vendredi 8 juin 2018

SPARRING

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Samuel Jouy. 2018. France. 1h35. Avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M’Baye, Billie Blain, Lyes Salem, David Saracino.

Sortie salles France: 31 Janvier 2018. Suisse: 5 Août 2017

FILMOGRAPHIESamuel Jouy est un acteur et réalisateur français, né en 1975.
2018: Sparring.


Echec public lors de sa discrète sortie en salles, Sparring fait office de film maudit eu égard de l'étonnant brio de sa réalisation (j'hésite d'ailleurs à employer la locution "coup de maître" si bien qu'il s'agit du 1er essai de Samuel Jouy), d'une direction d'acteurs hors-pair (dénués de toute diction théâtrale !) et de la présence viscérale de Mathieu Kassovitz littéralement habité dans celui d'un boxer sur le déclin enchaînant les défaites sans daigner raccrocher les gants (le rôle de sa vie pour ma part, rien que ça !). Mais au moment de devenir Sparring-partner (partenaire "adroit" d'entrainement) auprès d'un champion, ce dernier lui offrira l'opportunité d'accomplir un dernier match et peut-être parvenir à la victoire en dépit de ses échecs en chute libre. Retraçant avec souci de vérité humaine et de réalisme documenté le parcours épineux de Steve Landry, père de famille s'efforçant de gagner sa vie, notamment afin d'offrir le rêve de sa fille particulièrement douée pour le piano, Samuel Jouy provoque une émotion rigoureuse à travers ce profil de loser sur le fil du rasoir, si bien que sa situation précaire influera sur sa relation conjugale pas si épanouie.


Sa fragilité réservée, sa remise en question morale tacite (que le réalisateur sonde sans lourdeur dans sa psyché tourmentée), sa volonté autrement pugnace d'encaisser les coups les plus brutaux et d'y rester debout (sans jamais céder aux sirènes d'une action ostentatoire), sa tendre complicité (jamais démonstrative) avec sa fille férue d'amour et de dignité pour lui (notamment cette séquence bouleversante lorsque celle-ci assiste à un spectacle d'humiliations lors d'un match d'exhibition), Mathieu Kassovitz nous les retransmet avec une noble humilité. On peut également mettre en exergue, voir même carrément applaudir le naturel spontané de Billie Blain dans celle d'une ado sémillante, à la fois débordante de sensibilité, de fierté et d'amour pour son père mais aussi d'amertume, de regret et d'indignation eu égard de la risible renommée de celui-ci auprès de ses camarades de classes ou d'un public sado pour les perdants. Sans jamais romantiser le sport de la boxe et encore moins le transfigurer de manière homérique pour émuler Rocky, Samuel Jouy opte pour la pudeur émotive, la pureté de l'acte de bravoure, le réalisme percutant des combats comme si vous assistiez à un vrai match en direct si bien que les professionnels du milieu seront sans doute bluffés par la symétrie des chorégraphies, aussi concises et fluides soient-elles. A l'instar du match de dernier ressort fertile en émotions pures (notamment parmi l'appui d'un score solennel qui enrobe couramment, et sans fioritures, toute l'intrigue) dont nous ne connaîtrons même pas l'heureux vainqueur !


Un pas vers la réussite.
Vibrant hommage à tous ces losers incapables d'accéder à la notoriété mais pour autant passionnés par l'art de la boxe et d'une résilience à toute épreuve pour effleurer une éventuelle victoire, Sparring nous met finalement à genou grâce à son émotion rigoureuse d'une saisissante acuité humaine. Sublimé par la prestance écorchée de Kassovitz et de seconds-rôles communément irréprochables car d'un aplomb plus vrai que nature (notamment auprès de boxers burinés d'une force tranquille proéminente), Sparring scande au final les vainqueurs infortunés avec une dignité résolument bouleversante. Comme le souligne d'ailleurs brillamment son générique de fin faisant défiler des boxers anonymes gagnés par l'élégie du bonheur, l'ivresse de leur bravoure, aussi bref fut leur vertigineux instant de gloire. Offrez sa chance à Sparring, vous ne l'oublierez jamais !

* Bruno

mercredi 6 juin 2018

FRANKENHOOKER

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de Frank Henenlotter. 1990. U.S.A. 1h24. Avec James Lorinz, Joanne Ritchie, Patty Mullen, J.J. Clark, Carissa Channing, Shirl Bernheim, Judy Grafe.

Sortie salles France: 21 Août 1991. U.S: 1er Juin 1990.

FILMOGRAPHIE: Frank Henenlotter est un réalisateur américain né le 29 août 1950 à New-York. 1982: Frères de sang. 1988: Elmer, le remue-méninges. 1990: Frères de sang 2. 1990: Frankenhooker. 1992: Frères de Sang 3. 2008: Sex Addict.


Déclinaison parodique de la Fiancée de Frankenstein supervisée par Frank Henenlotter, un des maîtres incontestés de l'horreur underground, Frankenhooker n'a rien à envier à ses homologues cultes, Frères de Sang / Elmer. Tant et si bien que cette série B au mauvais goût aussi irrésistible qu'assumé se savoure tel un bonbon acidulé dans son patchwork de situations à la fois génialement grotesques et improbables. A la suite de la mort accidentelle de sa fiancée déchiquetée par une tondeuse à gazon inventée par ses soins, Jeffrey Franken tente de la ranimer à l'aide de morceaux de cadavres provenant de prostituées. Passée l'expérience victorieuse, sa compagne revenue d'outre-tombe sillonne les quartiers malfamés à la recherche de mâles lubriques. Pure bande-dessinée déjantée (photo polychrome à l'appui façon Ré-animator !) exploitant avec une belle efficacité gore en latex et érotisme polisson (Henlotter prenant malin plaisir à filmer les jeunes donzelles aux poitrines dénudées de toutes tailles !), Frankenhooker parodie le roman de Mary Shelley avec une décontraction jubilatoire.


L'auteur s'en donnant généreusement à coeur joie à cumuler gags cartoonesques et blagues potaches sous l'impulsion d'un jeune électricien déconnecté de son morne quotidien. Outre l'interprétation charismatique de James Lorinz en savant gentiment azimuté (il faut le voir se trépaner le cerveau avec une tige à perceuse en guise de relâchement moral et de quête érudite !), Frankenhooker est littéralement transcendé par la performance de Patty Mullen en catin aussi difforme que sexy gesticulant tel un pantin démanché. Car derrière son look violacé de prostituée futuriste, ses tics, spasmes et grimaces hyperboliques, son regard déficient et sa démarche dégingandée nous provoquent une fascination de gosse émerveillé à chacune de ses extravagantes apparitions ! Et par le biais de ses pitreries aussi loufoques que putassières (elle offre son corps à la clientèle masculine en les faisant exploser d'orgasme si j'ose dire !), Frank Henenlotter, jamais avare d'inventivité cintrée, clôture son intrigue sur une conclusion orgiaque n'ayant rien à envier au bouquet final de Ré-animator ou encore de Society ! La fiancée inversant subitement les rôles de victime soumise avec une dérision inopinément saphique !


Jeu de massacre pour rire (et se rincer l'oeil !) au gré d'une renaissance morbide titulaire d'un quotidien dépravé, Frankenhooker baigne dans la stupre d'un comique horrifique galopin avec une insolence pétulante. Henenlotter généreusement culotté se renouvelant une 3è fois avec cette farce macabre où le dépaysement égrillard relève de l'unicité. 

* Bruno
2èx

mardi 5 juin 2018

Les Expériences érotiques de Frankenstein

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdtoile.com

"La maldición de Frankenstein" de Jess Franco. 1973. France/Espagne/Portugal. 1h14. Avec Alberto Dalbés, Dennis Price, Howard Vernon, Beatriz Savón, Anne Libert, Fernando Bilbao, Britt Nichols, Luis Barboo.

Sortie salles France: 31 Mai 1973 (Int aux - de 18 ans)

FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013. 1962: L'Horrible Dr orlof.  1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.


            "Le monde sombrait dans la démence et les humains pionçaient en toute inconscience."

Une aberration filmique hors du temps et de l'espace, un pitch capillotracté écrit par un Franco sous tranxene, des filles nues et velues parfois adeptes du SM, une femme oiseau dégénérée qui piaille, un soupçon de gore ketchup, un monstre argenté que l'on croirait issue d'un illustre épisode de James Bond, des images crépusculaires oniriques, des éclairages stylisés, des cadrages alambiqués, des contre-plongées à n'en plus finir, la présence ébaubie d'Horwan Vernon les yeux exorbités, un score dissonant à se claquer la tête contre le carrelage ! Bienvenue dans l'univers inénarrable de Jess Franco, maître de la série Z hispanique pour le meilleur et pour la consternation. Il faut le voir pour le croire, à vos risques et périls ! Et si l'effet de surprise fonctionne modestement 45 minutes durant, on n'en dira pas tant des 29 minutes finales tant le récit rébarbatif finit hélas par lasser. Une curiosité oubliée à découvrir d'un oeil distrait chez un public préparé, même auprès des bisseux fétichistes. 

* Bruno
08.05.21. 2èx

lundi 4 juin 2018

AMERICAN WARRIOR 2: LE CHASSEUR

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site shatpack.blogspot.com

"Avenging Force" de Sam Firstenberg. 1986. U.S.A. 1h44. avec Michael Dudikoff, Steve James, James Booth, William Wallace, John P. Ryan, Karl Johnson.

Sortie salles France: 31 Décembre 1986. U.S: 1 Mai 1987 

FILMOGRAPHIESam Firstenberg (de son vrai nom Shmulik Firstenberg) est un réalisateur israélo-américain né en Pologne le 13 mars 1950. 2003: The Interplanetary Surplus Male and Amazon Women of Outer Space. 2002 Quicksand. 2001: Spiders, le retour des araignées géantes. 2001: Criss, Cross. 2000: L'Alternative. 1998: Le Trésor de McCinsey. 1997: Motel Blue. 1997: Opération Delta  Force. 1994: Cyborg Cop 2. 1993: Blood Warriors. 1993: Cyborg Cop. 1992: La Loi du samouraï. 1991: Delta Force 3. 1990: Neshika Bametzach. 1989: Riverbend. 1987: Le Ninja blanc. 1986: American Warrior II : Le Chasseur. 1985: American Warrior. 1984: Breakin' 2: Electric Boogaloo. 1984: Ninja III. 1983: Ultime Violence. 1983: One More Chance. 1979: Simpatya Bishviel Kelev.


Synopsis: Résigner à retrouver les coupables de la mort de son meilleur ami et de sa famille, Matt Hunter doit se confronter à un groupuscule fasciste adepte de la chasse à l'homme.


Film d'action d'exploitation produit par la célèbre firme Cannon, American Warrior 2 fit les beaux jours des rayons VHS après avoir remporté un certain succès en salles sur notre territoire (869 196 entrées). A la revoyure, on ne peut s'empêcher de l'estampiller plaisir coupable, voir de "nanar" tant le métrage de Sam Firstenberg cumule clichés et personnages stéréotypés autour d'une intrigue rachitique aussi naïve que prévisible. En prime, les dialogues élémentaires parfois drôles et l'aspect impayable de certaines confrontations héroïques où les méchants grimacent en diable et où le gentil ne cesse de se relever de ses blessures avec une pugnacité désespérée renforcent le caractère décalé de l'attachant spectacle, clin d'oeil sardonique aux Chasses du comte Zaroff. La seconde partie surfant sur le survival d'une chasse à l'homme que notre héros improvisera dans les bayous tout en portant secours à une fille kidnappée. D'ailleurs, à travers son action en règle plutôt généreuse, on peut aujourd'hui s'étonner de la violence de certains passages homériques (notamment son prologue pétaradant confiné en pleine fête urbaine) et de certaines exactions meurtrières si bien que Sam Firtenberg ose même y sacrifier l'innocence la plus candide (2 enfants sont froidement abattus dont l'un face caméra !).


Sympathique, attachant et charmant sous son format d'actionner bisseux réservé aux prolos, American Warrior 2 enthousiasmera à nouveau la génération 80 en dépit de son inévitable "coup de vieux" si bien qu'aujourd'hui il s'avère souvent (involontairement) cocasse (voir même hilarant lors de 2/3 passages racoleurs, notamment auprès de l'affrontement final entre Matt et Elliott) et que les beaux yeux de Michael Dudikoff (gentiment expressif en redresseur de tort pour autant peu véloce !) émoustilleront encore la gente féminine. 

* Bruno
2èx

jeudi 31 mai 2018

INSPECTEUR LA BAVURE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Zidi. 1980. France. 1h40. Avec Coluche, Gérard Depardieu, Dominique Lavanant, Julien Guiomar, Alain Mottet, François Perrot, Jean Bouchaud, Clément Harari.

Sortie salles France: 3 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.

1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Synopsis: Roger Morzini, dangereux malfrat considéré comme ennemi public N°1 se lie d'amitié avec un flic néophyte pour mieux approcher une journaliste arrogante et ainsi faire chanter la police. 
Tourné la même année que l'immense éclat de rire les Sous-douésClaude Zidi rempile avec le succès avec Inspecteur Labavure si bien qu'en 1980 il se classe 5è au box-office avec ses 3 697 576 entrées. Comédie policière inégale portée à bout de bras par le tandem payant Coluche / DepardieuInspecteur Labavure parvient gentiment à distraire avec plus ou moins d'efficacité. Certains gags un peu lourdingues surfant avec le ridicule même si notre frétillant Coluche parvient à nous arracher les rires dans sa posture de flic empoté constamment ballotté par ses supérieurs et par un dangereux malfrat que Depardieu insuffle avec une éloquence sournoise. Le rythme parfois défaillant ne permettant pas au spectateur de s'immerger complètement dans l'aventure rocambolesque en dépit de l'indiscutable sincérité du réalisateur (beaucoup moins inspiré à provoquer les rires que dans les Sous-doués).


Faisant pourtant preuve d'ambition de par son intrigue solide semée d'inventions et rebondissements mais parfois compromis par certains scories (notamment à travers le comportement équivoque de la journaliste se laissant trop facilement appréhender par Morzini après avoir saisi la supercherie de sa nouvelle identité), Claude Zidi alterne idées loufoques ou débridées au rythme des échanges faussement affables de Michel et Morzini. A travers certaines séquences azimutées que l'on croirait sorties d'une série Z (notamment lors de la reconstitution d'un crime avec le témoignage du violeur !), Inspecteur Labavure fait presque office d'OVNI franchouillard dans son alliage de comédie policière jalonnée d'actions improvisées (notamment son final héroïque assez extravagant avec cette pelle mécanique détruisant de fond en comble une vaste demeure). Zidi profitant notamment en intermittence d'y railler le corps policier avec gentille dérision même si les violences policières (dénoncées à deux reprises) feront grincer quelques dents. En tout état de cause, et grâce en priorité à la fortuite confrontation Coluche / Depardieu (entouré d'une foule de seconds-rôles bonnards !), ce sympathique divertissement semi-parodique se suit sans déplaisir même si on aurait préféré en rire aux éclats.

* Bruno
3èx

mercredi 30 mai 2018

BANZAI

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

de Claude Zidi. 1983. 1h42. Avec Coluche, Valérie Mairesse, Didier Kaminka, Marthe Villalonga, Éva Darlan, François Perrot, Jean-Marie Proslier, Zabou.

Sortie salles France: 23 Mars 1983.

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Réalisé par Claude Zidi, un des maîtres de la comédie populaire, Banzai n'a pas volé des 3 769 687 entrées dans l'hexagone si bien qu'à la énième revoyure, cette comédie d'aventures tropicales au rythme effréné parvient constamment à distraire avec une bonne humeur galvanisante ! Tant auprès de son intrigue rocambolesque fertile en bévues, actions et quiproquos, que du tandem pétulant que forment Coluche et Valérie Mairesse pour le bonheur et le pour le rire. Prétexte à gags cocasses ou désopilants (ah cette piqûre de moustique que se coltine Coluche sur sa tronche d'"Elephant man" !), le pitch suit sans répit les pérégrinations d'un employé d'assurance spécialisé dans l'assistance et donc contraint de voyager aux 4 coins du monde afin de rapatrier quelques vacanciers imprudents. Alors qu'il est sur le point de se marier avec sa compagne Isabelle, cette dernière lui fait croire qu'elle démissionne de son poste d'hôtesse de l'air afin de gagner du temps libre en sa compagnie.


Mais contraint par son directeur de prendre l'avion vers la Tunisie, l'Afrique, l'Amérique et l'Extrême Orient, Michel lui feint également ses itinéraires professionnels afin de préserver sa confiance auprès d'elle. Jusqu'au jour où ils se font communément piégés lors d'un concours de circonstances infortunées. Comédie populaire férue d'innocence, de générosité et de bonne humeur expansive, Banzaï est l'antidote idéal contre la morosité. Et si 2/3 gags font parfois preuve de facilité, d'invraisemblance ou de lourdeur, l'abattage irrésistible de Coluche (absolument décontracté en itinérant malchanceux) et de la sémillante Valérie Mairesse (étonnante de naturel en godiche sexy en dépit d'une diction un brin théâtrale) parviennent à transcender ses menues lacunes. Conjuguant en prime efficacement le comique des situations folingues avec des rebondissements inopinément épiques (la révolution belliqueuse en Afrique, le trafic de drogue à Hong-Kong que se disputent 2 mafias), Banzaï fleure bon le dépaysement cartoonesque sous l'impulsion entêtante de Vladimir Cosma aussi inspiré que ses interprètes à nous transmettre l'espièglerie sur une mélodie nippone.


Classique sans prétention de la comédie populaire, Banzaï est une mine d'or d'innocence et de bonne humeur, entre charme et panache à corps perdu.  

* Bruno
4èx

mardi 29 mai 2018

THE STRANGERS: PREY AT NIGHT

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Johannes Roberts. 2017. U.S.A. 1h25. Avec Bailee Madison, Christina Hendricks, Martin Henderson, Emma Bellomy, Lewis Pullman

Sortie salles France: 18 Avril 2018. U.S: 9 Mars 2018

FILMOGRAPHIEJohannes Roberts est un réalisateur et scénariste britannique né le 24 mai 1976 à Cambridge. 2001 : Sanitarium. 2002: Alice. 2003 : Hellbreader. 2004 : Darkhunters. 2005 : Forest of the Damned. 2007 : When Evil Calls. 2010 : F. 2011 : Roadkill. 2012 : Storage 24. 2016 : The Door (The Other Side of the Door). 2017 : In the Deep (47 Meters Down). 2018 : The Strangers: Prey at Night.


"Vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où vous saviez exactement ce qui allait se passer ? Mais vous avez foncé tête baissée. Et quand ce que vous craignez le plus a fini par arriver, vous avez eu envie de vous mettre des claques tellement c'était prévisible. Mais vous êtes comme ça, vous vous faîtes du mal à chaque fois."

Johannes Roberts a beau s'inspirer de Carpenter à travers sa première partie sensiblement anxiogène (ce qui nous vaut d'ailleurs 2/3 moments assez convaincants en dépit de son inévitable impression de déjà vu) et d'une sonorité électro largement inspirée par Fog, The Strangers: prey at night est une séquelle résolument inutile si bien que sa dernière partie peu avare en situations aussi bêtas que lourdingues renforce notre prévisible sentiment de déception. Truffé de clichés et de confrontations téléphonées car empruntant les codes du psycho-killer à travers une intrigué rachitique dénuée de tension et encore moins d'ambition (même la séquence baroque de la piscine s'avère trop timorée dans son audace cruelle et son manque d'invention), le réalisateur tente d'apporter un peu de panache sous l'impulsion nostalgique de 2/3 tubes des eighties mal exploités dans la contradiction émotionnelle. Efficace, distrayant et tantôt atmosphérique chez les plus indulgents mais aussi vite vu qu'oublié si bien que le produit lucratif vieillira plus vite que son ombre selon moi.

* Bruno

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bryan Bertino. 2008. U.S.A. 1h25. Avec Liv Tyler, Scott Speedman, Glenn Howerton, Kip Weeks, Gemma Ward.

Inédit en salles en France. U.S: 30 Mai 2008

FILMOGRAPHIEBryan Bertino est un réalisateur et scénariste américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas. 2016: The Monster. 2014: Mockingbird. 2008: The Strangers.


Gros succès international (il rapporte 81.6 millions de $ contre un budget de 9 000 000 $) alors qu'il fut banni de nos salles chez nous, The Strangers empreinte le schéma du survival domestique (familièrement prénommé "home invasion" chez les journalistes) avec une efficacité soutenue. Car prenant comme références Terreur sur la Ligne (la menace interne provenant du propre foyer de la propriétaire esseulée) et Halloween (la fameuse apparition du tueur masqué planqué derrière sa victime que seul le spectateur entrevoit en arrière plan), Bryan Bertino joue la carte de la suggestion à l'aide d'une science du suspense diffus et d'une bande-son percutante. Et ce même si parfois le côté redondant de certaines situations de panique ne produisent pas l'effet de peur escompté sachant que les assaillants ne cessent de brimer leurs victimes avec un goût prononcé pour la dérision sournoise. Eclairé d'une superbe photo sépia aux teintes chaudes en format scope, The Strangers développe un climat particulièrement feutré et inquiétant lorsque 3 intrus masqués décident purement et simplement de flanquer la frousse à un couple d'amants recroquevillés dans leur foyer.


La menace découlant autant de l'intérieur que de l'extérieur de leur bâtisse par le biais d'apparitions fantomatiques imprimées dans le mutisme. Une manière habile de rehausser le climat anxiogène de cette situation ubuesque si bien que nous ne connaîtrons jamais les véritables mobiles des 3 assaillants (ni leur véritable identité !) jubilant à terrifier leurs proies le plus souvent démunies. Prenant son temps de prime abord à nous présenter le couple en remise en question sentimentale, Bryan Bertino soigne le cadre nocturne de leur cocon domestique (d'autant plus dénué de voisinage !) avec un flegme plombant. Eu égard de leur mine sentencieuse à se rendre compte de leur échec mais tentant néanmoins de se réconcilier en désespoir de cause. C'est ensuite une partie de cache-cache avec la peur puis la terreur que nous décrit le réalisateur avec un réalisme assez tendu et dérangeant si bien qu'en intermittence il n'hésite pas à ponctuer son survival de règlements de compte hargneux et rebondissements sardoniques, à l'instar de son final d'une brutalité gratuite aussi bien éprouvante que dramatique.


Sans révolutionner le genre ou tenter d'émuler ses références susnommées, Bryan Bertino parvient avec The Strangers à élever le genre horrifique avec maturité grâce à sa progression dramatique escarpée dénuée d'outrance gore et à l'aspect brut de décoffrage du "fait-divers" improbable (car dénué de raison chez le portrait équivoque des persécuteurs sans visage). Et ce même si l'intrigue se laisse parfois distraire par 1 ou 2 jump scares et clichés vains (l'une des victimes trébuchant bêtement dans les bois). Outre l'efficacité de son suspense mené avec une certaine autorité et son angoisse sous-jacente assez maîtrisée (surtout auprès d'une 1ère réalisation), on peut enfin compter sur la sobriété des deux interprètes constamment molestés par les hostilités meurtrières. Particulièrement le jeu modestement viscéral de Liv Tyler en proie éplorée, faute de sa nature humaine aussi douce que fragile et de son tempérament placide et réservé lui évitant d'échapper au stéréotype de la potiche décervelée. Un séduisant exercice de style où le non-dit prime au détriment d'éclairs de violence.

* Bruno

lundi 28 mai 2018

MOI ZOMBIE, CHRONIQUE DE LA DOULEUR. Prix du meilleur film indépendant, Manchester 98.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site devildead.com

"I, Zombie: The Chronicles of Pain" de  Andrew Parkinson. 1998. Angleterre. 1h22. Avec Ellen Softley, Dean Sipling, Claire Griffin, Kate Thorougood, Mia Fothergill.

Sortie salles France: uniquement en video

FILMOGRAPHIEAndrew Parkinson est un réalisateur anglais né le 31 Août 1959 à Aldershot, Angleterre. 2011: Little Deaths (segment "Mutant Tool"). 2006: Venus Drowning. 2001: Dead Creatures (Video). 1998: Moi, zombie - Chronique de la douleur.


Film amateur tourné en 4 ans et sorti discrètement chez nous en Vhs et Dvd, Moi Zombie chronique de la douleur retrace le cheminement morbide de Mark après que celui-ci fut mordu par un zombie. Relatant avec souci de réalisme glauque et malsain l'intimité quotidienne du malade moribond en voie de déliquescence corporelle, Moi Zombie... tire parti de ses moyens et décors limités grâce au caractère authentique des situations désoeuvrées puisque filmées à la manière d'un doc (interviews  de l'entourage à l'appui). Andrew Parkinson observant scrupuleusement la quotidienneté de sa victime avec une émotion de plus en plus poignante eu égard de la dégénérescence putrescente du corps en berne.


Soutenu d'un score élégiaque au clavecin, Moi Zombie... nous transmet une descente aux enfers morale résolument cafardeuse sous l'impulsion d'un jeu d'acteur amateur finalement convaincant si bien que le périple introspectif de Mark nous provoque un désarroi empathique, notamment à travers ses réminiscences sentimentales (juste avant avoir été mordu, il venait de se chamailler avec sa partenaire pour un motif dérisoire). Parabole sur le cancer et toutes formes de maladies incurables, Moi Zombie chronique de la douleur est la première oeuvre auteurisante d'Andrew Parkison, réalisateur anglais aux intentions ambitieuses dans son parti-pris singulier de traiter du mythe du zombie de la manière la plus prude, réaliste et intime. Souvent gore mais jamais gratuit (tant auprès du cheminement criminel de Mark que de sa dégénérescence pestilentielle), les FX cheap bricolés pour autant avec soin parviennent à rendre convaincante la transformation du zombie se disputant ses derniers jours; entre douleur viscérale et solitude irrespirable.


Méconnu, voir même oublié (le film a aujourd'hui 20 ans d'âge !), Moi Zombie, chronique de la douleur est une oeuvre forte d'une grande mélancolie qui laisse des traces dans l'encéphale. A condition toutefois de le découvrir impérativement en version originale (j'insiste car la VF uniquement dispo en location Dvd ne possède pas le même cachet d'authenticité). 

* Bruno

Récompense: Prix du meilleur film indépendant, lors du Festival du film fantastique de Manchester en 1998.

vendredi 25 mai 2018

L'EXORCISTE, LA SUITE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site vfstreaming.co

"The Exorcist III: Legion" de William Peter Blatty. 1990. 1h50. U.S.A. Avec Dourif Brad, Scott George C., Williamson Nicol, Miller Jason, Flanders Ed, Wilson Scott, Fish Nanc.

Sortie salles France: 9 Janvier 1991. U.S: 17 Août 1990

FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).


Synopsis: La contrée de Georgetown est à nouveau le théâtre de meurtres sanglants. Chargé de l'enquête, le lieutenant Kinderman se souvient qu'un psychopathe mort 15 ans plus tôt perpétrait de manière aussi géométrique des homicides dénués de mobile et bâtis sur la souffrance corporelle...
Séquelle du chef-d'oeuvre de William Friedkin faisant l'impasse sur le second volet de John Boorman (tant boudé à tort selon mon jugement de valeur !), l'Exorciste, la suite porte la signature du scénariste et producteur William Peter Blatty après 10 ans d'absence derrière la caméra, et ce d'après son propre roman sorti en 83 sous le titre Legion. La revanche du romancier ayant enfin sonné car pour rappel, à la sortie triomphante de l'Exorciste, il eut perdu la bataille qu'il s'opposa avec Friedkin  pour une question de choix de montage (et avant qu'ironiquement ce dernier ne se ravise en 2000 avec le remontage initial souhaité par Blatty). A contre emploi de l'horreur explicite de son modèle, l'Exorciste, la suite n'est guère destinée à nous ressasser une possession satanique sur fond d'exorcisme outre-mesure (même si son dernier acte l'impose de manière plutôt concise). L'intrigue imprégnée de mystère et d'aura malsaine se divisant en 2 parties. Une enquête criminelle ardue menée par le robuste Georges C. Scott (il porte littéralement l'intrigue sur ses épaules de par son charisme impérieux !) et un huis-clos anxiogène bâti sur la dissension psychologique entre le tueur et le lieutenant Kinderman. Le récit amorçant dans un 1er temps une démarche investigatrice dans la lignée de Seven avec son serial-killer méthodique prénommé le "Gémeaux" que Kinderman se tue à démasquer. Ce segment ombrageux, impeccablement structuré, nous magnétise l'esprit de par son climat inquiétant que Blatty parvient lestement à diluer à travers les découvertes glaçantes de cadavres mutilés dont nous n'en verrons jamais la résultante. Ce dernier prenant son temps à planter son univers (religieux et médical) et ses personnages de l'ordre exposés à l'incompréhension, la perplexité, l'irascibilité (le caractériel Kinderman ne cessant de tourmenter les témoins de l'hôpital avec une fâcheuse insolence), quand bien même sa splendide photo naturelle contraste avec les sombres évènements dépeints où chaque détail religieux nous provoque un certaine malaise.


Endossant l'insigne policier avec un sens professionnel notoire, George C. Scott apporte donc ses traits au lieutenant avisé avec une mine à la fois renfrognée et déconcertée puisque témoignant d'une série de crimes inexpliqués exécutés avec un art consommé de la perfection. Ainsi, l'ambiance d'insécurité palpable qui y émane parvient donc à faire naître dans l'esprit du spectateur un lourd sentiment d'angoisse mêlé de fascination irrépressible de par les méthodes infaillibles du tueur à ne laisser aucun indice auprès de ses macabres exactions. La seconde partie un chouilla plus vénéneuse traitera du rapport de force entre Kinderman et le potentiel tueur, le gémeaux, incarnation du Mal infiltrée dans le corps du prêtre Damien Karras. Cette confrontation psychologique de longue haleine instaurée dans la cellule d'un centre psychiatrique nous transmet l'incommodité à travers les répliques cinglantes de ce dernier, rehaussées du jeu transi de fiel de Brad Dourif (mais aussi de Jason Miller dans un double rôle aussi insidieux), galvanisé par son omnipotence meurtrière. Ces moments intenses de révélations présomptueuses bâties sur la provocation du désir de soumission et de croyance satanique nous confinent au seuil du crépuscule eu égard de son final épique semé de visions démoniales. Emaillé d'incidents horrifiques conçus sur le malaise ou le véritable effroi,  l'Exorciste, la suite laisse notamment en mémoire quelques anthologies indécrottables ! Spoil ! A l'instar de cette vieille dame accourant au plafond de l'hôpital telle une araignée, de l'infirmière en proie à une mission criminelle en essayant de décapiter la femme du lieutenant, ou encore de l'homicide d'une infirmière (hors champs) exécuté par une longue paire de cisailles. Fin du Spoil. Sur ce dernier point, et grâce à la maîtrise infaillible du montage prenant son temps à charpenter une angoisse incroyablement diffuse, l'effet de surprise à venir (pour ne pas employer le terme usuel "jumpscare") effraie le spectateur le plus aguerri, aussi concise soit au terme son estocade !


J'ai rencontré le Diable. 
Résolument passionnant, magnétique et fascinant dans sa conjugaison inusitée de thriller poisseux et d'épouvante luciférienne, L'Exorciste, la suite parvient avec une intensité éthérée à provoquer le malaise de par son aura vénéneuse que le Mal parvient à distiller sur les épaules des personnages. Car à travers son intrigue fétide régentée par un démon au visage familier, William Peter Blatty réussit autrement l'exploit d'honorer son modèle avec un art de suggestion aussi bien retors que réaliste pour tenir lieu de la suprématie du Mal. Son préambule à l'atmosphère d'inquiétude opaque ayant déjà provoqué en 2 temps 3 mouvements une appréhension démoniale tacite que le spectateur apprivoise à l'instinct. Expérience épurée avec la peur mortifère car imprégnée du Mal le plus couard et destructeur, l'Exorciste 3 est une oeuvre maudite à réhabiliter d'urgence !

Récompenses : Saturn Award du Meilleur scénario (William Peter Blatty) en 1991

* Bruno
25.10.10
25.05.18. 4èx

jeudi 24 mai 2018

CHERRY 2000

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Steve De Jarnatt. 1987. U.S.A. 1h39. Avec David Andrews, Melanie Griffith, Tim Thomerson, Jennifer Balgobin, Marshall Bell, Harry Carey Jr., Laurence Fishburne, Pamela Gidley, Michael C. Gwynne.

Sortie salles France: 27 Avril 1988. U.S: 5 Février 1988

FILMOGRAPHIE: Steve De Jarnatt est un réalisateur et scénariste américain.
1983: Strange Brow. 1987: Cherry 2000. 1988: Appel d'Urgence.


Tourné vers la fin des années 80, Cherry 2000 est l'un des derniers représentants du Post-Nuke (US) surfant sur le succès phénomène de Mad-Max 2 avec un goût prononcé pour la dérision. Bande-dessinée live menée tambour battant dans son lot de gunfights et (futiles) cascades explosives, Cherry 2000 tire parti de sa générosité auprès de son univers "rose bonbon" (tant auprès des logements futuristes - en ville et dans le désert - que des costumes des personnages tirés d'une fiesta de carnaval) et d'une succession de poursuites à travers les déserts du Nevada que Steve De Jarnatt exploite harmonieusement en plan large. Evasif en diable donc sous l'impulsion d'un attachant duo de guerriers de fortune qu'incarnent modestement David Andrews (dans une posture naïve pleine d'innocence) et Melanie Griffith (en Mad Girl plutôt amiteuse), Cherry 2000 oscille entre la série B et Z avec une abondance expansive.


Et si l'intrigue plutôt grotesque, aussi étriquée qu'un ticket de métro, (un jeune veuf sollicite l'aide d'une chasseuse marginale afin de débusquer le même modèle que son ancienne compagne dans le cimetière des androïdes) s'avère prévisible (notamment l'initiation amoureuse de celui-ci auprès de son émissaire jalouse que le réal exploite de façon prémâchée !), leur périple arpenté en voiture (notamment lorsqu'ils sont suspendus dans les airs par l'aimant d'une grue, séquence homérique de haute voltige aussi bien cocasse que débridée !) et en avion distille un sentiment récréatif explicite. Car à travers leur dangereuse mission de longue haleine, nos cowboys du futur combattront entre deux rencontres amicales (parfois fourbes !) des clans de mercenaires étonnamment gandins et orgueilleux. Ainsi, à travers la fantaisie de ces antagonistes jouant les "patibulaires" avec un cabotinage souvent irrésistible, on est ravi de retrouver derrière leur panoplie excentrique une flopée de seconds couteaux familiers des cinéphages.


Eminemment naïf, pittoresque et parfois involontairement drôle dans son alliage de sobriété et de dérision, Cherry 2000 distille charme et fantaisie autour d'une réflexion étrangement prophétique sur le sexisme (eu égard de la crise actuelle du harcèlement sexuel que les féministes vocifèrent en placardant "balance ton porc" !). Plus sérieusement, ce B movie sans prétention, à la fois sincère et généreux demeure à mon sens l'une des plus ludiques déclinaisons du Post-Nuke (low-cost), à trôner à proximité de 2019 après la chute de New-York, du Guerrier de l'Espace et du savoureux (et trop méconnu) Tank Girl

* Bruno
2èx

mercredi 23 mai 2018

SANS UN BRUIT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"A Quiet Place" de John Krasinski. 2018. U.S.A. 1h30. Avec John Krasinski, Emily Blunt, Noah Jup, Millicent Simmonds, Cade Woodward.

Sortie salles France: 20 Juin 2018. U.S: 6 Avril 2018

FILMOGRAPHIE: John Krasinski est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 20 Octobre 1979 à Newton, Massachusetts, USA. 2018: Sans un bruit. 2016: La Famille Hollar. 2010-2012: The Office (TV Series: 3 episodes). 2009: Brief Interviews with Hideous Men.


Précédé d'une réputation dithyrambique auprès des critiques, Sans un bruit redore ses lettres de noblesse au cinéma horrifique adulte si bien que cette petite pépite d'angoisse et de tension redouble d'inventivité pour nous caler au siège avec une efficience optimale. Et ce en dépit de sa durée minimaliste (1h24 sans le générique) et d'un schéma narratif bien connu des amateurs (le survival en huis-clos avec son lot de stratagèmes offensifs et défensifs et effets-chocs récurrents). Car fort d'un concept génialement insolite (dans un monde post-apo, une famille et une sourde et malentendante vont tenter de déjouer la menace de créatures ultra sensibles au bruit), John Krasinski (réalisateur méconnu de Brief Interviews with Hideous Men et de La Famille Hollar) s'avère redoutablement inspiré pour donner chair à ses personnages démunis au sein du cadre exigu d'une ferme customisée. Sa configuration jalonnée de gadgets faisant notamment office de labo expérimental afin d'y déceler l'éventuelle faille des créatures. Le moindre bruit impromptu, le moindre accident domestique, le moindre objet tombé par inadvertance pouvant leur être fatal si bien que chaque membre familial eut été formé dans la vigilance, la patience, la discipline et l'esprit de solidarité. Par le truchement de cette menace meurtrière d'origine inconnue, on reste d'ailleurs fasciné par le design décharné de ces créatures comparables à des sauterelles mutantes et numérisées avec souci probant de réalisme.


Leurs nombreuses apparitions et agressions véloces provoquant une appréhension sensitive lorsque nos protagonistes sur le qui-vive se résignent à n'émettre aucun son en guise de survie. Maîtrisant une bande-son oppressante où chaque détail sonore nous distille une tension diffuse, et maîtrisant le non-dit des personnages statiques s'exprimant à travers le langage des signes, John Krasinski relance sans modération l'action horrifique dans de multiples directions impromptues. Et ce en départageant la famille (enfants livrés à eux mêmes au sein de la campagne, père à la recherche de ces derniers, mère repliée dans son foyer pour une raison maternelle) et en exploitant la disparité des décors (domestiques / naturels) plongés dans une obscurité à la lisière de l'onirisme (notamment à travers un jeu de lumières rutilants afin d'avertir le membre extérieur d'une situation de danger). Le jeu de cache-cache avec la peur (et le mutisme) atteignant parfois des sommets d'intensité lorsque nos protagonistes font preuve d'un héroïsme suicidaire pour se protéger mutuellement. Sur ce point, John Krasinski n'hésite pas non plus à tailler une carrure fragile à cette famille à la fois pugnace et désespérée si bien que certaines séquences poignantes provoquent une digne empathie jamais pathétique. L'intrigue mettant en exergue à travers ses personnages sévèrement ébranlés les valeurs familiales par le biais de l'amour, de la culpabilité, de la rédemption et du pardon.


Hurlements
Bourré d'idées retorses, de chausse-trappes (dont je tairais tout indice) et de péripéties alertes d'une intensité sensorielle, Sans un Bruit exploite au 1er degré la série B du samedi soir (rare pour ne pas le souligner !) à travers une intrigue linéaire oh combien charpentée si bien que chaque évènement horrifique se renouvelle fissa sous l'impulsion d'une bande-son aphone (ou autrement stridente) où le hurlement escompté tiendra lieu de délivrance ! 

* Bruno

lundi 21 mai 2018

PHANTASM 2

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Don Coscarelli. 1988. U.S.A. 1h37. Avec James LeGros, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Paula Irvine, Samantha Phillips, Kenneth Tigar.

Sortie salles France: 15 Février 1989. U.S: 8 Juillet 1988

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


Une séquelle inutile aux antipodes de son illustre modèle (chef-d'oeuvre absolu du Fantastique moderne), Don Coscarelli privilégiant aujourd'hui la surenchère et la dérision sardonique (sans doute inspiré par les derniers exploits de Freddy Kruger) pour pallier son intrigue étique (jeu de cache-cache rébarbatif) dénuée de surprises, de suspense, d'angoisse et surtout d'intensité. Pour autant, grâce à 2/3 effets chocs convaincants et inventifs (les sphères volantes sont encore plus novatrices dans leur technologie meurtrière) et grâce sa dernière demi-heure homérique assez fluide, je peux comprendre qu'on puisse trouver le spectacle gentiment bonnard.

* Bruno
3èx

vendredi 18 mai 2018

CARGO

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yolanda Ramke et Ben Howling. 2017. Australie. 1h44. Avec Martin Freeman, Anthony Hayes, Caren Pistorius, David Gulpilil, Susie Porter, Kris McQuade

Diffusion uniquement sur Netflix : 18 Mai 2018

FILMOGRAPHIE: Yolanda Ramke est une réalisatrice, scénariste et actrice américaine.
Ben Howling est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Cargo.


Produit par Netflix, Cargo retrace le cheminement de survie d'un père et de son nourrisson au sein d'une Australie post-apo infectée par un mystérieux virus. Les citadins mordus par des créatures humaines se transformant à leur tour en meurtriers assoiffés de sang. Avec l'aide d'une adolescente aborigène également en berne depuis la disparition de son père, Andy déambule dans la campagne à la recherche d'autres survivants et d'un éventuel havre de paix, aussi malingre soit son nouveau destin. Dépoussiérant le thème des infectés avec une ambition intègre si bien que Yolanda Ramke et Ben Howling parviennent à y imprimer leur personnalité avec une digne maturité puisque élevant le genre au 1er degré (exit donc les effets de manche grands guignolesques), Cargo est une heureuse surprise au sein du genre éculé, usé jusqu'à la corde. Ces derniers parvenant dès le préambule particulièrement oppressant (on peut d'ailleurs prêter d'une manière autrement suggérée un clin d'oeil à l'Enfer des Zombies) à planter leur univers mortifié et ses personnages en berne avec un réalisme naturaliste. Outre les idées inventives qui empiètent le récit (notamment en jouant sur le simulacre du danger afin de s'extirper des clichés) et la manière inédite de caractériser ces infectés dégingandés (ils passent par d'étranges étapes de convulsion et de mutation avant leur métamorphose atone), Cargo  tire parti de son humanisme fragile à travers le profil équivoque d'un père de famille de prime abord plutôt couard et pleutre dans son indécision à porter secours aux appâts humains tout en observant impuissant à la dégénérescence d'une terre infectée de l'intérieur.


Les auteurs y exprimant un message écolo, une métaphore anti-capitaliste à travers la beauté sauvage de l'Australie que l'homme blanc a corrompu par son instinct à la fois matérialiste et cupide. Et donc du point de vue pacifique de ces aborigènes particulièrement solidaires entre eux, Cargo leur rend humblement hommage en revenant aux sources de leur culture tribale où la famille, la cohésion, l'amour, le respect pour la nature et la spiritualité font partie de leur éthique pour se forger leur sens existentiel. L'intrigue abordant d'autre part le thème du racisme, de l'esclavage que certains détenus pâtiront sous l'impulsion opportuniste d'un fermier sans vergogne. Enfin, et pour parachever vers un final onirique aussi lumineux que bouleversant, Cargo est également rehaussé d'une intense amitié que se partagent Andy et Josie. Toute le récit dédié à leur résilience cultivant une initiation au courage, à la communication et à la confiance à travers les différences raciales. Martin Freeman  (dans une posture binaire crédible de par ses sentiments contradictoires) et la méconnue  Natasha Wanganeen (d'une candeur naturelle à travers l'acuité de son regard mélancolique) insufflant sans pathos une humanité prude. Entre désespoir (le suicide plane constamment sur leurs épaules puis à proximité d'autres survivants aussi exténués par le deuil, le cannibalisme et le pessimisme) et aspiration d'une terre nouvelle (à labourer).


Dur et cruel, fort et beau à la fois, Cargo redore dignement le genre horrifique à hauteur d'homme et de dame nature. 

* Bruno

mercredi 16 mai 2018

Un Eté d'Enfer

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Michael Shock. 1984. France. 1h44. Avec Thierry Lhermitte, Véronique Jannot, Daniel Duval, Corynne Charbit, Michel Devilliers, Nana Mouloudji.

Sortie salles France: 12 Décembre 1984 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEMichael Schock est un réalisateur et acteur français né à Paris en 1948. 1978 : Trocadéro bleu citron. 1984 : Un été d'enfer. 1987 : Les Nouveaux Tricheurs.


"Emotion".
Polar français tourné à l'américaine parmi les vedettes de l'époque Thierry Lhermitte (à contre emploi en justicier en blouson de cuir ! ?) / Véronique Jeannot (fraîchement célébrée par la série TV Pause Café), Un Eté d'enfer fut un succès considérable à sa sortie avec ses 1 137 300 entrées. Moi même fis d'ailleurs le déplacement dans une salle un mercredi après-midi en compagnie d'un ami collégien. Raison pour laquelle aujourd'hui je ne peux pas vraiment être objectif puisque à l'époque j'avais pris beaucoup de plaisir à suivre les vicissitudes du détective Darland, aussi lambda et naïve soit son investigation ! Nanar pour les uns, plaisir innocent pour les autres, cette série B oscillant l'action et les bons sentiments pâtie d'une faible intrigue plutôt prévisible (Spoil ! bien que l'on soupçonne un faux dénouement tragique pour le sort de la disparue fin du Spoil). A savoir qu'une mère éplorée sollicite l'aide d'un détective privé afin de retrouver sa jeune fille droguée disparue 3 mois plus tôt. Pour autant, grâce à sa réalisation clinquante jalonnée de séquences clippesques (les séquences romanesque auquel le couple se prélasse en bord de mer) et grâce à l'attachant duo susnommé, Un Eté d'Enfer se suit sans déplaisir entre deux  séquences involontairement comiques (la rencontre timorée de Lhermitte et Jeannot autour d'un verre que celui-ci ne parvient pas à choisir, rire nerveux assurée, ah ah !).


L'intrigue malingre s'affublant en outre d'une récurrente mélodie sirupeuse que Debbie Davis chantonne à plusieurs reprises afin d'accentuer l'attrait charnel des amants en étreinte (on peut même entrevoir un bout de sein de Jeannot lors d'une séquence déshabillée, ouh là là !). Outre la complicité assez convaincante du duo romantique, le film bénéficie étonnamment de seconds-couteaux aux gueules burinées (le franc-tireur Daniel Duval en commissaire véreux) ou émaciées (le méconnu Michel de Viliers en dealer crapuleux). Parmi la présence très marquante de ce dernier, on peut d'ailleurs se remémorer LA séquence choc restée dans les mémoires par sa surprenante intensité dramatique. Ainsi, l'altercation au cours de laquelle Lhermitte finit par être forcé de sniffer une montagne de coke provoque encore aujourd'hui un malaise viscéral vertigineux. Raison pour laquelle le film écopa tout de même à sa sortie d'une interdiction aux - de 13 ans. Hormis quelques mini longueurs à mi-parcours du récit (la filature nocturne auprès des trafiquants à proximité du paquebot s'essouffle rapidement), Un Eté d'Enfer parvient donc modestement à divertir avec savoir-faire technique (slow motion stylisé en sus), même si aujourd'hui il ne contentera que les nostalgiques des années 80 ainsi que les amoureux de Véronique Jeannot qui ne fut alors jamais aussi radieuse que dans cet Eté d'Enfer.

Dédicace à mon camarade de classe Didier Top
* Bruno