vendredi 7 septembre 2018

LES GRIFFES DE LA NUIT

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

"A nightmare on Elm Street" de Wes Craven. 1984. 1h32. US.A. Avec John Saxon, Ronee Blakley, Heather Langenkamp, Amanda Wyss, Jsu Garcia, Johnny Depp, Charles Fleischer, Joseph Whipp, Robert Englund, Lin Shaye, Joe Unger...

Sortie salles France: 6 mars 1985. U.S: 16 Novembre 1984

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "WesCraven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Une plongée vertigineuse dans l'univers du rêve en compagnie d'un grand brûlé revanchard !
Auréolé du Prix de la critique et du Prix d'interprétation féminine (Heather Langenkamp) à Avoriaz en 1985 puis plébiscité par le public et la critique internationale, les Griffes de la Nuit révolutionna le cinéma d'horreur moderne sous la houlette d'une nouvelle figure monstrueuse, Freddy KruegerDans une bourgade Californienne, Nancy Thompson, Tina et leurs compagnons Glen et Rod sont témoins d'un évènement aussi improbable qu'inexpliqué. Durant leur sommeil, ils sont persécutés par un croquemitaine avide de les tuer à travers leur propre rêve ! Affublé d'un chapeau, d'un pull rouge à rayures et d'un visage tuméfié à la suite d'un incendie, il possède en outre une arme infaillible pour parfaire ses crimes, des griffes de rasoir au bout des doigts de la main droite. Lorsque Tina est retrouvée morte durant son sommeil, la panique s'installe dans ce paisible quartier hanté d'un lourd passé. Fort d'un concept à la fois génialement retors et atypique (un tueur revanchard infiltré dans les rêves de ses victimes pour mieux les piéger !), Les Griffes de la Nuit tire parti de son efficacité dans sa faculté inventive à confondre rêve et réalité du point de vue torturé d'une ado pugnace déterminée à se rebeller contre son assaillant. Spoil ! Et pourquoi pas l'extraire de son rêve après être parvenue à y extorquer son chapeau ! Fin du Spoil. Des idées folingues que Craven exploite avec une intensité dramatique qu'on ne retrouvera plus dans les autres opus. Pure série B ludique aussi haletante qu'oppressante, on reste fasciné par son ambiance trouble de cauchemar malsain sous l'impulsion d'un boogeyman étonnamment sobre si on compare ses futures facéties sarcastiques dans les suites lucratives.


Ainsi, grâce à son refus de la dérision et à la création d'une atmosphère délicieusement irréelle (voire parfois même teintée de poésie morbide), Les Griffes de la Nuit gagne en crédibilité à daigner authentifier une intrigue surnaturelle faisant intervenir un croquemitaine revanchard dans l'univers complexe du rêve. Dans la mesure notamment où la science ignore toujours son origine métaphysique sans doute afin de préserver l'arcane de la mort. Constamment captivant à suivre les vicissitudes d'une héroïne constamment malmenée par un monstre provocateur, alors que ses acolytes feront les frais de ses exactions sournoises, Wes Craven détourne intelligemment les clichés grâce à la présence mature de Nancy Thompson en initiation héroïque. A contre-emploi donc de l'ado décervelée, Heather Langenkamp porte le film sur ses épaules avec une force d'expression téméraire de par son désir de ne pas se laisser dériver par sa paranoïa face à une provocation meurtrière ayant la faculté d'altérer à sa guise la réalité quotidienne au sein du rêve. Bénéficiant d'effets-spéciaux novateurs pour l'époque, on reste encore aujourd'hui impressionné par le réalisme des situations horrifiques d'une violence gore décomplexée et d'une inventivité en roue libre. A l'instar du sort "vertigineux" de Tina ou du destin de Glen littéralement happé par son lit ! En outre, afin d'accentuer la dimension onirique de son contexte cauchemardesque où rêve et réalité fusionnent grâce à la dextérité du montage, le score mélodique Charles Bernstein retransmet à merveille ce doux sentiment d'insécurité et d'appréhension lorsque les ados se laissent happer durant leur sommeil par un tortionnaire passé maître dans l'art de manipuler une réalité illusoire.


Classique du genre nanti d'un vénéneux pouvoir de fascination grâce à son concept atypique (potentiellement tiré d'un fait réel) et à la présence stoïque de Heather Langenkamp, les Griffes de la Nuit aborde le thème du rêve avec cette volonté subsidiaire de nous questionner sur l'intensité de cette dimension parallèle apte à nous confondre dans une seconde réalité le temps d'un sommeil. Troublant, angoissant et terrifiant sur un rythme échevelé que Craven conduit sans gratuité, les Griffes de la Nuit est enfin transcendé par la présence démoniaque de Freddy Krueger résolument dérangeant, lâche et fétide, notamment si on y gratte le vernis de son passé sulfureux. 

* Bruno
07.09.18. 6èx
16.10.10


Anecdotes: Le film fut interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle au Québec.
C'est Claude Chabrol qui est à l'origine du titre français: Les Griffes de la Nuit ! Parallèlement à son poste de réalisateur, il travaillait à long terme pour trouver des titres français à des productions américaines. 

mercredi 5 septembre 2018

La Nuit des Diables / La Notte Dei Diavoli

     
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.co.uk

de Giorgio Ferroni. 1972. Italie/Espagne. 1h31. Avec Gianni Garko, Agostina Belli, Cinzia De Carolis, Mark Roberts, Bill Vanders, Teresa Gimpera, Luis Suarez, De Carolis Cinzia, Umberto Raho.

Sortie en salles en Italie le 29 Avril 1972 

FILMOGRAPHIEGiorgio Ferroni est un réalisateur, acteur, monteur, producteur et scénariste italien né le 12 Avril 1908, décédé le 17 Août 1981. 1936: Pompei. 1939: Terre de feu. 1942: Macario au Far-west. 1946: Sans Famille. 1947: Tombolo, paradis noir. 1960: Le Moulin des Supplices. 1961: La Guerre de Troie. 1963: Hercule contre Moloch. 1964: Le Colosse de Rome. 1964: Hélène, Reine de Troie. 1966: Trois cavaliers pour Fort Yuma. 1966: Le Dollar Troué. 1971: La Grande Chevauchée de Robin des Bois. 1972: La Nuit des Diables. 1975: Le dur... le mou... et le pigeon.


D'après une nouvelle de Tolstoi déjà portée à l'écran par Mario Bava avec l'un des fameux sketchs des 3 visages de la peurLa Nuit des Diables renoue avec l'épouvante gothique sous la mainmise de l'éminent Giorgio Ferroni. Car 12 ans après nous avoir ému avec le splendide Moulin des Supplices, celui-ci renouvelle de manière autrement horrifique la romance morbide où perce une mélancolie d'un amour disparu faute d'une insurmontable solitude ! Le Pitch: Blessé, Nicolas est retrouvé dans un état traumatique à proximité d'une forêt. Soigné en institut psychiatrique, il est incapable de se souvenir de son passé. Epris de panique, il semble effrayée à l'idée que la lumière du jour s'obscurcit pour laisser place à la nuit. Sa frayeur s'accentue lorsqu'une jeune femme, Sdenka, vient lui rendre visite dans sa chambre de manière hospitalière. Petit à petit, Nicolas se remémore son passé traversé de fulgurances morbides ! Réalisateur prolifique, Giorgio  Ferroni apporte brillamment sa seconde contribution à l'épouvante gothique à travers un climat d'étrangeté prégnant communiant les folklores du vampirisme et du zombie non sans une certaine dérive gore. Car si les scènes chocs magnifiquement filmées, voires étonnamment complaisantes, font preuve d'une poésie morbide typiquement latine, elles sont en prime rehaussées d'étonnants trucages confectionnés par le spécialiste Carlo Rambaldi. Tant et si bien qu'aujourd'hui on reste encore bluffé par son réalisme artisanal, notamment à travers les visages putréfiés filmés en fondu enchaîné à peine décelables ! Franchement bluffant. Prenant soin de magnifier le cadre si inquiétant d'une forêt sépia d'autant plus clairsemée, la Nuit des Diables suit l'itinéraire aléatoire d'un médecin contraint de solliciter refuge auprès d'une famille isolée après avoir failli renverser une inconnue en voiture. Le portrait conféré à ces métayers éloignés du monde urbain nous est soigneusement retranscrit de par leur mode de vie tatillon et leurs expressions fébriles, pour ne pas dire erratiques, émanant d'une posture résolument superstitieuse.


Pour cause, ces derniers héritiers d'un village autrefois populaire se barricadent dès la nuit tombée afin de se protéger d'une sorcière surnommée "vourdalak". Cette créature errante rodant chaque soir aux alentours de leur foyer pour tenter de les contaminer un à un en leur suçant le sang. Nicolas, déconcerté par cet improbable récit va peu à peu se rendre l'évidence que la malédiction de la sorcière n'est nullement une divagation après la disparition soudaine du patriarche. Alors qu'au même instant, il se rapproche de la belle Sdenka lors d'une complicité communément sentimentale. Avec un soin esthétique subtilement baroque, Giorgio Ferroni s'avère redoutablement inspiré pour éveiller l'étrangeté d'une scénographie rurale occulte où errent quelques rares animaux sauvages (les sangliers, les loups éplorés que l'on entend hurler la nuit font office de seconds-rôles proéminents). Qui plus est, afin de cultiver sa propre personnalité plutôt autonome, voire hétérodoxe, il y injecte à travers son sombre récit quelques éclaboussures gores disséminées par moments ainsi qu'un érotisme un chouilla osé pour l'époque afin de secouer le spectateur peu habité au spectacle aussi explicite. Quand bien même sa dernière partie particulièrement haletante renchérit de tension et de terreur lorsque chaque membre des Ciuevelak sera victime des "vourdalaks". Giorgio Ferroni ayant l'intelligence d'éveiller le doute quant à la condition démunie de la dernière victime potentiellement contaminée par ses congénères planqués derrière les bosquets. Visages blêmes de fantômes noctambules en proie à la déraison, sorcière (iconique) profanatrice de sépulture, cadavres perforés puis putréfiés au contact d'une mort violente, rires sardoniques de gosses persifleurs font partie des images saillantes de cette confrontation houleuse entre le Bien et le Mal où l'issue de secours s'avère d'autant plus sarcastique par son refus du happy-end. 


Baignant dans le climat trouble d'une nature champêtre inusité de par sa poésie opaque teintée de charnalité, La Nuit des Diables illustre avec une certaine mélancolie capiteuse le conte d'épouvante à travers la détresse solitaire de ces créatures infortunées en requête de soutien. Davantage obscur et oppressant lors de sa dernière partie échevelée, La Nuit des Diables culmine sa trajectoire morbide vers une course poursuite effrontée d'où raisonne le hurlement d'une victime jamais remise de sa psyché torturée. Et le spectateur d'y avoir cru autant que lui avec un masochisme délectable sous l'impulsion de l'élégie malingre de Giorgio Gaslini. Magnifique j'vous dis. 

* Bruno
20.10.23. 3èx
05.09.18. 
14.12.11 (295 v)

mardi 4 septembre 2018

JURASSIC WORLD: FALLEN KINGDOM

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juan Antonio Bayona. 2018. U.S.A. 2h08. Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Daniella Pineda, James Cromwell.

Sortie salles France: 6 Juin 2018. U.S: 22 Juin 2018

FILMOGRAPHIEJuan Antonio García Bayona (né le 9 mai 1975 à Barcelone, en Espagne) est un réalisateur et scénariste espagnol. 2007 : L'Orphelinat. 2012 : The Impossible. 2016 : Quelques minutes après minuit. 2018 : Jurassic World: Fallen Kingdom.


"Une routine est infernale uniquement pour ceux qui ne savent pas la rendre agréable."

"Tout le monde parle de progrès, et personne ne sort de la routine."

"Accepter la routine, c'est accepter de mourir à petit feu."

"La routine est un film à couper le bonheur."

"On roule confortablement sur l'autoroute du 7è art, protégé par la ceinture de sécurité de nos certitudes et l'air-bag conducteur de la routine."

lundi 3 septembre 2018

PUPPET MASTER 3

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Puppet Master III: Toulon's Revenge" de David De Coteau. 1991. U.S.A. 1h26. Avec Guy Rolfe, Sarah Douglas, Richard Lynch, Ian Abercrombie, Kristopher Logan, Aron Eisenberg, Walter Gotell.

Sortie U.S uniquement en video: 17 Octobre 1991

FILMOGRAPHIE SELECTIVEDavid DeCoteau, né le 5 janvier 1962 à Portland, est un réalisateur et producteur de cinéma américain. 1986 : Dreamaniac. 1987 : Nightmare Sisters. 1987 : Creepozoids. 1988 : Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama. 1988 : Vengeance de femme. 1989 : Etreinte Mortelle. 1989 : American Rampage. 1989 : Dr. Alien. 1991 : Puppet Master III. 1993 : Naked Instinct. 1993 : The Girl I Want. 1993: Les Créatures de l'au-delà. 1998 : Shriek. 1998 : Le Retour du puppet master. 1999 : Witchouse. 1999 : The Killer Eye. 1999 : Totem. 1999 : Retro Puppet Master. 2000 : Voodoo Academy (vidéo). 2000 : Castle of the Dead. 2000 : Frankenstein et le loup garou. 2000 : La Légende de la momie 2. 2000 : The Brotherhood. 2001 : The Brotherhood II. 2001 : Final Scream. 2001 : The brotherhood: le pacte. 2002 : Frightening. 2002 : The Brotherhood III. 2003 : Leeches! 2004 : The Sisterhood. 2005 : Brotherhood IV: The Complex. 2005 : Les Sorcières des Caraïbes. 2010 : Puppet Master: Axis of Evil. 2011 : A Dream Whitin a Dream. 2011 : Wicked Stepbrother. 2011 : 1313 : Hauted Frat. 2011 : 1313 : Actor Slash Model. 2011 : 1313 : Boy Crazies. 2011 : Christmas Spirit. 2012 : 1313: Cougar Cult. 2012 : 1313 : Bermuda Triangle. 2014 : 3 Scream Queens.


Considéré comme le meilleur opus de la saga sous la houlette du prolifique David DeCoteau, Puppet Master 3 demeure une sympathique série B en dépit de son aspect téléfilmesque et de son budget limité (les décors de carton pâte sous l'occupation nazie épaulés d'images d'archive à proximité d'un train). Délocalisant l'action sous le régime nazi de 1941, Puppet Master 3 retrace avec une modeste efficacité la vengeance d'André Toulon auprès de la Gestapo responsable de la mort de son épouse. Le vétéran Richard Lynch endossant l'ignoble Major Kraus avec un cabotinage gentiment caustique de par sa cruelle impériosité. Et pour égayer l'intrigue somme toute classique, Toulon est entouré de deux naïfs résistants (un père et son jeune fils) communément réfugiés dans une maison en ruine afin d'échapper à l'autorité, quand bien même un médecin (transfuge) tente de négocier le secret de Toulon. Jalonné de séquences horrifiques amusantes (surtout l'ultime mise à mort auprès du méchant !) sous l'impulsion des marionnettes tueuses filmées en stop motion, le charme opère toujours en dépit de la réalisation bricolée de David DeCoteau plus inspiré à leur donner chair que de consolider une solide intrigue plutôt chiche en rebondissements. Quoiqu'il advienne, aussi démanchée soit l'entreprise et stéréotypés ces personnages, Puppet Master 3 divertit agréablement grâce à son rythme soutenu nanti de charme innocent.

Puppet Master: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/puppet-master.html
Puppet Master 2: http://brunomatei.blogspot.com/2018/08/puppet-master-

* Bruno

samedi 1 septembre 2018

A BEAUTIFUL DAY. Prix d'interprétation Joaquin Phoenix, Prix du Scénario, Cannes 2017.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"You Were Never Really Here" de Lynne Ramsay. 2017. Angleterre/France. 1h30. Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, Alex Manette, John Doman.

Sortie salles France: 8 Novembre 2017 (Int - 12 ans avec avertissement). U.S: 23 Février 2018

FILMOGRAPHIE: Lynne Ramsay est une réalisatrice britannique, née le 5 décembre 1969 à Glasgow (Royaume-Uni). 1999: Ratcatcher. 2002: Le Voyage de Morvern Callar. 2011: We Need to Talk about Kevin. 2017: A Beautiful Day.


Remarquée avec l'excellent thriller We Need to Talk about KevinLynne Ramsay redouble d'ambition avec le difficilement apprivoisable A beautiful Day. De par sa mise en scène à la fois contemplative et expérimentale ainsi que le jeu viscéral du fantôme errant Joaquin Phoenix (il traîne sa lourde carcasse amplifiée de son visage bouffi), A beautiful Day bouscule les habitudes du spectateur si bien qu'une majorité d'entre eux risque d'y être dérouté. Car à travers un récit classique mais d'une grande intensité dramatique, la réalisatrice compte sur sa personnalité singulière pour détourner les codes du genre. Tant auprès de l'intelligence du non-dit, du silence entre les mots pour les remplir d'humanité déchue que d'un refus du racolage à travers son thème si sordide. Ainsi, en abordant la pédophilie de la manière la plus éthérée qui soit, A beautiful day nous retrace la descente aux enfers documentée d'un tueur à gage délibéré à retrouver la fille d'un sénateur kidnappée par un réseau pédophile.


Partageant son existence avec sa mère décatie, Joe ne compte que sur l'amour et la tendresse de cette dernière pour se donner encore une ultime raison existentielle. Mais sa nouvelle mission d'extirper Nina de la prostitution va l'entraîner dans une déchéance morale à la limite de la schizophrénie. Les fantômes du passé refaisant surface, notamment à travers un périple belliqueux (c'est un ancien marine), faute d'innocences sacrifiées. Traversé d'éclairs de violence barbares d'une rare brutalité, A beautiful day ne sombre aucunement dans la complaisance si bien que le hors-champs est souvent de rigueur ou que la résultante des meurtres permet au récit de rebondir malgré l'aspect routinier d'une telle décadence criminelle où chaque individu ne compte que sur son propre intérêt selon la volonté d'une autorité souveraine. Sombre, désespéré, chaotique en photographiant scrupuleusement une métropole urbaine tentaculaire comme hantée par le Mal le plus couard, Lynne ramsay dresse un tableau anxiogène sur la nature humaine partagée entre la haine, le pouvoir et la perversité. Joe arpentant machinalement à l'aide de son marteau les quartiers noctambules à l'instar d'un robot monolithique sans vergogne. Seule l'étincelle d'espoir à retrouver Nina en vie l'amènera peut-être à s'extraire du bout du tunnel en dépit de sa solitude aliénante où perce une désillusion suicidaire.


Fort d'une mise en scène très stylée (BO entraînante à l'appui !) adepte de l'anticonformisme et du jeu vénéneux de Joaquin Phoenix (Prix d'interprétation à Cannes) transperçant l'écran avec une alchimie morale quasi surnaturelle (notamment à travers la puissance de son regard rapace), A beautiful day est un voyage au bout de la nuit. Une quête existentielle de dernier ressort à renouer avec l'innocence et tenter de dénicher un semblant d'havre de paix au sein d'une société de stupre nécrosée par le pouvoir. 

* Bruno

Récompenses: Festival de Cannes 2017
Prix d'interprétation masculine pour Joaquin Phoenix
Prix du scénario pour Lynne Ramsay

vendredi 31 août 2018

Descente aux Enfers / Vice Squad

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site four-tous.blogspot.com

de Gary Sherman. 1982. US.A. 1h37. Avec Gary Swanson, Wings Hauser, Season Hubley, Pepe Serna, Nina Blackwood, Beverly Todd, Lydia Lei, Joseph DiGiroloma.

Sortie salles France: 4 Août 1982. U.S: 22 Janvier 1982

FILMOGRAPHIE: Gary A. Sherman est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1943 à Chicago dans l'Illinois. 1972: Le Métro de la mort, 1981: Réincarnations, 1982: Descente aux enfers, Mystérious Two (TV film), 1984: The Streets (TV film), 1987: Mort ou Vif, 1988: Poltergeist 3, 1990: Lisa, After the Shock, 1991: Murderous Vision (TV film).


Remarqué auprès de son premier long, le Métro de la mort, puis révélé avec le bijou d'humour macabre, Réincarnations, Gary Sherman exploite en 1982 le thriller à travers la série B teigneuse Descente aux Enfers. Le PitchAprès être parvenu à s'échapper une seconde fois au moment de son arrestation, un tueur misogyne s'efforce de retrouver une jeune prostituée, l'indic ayant permis à la police de l'appréhender. L'inspecteur Tom Walsh et ses adjoints (déguisés en civils) tentent de retrouver ses traces avant qu'il n'assassine la prostituée en guise de vengeance. Baignant dans un vénéneux climat nocturne afin de mettre en exergue une faune urbaine aliénée (tant auprès d'une clientèle lubrique machiste que des trafiquants en tous genres), Descente aux Enfers joue la carte du divertissement pour adultes, de par son environnement souvent glauque et son langage cru particulièrement rustre n'ayant pas froid aux yeux.


Ainsi, si l'intrigue sommaire ne se focalise que sur l'efficacité d'une chasse à l'homme rondement menée (actions, agressions, poursuites en règle), Descente aux Enfers maintient d'autant mieux l'intérêt grâce à l'implication des comédiens habités par une frénésie collective à s'efforcer de localiser et appréhender un tueur dégénéré littéralement increvable. On peut d'ailleurs s'amuser de 1 ou 2 rebondissements improbables lorsque celui-ci parvient une énième fois à échapper à ses rivaux avec une insolence racoleuse. Or ici, l'invraisemblable demeure tout à fait crédible de par les réalisme des situations remarquablement mises en scène par le dynamisme du montage et l'impulsion dégénérée des protagonistes à bout de souffle. On y croit donc en étant rivé à notre fauteuil par son intensité impromptue. Gary Sherman y injectant d'ailleurs une certaine dérision à travers quelques situations sciemment grotesques, de par la posture erratique d'olibrius en mal de notoriété (le vieux chinois adepte du kung-fu, le vieillard en berne et sa mise en scène nécrophile). Ainsi, fort d'une solide distribution (Gary Swanson en flic irascible bafouant ses règles déontologiques, la néophyte Season Hubley en catin au grand coeur à bout de souffle crève l'écran), Descente aux enfers gagne en rigueur sous l'impulsion ébaubie de Wings Hauser littéralement habité en maniaque stoïque au regard écarquillé ! A eux trois, ils forment un trio belliqueux aussi impressionnant que névrosé à arpenter une métropole urbaine en ébullition si bien que la marginalité est reine.


Hollywood Night vitriolé.
Sans révolutionner le genre mais tenant louablement la dragée haute à ses homologues (New-York 2h du matin, l'Ange de la Vengeance, Cruising), Descente aux Enfers est suffisamment nerveux, alerte, violent (tant les gestes que la parole), coloré (superbe photo éclairée de néons gélatineux), immersif, forcené pour scander un modèle de série B dressant en background un tableau assez inquiétant d'une Amérique interdite en proie à une misanthropie galopante. A revoir d'urgence si bien qu'il n'a pas pris une ride grâce en priorité à la nervosité de sa mise en scène souvent inventive et à son réalisme décomplexé. 

* Bruno
26.03.23. 3èx
31.08.18. 
03.03.11

jeudi 30 août 2018

LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site jambo-congo.net

"Non si sevizia un paperino / Ne torturez pas le caneton" de Lucio Fulci. 1972. Italie. 1h48. Avec Barbara Bouchet, Tomas Milian, Florinda Bolkan, Marc Porel, Ugo D'Alessio, Georges Wilson,  Irene Papa.

Sortie salles Italie: 29 septembre 1972. France: 22 mars 1978 (Int - 18 ans)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988: Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Le Village des Damnés
Un an après Le Venin de la PeurLucio Fulci emprunte à nouveau la voie du thriller. Non pas le Giallo comme aiment à le souligner certains critiques spécialistes si bien que selon mon raisonnement personnel nous n'avons pas ici affaire au traditionnel tueur ganté décimant à l'arme blanche de charmantes demoiselles dénudées dans un stylisme charnel typiquement latin. On peut d'ailleurs préciser que son titre franchouillard mercantileLa Longue Nuit de l'Exorcisme, fut simplement exploité pour concurrencer le phénoménal succès de l'Exorciste de Friedkin. Et donc on lui préfèrera son titre initial beaucoup plus subtil et insolite traduit en français par "Ne torturez pas le caneton". Bizarrement, le film ne sortira chez nous que 6 ans après sa sortie officielle, en 1978. Dans un village Sicilien, une série d'infanticides sans mobile apparent ont lieu. La police dubitative des agissements du meurtrier enquête vainement avant de s'orienter vers un présumé coupable, un demeuré attardé. La population davantage contrariée ne tarde pas à s'envenimer alors qu'un autre potentiel suspect, la "sorcière" du village, est devenue leur nouvelle cible. Avertissement aux âmes prudes ! La Longue Nuit de l'Exorcisme aborde le thème brûlant de l'infanticide parmi l'audace d'un climat à la fois redoutablement pervers et licencieux ! Et ce sans se vautrer dans la complaisance (si on écarte la séquence discutable - chez certains - du lynchage puissamment tragique ou de la victime dévalant une falaise !). Ca démarre fort avec la découverte incongrue du vestige d'une sauvageonne  exhumant le cadavre d'un squelette infantile. On enchaîne ensuite avec une éventuelle partie de jambes en l'air négociée entre adultes consentants au sein d'une grange, alors que l'idiot du village tente de les zyeuter par des volets entrebâillés. On témoigne ensuite d'une allusion "pédophile" entre une jeune femme aguicheuse entièrement nue et un enfant à peine âgé de 12 ans. Une situation éhontée quant aux provocations verbales de la pécheresse intimidant le marmot devenu voyeur malgré lui, car aussi gêné qu'attiré par son anatomie sexuelle. Cette séquence subversive profondément dérangeante mais entièrement soumise au pouvoir de suggestion (notamment à travers les échanges de regards complices pleins de contradiction et de complexité) aurait sans doute rencontré aujourd'hui de sérieux problèmes avec dame censure ! D'ailleurs à sa sortie, un esclandre éclata si bien que que l'actrice accusée de détournement de mineur fut convoquée par le parquet afin de prouver durant une scène de nue qu'il s'agissait d'un nain filmé de dos lorsque celui-ci lui ramène une boisson.


Ainsi, c'est à travers le climat solaire d'un paysage rural de l'Italie profonde que Lucio Fulci nous dépeint son histoire soigneusement structurée. Une investigation de longue haleine où chacun des protagonistes pourrait être le suspect idéal. En pourfendeur, le cinéaste brasse des tabous afin de dresser le tableau peu reluisant d'une population métayère intolérante, rétrograde et xénophobe envers l'étranger natif de l'urbanisation. Il pointe du doigt le fanatisme d'une religion sectaire endoctrinée dans le rigorisme et donc abrutissant sa population effrayée par le progrès car préférant s'isoler dans les superstitions afin d'excuser des strangulations commises sur leurs enfants. L'incroyable séquence de lapidation à coups de triques et de chaîne démontre bien avec un réalisme insupportable l'animosité de ces esprits archaïques dans leur justice expéditive déliquescente. Cette agression gratuite d'une cruauté inouïe (et anticipant la torture du peintre crucifié de l'Au-dela) s'avérant à la fois insoutenable et bouleversante. Fulci prenant soin de scander ce lynchage de groupe d'une mélodie élégiaque accentuant le caractère pathétique de leur acte d'une impardonnable lâcheté. Quand bien même la victime moribonde se traînera le corps jusqu'à proximité d'une autoroute alors qu'aucun automobiliste n'aura le réflexe de lui prêter main forte. Abrupt et nihiliste jusqu'au bout des ongles ! Pendant ce temps, le coupable sans visage court toujours et poursuit ses odieux méfaits en toute tranquillité ! Et ce avant qu'un journaliste et la donzelle pédo ne se concertent pour mieux mener l'enquête. Quand au dénouement à la fois inquiétant, trouble, haletant puis intense, notamment dans les confrontations musclées, il ne déçoit pas quant à l'identité du coupable et la tare cérébrale de son mobile. Niveau casting, la sublime  Barbara Bouchet casse son image glamour pour incarner une allumeuse cynique tributaire de son addiction pour la drogue et de ces fantasmes pédophiles. Le spectateur étant autant séduit par sa silhouette sexy qu'évidemment dérangé par son immoralité  condamnable.  Secondé par Tomas Milian (l'homme au 1000 visages !) lors d'un second chapitre narratif aussi vicié que captivant, l'acteur impose son charisme viril pour incarner un journaliste avisé délibéré à démystifier cette sombre histoire d'infanticide en menant indépendamment ses propres recherches. Pour parachever ces éminentes têtes d'affiche parmi une présence iconique, je déclare ma flamme à la beauté si contrariée de Florinda Bolkan se glissant dans le corps névrotique d'une sorcière superstitieuse traumatisée par son deuil infantile puis ensuite lynchée dans un fracas de violence putassières ! Une séquence extrême donc d'une intensité dramatique inégalée pour les amateurs d'horreur crapoteuse franchement gênés par une bestialité sans retenue !


Les Enfants de la perversion. 
De par son atmosphère malsaine subtilement méphitique et sa galerie indécente de personnages ignares sombrant dans la corruption, voir le meurtre chez certains, La Longue nuit de l'exorcisme  transfigure le thriller rural sous le pilier d'une intrigue couillue aussi pestilentielle qu'étonnamment poignante. Fulci soulignant avec fougue et émotion (on sent que le sujet lui tient particulièrement à coeur) une diatribe contre l'obscurantisme, le fanatisme et les superstitions au rythme mélancolique de l'inoubliable tube d'Ornella Vanoni ! Un chef-d'oeuvre marginal inscrit dans la douleur et les larmes d'une innocence pervertie par son idéologie rétrograde. 

Note (wikipedia): À cause de son pitch critiquant l'Église catholique, le film fut inscrit sur liste noire et ne connu qu'une faible exploitation à travers l'Europe. Avant l'arrivée d'un DVD en 2000, il n'était jamais sorti aux États-Unis.

* Bruno
30/08/18. 4èx
18.01.11.  475 vues

mercredi 29 août 2018

Puppet Master 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David William Allen. 1990. U.S.A. 1h24. Avec Steve Welles, Elizabeth Maclellan, Michael Todd, Julianne Mazziotti, Collin Bernsen, Gregory Webb.

Sortie Video U.S: 7 Février 1991.

FILMOGRAPHIE: David Allen est un réalisateur américain, né le 2 Octobre, 1944 à Los Angeles, Californie, décédé le 16 Août 1999. 1990: Puppet Master II. 1984: Ragewar (segment "Stone Canyon Giant").


Si l'habile artisan David Schmoeller a cédé sa place au néophyte David Allen, Puppet Master 2 ne déçoit pas vraiment, aussi malingre soit son intrigue prémâchée et stéréotypés ces protagonistes dénués de charisme. Pour autant attachants, ces dernières méconnus du public parviennent à instaurer un climat bonnard de par leur naïve innocence au niveau des romances conjugales ou des relations familiales, et leur gentille maladresse à se confronter à plus petit que soi. A savoir, des poupées diaboliques toujours aussi charismatiques dans leur morphologie inusité que David Allen filme avec une attention à la fois  circonspecte et artisanale (stop-motion probant). Tant auprès de leurs déplacements parfois (gentiment) furtifs que de leurs vilenies sournoises exécutées avec une certaine inventivité gorasse (même si on aurait pu s'attendre à plus d'effets-chocs spectaculaires). 


Hommage accort à l'épouvante de la Universal (André Toulon dans une défroque opaque héritée de L'Homme Invisible alors qu'il tente de ressusciter sa défunte épouse en référence à James Whale) et à Ray Harryhausen (les séquences en stop motion donc, le flash-back exotique en Egypte), Puppet Master 2 s'avère même un tantinet mieux rythmé que son modèle même si la gratuité de certaines scènes chocs pâlie son absence de suspense. Et si le cheminement vindicatif de Toulon, exhumé d'entre les morts grâce aux poupées, s'avère majoritairement routinier dans une posture (agréablement) emphatique, le final inopinément surprenant fait basculer l'intrigue dans une dimension fantastique intelligemment onirique. On peut d'ailleurs évoquer au gré de ses trouvailles surnaturelles rappelant un certain Tourist Trap une mise en images d'autant plus soignée et colorée pour l'expérimentation du couple hybride sur le point de s'éveiller ou encore à travers le ciel azur de son paysage côtier que les protagonistes arpentent à proximité de leur immense hôtel bâti en amont d'une falaise.


Conte horrifique mineur pour autant ludique et sensiblement fascinant sous l'impulsion de la mélodie infantile de Richard Band, Puppet Master 2 tire parti de son charme Bis grâce à l'insolence des poupées insidieuses que David Allen filme avec une scrupuleuse tendresse. De par leur étrange mutisme où plane l'occultisme et leurs exactions fielleuses à nuire à la tranquillité des locataires avec une ambition outre-mesure. Or, un peu dommage que le récit soit aussi mal structuré que peu intense auprès de l'évolution atone de personnages bonnards. Mais le charme et la sympathie d'une série B sans prétention opèrent encore avec une efficacité timorée pour autant agréable à suivre. 

*Bruno
15.03.23. 4èx

Ci-joint la chronique du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/puppet-master.html

mardi 28 août 2018

LES INSECTES DE FEU. Licorne d'Or, Paris 1975.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

"Bug" de Jeannot Szwarc. 1975. U.S.A. 1h40. Avec Bradford Dillman, Joanna Miles, Richard Gilliand, Jamie Smith Jackson, Alan Fudge, Jesse Vint, Patricia McCormack, Brendan Dillon.

Sortie salles France: 28 Janvier 1976

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse, 1975: les Insectes de Feu, 1978: Les Dents de la mer 2, 1980: Quelque part dans le temps, 1983: Enigma, 1984: Supergirl, 1985: Santa Claus, 1994: La Vengeance d'une Blonde, 1996: Hercule et Sherlock, 1997: Les Soeurs Soleil.


Une pierre angulaire de l'horreur catastrophiste héritée du réalisme malsain des Seventies ! Glaçant !
A l'aube d'une riche carrière éclectique alternant le meilleur et le pire, le français Jeannot Szwarc  réalise en 1975 un de ses meilleurs films, une série B horrifique matinée de science-fiction et de catastrophe alors en vogue. Produit et co-scénarisé par William Castle, en collaboration avec la Paramount depuis le prodigieux succès de Rosemary's BabyLes Insectes de Feu est également tiré d'un roman de Thomas Page: The Hephaestus Plague, publié en 1973. Un séisme ravage une région bucolique des Etats-Unis libérant par l'occasion d'étranges insectes capables d'incendier la nature environnante au contact de leur abdomen. Peu à peu, d'étranges incidents surviennent auprès des citadins, les arthropodes agressant leurs victimes au contact du feu. Un professeur universitaire retranché chez lui décide de les étudier depuis la mort de son épouse causée par eux. Récompensé à Catalogne et au Rex à Paris si bien qu'il remporte la fameuse Licorne d'Or, Les Insectes de Feu  demeure un délicieux cauchemar si représentatif des Seventies avec son réalisme aussi âpre que terrifiant. Et pour cause, son sujet traité avec le plus grand sérieux exploite des séquences horrifiques proprement viscérales et remarquablement efficaces, de par leur impact aussi inédit que spectaculaire et la qualité consciencieuse des trucages (récompensés à Catalogne). En l'occurrence, les victimes insidieusement molestées par les blattes tentent désespérément de fuir la menace du feu si bien que ces dernières sont capables d'incendier leur victime au contact de leur abdomen. Les citadins se transformant en torches  humaines après que l'insecte eut parvenu à produire de la chaleur combustible au contact tactile ! Des visions d'effroi, malsaines, impitoyables et dérangeantes que Szwarc parvient à mettre en exergue avec un brio technique avisé !


Ces séquences s'avèrent d'autant plus réalistes lorsque les victimes accourent dans l'intensité de l'affolement, quand bien même Jeannot Swarc y injectait plus tôt un suspense parfois oppressant quant à l'expectative de leur prochaine agression. Ainsi, la fascination répulsive exercée sur ses diaboliques invertébrés, délibérés à dominer le monde faute d'un chercheur endeuillé, réussit à nous convaincre de leur dangerosité grâce à leur véracité corporelle. Repoussantes par leur aspect métallique si j'ose dire (leur carapace s'avère souple et rigide), ses dernières crèvent l'écran avec un réalisme inusité sachant que l'auteur se refuse à désamorcer l'horreur des situations par une dérision macabre. Qui plus est, celui-ci utilise habilement son savoir-faire technique par l'entremise d'une partition musicale quasi expérimentale, une photo solaire et crépusculaire et de nombreux zooms auscultant l'anatomie de ces blattes dévoreuses de cendre ! La seconde partie beaucoup plus sobre mais cauchemardesque et résolument inquiétante par son aspect documenté exploite le huis-clos étouffant à travers les agissements scientifiques du biologiste obsédé à l'idée d'exterminer les insectes depuis que sa femme en fut l'une des victimes. Sous le principe du reportage animalier, ce second acte réussit à captiver à travers une succession d'épreuves scientifiques qu'effectue ce dernier subitement animé par une forme de dépression mégalo à daigner accoupler ensuite ces arthropodes (hérités de la préhistoire !) avec une autre race d'insectes ! Terré dans l'insalubrité de sa demeure et perdant peu à peu tous repères  avec la réalité, James Parmiter joue aux apprentis sorciers au péril de sa vie et de son entourage.  Spoiler!!!  Ce qui nous amène à une conclusion cruelle d'autant plus terrifiante de nihilisme pour la prescience d'une éventuelle apocalypse éludée de lueur d'espoir Fin du Spoiler.


Efficacement mené et résolument fascinant de par l'aspect réaliste de cette menace animale plus vraie que nature, Les Insectes de Feu constitue une oeuvre charnière de l'épouvante des Seventies. Ainsi, à travers son passionnant thème écolo (la quête de pouvoir entre l'homme et l'insecte), on est d'autant plus alerter de témoigner de l'arrogance du chercheur autiste obsédé à l'idée de dompter une mutation carnivore pour une cause révolutionnaire (voire mégalo selon moi). Sa solide distribution  (Bradford Dillman très investi en savant borderline en perte de moralité), les séquences chocs très impressionnantes qui ponctuent (sans gratuité) l'intrigue et son score dissonant confirment que ce classique de l'horreur vérité n'a rien perdu de sa vigueur malsaine.   

* Bruno
28.08.18. 5èx
13.06.11

Récompenses:
Prix des meilleurs effets spéciaux pour Phil Cory, lors du Festival du film de Catalogne en 1976.
Prix du Public et Licorne d'Or au Rex à Paris en 1975.

lundi 27 août 2018

MUTANT

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Bud Cardos. 1984. U.S.A. 1h26. Avec Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey.

Sortie salles France: Inédit. U.S: 24 Août 1984

FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.


Spécialiste de séries B horrifiques surfant souvent avec le nanar (même si on lui doit l'Horrible Invasion, meilleur film d'agression arachnide jamais réalisé), Mutant ne déroge pas à la règle. Plaisir coupable à privilégier un samedi soir, l'intrigue relate la visite impromptue de 2 frères dans une petite bourgade ricaine à la suite d'un accident de voiture causé par des rednecks du coin. Le soir même, ils parviennent à trouver refuge dans un hôtel. Mais le lendemain, le frère cadet a subitement disparu. Josh s'efforce alors de le retrouver en se liant d'amitié avec une tenancière. Mais les cadavres s'accumulent si bien que l'invasion des zombies ne fait que s'amorcer ! Bourré de clichés, de situations éculées et de personnages génialement stéréotypés dans leur surjeu risible (notamment un "méchant" persifleur aussi casse-couille que récalcitrant !),  Mutant parvient donc à distraire en terrain connu même si le minimum syndical est de rigueur. Les 3 premiers quart-d'heure jouant gentiment la carte de l'expectative auprès de notre héros investigateur.


Tant auprès de la recherche de son frère que de la raison inexpliquée à laquelle les citadins se transforment en zombies (encore un coup des déchets toxiques industriels !). Baignant dans une chaude atmosphère rurale et relativement sympathique grâce à son casting de seconde zone et à son rythme soutenu, Mutant s'avère correctement efficace, quand bien même la réalisation maladroite de John Bud Cardos parvient à distiller un charme Bis dans sa sincérité à exploiter le filon du zombie à l'aide de maquillages cheap néanmoins soignés. Outre la posture ballot des comédiens à la trogne parfois charismatique (le shérif local amicalement incarné par Bo Hopkins), on s'amuse surtout du cabotinage de l'acteur impayable Wings Hauser (Descente aux enfers/Vice Squad de Gary Sherman) dans celui de l'aimable touriste au regard tantôt ébaubi, tantôt écarquillé. La dernière demi-heure fertile en agressions horrifiques (notamment au sein d'un huis-clos exigu que le couple tente de barricader) l'incitant à jouer les héros avec une sobriété aussi bien cocasse. Quant aux zombies erratiques à la trogne grand-guignolesque (ils sont grimés d'une sorte de cirage blanc puis noir aux contours des yeux), là aussi ils valent leur pesant de cacahuètes lorsqu'il tentent fébrilement de provoquer l'effroi à l'aide d'une gestuelle outrancière ! Sympatoche j'vous dis !

* Bruno
2èx

    vendredi 24 août 2018

    LA MAISON DU DIABLE

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site horreur-web.forumactif.com

    "The Haunting" de Robert Wise. 1963. Angleterre. 1h51. Avec Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson, Russ Tamblyn, Fay Compton, Rosalie Crutchley, Lois Maxwell, Valentine Dyall, Diane Clare, Ronald Adam.

    Sortie en salles en France le 4 Mars 1964. U.S: 18 Septembre 1963.

    FILMOGRAPHIERobert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1963: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)


    Réalisateur prolifique dans sa diversité des genres, Robert Wise s'inspira en 1963 d'un roman de Shirley Jackson pour tenter d'authentifier un cas de demeure hantée chez La maison du Diable. Passionnante psychanalyse sur la psychose de nos angoisses les plus préjudiciables, ce chef-d'oeuvre inégalé laisse planer le doute quand à l'intrusion du surnaturel, et ce afin de nous entraîner dans le vertige d'une interrogation irrésolue. Un professeur en parapsychologie rassemble trois auxiliaires autour d'un cas de maison hantée dans la célèbre demeure de Hill House. Eleanor, la femme la plus susceptible, semble aussi attirée que terrifiée par la présence spirituelle de la maison. Bientôt, sa vie va basculer dans la paranoïa et la névrose, faute de son angoisse accablée par le récent décès de sa mère et de cette vaste bâtisse exerçant une occulte influence. Modèle de suggestion d'une infinie richesse dans sa démarche thérapeutique pour la névrose de l'héroïne en proie à une paranoïa dépressive, La Maison du Diable constitue une ultime expérience avec la peur du désagrément. Le réalisateur illustrant avec subtile émotion le portrait introspectif d'une femme esseulée, profondément accablée par une existence de déréliction. Faute de supporter sa relation orageuse avec une soeur autoritaire auquel elles ont choisi de vivre communément en collocation d'un appartement,  Eleanor est d'autant plus assaillie par la culpabilité du décès de sa mère impotente. Car un soir, alors que celle-ci, mourante, lui suppliait de lui rapporter ses médicaments, Eléanor omis involontairement de lui porter assistance.


    En conteur circonspect, Robert Wise nous ausculte ici les tourments cérébraux d'une célibataire aguerrie. Une jeune femme particulièrement susceptible des mesquineries de sa collègue de chambre désireuse de la provoquer pour mieux la confronter à sa bêtise paranoïaque. Au climat d'insécurité instauré à travers les diverses pièces baroques (l'immense escalier en colimaçon, le jardin de statues de pierre), Eleanor étourdie d'un environnement trop spacieux perçoit une aura maléfique en se laissant influencer par son imagination anxiogène. Les premiers phénomènes inexplicables étant causés par un assourdissant tambourin raisonnant derrière la porte de la chambre auquel nos deux héroïnes s'y sont cloîtrées. Plus tard, des voix infantiles ou caverneuses, des bruits de pas diffus, une porte douée de vie car palpitant sa respiration, vont une nouvelle fois tourmenter les esprits (influençables) de la confrérie en quête de sensationnalisme. Ces séquences percutantes à l'angoisse palpable ou oppressante sont admirablement suggérées par un montage nerveux multipliant cadrages alambiqués face au témoignage déconcerté de nos témoins. L'implacable force du récit émanant prioritairement de l'esprit susceptible d'Eleanor témoin d'évènements potentiellement paranormaux à moins qu'il ne s'agisse de sa fragilité névralgique convergeant à la psychose. Le pouvoir mystique de la maison pourrait enfin acquérir cette faculté irrationnelle de matérialiser les angoisses des esprits introvertis les plus fragiles et réceptifs. Faute de leur psychologie filandreuse d'autant plus incapable de s'affirmer en toute autonomie. Comme quoi, la peur du noir, de la mort et de l'inconnu, le doute de soi, le manque de confiance, le manque de personnalité peuvent facilement nous mener à l'aliénation lorsqu'un esprit névrosé ne trouve pas matière à réprimer ses affres d'un passé traumatique (ici la hantise d'une culpabilité d'avoir involontairement laissé pour morte une matriarche !).


    La Locataire.
    Sommet d'angoisse sous-jacente, de tension oppressante et de mystère insondable, La Maison du Diable constitue la clef de voûte de l'épouvante gothique par le biais d'une passionnante étude sur la névrose et l'auto-suggestion engendrant chez les esprits les plus susceptibles une paranoïa aliénante. Car à travers la hantise d'une demeure gothique (superbement photographiée dans des éclairages monochromes habilement contrastés), Robert Wise nous transcende la psychanalyse d'une patiente déchue et éperdue, entraînée (malgré elle ou avec son consentement) par une délivrance morbide afin de pallier sa solitude invivable. Alors que paradoxalement, le doute reste ouvert quant à la véracité potentiellement irrationnelle de cette bâtisse aux secrets résolument indéchiffrables. La maison du diable jouant alors avec une rare intelligence et pouvoir de fascination prégnant avec la suggestion d'une énigme laissée en suspens, faute d'une entité véreuse à la limite du perceptible. Pour parachever, la force d'expression de son casting hors-pair (un quatuor à marquer d'une pierre blanche !) enrichit constamment l'intensité dramatique du dédale narratif aussi bien diaphane que profondément dérangeant.   

    * Bruno
    24.08.18. 5èx
    27.09.11. 337 vues

    jeudi 23 août 2018

    LUNA

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Elsa Diringer. 2017. France. 1h33. Avec Laëtitia Clément, Rod Paradot, Lyna Khoudri, Julien Bodet, Frédéric Pierrot, Juliette Arnaud.

    Sortie salles France: 11 Avril 2018

    FILMOGRAPHIEElsa Diringer est une réalisatrice et scénariste française née en 1982 à Strasbourg. 2017: Luna.


    "Le pardon ne change pas le passé; il élargit les horizons du futur." 
    Douloureux drame social dénonçant le viol d'après l'influence du harcèlement et des brimades collectives, Luna y développe une superbe histoire d'amour entre la victime et l'une des coupables secrètement hantée de honte et de remord. Première réalisation d'Elsa Diringer dirigeant son récit avec une sensibilité jamais ostentatoire (on écarte donc toute forme de pathos surtout dans le cadre de la romance expansive), Luna parvient à cultiver une sincère émotion sous l'impulsion du couple Laëtitia Clément (son tout 1er rôle à l'écran !) / Rod Paradot (révélé par la Tête Haute et récompensé pour l'occasion du César du Meilleur Espoir masculin). Car outre l'intelligence de la réalisatrice à transcender les clichés grâce à la fraîcheur des acteurs (la plupart) amateurs et à son réalisme naturaliste (notamment dans sa manière de photographier une campagne solaire à l'expressivité sereine), Luna captive infailliblement grâce à l'osmose progressive des deux acteurs d'une attachante complicité.


    L'intérêt du récit émanant du profil torturé d'une jeune fille instable en initiation mature. Car facilement influençable auprès d'un bad-boy sans vergogne et de sa bande délinquante, Luna va pour autant parvenir à s'extraire des mauvaises fréquentations grâce à la rencontre impromptue avec sa victime autrefois traumatisée par une agression aussi lâche que sordide (la séquence empruntant le hors-champs s'avère malgré tout assez crue et dérangeante). De prime abord lâche, couarde, menteuse et perfide, Luna va peu à peu s'écarter de ses malsaines influences, s'y remettre en question puis accuser le remord grâce à son idylle naissante avec Alex. Quant à ce dernier rongé par l'impuissance, l'injustice, la haine et la vengeance, Rod Paradot compte sur l'intégrité de son jeu naturel si dépouillé afin de nous provoquer une empathie jamais démonstrative. Sa manière humble de jouer l'acteur, entre fragilité, perspicacité et fébrilité, provoquant chez nous une émotion toujours plus intense au fil de son cheminement sinueux. Le couple formant à l'écran une complicité amoureuse bipolaire eu égard de la tournure houleuse des révélations lorsque la vérité est mise à nu pour tenter de se libérer du poids de la culpabilité.


    Baignant dans le doux climat solaire d'une Province estivale, Luna invoque au fil de son récit précaire une soif de liberté et de joie de vivre de la part de blessures humaines en quête de rédemption. Constamment captivant grâce à la maîtrise personnelle de sa réalisatrice néophyte, parfois même capiteux auprès de ses plages musicales envoûtantes, Luna doit pour autant beaucoup à l'alchimie du couple (sobrement) scintillant Clément / Paradot communément partagé entre le désagrément, le mal être et la rage d'aimer. Et ce jusqu'à nous bouleverser vers une ultime étreinte infiniment symbolique... 

    * Bruno