mardi 9 janvier 2018

SUPERMAN 3

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site dcplanet.fr

de Richard Lester. 1983. U.S.A/Angleterre. 2h05. Avec Christopher Reeve, Richard Pryor, Jackie Cooper, Marc McClure, Annette O'Toole, Paul Kaethler.

Sortie salles France: 10 Août 1983. U.S: 17 Juin 1983

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


Faute d'un scénario à la fois bâclé et mal structuré (l'élaboration d'un super ordinateur conçu en un claquement de doigt pour détruire Superman quand bien même ce dernier contaminé par la kryptonite s'efforce de déjouer son double maléfique, la romance mal ficelée entre lui et Lana, sa nouvelle compagne au mépris d'une Lois Lane faisant acte de figuration !?), d'un humour souvent lourdingue que Richard Pryor s'acharne à rendre désopilant en dépit de sa verve impétueuse et de son caractère bonnard, et de personnages stéréotypés s'efforçant de jouer les méchants avec un racolage grossier  (malgré son professionnalisme, Robert Vaughn ne convainc pas dans la peau du milliardaire mégalo), Superman 3 sombre dans la platitude. On se réconforte toutefois sur quelques moments réussis, à l'instar de son prologue inventif enchaînant une foule de gags cocasses que n'auraient pas renié Laurel et Hardy si bien que sa première partie nous vante une comédie d'action festive, sur d'excellents effets-spéciaux parfois spectaculaires et originaux, puis enfin sur la présence toujours symbolique du génial Christopher Reeves en redresseur de tort volant (ses déplacements aériens nous faisant encore rêver, notamment grâce au charme de ses trucages artisanaux pour peu que l'on ait su préserver son âme d'enfant).


Flingué par la critique de l'époque et accusant aujourd'hui le poids des années en dépit des bonnes intentions de l'équipe du film (la manière leur fait tant défaut !), Superman 3 est à revoir d'un oeil distrait auprès de la génération 80, avec peut-être une perle de larme nostalgique eu égard du sympathique ratage prioritairement réservé aux enfants. 

* Bruno
3èx

lundi 8 janvier 2018

NEVER LET ME GO

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecoindescritiquescine.com

de Mark Romanek. 2010. U.S.A/Angleterre. 1h44. Avec Keira Knightley, Carey Mulligan, Andrew Garfield, Charlotte Rampling, Isobel Meikle-Small, Charlie Rowe.

Sortie salles France: 2 Mars 2011. U.S: 15 Octobre 2010

FILMOGRAPHIEMark Romanek est un réalisateur américain né le 18 septembre 1959 à Chicago. 1985 : Static. 2002 : Photo Obsession. 2010 : Never Let Me Go. 2011 : Locke & Key (TV).


"Ce que je me demande, c'est si notre vie a été tellement différente de la vie des personnes que nous sauvons, nous terminons tous. Peut-être qu'aucun d'entre nous ne comprends réellement ce qu'il a vécu et que personne n'a eu le sentiment d'avoir eu assez de temps."

Echec commercial à sa sortie, peut-être à cause de la langueur de son climat monocorde pour autant magnétique, Never let me go est une oeuvre magnifique sur la fragilité de l'existence et la fuite inextinguible du temps s'étiolant un peu plus chaque jour. Dans un internat privé d'une discipline drastique, la petite Cathy tombe amoureuse de Tommy. Mais jalouse de leur éventuelle future relation, une de ses amies, Ruth, courtise fissa ce dernier. 10 ans plus tard, ils se retrouvent tous trois aux cottages en attendant leur triste destinée de donneurs d'organes. 


Drame social nous alertant des dérives du clonage d'un point de vue prophétique, mélo bouleversant d'une grande pudeur quant à la réserve sentimentale des personnages, Never let me go empreinte l'anticipation de manière aussi bien réaliste qu'originale (puisque sans esbroufe) quant au traitement inhumain de clones humains faisant écho à la mélancolie existentielle des Réplicants de Blade Runner. Sublimé par les présences chétives de Keira Knightley, Carey Mulligan (Meilleure actrice au British Independent Film Awards 2010) et Andrew Garfield (Meilleur acteur au Evening Standard British Film Awards), ceux-ci parviennent avec leur charisme sans fard à imprimer une intensité dramatique,  de par leur flegme où le non-dit en dit long sur leur pessimisme mais aussi l'espoir à se raccrocher au fil de quelques années (le fameux "sursis" éventuellement offert aux couples amoureux), et l'élégance de sa mise en scène réfutant l'effet de manche. Baignant dans un climat bucolique d'un onirisme naturel sous l'impulsion d'une modeste partition au clavecin, Never let me go nous fait partager les états d'âme sentencieux de ce triangle amoureux contraint de vivre avec une angoisse viscérale le jour fatal de leur transplantation. A l'instar du condamné à mort confiné isolément dans sa cellule avec l'attente interminable du jour propice de sa mort. A travers leur cheminement d'errance morale où l'amour et la mort font preuve d'inéquitable cruauté, Mark Romanek nous interroge sur la compréhension et le but de l'existence par le biais d'une temporalité furtive si bien que la vie pourrait avoir plus de valeur auprès de l'amour de sa vie.


Bouleversant et profondément fragile parmi une émotion dépouillée, de par le talent intègre des jeunes interprètes et l'épure de sa réalisation avisée, Never let me go cultive au final une infinie tristesse auprès de l'exploitation sans vergogne de ces cobayes humains confrontés au sacrifice d'une bonne cause (celle de sauver d'autres vies qu'ils n'approcheront jamais). Sensible, dur et douloureux mais une oeuvre magnifique inscrite dans la candeur car ne demandant qu'à "aimer" et préserver l'être cher condamné demain à disparaître en un clignement d'oeil. L'atavisme de la mort finissant par nous enseigner qu'il est urgent de s'enlacer. 

* Bruno

Récompenses: British Independent Film Awards 2010 : Meilleure actrice pour Carey Mulligan
Evening Standard British Film Awards 2011 : Meilleur acteur pour Andrew Garfield
Saturn Awards 2011 : Meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Andrew Garfield

vendredi 5 janvier 2018

La Chambre des Tortures / The Pit and the Pendulum

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.wikipedia.org

de Roger Corman. 1961. U.S.A. 1h20. Avec Vincent Price, John Kerr, Barbara Steele, Luana Anders, Antony Carbone.

Sortie salles France: 9 Juin 1965. U.S: 12 Août 1961

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: La Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Seconde adaptation d'un roman de Poe après avoir porté à l'écran la splendide Chute de la maison Usher, La Chambre des tortures est inférieur à son aîné et à ses autres futurs classiques que formeront les immuables Le Masque de la mort rouge et la Tombe de Ligeia. Pour autant, grâce au savoir-faire de Roger Corman pétri d'amour à fignoler sa scénographie gothique, la Chambre des Tortures maintient l'intérêt grâce à l'efficacité de son intrigue horrifico-policière semée de rebondissements (même si un brin prévisible quant au dénouement attendu moins intense que prévu), au charme de ses décors flamboyants comme de sa photo sépia et à la qualité de son cast prestigieux.

Le Pitch: Après avoir appris la mort de sa soeur disparue dans des circonstances inexpliquées, Francis Barnard vient rendre visite au mari de celle-ci, Nicolas, propriétaire d'un immense château sur le littoral. Au fil des nuits, des évènements inexpliqués importunent Nicolas déjà traumatisé par la mort de sa défunte épouse car persuadé qu'il en est le responsable. Sceptique et très méfiant vis à vis de Nicolas, Francis entame son enquête afin de démasquer le vrai coupable de ses étranges phénomènes intentant à la tranquillité des résidents. 


Jouant la carte de l'investigation policière à renfort de phénomènes surnaturels que l'on devine matois, La Chambre des Tortures parvient à nous immerger dans son cauchemar gothique parmi l'influence du génial Vincent Price. Cabotin en diable, ce dernier se délecte à incarner la victime mélancolique aussi meurtrie que fragile, faute de son amour immodéré pour sa défunte épouse et du trauma qu'il subit enfant lorsqu'il assista à la mort de sa mère enterrée vivante. Mais chut, n'en disons pas plus afin de savourer à sa juste valeur ce jeu de séduction macabre parmi la présence sépulcrale de l'incroyable Barbara Steele lors d'un final mémorable. 


Bougrement sympathique, formellement élégant, ludique puis progressivement sarcastique (principalement sa dernière partie aussi cruelle que débridée), la chambre des Tortures est suffisamment bien construit, substantiel au niveau de son intrigue à suspense (avec une habile inversion des rôles "victimes/coupables" même si l'on finit par déceler les tenants et aboutissants de certains d'entre eux), pour susciter l'attention au travers d'une architecture gothique d'un stylisme onirico-macabre parfois percutant (à l'instar du cadavre momifié, l'expression figée dans la terreur !). Incontournable dans l'évidence.

* Bruno
08.03.24. 4èx. Vostf

jeudi 4 janvier 2018

LE DINER DE CONS

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Francis Veber. 1998. France. 1h17. Avec Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Francis Huster,
Daniel Prévost, Alexandra Vandernoot, Catherine Frot, Edgar Givry.

Sortie salles France: 15 Avril 1998.

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Vaudeville hilarant mené à un rythme tempétueux sous l'impulsion d'un Jacques Villeret confondant de naturel dans la peau de l'abruti intarissable, le Dîner de Cons fut à juste titre ovationné par les césars (meilleur scénario, meilleur acteur pour Villeret, meilleur second rôle pour Daniel Prévost) et son public (9 247 509 entrées !) sous la mainmise de l'éminent Francis Veber (le Jouet, La Chèvre, Les Compères, les Fugitifs). Tiré d'une pièce de théâtre à succès toujours sous la houlette de celui-ci et à nouveau incarné par Villeret, le Diner de cons laisse libre court à une accumulation de bévues autour du personnage de François Pignon désigné comme invité surprise à un dîner amical par l'éditeur Pierre Brochant.


Convié chez ce dernier pour un prétexte risible (une tour Eiffel conçue à partir de milliers d'allumettes), François Pignon va tenter de lui prêter main forte depuis que sa femme vient de le quitter, faute de son égoïsme et de sa lâcheté. Au fil de leur stratagème téléphonique, ceux-ci sont bientôt rejoints par un contrôleur fiscal ainsi que l'ex amant de la femme de Brochant. En dépit du caractère théâtral des situations comiques tributaires d'unité de lieu et de temps, Le Dîner de Cons prolifère les éclats de rire grâce au réparties impayables des acteurs s'en donnant à coeur joie à se disputer les résolutions conjugales. Outre l'incessante confrontation labiale que s'échangent Villeret et Lhermitte (très en forme en bourreau des coeurs égoïste, rusé et condescendant), et les présences secondaires aussi drôles qu'attach(i)antes de Francis Huster (étonnamment drôle lors de ses rires incontrôlés à témoigner du cas "Pignon" !) et Daniel Prévost (hilarant en contrôleur obsessionnel !),  Catherine Frot participe de près et de loin à leurs malentendus avec une fantaisie irrésistiblement décalée.


Entièrement bâti sur les gags verbaux d'un Villeret joyeusement débonnaire mais empoté et terriblement naïf autour des fourberies de lurons communément cocus, le Dîner de cons y extrait une satire sur l'infidélité conjugale sous l'impulsion incontrôlée de quiproquos en pagaille. Et ce avant que ne perce finalement une émotion poignante pour tenir lieu de la cruauté de la raillerie, de la trahison et du mensonge intenté par un bourgeois déshumanisé de son confort. Un classique du rire d'une redoutable efficacité orale !   

* Bruno


Récompenses: César du meilleur scénario original ou adaptation pour Francis Veber
César du meilleur acteur pour Jacques Villeret
César du meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Prévost

mercredi 3 janvier 2018

SUPER DARK TIMES

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Kevin Phillips. 2017. U.S.A. 1h43. Avec Owen Campbell, Charlie Tahan, Elizabeth Cappuccino, Max Talisman, Sawyer Barth, Amy Hargreaves, Adea Lennox

Sortie salles U.S: 29 Septembre 2017

FILMOGRAPHIE:  Kevin Phillips est un réalisateur et scénariste américain.
2017: Super Dark Times.


Distribué par Netflix, Super Dark Times est la première réalisation du néophyte Kevin Philips. Un talent à surveiller au vu de la qualité de sa mise en scène aussi bien personnelle qu'inventive (notamment parmi l'accord d'une bande-son dissonante et de l'irruption fortuite de visions macabres d'un réalisme glaçant) lorgnant sans prétention du côté d'un Stand By me vitriolé. Car imbibé d'une ambiance funèbre (en format scope s'il vous plait !) qui ne lâchera pas d'une semelle les ados de l'intrigue, Super Darl Times aborde les thèmes de la mort, de l'amitié, de la sexualité, de l'amour et du passage à l'âge adulte de manière jusqu'au boutiste, Spoil ! pour ne pas dire schizophrénique Fin du Spoil. A la suite d'un tragique accident ayant coûté la vie à l'un de leur camarade, Josh, Zach et Charlie décident d'un commun accord de masquer la vérité en cachant le corps dans les bois. Mais rongé par la culpabilité et le remord de ne pas assumer sa complicité, Zach sombre dans une paranoïa dépressive alors que son acolyte Josh se confine dans le mutisme au sein de sa chambre. 


Drame psychologique éprouvant s'il en est, notamment grâce à l'habileté du réalisateur à cultiver une intensité permanente (puis graduelle) autour du cheminement moral de Zach assailli par la peur de la mort et surtout la culpabilité du mensonge (alors qu'il n'est point l'auteur de l'incident mortel !), Super Dark Times manipule nos nerfs avec une efficacité étonnamment véloce auprès d'un premier métrage. Notamment par le biais d'une direction d'acteur assez nuancée (les interprètes juvéniles font également preuve d'un charisme innocent à la fois équivoque et affecté) afin de mieux s'immerger dans leurs états dépressifs puisque sévèrement dépassés par un évènement morbide aussi infortunée. Davantage inquiétant et cauchemardesque au gré d'un rebondissement alarmiste impromptu, Super Dark times embraye ensuite vers le thriller estomaquant si bien que sa dernière partie d'une extrême violence, car d'un réalisme émoulu; nous plaque au siège avec une émotion assez névralgique. Sans dévoiler les tenants et aboutissants moraux d'un des protagonistes, l'intrigue très sombre, soigneusement structurée, aborde le traumatisme d'un point de vue assez singulier et frontal si je me remémore les oeuvres ayant traité de la fragilité de l'adolescence et de la perte de l'innocence de manière autrement plus posée et prude. Pour autant,  Kevin Phillips ne manque pas non plus à certains moments de distiller un climat onirique assez envoûtant au travers de quelques images épurées en symbiose avec l'innocence de la nature ou parmi la posture songeuse de certains personnages. 


Cauchemardesque, vénéneux et ombrageux sans céder à la facilité ou à la gratuité, notamment grâce au brio de la réalisation radiographiant l'état d'âme torturé d'un des protagonistes avec un humanisme prédominant; Super Dark Times allie le drame et le thriller avec une densité psychologique aussi bien rigoureuse que poignante. Une excellente surprise donc, d'autant plus radicale et escarpée lors de son dernier acte erratique oscillant avec l'émotion fragile d'une innocence sacrifiée. Peut-on en sortir indemne ?

* Bruno

mardi 2 janvier 2018

BLADE RUNNER 2049

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Dennis Villeneuve. 2017. 2h44. Avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Robin Wright, Sylvia Hoeks, Mackenzie Davis, Carla Juri, Lennie James, David Bautista, Jared Leto.

Sortie salles France: 4 Octobre 2017. U.S: 6 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners. 2015 : Sicario. 2016 : Premier Contact. 2017: Blade Runner 2049.


Les réplicants sont des humains issus de la bio-ingénierie conçus par la Tyrell Corporation pour servir dans les colonies de l'espace, leur force faisant d'eux des esclaves idéaux. 
Après une série de violentes révoltes, leur production a été interdite et Tyreel Corp a fait faillite. 
L'effondrement des écosystèmes au milieu des années 2020 a favorisé l'essor de l'industriel Niander Wallace. Sa maîtrise de l'agriculture de synthèse a évité la famine. Wallace a racheté ce qui restait de Tyrell Corp et créé une ligne de réplicants obéissants. 
Nombre d'anciens modèles, les Nexus 8, sans durée de vie limitée, ont survécu. Ils sont traqués et "retirés". Ceux qui les traquent portent toujours le nom de Blade Runner. 
K, un nouveau Blade Runner docile, enquête sur un cheval de bois découvert sous un arbre. Ce qui l'amène à partir à la recherche de Deckard, l'ancien blade runner, afin de découvrir l'identité d'un enfant caché. 


Villeneuve le démiurge. 
Spectacle dystopique d'une beauté crépusculaire à damner un saint, Blade Runner 2049 est la séquelle de tous les risques à tenter d'émuler son modèle proverbial que Dennis Villeneuse s'impose sans prétention, sans fioriture ni effets de manche. Une valeur sûre de par sa riche filmographie tant et si bien qu'il parvient naturellement à imprimer sa petite touche personnelle avec l'intelligence cérébrale des thèmes métaphysiques/spirituels autrefois abordés. Et ce sans jamais singer le matériau d'origine, référence absolue du genre en dépit des critiques renfrognées de l'époque. C'est dire si à mon jugement de valeur Blade Runner 2049 constitue une suite digne, humble, révérencieuse, épurée, presqu'aussi hypnotique dans sa fulgurance formelle et le jeu nuancé, réservé, de chacun des comédiens parfois tiraillés par des pulsions de violence légitimes (notamment lors des mano à mano entre réplicants). Fraîchement sorti de ce rêve éveillé, les yeux embués d'images tantôt oniriques, tantôt cauchemardesques (atmosphère de claustration parfois irrespirable), il y avait bien longtemps que je n'avais pas participé à une expérience de cinéma aussi sensorielle, immersive, palpable, cristalline. Leçon de mise en scène (Villeneuve réinvente le cinéma d'anticipation qui plus est ADULTE ! Et non ce n'est pas un Blockbuster comme certains le prétendent !), matière vivante imprimée sur pellicule, Blade Runner 2049 se réapproprie des codes de Scott avec un brio étourdissant de par l'architecture de son climat austère traditionnellement aphone, languissant, vénéneux. Et ce en dépit de sa longue durée (risquant à coup sûr de lasser les sceptiques, voir aussi certains puristes) et de la parcimonie des scènes d'action pour autant percutantes car d'une beauté, d'un réalisme et d'une intensité renversants. Contemplatif et mélancolique en bonne et du forme (avec le juste équilibre d'une élégie musicale dépouillée), Blade Runner 2049 prend tout son temps à narrer son intrigue policière (K à la recherche de sa propre identité parmi l'indice du cheval de bois au moment de s'ouvrir l'esprit à distinguer le Bien du Mal) avec un humanisme désespéré, et ce même si Villeneuve s'écarte un peu de la notion de "film noir" cher à son modèle. Ryan Gosling  parvenant à imposer son jeu nuancé de "héros placide" avec autant de force tranquille que de fragilité candide (sa relation sensible avec l'hologramme Joi, sa méditation finale sur les marches d'un perron enneigé). Quand bien même le vétéran Harrison Ford lui partage discrètement la vedette avec une humilité aussi dense que lestement poignante (notamment lors d'un objet de compétition filial).


La nouvelle chair.
Spectacle absolu d'anticipation funèbre et versatile (le pessimisme et l'espoir finissent par se télescoper au fil de la quête identitaire de K et du parcours sclérosé de Deckerd), Blade Runner 2049 continue d'explorer les passionnants thèmes de son modèle en nous confrontant notamment à notre propre condition morale tributaire d'un contexte de crise sociale où l'homme se déshumanise un peu plus quotidiennement au fil d'une directive sociétale (ultra) codifiée et conservatrice, matérialiste et individualiste. En attendant qu'une nouvelle race (potentiellement) humaine se résigne à une insurrection planétaire,  je ne manquerai pas de me réfugier à nouveau dans ce poème contemplatif, beau, triste et étrangement charnel à la fois, tel la réminiscence infantile d'un cheval de bois autrefois conçu à une époque civilisée. 

* Bruno


de Ridley Scott. 1982. U.S.A. 1h57. Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward James Olmos, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah, William Sanderson, Brion James, Joe Turkel, Joanna Cassidy.

Sortie Salles France: 15 Septembre 1982. U.S: 25 Juin 1982

FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus.


D'après un célèbre roman de Philip K. Dick écrit en 1966 (les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?), Ridley Scott s'atèle en 1982 d'y retranscrire son univers singulier au coeur d'un Los Angeles dystopique. Quatre ans après son chef-d'oeuvre Alien, ce dernier nous transfigure une clef de voûte de la SF cyber punk conjuguée au film noir afin d'imposer Blade Runner comme l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma. Et ce en dépit d'un sévère échec commercial et critique (l'oeuvre étant avant-gardiste et son rythme languissant) ainsi qu'une multitude de versions remaniées... Novembre 2019, Los Angeles. Quatre réplicants, androïdes confectionnés par l'homme pour devenir esclaves ouvriers, s'échappent de leur planète et reviennent sur terre afin de retrouver leur créateur. Rick Deckard, blade runner renommé, est enrôlé pour retrouver ces fugitifs et les exécuter. Dès les premières images, flamboyantes et crépusculaires, le dépaysement d'un univers futuriste expressif nous est illustré avec une esthétique fulgurante de réalisme ténébreux. A travers la plénitude incandescente d'une cité high-tech de Los Angeles, Blade Runner s'ouvre à nous, tel l'orifice d'un oeil azur transpercé d'un brasier industriel. Ce macrocosme démesuré, aussi opaque que polychrome dans sa palette de néons flashys et affiches publicitaires, s'avère d'autant plus hypnotique qu'il s'affilie à l'univers vétuste du polar noir des années 50. Par son architecture gothique, son design technologique et le style rétro de certains vêtements fagotés par les flics, Ridley Scott combine la modernité futuriste d'un monde en marasme puis celle antique d'une époque révolue. Le design (en demi-teinte) entres les jeux de lumière high-tech et l'obscurité des foyers tamisés instaurant une ambiance ténébreuse alors qu'en externe, sous une pluie battante, ou à la tiédeur d'une nuit récursive, chaque citadin déambule à l'instar de robots impassibles. L'incroyable richesse de ces décors fantasmatiques fignolant le moindre détail architectural, le sentiment tangible de se fondre dans cet univers oppressant culminant à l'oeuvre hybride d'une beauté plastique hallucinée !


A travers cette société aphone en surpopulation incitant les humains à s'exiler vers d'autres planètes, un flic indécis est contraint de traquer quatre réplicants toujours plus conscients de leur condition soumise. Quand bien même dans les résidences feutrées, certains habitants s'affublent d'un robot domestique afin de compenser leur ennui d'une existence dénuée d'émotions. Camouflés parmi la foule en ébullition, les réplicants sont des androïdes plus vrais que nature par leur physionomie humaine condamnés à vivre un court laps de temps (4 à 5 ans) en tant qu'esclave d'une société totalitaire en perte de repères. Soudainement épris de désespoir face à leur existence précaire, nos quatre fuyards se rebellent afin de retrouver leur créateur sur terre et rallonger éventuellement leur vie. Au climat à la fois désenchanté et suffocant, scandé du score élégiaque de Vangelis, Ridley Scott dépeint avec souci formel son univers blafard d'un futur hermétique où le sentiment prégnant de solitude se dévoile sous nos yeux auprès d'une populace atone. A travers le profil d'un flic équivoque prêt à neutraliser des robots nantis d'émotions, son cheminement va peu à peu l'initier à l'empathie des points de vue d'une droïde vertueuse et celui d'un réplicant anarchiste. Au cours de cette traque meurtrière jalonnée de plages de lyrisme funeste (la mort illégitime de Zhora incarnée par l'éminente Joanna Cassidy dans une posture insidieuse ou encore celle, symbolique, de Roy campée par un Rutger Hauer magnétique en ange déchu), le réalisateur traite avec complexité de la dichotomie du Bien et du Mal. De notre amertume et notre désagrément face à l'atavisme de la mort et la peur paranoïaque de l'étranger nous motivant à se protéger d'une éventuelle hostilité. L'oeuvre visionnaire (en quête de rédemption) illustrant donc (sans prétention) un monde moribond où chaque être se déshumanise un peu plus au fil de leur routine, et ce au profit d'une société robotisée. Quand bien même des androïdes avides de dignité sont aptes à nous substituer par leur faculté émotionnelle et sentimentale. Enfin, Ridley Scott nous s'interroge de manière métaphorique sur le sens de l'existence, sur notre condition humaine si fébrile et dépressive au gré des motivations interlopes d'un créateur alchimiste ou divin lui même perfectible.


Sommes nous des réplicants perfectibles conçus par un apprenti sorcier ?
Autour de la présence iconique d'Harrison Ford à la fois pugnace et réflexif, et l'élégance chétive de Sean Young transie de mélancolie existentielle, Blade Runner constitue une expérience de cinéma sensitif, pictural et auteurisant à travers la scénographie urbaine d'une métropole dystopique étrangement fantasmagorique. Sa réflexion spirituelle sur la foi en un dieu apatride et la déliquescence morale de l'homme contrôlée par un système ultra technologique opposant lueur d'espoir et pessimisme bouleversant par le biais d'une traque pour la vérité humaine et existentielle. Un authentique chef-d'oeuvre visionnaire d'une grande fragilité humaine, panthéon de la science-fiction aussi bien métaphysique qu'alarmiste.  

* Bruno
10.02.12

lundi 1 janvier 2018

LE GENDARME DE SAINT-TROPEZ

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de Jean Girault. 1964. France/Italie. 1h30. Avec Louis de Funès, Michel Galabru, Jean Lefebvre, Christian Marin, Guy Grosso, Michel Modo, Geneviève Grad, France Rumilly, Nicole Vervil, Claude Piéplu.

Sortie salles France: 9 Septembre 1964

FILMOGRAPHIE: Jean Girault est un réalisateur et scénariste français, né le 9 mai 1924 à Villenauxe-la-Grande (Aube), décédé le 24 juillet 1982 à Paris. 1960 : Les Pique-assiette. 1961 : Les Moutons de Panurge. 1961 : Les Livreurs. 1963 : Les Veinards (film à sketchs coréalisé). 1963 : Les Bricoleurs. 1963 : Pouic-Pouic. 1963 : Faites sauter la banque ! 1964 : Les Gorilles. 1964 : Le Gendarme de Saint-Tropez. 1965 : Le Gendarme à New York. 1966 : Monsieur le président-directeur général. 1967 : Les Grandes Vacances. 1968 : Le gendarme se marie. 1968 : Un drôle de colonel. 1969 : La Maison de campagne. 1970 : Le Gendarme en balade. 1971 : Jo. 1971 : Le Juge. 1972 : Les Charlots font l'Espagne. 1973 : Le Concierge. 1973 : Le Permis de conduire. 1974 : Deux grandes filles dans un pyjama. 1975 : L'Intrépide. 1976 : Les murs ont des oreilles. 1976 : L'Année sainte. 1977 : Le Mille-pattes fait des claquettes. 1978 : L'Horoscope. 1978 : Sam et Sally , (série TV), 2 épisodes : Le Collier et Isabelita. 1978 : Le Gendarme et les Extra-terrestres. 1979 : L'Avare. 1981 : La Soupe aux choux. 1981 : Ach du lieber Harry. 1982 : Le Gendarme et les Gendarmettes.


Plus grand succès de l'année 1964 avec 7 809 334 entrées, Le gendarme de St-Tropez est la comédie policière qui permit à Louis De Funès d'accéder à la notoriété. Divertissement bonnard aussi drôle et cocasse que dépaysant et rafraîchissant (numéro dansant chansonné à l'appui !), l'intrigue linéaire ne s'embarrasse pas de subtilité pour illustrer les aventures rocambolesques du maréchal Cruchot amené à gouverner sa nouvelle équipe de gendarmes à la suite de sa mutation à Saint-Tropez. Après une série d'opérations coup de poing à verbaliser la populace locale, Cruchot et sa troupe finissent par se confronter à une bande de malfrats ayant en leur possession un tableau volé. Mais à la suite d'un concours de circonstances infortunées, la fille de Cruchot se retrouve elle même embarquée dans l'illégalité après avoir dérobé la Ferrari des Malfrats. Cruchot tentera par tous les moyens de réparer les dégâts et sauver l'honneur de sa fille en se faisant passer pour un milliardaire.


Réalisé par Jean Girault, un des maîtres de la comédie populaire ayant surtout sévi dans les années 60 et 70, Le Gendarme de St-Tropez continue de faire rire et de nous enthousiasmer grâce à la fringance de ces comédiens (Michel Galabru, Jean Lefebvre, Christian Marin, Guy Grosso) se raillant du corps policier sans jamais user de vulgarité. Et si tous les gags ne sont pas toujours du meilleur goût, la plupart parviennent haut la main à provoquer les éclats de rires sous l'impulsion de la tornade De Funes comme de coutume très en forme à se glisser dans le corps d'un adjudant intraitable mais pour autant preux et débonnaire lorsqu'il s'agit de prêter main forte à sa fille. Je tiens d'ailleurs à souligner à travers ce second-rôle dénué de prétention, le jeu spontané de la sémillante Geneviève Grad  étonnamment naturelle et pleine de charme à incarner une ado à la fois naïve et candide, avide de reconnaissance amicale auprès de ses nouveaux camarades persifleurs. C'est en prime à la suite de quiproquos en pagaille que cette dernière parvient à renouveler l'intérêt de l'intrigue à renfort de péripéties cocasses ou endiablées (poursuites en voiture en sus !).


Plusieurs décennies après sa sortie, le Gendarme de St-Tropez reste égal à lui même pour perdurer son ressort comique grâce à l'intégrité de Jean Girault et de ses comédiens se prêtant au jeu de la gentille parodie avec une bonhomie aussi bien attachante que cocasse (voir parfois même hilarante). Et en dépit du côté bon enfant de la plupart des situations et la manière simpliste de charpenter son intrigue policière, cet excellent divertissement compte notamment sur son décor exotique (la station  estivale de Saint-Tropez) pour nous charmer la vue dans le contexte insouciant des années 60. 

* Bruno

Récompenses: victoire du cinéma pour Louis de Funès, décernée lors de la 20e Nuit du cinéma au théâtre Marigny, en 1964.

vendredi 29 décembre 2017

Les Aventures de Buckaroo Banzaï / The Adventures of Buckaroo Banzai Across the 8th Dimension

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de W. D. Richter. 1984. USA. 1h42. Avec Peter Weller, John Lithgow, Ellen Barkin, Jeff Goldblum, Christopher Lloyd, Lewis Smith, Rosalind Cash.

Sortie salles France: 15 Août 1984. U.S: 10 Août 1984

FILMOGRAPHIEWalter Duch Richter est un scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 7 décembre 1945 à New Britain, dans le Connecticut. 1984 : Les Aventures de Buckaroo Banzaï. 1991: Passeport pour le futur (late for dinner).


Echec commercial à sa discrète sortie (notamment une sortie limitée aux States) si bien que sa suite initialement prévue fut annulée, les Aventures de Buckaroo Banzai fait véritablement office d'ofni dans le paysage de la science-fiction. On peut d'ailleurs aussi parler de film culte si bien qu'il ne ressemble à aucun autre et que son scénario débridé génère quelques séquences aussi pittoresques que sérieuses auprès de son aspect scientifique filmé à la manière d'un doc et d'une action débridée en roue libre sans jamais se laisser piéger par l'esbroufe. Réalisé sans prétention aucune de façon aussi sobre que décomplexé, les Aventures de Buckaroo Banzai ne cesse d'alterner la stupeur, l'interrogation, le déconcertement, le sentiment de rêve et d'évasion avec une humeur expansive. De par la complicité très solidaire des comédiens particulièrement jouasses (on y croise John Lithgow, Ellen Barkin, Jeff Goldblum, Christopher Lloyd) à se laisser gouverner par un Peter Weller taillé sur mesure en héros slasheur (il est à la fois neurochirurgien, chanteur de Rock, auteur de BD et aventurier), et l'aspect agréablement rétro de ses effets-spéciaux artisanaux faisant parfois mouche (à l'instar de son spectaculaire prologue ouvrant le seuil d'une 8è dimension ou de la morphologie loufoque des ET. que l'on croirait issus des années 50 !).


Ainsi, à l'aide de son véhicule supersonique, Buckaroo Banzaï vient de traverser une montagne au creux de la 8è dimension. Peuplé d'extra-terrestres, il ramène avec lui un spécimen. Pendant que d'autres extra-terrestres tentent d'entrer en contact avec lui afin de l'avertir du danger planétaire, le Dr Emlilio Lizardo élabore un plan pour dérober son invention (le sur-propulseur). C'est le début d'une guerre entre humains et E.T que Buckaroo affrontera pour l'enjeu d'une otage (sa nouvelle maîtresse dépressive) et de l'humanité toute entière. Affichant un esprit cartoonesque de série B décalée littéralement inusitée, Les Aventures de Buckaroo Banzaï distille un (délirant) climat insolite assez déroutant pour peu que le fan du genre accepte qu'on y bouscule sans cesse ses habitudes. On comprend donc qu'à sa sortie ce divertissement soufflant le chaud et le froid se soit soldé d'un échec retentissant, quand bien même l'action mise en scène s'avère somme toute classique au cours d'un récit sciemment confus truffé de péripéties et situations saugrenues (notamment à travers le jeu démesurée de John Lithgow en savant court-circuité !). Et donc grâce à la bonhomie excentrique des comédiens jouant les redresseurs de tort ou les extra-terrestres patibulaires, l'aventure bigarrée parvient inévitablement à séduire pour nous laisser sur un sentiment final de satisfaction proprement indicible tant le périple nous donna le tournis dans la raison et la déraison. A l'instar de sa conclusion musicale aussi entêtante qu'entraînante restée dans toutes les mémoires de la génération 80. Tout simplement l'un des plus beau génériques de fin de l'histoire du cinéma.


A la fois amusant, délirant et cocasse et étonnamment sérieux à travers son esprit 1er degré que l'on croirait presque extirpé d'un reportage scientifique désincarné, les Aventures de Buckaroo Banzaï met en évidence la sincérité d'un cinéaste autonome (après cet essai il ne réalisera qu'un dernier métrage) assorti d'une évidente générosité (en dépit de son budget low-cost) dans son implication immodérée à nous balloter l'encéphale tous azimut. Sympathique, charmant, fascinant, ludique et romantique au sein d'une structure émotionnelle hybride, Buckaroo Banzaï se redécouvre sans modération comme s'il s'agissait de la toute première fois tant le spectacle quasi irracontable, issu d'une dimension stellaire, déploie des trouvailles (narratives et visuelles) incongrues à corps perdu. Un expérience unique au monde que l'on peut compter sur les doigts d'une main. 

* Bruno
01.12.23. 4èx

jeudi 28 décembre 2017

LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

"La ragazza che sapeva troppo" de Mario Bava. 1963. Italie. 1h28. Avec Letícia Román, John Saxon, Valentina Cortese, Titti Tomaino, Luigi Bonos, Milo Quesada.

Sortie salles France: 29 Janvier 1964. Italie: 10 Février 1963

FILMOGRAPHIEMario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Oeuvre séminale inaugurant le Giallo avec une étonnante maîtrise et inventivité, de par sa mise en scène baroque filmant les statues et monuments ornementaux par le biais de cadrages alambiqués, et sa manière singulière de conjuguer horreur et thriller avec une efficacité permanente, La fille qui en savait trop (écho féminin au célèbre titre Hitchcockien) est à mon sens une perle rare (aussi paradoxale soit-elle !) car beaucoup trop méconnue et oubliée si bien qu'elle ne fut jamais reconnue à sa juste valeur. Qui plus est, le roman de gare initialement nommé Giallo ne rameutait plus les lecteurs à l'orée des années 60. Si de prime abord Mario Bava soit peu inspiré à exploiter une comédie policière romantique (il était selon certaines rumeurs d'une humeur irascible lors du tournage), il y apportera pour autant sa touche personnelle (du moins dans SA version italienne à contrario de la copie US remontée et édulcorée car plus pittoresque) en prenant soin de peaufiner un suspense émoulu autour d'une délectable atmosphère d'étrangeté. Débarquée à Rome, la jeune américaine Nora vient rendre visite à sa tante. Mais le soir même de leur chaleureuse rencontre, cette dernière succombe d'un arrêt cardiaque. Quelques instants après, profondément choquée par cette mort subite, Nora déambule la nuit sur la place urbaine au moment même de témoigner d'un homicide perpétré à l'arme blanche. Prise de panique, elle finit par s'évanouir avant d'entrevoir une silhouette masculine se débarrassant du couteau. Aurait-elle rêvé le crime ou été victime d'une hallucination si bien qu'aucune trace du corps n'est dépêchée dans les journaux ?


Thriller horrifique passionnant de par son intrigue charpentée délivrant au compte goutte maigres indices autour de personnages suspicieux et rebondissements en suspens, La Fille qui en savait trop témoigne d'un pouvoir de fascination palpable du point de vue de l'investigatrice avide de découvrir la vérité sur une étrange série de meurtres ayant débuté 10 ans plus tôt. Entièrement focalisé sur ce témoin gênant aussi fragile qu'attirée par l'inconnu et la perversité morbide, Mario Bava dresse scrupuleusement son profil cérébral bâti sur la névrose, la paranoïa et la psychose (à l'instar de l'étonnant piège domestique qu'elle concoctera avec du talque et du fil de nylon pour se protéger d'un éventuel intrus !). Car jouant lestement sur le faux semblant, l'hallucination, voir même le surnaturel (les éventuels dons médiumniques de Nora), la Fille qui en savait trop distille une ambiance fantasmatique ambiguë au fil d'une intrigue policière semée de coupables idéaux mais avare en révélations. Quant au splendide portrait imputé au coupable lors du dénouement révélateur (on peut applaudir le talent de l'interprète profondément inquiétant dans son charisme délétère si bien que la folie s'extrait de ses pores en temps réel !), Mario Bava le scrute de sa caméra avec une fascination dérangée Spoil !, de par sa mentalité psychotique axée sur l'addiction du meurtre en guise de vengeance et du besoin de reconnaissance. Fin du Spoil.


Fort d'une distribution solide (notamment le juvénile John Saxon en second-rôle avenant), d'un suspense à couper au rasoir (entrecoupé de savoureux traits d'humour) et d'une facture visuelle sensiblement macabre prônant le genre horrifique dans sa charnalité la plus baroque, la Fille qui en savait trop amorce brillamment les codes du giallo sous l'impulsion de l'impénétrable Letícia Román littéralement magnétique dans celle d'une investigatrice en émoi et questionnements sur sa nature (ir)rationnelle. A redécouvrir d'urgence et à marquer d'une pierre blanche même si un an plus tard Bava transcendera l'essai en chef-d'oeuvre avec 6 Femmes pour l'Assassin

* Bruno

mercredi 27 décembre 2017

L'île de l'Epouvante / 5 Filles dans une nuit chaude d'été

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site thebloggerscinemaclub.com

"5 bambole per la luna d'agosto" de Mario Bava. 1970. Italie. 1h22. Avec William Berger, Ira von Fürstenberg, Edwige Fenech, Howard Ross, Helena Ronee

Sortie salles France: 22 Novembre 1972. Italie: 14 Février 1970

FILMOGRAPHIEMario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Ce n'est un secret pour personne que l'île de l'Epouvante soit considéré comme l'un des films les plus mineurs de Mario Bava. Sorte de prototype brouillon de La Baie Sanglante réalisé un an au préalable, l'île de l'Epouvante s'adonne au jeu de massacre entre une poignée de touristes confinés sur une île afin de convoiter la formule d'un de leur camarade, Fritz Farrel, chercheur scientifique. Mais un mystérieux tueur décide de semer la pagaille entre eux au fil d'une inlassable série de meurtres. Sympathique giallo au suspense soutenu quant à sa trajectoire narrative fertile en disparitions, coups bas et rebondissements (parfois) retors, l'île de l'Epouvante est notamment rehaussé de son cadre exotique, avec, en épicentre, une villa insolite d'une modernité frappante. Car tourné durant l'époque psyché des années 70, on reste stupéfiais par le design high-tech de la demeure dont Bava exploite chaque recoin avec un évident souci stylistique.


Notamment si on se réfère à l'aboutissement d'un homicide lorsqu'une poignée de boules de verre dévaleront un escalier pour nous faire découvrir la présence onirico-macabre d'un cadavre au sein de sa baignoire. Agrémenté d'un érotisme soft autour de donzelles aussi insidieuses et envieuses que leur partenaire (la plantureuse Edwige Fenech en tête !), l'île de l'Epouvante nous propose une galerie peu recommandable de convives cupides où tous les coups leur seront permis, avec, en guise de cerise sur le gâteau un surprenant final plutôt sarcastique. Mario Bava ayant préalablement saupoudré son récit de répliques sardoniques entrecoupés d'astucieux simulacres (notamment auprès de l'homicide liminaire qu'Edwige Fenech amorce sans sourciller). A découvrir donc, même si on peut tout de même déplorer le caractère docile de ses meurtres communément réalisés hors-champs.

*Bruno
3èx

mardi 26 décembre 2017

LA SOUPE AUX CHOUX

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jean Girault. 1981. France. 1h42. Avec Louis de Funès, Jean Carmet, Jacques Villeret, Christine Dejoux, Claude Gensac, Henri Génès, Marco Perrin.

Sortie salles France: 2 Décembre 1981

FILMOGRAPHIE: Jean Girault est un réalisateur et scénariste français, né le 9 mai 1924 à Villenauxe-la-Grande (Aube), décédé le 24 juillet 1982 à Paris. 1960 : Les Pique-assiette. 1961 : Les Moutons de Panurge. 1961 : Les Livreurs. 1963 : Les Veinards (film à sketchs coréalisé). 1963 : Les Bricoleurs. 1963 : Pouic-Pouic. 1963 : Faites sauter la banque ! 1964 : Les Gorilles. 1964 : Le Gendarme de Saint-Tropez. 1965 : Le Gendarme à New York. 1966 : Monsieur le président-directeur général. 1967 : Les Grandes Vacances. 1968 : Le gendarme se marie. 1968 : Un drôle de colonel. 1969 : La Maison de campagne. 1970 : Le Gendarme en balade. 1971 : Jo. 1971 : Le Juge. 1972 : Les Charlots font l'Espagne. 1973 : Le Concierge. 1973 : Le Permis de conduire. 1974 : Deux grandes filles dans un pyjama. 1975 : L'Intrépide. 1976 : Les murs ont des oreilles. 1976 : L'Année sainte. 1977 : Le Mille-pattes fait des claquettes. 1978 : L'Horoscope. 1978 : Sam et Sally , (série TV), 2 épisodes : Le Collier et Isabelita. 1978 : Le Gendarme et les Extra-terrestres. 1979 : L'Avare. 1981 : La Soupe aux choux. 1981 : Ach du lieber Harry. 1982 : Le Gendarme et les Gendarmettes.


Vilipendé par la critique à sa sortie et modestement apprécié par le public de l'époque si on en juge ses 3 093 019 entrées (un score moindre en rapport aux antécédents succès de De Funès), la Soupe aux Choux est devenu pour autant un film culte chez une frange du public et certains cinéphiles au fil de ses multiples rediffusions télévisuelles. Isolés dans leur ferme afin de fuir l'urbanisation moderne, Le Glaude et le Bombé tuent leur ennui à bavasser en se saoulant quotidiennement. Un soir, après un concours de pets à réveiller les éclairs, un extra-terrestre vient leur rendre visite. C'est le début d'une amitié que le Glaude va partager avec l'étranger après lui avoir fait goûter sa fameuse soupe aux choux. 


A la croisée du nanar cosmique et de la curiosité viticole, La Soupe aux Choux pâti à mon sens d'un rythme mollasson et d'une timide émotion (mélancolique), faute d'une intrigue futile exploitant maladroitement les thèmes de l'amitié, de l'amour, de la vieillesse et du passéisme à travers le microcosme paysan déprécié par la civilisation moderne. Si De Funès et Jean Carmet font preuve de beaucoup de dynamisme dans leur fidélité amicale; et que Jacques Villeret se fond (grotesquement) dans le corps d'un E.T avec une bonhomie digne de Casimir, La Soupe aux Choux piétine sur un cheminement routinier (toute la partie où Francine revient d'entre les morts du haut de ses 20 ans peine à maintenir l'intérêt dans sa requête d'une seconde jeunesse exaltée). On se console au final sur quelques sourires et éventuellement de petits éclats de rire (son prologue hilarant pour autant discutable car assez trivial, les mimiques délirantes de la denrée dans sa combinaison fluo comparable à un Télétubbies) dévoilés en intermittence sous l'impulsion d'une mélodie folklo fichtrement entêtante.


A réserver en priorité aux nostalgiques de l'époque révolue.

* Bruno
3èx

TOP / FLOP 2017

                                 1 / Ex-aequo

      

                               2 /  Ex-aequo
                        
                
             
                                 3 / Ex-aequo

  

                           Dans le désordre:


    






                                  BONUS:










                                FLOP 2017: 
1/

2 / 

3 /

                          Dans le désordre: