mercredi 14 mars 2018

UTU Redux

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Geof Murphy. 1983. Nouvelle Zélande. 1h48. Avec Anzac Wallace, Bruno Lawrence, Tim Elliott, Kelly Johnson, Wi Kuki Kaa

Sortie salles France: 27 Juin 1984.

FILMOGRAPHIEGeoff Murphy est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste néo-zélandais, né le 13 juin 1938 en Nouvelle-Zélande. 1977 : Wild Man. 1977 : Dagg Day Afternoon. 1981 : Goodbye Pork Pie. 1983 : Utu. 1985 : Le Dernier survivant. 1988 : Never Say Die. 1989 : Red King, White Knight (TV). 1990 : Young Guns 2. 1992 : Freejack. 1993 : Angle mort (TV). 1993 : The Last Outlaw (en) (TV). 1995 : Piège à grande vitesse. 1996 : Don't Look Back (TV). 1999 : Fortress 2 : Réincarcération. 2000 : L'Homme traqué (Race Against Time) (TV). 2001 : Blerta Revisited. 2004 : Spooked.


                Avertissement: Une chronique exclusive rédigée par Boobakar et reprise sur le site                                                        SENSCRITIQUE.COM, dont je partage la même opinion.

Utu est un survival sorti en Nouvelle-Zélande en 1983, où il a eu un gros succès, mais dont les ventes à l'étranger furent décevantes. De ce fait, le film fut rangé dans un placard durant près de trente ans jusqu'à une nouvelle restauration, et un montage un peu plus court, qui fait qu'il sera redécouvert par une nouvelle génération, lui apportant cette fois le succès.
J'avoue que je ne m'attendais pas à ça de Geoff Murphy, qui a fait des tas de films de commande (de Young guns II à Fortress 2 en passant par Piège à grande vitesse, un Steven Seagal !), mais il faut dire que son œuvre néo-zélandaise nous est quasiment inconnue.


Ce film est l'histoire d'une vengeance, celle d'un capitaine Maori, travaillant pour les Anglais lors de la guerre de Nouvelle-Zélande, vers la fin du XIXe siècle, qui voit que l'armée supprime les siens. Fou de rage, il va se battre contre les Anglais et fomenter une armée.
Il faut dire que le film est très beau, toujours comme si le ciel fut toujours couvert, et ça donne un aspect survival pas inintéressant, et ça reste étonnamment violent, à l'image de cette scène très connue où, pour officialiser en quelque sorte sa vengeance, le soldat Maori va aller dans une église, tuer le prête alors qu'il faisait son office, et lui couper la tête pour en quelque sorte déclarer la guerre !

Mais là où Utu pêche un peu, c'est dans sa construction que je trouve particulièrement confuse. Est-ce à cause de de nouveau montage dit Redux (dix minutes en moins), mais le récit est orné de plusieurs flash-backs, et si on n'est pas attentif, il est difficile se perdre dans la narration, car tout s'enchaîne tel quel. Est-ce pour représenter l'aspect mental du personnage, très bien joué par Anzac Wallace, ou la confusion qui régna alors, mais c'est pas facile de s'y retrouver.
C'est un mélange de plusieurs genres, aussi bien l'horreur que le Western, en passant par des scènes d'actions très fortes, comme celle où cet homme va brûler, et tuer, des occupants d'une maison, car pour lui, les blancs sont désormais des ennemis, alors que peu de temps avant, il était leur éclaireur.


Quentin Tarantino qualifie ce film comme le plus important du cinéma Néo-Zélandais, il aura fortement influencé Lee Tamahori, par ailleurs réalisateur de 2eme équipe, pour L'âme des guerriers, mais je ne trouve pas Utu aussi fort que je ne le pensais. Car c'est au fond assez confus pour me satisfaire totalement ; mais attention, je ne remets pas en cause ses qualités picturales qui sont évidentes.  6/10.

* Boubakar (10.03.18)

mardi 13 mars 2018

MOI, TONYA. Oscar de la Meilleure actrice de second rôle, Allison Janney.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Craig Gillespie. 2017. U.S.A. 2h00. Avec Margot Robbie, Mckenna Grace, Sebastian Stan, Allison Janney, Julianne Nicholson, Caitlin Carver, Bojana Novakovic.

Sortie salles France: 21 Février 2018. U.S: 8 Décembre 2017

FILMOGRAPHIECraig Gillespie (né le 1er septembre 1967 à Sydney) est un réalisateur australien. 2007 : Mr. Woodcock. 2007 : Une fiancée pas comme les autres. 2011 : Fright Night. 2014: Million Dollar Arm. 2015 : The Finest Hours. 2017 : Moi, Tonya.


Comédie dramatique pleine de frénésie technique et formelle sous le pilier d'un jeu d'acteurs criants de vérité et d'autodérision (Margot Robbie, Mckenna Grace se disputent la vedette lors d'un cruel affrontement parental), Moi Tonya aborde brillamment le "biopic" pour retracer ascension et déclin de cette patineuse ayant défrayé la chronique à l'orée des années 90 à la suite d'une agression envers sa rivale Nancy Kerrigan. Impeccablement rythmé de par l'ironie pittoresque des situations improbables que Tonya Harding enchaîne au fil de ses fréquentations peu recommandables, Moi, Tonya conjugue rires et larmes avec une efficacité peu commune si bien qu'elle confine au vertige dans ses émotions littéralement contradictoires (on peut clairement diviser le film en 2 parties dans son renversement des situations dramatiques). Et ce tout en restant fidèle à la reconstitution des évènements scrupuleusement décrits du point de vue introspectif d'une patineuse fragile mais pugnace, méprisée par un jury élitiste car accordant trop d'importance aux valeurs morales que Tonya n'a jamais pu relever faute de son esprit rebelle (c'est une redneck politiquement incorrecte de par son éducation maternelle réactionnaire).


Outre le caractère ludique des faits cocasses relatés avec causticité (notamment les stratégies grotesques de pieds nikelés que l'on croirait échappés d'un polar des Cohen), on reste autant stupéfait par l'inventivité de la mise en scène (parfois clippesque et semée de tubes pop-rock) résolument inspirée pour y dresser le bouleversant portrait d'une patineuse aussi bien fragile qu'infortunée mais pour autant battante et stoïque afin de se tailler un nom dans l'histoire du patinage artistique. C'est tout du moins ce qu'elle accomplira en tant que première patineuse américaine d'avoir exécuté un triple axel lors d'une compétition. Alors que les médias de l'époque s'étaient ensuite empressés de relayer l'affaire scandaleuse avec un gout racoleur du sensationnalisme, Craig Gillespie souhaite rétablir la vérité d'après son parcours d'endurance (aussi bien moral que physique) sévèrement compromis par une mère abusive dès son enfance puis par un époux borderline incessamment violent auprès d'elle. Grâce au jeu profondément expressif de Margot Robbie dessinant le magnifique portrait d'une patineuse caractérielle à la fois solitaire (notamment faute de tolérer l'amitié auprès de ses rivales), insolente (sa rébellion et ses joutes verbales auprès de l'orgueil d'un jury inéquitable) et désespérément en mal d'amour (tant auprès de sa mère tyrannique que de son compagnon sadomaso), le personnage si malmené (et prochainement haï du public) se dévoile sous nos yeux avec fébrile sensibilité.


"La vérité on l'a au fond de soi même"
Leçon de courage, de détermination et de bravoure auprès des losers infortunés, hommage plein de tendresse et de dignité envers une tricarde condamnée au pilori par la justice et la foule avide d'esclandre, Moi, Tonya confine au sublime dans son sens du spectacle épique où le tragi-cocasse se télescope avec une dimension humaine inopinément prude. Un moment de cinéma frétillant transfiguré par le duo explosif Margot Robbie/Allison Janney crevant l'écran à chacune de leurs apparitions si bien que leur aparté (dans le sens où elles s'adressent parfois directement à nous spectateurs !) nous immerge d'autant mieux dans leur rivalité triviale à se disputer leur responsabilité sous couvert d'injustice et d'inégalité sociale.

* Bruno

Récompenses: Oscars 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Golden Globes 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
British Academy Film Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Screen  Actors Guild Awards 2018 : Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney
Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards 2018 :
Meilleure actrice internationale pour Margot Robbie
Meilleure actrice internationale dans un second rôle pour Allison Janney
Critics' Choice Movie Awards 2018 :
Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney

vendredi 9 mars 2018

MR73

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Olivier Marchal. 2008. France. 2h05. Avec Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Catherine Marchal, Francis Renaud, Gérald Laroche, Guy Lecluyse, Philippe Nahon, Clément Michu, Moussa Maaskri.

Sortie salles France: 12 Mars 2008 (Int - 12 ans).

FILMOGRAPHIE: Olivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 novembre 1958 à Talence. 2002 : Gangsters. 2004 : 36 quai des Orfèvres. 2008 : MR 73. 2011 : Les Lyonnais. 2017 : Carbone.


                                           "Dieu est un fils de pute et un jour je le tuerai."

Quatre ans après la révélation 36 Quai des Orfèvres, Olivier Marchal met les bouchées doubles avec le tétanisant et bouleversant MR73. Un uppercut émotionnel implacable sous le schéma d'une trajectoire mortuaire en roue libre. Chemin de croix vertigineux d'un flic aviné condamné à l'infortune puis à la damnation, MR73 laisse en état de collapse sitôt le rideau (de larmes) tombé. D'une noirceur et cruauté inouïes, Olivier Marchal accomplit avec ce polar aussi bien poisseux que sinistrosé la pièce maîtresse de sa florissante carrière, à l'instar de ses aînés les plus notables (Corneau, Chabrol, Tavernier et consorts). De par la densité de son scénario binaire impeccablement charpenté (course contre la montre à déjouer 2 serial-killers en même temps de nous livrer une étude de caractères désabusés), de l'attention de sa mise en scène posée et d'un jeu d'acteurs putassiers (Philippe Nahon, proprement terrifiant de cynisme en monstre irrécupérable !) ou virils que Daniel Auteuil domine avec une vérité viscérale mise à nu face écran.


Strié par la tristesse du deuil et l'épuisement de l'existence, enlaidi, vieilli et lambiné par l'alcool, Auteuil balade sa dégaine tel un fantôme errant lors d'une quête désespérée de rédemption et d'exutoire au sein d'un monde anxiogène gangrené par l'injustice, la corruption (ici policière) et le Mal à visage humain. D'une intensité dramatique suffocante au travers de visions morbides (la résultante des crimes les plus sordides nous rappelle Seven ou Le Silence des Agneaux), de péripéties et règlements de compte abrupts, MR73 provoque un désarroi moral difficilement gérable face à l'introspection d'un homme accablé par le deuil et seul contre tous à tenter de dévoiler la merde auprès de sa hiérarchie. Sous couvert du poids inextinguible de la culpabilité, du remord et de l'amertume que notre anti-héros traverse sans illusion, Marchal en profite pour nous envoyer en pleine face son cri d'indignation face à une société laxiste où les plus nantis parviennent toujours à taire leurs agissements les plus préjudiciables. Notamment faute d'un instinct pervers indécrottable chez les sujets les plus dérangés. Abordant enfin le thème de la vengeance en dernière ligne droite, MR73 fait ensuite appel au suicide le plus immoral par le truchement d'un ange exterminateur fourbu par le préjudice et la partialité.


Le "Martyrs" du polar français. 
Tragédie sépulcrale d'une noirceur et d'un pessimisme constants de par son regard plein d'acrimonie sur une société aussi fourbe que nécrosée, MR73 triture nos émotions avec une acuité dramatique cafardeuse. Hanté par la présence tricéphale d'Auteuil en coupable / victime / bourreau, ce polar vicié habité par sa déchéance morale est notamment l'occasion pour Marchal de nous livrer une bouleversante oraison auprès des martyrs innocents, puis de nous achever avec la genèse d'un nourrisson clamant sa souffrance dès 1er souffle. Du grand cinéma à la fois dur et crépusculaire, sensible et élégiaque, aussi nihiliste soit son propos rageur (pas de rédemption possible pour les monstres et les vindicateurs), à ne pas mettre pour autant entre toutes les mains. 

Dédicace à Mathias Chaput

* Bruno

La chronique de Mathias Chaput:
Il est des œuvres qui réconcilient avec le cinéma…
« MR 73 » fait partie de ces rares films français qui vous assène un coup de poing en plein visage, un uppercut en plein cœur, Olivier Marchal a réussi à nous projeter dans un univers foisonnant et crépusculaire où gravitent des personnages désespérés et habités par le malheur, mais il transgresse ces situations et ces sentiments par une intrigue policière tout à fait pénétrante et d’une noirceur totale…
Marchal flirte avec les cimes du polar de haut niveau et atteint la perfection dans de nombreuses séquences dont la plus marquante, la finale, il éclabousse les normes, s’approprie son style de façon abrupte par des symbolisations, des métaphores uniques qui vont extrêmement loin dans l’hyper sensibilité (la religion est éclaboussée par le sang, la mort passe par la vie, par la naissance… on suppose même une réincarnation, c’est dire si le transfert et le parallèle sont osés !)…
Au niveau de la direction d’acteurs, Daniel Auteuil prouve une nouvelle fois son authenticité, Philippe Nahon fait encore plus peur que dans « Seul contre tous » et Olivia Bonamy est cinglante de fragilité, enveloppant  un rôle frêle et vulnérable, elle donne la vie comme pour se sauver elle-même…
Les contrastes avec les polars traditionnels sont saisissants, que ce soit la pluie, la nuit, l’atmosphère qui règne dans « MR 73 » tout se démarque de ce que l’on avait pu voir auparavant, Olivier Marchal s’imprègne d’une histoire assez basique pour la renouveler et la transcender à sa façon, de la lumière aux ténèbres, il n’y a qu’un pas…
Froid, glaçant même, « MR 73 » est un polar qui ne ressemble à aucun autre, il pulvérise les codes et amène le spectateur sur une réflexion sur la justice et la vie de ces policiers, loin des clichés que l’on a pu voir et entendre, il donne une dimension mystique à cette profession et le réalisme totalement assumé par Marchal ne peut qu’appuyer et entériner son propos…
Très dur, « MR 73 » fait sortir de l’ombre les pires affres que peuvent vivre des humains et dépassent ces derniers par un espoir, un faible espoir d’arriver à la plénitude et au repos de l’âme…
Fantastiquement mis en scène, « MR 73 » est une œuvre qui laisse des séquelles et qui grave instantanément l’histoire du cinéma français au sommet…

Note : 10/10

jeudi 8 mars 2018

MORTELLES CONFESSIONS

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site lastroadreviews.wordpress.com

"The ConfessionalHouse of Mortal Sin" de Pete Walker. 1976. Angleterre. 1h44. Avec Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Norman Eshley, Sheila Keith.

Sortie salles Angleterre: Février 1976. Inédit en salles en France

FILMOGRAPHIE: Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton. 1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: Mortelles Confessions, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.


Heureuse surprise de la part d'Artus de nous avoir exhumé de l'oubli ce petit classique british réalisé par le franc-tireur Pete Walker, tant et si bien que Mortelles Confessions resta inédit en salles dans nos contrées ! Plutôt couillu de nous dépeindre la dérive licencieuse d'un prêtre rigoriste, Mortelles Confessions baigne dans un climat malsain relativement glacé sous l'impulsion d'un duo d'amants au passé aussi bien trouble que secret. Tout du moins avant que le final jusqu'au-boutiste ne nous dévoile leurs tenants et aboutissants lors d'un bain de sang qui risquera à coup sûr d'en déconcerter plus d'un. Car exit le happy-end de rigueur, Pete Walker privilégiant une conclusion aussi bien équivoque qu'inéquitable quant au sort précaire de l'héroïne mais aussi du serial-killer infiniment perfide. Le pitch simpliste s'oriente vers les épreuves amoureuses que se partagent une jeune femme avec ses deux amants. Après avoir rencontré une vieille connaissance de lycée devenue aujourd'hui homme d'église elle décide de le retrouver dans son havre chrétien. C'est à ce moment fortuit qu'elle aborde le père Meldrum, puritain draconien subitement épris de sentiments pour elle. 


Prenant son temps à planter son intrigue et ses personnages évoluant autour de la morale conservatrice du père Meldrum, Pete Walker distille un suspense sous-jacent au fil de sa trajectoire criminelle toujours plus cruelle et violente, quand bien même l'héroïne démunie s'efforce vainement d'avertir son entourage amical. La faute incombant à la parole évangélique de cet homme d'église considéré comme intouchable car respecté de tous. A partir de l'instant ou Vanessa sombre dans une appréhension désespérée, une tension progressive est scrupuleusement instaurée, quand bien même dans une des chambres du presbytère du tueur, sa mère alitée semble soumise à une majordome borgne aux penchants pervers. Pete Walker accordant notamment pas mal d'intérêt à brosser les comportements à la fois castrateurs et interlopes de ce trio maudit, pour ne pas dire machiavélique, et ce avant de nous dévoiler pour quel véritable mobile le prêtre sombra dans la folie. Au-delà de l'efficacité du récit fertile en péripéties, subterfuges et exactions sanglantes (même si les maquillages ne se limitent qu'à grimer les victimes de ketchup); Mortelles Confessions est également rehaussé de la présence démoniaque d'Anthony Sharp franchement haïssable dans la peau du prêtre véreux, quand bien même Sheila Keith (Flagellation, Frightmare) lui dispute la vedette avec un charisme patibulaire aussi fourbe et insidieux. On peut également souligner l'attachante interprétation de Susan Penhaligon en tant que victime fragile et éplorée.


Psycho-killer glauque modestement réalisé et correctement interprété en dépit de la compétence perfectible de son auteur, Mortelles Confessions constitue un excellent suspense fétide autour du thème du puritanisme si bien que la religion rigoriste est pointée du doigt dans son refus de se plier à la tolérance de l'amour du point de vue du prêtre condamné à la chasteté. A découvrir fissa chez l'étendard Artus Films dans une version HD irréprochable ! 

* Bruno

CARBONE

                                                 Photo emprunté sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Olivier Marchal. 2017. 1h45. France. Avec Benoît Magimel, Laura Smet, Idir Chender, Gringe,
Michaël Youn, Gérard Depardieu, Dani.

Sortie salles France: 1er Novembre 2017.

FILMOGRAPHIEOlivier Marchal est un acteur et réalisateur français, né le 14 novembre 1958 à Talence. 2002 : Gangsters. 2004 : 36 quai des Orfèvres. 2008 : MR 73. 2011 : Les Lyonnais. 2017 : Carbone.


                                  Qui veut atteindre les sommets doit s'attendre aux abîmes.
Humilié par son beau-père cossu et rejeté par sa propre épouse, l'entrepreneur Antoine Roca finit par sombrer dans l'illégalité puis la criminalité en complotant une fraude à la TVA sur les quotas de carbone dans l'Union européenne (argument inspiré d'un fait divers survenu en 2008-2009). Au fil de son ascension et faute d'avoir négocié avec 2 médiocres comparses et une pègre opiniâtre, il se retrouve emmêlé dans des rackets et règlements de compte irréversibles.


Polar dramatique assez prévisible durant son 1er acte, de par ses emprunts à Scarface (toute l'intrigue s'érige autour de l'ascension et le déclin d'un entrepreneur infortuné, fils d'ouvrier) mais rehaussé d'une seconde partie plus intense et surprenante (à l'instar de son épilogue escarpé d'une intensité dramatique poignante - clien d'oeil tacite à "L'Impasse"-, de l'affrontement Depardieu/Magimel et de la déchéance criminelle émanant de leur orgueil), Carbone vaut surtout pour le brio indiscutable de sa mise en scène et d'un jeu d'acteurs infaillibles emportant tout sur leur passage. Marchal vouant un amour indéfectible au polar à l'ancienne sous l'impulsion de gueules striées et de références en l'occurrence ricaines. Car outre les solides présences de Michael Youn, étonnamment dépouillé en comptable véreux, de Depardieu en patriarche condescendant, de Moussa Maaskri en mafieux perfide, de Dani en matrone matoise et de Laura Smet, en faire-valoir sentimentale; le trop rare Benoit Magimel explose l'écran dans celui de l'entrepreneur arriviste préalablement dépité par l'échec professionnel et conjugal, et aujourd'hui contrarié par sa perte des valeurs morales.


Impeccablement rythmé, formellement stylisé et traversé de 2/3 éclairs de violence arides à mi-parcours, Carbone parvient in extremis à captiver sous le pilier (dégingandé) d'une intrigue sans surprise n'évitant pas les clichés, quand bien même la caractérisation humaine des personnages (les plus fragiles) aurait gagné à être mieux développée lors de leur trajectoire illégale où perce euphorie et tensions, remord et culpabilité. Quoiqu'il en soit, on passe malgré tout un très bon moment si bien que Marchal, scrupuleux et maestro en la matière,  prouve à nouveau qu'il reste l'un des + notables dans le paysage du polar français, accompagné d'un Magimel au firmament de sa carrière.  

* Bruno

mercredi 7 mars 2018

COCO. Oscar du Meilleur film d'Animation, 2018.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site disney.wikia.com

de Lee Unkrich et Adrian Molina. 2017. U.S.A. 1h45. Avec les voix originales de Anthony Gonzalez, Gael García Bernal, Benjamin Bratt, Antonio Sol, Alanna Ubach, Renée Victor.

Sortie salles France: 29 Novembre 2017. U.S: 22 Novembre 2017

FILMOGRAPHIELee Unkrich est un réalisateur et monteur américain né le 8 août 1967 à Cleveland, Ohio. 1992 : Le Rebelle (Renegade) (TV). 1994 : Betrayed by Love (TV). 1995 : Toy Story. 1998 : 1001 pattes. 1999 : Toy Story 2. 2001 : Monstres et Cie. 2003: Le Monde de Nemo. 2006 : Cars. 2010 : Toy Story 3. 2017 : Coco.
Adrian Molina est un scénariste américain né le 23 août 1985 à Yuba City. 2017: Coco.


Un superbe hommmage aux défunts et à la famille chez les "tortillas", même si j'escomptais le chef-d'oeuvre de la part de Pixar.
Prévoir les mouchoirs pour le final d'une sensibilité à fleur de peau.
3D au top.

* Bruno

Récompenses: Producers Guild of America Awards 2017: meilleur producteur d'un film d'animation pour Darla K. Anderson
Golden Globes 2018: meilleur film d'animation
British Academy Film Awards 2018 : meilleur film d'animation
Oscars 2018: meilleur film d'animation
Oscars 2018: meilleur chanson originale pour Remember Me de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez

mardi 6 mars 2018

CREEPSHOW 2

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Gornick. 1987. U.S.A. 1h32. Avec Domenick John, Tom Savini, Joe Silver, George Kennedy, Philip Dore, Kaltey Napoleon.

Sortie salles France: 16 Décembre 1987. U.S: 1er Mai 1987

FILMOGRAPHIE: Michael Gornick est un réalisateur et producteur américain.
1985: Stephen King's Golden Tales (Video - segment "The Word Processor of the Gods". 1987: Creepshow 2.


Chef opérateur du premier Creepshow, Michael Gornick réalise avec Creepshow 2 une sympathique séquelle si bien qu'elle fut un succès commercial outre-atlantique. Sans jamais atteindre l'envergure de son modèle, cette série B au charme Bis parvient à distraire avec plus ou moins d'efficacité autour de 3 segments sans prétention. Le 1er sketch, "Le Vieux Chef Tête-de-bois" s'avère le plus faible en dépit de l'empathie instaurée auprès du couple de commerçants semi-retraités, prochainement molestés par un trio de maraudeurs sans vergogne. Si son cheminement narratif trop prévisible n'accorde aucune surprise quant à la vengeance meurtrière du totem (une statue de bois toute à fait convaincant lors de sa mobilité réduite), l'intrigue agréablement contée se suit sans déplaisir, quand bien même la réalisation fait parfois preuve d'inventivité pour rehausser la routine horrifique du second acte. On apprécie également la bonhomie sereine de George Kennedy en commerçant altruiste s'efforçant d'épauler la communauté indienne. 


Baignant dans une atmosphère solaire estivale autour d'un lac bucolique, "Le Radeau" s'avère redoutablement réjouissant lorsqu'un quatuor de jeunes vacanciers profitent du beau temps pour s'y baigner. Seulement, une nappe semblable à du mazout est aux aguets pour se nourrir de chair humaine. Bénéficiant d'effets spéciaux à la fois convaincants et spectaculaires, "le Radeau" diffuse une intensité dramatique exponentielle sous l'impulsion d'une chose visqueuse d'un noir magnétique lorsqu'elle s'agrippe aux membres de ses victimes. Cauchemardesque et haletant, le huis-clos assez tendu se permet comme de coutume d'y injecter des traits d'humour macabres auprès de la posture des victimes moribondes, à l'instar de sa chute abrupte en bonne et du forme.


La dernière histoire, "L'autostoppeur", relate par le truchement d'humour noir caustique et d'effets gores bien juteux la nuit d'enfer d'une épouse infidèle ayant renversé un autostoppeur de couleur noir sur son chemin du retour. Incessamment persécutée par ce dernier lui conjurant de le prendre en stop, elle tentera par tous les moyens de l'anéantir lors d'une guérilla routière rouge sang. Assez jouissif et drôlement sardonique, "l'Autostoppeur" affiche un rythme haletant à partir d'une idée débridée efficacement exploitée. Et ce en dépit de sa chute moins renversante et d'un score musical inopportun avec les évènements décrits sans temps morts.


Ludique, bonnard et jamais ennuyeux en dépit de ses scories et de son manque d'ambition (d'où sa modestie bisseuse qui en émane), Creepshow 2 nous offre une copie somme toute honorable, surtout auprès des 2 derniers segments aussi bien corsés qu'attractifs dans leur dosage d'humour vitriolé et de grand-guignol qui tâche. 

La chronique de Creepshow: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/06/creepshow_20.html

* Bruno
3èx 

lundi 5 mars 2018

LA MAISON QUI TUE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Duffell. 1971. Angleterre. 1h41. Avec Christopher Lee, Denholm Elliott, Joanna Dunham, Peter Cushing, Nyree Dawn Porter, Jon Pertwe.

Sortie salles France: 27 Novembre 1974. Angleterre: 22 Février 1971

FILMOGRAPHIEPeter Duffell est un réalisateur anglais né le 10 Juillet 1922 à Canterbury, Kent, England, UK, décédé le 12 Décembre 2017. 1973: Les rapaces du 3è Reich. 1975: L'Enlèvement. 1980: Daisy (téléfilm). 1982: Experience Preferred... But Not Essential. 1986: Les Louves (téléfilm). 1987: Hand in glove (téléfilm). 1990: King of the wind (téléfilm). 1991: Some Other Spring (téléfilm).


Produit par la célèbre firme Amicus, la Maison qui tue fait probablement parti du haut du panier des films à sketchs gothiques, à ranger à proximité d'Histoires d'outre-tombe et de Frissons d'Outre-Tombe. D'après des récits du notoire écrivain Robert Bloch, l'intrigue suggère l'éventuelle malédiction d'une maison qui aurait le pouvoir d'intenter à la vie de ses occupants (du moins les plus véreux). La première histoire assez terrifiante lors des apparitions d'un spectre ricaneur nous dépeint la paranoïa progressive d'un écrivain après que celui-ci imagina un personnage diabolique pour parfaire son nouveau roman. Nanti de visions dérangeantes d'un fantôme hideux, Charles Hillyer finit timidement par l'avouer à son épouse qui lui sollicite de convoquer un psychiatre. Efficace et sarcastique lors de son cheminement ombrageux, "Method for Murder" baigne dans un climat d'angoisse assez bien entretenu sous l'impulsion d'un écrivain en perte de raison gagné par l'appréhension. Le réalisateur exploitant habilement ses visions horrifiques sous l'alibi de son éventuelle paranoïa (voir aussi de sa schizophrénie, à l'instar de son altercation conjugale). On apprécie également le côté sardonique de sa chute sans concession, et ce même si le thème de la spoil ! machination criminelle fin du Spoil fut mainte fois exploitée au préalable. Le second récit, "Waxworks", nous relate la visite d'un veuf dans un musée des horreurs un peu particulier. Lors d'une exposition représentant une femme tenant une tête décapitée sur un plateau d'argent, le visiteur est perturbée par la ressemblance frappante de celle-ci avec son ancienne compagne. Fasciné et déconcerté, il s'efforce d'oublier cette étrange coïncidence jusqu'au moment où l'un de ses anciens amis vient lui rendre visite à son domicile. Là encore, le récit inquiétant tournant autour de l'infidélité et de la jalousie est efficacement mené sous l'autorité du gentleman Peter Cushing éminemment convaincant en solitaire taiseux hantée par la mort de sa compagne. La chute persifleuse s'avérant assez bienvenue en dépit de son manque d'originalité et de la courte durée du sketch. 


Le 3è segment, (mon attitré avec le 4), relate la dissension tendue entre un aristocrate et une éducatrice venue s'occuper de sa fille introvertie depuis son absence scolaire. Au fil de son entretien amical avec cette dernière plutôt douce et docile, l'éducatrice s'offusque du comportement castrateur du paternel ayant parfois recours à la violence physique. Superbement écrit, mis en scène et interprété, (outre la prestance dandy de Christopher Lee et la sobriété rassurante de Nyree Dawn Porter, on est résolument captivé par le magnétisme de Chloe Franks de par sa posture statique et la beauté de son regard aussi bien candide que diaphane), "Sweets to the Sweet" fait intervenir la sorcellerie de manière à la fois latente et sournoise lors de la progression dramatique d'une vendetta infantile. Car si on y devine son issue fatale méchamment cruelle, l'intensité de l'affrontement du duo parental et surtout la présence subtilement vénéneuse de la fillette en concertation criminelle nous hante bien au-delà du générique. Pour clore, le 4è récit s'articule autour de l'égotisme d'un illustre acteur de film d'épouvante particulièrement condescendant et méprisant envers son entourage. Mais l'achat d'une cape de vampire trouvée chez un vieux brocanteur va bouleverser sa vie professionnelle et intime. Savoureuse farce macabre semi-parodique et ponctuée de clins d'oeil, "The Cloak" se raille de son protagoniste hautain avec une truculente originalité, aussi fantaisiste soit-elle. Outre l'aspect débridé de son idée majeure épaulée d'excellents trucages (même si concis), on apprécie également le jeu très impliqué (et parfois volontairement grimaçant) de Jon Pertwee en vampire malgré lui.


Composé de sketchs inégaux pour autant attachants, plaisants et assez surprenants, de par le soin permanent de la mise en scène et son casting hors-pair, la Maison qui tue consolide ses ambitions à mi parcours avec ses 2 derniers segments hautement recommandables. 

* Bruno

dimanche 4 mars 2018

VERONICA

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paco Plazza. 2017. Espagne. 1h45. Avec Sandra Escacena, Bruna González, Claudia Placer, Iván Chavero, Ana Torrent.

Sortie salles France: 24 Janvier 2018. Espagne: 25 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1973 à Valence (Espagne). 2002: Les Enfants d'Abraham. 2004: L'Enfer des Loups. 2006: Scary Stories. 2007: REC. 2008: REC 2. 2012: REC 3 Genesis.


Plein de bonnes intentions dans son parti-pris de privilégier un réalisme studieux (limite documenté) et de s'offrir un casting juvénile très convaincant (notamment auprès d'un marmot criant de naturel !), Paco Plaza réalise avec Veronica une honnête série B en exploitant l'attirail démonologique avec une certaine efficacité. Tant et si bien que le récit tiré d'une histoire vraie se laisse suivre sans déplaisir en dépit de son cheminement routinier et des facilités du "ouh fais moi peur" tributaire d'artifices souvent grossiers.

2/3 scènes chocs assez dérangeantes provoquent toutefois un certain malaise (viscéral ou psychologique selon la posture parano de l'héroïne sévèrement hantée et molestée par l'entité), quand bien même son épilogue tragique fidèle à la reconstitution du "fait divers" nous glace le sang par son intensité dramatique escarpée. Par ailleurs, on peut louer l'aspect atmosphérique d'une partition musicale aussi intense que grave dans ses sonorités contractées, ce qui rehausse le vérisme de l'ensemble.

A voir 1 fois, car en dépit de l'extrême sincérité de Plaza, le film aurait largement gagné à être plus cérébral, vraisemblable et fouillé au niveau de la caractérisation morale de l'héroïne (en perte de repères et de raison) pour provoquer l'effroi tant escompté. Dommage donc.

* Bruno

vendredi 2 mars 2018

RUBY

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Curtis Harrington. 1977. U.S.A. 1h24. Avec Piper Laurie, Stuart Whitman, Roger Davis, Janit Baldwin, Paul Kent, Len Lesser.

Sortie salles U.S: 24 Juin 1977

FILMOGRAPHIECurtis Harrington, né le 17 septembre 1926 à Los Angeles (Californie) et mort le 6 mai 2007, est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de la photographie américain.1946 : Fragment of Seeking. 1961 : Night Tide. 1965 : Voyage sur la planète préhistorique. 1966 : Queen of Blood. 1967 : Games. 1970 : How Awful About Allan (TV). 1971 : Mais qui a tué tante Roo ? 1971 : What's the Matter with Helen ? 1973 : The Killing Kind. 1973 : The Cat Creature (TV). 1974 : La Révolte des abeilles (Killer Bees) (TV). 1975 : The Dead Don't Die (TV). 1977: Ruby. 1978 : Devil Dog: The Hound of Hell (TV). 1985 : Mata Hari. 2002 : Usher


Désolé si je froisse certains amateurs mais que sont venus faire dans cette galère Piper Laurie (bien qu'assez convaincante en veuve éplorée) et Stuart Whitman ? Ruby s'avérant d'une rare indigence de par son scénario insipide (une banale vengeance d'outre tombe surfant en dernier acte sur le mode opératoire de L'Exorciste) et le ridicule des situations horrifiques à la lisière de la semi-parodie. Bref, en dépit de l'originalité de sa scénographie restreinte (un drive-in, théâtre d'événement paranormaux et de morts sanglantes en mode "hors champs"), Ruby est une épreuve soporifique à la temporalité étirée (alors qu'il n'affiche  qu'1h24 au compteur !). On comprends donc l'invisibilité du produit depuis sa sortie (même si dispo en Vhs rare chez nous) si bien qu'il fut discrètement exploité en salles chez nous avec 14802 entrées (semble t-il ! Et donc à confirmer...).

* Bruno

jeudi 1 mars 2018

La Revanche de Freddy / A Nightmare On Elm Street Part 2: Freddy's Revenge

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Jack Sholder. 1985. U.S.A. 1h24. Avec Mark Patton, Kim Myers, Robert Englund, Robert Rusler, Clu Gulager, Hope Lange, Marshall Bell.

Sortie salles France: 26 Février 1986. U.S: 1er Novembre 1985

FILMOGRAPHIE: Jack Sholder est un réalisateur américain, né le 8 juin 1945 à Philadelphia. 1973: The Garden Party (court-métrage). 1982: Alone in the dark. 1985: Le Revanche de Freddy. 1987: Hidden. 1988: Vietnam War Story 2. 1989: Flic et Rebelle. 1990: By Dawn's Early Light (télé-film). 1993: 12h01: prisonnier du temps (télé-film). 1994: Sélection naturelle (télé-film). 1994: The Omen (télé-film). 1996: Generation X (télé-film). 1997: Panique sur l'autoroute (télé-film). 1999: Wishmaster 2. 2001: Arachnid. 2002: Beeper. 2004: 12 Days of terror.


Second volet d'une franchise aussi lucrative qu'Halloween, Saw ou encore Vendredi 13, la Revanche de Freddy jouit d'une certaine forme d'originalité si on se réfère aux thématiques de la possession sous l'angle de la métaphore et de la psychanalyse que les critiques de l'époque ont préféré occulter en se focalisant sur ses défauts. Car même si les protagonistes juvéniles souffrent d'un manque d'expressivité, voirs font preuve d'outrance gestuelle (l'acolyte de Jesse) et d'absence de bagage culturel, l'idée de la possession démoniaque que le croquemitaine s'empresse d'habiter auprès d'un d'ado à l'homosexualité refoulée ne manque ni d'intérêt ni de surprise en filigrane métaphorique. Ce qui aboutira d'ailleurs à une impressionnante métamorphose à base de latex que l'on contemple aujourd'hui d'un oeil aussi fasciné qu'amusé.


D'autres séquences chocs parfois gores sont également assez réussies grâce au savoir-faire artisanal des spécialistes en maquillage et du dynamisme du montage (même si parfois maladroit lors de certaines confrontations) alors que d'autres demeurent malsaines, malaisantes (la violente agression de la péruche, les 2 p'tits chiens à tête humaine). Ainsi, outre la psychologie plutôt dérisoire des personnages (tant auprès des ados, dont la cruche du héros, que des parents gogos à rabâcher la morale à leur rejeton) et son cheminement narratif somme toute classique, la Revanche de Freddy parvient à divertir, aussi modeste soit l'ambition de Jack Sholder. On peut d'ailleurs rappeler que ce dernier nous eut tout de même fourni durant sa maigre carrière les classiques Alone in the Dark et Hidden ainsi que l'excellent téléfilm 12h01: Prisonnier du temp. Et donc grâce à un certain savoir-faire dans l'efficacité du rythme homérique (les multiples séquences de cauchemar se fondent impunément dans la réalité quotidienne jusqu'au fameux carnage que Freddy opère en point d'orgue), d'une attrayante photo influencée par la BD et de son angoisse parfois palpable, La revanche de Freddy distrait le spectateur sous l'impulsion d'un Robert Endglund encore impressionnant, fascinant, voir même terrifiant de par sa posture spectrale (parfois grâce aux plans serrés), ses réparties persifleuses et sa force tranquille à molester ses victimes avec provocation décomplexée.


Plaisir innocent du samedi soir récupéré d'une intelligente analogie sur l'homosexualité auquel le métrage fait souvent allusion, La revanche de Freddy se suit étonnamment sans déplaisir de par son charme Bisseux (tout du moins aujourd'hui) et diffuse même par instants une fascination morbide auprès de la présence charismatique de Robert Englund en croquemitaine punitif endossant ici le "double gay" de son partenaire juvénile incapable d'assumer son homosexualité, comme le souligne d'ailleurs le clifhanger final que l'on prétendait (à tort) gratuit ou nonsensique. Il est donc temps de réévaluer cette habile séquelle plus intelligente qu'elle n'y parait si on parvient à y extraire un second niveau de lecture psychanalytique assez ironique, audacieux même, limite parodique en somme quant au destin précaire de Jesse plombé par l'ambiguité de son indentité sexuelle. 

* Bruno
15.12.23. 4èx. Vostfr

mercredi 28 février 2018

YOR, LE CHASSEUR DU FUTUR

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Il mondo di Yor" d'Anthony M. Dawson. 1983. Italie/France/Turquie. 1h28. Avec Reb Brown, Corinne Cléry, Carole André, Aytekin Akkaya, Luciano Pigozzi

Sortie salles France: 24 Août 1983. Italie: 10 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Aberration filmique symptomatique des prods italiennes plagiant tous azimuts les récents succès ricains des années 80 avec un budget low-cost, Yor, le chasseur du futur ose la gageure de communier la Guerre du Feu avec Star Wars. Réalisé par le vétéran Antonio Margheriti (excusez du peu !), cette série Z compile à rythme assez fertile actions corporelles (tant auprès de guerriers hostiles que de créatures dantesques) et rebondissements saugrenues, faute d'un script abracadabrantesque écrit par un cerveau infantile (son inspiration émane d'ailleurs d'une lointaine bande-dessinée argentine parue en 1974). L'action aussi dépaysante qu'édénique (certains panoramas naturels sont franchement fantasmatiques !) se déroule sous l'ère préhistorique (du moins c'est ce que de prime abord on essaie de nous faire croire). Yor, preux guerrier réputé par sa bravoure vole au secours de tribus dociles incessamment persécutés par des créatures préhistoriques et méchants cro- magnon affublés de dépouilles de vison. A la recherche de ses origines en compagnie de son vieil ami Pag et de sa maîtresse Ka-Laa, il finit par rencontrer des androïdes du futur venus le kidnapper selon la mégalomanie de l'empereur Overlord. Exubérant, improbable et ridicule sans une once de complexe (d'où son attrait grotesque souvent irrésistible), Yor le Chasseur du futur nous plonge de prime abord dans des aventures primitives lorsque celui-ci renchérit les confrontations musclées avec ses rivaux lors d'une première partie assez redondante mais gentiment ludique.


L'aspect risible des bastons maladroitement exécutées, rehaussées de la mine impayable des acteurs inexpressifs (mention spéciale au blondinet Reb Brown dans le corps gringalet de Yor !) provoquant une cocasserie involontaire comme seuls les italiens ont le secret. On peut également souligner la niaiserie truculente des romances que se partage notre héros auprès de deux potiches aussi radieuses que rivales. Mais c'est véritablement lors de sa seconde partie que Yor... prend son envol pour nous embarquer dans un space opera de pacotille (le décor se limitant souvent au dédale d'un hangar industriel) à renfort de rayons lasers, gadgets électroniques et cascades acrobatiques ! Sur ce dernier point, une séquence anthologique digne du cirque Pinder vous provoquera assurément l'hilarité lorsque le vieux Pag décide de porter secours à Yor par la puissance de sa vélocité ! Cabotinant à tout va, nos gentils héros drapés de peaux animales et les méchants figurants accoutrés de combinaisons dignes de Temps X se disputent le pouvoir avec un sérieux inébranlable. Et ce sous l'impériosité d'un Dark Vador patibulaire surjouant avec une emphase renfrognée ! Et donc sous l'impulsion de règlements de compte récréatifs et de rebondissements hallucinés, l'aventure (inopinément) futuriste adopte une tournure débridée à la fois folingue et moralisatrice. Dans le sens où le progrès de la science pourrait bien mener à notre perte dans un proche avenir !


Rivalisant de près avec les meilleures réussites transalpines du genre (l'inégalé 2019, après la chute de New-York, Atomic Cyborg, les Rats de Manhattan, le Gladiateur du Futur, Les Nouveaux Barbares ou encore les Guerriers du Bronx), Yor, le chasseur du Futur s'entiche d'un scénario suffisamment couillu et azimuté (pour ne pas dire vrillé !), et d'une galerie d'attachants seconds-couteaux (joviaux) pour nous distraire fréquemment avec un second degré stimulant. A redécouvrir avec une pincée de nostalgie, faute d'une époque révolue aussi bien généreuse qu'intègre quelque soit les moyens précaires alloués. 

* Bruno
3èx

mardi 27 février 2018

LE RENARD. Golden Globe du Meilleur Film Etranger 1968

                                       Photo empruntées sur Google, appartenant au site stalkerjany.blogspot.fr

"The Fox" de Mark Rydell. 1967. U.S.A. 1h54. Avec Sandy Dennis, Anne Heywood, Keir Dullea, Glynne Morris.

Sortie salles France: 31 Juillet 1968 (Int - 18 ans). Canada: 13 Décembre 1967

FILMOGRAPHIEMark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.


Rareté introuvable ou presque si je me réfère à la générosité du blog Warning Zone de me l'avoir fait découvrir (même si dans un contexte aléatoire), Le Renard constitue à mes yeux une merveille de thriller psychologique dont l'atmosphère feutrée et son décor exigu peuvent rappeler par instants l'étonnant (et aussi méconnu) La Petite fille au bout du chemin, le chef-d'oeuvre l'Obsédé, ou plus reconnaissable, l'étrange et envoûtant Zombie venu d'ailleurs si bien qu'il s'agit (à ma surprise) de la déclinaison horrifique de l'oeuvre susnommée ! Et on peut dire qu'en terme de 1er essai derrière la caméra, Mark Rydell (réal discret mais pour autant notoire des célèbres The Rose, La Maison du Lac et de la Rivière) surprend par sa direction d'acteurs affûtée et l'inventivité de sa mise en scène (tels les divers angles dont s'impose le montage auprès de l'abattage d'un arbre) autopsiant un triangle amoureux assez tabou pour l'époque (raison pour laquelle le film fut interdit aux - de 18 ans dans l'hexagone). Recluses dans leur ferme, Jill et Ellen vivent communément une tendre complicité à l'abri des regards indiscrets. Si Jill ne cache pas sa tendresse auprès de sa compagne (en dépit de sa frigidité), Ellen commence à souffrir de sa solitude, notamment faute d'une frustration sexuelle. Alors qu'un renard rode régulièrement auprès de leur poulailler, un autre spécimen aussi rusé vient frapper un soir à leur porte pour leur solliciter l'hospitalité. Au fil des jours de complicité amicale, leur relation s'amenuise un peu plus lorsque l'inconnu finit subitement par avouer son amour auprès 
d' Ellen. 


Drame psychologique à la fois rugueux, douloureux et intense autour d'une lutte des sexes, Le Renard parvient avec un réalisme trouble à nous immerger dans les liaisons dangereuses d'un trio possessif en éveil d'affirmation. Le réalisateur dressant du point de vue masculin le portrait d'un machiste assez perfide pour parvenir à ses fins. Mais au-delà de l'aspect antipathique de cet unique personnage plutôt phallocrate, le Renard extériorise son potentiel dramatique dans la relation équivoque qu'entretient le couple de lesbiennes sexuellement refoulées. En abordant avec pudeur les thèmes de l'amour, du désir sexuel, de la jalousie et de la possessivité, le Renard s'alloue dès les prémisses d'un climat de déréliction ensorcelant au fil d'une intrigue progressivement poignante et oppressante. Les deux comédiennes superbement dépeintes entre révolte sentimentale et complexité morale parvenant à distiller une franche compassion auprès de leur amour conflictuel où le désespoir gagne un peu plus du terrain. Le cheminement narratif, incertain et hésitant auprès de leurs choix sentimentaux et de crainte de trahison, adoptant une tournure autrement plus grave de conséquences en second acte lorsque ces dernières vont enfin librement assumer leur saphisme depuis les intimidations du prédateur.


Oeuvre maudite si j'ose dire, de par son invisibilité et son absence de gratitude (en dépit de son Golden Globe du Meilleur Film étranger décerné un an après sa sortie), Le Renard demeure une perle rare de romance vénéneuse sous couvert d'un drame intimiste aussi cruel que bouleversant (l'épilogue glaçant imprégné d'amertume nous restant en travers de la gorge). Mais au-delà de son climat de langueur résolument envoûtant (rehaussé de la mélodie fragile de Lalo Schifrin), on peut saluer le jeu naturel du casting parvenant à nous familiariser auprès de leur accointance avec une dimension humaine malingre. Le trio assez insidieux endossant la fonction d'amants infortunés avides de sentiments depuis leur requête éperdue du désir sexuel, de l'équilibre moral et de la sécurité pécuniaire. A découvrir d'urgence ! 

* Bruno

lundi 26 février 2018

AU REVOIR LA HAUT

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Albert Dupontel. 2017. France. 1h57. Avec Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Nahuel Pérez Biscayart, Niels Arestrup, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry.

Sortie salles France: 25 Octobre 2017.

FILMOGRAPHIEAlbert Dupontel (Philippe Guillaume) est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). 1992 - Désiré (court-métrage). 1996 - Bernie. 1999 - Le Créateur. 2006 - Enfermés dehors. 2009 - Le Vilain. 2013 - 9 mois ferme. 2017 - Au revoir là-haut.


Auréolé d'une réputation flatteuse chez la critique et les spectateurs si bien qu'il engrange 2 021 654 entrées sur notre territoire, Au revoir là haut est sans doute l'oeuvre la plus ambitieuse de Dupontel, nouvelle fois acteur et réalisateur. Pamphlet anti militariste bouleversant autour de l'amour impossible entre un père et son fils (thématique centrale du film), Au revoir là haut distille une émotion aussi bien contenue qu'épurée au travers de quelques situations d'intimité d'une riche intensité dramatique. Dupontel, réalisateur, filmant avec brio incontesté une reconstitution historique plus vraie que nature, à l'instar de son prologue belliqueux s'efforçant de retranscrire sans fioriture les horreurs du front. En dehors de son brio technique et formel (les splendides décors et la photo sont flamboyants), Au revoir là haut parvient à captiver et à entretenir l'expectative grâce à la densité d'un scénario dramatique faisant honneur à un trio de personnages en marge de la société.


Prisonnier d'un trou d'obus et sur le point de périr étouffé, Albert est sauvé in extremis par son compagnon Edouard, au moment même où ce dernier est éjecté par l'explosion d'une grenade. La mâchoire arrachée, il est placé à l'hôpital en attendant une épineuse convalescence. Envisageant le suicide, car honteux de rentrer au bercail face à l'autorité d'un père castrateur, Albert lui propose de se faire passer pour mort en usurpant l'identité d'un tiers. Emménagés ensemble dans un foyer parmi la compagnie d'une fillette orpheline, Edouard, dessinateur ambitieux, propose à Albert de monter une transaction illégale dans le secteur de la pub. A savoir façonner une revue compilant des dessins de monuments de morts pour les promouvoir auprès de notables. 


Drame historique saupoudré de poésie et d'humour noir, Au revoir là haut nous propose un spectacle assez baroque sous la mainmise de Dupontel aussi à l'aise devant que derrière la caméra. Ce dernier complètement impliqué dans son projet s'efforçant de soigner le fond et la forme avec un amour évident pour le cinéma le plus authentique. A savoir communier divertissement et film d'auteur parmi l'efficacité d'un rythme habilement soutenu et la caractérisation de personnages d'une fragilité jamais démonstrative. Faisant donc preuve d'une grande pudeur pour y dresser leur portrait torturé ou démuni, Albert Dupontel parvient à faire naître une vibrante émotion parfois difficilement gérable. Notamment grâce à sa substantialité narrative à la fois imprévue, légère et grave sublimant les  portraits de marginaux infortunés victimes des aléas de la guerre.


Au final, Dupontel, acteur borderline et réalisateur avisé pétri d'amour pour l'art et ses personnages (magnifiquement esquissés), nous offre avec Au revoir là haut une oeuvre désenchantée d'une tendresse finalement sensitive (certaines séquences faisant office d'anthologie émotionnelle !) abordant avec originalité les thèmes du trauma de la guerre, de l'injustice de destins brisés, des relations parentales conflictuelles, du pardon, de l'espoir, de la clémence et de l'aubaine sous l'apparat d'une poésie aussi candide qu'abstraite. Du cinéma fort, beau et cruel, qui restera dans les mémoires.  

* Bruno