jeudi 15 février 2018

VALERIE AU PAYS DES MERVEILLES. Grand Prix Festival de Bergame, 1970.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Valerie a týden divů" de Jaromil Jireš. 1970. Tchécoslovaquie. 1h17. Avec Jaroslava Schallerová, Helena Anýzová, Petr Kopriva, Jirí Prýmek, Jan Klusák, Libuse Komancová.

Sortie salles France: 23 Février 1972. Tchécoslovaquie: 16 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLEJaromil Jireš est un réalisateur et scénariste tchécoslovaque né le 10 décembre 1935 à Bratislava, décédé le 26 octobre 2001 à Prague (République tchèque).1958 : Horecka. 1959 : Strejda. 1960 : Stopy. 1960 : Sál ztracených kroku. 1962 : Don Spagát. 1963 : Le Premier Cri (Krik). 1965 : Srub. 1966 : Obcan Karel Havlícek. 1965 : Les Petites Perles au fond de l'eau. 1967 : Hra na krále. 1968 : Don Juan 68. 1969 : Tribunál. 1969 : Dedácek. 1969 : La Plaisanterie (Zert). 1970 : Valérie au pays des merveilles. 1972 : ...a pozdravuji vlastovky. 1973 : Leoš Janáček (TV). 1973 : Kasar. 1974 : Il Divino Boemo. 1977 : Talíre nad Velkým Malíkovem. 1978 : Mladý muz a bílá velryba. 1979 : Causa králík. 1980 : Úteky domu. 1980 : Svet Alfonse muchy. 1984 : Prodlouzený cas. 1984 : Katapult. 1985 : Milos Forman - Das Kuckucksei (TV). 1987 : Sidney Lumet: I Love New York (TV). 1987 : Po zarostlem chodnícku. 1987 : F. Murray Abraham (TV). 1991 : Beschreibung eines Kampfes. 1991 : Labyrinth. 1992 : Rekviem za ty, kteri prezili. 1992 : Hudba a víra (TV). 1992 : Hudba a bolest (TV). 1994 : Helimadoe. 1995 : Ucitel tance. 1999 : Dvojrole.


Diamant culte natif de la Tchécoslovaquie, Valérie au pays des Merveilles transfigure les composants de la féerie et du fantastique macabre par le biais d'une allégorie sur la perte de l'innocence. Dénué de compréhension, faute d'une intrigue hermétique sans fil conducteur (ou alors si peu); Valérie... se vit et se contemple à l'instar d'un rêve éveillé que l'héroïne chrysalide fantasme lors d'un enchaînement de situations érotiques tantôt capiteuses, tantôt scabreuses. Abordant avec audace et provocation (mais sans aucune complaisance) les thèmes du saphisme et les tabous de l'échangisme (vaguement allusif), de l'hébéphilie et de l'inceste (l'héroïne semble perturbée, pour ne pas dire traumatisée par des parents sexuellement abusifs, en prime de son frère épris de sentiments pour elle), Jaromil Jireš privilégie une fulgurance formelle pour nous envoûter la vue et l'ouïe au rythme des mélodies classiques (oh combien entêtantes !) de Luboš Fišer. Chaque plan résolument pictural oscillant la sensualité candide et le symbolisme mortifère si bien que Lubos Fiser ne laisse rien au hasard auprès de l'architecture des décors domestiques ou de sa nature épure semblable au jardin d'Eden. A ce titre, Valérie au pays des merveilles demeure l'une des oeuvres les plus génialement décorées de l'histoire du cinéma doublée d'une expérience (assez) sensorielle à la fois fascinante et déroutante. Car difficile d'accès, son rythme sporadique peine malgré tout à intensifier les situations les plus folles ou délétères (notamment auprès d'une religion véreuse nantie de pulsions sexuelles déviantes). Mais pour autant, grâce à la puissance évocatrice de ses images fantasmatiques et à la beauté opaline de la troublante comédienne Jaroslava Schallerová (sobrement hantée par son rôle !), Valérie au pays des Merveilles nous illumine les yeux lors d'un maelstrom d'émotions aussi bien diaphanes que lascives.


Fort de sa fulgurance fantasmagorique que le cinéaste (méconnu chez nous) est parvenu à matérialiser sous l'oeil de sa caméra charnelle, Valérie au pays des merveilles constitue une expérience cinégénique à la fois concupiscente et déconcertante. De par son climat d'étrangeté indicible dépassant notre raison et d'un florilège d'images érotiques qu'une adolescente en éveil sexuel tente maladroitement d'apprivoiser dans sa psyché névrosée. Quoiqu'il en soit, ce Fantastique auteurisant ne peut laisser personne indifférent comme l'a justement prôné son Grand Prix au Festival de Bergame l'année même de sa sortie historique. 

* Bruno

mercredi 14 février 2018

FASTER, PUSSYCAT ! KILL ! KILL !

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site commons.wikimedia.org

de Russ Meyer. 1965. U.S.A. 1h23. Avec Tura Satana, Haji, Lori Williams, Susan Bernard, Stuart Lancaster

Sortie salles France: 24 Avril 1985. U.S: 6 Août 1965

FILMOGRAPHIE: Russell Albion Meyer (né le 21 mars 1922 à Oakland en Californie et mort le 18 septembre 2004 à Hollywood Hills en Californie) est un réalisateur, scénariste et photographe américain. 1950: The French Peep Show. 1959: L'Immoral Mr. Teas. 1959: This Is My Body. 1960: Naked Camera. 1961: Ève et son homme à tout faire. 1961: Erotica. 1962: Wild Gals of the Naked West ou The Immoral West and How It was Lost. 1963: Europe in the Raw. 1963: Heavenly Bodies! 1963: Skyscrapers and Brassieres. 1964: Lorna, l'incarnation du désir. 1964: Fanny Hill. 1965: Le Désir dans les tripes. 1965: Motorpsycho. 1965: Faster, Pussycat! Kill! Kill! 1966: Mondo Topless. 1967: L'Ile des Désirs. 1967: Bonjour les Filles. 1968: À corps perdu. 1968: Vixen. 1969: Cherry, Harry and Raquel. 1970: La Vallée des Plaisirs. 1971: The Seven Minutes. 1972: Serpent noir. 1975: Supervixens.1976: Mega Vixens. 1978: Who Killed Bambi? 1979: Ultra Vixens. 2001: Pandora Peaks.


B movie culte au sens étymologique, Faster pussycat ! Kill ! Kill ! est un immense défouloir de mauvais goût assumé, de violence gratuite et d'immoralité putassière ! J'imagine donc le choc que la génération 60 eut pu éprouver face au contenu si transgressif, ultra provocateur du spectacle de samedi soir qu'elle fréquentait comme de coutume dans les drive-in. Magnifiquement filmé dans un noir et blanc stylisé et baignant dans un climat à la lisière de l'irréel, Russ Meyer nous compile des cadrages iconiques que d'autres cinéastes s'inspireront par la suite (Tarantino évidemment auquel ce dernier voue un véritable culte et compte depuis toujours en réaliser une déclinaison polychrome !). Quand à l'intrigue excentrique, bête et foncièrement méchante, elle ne s'avère qu'un prétexte pour mettre en exergue les affrontements impérieux d'un trio de femmes criminelles que l'on croiraient sorties d'une bande-dessinée pour adultes. 


Russ Meyer vouant en prime un fétichisme pour ses bimbos plantureuses (poitrine opulente à l'appui !) avides de liberté, de vitesse et de vindicte sur les machistes égrillards. Et pour cause, après avoir froidement assassiné un jeune pilote de course et kidnappé sa compagne, nos donzelles (elles se prennent franchement pour le centre du monde !) poursuivent leur périple dans le désert pour tenter de soutirer le magot d'un trio de mâles aussi marginaux. A une exception près tant et si bien que l'un d'eux parviendra tout de même à s'improviser redresseur de torts lors de confrontations aussi musclées que sauvages. Laissant libre court à un déchaînement de violence triviale rehaussé de réparties aux allusions souvent salaces, Faster Pussycat... se condense en jeu de massacre entre mâles et femelles avec une dérision résolument sardonique. Si bien que le spectateur, à la fois déconcerté, dépaysé, amusé, choqué, s'étonne parfois de la frénésie un peu crue de certaines exactions d'une inventivité incongrue. Je songe par exemple à la tentative de meurtre du mastard psychotique tentant de repousser par la simple force de ses poignées un bolide enragé patinant sur le sable pour s'efforcer de l'écraser ! Une séquence improbable parvenant à rendre crédible et terriblement intense une situation dégénérée de guérilla des sexes !


Femmes Criminelles !
Follement déjanté, décomplexé, vulgaire, fun, débridé, pervers, sexy, Faster, Pussycat! Kill ! Kill ! redéfinit le terme "culte" avec une personnalité infiniment insolente. Si bien qu'en l'occurrence on reste surpris par son incroyable modernité, tant auprès de son esthétisme fétichiste que de sa liberté de ton militant avec une ironie provocatrice pour le féminisme le plus totalitaire. Bref, ni plus ni moins un chef-d'oeuvre de subversion, vrillé et cartoonesque, à la facture rétro hyper distinguée ! 

* Bruno
2èx

mardi 13 février 2018

L'INCROYABLE HOMME PUMA

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmtv.it

"L'uomo puma" d'Alberto De Martino. 1980. Italie. 1h35. Avec Walter George Alton, Donald Pleasence, Miguel Angel Fuentes, Sydne Rome, Silvano Tranquilli.

Sortie salles France: 10 Décembre 1980. Italie: 14 Février 1980

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Alberto De Martino (né le 12 juin 1929 à Rome) est un réalisateur italien. Il utilise parfois le pseudonyme de Martin Herbert. 1963: Persée l'invincible. 1964: La Maison de la terreur.1964 : Le Triomphe d'Hercule. 1964 : Les Sept invincibles. 1966 : Django tire le premier. 1967 : Opération frère Cadet. 1968 : Rome comme Chicago. 1969 : Perversion. 1972 : Le Nouveau boss de la mafia. 1974 : L'Antéchrist. 1977 : Holocauste 2000. 1980: L'Homme Puma.


Le premier (et dernier) film de super-héros aztèque de l'histoire du ciné (spaghetti) !

Nanar transalpin résigné à nous offrir sans aucune prétention sa version de Superman de par ses moyens désargentés, L'Homme Puma est une aberration filmique comme seuls les italiens savaient en produire à l'orée des eighties. L'intrigue risible est à elle seule une grosse blague de comptoir ! Jugez en ! Après avoir dérobé un masque aztèque capable de contrôler les esprits, le docteur Kobras compte dominer la terre s'il parvient à démasquer l'homme puma issu de nationalité ricaine. Grâce à l'aide d'un indien pacifiste l'incitant à découvrir sa véritable identité, Tony Farms parvient à extérioriser ses pouvoirs surnaturels en tombant du haut d'un immeuble. C'est alors que ce dernier dénué de blessures corporelles parvient ensuite à voler dans les airs par sa simple faculté psychique ! Transformé en super-héros (de carnaval), il part à la recherche du masque d'or que détient donc l'insidieux Kobras délibéré à ne surtout pas se laisser intimider !


Série Z impayable au scénario à la fois grotesque et nonsensique (pirouettes narratives en sus pour pallier son cheminement trivial !), comme le relèvent ses têtes d'affiche hilarantes (outre les attachantes présences de Walter George Alton en super-héros apprenti et du mexicain mastard Miguel Angel Fuentes en faire-valoir altruiste, on se demande ce qu'est venu faire ici notre éminent Donald Pleasance en méchant nanti d'une combinaison latex SM !), l'Homme Puma parvient à divertir avec une simplicité souvent irrésistible. Chacune des envolées homériques de notre super-héros en herbe nous insufflant des sentiments contradictoires, entre consternation et fascination. Et ce de par l'aspect dérisoire de ces FX influencés par Méliès (alors que l'on finit réellement par croire à sa faculté volatile !) et par la posture ballot de celui-ci en quête de surpassement héroïque. Ce dernier s'agrippant et se débattant dans les airs en lieu et place d'un cours de natation, quand bien même en intermittence il parvient à voltiger, bondir (à l'aide d'un trampoline invisible) et disparaître à travers les murs comme pouvait l'opérer Bourvil dans Garou, Garou le passe-muraille ! Ces séquences d'un autre temps, rehaussées d'une mélodie entêtante que n'aurait renié le club Dorothée s'avérant la principale attraction du divertissement singulier. Et comme convenu dans ce genre de bisserie où le ridicule des situations (celle de résister au pouvoir télépathique du masque que les gentils endurent fébrilement) laisse transparaître la vibrante sincérité de nous amuser, on peut aussi compter sur la verve fréquemment hilarante des comédiens exprimant leurs répliques avec un sérieux attendrissant.


Sidérant de naïveté, de maladresse et d'incohérence autour d'un script résolument extravagant, mais épatant au niveau du spectacle décérébré alignant à rythme fertile action, anticipation et cocasserie (involontaire) afin de divertir la famille (si j'ose dire car on se demande quelle cible les auteurs ont bien pu préconiser), l'Homme Puma imprime de sa personnalité typiquement transalpine un film de super-héros anthologique de par sa poésie déjantée difficilement gérable. Car croyez moi, il faut le voir pour le croire si bien que tout cinéphile averti se doit de le découvrir au moins une fois dans sa vie ! 

* Bruno
2èx 

lundi 12 février 2018

THE RITUAL

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de David Bruckner. 2017. U.S.A. 1h35. Avec Rafe Spall, Rob James-Collier, Arsher Ali, Sam Troughton, Paul Reid, Matthew Needham.

Inédit en salles en France. Sortie U.K: 13 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: David Bruckner est un réalisateur et scénariste américain. 2017: Le Rituel. 2015: Southbound. 2012: V/H/S (segment "Amateur Night").  2011: Talk Show (Short). 2007: The Signal.


Empruntant la démarche éculée du Survival forestier initié par Délivrance, Rituals, Survivance et Sans Retour pour citer les plus notoires, The Ritual parvient efficacement à renouveler son concept connu grâce à l'intrusion du surnaturel. A ce titre, la dernière demi-heure haletante et terrifiante parvient à télescoper appréhension et malaise (celle de la peur de mourir de la manière la plus primitive !) avec une fascination morbide. Car sans dévoiler les tenants et aboutissants de l'intrigue obscure, David Bruckner (réalisateur des sympathiques The Signal et Southbound), soigne ses effets spéciaux pour nous convaincre d'une apparition dantesque avec un réalisme tantôt onirique. D'une simplicité extrême, le pitch suit l'itinéraire de 4 amis partis en forêt le temps d'un week-end. Au préalable, et par le biais d'un flash-back, nous apprenons que l'un d'eux fut témoin de la mort d'un de ses camarades lors du braquage d'une épicerie, et ce sans pouvoir lui porter assistance. Egarés en pleine forêt, ils se sentent rapidement épiés par une menace invisible, quand bien même le lendemain d'une nuit agité, ils restent traumatisés par leur cauchemar commun plus vrai que nature.


Epreuve de force à la fois physique et morale du point de vue d'un touriste hanté par sa culpabilité d'une éventuelle lâcheté, The Ritual sera son défi à transcender ses peurs et ainsi pouvoir se racheter une conduite. Efficacement mené grâce à l'autorité de comédiens dépouillés nantis d'un charisme ordinaire, et de l'intelligence du metteur en scène à crédibiliser des situations 1000 fois vues ailleurs (on reste d'autre part surpris du sort des protagonistes lorsque la prochaine victime n'est pas celle que l'on croyait), The Ritual dilue une angoisse sous-jacente assez captivante. De par l'exploitation de sa végétation crépusculaire retranscrite avec un réalisme naturel que les protagonistes arpentent avec une inquiétude contagieuse. Le spectateur observant leurs pérégrinations avec cette même sensation d'isolement et d'appréhension, tant et si bien que la menace quasi invisible s'avère difficilement explicable. Grâce à l'intensité des situations dramatiques faisant évoluer nos héros vers une paranoïa progressive, The Ritual éveille notre attention à connaître le fin mot de l'énigme. Ce qui nous amène à fréquenter sa dernière partie insidieuse et sardonique avec une certaine originalité. Et ce sans vous dévoiler de quels films le cinéaste s'est ouvertement inspiré sans pour autant plagier bêtement ses confrères. Un final assez renversant qui parvient à nouveau à convaincre dans son approche ésotérique, notamment grâce au charisme patibulaire de seconds-rôles plus vrais que nature.


Production modeste d'une sincérité indiscutable pour l'amateur aguerri; The Ritual renoue efficacement avec la série B adulte (point de teenagers décervelés à l'horizon !) pour relancer avec savoir-faire la machine de l'angoisse et de l'effroi. L'oeuvre esthétiquement soignée parvenant surtout à implanter un climat d'insécurité assez malsain, notamment par le biais d'une bande-son limpide, quand bien même l'émotion parfois poignante perce chez les visages meurtris au détour d'une mélodie discrètement fragile. Une bonne surprise à découvrir.  

Ci-joint la chronique de l'excellent et oublié Rituals: http://brunomatei.blogspot.com/2011/03/rituals-creeper_1287.html

* Bruno

vendredi 9 février 2018

FANTOMAS CONTRE SCOTLAND-YARD

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de André Hunebelle. 1967. France/Italie. 1h41. Avec Jean Marais, Raymond Pellegrin, Louis de Funès, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Henri Serre, Jean-Roger Caussimon.

Sortie salles France: 16 Mars 1967

FILMOGRAPHIE: André Hunebelle est un maître verrier et réalisateur français, né le 1er Septembre 1896 à Meudon (Hauts-de-Seine), décédé le 27 Novembre 1985 à Nice. 1948: Métier de fous. 1949: Millionnaires d'un Jour. 1949: Mission à Tanger. 1950: Méfiez vous des Blondes. 1951: Ma Femme est formidable. 1952: Massacre en dentelles. 1952: Monsieur Taxi. 1953: Les Trois Mousquetaires. 1953: Mon Mari est merveilleux. 1954: Cadet Rousselle. 1955: Treize à table. 1955: l'Impossible Monsieur Pipelet. 1956: Casino de Paris. 1956: Mannequins de Paris. 1956: Les Collégiennes. 1957: Les Femmes sont marrantes. 1958: Taxi, roulotte et Corrida. 1959: Le Bossu. 1959: Arrêtez le massacre. 1960: Le Capitan. 1961: Le Miracle des Loups. 1962: Les Mystères de Paris. 1963: Oss 117 se déchaîne. 1963: Méfiez vous Mesdames. 1964: Banco à Bangkok pour Oss 117. 1964: Fantômas. 1965: Furia à Bahia pour Oss 117. 1965: Fantômas se déchaîne. 1967:   Fantômas contre Scotland Yard. 1968: Pas de roses pour Oss 117. 1968: Sous le signe de Monte-Cristo. 1971: Joseph Balsamo. 1974: Les Quatre Charlots Mousquetaires. 1974: Les Charlots en Folie: A nous quatre Cardinal ! 1978: Ca va faire tilt.


Troisième et dernier opus toujours réalisé par André Hunebelle en dépit de l'avortement de son  Fantômas à Moscou, 4è volet n'ayant jamais percé faute des dissensions entre Marais et De Funès, Fantômas contre Scotland Yard s'avère aussi réussi que ses prédécesseurs. Quand bien même certains fans n'hésitent pas à le considérer comme le meilleur opus, ou tout du moins le plus fun et hilarant. Infiltré en Ecosse, Fantômas a pour nouvelle ambition d'extorquer les plus grands milliardaires de la planète par le biais d'un impôt sur le droit de vivre. Dépêchés sur les lieux au sein du château du richissime Mac Rashley, le commissaire Juve, son adjoint Michel, le journaliste Fandor et sa fiancée Mylène élaborent un nouveau plan afin d'alpaguer Fantômas. Mais ce dernier expert en l'art du camouflage finit par emprunter l'identité du Lord Rashley afin de dérober les fortunes et ridiculiser (comme de coutume) ses ennemis.


Enchaînant à rythme alerte action, aventures et comédie au gré d'une intrigue fertile en rebondissements, quiproquos et péripéties chevaleresques; Fantômas contre Scotland Yard fait aujourd'hui appel à certains codes du cinéma d'épouvante autour d'un manoir (potentiellement) hanté. Juve constamment brimé par son rival finissant par se convaincre de l'existence des fantômes depuis que ce dernier renchérit les disparitions de cadavres. Certaines séquences déjantées faisant office d'anthologie lorsque De Funès est envahi de visions macabres (les fameux pendus plafonnant à deux reprises sa chambre) et ce jusqu'à ne plus pouvoir distinguer le rêve de la réalité (il faut le voir brasser l'air de sa chambre avec ses mains afin de se convaincre qu'un ectoplasme ne s'y trouve pas). Faisant notamment intervenir une bande de gangsters aussi cupides que Fantômas afin de relancer l'intensité des enjeux, le récit cumule les situations débridées sous l'impulsion d'un humour noir beaucoup plus prononcé qu'auparavant, quand bien même en intermittence, Hunebelle a l'habile idée de délocaliser l'action (exiguë) dans la nature d'une chasse à courre riche en zizanie. 


Toujours aussi drôle et ludique (De Funès et les seconds-rôles continuant d'assurer le show avec fringance), inventif et spectaculaire (Jean Marais élaborant à nouveau ses cascades en dépit de ces 50 printemps !), Fantômas contre Scotland Yard clôt en beauté sa saga populaire sous le pilier d'une structure narrative extravagante et d'un climat gothique inopinément inquiétant (le décorateur sera d'ailleurs recruté quelques années plus tard sur le plateau d'un James Bond, Moonraker). 

Fantomas: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/10/fantomas.html
Fantômas se déchaîne: http://brunomatei.blogspot.fr/…/01/fantomas-se-dechaine.html

* Bruno
2èx

jeudi 8 février 2018

LE SANG DES HEROS

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

"The Blood of Heroes" de David Webb Peoples. 1989. 1h30. Avec Rutger Hauer, Joan Chen, Vincent D'Onofrio, Delroy Lindo, Gandhi MacIntyre.

Sortie salles France: 20 Février 1991. U.S: 23 février 1990 

FILMOGRAPHIEDavid Webb Peoples est un scénariste, monteur, réalisateur et producteur américain né le 9 février 1940 à Middletown dans le Connecticut. 1969 : How We Stopped the War (Doc court). 1989 : Le Sang des héros.


Personne ne se souvient plus de l'âge d'or du 20è siècle, ni de sa technologie, ni de la guerre qui a suivi. Personne ne sait plus quand le Jeu a commencé, ni pourquoi les joueurs se servent d'un crane de chien. 

Film maudit s'il en est, de par son invisibilité depuis sa discrète sortie salles (mais aussi Vhs !) et sa réputation timorée auprès de quelques fans, Le Sang des Héros empreinte la sobre démarche de la série B ludique avec une vibrante sincérité. Car surfant sur le filon du genre post-apo initié par la saga Mad-Max, Le Sang des Héros relate avec une grande simplicité le périple d'une poignée de combattants participant à un jeu sportif ultra violent, pour ne pas dire résolument barbare ! A savoir, l'affrontement physique entre deux équipes se disputant le crâne d'un chien pour l'empaler sur un piquet. Tous les coups les plus couards et brutaux étant permis si bien qu'aucune règle n'est exigée afin de renverser l'adversaire ! Autant dire que la brutalité des corps à corps nous impressionne couramment avec un réalisme assez cinglant. Le récit linéaire s'articulant autour des agissements héroïques de Sallow (Rutger Hauer, toujours aussi inquiétant et laconique dans celui d'un guerrier individualiste) et de ses acolytes (dont la nouvelle recrue Kidda en quête d'affirmation combative !) délibérés à multiplier les défis afin d'accéder aux marches d'un plus haut podium.


Celui formé par une ligue tenue secrète qui plus est confinée au fond d'une immense crevasse. D'une grande modestie au niveau des décors (sa scénographie désertique puis enfin romano-victorienne dans le repère caverneux rappelant étroitement le Dôme de Mad-Max 3 !) et de la participation d'attachants seconds-couteaux (Rutger HauerVincent D'Onofrio en guerriers impassibles), le Sang des Héros tire-parti de son intensité formelle grâce au talent du réalisateur s'efforçant de crédibiliser un univers aride de fin du monde évoluant autour d'un enjeu sportif. Ces nouveaux combats de gladiateurs s'avérant la principale distraction du peuple et la préoccupation de ses participants afin de se prouver une nouvelle raison d'exister. Autrement dit, c'est dans la sueur et le sang que chaque joueur tentent de redorer un sens à leur vie désoeuvrée au gré d'un code d'honneur bâti sur une performance héroïque. Outre l'aspect spectaculaire de ses nombreux combats homériques perpétrés à mains nues et à l'arme blanche, on apprécie autant en background son climat d'isolement et de désespoir que les protagonistes extériorisent de façon sous-jacente lors de leur moment d'intimité (notamment les relations assez ternes entre couples en herbe) et de leur cheminement de survie.


Captivant et immersif de par sa scénographie décharnée prédominante (aussi limités soient les décors habilement suggérés) et empathique auprès de la caractérisation à la fois fragile et pugnace de ces héros de l'apocalypse, le Sang des Héros constitue un excellent spectacle épique et barbare que l'inconnu David Webb Peoples (il s'agit de son unique réalisation) retranscrit avec une franche sollicitude en dépit de l'aspect bricolé de sa réalisation. A découvrir impérativement auprès des fans de raretés post-nuke ! 

* Bruno

mercredi 7 février 2018

BIGFOOT ET LES HENDERSON.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Harry and the Hendersons" de William Dear. 1987. U.S.A. 1h51. Avec John Lithgow, Melinda Dillon, Don Ameche, David Suchet, Margaret Langrick.

Sortie salles France: 23 Décembre 1987. U.S: 5 Juin 1987

FILMOGRAPHIEWilliam Dear est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur canadien né le 30 novembre 1943 à Toronto (Canada).1975 : Nymph. 1976 : Northville Cemetery Massacre. 1981 : Elephant Parts (vidéo). 1981 : An Evening with Sir William Martin (vidéo). 1982 : Timerider. 1983 : Nick Danger in The Case of the Missing Yolk (vidéo). 1984 : Garry Shandling: Alone in Vegas (TV). 1985 : Doctor Duck's Super Secret All-Purpose Sauce. 1985 : Michael Nesmith in Television Parts (série TV). 1985 : Histoires fantastiques (série TV, épisode Papa, momie). 1987 : Bigfoot et les Henderson. 1991 : Espion junior. 1992 : Covington Cross (série TV). 1993 : The Hollywood Dog (série TV). 1993 : Journey to the Center of the Earth (TV). 1994 : Une équipe aux anges. 1997 : Beautés sauvages. 1999 : La Ferme aux ballons (TV). 2000 : Le Père Noël a disparu (TV). 2005 : School of Life (TV). 2006 : Evil Twins. 2008 : The Perfect Game. 2013 : "Angel et moi"


Sur leur chemin du retour d'une chasse aux lapins, la famille Henderson renverse avec leur véhicule le légendaire Bigfoot. Après réflexion, ils décident de le ramener dans leur bercail avant de se raviser et de le laisser en liberté. Mais bientôt, la rumeur d'une créature en fuite se propage dans leur bourgade. 


Comédie fantastique conçue pour les enfants auquel la génération 80 fut agréablement bercée, Bigfoot et les Henderson est un sympathique divertissement, aussi naïf et simpliste soit-il. Militant pour la cause animale et stigmatisant la chasse sous l'impulsion de citadins avides de la traque (d'autant plus qu'il s'agit d'une proie légendaire), l'intrigue prévisible festoie autour de l'amour et la solidarité familiales en y enseignant le respect de la faune et de la flore. Pour le point le plus qualitatif, on peut prôner l'incroyable qualité des trucages artisanaux confectionnés par Rick Barker afin de rendre le plus humain et réaliste possible une créature extravagante aux expressions (exagérément) attendrissantes. Ce dernier ayant été récompensé un an plus tard de l'Oscar du meilleur maquillage. Quant à la présence fortuite de John Lithgow dans un rôle à contre-emploi, il parvient aimablement à se prêter au jeu de la bonhomie dans celui d'un chasseur paternel (il l'enseigne à son fils dès le préambule) en voie de rédemption.


Pétri de bons sentiments et de gags gentiment loufoques, Bigfoot et les Henderson devrait ravir les enfants assurément fascinés par une attachante créature terriblement expressive ! Et ce en dépit d'une moisson de situations aussi bien mièvres que convenues que le spectateur adulte risquerait aujourd'hui de bouder faute du manque de personnalité de son auteur (un habitué des prods familiales consensuelles).    

* Bruno

Récompenses:
1987 : Genesis Award du meilleur film de comédie
1988 : Oscar du meilleur maquillage pour Rick Baker

mardi 6 février 2018

LES CHEVALIERS DU DEMON

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

"The Hellfire Club" de Monty Berman et Robert S. Baker. 1961. Angleterre. 1h35. Avec Keith Michell, Adrienne Corri, Peter Cushing, Peter Arne.

Sortie salles France: Janvier 1962. Angleterre: Février 1961

FILMOGRAPHIERobert S. Baker est un producteur, réalisateur et directeur photo britannique né le 17 octobre 1916 et mort le 30 septembre 2009. 1949 : Melody Club co-réalisé avec Monty Berman. 1950 : Blackout. 1952 : 13 East Street. 1953 : The Steel Key. 1956 : L'ennemi invisible. 1959 : Jack l'Éventeur co-réalisé avec Monty Berman. 1960 : The Siege of Sidney Street co-réalisé avec Monty Berman. 1961 : Les Chevaliers du démon co-réalisé avec Monty Berman. 1961 : Le Secret de Monte Cristo co-réalisé avec Monty Berman. Monty Berman est un producteur, réalisateur et directeur photo britannique né le 26 mars 1905 et mort le 14 juin 2006. 1959 : Jack l'Éventeur coréalisé avec Robert S. Baker. 1961 : Les Chevaliers du démon (The Hellfire Club) coréalisé avec Robert S. Baker. 1961: Le Secret de Monte Cristo.


18è siècle. Lassée des incartades lubriques de son mari abusif, propriétaire d'un bordel où se pratiquent entre autre de faux rites sataniques, Lady Netherden et son fils prennent la fuite un soir à la suite d'une violente rixe avec lui. Le lendemain, accompagné de ses sbires, Lord Netherden parvient à rattraper ces derniers lors d'une course-poursuite meurtrière. 15 ans plus tard, rescapé et éduqué par une troupe de funambules, Jason Caldwell compte se venger auprès de son père mais aussi de son cousin délateur, l'odieux Thomas de Netherden lui ayant dérobé l'héritage. 


Longtemps resté invisible chez nous depuis sa sortie ciné (je doute également d'une éventuelle édition Vhs !) et vanté dans la revue l'Ecran Fantastique à l'orée des années 80 lors d'une rétrospective des réalisateurs Monty Berman / Robert S. Baker (signataires des chefs-d'oeuvre Jack l'Eventreur et l'Impasse aux Violences, excusez du peu !), les Chevaliers du Démon rend dignement hommage au film de cape et d'épée avec une ferveur galvanisante. Les auteurs parvenant à instaurer un rythme affolant au gré de péripéties et rebondissements jamais redondants; et ce grâce à l'efficacité d'une intrigue charpentée (la vengeance de longue haleine de Jason Caldwell auprès de son cousin) et à la fougue des comédiens se prêtant au jeu des confrontations épiques (tant à cheval ou à l'épée qu'à mains nues) avec une spontanéité décomplexée. Berman et Baker saupoudrant leur cheminement narratif d'humour, de fantaisie et de douce romance (notamment auprès de cette paysanne candide timidement amoureuse de Jason) afin de combler le spectateur participant aux stratagèmes d'un héros véloce résigné à redorer son honneur. A ce titre, les scènes d'action toujours inventives se renouvellent sans cesse sans jamais subir de fâcheuse impression de déjà vu. Et si on peut admettre le caractère prévisible de sa seconde partie (le jugement, l'emprisonnement, l'évasion et les règlements de compte en pagaille), les Chevaliers du Démon ne cède pour autant jamais à la lassitude. Notamment de par l'intensité de son montage consciencieux à chorégraphier les corps à corps tributaires d'une intrigue bien ficelée (le héros alternant poursuites et ripostes face à un traître sans vergogne usant de sa souveraineté). Outre l'extrême sympathie que dégage les acteurs de seconde zone dans leur posture noble, altruiste ou héroïque (en dépit de notre héros trépidant, je songe autant à la troupe solidaire des funambules), on peut également souligner la participation subsidiaire de Peter Cushing dans celui de l'avocat matois intervenant habilement lors de 3 points du récit.


Extrêmement rare et oublié de tous en dépit de sa noble réputation, Les Chevaliers du Démon  
constitue à mon sens l'un des fleurons du film d'aventures des sixties si bien qu'il suscite un charme irrésistible grâce à la générosité d'artisans du Bis résolument amoureux de leurs cinémas de quartier. A découvrir fissa si vous souhaitez opérer un bon dans le temps afin de retrouver intact votre âme d'enfant ! 

* Bruno

lundi 5 février 2018

LA DISPARITION

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefamilia.net

"Dying Room Only" de Philip Leacock. 1973. U.S.A. 1h14. Avec Cloris Leachman,  Ross Martin,  Ned Beatty, Dana Elcar, Louise Latham, Dabney Coleman.

Diffusion TV US: 18 Septembre 1973

FILMOGRAPHIE: Philip Leacock né le 8 octobre 1917 à Londres, et mort le 14 juillet 1990 est un réalisateur anglais de cinéma et de télévision.1940 : The Story of Wool. 1948 : Riders of the New Forest. 1951 : Out of True. 1952 : The Braves Don't Cry. 1953 : Les Kidnappers. 1953 : Appointment in London. 1955 : Escapade. 1956 : Le Jardinier espagnol. 1957 : High Tide at Noon. 1958 : Innocent Sinners. 1959 : The Rabbit Trap. 1959 : Take a Giant Step. 1960 : Let No Man Write My Epitaph. 1961 : Hand in Hand. 1962 : Reach for Glory. 1962 : Lutte sans merci. 1962 : L'Homme qui aimait la guerre. 1963 : Tamahine. 1970 : L'Homme qui sortait du bagne. 1973: La Disparition. 1980: Angel City (TV). 1980: La Malédiction du Pharaon. 1982: The Wild Women of Chastity Gulch.


Très peu diffusé à la TV alors qu'il impressionna toute une génération de spectateurs, mais aujourd'hui occulté, La Disparition demeure un thriller à suspense tiré d'un scénario du célèbre  Richard Matheson. En voyage, un couple fait une bref escale dans un motel situé en plein désert. Après avoir essuyé la mauvaise humeur du taulier et de son comparse au moment de solliciter leur commande, la femme se dirige vers les toilettes. En y ressortant quelques minutes après, elle constate que son mari à disparu face à l'indifférence de ces derniers. Sans se hisser auprès des meilleures réussites du genre (on est en droit de lui préférer son excellent remake beaucoup plus haletant et musclé: Breakdown avec Kurt Russel), la Disparition est un bon suspense hitchcockien à la lisière du genre horrifique. De par son climat d'inquiétude tangible qu'un score dissonant vient rehausser, tant auprès de la glauque scénographie du motel que des extérieurs nocturnes plutôt photogéniques. Le réalisateur prenant soin de diluer une ambiance cauchemardesque captivante autour de l'inquiétude grandissante d'une héroïne constamment mises à mal par des machistes peu recommandables. Epaulé d'une solide distribution (Ross Martin en tête) et de seconds-couteaux charismatiques (Ned Beatty - Délivrance -, Louise Latham), La Disparition parvient à convaincre à partir d'une idée de départ visiblement saugrenue (à la limite de l'absurde oserai-je dire d'une certaine manière) si bien que le récit efficacement dirigé et émaillé de péripéties et rebondissements en dernier acte insuffle une intensité progressive auprès de la survie de l'héroïne jouant les investigatrices avec autant d'audace que de fragilité démunie.


A découvrir

* Bruno

samedi 3 février 2018

LE SENS DE LA FETE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Éric Toledano et Olivier Nakache. 2017. France. 1h57. Avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve,
Gilles Lellouche, Eye Haïdara, Vincent Macaigne, Alban Ivanov, Suzanne Clément.

Sortie salles France: 4 Octobre 2017

FILMOGRAPHIEÉric Toledano est un réalisateur, scénariste et dialoguiste français né le 3 juillet 1971 à Paris. Il travaille en binôme avec Olivier Nakache à la fois pour l'écriture et la réalisation.  Olivier Nakache est un réalisateur, scénariste et dialoguiste français né le 15 avril 1973 à Suresnes. Il travaille souvent en coréalisation avec Éric Toledano. Il est le frère de l'actrice et réalisatrice Géraldine Nakache. 2005 : Je préfère qu'on reste amis... 2006 : Nos jours heureux. 2009 : Tellement proches. 2011: Intouchables. 2014 : Samba. 2017 : Le Sens de la fête.


Par les réalisateurs de la comédie phénomène Intouchables et du non moins sympathique Samba, Le Sens de la fête est une savoureuse comédie chorale portée par le talent émérite du trop rare Jean-Pierre Bacri en organisateur de mariage semi-retraité. Ce dernier monopolisant l'écran parmi la juste mesure de son caractère bougon toutefois rattrapé par son instinct de tendresse à reconsidérer ses acolytes. Gros succès en salles si bien qu'il a engrangé 3 014 904 entrées et qu'il s'alloue aujourd'hui de 9 nominations aux Césars, Le Sens de la Fête relate la journée de noce d'un couple de jeunes bourgeois autour de l'aménagement d'un château. Des préparatifs des organisateurs et des serveurs jusqu'à la soirée festive autour du traditionnel buffet, Max s'efforce de régenter son équipe avec une autorité un peu trop laxiste. Car outre les maladresses de certains de ses équipiers et du caractère bien trempé d'une adjointe novice au franc-parler grossier, Max doit en prime tenter de résoudre ses problèmes de coeur entre deux maîtresses.


Comédie pittoresque menée tambour battant (à 1 ou 2 instants d'accalmie) dans son lot de quiproquos et péripéties domestiques inscrites dans la légèreté sous l'impulsion d'un personnel tantôt empoté, tantôt inexpérimenté, le Sens de la fête provoque un sourire aux lèvres constant entre 2/3 éclats de rire nerveux (mention particulière à Jean-Paul Rooves dans celui du photographe tire-au-flanc !). Se raillant très gentiment (et sans aucune vulgarité) de la haute bourgeoisie par le biais d'un jeune marié méprisant et dédaigneux et de convives sclérosés dépassés par leur époque, le Sens de la Fête élabore louablement un cheminement narratif assez imprévisible. De par l'inventivité des situations pleines d'humour et de fantaisies, et du bagout des personnages superbement dessinés dans leur chaleur humaine et leur entrain à festoyer autour d'une communauté hautaine. Le récit assez pétillant et vigoureux se permettant en prime lors de sa dernière partie, et de manière aléatoire, à relancer les dociles festivités en improvisant une fin de soirée aussi bien onirique que féerique. Et ce sans faire preuve de surenchère ou de fioriture si bien que les auteurs privilégient une harmonie émotionnelle cosmopolite autour de la culture indonésienne. Cette séquence de danse incandescente (candélabres à l'appui) s'avérant un moment de magie touché par la grâce de sentiments d'allégresse.


Feu d'artifice musical fringant (funk et disco en sus !) baignant dans un humour communicatif, dans la tendresse, l'amitié et la romance en dépit des caractères opposés de chaque personnage, Le Sens de la Fête milite pour l'improvisation et l'aventure des rencontres afin d'accéder une cérémonie de mariage vers le bonheur. Et pour aviver cette leçon de fête et de tolérance, on peut compter sur le tempérament plein de vie des comédiens mutuellement très à l'aise à se tailler une carrure humaine vibrante de naïveté, de solidarité et de désir de sentiments.  

* Bruno

vendredi 2 février 2018

MISTER BABADOOK. Prix du jury, prix du jury jeune, prix du public et prix de la critique, Gerardmer 2014

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Babadook" de Jennifer Kent. 2014. Australie/Canada. 1h33. Avec Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall, Hayley McElhinney.

Sortie salles France: 30 Juillet 2014. Australie: 22 Mai 2014

FILMOGRAPHIE: Jennifer Kent est une réalisatrice, scénariste, productrice et actrice américain. 2014: Mister Babadook. 2018: The Nightingale


Multi récompensé à Gérardmer (il repart avec 4 trophées) mais aussi ovationné au festival de Catalogne, de New-york et du Kansas City, Mister Babadook n'a pas volé ses prix tant sa génitrice, Jennifer Kent, est parvenu avec une rare intelligence à réactualiser l'horreur adulte sous le pivot d'un modèle de suggestion. A mi-chemin entre Répulsions et Shining, Mister Babadook possède à mon sens deux niveaux de lecture. Car derrière ce conte horrifique aux accents expressionnistes fortement influencés par le Cabinet du Dr Caligari (à ce titre l'incroyable travail sur la lumière et les couleurs désaturées s'avère remarquable de ciselure au sein de décors domestiques faussement rassurants), Jennifer Kent nous transcende un drame psychologique à la fois intense, terrifiant, dérangeant et cruel. Et ce à travers une métaphore sur l'épineuse acceptation du deuil de l'être aimé d'un point de vue aussi bien maternel qu'infantile. Nos deux héros surmenés car sévèrement molestés par un croquemitaine (irrationnel) faisant face à leur propre frayeur depuis leur fragilité de s'être confrontés au deuil inéquitable (le mari est décédé lors d'un accident de voiture au moment où celle-ci était acheminée à l'hôpital pour accoucher de leur fils).


Fort d'un climat anxiogène brillamment ossaturé autour de la psychose d'une veuve en proie à la schizophrénie, Mister Babadook provoque un malaise cérébral tangible à travers des visions horrifiques terriblement impressionnantes. La réalisatrice retardant au possible les apparitions du monstre par le principe de plans concis subtilement suggérés. Un parti-pris perfide afin de titiller notre fascination motivée par la curiosité de l'inconnu. Et pour accentuer ses effets dévastateurs d'une peur oppressante au sein d'une atmosphère d'insécurité davantage malsaine, on peut compter sur le hors-champ sonore strident et sur le jeu transi d'émoi d'Essie Davis résolument habitée par son rôle de mégère erratique depuis sa difficulté à extraire la bête qui sommeille en elle (toute l'intrigue n'étant qu'un combat interne contre elle-même à surpasser sa grave dépression). Alternant quelques moments de tendresse auprès de son rejeton avec des flambées de violence incontrôlées, Essie Davis nous suscite une frayeur primitive de par son intensité expressive jamais outrée. Quant à la performance de Noah Wiseman au visage étonnamment laiteux, il se fond dans le petit corps d'un enfant hyper actif avec une impudence bluffante de spontanéité afin de tenir tête à sa mère, et pour un si jeune âge.


Le cancer de l'affres du noir.
Modèle de mise en scène et de suggestion rappelant à l'ordre nos terreurs nocturnes issues de notre enfance (le fameux monstre du placard), Mister Babadook déstabilise en diable et incise nos nerfs avec un souci formaliste aussi bien consciencieux que géométrique. Fort de la complémentarité de comédiens criants de vérité démunie et d'une nouvelle icone monstrueuse qu'ils combattent pour autant avec pugnacité, Mister Babadook conjugue terreur et malaise avec une intensité vertigineuse en roue libre. Tant et si bien que le public le plus sensible aspire au fil des violents évènements une issue de secours à ce drame (du deuil) familial accablé par la solitude et le chagrin mais engagé à annihiler le démon tapi en chacun de nous. 

Dédicace à Guylian Pinchard

* Bruno

Récompenses: Prix du jury, prix du jury jeune, prix du public et prix de la critique au Festival international du film fantastique de Gérardmer 2014.
Festival international du film de Catalogne 2014 : meilleure actrice pour Essie Davis
Kansas City Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur film de science-fiction, d'horreur ou fantastique.
New York Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur premier film pour Jennifer Kent

jeudi 1 février 2018

DORIAN GRAY

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

d'Oliver Parker. 2009. Grande-Bretagne. 1h52. Avec Ben Barnes, Colin Firth, Rebecca Hall, Rachel Hurd-Wood, Emilia Fox, Ben Chaplin.

Sortie France uniquement en BR et DVD: 1er Septembre 2010. Angleterre: 9 Septembre 2009

FILMOGRAPHIEOliver Parker est un réalisateur anglais né le 6 septembre 1960 à Londres. 1995: Othello. 1999 : Un mari idéal. 2002 : L'Importance d'être Constant. 2003 : The Private Life of Samuel Pepys (téléfilm). 2006 : Fade to Black. 2007 : I Really Hate My Job. 2007 : St Trinian's : Pensionnat pour jeunes filles rebelles. 2009 : Le Portrait de Dorian Gray. 2009 : St. Trinian's 2 : The Legend of Fritton's Gold. 2011 : Johnny English, le retour.


"Une vieillesse sans expérience ni réflexion est une enfance prolongée. On traverse l'enfance, la jeunesse, l'âge viril et la vieillesse pour redevenir enfant. La jeunesse est la saison de l'action, la vieillesse celle de la réflexion."

Réactualisation moderne du chef-d'oeuvre d'Albert Lewin, Dorian Gray demeure une splendide surprise honteusement passée par la case Dtv sur notre territoire. Visuellement fulgurant à travers une architecture gothique aussi bien stylisée qu'épurée, et littéralement hanté par la présence du troublant Ben Barnes distillant un charme sensuel subtilement perfide (de par son teint opalin étrangement séducteur et son regard ébène faussement innocent), Dorian Gray envoûte notre sens curieux sous le pivot d'un climat horrifique inhabituellement malsain. Tant et si bien qu'une odeur de souffre ne cesse de nous titiller les narines au fil des agissements lubriques d'un Dom Juam hédoniste subordonné à ses pulsions fantasques. Car influencé par le Lord Henry Wotton à céder à la tentation de la luxure et à celle de la drogue, Dorian plonge peu à peu dans une débauche avilissante depuis un compromis avec le diable. Et ce par la faute de son portrait dessiné par son comparse Basil Hallward si bien que la fresque étrangement expressive vieillira depuis à sa place en échange de beauté éternelle.


Tragédie romanesque d'un réalisme étonnamment méphitique et ponctué d'éclairs de violence parfois crus, Dorian Gray fascine irrémédiablement grâce à la puissance métaphorique de son intrigue viciée. Le réalisateur ambitieux et avisé auprès de sa mise en scène formelle établissant un parallèle entre la corruption de la débauche et l'orgueil de la beauté corporelle auprès d'un jeune bourgeois épris de curiosité et de rencontres distinguées mais incapable de se défaire d'une émancipation transgressive. Au-delà de ces thèmes passionnants tournant autour de l'influence du vice et de son accoutumance, de l'injustice de la vieillesse (et donc de la mort) et de l'apparence (parfois si) trompeuse de la beauté physique avide de jouvence, Dorian Gray nous immerge d'autant mieux dans la psyché du monstre angélique de par son intensité psychologique. Ce dernier, aussi bien infortuné que maudit, prenant enfin conscience en second acte, et au fil de décennies de dépravation et de désillusion, de sa déliquescence morale qu'il tentera vainement d'expier au moment d'une rencontre amoureuse. 


A  la fois étonnamment trouble, séduisant, malsain et fétide, Dorian Gray parvient haut la main à réactualiser le roman d'Oscar Wilde avec un art consommé aussi bien couillu qu'ambitieux.  Renforcé d'une solide distribution et surtout du jeu étrangement vénéneux de Ben Barnes, Dorian Gray y exalte de saisissantes images scabreuses alternant le macabre et l'érotisme sulfureux sous couvert d'une réflexion sur la maturité de la vieillesse (la surprenante séquence des convives sclérosés stupéfiés du retour d'un Dorian rajeuni nous bluffe d'émotion dérangée !). A découvrir absolument si bien qu'il s'agit à mon sens du meilleur épigone du parangon inégalé d'Albert Lewin

* Bruno
01.02.18
11.10.10

mercredi 31 janvier 2018

FAUTE D'AMOUR. Prix du Jury, Cannes 2017

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaclock.com

"Нелюбовь / Loveless" d'Andreï Zviaguintsev. 2017. Russie/France/Allemagne/Belgique. 2h07. Avec Mariana Spivak, Alexeï Rozin, Matveï Novikov, Marina Vasilieva.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. Russie: 1er Juin 2017

FILMOGRAPHIEAndreï Petrovitch Zviaguintsev (en russe : Андрей Петрович Звягинцев) est un cinéaste russe né le 6 février 1964 à Novossibirsk. 2003 : Le Retour. 2007 : Le Bannissement. 2012 : Elena. 2014 : Léviathan. 2017 : Faute d'amour.


Production germano-russo-franco-belge récompensée du Prix du Jury à Cannes, Faute d'amour retrace avec un vérisme implacable la quotidienneté monocorde d'un couple en instance de divorce. Ayant déjà indépendamment prémédité leur nouvelle liaison conjugale auprès d'un nouveau partenaire, ils en oublient de se soucier de leur enfant, Aliocha, 12 ans, parti en fugue après avoir subrepticement entendu une conversation blessante sur son sort. Chacun de leur côté, ils s'efforcent d'épauler la police ainsi qu'une brigade afin de retrouver le plus rapidement leur enfant en vie. Introspection morale d'une cellule familiale en crise dénuée depuis trop longtemps de compassion et de dialogues, Faute d'Amour laisse en état de choc sitôt son générique glaçant écoulé. Autant dire qu'il est impossible de sortir indemne de cette épreuve psychologique du point de vue de parents (limite irresponsables) se vautrant dans une médiocrité morale. 


Totalement immergé dans une ambiance de sinistrose davantage anxiogène au fil de recherches infructueuses et de crises conjugales triviales, Andreï Zviaguintsev s'alloue d'une mise en scène solide, jamais voyeuriste ou complaisante, pour nous décrire avec une froideur parfois insupportable l'étude comportementale d'un couple individualiste préalablement élevé dans des conditions aussi guindées. A l'instar de la mère esseulée de Genia, virago haineuse envers sa propre progéniture pour des raisons orgueilleuses et punitives. Constat d'échec d'une société quasi mutique repliée sur elle même et peu enclin à se soucier de son prochain (à l'instar de la nouvelle jeune compagne de Boris littéralement ingrate, égocentrique et capricieuse), Faute d'Amour nous terrifie de malaise par le biais de joutes verbales d'une cruauté insensée lorsque le couple se reporte mutuellement la faute parentale à chacune de leur houleuse retrouvaille. Autant dire que leurs discordes primaires aussi immatures que vulgaires nous désarment d'impuissance et de désarroi face à leur incapacité d'établir une communication censée et d'y éprouver la noblesse des sentiments. Et ce en dépit de leur angoisse dépressive à redouter une issue dramatique auprès de leur bambin.


Très dur, cruel, voir même malsain d'y dénoncer aussi ouvertement et sans concession une démission parentale en perte des valeurs (notamment depuis leur ascendance elle-même réfractaire à l'enseignement, l'amour et au respect d'autrui), Faute d'amour révèle de la manière la plus brute les conséquences désastreuses, immensément tragiques des parents du divorce lorsque l'enfant doit faire face à l'ignorance. A réserver toutefois à un public adulte et préparé pour la remise en cause de son climat dérangeant jusqu'au-boutiste confinant au traumatisme.  

* Bruno

Récompenses: Prix du Jury au Festival de Cannes, 2017
Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma 2018 : Meilleur film étranger