2004: Ladykillers, 2006: Paris, je t'aime (tuileries), 2007: No country for old men, Chacun son cinéma (sktech: world cinema), 2008: Burn After Reading, 2009: A Serious Man, 2010: True Grit. 2013 : Inside Llewyn Davis. 2016 : Ave, César !


Considéré quelques années après sa sortie comme une oeuvre culte des nineties, The Big Lebowski n'a pas usurpé cette réputation tant le divertissement purement récréatif confectionné par les Cohen s'avère aussi atypique que diablement réjouissant. Adoptant comme argument une classique histoire de kidnapping hérité d'un polar des années 50, The Big Lebowski tire parti de son charme et de sa ferveur grâce à sa distribution pétulante (on y croise Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, Philip Seymour Hoffman, John Turturro, Sam Elliott et Ben Gazzara) et à la disparité des genres (comédie et polar) portés en dérision sous la caméra toujours aussi inventive des frères Cohen. Ces derniers rivalisant d'idées folingues pour pimenter leur récit à travers un cheminement de quiproquos, péripéties et déconvenues jamais à court de carburant !


Et afin de rendre l'aventure plus exaltante et chimérique et de porter en édifice leur amour du 7è art, les Cohen y intercalent quelques séquences onirico-baroques particulièrement stylisées (à l'instar des évanouissements du Duc s'adonnant à ses fantasmes après avoir été corrigé par ses ennemis). Et Dieu sait si notre luron accumule les emmerdes et bévues après avoir tenté d'arnaquer le notable Jeffrey Lebowski d'une rançon d'1 million de dollars. La femme de ce dernier ayant été kidnappée par de mystérieux malfrats, le Duc aura été désigné comme intermédiaire afin de démarcher leur transaction. Conçu à la manière d'un trip hilarant sous les ressorts peu communs de l'oisiveté et du jeu du bowling, The Big Lebowski baigne dans la décontraction la plus totale (pour ne pas dire la "cool attitude" !) autour d'un trio de losers aussi bonnards qu'empotés. Outre la composition déjantée d'un John Goodman pétri d'exubérances et réparties pédantes, et la présence cinglante d'un John Turturro génialement hilarant en bowler mafieux pourvu d'un pyjama violet, Jeff Bridges rafle la mise dans celui du tire-au-flanc insouciant adepte d'un alcool fétiche, le "Russe blanc" ! D'ailleurs, après la projo, on serait bougrement tenter de lui voler la recette !


Comédie festive et tonique truffée de rebondissements et de partitions rock sous l'impulsion débridée de comédiens fringants, The Big Lebowski constitue une bouffée d'air frais au sein du paysage morose du cinéma conventionnel, voir aussi auteurisant. Les réalisateurs se permettant avec sincérité et avec une certaine émotion (notamment ce final poignant iconisant le personnage du Duc !) de prôner les bienfaits de la flânerie par le principe d'une insouciance libertaire. En somme, faites ce que bon vous semble en vous rappelant incessamment que nous n'avons qu'une vie, aussi impermanente soit-elle ! 

Eric Binford.
2èx

mardi 25 juillet 2017

TIMECRIMES. Prix du Meilleur Inédit Video, Gerardmer 2009.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mjyoung.net

"Los cronocrímenes" de Nacho Vigalondo. 2007. Espagne. 1h35. Avec Karra Elejalde, Candela Fernández, Bárbara Goenaga, Nacho Vigalondo, Juan Inciarte.

Sortie Dtv France: 17 juin 2009. Espagne: 27 Juin 2008

FILMOGRAPHIENacho Vigalondo est un réalisateur et scénariste espagnol né le 6 avril 1977 à Cabezón de la Sal. 2007: Timecrimes. 2011: Extraterrestre. 2013: Open Windows. 2017: Colossal


Premier essai du débutant Nacho Vigalondo particulièrement remarqué à Fantastic Fest et à Gérardmer d'où il remporte le Prix du meilleur inédit Video, Timecrimes exploite le thème du voyage temporel sous le pivot machiavélique du subterfuge. L'intrigue gigogne étant conçue à la manière d'un puzzle à résoudre autour de trois mêmes personnages contraints de se chasser-croiser afin de réparer leur tort ainsi qu'un malencontreux incident mortel. Assis sur le hamac dans son jardin après avoir reçu un mystérieux appel téléphonique, Hector aperçoit de ses jumelles une jeune fille dévêtue à proximité des bois. Désireux d'en savoir un peu plus, il s'enfonce dans la forêt mais est salement amoché au bras à la suite d'un coup de ciseaux perpétré par un individu bandé. Durant sa fuite, il trouve refuge dans un étrange laboratoire dirigé par un scientifique lui offrant son hospitalité. Mais sa vie va soudainement basculer et adopter une tournure ingérable lors d'un concours de circonstances temporelles pernicieuses. A la fois jubilatoire et constamment inquiétant et haletant, Timecrimes cultive un sens acéré de la surprise par le truchement d'un sombre récit riche en déconvenues, simulacres et rebondissements. Et ce sous l'impulsion d'une victime malgré elle destinée à retourner dans le passé afin de le rendre rationnel et retrouver sa paix intérieure. Essentiellement endossé par quatre comédiens natifs d'Espagne, Timecrimes renforce d'autant plus son caractère crédible par leur identité méconnue dans l'hexagone. Se glissant sobrement dans la peau de victimes et assaillants aussi bien empotés qu'infortunés, ces derniers redoublent pour autant d'audace, de vaillance, d'hypocrisie et de trahison afin de remporter la mise lors d'une épreuve de force vertigineuse.


L'ennemi est en nous ! 
Jeu d'apparences biaisées et du chat et de la souris conduit avec une efficacité optimale, de par l'habileté d'une mise en scène plutôt inventive, son sens de dérision sous-jacent et surtout ses péripéties impromptues en roue libre (l'intrigue nous éclaircissant toujours un peu mieux au fil des investigations dédoublées d'Hector !), Timecrimes sème doute et confusion afin de mieux nous surprendre l'instant d'après. Les va-et-vient récurrents (et chaotiques) de notre victime temporelle en quête de rédemption cultivant au cours de ses stratégies un fétide survival d'une cruauté finalement amorale ! Une perle du genre, satire retorse sur la personnalité bicéphale de l'homme victime de son ego et de sa nature sournoise.  

Bruno Matéï
2èx

Récompenses: 2007 : prix du public à Fantastic Fest
2007 : Grand prix du jury à Fantastic Fest
2009 : Prix du meilleur inédit vidéo à Fantastic'Arts 2009