lundi 12 juin 2017

UN SAC DE BILLES

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christian Duguay. 2017. France/Canada/République Tchèque. 1h52. Avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial Palmieri, Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Bernard Campan, Kev Adams, Christian Clavier.

Sortie salles France: 15 Janvier 2017

FILMOGRAPHIE: Christian Duguay est un réalisateur, directeur de la photographie, monteur et compositeur québécois, né en 1957 à Montréal (Québec, Canada). 1991: Scanners II. 1992: Scanners III. 1992 : Live Wire. 1995: Planète hurlante. 1997: Contrat sur un terroriste. 2000: L'Art de la guerre. 2002: The Extremists. 2007: Suffer Island. 2013: Jappeloup. 2015: Belle et Sébastien, l'aventure continue. 2017 : Un sac de billes.


Evoquant avec beaucoup d'émotions la fuite de deux enfants juifs de Paris durant l'occupation allemande en 42, Un sac de billes relate leur parcours d'endurance sans s'apitoyer sur leur sort. Réalisateur éclectique natif du Quebec à qui l'ont doit Scanners 2 et 3, Planète Hurlante, l'Art de la Guerre et Belle et Sébastien, Christian Duguay réadapte le roman de Joseph Joffo avec un humanisme plein de sensibilité quant au portrait d'une famille juive incessamment ballottée par le spectre du nazisme. L'histoire étant bâtie du point de vue des enfants délocalisés d'une région à une autre pour fuir la mort, on peut compter sur l'innocence naturelle de Dorian Le Clech et Batyste Fleurial Palmieri afin de provoquer la vibrante empathie chez deux frères solidaires. De par leur posture fragile et torturée à redouter le pire mais toutefois jamais avares d'espoir et de courage dans leur initiation de survie que leur père est parvenu à inculquer avant de les lâcher dans une nature hostile. 


D'une belle sobriété dans un rôle paternel prévenant à l'idée de préserver leur vie, Patrick Bruel surprend agréablement par sa posture autoritaire pleine de dignité, quand bien même son visage buriné de quinquagénaire sur le qui-vive nous impose une intensité faciale quant à l'irruption improvisée des allemands chez son cocon familial. En épouse aimante d'origine russe et en mère aussi attentionnée, Elsa Zylberstein lui partage la vedette avec pudeur et assurance si bien qu'elle se révèle parfois poignante à préserver la vie de ses enfants avec un désespoir sous-jacent. Quant à la participation secondaire de Kev Adams dans un court rôle, j'ai été extrêmement surpris par sa spontanéité et sa fringance à se fondre dans le corps d'un résistant amical (sa relation avec Joseph et Maurice), et ce avant de laisser exprimer des émotions rigoureuses autrement contradictoires pour sa prochaine fonction victimisée. 


De par sa réalisation plutôt consciencieuse (notamment lorsque Christian Duguay ausculte les regards contrariés par le biais d'un habile montage) et sa jolie reconstitution agrémentée de paysages ruraux ensoleillés, Un sac de billes se réserve le patho autour de séquences émotionnelles parfois intenses (Bruel martyrisant un court instant son fils afin de tester sa résilience face à l'ennemi) ou cruelles (les exécutions de juifs face aux regards infantiles). Leçon de courage et d'espoir d'après l'histoire vraie d'une initiation à la survie de la guerre, Un sac de billes nous rappelle avec force, retenue (en dépit d'une violence parfois difficile) et devoir de mémoire la condition extrêmement précaire du peuple juif Français durant l'occupation nazie (quand bien même les collabos ne manquaient pas de trahir les siens en guise de racisme !). Le score au clavier d'Armand Amar rehaussant notamment l'émotion fragile que nous procurent avec humilité chaque acteur intelligemment dirigés pour insuffler un humanisme à fleur de peau auprès des valeurs fraternelles et familiales.  

Eric Binford

samedi 10 juin 2017

L'ASCENSION. Grand Prix au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez.

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Ludovic Bernard. 2017. France. 1h44. Avec Ahmed Sylla, Alice Belaïdi, Nicolas Wanczycki, Kevin Razy, Waly Dia.

Sortie salles France: 25 Janvier 2017

FILMOGRAPHIE: Ludovic Bernard est un réalisateur et scénariste français. L'Ascension est sa première réalisation.


Leçon de courage et du dépassement de soi sous le pilier d'une romance jamais sirupeuse, L'Ascension constitue une bouffée d'air frais au travers d'un périple haut en couleurs que va devoir traverser une poignée d'itinérants cosmopolites. Car si le côté prévisible du récit s'avère joué d'avance (on flaire à 100 kms le cheminement rigoureux du jeune héros et son happy-end inévitablement victorieux et rédempteur !), on ne peut s'empêcher de s'y impliquer et éprouver l'empathie quant à l'épreuve de force que se résigne Samy à parcourir le mont Everest. Et ce dans une posture persévérante de banlieusard gagné par l'optimisme, quand bien même sa famille et la populace de sa région lui vouent une scrupuleuse attention quant à son itinéraire forcené, notamment lorsque qu'une chaîne de radio locale le débriefe en intermittence afin de le promouvoir. Le réalisateur exploitant en prime la disparité d'un panorama naturel (les montagnes du Nepal) à travers une visite touristique guidée par des mentors locaux plus vrais que nature et d'attachants seconds-rôles (les australiens !) sobrement pittoresques.


Outre son esthétisme bucolique à couper le souffle (le film regorge de vastes paysages solaires et enneigés idylliques !) et ses diverses péripéties aussi plaisantes que rigoureuses (surtout sa dernière partie inscrite dans la pugnacité !), on peut largement compter sur la vibrante bonhomie du nouveau talent prometteur, Ahmed Sylla afin d'insuffler à l'aventure une dimension humaine aussi poignante que bouleversante. Ce dernier se refusant à caricaturer son identité sénégalaise native du ghetto parmi la juste mesure de sentiments où innocence et tendresse se chevauchent sous des réparties cocasses jamais outrancières. Outre le caractère si attachant de ce personnage lambda voué à accomplir un exploit sportif afin de conquérir le coeur d'une dulcinée, on peut autant compter sur l'incroyable prestance de Alice Belaïdi (déjà très impressionnante dans La Taularde dans un rôle à contre-emploi), offrant une palette d'émotions à travers son sourire sémillant. Véritable oasis de fraîcheur, de tendresse et de gaieté dans le petit corps d'une banlieusarde intègre, l'actrice insuffle une vigueur exaltante à témoigner avec humilité du parcours fulgurant de son prétendant, et ce jusqu'au torrent d'émotions de son dénouement salvateur (mouchoirs à prescrire aux plus sensibles !).


Inspiré de l'histoire vraie de Nadir Dendoune, premier franco-algérien à avoir pu atteindre le sommet le 25 mai 2008, l'Ascension nous transfigure ce destin singulier au travers d'une comédie d'aventures profondément humaine et dépaysante, et ce sans se laisser gagner par l'"émotion programmée" d'un hymne à l'amour (alors que nombre de cinéastes franchouillards se seraient facilement vautrées dans la bluette sentimentale). On ne peut d'ailleurs qu'encourager le débutant Ludovic Bernard manipulant sa caméra avec maîtrise et inventivité (envolées lyriques à l'appui !) tout en dirigeant ses comédiens expansifs avec l'habileté de les dessiner sans fard. Sans aucune prétention, l'Ascension parvient donc à conquérir nos coeurs sous l'impulsion d'une fantaisie aussi légère que candide où sa simplicité suscite un charme indéfectible. 

Bruno Dussart

Récompenses: Grand Prix, Prix du Public, Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez.

L'avis de Seb Lake:
Premier film en tant que réalisateur pour Ludovic Bernard qui raconte l'histoire vraie d'un jeune banlieusard du 93 qui à la suite d'un pari amoureux décide de grimper au sommet de l'Everest. Voilà le genre de film auquel il ne faut absolument pas se fier à l'affiche qui pourrait nous faire penser à une simple comédie sans saveur et vite oubliée,ce n'est pas du tout le cas ,on est en présence d'un grand film!! Oui j'ai bien dit un grand film,L'ascension nous plonge dans un récit rempli d'émotions et d'aventures au delà de nos frontières. Parti d'une cité de la banlieue parisienne ce jeune homme va affronter toutes ces peurs dans une leçon de courage et d'amour en grimpant à 8848 mètres d'altitude dans des conditions extrêmes et en ayant jamais mis les pieds à la montagne. Ahmed Sylla s'en sort assez bien dans son premier grand rôle au cinéma même si on voit bien qu'il est plus humoriste qu'acteur mais vu les conditions de tournage (il a perdu 7 kilos durant le tournage, il a fait un malaise et s'est perdu en pleine montagne où il a mis 4 heures pour retrouver son chemin ) on ne peut que le féliciter et l'encourager pour la suite de sa carrière d'acteur. L'ascension est mon premier gros coup de coeur de 2017, une aventure à voir absolument au cinéma si on veut être en totale immersion avec les magnifiques paysages enneigés et découvrir des peuples coupés du monde aux qualités plus qu'humaines... Le sourire aux lèvres avec les yeux humides,voilà ce qui vous attends durant les 1h45 de ce magnifique film qu'est L'ascension. 5/6

jeudi 8 juin 2017

LA MALEDICTION DES PHARAONS

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site papyblues.com

"The Mummy" de Terence Fisher. 1959. Angleterre. 1h28. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Yvonne Furneaux, Eddie Byrne, Harold Goodwin, John Stuart, Raymond Huntley, Felix Aylmer.

Sortie salles France: 30 Décembre 1959. Angleterre: 25 Septembre 1959.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


La Momie revue et corrigée par la célèbre firme Hammer ne pouvait donner lieu qu'à un excellent spectacle à défaut du chef-d'oeuvre qu'ils ont coutume de nous livrer dans leur noble tradition. Car si le scénario linéaire s'avère sans surprise (la vengeance d'une momie à supprimer les profanateurs de la princesse Ananka), l'art de le conter avec souci historique (le flash-back nous remémorant les circonstances morbides de la prêtresse et sa relation interdite avec Kharis) et rigueur technique (photo et décors flamboyants en sus d'une réalisation studieuse) rend l'aventure exaltante. Et ce en dépit d'une action modérée mais pour autant spectaculaire lors d'affrontements meurtriers que la créature commet sous l'allégeance d'un égyptien fanatique. Terence Fisher en profitant en filigrane d'y dénoncer l'intégrisme de ce dernier voué à sacraliser sa divinité dans une idéologie criminelle.


Nanti d'une taille corpulente et d'un regard noir monolithique, Christophe Lee parvient sobrement à se fondre dans le corps de la momie déambulant dans une nature crépusculaire parmi la souplesse de sa démarche mécanique. Ce qui nous permet de croire à sa présence surnaturelle lors d'effractions fulgurantes perpétrées au domicile des victimes (ce dernier éclatant portes et fenêtres par la seule force de ses poignées !). Quand bien même Peter Cushing lui partage dignement la vedette avec le stylisme qu'on lui connait sous sa silhouette famélique. J'aimerai d'ailleurs relever à travers son improvisation subtile d'investigateur l'affrontement psychologique qu'il oppose avec l'égyptien Mehemet Bey qu'incarne avec orgueil mesuré George Pastell. A mes yeux, la séquence la plus intense et captivante dans leur jeu de regards à la fois suspicieux, placides et sournois. Le film culminant en prime vers une course poursuite haletante lorsque la momie décide de s'en prendre à la maîtresse de John Banning, faute de son étrange ressemblance avec la prêtresse Ananka. Si cette idée éculée empruntée à la saga des Dracula instaure l'impression de déjà vu, on peut toutefois compter sur la maîtrise de la mise en scène de Fisher pour tolérer son alibi narratif d'autant plus transfiguré d'un onirisme flamboyant.


Entièrement dédié à l'efficacité d'un récit aussi cohérent que structuré, La Malédiction de la Momie parvient à ressusciter son icône séculaire avec classe et brio d'une firme anglaise insatiablement soucieuse à respecter ses fans. Comme quoi même un Hammer mineur constitue un spectacle de choix ! 

Eric Binford
2èx

mardi 6 juin 2017

THE INCREDIBLE TORTURE SHOW

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Blood Sucking Freaks" de Joel M. Reed. 1976. U.S.A. 1h30. Avec Seamus O'Brien, Viju Krem, Niles McMaster, Dan Fauci, Alphonso DeNoble, Ernie Pysher, Luis De Jesus.

Sortie salles U.S: 3 Novembre 1976

FILMOGRAPHIE: Joel M. Reed est un réalisateur américain né en 1933 à New York. 1968 : Sex by Advertisement. 1969 : Career Bed. 1971 : Wit's End ou The G.I. Executioner. 1976 : Blood Bath. 1976 : The Incredible Torture Show. 1981 : Night of the Zombies.


"Sorti sur les écrans américains en 1976 avec un classement X, les producteurs invitèrent l'association féministe Women Against Pornography à manifester contre le film dans le but de faire de la publicité autour de ce dernier. S'ensuivit un scandale et le retrait du film." (source Wikipedia).

Considéré comme l'une des oeuvres les plus controversées de Troma si bien qu'elle fut classée X dès sa discrète exploitation en salles (en France nous en serons d'ailleurs privés !), The Incredible torture show baigne dans le sordide et le mauvais goût dans une décontraction assumée. Série Z underground uniquement endossée par des acteurs amateurs (pas si mauvais !), Joel M. Reed se complaît dans le divertissement crapoteux avec un sadisme jovial. A l'égard du nabot badin d'origine porto-ricaine et de son mentor surjouant les rictus diaboliques sous une moustache affinée. Seamus O'Brien se fondant dans le corps de maître Sardu avec une ironie perverse qui risque de faire grincer des dents, et ce même si les numéros les plus extrêmes sont souvent désamorcés par le ton décalé d'une mise en scène grand-guignolesque où tortionnaires et Streapteaseuses laissent libre court à leurs fantasmes meurtriers dans leur condition droguée !


Car propriétaire d'un théâtre underground, Maître Sardu kidnappe avec le financement de la mafia de jeunes filles pour les soumettre à son autorité et les torturer à sa guise devant un public médusé. Inquiet de la disparition de sa petite amie, Tom alerte la police locale pour leur indiquer qu'un étrange théâtre est le fruit de spectacles SM particulièrement sanglants. Nanti de sombres décors particulièrement insalubres autour du huis-clos exigu d'une cave, d'un cachot et d'une scène de fortune, The Incredible Torture Show distille une ambiance aussi bien glauque que malsaine sous l'impulsion de personnages grotesques tous plus extravagants les uns les autres. Les jeunes esclaves débauchées et décervelées étant quotidiennement soumises à des jeux sexuels inventifs (le tir aux fléchettes dans l'anus !) avant de s'adonner à l'anthropophagie (??? !!!) lors d'une hystérie collective de trophée masculin ! Tout un programme scabreux donc ! Entrecoupé de tortures gores craspecs (arrachages de dents, membres sectionnés à la scie, coups de pied dans la tronche jusqu'au trépas, coup de marteau sur la nuque, cerveau foré à la perceuse, etc...) que n'aurait pas renié le pionner du genre Herschell Gordon Lewis (on retrouve ce même côté bricolé efficacement percutant dans la résultante morbide !), The Incredible torture show distille l'effarement amusé si le spectateur non dupe du délire douteux se laisse amadouer par les facéties macabres de ce nouveau marquis de Sade au QI en berne !


Improbable, fantasque, trivial, putassier et d'une crétinerie assumée, The Incredible torture show constitue une sympathique curiosité redoublant d'insolence et d'exubérance pour qui aime les expériences déviantes conçues dans le système D. 
Pour public averti

Bruno Dussart.
3èx

lundi 5 juin 2017

BREEDERS

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site avaxhome.unblocker.xyz

de Tim Kincaid. 1985. U.S.A. 1h17. Avec Teresa Yvon Farle, Lance Lewman, Frances Raines, Natalie O'Connell, Amy Brentano, LeeAnne Baker, Matt Mitler

Sortie salles U.S: Mai 86

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Tim Kincaid est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain né le 2 Juillet 1944 à Santa Barbara, California, USA. 2015: Dad Out West (Video).  2008/I Chainsaw (Video). 2008 Mens Room III: Ozark Mtn. Exit 8 (Video). 2008 Home Invasion (Video). 2008 Slow Heat in a Texas Town (Video) (as Joe Gage). 2005 Alabama Takedown (Video). . 2004 Mens Room: Bakersfield Station (Video). 2002 Closed Set: The New Crew (Video).  2001 Tulsa County Line (Video). 1989 She's Back. 1988 The Occultist. 1987 Riot on 42nd St. 1987 Mutant Hunt (Video). 1986 Breeders. 1986 Robot Holocaust. 1986 Bad Girls Dormitory. 1985 ...In the Name of Leather. 1985 Orange Hanky Left. 1984 Closed Set 2. 1982 Heatstroke. 1982 501. 1981 Cellblock #9. 1981 Handsome. 1981 Oil Rig #99. 1981 Red Ball Express. 1980 Closed Set. 1979 Los Angeles Tool and Die. 1978 El Paso Wrecking Corp. 1976 Le secret des routiers. 1973 The Female Response.


Nanar Z des années 80 confectionné par un habitué du genre, Breeders fit les beaux jours de la Cinq lors de sa diffusion TV. A Manhattan, des filles sont retrouvés sauvagement violentées par un mystérieux individu. Un détective et une doctoresse s'associent pour enquêter. Ce qui les amènent à fréquenter une origine extra-terrestre ! Si le métrage risible se réduit à une compilation de séquences-chocs qui se suivent et se ressemblent, il distille néanmoins l'amusement grâce à la cocasserie involontaire qui en émane et à l'aspect gore d'FX sympas conçus par l'illustre Ed French. Son casting bovin plutôt inexpressif (mention spéciale au flic et à la doctoresse dénués de charisme dans leur fonction autoritaire !) rehaussant le ridicule des situations avec un sérieux inébranlable. Qui plus est, les dialogues scolaires involontairement décalés valent aussi bien leur pesant de cacahuètes par le biais de répliques percutantes à faire pâlir Tarantino ! On peut également apprécier le côté gentiment envoûtant de son score électro typique des eighties et se rincer l'oeil d'un défilé de nymphettes s'exhibant sans complexe dans leur plus simple appareil. 


A voir d'un oeil distrait, de préférence aviné. 

Bruno Matéï

vendredi 2 juin 2017

LIFE: ORIGINE INCONNUE

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Daniel Espinosa. 2017. U.S.A. 1h44. Avec Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson, Ryan Reynolds, Hiroyuki Sanada, Ariyon Bakare, Olga Dihovichnaya.

Sortie salles France: 19 Avril 2017. U.S: 24 Mars 2017

FILMOGRAPHIEDaniel Espinosa est un réalisateur, scénariste et producteur suédois, né le 23 mars 1977 à Transgund (Stockholm, Suède).  2017: Life: Origine inconnue. 2015: Enfant 44. 2012 Sécurité rapprochée. 2010 Easy Money. 2007 Uden for kærligheden. 2004 Babylonsjukan.


Bâti sur le même schéma narratif que l'illustre saga Alien, Life surprend promptement dans son jeu sardonique du chat et de la souris mené sans répit, et ce en dépit de son inévitable impression de déjà vu. En gros, l'équipage d'une station spatiale doit faire face à une créature hostile venu de Mars car délibérée à les exterminer un à un. Sorte de pieuvre extra-terrestre polymorphe, sa taille de prime abord minimaliste va quelque peu progresser au fil de ses exactions criminelles ne laissant aucune échappatoire à ses victimes. Au sein de leur huis-clos spatial, nos astronautes vont donc redoubler de courage et pugnacité à l'éradiquer dans un enjeu précaire de survie si bien qu'ils se déplacent en apesanteur au sein des corridors de la station (une touche bienvenue d'originalité si j'ose dire !). Sous le moule d'une série B de luxe nantie d'époustouflants FX et de décors naturels et technologiques plus vrais que nature (la terre vue de l'espace et la station richement détaillée n'ont rien à envier à la scénographie stellaire de Gravity !), Life insuffle une perpétuelle efficacité sous l'impulsion de séquences-chocs au service narratif.


Nos protagonistes jamais neuneus alternant stratégies de défense et d'attaque avec une vaillance vulnérable si bien que la chose extrêmement retorse et sournoise s'avère d'une diabolique agilité pour agripper et étouffer ses proies. Sans outrance ni esbroufe, Life s'avère d'autant plus sincère à réexploiter une trame convenue parmi l'intelligence d'une ossature narrative évoluant selon les choix périlleux des protagonistes parfois voués au sens du sacrifice. Angoissant et terrifiant par le biais de situations horrifiques désespérées, Daniel Espinosa (réalisateur natif de Suède !) conjugue adrénaline et claustrophobie avec une honorable intensité dramatique. Les comédiens impliqués dans la cohésion fraternelle affichant une dimension humaine parfois/souvent poignante dans leur témoignage d'assister aux défaites de chacun d'eux et dans leur bravoure de dernier ressort d'évincer le monstre hors de la station. Le réalisateur optant le parti-pris de ne leur laisser aucune concession (à l'instar de Ridley Scott dans le 1er Alien) quand bien même l'on redoute le prochain subterfuge criminel de la créature sensiblement photogénique dans son design anatomique !


Réalisé avec un savoir-faire technique indiscutable et dénué de prétention, Life demeure à mon sens le meilleur ersatz de la saga Alien, notamment grâce à la sobriété des comédiens ne parodiant jamais leur statut de survie, et au pouvoir de fascination imputé à une "chose" n'ayant point à rougir de son modèle. On est d'ailleurs plus près de The Thing que de l'oeuvre de H. R. Giger quant à sa morphologie tentaculaire. Une excellente surprise donc, rondement menée, haletante en diable et souvent tendue, quand bien même on appréciera d'autant plus le pessimisme de son dénouement cauchemardesque taillé dans le nihilisme ! 

Eric Binford.

jeudi 1 juin 2017

LES TRAQUES DE L'AN 2000

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site voracinephile.over-blog.com

"Turkey Shoot" de Brian Trenchard-Smith. 1982. 1h33. Australie. Avec Steve Railsback, Olivia Hussey, Michael Craig, Carmen Duncan, Noel Ferrier, Lynda Stoner, Roger Ward.

Sortie salles France: 15 Juin 1983. Australie: 14 Octobre 1982

FILMOGRAPHIEBrian Trenchard-Smith est un producteur, réalisateur et scénariste britannique et australien né en 1946 au Royaume-Uni. 1972 : The Marty Feldman Show (TV). 1974 : Kung Fu Killers (TV). 1975 : The Love Epidemic. 1975 : L'Homme de Hong Kong. 1976 : Stuntmen. 1976 : Deathcheaters. 1978 : Stunt Rock. 1978: Hospitals Don't Burn Down. 1979 : Le Jour des assassins. 1982 : Les Traqués de l'an 2000. 1983: Le Gang des BMX. 1986 : Jenny Kissed Me. 1986 : Frog Dreaming. 1986 : Le Drive in de l'enfer. 1988 : Strike of the Panther. 1988 : Day of the Panther. 1989 : Out of the Body. 1989 : Dangerfreaks. 1989 : Le Dernier assaut. 1994 : Official Denial (TV). 1994 : La Nuit des Démons 2 (vidéo). 1995 : Leprechaun 3 (vidéo). 1995 : Sahara (TV). 1996 : L'Affaire Ramzay(TV). 1997 : Leprechaun: Destination cosmos. 1997 : La Météorite du siècle (TV). 1998 : Atomic Dog (en) (TV). 1998 : Voyage of Terror (TV). 1999 : Happy Face Murders (en) (TV). 2000 : Britannic (TV). 2001 : Megiddo: The Omega Code 2. 2002 : Opération Wolverine: À la seconde près (TV). 2002 : Les Fantômes de High River (TV). 2003 : Panique sous les Tropiques (TV). 2003 : DC 9/11: Time of Crisis (TV). 2005 : Tides of War (TV). 2006 : In Her Line of Fire. 2006 : Long Lost Son (TV). 2011 : Un bungalow pour six (TV). 2013 : Meurtre à double face (TV).


Hit Vhs des années 80 sous la bannière de Liberty Video, les Traqués de l'An 2000 est ce que l'on nomme dans le langage cinéphile un "plaisir coupable" afin de justifier notre ferveur face à un spectacle barbare rivalisant de provocations assumées ! Pur produit d'exploitation comme il en pullulait en cette sacro-sainte époque, cette série B native d'Australie se complaît dans une violence limite cartoonesque avec une imagination aussi bien débridée que décomplexée ! Dans une époque futuriste, une dictature envoie de paisibles citoyens dans un camp de redressement où sont perpétrées des chasses à l'homme pour le plaisir de leurs dirigeants. Cinq prisonniers vont devoir user de vaillance, subterfuge et persévérance afin de déjouer les pièges machiavéliques qui empiètent leur chemin. A bout de souffle car pourchassés sans relâche, certains d'entre eux vont pour autant se surpasser afin de remporter la mise ! 


Sous l'impulsion d'un score épique composé par l'illustre Brian May et d'une poignée de seconds-couteaux s'en donnant à coeur joie dans le jeu outrancier, les Traqués de l'An 2000 emprunte le cheminement du survival hardcore avec un dynamisme intarissable ! Les tortures, sévices et humiliations du premier acte perpétrés sur les détenus cédant ensuite aux courses-poursuites et règlements de compte meurtriers au sein d'une nature hostile confinée en gigantesque terrain de chasse ! Brian Trenchard-Smith exploitant notamment à merveille la disparité de ses décors naturels au sein d'un cadre forestier et montagneux littéralement immersif ! Truffé de péripéties et pièges machiavéliques que nos héros "décérébrés" ne cessent de déjouer non sans maladresses, Les Traqués de l'an 2000 renchérit l'action des fusillades jusqu'au point d'orgue belliqueux n'ayant rien à envier à la mission de Rambo 2 ! Notre héros lambda à la carrure timorée parvenant avec une pugnacité suicidaire à renverser l'ennemi sans pour autant baisser sa garde ! (ou alors si peux !). Totalement décomplexé (j'insiste à me répéter), ce divertissement bisseux réactualise donc le thème de la chasse du comte zaroff dans un esprit second degré où gore et violence putassières communient afin de satisfaire nos bas instincts pervers !


Peuplé de situations insensées, de séquences-chocs saugrenues et de personnages rustres hauts en couleurs (le monstre de foire arrachant l'orteil de sa victime pour le croquer goulûment face caméra !!!), Les Traqués de l'An 2000 opte pour le divertissement foutraque avec une générosité sardonique ! Les personnages tous plus cons les uns que les autres parvenant à susciter des palettes d'émotions (peur, désarroi et révolte) avec un aplomb parfois/souvent cocasse. A revoir d'urgence si bien qu'aujourd'hui cette chasse à l'homme subversive digne d'une prod ritale semble encore plus déjantée qu'en 82 ! C'est dire si ce genre de Bisserie décadente à déserté nos écrans depuis la prolifération de nos multiplexes ! 

Bruno Matéï
4èx



mercredi 31 mai 2017

A LA RECHERCHE DU PLAISIR

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site amazon.fr

"Alla ricerca del piacere" / "Amuck" de Silvio Amadio. 1972. Italie. 1h40. Avec Barbara Bouchet, Farley Granger, Rosalba Neri, Petar Martinovitch, Umberto Raho, Patrizia Viotti.

Inédit en salles en France. Italie: 21 Mars 1972

FILMOGRAPHIE: Silvio Amadio est un réalisateur et producteur italien né le 8 Août 1926 à Frascati, Lazio, Italie, décédé en 1995. 1981: Un flingue pour un flic. 1980 Il medium. 1976 Il medico... la studentessa.  1975 La lycéenne a grandi. 1975 Si douce, si perverse. 1974 Les polissonnes excitées. 1974 Catene. 1973 Li chiamavano i tre moschettieri... invece erano quattro. 1972 Comment faire cocu les maris jaloux. 1972 Il sorriso della iena. 1972 A la recherche du plaisir. 1972 ...E si salvò solo l'aretino Pietro con una mano avanti e l'altra dietro. 1970 Disperatamente l'estate scorsa. 1969 Les biches suédoises. 1966 Pour mille dollars par jour. 1965 Il segreto del vestito rosso. 1964 Filles et garçons. 1964 Desideri d'estate. 1962 Foudres sur Babylone. 1961 Les revoltées de l'Albatros. 1960 Tu che ne dici? 1960 Thésée et le minotaure. 1959 Les loups dans l'abîme. 1957 L'ultima violenza (co-director). 


Inédit en salles chez nous, A la recherche du plaisir est un thriller transalpin tout à fait honorable que l'éditeur Le Chat qui fume a eu la bonne idée de faire connaître au plus grand nombre dans une copie Blu-ray immaculée ! Débarquée à Venise, Greta occupe son nouveau poste de secrétaire chez l'éditeur Richard Stuart. Curieuse de la relation sulfureuse qu'entame ce dernier avec son épouse Eléonora, elle tente d'élucider le mystère qui entoure la disparition de sa fidèle amie Sally. Dépourvu de tension et encore moins de séquences-chocs spectaculaires (si on écarte son point d'orgue criminogène d'une violence parfois rude), A la recherche du plaisir compte avant tout sur le suspense latent et un érotisme folichon pour entretenir l'intérêt d'une intrigue linéaire habilement contée. 


Les étreintes et exhibitions sexuelles ne cédant à la complaisance putassière (nous sommes aux antipodes de Nue pour l'Assassin) même si le comportement lubrique du couple échangiste peut prêter à une forme de déviance SM, surtout si je me réfère à la tournure des évènements dramatiques. Bénéficiant d'une rutilante photo et de somptueux décors (aussi bien domestiques que naturels), Silvio Amadio transcende la forme stylisée par le biais d'une réalisation avisée ou aucun détail architectural n'est laissé au hasard. Et à ce niveau, A la recherche du plaisir s'avère un régal pour les yeux qui plus est rehaussé de la présence fantasmatique de Barbara Bouchet resplendissante de beauté à travers son regard azur. Si son cheminement narratif sans surprise aurait gagné à être un peu plus retors et étoffé quant à l'investigation audacieuse d'une héroïne malgré tout naïve, la maîtrise de la mise en scène parvient néanmoins à préserver l'attention, notamment parmi l'étude caractérielle de protagonistes viciés et chafouins. Les seconds-rôles charismatiques se fondant dans l'ambiguïté avec une juste mesure, et ce jusqu'à ce que les masques tombent au sein d'un dénouement particulièrement haletant et violent. A note subsidiaire, on s'amusera aussi de la touche ironique imputée à la dernière séquence afin de remettre en question la vaine déchéance criminelle du (ou des) coupable(s) ! 


Jeu pervers de séduction et de manipulation sous l'impulsion d'une mélodie sensible signée Teo Usuelli, A la recherche du plaisir est un thriller érotique raffiné, notamment dans sa capacité à nous envoûter parmi la présence de son actrice fétiche déambulant au sein d'une scénographie à la fois onirique, envoûtante et concupiscente. 

Un grand merci à Philippe Blanc pour son aimable influence. 
Bruno Dussart

lundi 29 mai 2017

POOR PRETTY EDDIE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Robinson. 1975. U.S.A. 1h32. Avec Leslie Uggams, Shelley Winters, Michael Christian, Slim Pickens, Dub Taylor, Ted Cassidy.

Sortie salles U.S: Juin 1975

FILMOGRAPHIE: Richard Robinson est un réalisateur, producteur, acteur américain. 1974: La grande partouze (as Rick Jr.). 1973 Fantaisies sexuelles d'un couple libre. 1972 Bloody Trail. 1972 To Hell You Preach. 1971 Adultery for Fun & Profit. David Worth est un réalisateur et producteur américain. 1994: Chain of Command. 1993 Lady Dragon 2. 1992 Lady Dragon. 1989 Kickboxer. 1986 Soldier's Revenge. 1983 Frat House. 1983 Doing It! 1983 Le chevalier du monde perdu. 1982 Body Magic. 1979 Hard Knocks. 1979 Pink Champagne. 1978 How Sweet It Is! 1975 Poor Pretty Eddie. 1998: I Might Even Love You.  1997 True Vengeance (Video). 1996 American Tigers 2014: Hazard Jack. 2014 House at the End of the Drive. 2006 Honor. 2004 Air Strike (Video). 2002 Shark Attack III (Video). 2001 Time Lapse (Video). 2000 Shark Attack 2 (Video). 2000 The Prophet's Game.


Quelle bien étrange curiosité que ce Poor Pretty Eddie restée inédite en salles dans nos contrées ! A mi-chemin entre The last house on Dead and street (pour le grain de pellicule rubigineuse, le charisme patibulaire de quelques comédiens méconnus et pour son ambiance expérimentale malsaine) et Week-end sauvage (notamment cette relation ambiguë entre le violeur et sa victime), l'intrigue relate la séquestration d'une chanteuse afro-américaine chez les rednecks d'un pub reculé. Attiré par sa jeune beauté, Eddie Collins ne tarde pas à la violer sauvagement avant de tomber amoureux. C'est le début d'un long cauchemar qu'Elizabeth va traverser entre humiliations raciales et sévices sexuels, quand bien même la tenancière Bertha s'opposera à leur liaison, faute de sa jalousie sentimentale.


Echec commercial à sa discrète sortie aux States, Poor Pretty Eddie fait office de pépite atypique sous couvert de cinéma d'exploitation estampillé "seventie". De par son ambiance baroque multipliant les séquences-chocs en "slow motion" afin de décupler le caractère brutal de sa violence et son parti-pris expérimental de nous désarçonner avec d'autres moments dérangeants (tel le parallèle établi entre une scène de viol et un coït canin) sur un air de Country. On est également séduit de la complémentarité de trognes familières de seconde zone (Leslie Uggams, Shelley Winters) se prêtant au jeu de l'exubérance parmi des têtes inconnues pleines de volonté (Michael Christian en avatar risible d'Elvis fait parfois illusion !). Car en dépit de l'aspect maladroit d'une direction d'acteurs amateuriste (principalement l'héroïne beaucoup trop rigide et inexpressive en victime soumise) et d'un cheminement narratif routinier, Poor Pretty Eddie surprend agréablement pour son portrait imputé à une Amérique profonde se rongeant les ongles par ennui d'une quotidienneté triviale. Les décors sépias du pub poussiéreux garni d'animaux empaillés et l'atmosphère envoûtante d'un bois ténébreux situé à proximité rappelant notamment les effluves putrides du fameux Massacre à la Tronçonneuse.


Franchement étrange, interlope et glauque au sein d'une scénographie domestique abritant des ploucs gouailleurs, Poor Pretty Eddie demeure une agréable curiosité si bien qu'il parvient sensiblement à nous immerger dans un bad trip sous le pilier du rape and revenge culminant au carnage anthologique ! (conclusion en "slow motion" afin d'immortaliser la décadence criminelle !). 

Eric Binford.

jeudi 25 mai 2017

WILLARD

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant tvclassik.com

de Glen Morgan. 2001. U.S.A. 1h40. Avec Crispin Glover, Laura Harring, Jackie Burroughs, R. Lee Ermey, William S. Taylor, Kim McKamy.

Sortie salles France: 17 Septembre 2003. U.S: 15 Mars 2003

FILMOGRAPHIE: Glen Morgan est un scénariste, producteur et réalisateur américain né à Syracuse (New York) en 1962. 2003 : Willard. 2006 : Black Christmas. 2016 : X-Files (saison 10 épisode 4).


Remake d'une sympathique mais obsolète série B réalisée en 1971 par Daniel Mann, Willard demeure une fructueuse déclinaison sous la houlette de Glen Morgan. Si bien que ce dernier parfaitement inspiré par le roman de Stephane Gilbert (Ratman's Notebooks) transcende de loin son modèle grâce à la maîtrise de sa réalisation aussi bien inventive que stylisée (photo sépia à l'appui afin renforcer la scénographie gothique de la demeure vétuste), à l'efficacité des séquences-chocs d'une intensité dramatique (à l'instar de cette séquence anthologique d'une cruauté mélancolique quant au guet-apens meurtrier improvisé auprès d'un chat désorienté !) et au jeu halluciné de Crispin Glover en employé névrosé d'une haine refoulée. Les petits yeux éraillés dans son costard de croque-mort, ce dernier insuffle une présence iconique dans sa posture sépulcrale où se contredisent les sentiments d'impuissance, de désarroi et de rébellion en ascension. En patron véreux dénué d'une once de charité, R. Lee Ermey lui partage la vedette avec l'aplomb qu'on lui connait dans une exécrable posture d'orgueil méprisant.


En dépit de la sympathique assistance de Laura Harring en secrétaire prévenante, je préfère vanter la silhouette aussi bien longiligne que nécrosée de Jackie Burroughs (inoubliable mégère dans Simetière !) endossant la maman possessive de Willard avec un charisme famélique proprement terrifiant. Outre l'attrait ludique d'un schéma narratif semblable à son modèle (à peu de choses près), Willard s'avère autrement plus convaincant lorsque le réalisateur s'efforce sans peine à nous faire croire au domptage amical de l'anti-héros avec sa meute de rats. Décuplés en masse, ces derniers s'avérant franchement impressionnants lorsqu'ils accourent dans une hiérarchie militaire pour déchiqueter portes, fenêtres et pneus de voiture avant de passer à l'acte criminel sous l'allégeance de leur mentor. Autour de la relation amiteuse entamée entre Willard et son chouchou, Socrate, le redoutable Ben tente de lui voler sa place avec une jalousie pernicieuse. Glen Morgan recourant notamment à des séquences haletantes beaucoup plus spectaculaires et horrifiques que son modèle (ce qui lui manquait cruellement !), et ce sans céder à une quelconque gratuité. Les séquences horrifiques s'enchaînant au rythme de la progression criminelle de Willard et avant que les rats ne lui tiennent tête sous l'impériosité de Ben.


Sardonique et cruel (son épilogue référentiel à Psycho, les châtiments invoqués au chat, à Socrate et à l'entrepreneur !) et surtout plus crédible, horrifique et intense que son modèle, Willard constitue l'idéal prototype du remake salutaire. 

Eric Binford
3èx
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com

de Daniel Mann. 1971. U.S.A. 1H35. Avec Bruce Davison, Elsa Lanchester, Ernest Borgnine, Sondra Locke, Michael Dante

Date de sortie : 18 juin 1971

FILMOGRAPHIEDaniel Mann est un réalisateur américain né le 8 août 1912 à Brooklyn, New York (États-Unis) et décédé le 21 novembre 1991 à Los Angeles des suites d'une insuffisance cardiaque. 1952 : Reviens petite Sheba , 1954 : About Mrs. Leslie, 1955 : La Rose tatouée, 1955 : Une femme en enfer, 1956 : La Petite maison de thé, 1958 : Vague de chaleur, 1959 : The Last Angry Man, 1960 : The Mountain Road, 1960 : La Vénus au vison, 1961 : Le troisième homme était une femme, 1962 : Five Finger Exercise, 1962 : L'Inconnu du gang des jeux, 1963 : Who's Been Sleeping in My Bed?, 1966 : Our Man Flint, 1966 : Judith, 1968 : For Love of Ivy, 1969 : A Dream of Kings, 1971 : Willard, 1972 : La Poursuite sauvage, 1973 : Interval, 1973 : Maurie, 1974 : Lost in the Stars, 1975 : Le Voyage de la peur, 1978 : Matilda


A l'origine du projet, il y a un roman, Ratman's Notebooks de Stephen Gilbert, paru en 1968 aux Etats Unis. Trois ans plus tard, le réalisateur Daniel Mann le transpose à l'écran en prenant pour vedette le débutant Bruce Davison (une sobre prestation perfectible mais néanmoins convaincante !) ainsi que d'éminents seconds-rôles parmi lesquels Elsa Lanchester (La Fiancée de Frankenstein), Sondra Locke et Ernest Borgnine. A sa sortie en salles, le film récolte un joli succès si bien qu'une suite beaucoup moins sombre (car plus familiale) intitulée Ben sera rapidement mise en chantier sous la houlette du cinéaste Phil KarlsonTimoré et introverti, Willard est un jeune employé d'une entreprise ayant des rapports houleux avec son patron tyrannique. Après le travail, il s'isole en compagnie de sa mère alitée dans leur grande bâtisse gothique quand bien même quelques acolytes de celle-ci viennent parfois leur rendre visite. Un jour, Willard se distrait de l'intrusion d'un rongeur dans son jardin. Le début d'une étrange et tragique histoire d'amitié va se nouer entre eux. Pour ceux ayant vécu leur adolescence à l'époque charnière des années 80 n'ont jamais pu oublier sa première diffusion TV du lundi soir dans le cadre de l'émission l'Avenir du futur. Alors que le lendemain, durant la cour de récré, on s'empressait de relater avec fascination passionnelle le fameux film d'épouvante diffusé à une heure de grande écoute !


46 ans plus tard, que reste-t'il de ce petit classique des années 70 après qu'un excellent remake fut mis en chantier en 2003 par Glenn Morgan ? On ne peut pas dire que la réalisation académique et le montage elliptique soient au beau fixe, et ce même si un charme désuet s'y fait ressentir à travers cette attachante histoire d'amitié entre un homme et deux rats que Daniel Mann nous content avec une sensible attention. En prime, sa partition musicale archaïque, en quasi décalage avec l'époque dans lequel il fut conçu prêterait même à confusion si bien qu'on croirait que le film pourrait dater des années 50 ! Outre ses couacs et son aspect vétuste émanant d'une réalisation beaucoup trop canonique, Willard parvient encore à nous séduire et nous toucher grâce à son récit à la fois débridé et dramatique évoquant les rapports troubles entre Willard et son escorte de rats. Quand bien même Daniel Mann fustige au passage l'exploitation ouvrière auprès de la dictature d'un patron vénal (formidable Ernest Borgnine dans ses outrances gouailleuses !), ce dernier étant prioritairement responsable de la déliquescence morale de son employé prochainement voué à une rancoeur vindicative. Willard s'impose alors en conte horrifique à travers ce portrait fragile d'un célibataire endurci constamment raillé et discrédité par son entourage amical (si on excepte sa vaine liaison avec une secrétaire), professionnel, voir même familial (sa mère possessive le considère comme un raté en dehors de son bon caractère), si bien que sa nouvelle relation entamée avec les rats va enfin lui permettre de se forger une autorité et s'affirmer auprès des autres lors d'un règlement de compte meurtrier. Un acte de rancoeur finalement aussi couard qu'ingrat, tant auprès de la victime assassinée que des rongeurs exploités à des fins criminelles puis finalement sacrifiés au profit de la nouvelle indépendance de leur mentor.


La nuit du Rat
En dépit de ces scories susmentionnés, Willard reste un divertissement aussi bien attachant que bonnard dans son lot de séquences intimistes et incidents progressivement horrifiques, certes désuets, mais néanmoins crédibles quant aux rapports de domination/soumission (et vice versa) imputés entre Willard et Ben. Réflexion sur leurs rapports de force où possessivité, jalousie et désir de surpasser son allié empruntent le cheminement de la sédition, Willard ne manque pas de provoquer l'empathie à travers le portrait sensible d'un marginal livré au désespoir de la solitude.   

Note: Il s'agit d'un des premiers rôles de Bruce Davison au cinéma. Dans le remake, il incarne le père de Willard.

Eric Binford16.05.17
27.01.11. 92

mardi 23 mai 2017

Grave. Grand Prix, Gerardmer 2017

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Raw" de Julia Ducournau. 2016. France. 1h38. Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Joana Preiss, Laurent Lucas, Marion Vernoux

Sortie salles France: 15 Mars 2017 (Interdit aux - de 16 ans). U.S: 10 Mars 2017 (Int - de 17 ans).

FILMOGRAPHIE: Julia Ducournau est une réalisatrice et scénariste française née le 18 novembre 1983 à Paris. 2011 : Mange (téléfilm co-réalisé avec Virgile Bramly). 2016 : Grave


Nouvel électro-choc à la réputation sulfureuse (évanouissements de spectateurs à Toronto et à Los Angeles, distribution de sacs à vomi dans certaines salles, interdiction aux - de 18 ans en Irlande, en Norvège et en Grande-Bretagne), Grave est un objet de scandale que notre pays hexagonal s'est une fois de plus imposer dans un parti-pris gore. Partagé entre une répulsion viscérale me provoquant à moult reprises une nausée (sous-jacente) et une irrésistible fascination pour les portraits morbides impartis aux deux adolescentes, Grave aborde les thèmes du bizutage, de l'éveil sexuel, du végétarisme et du cannibalisme avec une originalité incongrue. Esthétiquement soigné et stylisé et nanti d'une ambiance malsaine à l'acuité envoûtante, l'intrigue suit le parcours de Justine au sein d'une école vétérinaire de Belgique. Issue d'une famille végétarienne, elle est contrainte lors d'un bizutage d'avaler un morceau de viande. De prime abord révulsée par son exploit et éprise de nausée, elle finit pour autant par prendre goût à la chair au point d'en devenir addict comme tout bon consommateur carné. 


Descente aux enfers vertigineuse de deux adolescentes en proie à des pulsions cannibales incontrôlées, Grave s'avère diablement inventif et viscéralement émotif quant à son cheminement narratif truffé de revirements fortuits. Si bien qu'étonnement et stupeur se jumellent régulièrement afin de provoquer nos sentiments les plus vulnérables, la réalisatrice attisant autant notre curiosité que notre perplexité avec une diabolique alchimie. Outre la subtile pudeur qu'elle emploie pour brosser le portrait singulier d'une jeune ado chrysalide, car partagée entre l'éveil sexuel, le besoin de s'affirmer et le goût pour la chair, Grave aborde l'insatiabilité de ces sentiments matures sans jamais se complaire dans une complaisance putassière. Une gageure quand on se remémore son florilège de séquences extrêmes toutes plus provocantes les unes que les autres mais pour autant palliées d'une poésie macabre teintée de sensualité. De par sa mise en scène auteurisante et expérimentale abordant en filigrane la dictature du bizutage, Julia Ducournau y transfigure une satire sur le végétarisme sous l'impulsion du plaisir corporel. Celui du goût immodéré pour le sexe et la viande si bien que le corps virginal en mutation atteint ici des sommets d'orgasme lors de ses pulsions les plus outrancières. La sexualité (hétéro ou homo) et le cannibalisme ne cessant de télescoper afin de provoquer notamment chez le spectateur une confusion des sens gustatifs et olfactifs, jusqu'au malaise viscéral.


Parents
Beau, étonnamment épuré et parfois touchant, gore et sarcastique sous le pilier d'une narration iconoclaste habilement réinventée, Grave constitue une brillante réussite d'horreur à la française d'autant plus immersive et ensorcelante sous l'impulsion de jeunes comédiennes épatantes de spontanéité dans leur posture marginale. La réalisatrice rivalisant sans cesse d'audaces visuelles et d'inventivité afin de porter en dérision notre instinct primitif et carnivore, et ce jusqu'à sa toute dernière image glaçante d'ironie mordante. 
Pour public averti avec avertissement du "haut le coeur" !

Eric Binford

Récompenses: Festival de Cannes 2016 : Prix Fipresci de la critique internationale pour les sections parallèles, après sa présentation en compétition à la 55e Semaine de la Critique
Festival européen du film fantastique de Strasbourg 2016 :
Octopus d’or du meilleur long-métrage fantastique international
Prix du public du meilleur film fantastique international
Festival du film de Londres 2016 : Sutherland Trophy du meilleur premier film
Festival international du film de Flandre-Gand 2016 : Explore Award
Paris International Fantastic Film Festival#2016 2016 :
Œil d'or du meilleur film de la compétition internationale
Prix Ciné+ Frisson du meilleur film
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2017 :
Grand prix du jury
Prix de la critique

lundi 22 mai 2017

DREAM DEMON

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site blumhouse.com

de Harley Cokeliss. 1988. Angleterre. 1h28. Avec Jemma Redgrave, Kathleen Wilhoite, Timothy Spall, Jimmy Nail, Mark Greenstreet, Susan Fleetwood, Annabelle Lanyon

Sortie salles Angleterre: Août 88

FILMOGRAPHIE: Harley Cokeliss est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur anglais né en 1945 à San Diego. Paris Connections (2010). An Angel for May (2002) : director (TV). Pilgrim (2000). The Ruby Ring (1997). Dream Demon (1988). Malone (1987). Black Moon Rising (1986).
Warlords of the 21st Century (1982). That Summer! (1979). The Glitterball (1977). The Battle of Billy's Pond (1976). Crash! (1971)


Surfant sur le succès des Griffes de la nuit, Dream Demon est une petite production anglaise exploitant le thème du rêve avec une certaine originalité. L'héroïne fraîchement débarquée dans son nouvel appartement étant en l'occurrence persécutée par de récurrents cauchemars au point de ne plus distinguer la réalité et d'entraîner dans ses délires sa nouvelle amie (l'ancienne propriétaire de l'immeuble occultant un sombre passé) ainsi que deux journalistes. Quand bien même ses propres rêves parviennent notamment à s'extirper de son psyché pour venir s'insérer dans sa réalité quotidienne et intenter à la survie de son entourage. Sur le point de se marier, elle tente d'excuser son sommeil perturbé par la peur de s'engager. Si la redondance des scènes de cauchemars aurait gagnée à être un peu moins appuyée, Harley Cokeliss parvient néanmoins à distiller l'inquiétude par le biais de situations tantôt grotesques, tantôt incongrues que nos héroïnes ne cessent mutuellement de déjouer. Le film se résumant à une longue course-poursuite chimérique au sein d'un huis-clos domestique de tous les dangers. A travers ses séquences horrifiques parfois débridées (les deux journalistes faisant office d'olibrius multiplie les provocations impudentes), on peut aussi vanter la qualité de ses effets gores sardoniques plutôt impressionnants et le jeu attachant des comédiennes s'épaulant mutuellement afin de démystifier une sombre intrigue de drame familial. L'héroïne servant finalement de vecteur cathartique pour elle même (son avenir potentiellement conjugal) et pour son amie amnésique depuis une enfance martyr !


En dépit de son cheminement narratif sans surprises et du manque de cohérence des situations surnaturelles (à force de confondre cauchemar et réalité on s'y perd largement !), Dream Demons demeure une sympathique série B au climat d'inquiétude assez perméable, à l'instar de l'esthétisme crépusculaire de sa photo azur instaurant un onirisme cauchemardesque. 

Bruno Matéï
2èx