vendredi 17 novembre 2017

THE VAMPIRE LOVERS

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Roy Ward Baker. 1970. Angleterre. 1h31. Avec Ingrid Pitt, Peter Cushing, George Cole, Dawn Addams, Pippa Steel, Madeline Smith, Kate O'Mara.

Inédit en salles en France. Angleterre: 4 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


D'après le roman Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu, The Vampire Lovers est une modeste curiosité inédite en France, 1er volet d'une trilogie axée sur ce célèbre personnage fictif (viendront ensuite Lust of a vampire et les Sévices de Dracula toujours sous l'effigie de la Hammer). D'ailleurs, son épilogue en demi-teinte implicite finalement la subsistance du vampire avec l'apparition furtive du cocher entrevu au préalable en intermittence du récit. En dépit d'un scénario somme toute classique (hébergée dans une demeure bourgeoise, Carmilla profite de la naïveté de ses occupants pour les vampiriser un à un, particulièrement trois jeunes filles facilement attirées par ses atouts charnels, cette oeuvre étrange déroute et fascine à la fois (à l'instar de son prologue d'une superbe sensualité onirique !) parmi la présence d'actrices graciles n'hésitant pas parfois à dévoiler leur simple appareil.


Misant donc l'accent sur un érotisme assez osé en cette période novatrice des années 70, The Vampire Lovers ne révolutionne pas le genre si bien qu'il se contente avec efficacité et une certaine maîtrise technique (notamment auprès de l'aspect sensuellement moderne de sa stylisation gothique et de quelques excès sanglants - les pieux dans le coeur, les 2 décapitations - tout à fait percutants) d'exploiter le filon du vampirisme avec soupçon de saphisme, de bisexualité et de métaphore féline (les proies féminines étant sujettes à d'horribles cauchemars lorsqu'un chat monstrueux viendra les étouffer durant leur sommeil !). Carmilla n'hésitant pas par son pouvoir hypnotique à faire tourner la tête aux deux sexes opposés sous l'impulsion de la troublante Ingrid Pitt se prêtant égoïstement au jeu insidieux de la séduction avec ambivalence. Quant au monstre sacré Peter Cushing, ce dernier s'avère plutôt discret (voir même sclérosé du fait de son âge avancé) dans celui du Général von Spielsdorf si bien qu'il n'apparaît que durant le 1er tiers dans un rôle secondaire de témoin déconcerté par les découvertes macabres avant de ressurgir brièvement lors du final horrifique en bonne et due forme.


En dépit d'un rythme à la fois flegme et monocorde durant sa première partie, notamment faute d'une intrigue sans véritable surprise (d'autant plus que son final fait fi d'invention), The Vampires Lovers possède pour autant sa propre identité sous l'autorité de l'artisan Roy Ward Barker s'efforçant à rajeunir le mythe parmi la charge érotico-saphique de vénéneuses actrices pleinement convaincantes dans leur stature fébrile à se laisser aguicher par l'essence sexuelle. 

B-D
2èx

mercredi 15 novembre 2017

SPIDER BABY

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Spider Baby or, The Maddest Story Ever Told" de Jack Hill. 1964/67. U.S.A. 1h25. Avec Lon Chaney, Jr., Carol Ohmart, Quinn Redeker, Beverly Washburn, Jill Banner, Sid Haig.

Sortie salles U.S: 24 Décembre 1967 (Int - 18 ans). Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Jack Hill est un réalisateur, scénariste et éditeur américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles, Californie, USA. 1982: Sorceress (as Brian Stuart). 1975 Les loubardes. 1974 The Swinging Cheerleaders. 1974 Foxy Brown. 1973 Coffy, la panthère noire de Harlem. 1972 The Big Bird Cage. 1971 The Big Doll House. 1971 The Incredible Invasion (US scenes). 1971 La muerte viviente (US scenes). 1970 Je suis une groupie (non crédité). 1969 Pit Stop. 1968 Fear Chamber (US scenes). 1968 Macabre sérénade (US scenes). 1967 Spider Baby. 1966 Mondo Keyhole. 1966 Blood Bath. 1963 L'halluciné (non crédité). 1959 The Wasp Woman (non crédité).


Perle culte inédite en France mais exhumée de l'oubli grâce à l'éditeur Wild Side Video, Spider Baby constitue l'avant-garde d'une horreur cartoonesque si bien qu'il préfigure (dans un noir et blanc documenté proche de La Nuit des Mort-vivants réalisé un an après) Evil-dead, La Famille Adams, voir même Massacre à la Tronçonneuse. Atteints du syndrome de Merrye (une dégénérescence mentale et physique apprendra-t'on du narrateur), la famille Merrye vit en autarcie au sein d'une demeure bucolique épargnée de citadins. Le patriarche Bruno (dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité) tente maladroitement d'éduquer 2 jeunes filles obsédées par les arachnides (au point que l'une d'elle se présume araignée humaine !) ainsi que leur frère Ralph nanti d'un caractère aussi timoré que primitif. Un jour, une cousine éloignée et son époux s'invitent à leur demeure avec pour dessein de s'approprier leur propriété. Mais les enfants inconséquents sont prêts à défendre leur bout de terrain jusqu'à éliminer les témoins gênants. Baignant dans un climat de douce folie par moment dégénéré (notamment si je me fie à son final bordélique avec l'attaque des créatures humaines confinées dans la cave), Spider Baby demeure un délirant jeu de massacre dans son alliage d'horreur malsaine et de comédie noire.  


Outre l'aspect fantaisiste imputé à l'unicité d'une famille dysfonctionnelle jamais vue au préalable, Spider Baby dépayse en diable et fascine curieusement sous l'impulsion de leurs extravagances fondées sur le non-sens et la démence contagieuse. Les acteurs, tantôt amateurs, tantôt professionnels (l'éminent Lon Chaney, Jr. se prête aimablement à la mascarade dans le rôle de Bruno, Sid Haig, tout jeunot, se fond dans le corps d'un déficient avec un naturel facétieux) parvenant à nous immerger dans leurs us et coutumes au sein d'une ferme décrépite truffée de décors insolites (toiles d'araignées tapissant chaque cloison, cadavre décharné secrètement préservé dans une chambre, chausses-trappes, cadres obliques, poupées rétro, animaux empaillés). De par son ambiance horrifico-malsaine tangible, Spider Baby insuffle un magnétisme formel permanent autour de sa scénographie domestique laissant libre court aux exactions sardoniques de ses propriétaires. A l'instar de la douce hystérique Virginia piquant ses proies humaines à l'aide de longs couteaux de cuisine car persuadée d'avoir affaire à de véritables insectes ! Ces interventions décomplexées s'avérant anthologiques dans l'art et la manière de se comporter telle une vraie araignée ! Et pour exacerber l'emprise démoniaque régie dans la demeure semblable au vieux manoir, on peut notamment compter sur l'intrusion (si photogénique) de mygales velues rampants scrupuleusement vers leur victime par le biais du gros plan !


Dénué de sens et de raison, Spider Baby fonctionne surtout sur sa galerie de personnages aussi ubuesques que grotesques mais parfaitement crédibles à se glisser dans leur fonction (ironiquement) psychotique au point de les iconiser avec une verve insolente. Train fantôme inventif et dégingandé de par sa réalisation approximative pour autant soignée (12 jours de tournage en tout et pour tout !), Spider Baby ne peut laisser indifférent l'amateur de curiosité (oubliée) dans son imagerie à la fois cauchemardesque et cartoonesque en avance sur son temps. Une perle indispensable donc d'une fraîcheur exubérante !

B-D
2èx

Anecdote (source Wikipedia): Le film a été tourné entre août et septembre 1964. Cependant, en raison de la faillite du producteur original, le film n'a été libéré que le 24 décembre 1967

mardi 14 novembre 2017

1922

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zak Hilditch. 2017. U.S.A. 1h42. Avec Thomas Jane, Neal McDonough, Molly Parker, Kaitlyn Bernard, Roan Curtis, Brian d'Arcy James, Bob Frazer.

Diffusé sur Netflix le 20 Octobre 2017

FILMOGRAPHIEZak Hilditch est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2003: Waiting for Naval Base Lilly. 2005: The Actress. 2007: Plum role. 2010: The Toll. 2013: Final Hours. 2017: 1922.


"La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort."
Après nous avoir surpris avec l'excellent Gerald's Game (tiré du roman Jessie), la société Netflix récidive à nouveau avec 1922 d'après la novella éponyme de Stephen King. Le pitch, linéaire, relatant la sombre destinée d'une famille infortunée lorsque le paternel, fermier à la tête d'une récolte de maïs, se résigne à comploter avec l'aide de son fils l'assassinat de son épouse désireuse de revendre ses propriétés. Mais depuis leur acte crapuleux lâchement perpétré (le meurtre graphique s'avérant par ailleurs très incommodant dans sa mise en scène latente du passage à l'acte puis l'intensité insupportable du crime sitôt perpétré), Wilfred James sombre peu à peu dans une psychose hallucinatoire car toujours plus hanté par sa turpitude meurtrière ! Quand bien même ses rapports conflictuels avec son fils rongé de remord va le renchérir dans un amer désarroi. Drame psychologique déguisé en suspense horrifique au sein d'une cellule familiale dysfonctionnelle, 1922 retrace avec un réalisme glaçant le chemin de croix (oh combien épineux !) d'un paternel condamné à la damnation d'avoir commis l'irréparable, et d'y avoir entraîné par sa dérive immorale son jeune fils influençable. Nanti d'un climat malsain éthéré puis lestement tangible au fil de visions macabres pestilentielles assez terrifiantes, et baignant dans un esthétisme solaire plutôt irrespirable (photo et décors stylisés en sus !), 1922 dérange de façon insidieuse eu égard des comportements immoraux d'un père et de son fils étroitement liés à la corruption afin de préserver leur postérité.


Outre l'intensité dramatique en crescendo d'un cheminement narratif à la fois inquiétant, trouble et perturbant (le réalisateur prenant soin de nous faire douter sur la véracité des visions macabres que le fermier endure dans sa psychologie torturée, et ce sans nous dévoiler le fin mot de son effroyable conclusion !), 1922 s'alloue notamment d'une solide distribution pour mieux nous plonger dans les dérives fiévreuses des coupables en perdition sévèrement étrillés. Le récit profondément funèbre se soumettant au magnétisme austère de Thomas Jane car promenant sa dégaine patibulaire à l'instar d'un fantôme errant gagné d'une sinistre culpabilité. Dans celui du rejeton d'apparence docile et bellâtre, le jeune néophyte Dylan Schmidt lui partage sobrement la vedette avec une mine sentencieuse toujours plus prononcée eu égard de son désagrément maternel. A eux deux, ils forment un tandem pathétique au sein de leur itinéraire sépulcral que le spectateur endure avec une émotion inévitablement dérangeante. De par l'empathie éprouvée pour leur remord tacite et le dégoût ressenti de s'être adonné à l'ignominie, quand bien même le châtiment cruel imputé à certains animaux (deux vaches moribondes), ou leur présence inquiétante (la prolifération des rats dans le puits et la ferme), exacerbent le climat dépressif de cette sombre tragédie fondée sur le patriarcat des "années folles".


Une Famille ordinaire.
Drame intimiste éprouvant retraçant derrière une façade horrifique le châtiment en roue libre d'une famille proscrite par le Bien, 1922 laisse un goût amer de souffre dans la bouche sitôt le générique écoulé, quand bien même son score aussi discret que dépressif nous martèle l'esprit avec une amertume sinistrée (son intensité psychologique ne nous laissant que de peu de répit au fil du cheminement mortuaire). A découvrir absolument si bien qu'il s'agit à mon sens d'une des meilleures adaptations de King. 

B-D.

lundi 13 novembre 2017

LE FASCINANT CAPITAINE CLEGG

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site thetelltalemind.com

"Captain Clegg / Night Creatures" de Peter Graham Scott. 1962. 1h22. Angleterre. Avec Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen, Oliver Reed, Michael Ripper, Martin Benson.

Sortie salles France: 28 Novembre 1962. Angleterre: 25 Juin 1962

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Peter Graham Scott est un réalisateur et producteur anglais, né le 27 octobre 1923 à East Sheen, Londres, décédé le 5 août 2007 à Windlesham. 1948: Panic at Madame Tussaud's. 1952: Escape Route. 1952: Sing Along with Me. 1956: The Hideout. 1957: The Big Chance. 1957: Account Rendered.  1959 Devil's Bait. 1959 The Headless Ghost. 1959 Breakout.  1960: The Rough and the Smooth. 1960: The Big Day. 1960 Let's Get Married 1962 : Le Fascinant capitaine Clegg. 1962 : The Pot Carriers. 1963 : Father Came Too! 1968: Subterfuge. 1993: A chance to dance (télé-film).


Film un peu occulté à mon sens de la part d'une production Hammer, Le Fascinant capitaine Clegg constitue pourtant un formidable suspense policier sous couvert d'un argument (faussement) surnaturel. Car comme les suggèrent ses affiches US et françaises un brin fallacieuses, le Fascinant capitaine Clegg n'est nullement un film horrifico-fantastique, tant et si bien que le cinéaste Peter Graham Scott privilégie les composantes du suspense et de l'aventure gothique autour du personnage énigmatique du révérend Blyss. Le Capitaine Collier et son armée arpentent la région de Romney Marsh depuis la rumeur de fantômes des marais et la suspicion de contrebande perpétrée par des habitants de la région. Après la découverte d'un cadavre, le capitaine soupçonne au fil de son enquête le révérend local d'éventuelle complicité quand bien même ce dernier et ses sbires tentent par tous les moyens de planquer leur trafic d'alcool avant de l'écouler. Transcendé, comme de coutume, par la prestance du gentleman Peter Cushing dans la peau (plus vraie que nature !) d'un révérend charitable, Le Fascinant capitaine Clegg s'alloue notamment de seconds-rôles bougrement attachants, inquiétants ou irrésistiblement détestables.


Martin Benson en transfuge envieux de la douce Imogene, Patrick Allen en capitaine impérieux jamais à court d'endurance pour débusquer les coupables, le mastard Milton Reid en mulâtre mutique plein de fiel, le duo romanesque Oliver Reed / Yvonne Romain dont on éprouve une sobre tendresse pour leur sort indécis, puis enfin un des habituels seconds couteaux de la firme, Michael Ripper incarnant le fidèle adjoint du révérend avec le charisme avenant qu'on lui connait. Au-delà de son esthétisme gothique aussi inhabituel qu'épuré (sa scénographie maritime), Le Fascinant capitaine Clegg parvient à captiver sans temps morts grâce à son ossature narrative à la fois intrigante, exubérante et ciselée affichant un haletant "cache-cache" entre gendarmes et voleurs (passages secrets en sus pour mieux duper l'adversaire !). Le réalisateur jouant avant tout sur l'ambiguïté d'un leader marginal peu recommandable (un ancien chef pirate planqué derrière une soutane) mais bougrement prévenant et attachant lorsque celui-ci redouble de générosité et loyauté à combler ses citadins autrefois désargentés. En jouant sur le folklore d'éléments surnaturels (l'apparition des fantômes fluorescents durant la nuit, l'épouvantail aux yeux écarquillés, le cercueil retrouvé vide de Clegg potentiellement revenu d'entre les morts), Peter Graham Scott consolide un efficace suspense sous couvert d'une énigme fertile en péripéties et rebondissements que s'opposent sans relâche forces de l'ordre et contrebandiers fraternels. Ces derniers ne cessant de duper la loi avec sagacité lors d'une course contre la montre à effacer leurs indices, et ce avant que celle-ci ne découvre l'impensable vérité sur la destinée de Clegg.


Divertissement taillé sur mesure sous le pilier d'une aventure baroque oscillant suspense, romance et tension dramatique (notamment pour l'aspect inopinément tragique de son épilogue pour autant rédempteur !), Le fascinant capitaine Clegg demeure une splendide réussite gothique scandée de la présence de Cushing dans un rôle bicéphale et d'une compagnie de seconds-rôles aussi charismatiques que spontanés à préserver la cause du bandit au grand coeur. 

B-D
3èx

vendredi 10 novembre 2017

L'Empreinte de Frankenstein / The Evil of Frankenstein

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Freddie Francis. 1964. Angleterre. 1h26. Avec Peter Cushing, Kiwi Kingston, Sandor Eles, Peter Woodthorpe, Duncan Lamont, Katy Wild.

Sortie salles France: 31 Mars 1965. U.S: 8 Mai 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


3è volet de Frankenstein considéré comme l'un des plus faibles de la série alors que Terence Fisher (réal des 2 premiers opus) céda sa place à Freddie Francis, l'Empreinte de Frankenstein n'est pas pour autant un chapitre à occulter, loin de là. Le PitchAprès une tentative infructueuse d'avoir réanimé le monstre en fuite, le baron Frankenstein et son nouvel assistant comptent reproduire leurs expériences après avoir découvert le corps congelé de sa créature secrètement préservée en amont d'une montagne. Revenant aux sources du mythe que la Universal imposa de son empreinte avec les deux chefs-d'oeuvre réalisés par James Whale, l'Empreinte de Frankenstein demeure un fort efficace divertissement soigneusement réalisé (notamment dans son art de conter un récit certes classique mais jamais ennuyeux, bien au contraire) quand bien même la présence de Peter Cushing y apporte à nouveau un cachet d'authenticité et de magnétisme, de par ses ambitions mystiques engendrant des revirements dramatiques parmi la présence d'un diabolique hypnotiseur porté sur l'alcool. Cushing soulevant le film du poids de ses épaules avec le charisme dandy qu'on lui connait quand bien même les seconds-rôles suscitent une modestie très attachante (tant auprès de l'assistant en herbe, de l'hypnotiseur sans vergogne que de la sauvageonne mutique).


En prime, pour pimenter le récit plutôt prévisible, un antagoniste (que le baron sollicita afin de réveiller sa créature en berne) y injecte une rigueur dramatique (à mi-parcours) par le biais de stratégies liées à l'hypnotisme. A savoir, manipuler le monstre à moult reprises à sa guise cupide et criminelle, notamment pour se venger du baron en proie à une sinistre réputation. Peter Woodthorpe s'avérant très convaincant dans la peau du maître chanteur cupide et déloyal, voir même libidineux (il tente sans vergogne de violer la sauvageonne). Bien que certaines facilités prêtent parfois à sourire lors de sa dernière partie plus cinétique (le baron et son adjoint parfois absents du château ne prêtent pas assez d'attention au comportement suspicieux de l'hypnotiseur après avoir été communément conscients de sa fourberie), l'Empreinte de Frankenstein parvient pour autant à nous impliquer tête baissée dans son sombre récit, notamment grâce à la présence du monstre nanti d'un masque argileux aussi repoussant que détonnant. Souvent décrié par les critiques par cette apparence risible, le monstre me parait à mon sens toutefois baroque, voir même quelque peu fascinant, singulier dans sa condition d'estropié inconséquent sévèrement soumis par son créateur mégalo et surtout par un hypnotiseur beaucoup plus délétère que le baron. Freddie Francis renouant notamment avec le climat empathique/romanesque des deux volets de la Universal (ceux de Whale) lors d'une dernière demi-heure misant l'accent sur l'action à répétition et le désespoir de la créature pourvue d'intentions suicidaires (et ce sans sombrer dans le ridicule).


Savoureux divertissement mené sans temps morts avec un savoir-faire infaillible, sans compter l'esthétisme chère à la Hammer, l'Empreinte de Frankenstein parvient louablement à exploiter une intrigue connue sous l'égide du monstre sacré Peter Cushing (ici moins brutal et plus empathique car sujet à l'injustice d'accusations fallacieuses engendrées par l'hypnotiseur) entouré d'aimables seconds-rôles d'un humanisme tolérant (et ce afin d'appuyer le caractère tragique du monstre proscrit pour un hommage bisseux à la Universal). On ne s'en lasse pas depuis sa diffusion sur TV6 un Dimanche soir symbolique pour ma part. 

*Bruno 
27.01.24. 5èx

jeudi 9 novembre 2017

TARZAN, L'HOMME SINGE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

"Tarzan the Ape Man" de W. S. Van Dyke. 1932. U.S.A. 1h40. Avec Johnny Weissmuller, Maureen O'Sullivan, C. Aubrey Smith, Neil Hamilton, Doris Lloyd

Sortie salles France: 19 Août 1932. U.S: 2 Avril 1932

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: W. S. Van Dyke ou Woodbridge Strong Van Dyke II est un réalisateur américain, né le 21 mars 1889 à San Diego, en Californie, et mort par suicide le 5 février 1943 à Brentwood, en Californie (États-Unis).1917 : The Land of Long Shadows. 1922 : Forget Me Not. 1925 : Le Hors-la-loi. 1927 : Les Écumeurs du Sud. 1928 : Wyoming. 1928 : Ombres blanches. 1929 : Chanson païenne. 1931 : Trader Horn. 1931 : Rumba d'amour. 1932 : Tarzan, l'homme singe. 1933 : Penthouse. 1936 : Au seuil de la vie. 1936 : Loufoque et Cie. 1936 : Nick, gentleman détective. 1937 : Valet de cœur. 1937 : On lui donna un fusil. 1937 : Rosalie. 1938 : Marie-Antoinette. 1938 : Amants. 1940 : Monsieur Wilson perd la tête . 1940 : Chante mon amour . 1941 : La Proie du mort . 1941 : The Feminine Touch. 1941 : Rendez-vous avec la mort . 1942 : Ma femme est un ange . 1942 : Cairo. 1942 : Journey for Margaret.


Film mythique s'il en est, Tarzan l'homme singe est parvenu à redorer le cinéma d'aventures avec un souffle épique et romanesque surprenant pour l'époque ! Si bien que les affrontements entre animaux sauvages (remarquablement dressés !) et Tarzan reste encore aujourd'hui bluffants, notamment lors du final homérique (la charge des éléphants contre les pygmées) aux cimes de l'épouvante (les otages blancs préalablement offerts en sacrifice face à un gorille monstrueux que l'on croirait issu d'un labo expérimental !). Divertissement familial de 7 à 77 ans, Tarzan l'homme singe est surtout illuminé par le duo proverbial Johnny Weissmuller / Maureen O'Sullivan formant un couple singulier à l'écran avec un naturel confondant. Littéralement habité par son rôle primitif,  Johnny Weissmuller insuffle un charisme inégalé dans celui de l'homme sauvage souvent mutique mais pour autant expressif (voir ensorcelant par son regard interrogatif sur le qui-vive) lorsqu'il tente de saisir le dialecte de sa compagne que Maureen O'Sullivan communique avec une délicate innocence, et ce avant de succomber à son charme animal.


D'une grande simplicité, l'intrigue se concentre sur leurs rapports tendus puis amoureux après que Tarzan eut sauvagement kidnappé l'inconnue, de par son mode de vie primal qu'il s'inculqua parmi de fidèles animaux (principalement des chimpanzés, gorilles et éléphants). En intermittence, et en guise de victuaille, il doit quotidiennement affronter à mains nues tigres, lions et crocodiles lors de morceaux de bravoure vertigineux. Quand bien même, le père de Jane et son équipe s'enfoncent dans la jungle pour la retrouver avant de poursuivre leur quête du cimetière des éléphants. Si certains trucages et décors en carton pâte font un peu tache et que sa naïveté narrative prête parfois à sourire (notamment lorsque Jane et Tarzan batifolent dans l'eau avec une innocence infantile), le pouvoir d'émerveillement qui émane des nombreuses péripéties et la synergie du couple romanesque nous replongent dans notre enfance avec une intensité formelle singulière. W. S. Van Dyke exploitant de fond en comble les décors naturels de la jungle sauvage à l'instar d'un dédale hostile et par le truchement d'une photo monochrome saillante.


Ludique, dépaysant en diable, fantasmatique et truffé de charme exaltant, Tarzan l'homme singe reste quelques décennies plus tard un spectacle enchanteur endémique. De par son réalisme envoûtant institué au coeur d'une jungle périlleuse photogénique et le caractère altruiste du couple glamour WeissmullerO'Sullivan entré dans la légende du 7è art. Une splendide réussite donc, parangon du film de jungle si bien que ce 1er opus payant se prolongea avec 11 déclinaisons plus ou moins divertissantes. 

B-D
3èx

mercredi 8 novembre 2017

DUELLISTES. Prix de la première oeuvre, Cannes 77.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

"The Duellists" de Ridley Scott. 1977. Angleterre. 1h40. Avec Harvey Keitel, Keith Carradine, Albert Finney, Edward Fox, Cristina Raines, Robert Stephens, Pete Postlethwaite.

Sortie salles France: 31 Août 1977. Angleterre: Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2017: Alien Covenant.


Avant de nous pondre son chef-d'oeuvre séminal Alien, précurseur de l'horreur stellaire (même si la Planète des Vampires imposa préalablement sa signature "vintage"), Ridley Scott réalise un coup de maître pour une première oeuvre récompensée à Cannes l'année même de sa sortie. Inspiré d'une histoire vraie assez ubuesque, voire improbable lorsqu'un lieutenant et un brigadier-général n'auront de cesse de se provoquer en duel sur une période longiligne de 15 ans (20 ans selon les faits historiques dixit Wikipedia !), Duellistes est la rencontre au sommet de deux éminents acteurs, Harvey Keitel / Keith Carradine. Ces derniers formant à l'écran un duo fébrile d'officiers opiniâtres, faute de l'entêtement de l'un d'eux furieusement féru de rancoeur, caprice et orgueil autour de sa question d'honneur. Car mécontent de se retrouver aux arrêts d'après le prompt avertissement d'Hubert, Féraud provoque sur le champ celui-ci en duel par esprit de supériorité.


L'ironie de cet affrontement aussi insolent, c'est que son adversaire, de prime abord pacifiste, loyal et indulgent, finit pour une éthique d'honneur et de dignité par céder à l'influence vindicative de Féraud après s'être à nouveau provoqués lors d'un sanglant duel. Multipliant les points de rencontres au sein d'une campagne aphone afin de parfaire leurs joutes à l'épée mais aussi à l'arme à feu, Féraud et d'Hubert se laissent dériver vers une révolte suicidaire alors que ce dernier impuissant à calmer les tensions ne peut que se résigner à affronter une ultime fois son partenaire. Les combats extrêmement violents, voir parfois mêmes barbares, insufflant un réalisme acéré auprès des chorégraphies épiques que Scott filme au plus près des corps estropiés, caméra agressive à l'épaule en sus ! Transcendé par ce jeu d'acteurs intense aux trognes minées par le désagrément, l'égoïsme, la peur et la haine, Duellistes se permet sous leur impulsion fielleuse et victorieuse d'y transfigurer le cadre historique auquel ils évoluent (communément et indépendamment !). De par le stylisme d'une nature sensitive et des postures (parfois) statiques des figurants que l'on croirait extraits de fresques picturales. La mise en scène épurée soucieuse du détail formel structurant autour des faits et gestes des personnages un florilège de toiles avec un art consommé de l'architecture.


Baignant dans une atmosphère ouateuse de plénitude champêtre où le crépuscule cède parfois place à une horizon funeste, Duelliste tire-parti de sa vigueur en l'expression forcenée de deux acteurs soumis à la violence des armes car empiétés dans la machine infernale de règlements de comptes infondés. Outre l'aspect aussi bien épique que romanesque d'une intrigue laissant aussi libre court aux accointances sentimentales (on est d'autant plus sensible à la mélodie timorée et sensuelle du score d'Howard Blake), Duellistes esquisse les corps meurtris autour d'une scénographie naturelle d'une fulgurance onirique à damner un saint. Une des plus belles réussites de son auteur. 

Eric Binford
3èx

mardi 7 novembre 2017

LES AVENTURES DE ROBIN DES BOIS

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Adventures of Robin Hood" de Michael Curtiz et William Keighley. 1938. U.S.A. 1h42. Avec Errol Flynn, Olivia de Havilland, Basil Rathbone, Claude Rains, Patric Knowles, Eugene Pallette, Alan Hale, Herbert Mundin.

Sortie salles France: 7 Septembre (ou 24 Novembre) 1938. U.S: 14 Mai 1938

FILMOGRAPHIE PARTIELLEMichael Curtiz, de son vrai nom Manó Kertész Kaminer, est un réalisateur américain d'origine hongroise, né le 24 décembre 1886 à Budapest (Hongrie) et mort le 10 avril 1962 (à 75 ans) à Hollywood. 1935 : Capitaine Blood. 1936 : Le Mort qui marche. 1936 : La Charge de la brigade légère. 1937 : Stolen Holiday. 1937 : Justice des montagnes. 1937 : Le Dernier combat. 1937 : Un homme a disparu. 1938 : La Bataille de l'or. 1938 : Les Aventures de Robin des Bois. 1938 : Quatre au paradis. 1938 : Rêves de jeunesse. 1938 : Les Anges aux figures sales. 1940 : La Caravane héroïque. 1940 : L'Aigle des mers. 1940 : La Piste de Santa Fe. 1941 : Le Vaisseau fantôme. 1942 : Les Chevaliers du ciel. 1942 : Casablanca. 1947 : Le crime était presque parfait. 1950 : La Femme aux chimères. 1953 : Un homme pas comme les autres. 1954 : L'Homme des plaines. 1958 : Le Fier Rebelle. 1958 : Bagarres au King Créole. 1959 : Le Bourreau du Nevada. 1961 : Les Comancheros.


Chef-d'oeuvre du film d'aventures familial si bien que tous les cinéphiles s'accordent à dire qu'il s'agit de la meilleure version de la légende de Robin, les Aventures de Robin des Bois resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du couple glamour: Errol Flynn / Olivia de Havilland. Le couple insufflant avec un naturel ébouriffant un charme romantique au cime de la féerie ! Notamment par le biais du regard à la fois charnel et candide qu'Olivia procure à l'écran dans une palette de sentiments timorés eu égard de l'impudence de son amant bravant la légalité au profit des démunis. Alors que le roi Richard Coeur de Lion part pour les croisades, son frère en profite pour s'emparer du trône parmi la complicité de Sir Guy de Gisbourne. Mais un archer intrépide surnommé Robin de Locksley va tout mettre en oeuvre pour déjouer ces traîtres avec l'aide de ses fidèles compagnons de la forêt de Sherwood. 



Baignant dans un technicolor flamboyant sous la mainmise de l'éminent Michael Curtiz structurant une aventure échevelée sans temps morts, les Aventures de Robin des Bois pérennise son pouvoir enchanteur avec un panache aussi bien exaltant qu'exubérant. De par l'énergie et la vélocité que chaque protagoniste insuffle dans leur dimension héroïque ou hostile (le duel final à l'épée entre Robin et Charles de Gisbourne est un moment d'anthologie époustouflant d'agilité dans la chorégraphie du maniement des armes !) et la mise en scène très efficace de Curtiz assortie d'un montage dynamique allant droit à l'essentiel. Au-delà de l'aspect épique de sa réalisation extrêmement inspirée et alignant à rythme métronomique une habile succession de rebondissements autour du duo gagnant Robin / Marianne (ces derniers se portant secours l'un pour l'autre entre une étreinte sentimental), les Aventures de Robin des Bois est scandé par la prestance symbolique d'Errol Flynn littéralement transi d'émotions dans sa fougue contestataire. Ce dernier insufflant avec une dérision badin un souffle passionnel tant auprès de ses nobles sentiments pour Marianne que de ses exploits arrogants à brimer ses ennemis par l'épée ou par l'arc. Bondissant et escaladant escaliers et remparts pour leur échapper, Errol Flynn dégage une ferveur rusée avec l'appui de son charisme fringant.


Chef-d'oeuvre du film d'aventures d'avant-guerre prônant les valeurs nobles de la justice, de l'héroïsme et de la répartition équitable des richesses, les Aventures de Robin des Bois idéalise le divertissement intelligible avec un sens féerique aussi intègre que sans fard. 

B.D
3èx

Récompenses: Oscar de la meilleure musique (Erich Wolfgang Korngold), meilleurs décors (Carl Jules Weyl), meilleur montage (Ralph Dawson).

lundi 6 novembre 2017

La Main du Diable

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Maurice Tourneur. 1943. France. 1h20. Avec Pierre Fresnay, Josseline Gaël, Noël Roquevert, Guillaume de Sax, Palau, Pierre Larquey, André Gabriello, Antoine Balpêtré.

Sortie salles France: 21 Avril 1943

FILMOGRAPHIE: Maurice Thomas, dit Maurice Tourneur, est un réalisateur français, né le 2 février 1876 à Paris 17e, mort le 4 août 1961. 1930 : Accusée, levez-vous ! 1931 : Maison de danses ; Partir. 1932 : Au nom de la loi ; Les Gaietés de l'escadron ; Lidoire. 1933 : Les Deux Orphelines ; L'Homme mystérieux (Obsession). 1933 : Le Voleur. 1935 : Justin de Marseille ; Kœnigsmark. 1936 : Samson ; Avec le sourire. 1938 : Le Patriote ; Katia. 1941 : Volpone. 1941 : Péchés de jeunesse ; Mam'zelle Bonaparte. 1942 : La Main du diable. 1943 : Le Val d'enfer. 1944 : Cécile est morte. 1948 : Après l'amour. 1948 : Impasse des Deux-Anges.


D'après une nouvelle de Gérard de Nerval, La Main du Diable est considérée (à raison) comme l'une des rares réussites françaises du cinéma Fantastique. Natif des années 40, ce divertissement fort bien mené par Maurice Tourneur et réalisé dans un noir et blanc parfois onirique (notamment pour ses éclairages expressionnistes) emprunte le mythe de Faust (s'épauler du diable pour contredire un destin malchanceux) avec une jolie efficacité. De par la condition désoeuvrée de la victime nantie d'un don maudit (celle d'avoir acheté une main afin d'obtenir succès professionnel et amour) car toujours plus contrainte de rembourser une dette outre-mesure au diable afin de ne pas lui céder son âme. Dans le rôle de la victime infortunée prise à parti avec ses  sentiments contradictoires de perdurer ou d'endiguer l'offrande surnaturelle, Pierre Fresnay parvient à intensifier l'intrigue grâce à sa caractérisation enflammée. L'acteur laissant s'exprimer son inquiétude, ses remords et son angoisse exponentielle avec une force de caractère irascible si bien que son entourage amical peine à l'épauler lors de ses démarches confuses, voir s'interroge même parfois sur son état mental comme le rapporte sa détestable épouse égotiste (que campe avec éloquence Josseline Gaël). Au gré d'un cheminement narratif oppressant émaillé de quelques rebondissements et revirements inattendus faisant intervenir le fantastique par le biais de personnages iconiques, Maurice Tourneur opte pour un Fantastique poétique, notamment parmi l'intervention des victimes de la main issues d'époques vétustes. Teinté de dérision auprès du personnage du malin que Pierre Palau endosse avec une (attractive) ferveur aussi bien badine que gouailleuse, La Main du diable fascine sous le pilier d'une intrigue machiavélique que le héros ne cesse de déjouer avec fébrile constance.


De par l'originalité de son scénario faisant intervenir les forces du Bien et du Mal avec une fantaisie insolite, son esthétisme monochrome contrasté (voir parfois envoûtant !) et l'intensité du jeu spontané de Pierre Fresnay, La Main du diable exploite lestement le genre fantastique parmi la sincérité de son auteur méticuleux dans l'art d'y conter son récit. 

Eric Binford.
3èx

vendredi 3 novembre 2017

FREAKS, LA MONSTRUEUSE PARADE.

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site festival-playitagain.com

"Freaks" de Tod Browning. 1932. U.S.A. 1h02. Avec Wallace Ford, Leila Hyams, Olga Baclanova, Roscoe Ates, Henry Victor, Harry Earles.

Sortie salles France: 7 Octobre 1932 (Int - 18 ans). U.S: 20 Février 1932

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Charles Albert « Tod » Browning est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 12 juillet 1880 à Louisville dans le Kentucky et mort le 6 octobre 1962 à Malibu en Californie.1925 : Dollar Down. 1926 : L'Oiseau noir. 1926 : La Route de Mandalay. 1927 : L'Inconnu. 1927 : Londres après minuit. 1927 : La Morsure. 1928 : À l'ouest de Zanzibar. 1928 : Le Loup de soie noire. 1929 : Loin vers l'est. 1929 : The Thirteenth Chair. 1930 : Les Révoltés. 1931 : Dracula. 1931 : L'Homme de fer. 1932 : La Monstrueuse Parade. 1933 : Fast Workers. 1935 : La Marque du vampire. 1936 : Les Poupées du diable. 1939 : Miracles à vendre.


Appâté par un juteux gain, la trapéziste cléo courtise le nain Hans afin de lui soutirer son héritage. Avec l'aide du tout aussi fourbe et sournois Hercule, ils complotent d'empoisonner leur larbin. Frieda, fiancée de Hans, tente désespérément de l'avertir du machiavélisme de cette mégère ne reculant devant rien pour parvenir à ses desseins. Chef-d'oeuvre absolu de l'horreur moderne (pour ne pas dire "singulière" !) alors qu'il fut confectionné pour concurrencer le futur succès de Frankenstein, la Monstrueuse Parade est une bouleversante histoire d'amour d'une cruauté inouïe si je me réfère à l'afflux de son intensité dramatique confinant au malaise cérébral. Tod Browning nous faisant pénétrer dans l'univers des Freaks d'un cirque ambulant avec un réalisme aussi trouble que perturbant. A point tel que la fiction s'évapore insidieusement derrière la (discrète et prude) caractérisation d'authentiques monstres de foire s'imposant acteurs amateurs (pour la plupart sans doute) avec un sens de l'improvisation translucide.


Sans pour autant se complaire dans un voyeurisme racoleur et avec le parti-pris d'honorer intelligemment le genre horrifique comme jamais au préalable, Browning filme ses personnages estropiés avec dignité tant et si bien qu'ils parviennent à se fondre dans l'intrigue parmi leur expressivité aussi bien naturelle qu'inquiétante (notamment auprès de leur nature dysmorphique). Sachant que son dénouement cauchemardesque va renchérir un climat malsain ténébreux lorsque ces derniers vont céder à une violence punitive, aussi pour tenir lieu de baroud d'honneur. Car communément témoins des cruelles exactions du couple obséquieux d'apparence docile mais étroitement liés à la complicité criminelle (Olga Baclanova s'avérant à ce titre absolument détestable de vilenie dans son instinct pervers et son regard reptilien !), nos freaks vont finalement laisser extraire leur instinct belliqueux après de vives moqueries humiliantes bâties sur la bassesse.  Eprouvant, subtilement vénéneux, voir même choquant, de par son acuité psychologique émanant des sentiments de trahison qu'éprouvent la communauté des monstres et surtout Hanz et Frieda (l'infidélité de leurs rapports déclinants confinant au désespoir !), et par l'impitoyable cruauté qu'endosse le couple de "Thénardier" d'une monstruosité morale, La Monstrueuse Parade fait tomber les masques sous l'impulsion d'émotions destructrices. 


Vibrant plaidoyer pour le droit à la différence au sein d'une société anachronique d'intolérance, Freaks laisse des cicatrices dans l'encéphale sitôt le générique bouclé. De par sa facture monochrome étrangement magnétique, son climat vicié toujours plus inquiétant et déstabilisant et la morphologie impressionnante des Freaks d'une innocence ambiguë (en me référant bien évidemment à la tournure tragique de l'intrigue cédant aux règlements de compte), la Monstrueuse Parade scande un romantisme désespéré autour d'un couple de nains violés par la monstruosité humaine. A revoir d'urgence d'autant plus que l'émotion éprouvante fait naître un malaise indicible indécrottable bien au-delà de la projection !

Eric Binford
3èx 

jeudi 2 novembre 2017

DANGER : DIABOLIK !

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Diabolik" de Mario Bava. 1968. Italie/France. 1h40. Avec John Phillip Law, Marisa Mell, Michel Piccoli, Adolfo Celi, Claudio Gora, Mario Donen, Terry-Thomas.

Sortie salles France: 12 Avril 1968. Italie: 24 Janvier 1968

FILMOGRAPHIEMario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Film culte méconnu car si peu diffusé à la TV alors que derrière la caméra s'y cache discrètement un des maîtres du cinéma de genre italien, Danger Diabolik constitue un divertissement de premier choix sous la houlette de Mario Bava. Mixture parodique de James Bond et Fantomas  parmi l'influence des fumetti (bande-dessinée italienne), Danger Diabolik aligne sans fléchir péripéties rocambolesques et revirements badins sous l'impulsion d'un couple glamour mutuellement transis d'extase. Le film insufflant une charge érotique résolument capiteuse lors de leurs étreintes charnelles qu'accompagne un score fantasmatique (mélodies sensuelles de voix féminines langoureuses) composé par Ennio Moricone. Avec l'aide de sa tendre compagne, Diabolik multiplie les maraudes outre-mesure en se raillant de la police, particulièrement auprès de l'inspecteur Ginko avide de l'appréhender mais incessamment battu à chacune de ses diaboliques stratégies. Pendant ce temps, un ponte du cartel négocie avec la complicité de Ginko sa capture en prenant en otage la dulcinée de Diabolik. Mais c'est sans compter sur l'esprit affûtée de notre bandit aux yeux bleus prêt à extirper sa princesse des griffes de Valmont. 


Cocktail fantaisiste d'action et d'aventures en roue libre sous l'autorité du plus insolent criminel de la planète (si j'ose dire !), Danger: Diabolik ! est un savoureux pastiche combinant efficacement ses composantes susmentionnées avec un esprit sarcastique jubilatoire. Le "méchant" incarné par l'étrangement séducteur John Phillip Law s'en donnant à coeur joie à arborer son costume de cuir noir en ridiculisant ses rivaux avec une subversion démoniaque. Ce dernier n'hésitant pas d'autre part à éliminer quelque "gentils" dans une démarche politiquement incorrecte assez audacieuse surtout si je me réfère à l'époque auquel il appartient. Outre l'aspect improbable des situations constamment exubérantes et déjantées, Mario Bava parvient pour autant à crédibiliser ses stratagèmes de cambriolages et d'évasion, de par les moyens techniques dont dispose secrètement Diabolik (notamment son immense repère domestique infiltré dans une grotte) et sa perspicacité cérébrale à duper ses ennemis par le biais de gadgets sophistiqués. Multipliant subterfuges et déguisements avec l'appui indéfectible de sa compagne Eva (qu'endosse la blonde ultra sexy Marisa Mell, décédée à l'âge de 53 ans d'un cancer de la gorge), Diabolik amuse et fascine à la fois au sein d'une scénographie kitch et psychédélique que Bava esthétise à souhait dans son inspiration onirique.


Oasis d'humour, d'invention et d'action par le truchement d'une intrigue volontairement linéaire car référentielle et tous publics, Danger : diabolik ! transcende les décennies, entre bonne humeur galvanisante et charme exaltant du couple proverbial Diabolik / Eva communément engagés dans la passion pour l'or et (surtout) l'amour !  

Bruno Matéï
2èx

mardi 31 octobre 2017

LA CHASSE DU COMTE ZAROFF

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

"The Most Dangerous Game" de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel. 1932. U.S.A. 1h03. Avec Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks, Robert Armstrong, Noble Johnson

Sortie salles France: 16 Novembre 1934. U.S: 20 Septembre 1932

FILMOGRAPHIE: Ernest Beaumont Schoedsack est un réalisateur, directeur de photo, producteur, monteur, acteur et scénariste américain, né le 8 Juin 1893 à Council Bluffs (Iowa), décédé le 23 Décembre 1979 dans le Comté de Los Angeles. 1925: Grass: a nation's battle for life.1927: Chang. 1929: Les 4 plumes blanches. 1931: Rango. 1932: Les Chasses du comte Zaroff. 1933: King Kong. 1933: The Monkey's Paw. 1933: Blind Adventure. 1933: Le Fils de Kong. 1934: Long Lost Father. 1935: Les Derniers jours de Pompéï. 1937: Trouble in Morocco. 1937: Outlaws of the Orient. 1940: Dr Cyclop. 1949: Monsieur Joe. 1952: The is Cinerama.


"La chasse a toujours été la distraction favorite des hommes de guerre en temps de paix, c'est-à-dire dans les périodes plus ou moins brèves où la chasse à l'homme n'est pas ouverte."

Chef-d'oeuvre absolu du film d'horreur moderne alors que celui-ci découle des années 30, la Chasse du comte Zaroff perdure son pouvoir de fascination avec une alchimie quasi ineffable ! Car outre l'habile variété de ses décors gothiques et de sa végétation naturelle, l'originalité de sa trame d'un sadisme incongru et l'interprétation hallucinée de l'immense Leslie Banks en Zaroff aux yeux pervers écarquillés (avec un oeil plus étroit que l'autre et une cicatrice au front de manière à appuyer sa posture patibulaire), la Chasse du Comte Zaroff nous plaque au siège par la puissance de ces images oniriques. On peut notamment compter sur l'authenticité de sa superbe photo noir et blanc formant un saisissant contraste auprès de ces décors funèbres, notamment lorsque nos 2 héros impitoyablement traqués de nuit s'enfoncent dans une jungle à la photogénie tentaculaire.


Bref, tout dans la Chasse du Comte Zaroff n'est qu'attraction, magnétisme et envoûtement sous l'impulsion d'un récit d'aventures à la fois haletant mais aussi psychologique (notamment auprès de sa première partie lorsque les convives de Zaroff commencent à s'interroger sur sa véritable identité après s'être laissé séduire par son hospitalité hautaine, sa passion pour la chasse et son talent musical). Outre la prestance symbolique de Leslie Banks (sans doute l'un des plus raffinés portraits de psychopathe vu sur écran !), La Chasse... est notamment rehaussé de la complémentarité du duo Joel McCrea / Fay Wray formant un couple solidaire partagé entre désarroi et frayeur d'un concept aussi sournois que cruel et l'instinct de survie de s'extraire des pulsions morbides du chasseur entièrement soumis à sa pathologie déviante (traquer puis tuer sa proie afin de ressentir l'extase du crime !). Au passage, et par ces principes immoraux, on notera le réquisitoire imputé au loisir de la chasse lorsque Robert (autrefois chasseur) énoncera à sa compagne avec regain de conscience et en guise d'épuisement: "tous ces animaux que j'ai traqué, je sais ce qu'ils ont ressenti !". Tout est dit en cette seule réplique !


Tourné économiquement la même année que King-Kong dans les mêmes décors, avec le même réalisateur et la même actrice, La Chasse du Comte Zaroff est parvenu à transcender son budget low-cost grâce au brio des deux cinéastes scrupuleusement inspirés à immortaliser leur réaliste cauchemar avec une intensité formelle hypnotique. Il y émane un des survivals les plus fascinants et cruels que l'on est vu au cinéma, tout en cultivant en filigrane une réflexion lucide sur la perversité (ascensionnelle) de la cynégétique que les chasseurs perdurent depuis des siècles avec une vile lâcheté. 

Bruno Dussart
4èx  

lundi 30 octobre 2017

HALLOWEEN 4

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Halloween 4: The Return of Michael Myers". de Dwight H. Little. 1988. U.S.A. 1h29. Avec Donald Pleasence,  Ellie Cornell, Danielle Harris, George P. Wilbur, Michael Pataki, Beau Starr, Kathleen Kinmont.

Sortie salles France: 9 Mai 1990. U.S: 21 Octobre 1988

FILMOGRAPHIE: Dwight Hubbard Little est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 13 janvier 1956 à Cleveland, Ohio (États-Unis).1986 : Getting Even. 1986 : KGB: la guerre secrète. 1988 : Bloodstone. 1988 : Halloween 4. 1989 : Le Fantôme de l'opéra. 1990 : Désigné pour mourir. 1992 : Rapid Fire. 1995 : Sauvez Willy 2 : La Nouvelle Aventure. 1997 : Meurtre à la Maison-Blanche. 2001 : Deep Blue. 2004 : Anacondas : À la poursuite de l'orchidée de sang. 2009 : Tekken.


Une suite aussi poussive qu'inutile, faute d'un scénario inexistant et de situations rebattues dénuées de tout suspense et d'intensité, et ce en dépit d'une dernière demi-heure timidement spectaculaire mais pour autant avare en terme de surprises et revirement (si on épargne son grotesque épilogue). Même Donald Pleasance plutôt apathique (bien qu'il eut des problèmes de santé à l'époque du tournage) semble s'ennuyer dans son sempiternel rôle de traqueur franc-tireur.

Les bons points:
- Une jolie photo
- Le jeu intense, étonnamment naturel de la petite Danielle Harris


Eric Binford.
3èx