lundi 25 septembre 2017

L'ANGE DU MAL, REDEEMER.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Redeemer: son of Satan" de Constantine S.Gochis. 1978. U.S.A. 1h23. Avec Damien Knight, Jeannetta Arnette, Nick Carter, Nicki Barthen...

Sortie salles France (uniquement au Rex de Paris): Mars 1978 (Int - de 18 ans). U.S: 7 Avril 1978

FILMOGRAPHIE: Constantine S.Gochis est un réalisateur américain. 1978: L'Ange du mal.


Du plus profond de la nuit, la main du Rédempteur apparaîtra pour punir ceux qui ont vécu dans le pêché...
Distribué par Scherzo durant la sacro-sainte époque de la Vhs (les vidéophiles, fascinés par sa rutilante jaquette, s'y étaient rués pour le louer en Vostfr à l'orée des années 80 !), L'Ange du Mal / Redeemer est l'unique réalisation de l'américain Constantine S. Gochis. Résolument rare, oublié et peu connu, le film ne connut d'ailleurs sur notre territoire qu'une sortie salles durant le Festival du film Fantastique du Rex à Paris. Empruntant la voie du psycho-killer de manière peu commune, de par sa mise en scène personnelle brodant autour d'une série de crimes un climat d'étrangeté atypique, Redeemer est une fascinante curiosité pour les amateurs de relique doucereusement malsaine.


Car si le hors-champ est privilégié durant la plupart des meurtres, sa résultante, l'inventivité et la cruauté dont le tueur fait preuve nous provoquent une fascination dérangée; notamment par son caractère à la fois cru et réaliste. A l'instar de la jeune femme périssant noyée la tête dans un lavabo après de longues minutes d'agonie. Sans doute la séquence la plus extrême et éprouvante que les ablutophobes auront peine à endurer. Quant à son pitch linéaire (et parfois équivoque), il se résume au huis-clos horrifique lorsque 6 anciens camarades de lycée réunis pour l'occasion de retrouvailles se retrouvent piégés à l'intérieur d'une bâtisse par un mystérieux tueur affublé de divers déguisements. Là aussi, le réalisateur adopte un parti-pris baroque quant à la caractérisation de ce dernier plutôt emphatique lors de ses allégations intégristes, gouailleur dans son accoutrement excentrique et véloce lorsqu'il parvient toujours à piéger chacune de ses proies aux moments aléatoires. En dépit de son maigre scénario plutôt prévisible donc et d'un début languissant, Constantine S. Gochis parvient grâce à sa réalisation tantôt maladroite, tantôt ambitieuse, à maintenir l'intérêt dès que nos protagonistes pénètrent dans la propriété le temps d'une soirée cauchemardesque.


Epaulé du jeu plutôt convaincant des comédiens méconnus, notamment lorsqu'ils font face à leur peur et à la panique, d'un score électro atmosphérique, d'une étrange photo désaturée aux éclairages parfois soignés (en précisant ayant découvert le film en Blu-ray) et d'un montage parfois (volontairement ? !) désordonné, Redeemer ne ressemble à rien de connu pour élever le psycho-killer vers une dimension hermétique. Celle d'un puritanisme s'adonnant à l'expiation criminelle. 

Remerciement à feu Lupanars Visions.

Bruno Matéï
2èx

samedi 23 septembre 2017

CA

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"It" de Andrés Muschietti. 2017. U.S.A. 2h15. Avec Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. U.S: 8 Septembre 2017

FILMOGRAPHIEAndrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973
2013: Mama. 2017: Ça.


« Le remake de Ça d'Andy Muschietti réussit à aller au-delà de mes attentes. Relaxez. Attendez. Et appréciez. ». Stephen King. 
Meilleur démarrage de tous les temps pour un film d'horreur (50 425 786 $ pour son premier jour d'exploitation) qui plus est renforcé de critiques élogieuses outre-atlantique, Ca est la 1ère adaptation ciné du célèbre roman de Stephen King après que Tommy Lee Wallace se soit prêté à un (sympathique) traitement télévisuel en 1990. Récit d'aventures initiatiques au sein d'une horreur cartoonesque, Ca constitue une fabuleuse pochette surprise dans son melting-pot d'action et d'épouvante en roue libre. Plongée en apnée dans le désagrément de la peur du point de vue d'ados à la fois chétifs et débrouillards, Ca exploite les thèmes du dépassement de soi, de la maturité, de la solidarité, voir aussi de l'inceste avec une efficacité permanente. Car si les séquences horrifiques scandées d'une bande-son assourdissante et d'un montage percutant ne font pas preuve de subtilité, Andrés Muschietti est suffisamment habile et talentueux pour ne pas faire sombrer le navire dans une redondance rébarbative. Et ce grâce en priorité à la prestance sardonique du clown habituellement conçu pour amuser et faire rire la galerie comme il est de coutume dans les festivités du cirque.


Détourné en l'occurrence au profit d'une horreur malsaine par ses exactions cannibales (le traitement impitoyable réservé aux ados s'avère d'autant plus rigoureux notamment lorsqu'il s'agit de dénoncer en filigrane l'inceste d'un père abusif !), ce nouvel archétype railleur constitue donc un solide alibi pour cumuler les poursuites et situations horrifiques que chaque ado endure indépendamment avant de s'allier pour mieux combattre leur cause. Le clown, maître chanteur et affabulateur, manipulant d'autant mieux leur psyché au gré d'hallucinations collectives que ceux-ci matérialisent par leur manque de confiance, leurs sentiments de crainte de l'inconnu et de la peur du noir. Des séquences chocs originales, inventives, épiques et terrifiantes sensiblement influencées par l'imagerie débridée de Evil-dead et de la saga Freddy. Toutes ces péripéties savamment coordonnées et brillamment réalisées évitent donc la gratuité (chaque ado contraint d'affronter avec un courage inouï une terreur morbide à moult visages !) pour persévérer ensuite dans la vigueur d'une épreuve de force communautaire que ces derniers vont transcender durant un second round affolant. Outre la facture (diablement) ludique de leurs vicissitudes incessamment cauchemardesques, Ca bénéficie en prime d'une étude de caractère scrupuleuse (au sein de l'époque des années 80 !) si bien que les ados à l'esprit autonome s'avèrent censés (Bill, l'aîné non dupe du stratagème de grippe-sou à se fondre dans le corps de son défunt frère !), expressifs, pugnaces (au sens viscéral !) et profondément humains dans leurs bravoures de dernier ressort ! De par leur fragilité à se mesurer à plus fort que soi (notamment ce trio de délinquants littéralement lâche et fielleux qu'ils doivent en prime contrecarrer), leur élan de solidarité et leur éveil amoureux (l'épilogue des "au-revoir" insufflant une émotion candide bouleversante auprès d'un duo en éclosion sentimentale).


Horror Circus
Sorte de Stand by Me au vitriol (notamment pour ses thèmes tournant autour du difficile cap de la perte de l'être cher et du passage à l'âge adulte), Ca génère émotions fortes et poignantes quant à au sort précaire de nos héros sévèrement ballottés par un clown sans vergogne. Et à cet égard, et par son regard aussi patibulaire que magnétique, la prestance charismatique de Bill Skarsgård (nouvel icone diablotin du cinéma d'horreur !) provoque un malaise persistant lors de la plupart de ses apparitions (d'une gestuelle) outrancière(s), à l'instar du prologue anthologique n'hésitant pas à recourir à une horreur inopinément démonstrative lorsqu'il s'agit d'y sacrifier l'innocence. Une séquence glaçante, terriblement dérangeante, assurément le moment le plus choc et douloureux du film. Divertissement horrifique à la fois intelligent et audacieux par son climat sombre, malsain et terrifiant évoluant dans un cadre enfantin, Ca traite enfin et surtout de l'handicap de la peur du point de vue transitoire d'une adolescence en quête d'affirmation et de respect de l'autre. Une excellente première partie donc, en escomptant un second segment autrement plus adulte et encore plus éprouvant. 

Eric Binford

La critique de Peter Hooper
NO SPOLIER !
Note : 5 / 6
// Grime story //
Ou cas ou vous maniganceriez de m’attendre tapis dans l’ombre, grossièrement accoutré en Bozo et prés a bondir dans le but de m’effrayer : je ne souffre pas de coulrophobie! Même si vos intentions s’avéraient nobles, ne mangeant pas non plus de bonbons, vous risqueriez une décharge de Taser. Vous voila a présent au courant : ne passez pas a 5000 volts !
Immunisé contre cette phobie je pouvais donc découvrir cette nouvelle version du roman éponyme de Maître King, sans peur mais également sans reproche, car je n’ai jamais caché l’attente d’une relecture modernisée de celle de Tommy Lee Wallace. Bien que (forcément) grand fan, son fort datage du début des 90 et son format téléfilmesque ouvraient quelques belles perspectivistes, surtout lorsque l’on connaît le contenu prolixe de l’œuvre de référence.
Après sa mère veilleuse fantastico/épouvantable « Mama » (2013) , séduisante mais imparfaite Bisserie, on attendait une confirmation du talent d’Andrés Muschietti, détecté a travers quelques plans. Si la scène introductive du gamin à la poursuite d’un bateau en papier achevant son voyage dans l’égout, constitue l’incontournable point d’ancrage roman/téléfilm, un nouveau traitement s’avérait forcément très piégeur. La forme originelle, auréolée d’un statut culte, pouvait suffire à démolir en cinq minutes les cent trente suivantes. Sans dévoiler quoi que se soit puisqu’elle est omniprésente dans tout les trailers, je m’avancerai juste a dire qu’il y manque un « morceau » de choix, réservé aux spectateurs en salle, et qui a lui seul permettra sûrement de « détacher » celle des 90’s de vos esprits…D’autant que l’on y découvre également le néo grippe-sou...sur lequel je reviendrai plus loin. Ce coup de maître introduit une réussite qui va s’avérer totale : nous sommes sans l’ombre d’un doute face a une œuvre charnière dans l’horreur post-moderne, je pèse mes mots.
Muschietti va respecter le background de l’histoire, mais en choisissant de la situer entièrement en 1988, le point d’arrivée du film de Wallace.
C’est la que l’on découvre le nouveau « club des ratés », un bande de jeunes dont les grossiers (et volontaires) stéréotypes vont se lisser très rapidement jusqu'à devenir la toile de fond absolument parfaite pour la mise en place de cette intrigue horrifique. Un excellent casting et une direction d’acteurs millimétrée qui vont contribuer, avec une reconstitution pertinente des années 80, à une parfaite immersion. Toute la force de la narration va reposer sur ces jeunes dont la caractérisation, entre ceux de « Stand by me » et des « Goonies », va leur donner toute légitimité pour arriver a surmonter leur peur et terrasser le « mal ». Du « petit gros » victimaire, au frère bègue du disparu en passant par le déconneur de service, sans oublier la nana de l’équipe, tous réinsufflent le parfum savoureux d’un teen movie vidéo-clubien, brillamment reconditionné pour être respiré et accepté par toutes les générations.
On sait que le roman de king, dans la première partie exploitée ici, portait sur le message du passage à l’age adulte. Muschietti va faire briller la métaphore. A ce titre le personnage de Beverly est le plus intéressant. La jolie Sophia Lillis, portrait craché de la Molly de « Breakfast club »(ce que ne manque pas de lui rappeler Richie -Finn Wolfhard- celui qui a « avalé un clown »…), est victime d’un père « très entreprenant », l’occasion de la scène la plus choquante du film ou dans une explosion d’hémoglobine très shining-ienne(…) se confondent le trouble des premières règles et la violence d’un possible viol : aussi puissamment graphique qu’incroyablement suggestif !
Et le clown dans tout « ça » ? Zut, J’allais oublier….
Exit la tenue iconique du personnage, idéale pour abuser de la confiance des enfants avec ses couleurs gaies et son air faussement amuseur. Le boogeyman maléfique est ici vêtu d’un costume défraîchi et usé lui conférant une allure théâtralisée le renvoyant au pittoresque clown blanc, sorte de Pierrot plus lunatique que lunaire. Chacune des scènes ou Grippe-sou ramène sa « fraise » on retient son souffle, surtout dans les gros plans sur son visage, sorte de mixe entre le faciès Joker-ien de Nicholson, et le regard de D'Onofrio pétant les plombs dans « Full metal jacket ». Une coquetterie dans l’œil lui confère un air définitivement effrayant. Si ce personnage est parfaitement réussit on le doit à la mise en scène de Muschietti, qui le renvoie volontiers à son statut originel de bouffon (sidérante scène ou on le voit gesticuler dans une roulotte en feu !), l’humour et les attitudes jamais très loin des putasseries d’un Freddy Krueger (clin d’œil fortement appuyé par cette affiche de « Nightmare on elm street » a l’entrée d’un ciné…). On pouvait rêver de le voir un peu plus souvent, mais le récit est si tellement intelligemment articulé autour de ces « ratés » que cela aurait probablement été néfaste pour le liant de l’histoire, et l’ensemble aurait perdu l’oxygène nécessaire pour réussir a affronter le monstre dans les égouts de la ville. Bill Skarsgård accomplit l’exploit (lui aussi…) de faire oublier Tim Curry. Son antre ou le réalisateur nous livre un bouquet final très Lovecraftien est esthétiquement époustouflante, comme pas mal d'autres plans !
Andrés Muschietti nous livre la meilleure car la plus sérieuse bobine horrifique vue depuis (très) longtemps. En réorchestrant habilement les nouveaux codes du genre a base de Jump scares ( assez rares pour fonctionner ), sans (trop) forcer sur le volume d’un sound design devenu au fil des années une simple agression auditive, sa mise en scène inspirant le respect a la fois des amoureux des fantasmes littéraires de Stephen King, des nostalgique du film de Wallace, ceux des 80’s (celle de mes années lycées) et des fétichistes de la VHS, et plus globalement celui des cinéphiles exigeants.
Avec ce Teen-horror-movie, respectueux de l’esprit originel, il échappe aux peaux de bananes de la classification PG-13 – pour une œuvre qui réussit à être aussi effrayante sur le fond qu’hypnotique sur la forme. A en devenir coulorphile : Magistral !

vendredi 22 septembre 2017

REVEILLON SANGLANT / LES MUTANTS DE LA SAINT SYLVESTRE

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreurdvd.blogspot.fr

"Bloody New Year" de Norman J. Warren. 1987. Angleterre. 1h29. Avec Suzy Aitchison, Nikki Brooks, Colin Heywood, Mark Powley, Catherine Roman.

Sortie salles France: 11 Mai 1987

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur anglais, né le 25 Juin 1942 à Londres. 1962: The Dock Brief (troisième assistant réalisateur). 1965: Fragment. 1966: La Nuit des Généraux (troisième assistant réalisateur). 1967: Sailor from Gibraltar (troisième assistant réalisateur). 1967: Her Private Hell. 1968: Loving Feeling. 1976: L'Esclave de Satan. 1977: Le Zombie venu d'ailleurs. 1979: Outer Touch. 1979: La Terreur des Morts-vivants. 1981: Inseminoid. 1984: Warbirds Air Display. 1985: Person to Person. 1986: Gunpowder. 1987: Réveillon Sanglant. 1992: Meath School. 1993: Buzz.


Aberration filmique signée Norman J. Warren, petit artisan british à qui l'on doit les classiques bisseux Inseminoid, Le zombie venu d'ailleurs et le non moins sympathique l'Esclave de Satan, Réveillon sanglant demeure une série Z aussi insipide que poussive. Car il faut bien avouer il n'y a quasiment rien à sauver au sein de ce naufrage, croisement risible entre Evil-Dead, la Croisière s'amuse et le Carnaval des Ames ! Des comédiens inexpressifs incarnant des personnages bêtas dénués de distinction en passant par un pitch grotesque éludé de cohérence (notamment cette faille spatio-temporelle afin de justifier la routine des fantômes figés en 1959 lors d'un bal de St-Sylvestre !), Réveillon Sanglant décuple l'ennui au gré de situations redondantes à la fois grand-guignolesques et rébarbatives (3 jeunes couples réfugiés sur une île seront persécutés par des zombies jusqu'à ce que mort s'ensuive !). On se console modestement sur la poésie morbide de certaines scènes chocs particulièrement débridées (voire tantôt gores) en escomptant son générique de fin d'une rare platitude.


Une ânerie dégingandée à réserver uniquement aux nostalgiques de la Cinq... ^^

Bruno Matéï
3èx

mercredi 20 septembre 2017

CA ("il" est revenu)

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site lazy-bum.com

"It" de Tommy Lee Wallace. 1990. U.S.A/Canada. 3h04. Avec Harry Anderson, Dennis Christopher, Richard Masur, Annette O'Toole, Tim Reid, John Ritter, Richard Thomas, Tim Curry.

Diffusion TV, U.S: 18 Novembre 1990

FILMOGRAPHIETommy Lee Wallace est un réalisateur, monteur, acteur et scénariste américain, né en 1949 à Somerset, dans le Kentucky (Etats-Unis). 1982: Halloween 3. 1988: Aloha Summer. 1988: Vampires, vous avez dits vampires 2. 1990: Ca (télé-film). 1991: And the sea will tell (télé-film). 1992: The Comrades of Summer (télé-film). 1992: Danger Island (télé-film). 1994: Witness to the execution (télé-film). 1994: Green Dolphin Beat (télé-film). 1996: Born Free: A New Adventure (télé-film). 1996: Alliance Interdite (télé-film). 1997: Steel Chariots (télé-film). 1998: Une Voleuse de charme (télé-film). 1998: l'Ultime Verdict (télé-film). 2002: Vampires 2 - Adieu Vampires. 2010: Helliversity.


Conçu pour la TV, Ca est l'adaptation édulcorée d'un copieux roman de Stephen King publié en 1986. Précédé d'une réputation notable auprès d'une certaine génération de spectateurs, particulièrement impressionnés par la physionomie effrayante de son boogeyman cloownesque, cette variation sur l'affres de la peur réussit en partie à provoquer l'effet escompté. Après être parvenus à détruire un mystérieux clown kidnappeur d'enfants, sept amis se réunissent 30 ans plus tard afin de combattre une ultime fois leur terreur infantile. Scindé en deux parties distinctes, l'action se situe de prime abord à la fin des années 50 dans une contrée bucolique du Maine des Etats-Unis. A travers des flash-back alternant passé et présent, l'intrigue nous remémore l'amitié solidaire d'un groupe de 7 enfants (surnommés "le Club des ratés" !), incessamment persécutés par un clown diabolique planqué sous les égouts. Epris d'hallucinations collectives émanant de ces pouvoirs surnaturels mais également victimes de brimades envers un trio hostile de durs à cuire, nos petits héros vont devoir s'unifier afin de mieux se prémunir et repousser leurs pires frayeurs. Visuellement soigné dans sa reconstitution archaïque des fifties, Tommy Lee Wallace souhaite nous confronter à l'inquiétude grandissante de cette poignée de héros juvéniles aussi couards que vaillants à repousser le Mal.


De manière introspective, le réalisateur nous confronte à leurs tourments cérébraux, leurs doutes et leur crainte pour tenter de déjouer un ignoble clown dévoreur d'enfants. Baptisé "Grippe-sou" ou "Ca", il s'approprie lâchement de la peur candide des enfants pour les entraîner vers les sous-sols d'un égout érigé sous les Lumières-Mortes. La bonhomie attachante des personnages juvéniles confrontés à moult évènements terrifiants (visions sanglantes d'hallucinations surnaturelles que seul un enfant apeuré peut percevoir) et leur caractère bien distinct véhiculent chez le spectateur une indéniable empathie. D'autant plus qu'ici le monstre hybride auquel il s'opposent adopte une forme rassurante de clown railleur. Une entité machiavélique aussi insidieuse que perfide pour tenter d'amadouer l'enfant candide, proie facilement plus influençable que la responsabilité de l'adulte. La seconde partie restitue l'action du faubourg de Derry au début des années 90, c'est à dire 30 ans après que les sombres évènements s'y soient déroulés. Nous retrouvons donc l'existence esseulée de chacun de nos protagonistes confrontés à une piètre vie amoureuse et amicale mais nantis d'une situation professionnelle plutôt avantageuse. Réunis une seconde fois après l'engagement commun d'un pacte si Ca était amené à renaître un jour, nos héros aujourd'hui adultes vont renouer avec leur réminiscence traumatique afin d'exorciser leur pire terreur à double visage ! A savoir, combattre Spoil ! une entité arachnide venue d'un autre monde Fin du Spoil derrière sa défroque criarde de clown (un subterfuge vestimentaire afin d'amadouer la naïveté de ces proies innocentes).


Grâce à l'originalité de son intrigue habilement conditionnée autour d'une icône démoniaque que nos héros molestés déjouent avec une densité psychologique aussi fragile que pugnace, Ca traite efficacement de l'esprit de cohésion et d'amour pour repousser nos terreurs les plus préjudiciables. Par l'entremise singulière d'un clown brocardeur se nourrissant de nos craintes et de notre chair, Tommy Lee Wallace aborde enfin une réflexion sur le courage de vaincre notre lâcheté afin de braver la duperie du Mal. Sympathique, ludique, assez prenant et parfois anxiogène à défaut d'être transcendant pour laisser une empreinte indélébile dans le genre horrifique. 

Bruno Matéï
31.12.12. 2èx (120 v)

mardi 19 septembre 2017

DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"The Mummy's Shroud" de John Gilling. 1967. Angleterre. 1h30. Avec André Morell, John Phillips, David Buck, Elizabeth Sellars, Maggie Kimberly, Michael Ripper, Tim Barrett.

Sortie salles Angleterre: 18 Juin 1967

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne). 1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


Troisième et dernier opus consacré à la "momie", Dans les Griffes de la Momie surpasse de loin et à tous les niveaux le médiocre Les Maléfices de la Momie tourné en 64. Réalisé par l'illustre John Gilling, (l'Impasse aux Violences, l'Invasion des Morts-vivants, la Femme Reptile), Dans les griffes de la Momie bénéfice de savoir-faire dans sa réalisation studieuse où rien n'est laissé au hasard quand bien même sa structure narrative donne chair à ses personnages sous le pivot d'une discorde familiale. 1920, Egypte. Stanley Preston, son épouse et quelques archéologues tentent de retrouver la sépulture du pharaon Kah-To-Bey. Sur place, avec une longueur d'avance, son jeune fils épaulé de Sir Basil Walden parviennent à dénicher son tombeau. Si ensuite les retrouvailles entre le fils et le père font d'abord preuve d'enthousiasme après une découverte aussi historique, la cupidité de ce dernier motive un geôlier à réveiller la momie afin de se venger de sa profanation. 


Efficace est le maître mot de cette intrigue à suspense décrivant avec attention les dissensions morales entre un fils et son père opportuniste alors qu'autour d'eux les morts pleuvent. Tout l'intérêt résidant dans leur contradiction houleuse à se disputer la meilleure conduite morale au moment même où une ambiance d'insécurité gagne du terrain au fil de crimes non élucidés. Par le biais de ces découvertes macabres exercées par une cause surnaturelle, nous en apprendrons un peu plus sur le comportement vaniteux, condescendant (ses rapports castrateurs avec son adjoint), égotiste et cupide de Stanley Preston avide de rentrer au bercail en compagnie de son trophée tant convoité. Alors que le fils, loyal et d'une saine raison, tentera vainement de le résonner, faute de son attitude aussi lâche qu'ingrate (notamment celle d'avoir envoyé en psychiatrie Sir Basil Walden après qu'il eut été mordu par un serpent). Au centre de leurs rapports intraitables, les épouses de ces derniers vont observer avec gravité et dépit cette déchéance familiale avant de se résigner à réagir de la manière la plus équitable. Emaillé de séquences chocs assez cruelles pour la mise à mort des victimes lâchement sacrifiées, Dans les griffes de la momie fait naître une empathie auprès de deux personnages qui ne méritaient pas pareil traitement alors que son angoisse sous-jacente séduit en intermittence avant de nous impressionner lors des apparitions cinglantes de la momie superbement maquillé sous ses épais bandages.


Série B mineure au sein de l'industrie de la prestigieuse Hammer, Dans les griffes de la momie n'en demeure pas moins un excellent divertissement horrifique d'un esthétisme exotique fulgurant (aussi bien ses décors naturels que domestiques assortis d'une photo polychrome), notamment de par son efficacité narrative soutenue à mettre en exergue une cellule familiale en crise.  

Eric Binford.
2èx

lundi 18 septembre 2017

LA RUEE DES VIKINGS

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Gli invasori" de Mario Bava. 1961. Italie. 1h20. Avec Cameron Mitchell, Alice Kessler, Ellen Kessler, George Ardisson, Andrea Checchi, Jean-Jacques Delbo.

Sortie salles France: 10 Juillet 1963. Italie: 7 décembre 1961

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Réalisé par le maître du gothisme italien, La ruée des Vikings surfe sur le succès du chef-d'oeuvre de Richard Fleischer, les Vikings avec beaucoup moins de talent. Faute principalement à une intrigue classique non dénuée d'intérêt mais dépourvue de suspense, d'intensité et de surprises. On se rabat alors son sympathique casting plus ou moins impliqué dans les enjeux guerriers, sur sa violence tantôt corsée pour l'époque et sur sa fulgurance formelle dont on remarque bien la patte stylisée du maître (photo flamboyante assortie d'éclairages surréalistes). Dispensable donc surtout venant de la part du maestro mais pour autant distrayant chez les amateurs de curiosité archaïque.

Bruno Matéï

vendredi 15 septembre 2017

MARY. Prix du Public, Deauville 2017

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Gifted" de Marc Webb. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Jenny Slate, Octavia Spencer, Lindsay Duncan, Julie Ann Emery.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017. U.S: 7 Avril 2017

FILMOGRAPHIEMarc Webb est un réalisateur américain né le 31 août 1974. 2009 : (500) jours ensemble. 2012 : The Amazing Spider-Man. 2014 : The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. 2017 : Mary. 2017 : The Only Living Boy in New York.


Prenant pour thème l'éducation parentale du point de vue d'une surdouée infantile que l'oncle et la grand-mère vont se disputer la garde devant un tribunal, Mary évite intelligemment les clichés usuels du mélo à faire pleurer dans les chaumières et du film de procès grâce à sa mise en scène ciselée, à son casting inscrit dans la sobriété et à ces enjeux d'une adversité parentèle imputée à une cause filiale. A savoir, doit-on réserver un traitement particulier chez les enfants surdoués quant à leur carrière scolaire ou au contraire les adapter à la société en compagnie d'enfants normaux ? Et comment peut-on rétablir un équilibre parental au sein du foyer lorsque la mère n'est plus ? Durant l'intense confrontation entre le fils et la mère se résignant à emporter la mise, le réalisateur épargne d'autant mieux les stéréotypes en nous brossant des personnages lucides au caractère fort mais d'une colère contenue afin d'éviter la fanfaronnade pour nous impressionner. Avec son visage de jeune bellâtre, Chris Evans parvient aisément à faire oublier sa photogénie "tape à l'oeil" par le biais d'une dimension humaine toute en retenue comme le soulignent les moments les plus bouleversants qu'il doit traverser lorsque ce dernier se résigne à placer sa nièce dans une famille d'accueil après un dilemme moral. Dans celle de la petite Mary, génie de la mathématique, Mckenna Grace crève littéralement l'écran par son naturel étonnamment mature pour un si jeune âge (7 ans s'il vous plait !) si bien que sa fraîcheur, sa spontanéité mais aussi son désarroi de se voir ballottée d'un foyer à un autre arracheront les larmes aux plus sensibles. Par son jeu expressif aussi bien dégourdi que sensible mais aussi par la maîtrise de ses sentiments, on peut peut-être prêter une allusion à l'acteur Ricky Schroeder lors de sa révélation du déchirant Champion, remake signé Franco Zeffirelli (et au sujet similaire - la dissension parentale pour la garde d'un enfant -).


Un joli mélo donc réalisé avec soin, efficacité, pudeur et humilité, et ce afin d'épargner sinistrose et pathos sous le pilier d'une intrigue intensément humaine militant contre l'exploitation (scientifique) d'un enfant grâce à l'amour d'une dignité paternelle.  

Eric Binford