mercredi 12 septembre 2018

VENGEANCE A 4 MAINS

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Oliver Kienle. 2017. Allemagne. 1h34. Avec Frida-Lovisa Hamann, Friederike Becht, Christoph Letkowski

Sortie Vod France: 4 Septembre 2018. Allemagne: 30 Novembre 2017.

FILMOGRAPHIE: Oliver Kienle est un réalisateur, scénariste et acteur allemand né en 1982. 2017: Vengeance à Quatre Mains. 2013 Tatort (TV Series) (1 episode). Happy Birthday, Sarah! (2013).  2010 Bis aufs Blut - Brüder auf Bewährung.


Thriller captivant brillamment réalisé et incarné par 2 comédiennes se confondant en émoi paranoïde, Vengeance à 4 mains relate la schizophrénie de Sophie profondément traumatisée par la mort de ses parents 20 ans plus tôt par des cambrioleurs. Quand bien même suite à un accident ayant causé la mort de sa soeur Jessica renversée par une voiture lors d'une dispute, Sophie semble persécutée par l'esprit de la défunte. Sombre récit de vengeance mortuaire du point de vue d'un dédoublement de personnalité, Vengeance à 4 mains s'avère redoutablement réaliste afin de nous faire douter de la santé mentale de Sophie littéralement asservie par le fantôme teigneux de Jessica (Friederike Becht,  très impressionnante lors de ses règlements de compte tranchés). D'une violence rigoureuse auprès des exactions criminelles entrevues lors du perturbant prologue et auprès du comportement véloce de Jessica en justicière stoïque, Vengeance à 4 mains nous laisse dériver dans un vertigineux thriller eu égard du cheminement narratif truffé d'incidents inexpliqués (au 1er abord !) et de rebondissements équivoques (notamment au niveau de son éventuel twist final qui déconcertera sans doute une frange du public).


Outre la force psychologique de son récit sinueux habilement structuré par le biais d'ellipses (et donc peu à peu limpide au fil des flash-back et de la transformation identitaire de Sophie), Vengeance à 4 mains diffuse un suspense amer auprès de l'investigation intime de celle-ci en proie à une paranoïa toujours plus ingérable. Véritable dédale mentale d'une héroïne bicéphale hantée par la vengeance, le film traite inévitablement de la difficulté d'assumer la perte de l'être cher, de la culpabilité et de l'amour possessif sous l'impulsion du duo orageux Frida-Lovisa Hamann Friederike Becht habitée par leur dissension morale. Poignant et cruel, Vengeance à 4 mains gagne donc en intensité et crédibilité quant aux sorts précaires des deux héroïnes sévèrement traumatisées par un passé crapuleux. Superbement photographié à travers des nuances sombres pour rendre compte de l'état psychologique des héroïnes fébriles, Oliver Kienle maîtrise d'autant mieux sa réalisation par le biais de plans tarabiscotés incroyablement percutants. Et ce en émaillant son puzzle narratif de séquences-chocs brutales parfois difficilement supportables (principalement l'agression finale d'une tension claustro à couper le souffle !).


Production germanique auprès d'un réalisateur novice (il s'agit de son second métrage), Vengeance à 4 mains est un excellent thriller psychologique à double niveau de lecture si on privilégie le reflet de miroir de son intrigue potentiellement surnaturelle d'une poignante intensité dramatique. 

* Bruno

mardi 11 septembre 2018

CARNAGE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site digitalcine.fr

"The Burning" de Tony Maylam, 1981. U.S.A. 1h31. Avec Brian Matthews, Leah Ayres, Brian Backer, Larry Joshua, Lou David, Jason Alexander, Holly Hunter, Fisher Stevens, Ned Eisenberg, Shelley Bruce, Carolyn Houlihan.

Sortie salles France: 28 Avril 1982 (Int - 18 ans). U.S: 8 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Tony Maylam est un réalisateur britannique né à Londres en 1943.
1981: Carnage. 1988: Across the lake (télé-film). 1992: Killer Instinct


"On n'a pas retrouvé son corps mais on dit que son esprit vit toujours dans la forêt, cette forêt ! Un maniaque, un être qui n'a plus rien d'humain et on dit aussi qu'il arrive à vivre avec ce qu'il trouve ça et là, des racines, des herbes.
Oui il est toujours vivant ! Et tous les ans il réapparaît dans un camp d'été comme celui la et il cherche toujours à se venger des terribles choses que ses gosses lui ont faites.
Tous les ans il tue, même cette nuit il est là à nous épier ! A attendre !
Ne regardez pas, il vous verrait !!! Ne respirez pas, il vous entendrait !!!
Ne bougez pas, vous êtes morts !!!!!!!!!!!!!!!!"


En 1980 sort sur les écrans Vendredi 13, illustre ersatz influencé par la vague du slasher initié par  Black Christmas et Halloween. Ainsi, le réalisateur Sean Cunnigham s'efforça donc de rendre efficace son histoire toute tracée grâce à la multiplicité des meurtres concoctés par le spécialiste des maquillages  Tom Savini. Le public juvénile friand du "ouh, fait moi peur !" se rue en masse et la série B produite avec des bouts de ficelle explose le box-office ! Un nouveau genre est né et son icone célébré ! Le slasher "forestier" et son tueur à la machette, Jason Voorhees ! Un an plus tard, le réalisateur britannique Tony Maylam réexploite le filon, rappelle à l'ordre le talent artisanal de Mr Savini et livre sa version "du camp maudit de jeunes vacanciers pris à parti avec un tueur masqué" ! Et le miracle de se produire ! Car sur le schéma canonique d'un canevas emprunté aux "10 petits nègres", Carnage va transcender son ancêtre d'une manière bien plus persuasive. De par sa réalisation avisée, son réalisme cru, sa dramaturgie radicale, son gore malsain et son climat forestier aussi bien inhospitalier qu'oppressant !


Le pitch: Un surveillant de camp de vacances est incidemment brûlé vif suite à la blague sardonique d'une bande d'ados. Cinq ans plus tard, celui-ci défiguré est bien décidé à prendre sa revanche en revenant sur les lieux de l'accident pour martyriser une nouvelle clique de jeunes vacanciers. A sa lecture  éculée, le scénario de Carnage reste donc élémentaire et sans surprise puisqu'il récupère le schéma routinier de Cunningham. Mais une ambiance angoissante plus tangible et un suspense lattent nous sont habilement distillés auprès des batifolages des ados, quand bien même sa dernière demi-heure, épique, haletante, terrifiante dans son mode "survival" évite la voie de la redite à courser naïvement la dernière victime en marasme. 


Après un prologue plutôt cruel pour l'ironie de sa blague de potache et une vision d'effroi auprès d'un grand brûlé alité à l'hôpital, l'entrée en scène du tueur frappe fort et s'influence même du giallo avec la silhouette d'un individu en manteau noir accoutré d'un chapeau et trucidant une jeune prostituée à l'aide d'un long ciseau ! Le meurtre s'avère brutal, sale, percutant de par son aura malsaine explicite, l'arme pénétrant en gros plan dans la chair plantureuse de l'estomac ! Le récit emprunte ensuite un cheminement linéaire à travers son lot de situations rebattues, mais cependant le réalisateur prend réellement soin de peaufiner une ambiance ombrageuse au sein de sa scénographie forestière, et ce sous l'impulsion d'un souffle malsain accentué d'une bande son palpitante. Si la caractérisation de nos étudiants n'a rien de surprenante à travers leur physionomie et leur mode de loisir (baignade, baise, alcool et fumettes), elle se révèle un peu plus convaincante que le slasher usuel de par leur manière d'appréhender la peur et faire face au danger, avec parfois un sens de l'autorité et de la bravoure (à l'instar du souffre-douleur devenu héros malgré lui !). Ils paraissent donc ici moins caricaturaux, moins stupides que de coutume, et donc beaucoup plus attachants même si les traditionnelles blagues acnéennes ne nous sont épargnées et que le bouc-émissaire continue d'être réprimandé par ses camarades. Bref, nous nous inquiétons pour leur sort avec une certaine empathie. 


Mais Carnage c'est avant tout une présence indicible qui attend, tapie dans l'ombre des frondaisons, un battement de coeur perpétuel, un tueur fantomatique que l'on discerne rarement en dépit d'une ombre diffuse et d'une paire de cisaille. Le metteur en scène jouant notamment avec nos peurs enfantines des contes que l'on aime se remémorer au coin du feu pour frissonner de plaisir (la séquence du feu de camp instille un réel climat d'appréhension, aussi concise soit-elle). C'est donc la peur ludique, l'archétype de l'ogre caché dans la forêt que nous imprime Maylam sans savoir quand il pourra de nouveau surgir pour ébranler sa victime ! Ce qui donne lieu à des scènes latentes de suspense filmées de manière scrupuleuse. Et lorsque que le tueur passe à l'attaque, les meurtres cinglants nous effraie de stupeur grâce au brio du jump scare et à sa cruauté tolérée (à l'instar du premier meurtre dans la chambre d'hôtel et ceux dans la forêt) ! Sur ce point, je songe aussi inévitablement à l'illustre séquence du radeau où les corps des victimes seront brutalement lardés de coups de cisaille de la manière la plus inventive qui soit ! Qui plus est, l'impact strident de sa partition électro orchestrée par Rick Wakeman accentue très efficacement cette tension en crescendo ainsi que l'affolement communautaire d'ados en proie à la folie criminelle


Ludique (notamment auprès d'un efficace humour potache), oppressant, irrésistiblement anxiogène et mené sans temps mort au gré d'une intensité dramatique exponentielle, Carnage demeure le symbole du sous-genre horrifique. Le maître étalon du "slasher forestier" n'ayant rien perdu de son impact  terrifiant dans l'illustration d'une peur perméable où l'aura malsaine prédomine de manière insidieuse. Pour parachever, l'imagerie gore imputée aux homicides reste à jamais gravée dans nos mémoires quand bien même nous ne sommes pas prêts d'oublier la présence iconique de Cropsy, boogeyman revanchard affublé de ses longues cisailles ! Jason n'a qu'à bien s'tenir ! 

Anecdotes: Il s'agit de la 1ère production d'Harvey Weinstein auprès de sa firme Miramax. Son frère Bob Weinstein ayant notamment collaboré au scénario alors que le cinéaste Jack Sholder s'attribua le poste de monteur.
En outre, les Weinstein affirmèrent à l'époque que leur histoire fut créée avant celle de Vendredi 13.

* Bruno
11.09.18. 6èx
Ven 22/01/10. 2259 vues

lundi 10 septembre 2018

LES GUERRIERS DU BRONX 2

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Fuga dal Bronx" de Enzo G. Castellari. 1983. Italie. 1h32. Avec Mark Gregory, Henry Silva, Valeria D'Obici, Giancarlo Prete, Paolo Malco, Ennio Girolami, Antonio Sabato.

Sortie salles France: 1er Août 1984. Italie: 15 Août 1983.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


Un an après les exploits de Trash et sa bande du Bronx, on prend les mêmes et on recommence avec Les Guerriers du Bronx 2 toujours réalisé par Enzo G. castellari. Une séquelle explosive si bien que l'action est ici décuplée par 10 avec une redondance tout juste tolérable. De par son humour involontaire, son attachant climat de désolation urbaine et le surjeu irrésistible des acteurs s'en donnant à coeur joie dans les expressions bellicistes. Alors qu'un promoteur véreux s'empresse de nettoyer les quartiers du Bronx de la délinquance, Trash et une poignée d'irréductibles leur tiennent tête flingues à la main. Mais les victimes s'accumulent au point qu'une journaliste frondeuse y déclare un génocide face aux médias. Dès lors, pour Trash et ses survivants, ne reste plus comme stratégie de dernier ressort de kidnapper le président afin de faire front à la flambée de violence. 


Aussi bonnard que son prédécesseur, les Guerriers du Bronx 2 ne compte que sur la surenchère épique pour emporter notre adhésion avec plus ou moins de bonheur eu égard de l'ambiance apocalyptique d'un Bronx réduit à feu et à sang. Les mercenaires aguerris et l'armée fasciste accourant tous azimuts au sein d'un climat de folie urbaine rendue erratique. Castellari multipliant cascades et explosions en règle avec une certaine efficacité et ce même s'il abuse de ralentis et chorégraphies itératives à travers les corps éjectés en l'air. Toujours aussi inexpressif dans sa posture ignare et laconique, Mark Gregory continue de jouer les gros bras redresseurs de tort avec une foi inébranlable ! Et nous de s'amuser de ses exploits outre-mesure sous l'impulsion de dialogues impayables oscillant sobriété et vulgarité.


La grande java. 
Décomplexé auprès de sa violence parfois complaisante (les victimes lâchement brûlées vives avec un réalisme risible), un chouilla gore lors de quelques plans concis, dégénéré et con comme la lune de par son pitch minimaliste, Les Guerriers du Bronx 2 ravira les amateurs de Z rital grâce à son action belliqueuse hyperbolique et ses têtes familières de seconde zone (Henry Silva en tête). 

* Bruno
2èx
                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"1990: I guerrieri del Bronx" de Enzo G. Castellari. 1982. Italie. 1h30. Avec Stefania Girolami, Marco Di Gregorio, Vic Morrow, Christopher Connelly, Fred Williamson, "Betty" Elisabetta Dessy

Sortie salles France: 17 Novembre 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVEEnzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


Sorti en pleine mouvance du Post-Nuke initié par Mad-max 1 et 2Les Guerriers de la Nuit et New-York 1997les Guerriers du Bronx constitue l'un des célèbres ersatz transalpins des années 80 que les vidéophiles se sont empressés de louer au video du coin. Série Z bricolée avec les moyens du bord dans ses carrières désaffectées d'un New-York dystopique, les Guerriers du Bronx s'inspire largement du chef-d'oeuvre de John Carpenter. Sauf qu'ici, et pour varier la donne, les rôles et situations sont inversés au profit d'un ennemi sanguinaire implanté dans le territoire interdit, le royaume des Riders ! Dans le sens où un exterminateur sans vergogne est chargé de retrouver en vie Anne, la jeune héritière d'une corporation d'armement réfugiée dans le quartier interdit depuis l'influence de magnats véreux. Seulement, ce dernier n'hésite pas à assassiner de sang froid les quidams marginaux empiétant son chemin. C'est dans cette zone réputée mortelle qu'Anne établit la rencontre de Trash et de son équipe motorisée. Des loubards livrés à eux mêmes bien que subordonnés à l'autorité de l'Ogre, un leader afro à l'enseigne du quartier du Bronx. Afin de sauver la vie de cette fugitive, Trash et ses compagnons décident d'invoquer l'aide de l'Ogre depuis les exactions criminelles de Hammer, l'exterminateur.


Ce scénario aussi inepte qu'improbable sorti d'une bande dessinée fauchée parvient modestement à nous divertir dans son lot de stratégies guerrières, trahison et confrontations physiques que nos anti-héros perpétuent vaillamment pour un enjeu humain. En pompant notamment sur l'autre modèle susdit (les Guerriers de la Nuit), pour la panoplie exubérante des clans barbares (principalement les "Zombies" affublés d'une combinaison de Hockey), les Guerriers du Bronx illustre de manière triviale les pérégrinations belliqueuses de ces anti-héros dont Trash s'avère le porte parole le plus loyal. C'est également au niveau des engins motorisés (le crane encastré au creux du guidon de chaque bécane) et des acteurs cabotins, aussi attachants qu'impayables dans leur posture inexpressive (la présence atone de Trash et de ses mercenaires ressemblent à s'y méprendre au groupe Village People !), que le film parvient à amuser, réparties machistes à l'appui ! Sa narration redondante culminant enfin avec générosité vers un affrontement épique entre forces de l'ordre et mercenaires lors d'une guérilla urbaine étonnamment pessimiste !


Série Z d'action futuriste soutenue par l'excentricité des personnages grotesques et par le surréalisme de situations ineptes, Les Guerriers du Bronx traduit avec une sobre efficacité une fantaisie débridée sous l'impulsion de pugilats infantiles hérités d'un épisode de San Ku Kai ! Grâce à la sincérité de son auteur et le jeu outrancier des acteurs de seconde zone, ce nanar d'exploitation laisse en mémoire un divertissement assez plaisant dans sa facture bisseuse typiquement transalpine.

* Bruno

vendredi 7 septembre 2018

LES GRIFFES DE LA NUIT

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

"A nightmare on Elm Street" de Wes Craven. 1984. 1h32. US.A. Avec John Saxon, Ronee Blakley, Heather Langenkamp, Amanda Wyss, Jsu Garcia, Johnny Depp, Charles Fleischer, Joseph Whipp, Robert Englund, Lin Shaye, Joe Unger...

Sortie salles France: 6 mars 1985. U.S: 16 Novembre 1984

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "WesCraven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Une plongée vertigineuse dans l'univers du rêve en compagnie d'un grand brûlé revanchard !
Auréolé du Prix de la critique et du Prix d'interprétation féminine (Heather Langenkamp) à Avoriaz en 1985 puis plébiscité par le public et la critique internationale, les Griffes de la Nuit révolutionna le cinéma d'horreur moderne sous la houlette d'une nouvelle figure monstrueuse, Freddy KruegerDans une bourgade Californienne, Nancy Thompson, Tina et leurs compagnons Glen et Rod sont témoins d'un évènement aussi improbable qu'inexpliqué. Durant leur sommeil, ils sont persécutés par un croquemitaine avide de les tuer à travers leur propre rêve ! Affublé d'un chapeau, d'un pull rouge à rayures et d'un visage tuméfié à la suite d'un incendie, il possède en outre une arme infaillible pour parfaire ses crimes, des griffes de rasoir au bout des doigts de la main droite. Lorsque Tina est retrouvée morte durant son sommeil, la panique s'installe dans ce paisible quartier hanté d'un lourd passé. Fort d'un concept à la fois génialement retors et atypique (un tueur revanchard infiltré dans les rêves de ses victimes pour mieux les piéger !), Les Griffes de la Nuit tire parti de son efficacité dans sa faculté inventive à confondre rêve et réalité du point de vue torturé d'une ado pugnace déterminée à se rebeller contre son assaillant. Spoil ! Et pourquoi pas l'extraire de son rêve après être parvenue à y extorquer son chapeau ! Fin du Spoil. Des idées folingues que Craven exploite avec une intensité dramatique qu'on ne retrouvera plus dans les autres opus. Pure série B ludique aussi haletante qu'oppressante, on reste fasciné par son ambiance trouble de cauchemar malsain sous l'impulsion d'un boogeyman étonnamment sobre si on compare ses futures facéties sarcastiques dans les suites lucratives.


Ainsi, grâce à son refus de la dérision et à la création d'une atmosphère délicieusement irréelle (voire parfois même teintée de poésie morbide), Les Griffes de la Nuit gagne en crédibilité à daigner authentifier une intrigue surnaturelle faisant intervenir un croquemitaine revanchard dans l'univers complexe du rêve. Dans la mesure notamment où la science ignore toujours son origine métaphysique sans doute afin de préserver l'arcane de la mort. Constamment captivant à suivre les vicissitudes d'une héroïne constamment malmenée par un monstre provocateur, alors que ses acolytes feront les frais de ses exactions sournoises, Wes Craven détourne intelligemment les clichés grâce à la présence mature de Nancy Thompson en initiation héroïque. A contre-emploi donc de l'ado décervelée, Heather Langenkamp porte le film sur ses épaules avec une force d'expression téméraire de par son désir de ne pas se laisser dériver par sa paranoïa face à une provocation meurtrière ayant la faculté d'altérer à sa guise la réalité quotidienne au sein du rêve. Bénéficiant d'effets-spéciaux novateurs pour l'époque, on reste encore aujourd'hui impressionné par le réalisme des situations horrifiques d'une violence gore décomplexée et d'une inventivité en roue libre. A l'instar du sort "vertigineux" de Tina ou du destin de Glen littéralement happé par son lit ! En outre, afin d'accentuer la dimension onirique de son contexte cauchemardesque où rêve et réalité fusionnent grâce à la dextérité du montage, le score mélodique Charles Bernstein retransmet à merveille ce doux sentiment d'insécurité et d'appréhension lorsque les ados se laissent happer durant leur sommeil par un tortionnaire passé maître dans l'art de manipuler une réalité illusoire.


Classique du genre nanti d'un vénéneux pouvoir de fascination grâce à son concept atypique (potentiellement tiré d'un fait réel) et à la présence stoïque de Heather Langenkamp, les Griffes de la Nuit aborde le thème du rêve avec cette volonté subsidiaire de nous questionner sur l'intensité de cette dimension parallèle apte à nous confondre dans une seconde réalité le temps d'un sommeil. Troublant, angoissant et terrifiant sur un rythme échevelé que Craven conduit sans gratuité, les Griffes de la Nuit est enfin transcendé par la présence démoniaque de Freddy Krueger résolument dérangeant, lâche et fétide, notamment si on y gratte le vernis de son passé sulfureux. 

* Bruno
07.09.18. 6èx
16.10.10


Anecdotes: Le film fut interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle au Québec.
C'est Claude Chabrol qui est à l'origine du titre français: Les Griffes de la Nuit ! Parallèlement à son poste de réalisateur, il travaillait à long terme pour trouver des titres français à des productions américaines. 

mercredi 5 septembre 2018

La Nuit des Diables / La Notte Dei Diavoli

     
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.co.uk

de Giorgio Ferroni. 1972. Italie/Espagne. 1h31. Avec Gianni Garko, Agostina Belli, Cinzia De Carolis, Mark Roberts, Bill Vanders, Teresa Gimpera, Luis Suarez, De Carolis Cinzia, Umberto Raho.

Sortie en salles en Italie le 29 Avril 1972 

FILMOGRAPHIEGiorgio Ferroni est un réalisateur, acteur, monteur, producteur et scénariste italien né le 12 Avril 1908, décédé le 17 Août 1981. 1936: Pompei. 1939: Terre de feu. 1942: Macario au Far-west. 1946: Sans Famille. 1947: Tombolo, paradis noir. 1960: Le Moulin des Supplices. 1961: La Guerre de Troie. 1963: Hercule contre Moloch. 1964: Le Colosse de Rome. 1964: Hélène, Reine de Troie. 1966: Trois cavaliers pour Fort Yuma. 1966: Le Dollar Troué. 1971: La Grande Chevauchée de Robin des Bois. 1972: La Nuit des Diables. 1975: Le dur... le mou... et le pigeon.


D'après une nouvelle de Tolstoi déjà portée à l'écran par Mario Bava avec l'un des fameux sketchs des 3 visages de la peurLa Nuit des Diables renoue avec l'épouvante gothique sous la mainmise de l'éminent Giorgio Ferroni. Car 12 ans après nous avoir ému avec le splendide Moulin des Supplices, celui-ci renouvelle de manière autrement horrifique la romance morbide où perce une mélancolie d'un amour disparu faute d'une insurmontable solitude ! Le Pitch: Blessé, Nicolas est retrouvé dans un état traumatique à proximité d'une forêt. Soigné en institut psychiatrique, il est incapable de se souvenir de son passé. Epris de panique, il semble effrayée à l'idée que la lumière du jour s'obscurcit pour laisser place à la nuit. Sa frayeur s'accentue lorsqu'une jeune femme, Sdenka, vient lui rendre visite dans sa chambre de manière hospitalière. Petit à petit, Nicolas se remémore son passé traversé de fulgurances morbides ! Réalisateur prolifique, Giorgio  Ferroni apporte brillamment sa seconde contribution à l'épouvante gothique à travers un climat d'étrangeté prégnant communiant les folklores du vampirisme et du zombie non sans une certaine dérive gore. Car si les scènes chocs magnifiquement filmées, voires étonnamment complaisantes, font preuve d'une poésie morbide typiquement latine, elles sont en prime rehaussées d'étonnants trucages confectionnés par le spécialiste Carlo Rambaldi. Tant et si bien qu'aujourd'hui on reste encore bluffé par son réalisme artisanal, notamment à travers les visages putréfiés filmés en fondu enchaîné à peine décelables ! Franchement bluffant. Prenant soin de magnifier le cadre si inquiétant d'une forêt sépia d'autant plus clairsemée, la Nuit des Diables suit l'itinéraire aléatoire d'un médecin contraint de solliciter refuge auprès d'une famille isolée après avoir failli renverser une inconnue en voiture. Le portrait conféré à ces métayers éloignés du monde urbain nous est soigneusement retranscrit de par leur mode de vie tatillon et leurs expressions fébriles, pour ne pas dire erratiques, émanant d'une posture résolument superstitieuse.


Pour cause, ces derniers héritiers d'un village autrefois populaire se barricadent dès la nuit tombée afin de se protéger d'une sorcière surnommée "vourdalak". Cette créature errante rodant chaque soir aux alentours de leur foyer pour tenter de les contaminer un à un en leur suçant le sang. Nicolas, déconcerté par cet improbable récit va peu à peu se rendre l'évidence que la malédiction de la sorcière n'est nullement une divagation après la disparition soudaine du patriarche. Alors qu'au même instant, il se rapproche de la belle Sdenka lors d'une complicité communément sentimentale. Avec un soin esthétique subtilement baroque, Giorgio Ferroni s'avère redoutablement inspiré pour éveiller l'étrangeté d'une scénographie rurale occulte où errent quelques rares animaux sauvages (les sangliers, les loups éplorés que l'on entend hurler la nuit font office de seconds-rôles proéminents). Qui plus est, afin de cultiver sa propre personnalité plutôt autonome, voire hétérodoxe, il y injecte à travers son sombre récit quelques éclaboussures gores disséminées par moments ainsi qu'un érotisme un chouilla osé pour l'époque afin de secouer le spectateur peu habité au spectacle aussi explicite. Quand bien même sa dernière partie particulièrement haletante renchérit de tension et de terreur lorsque chaque membre des Ciuevelak sera victime des "vourdalaks". Giorgio Ferroni ayant l'intelligence d'éveiller le doute quant à la condition démunie de la dernière victime potentiellement contaminée par ses congénères planqués derrière les bosquets. Visages blêmes de fantômes noctambules en proie à la déraison, sorcière (iconique) profanatrice de sépulture, cadavres perforés puis putréfiés au contact d'une mort violente, rires sardoniques de gosses persifleurs font partie des images saillantes de cette confrontation houleuse entre le Bien et le Mal où l'issue de secours s'avère d'autant plus sarcastique par son refus du happy-end. 


Baignant dans le climat trouble d'une nature champêtre inusité de par sa poésie opaque teintée de charnalité, La Nuit des Diables illustre avec une certaine mélancolie capiteuse le conte d'épouvante à travers la détresse solitaire de ces créatures infortunées en requête de soutien. Davantage obscur et oppressant lors de sa dernière partie échevelée, La Nuit des Diables culmine sa trajectoire morbide vers une course poursuite effrontée d'où raisonne le hurlement d'une victime jamais remise de sa psyché torturée. Et le spectateur d'y avoir cru autant que lui avec un masochisme délectable sous l'impulsion de l'élégie malingre de Giorgio Gaslini. Magnifique j'vous dis. 

* Bruno
20.10.23. 3èx
05.09.18. 
14.12.11 (295 v)

mardi 4 septembre 2018

JURASSIC WORLD: FALLEN KINGDOM

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juan Antonio Bayona. 2018. U.S.A. 2h08. Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Daniella Pineda, James Cromwell.

Sortie salles France: 6 Juin 2018. U.S: 22 Juin 2018

FILMOGRAPHIEJuan Antonio García Bayona (né le 9 mai 1975 à Barcelone, en Espagne) est un réalisateur et scénariste espagnol. 2007 : L'Orphelinat. 2012 : The Impossible. 2016 : Quelques minutes après minuit. 2018 : Jurassic World: Fallen Kingdom.


"Une routine est infernale uniquement pour ceux qui ne savent pas la rendre agréable."

"Tout le monde parle de progrès, et personne ne sort de la routine."

"Accepter la routine, c'est accepter de mourir à petit feu."

"La routine est un film à couper le bonheur."

"On roule confortablement sur l'autoroute du 7è art, protégé par la ceinture de sécurité de nos certitudes et l'air-bag conducteur de la routine."

lundi 3 septembre 2018

PUPPET MASTER 3

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Puppet Master III: Toulon's Revenge" de David De Coteau. 1991. U.S.A. 1h26. Avec Guy Rolfe, Sarah Douglas, Richard Lynch, Ian Abercrombie, Kristopher Logan, Aron Eisenberg, Walter Gotell.

Sortie U.S uniquement en video: 17 Octobre 1991

FILMOGRAPHIE SELECTIVEDavid DeCoteau, né le 5 janvier 1962 à Portland, est un réalisateur et producteur de cinéma américain. 1986 : Dreamaniac. 1987 : Nightmare Sisters. 1987 : Creepozoids. 1988 : Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama. 1988 : Vengeance de femme. 1989 : Etreinte Mortelle. 1989 : American Rampage. 1989 : Dr. Alien. 1991 : Puppet Master III. 1993 : Naked Instinct. 1993 : The Girl I Want. 1993: Les Créatures de l'au-delà. 1998 : Shriek. 1998 : Le Retour du puppet master. 1999 : Witchouse. 1999 : The Killer Eye. 1999 : Totem. 1999 : Retro Puppet Master. 2000 : Voodoo Academy (vidéo). 2000 : Castle of the Dead. 2000 : Frankenstein et le loup garou. 2000 : La Légende de la momie 2. 2000 : The Brotherhood. 2001 : The Brotherhood II. 2001 : Final Scream. 2001 : The brotherhood: le pacte. 2002 : Frightening. 2002 : The Brotherhood III. 2003 : Leeches! 2004 : The Sisterhood. 2005 : Brotherhood IV: The Complex. 2005 : Les Sorcières des Caraïbes. 2010 : Puppet Master: Axis of Evil. 2011 : A Dream Whitin a Dream. 2011 : Wicked Stepbrother. 2011 : 1313 : Hauted Frat. 2011 : 1313 : Actor Slash Model. 2011 : 1313 : Boy Crazies. 2011 : Christmas Spirit. 2012 : 1313: Cougar Cult. 2012 : 1313 : Bermuda Triangle. 2014 : 3 Scream Queens.


Considéré comme le meilleur opus de la saga sous la houlette du prolifique David DeCoteau, Puppet Master 3 demeure une sympathique série B en dépit de son aspect téléfilmesque et de son budget limité (les décors de carton pâte sous l'occupation nazie épaulés d'images d'archive à proximité d'un train). Délocalisant l'action sous le régime nazi de 1941, Puppet Master 3 retrace avec une modeste efficacité la vengeance d'André Toulon auprès de la Gestapo responsable de la mort de son épouse. Le vétéran Richard Lynch endossant l'ignoble Major Kraus avec un cabotinage gentiment caustique de par sa cruelle impériosité. Et pour égayer l'intrigue somme toute classique, Toulon est entouré de deux naïfs résistants (un père et son jeune fils) communément réfugiés dans une maison en ruine afin d'échapper à l'autorité, quand bien même un médecin (transfuge) tente de négocier le secret de Toulon. Jalonné de séquences horrifiques amusantes (surtout l'ultime mise à mort auprès du méchant !) sous l'impulsion des marionnettes tueuses filmées en stop motion, le charme opère toujours en dépit de la réalisation bricolée de David DeCoteau plus inspiré à leur donner chair que de consolider une solide intrigue plutôt chiche en rebondissements. Quoiqu'il advienne, aussi démanchée soit l'entreprise et stéréotypés ces personnages, Puppet Master 3 divertit agréablement grâce à son rythme soutenu nanti de charme innocent.

Puppet Master: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/puppet-master.html
Puppet Master 2: http://brunomatei.blogspot.com/2018/08/puppet-master-

* Bruno

samedi 1 septembre 2018

A BEAUTIFUL DAY. Prix d'interprétation Joaquin Phoenix, Prix du Scénario, Cannes 2017.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"You Were Never Really Here" de Lynne Ramsay. 2017. Angleterre/France. 1h30. Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, Alex Manette, John Doman.

Sortie salles France: 8 Novembre 2017 (Int - 12 ans avec avertissement). U.S: 23 Février 2018

FILMOGRAPHIE: Lynne Ramsay est une réalisatrice britannique, née le 5 décembre 1969 à Glasgow (Royaume-Uni). 1999: Ratcatcher. 2002: Le Voyage de Morvern Callar. 2011: We Need to Talk about Kevin. 2017: A Beautiful Day.


Remarquée avec l'excellent thriller We Need to Talk about KevinLynne Ramsay redouble d'ambition avec le difficilement apprivoisable A beautiful Day. De par sa mise en scène à la fois contemplative et expérimentale ainsi que le jeu viscéral du fantôme errant Joaquin Phoenix (il traîne sa lourde carcasse amplifiée de son visage bouffi), A beautiful Day bouscule les habitudes du spectateur si bien qu'une majorité d'entre eux risque d'y être dérouté. Car à travers un récit classique mais d'une grande intensité dramatique, la réalisatrice compte sur sa personnalité singulière pour détourner les codes du genre. Tant auprès de l'intelligence du non-dit, du silence entre les mots pour les remplir d'humanité déchue que d'un refus du racolage à travers son thème si sordide. Ainsi, en abordant la pédophilie de la manière la plus éthérée qui soit, A beautiful day nous retrace la descente aux enfers documentée d'un tueur à gage délibéré à retrouver la fille d'un sénateur kidnappée par un réseau pédophile.


Partageant son existence avec sa mère décatie, Joe ne compte que sur l'amour et la tendresse de cette dernière pour se donner encore une ultime raison existentielle. Mais sa nouvelle mission d'extirper Nina de la prostitution va l'entraîner dans une déchéance morale à la limite de la schizophrénie. Les fantômes du passé refaisant surface, notamment à travers un périple belliqueux (c'est un ancien marine), faute d'innocences sacrifiées. Traversé d'éclairs de violence barbares d'une rare brutalité, A beautiful day ne sombre aucunement dans la complaisance si bien que le hors-champs est souvent de rigueur ou que la résultante des meurtres permet au récit de rebondir malgré l'aspect routinier d'une telle décadence criminelle où chaque individu ne compte que sur son propre intérêt selon la volonté d'une autorité souveraine. Sombre, désespéré, chaotique en photographiant scrupuleusement une métropole urbaine tentaculaire comme hantée par le Mal le plus couard, Lynne ramsay dresse un tableau anxiogène sur la nature humaine partagée entre la haine, le pouvoir et la perversité. Joe arpentant machinalement à l'aide de son marteau les quartiers noctambules à l'instar d'un robot monolithique sans vergogne. Seule l'étincelle d'espoir à retrouver Nina en vie l'amènera peut-être à s'extraire du bout du tunnel en dépit de sa solitude aliénante où perce une désillusion suicidaire.


Fort d'une mise en scène très stylée (BO entraînante à l'appui !) adepte de l'anticonformisme et du jeu vénéneux de Joaquin Phoenix (Prix d'interprétation à Cannes) transperçant l'écran avec une alchimie morale quasi surnaturelle (notamment à travers la puissance de son regard rapace), A beautiful day est un voyage au bout de la nuit. Une quête existentielle de dernier ressort à renouer avec l'innocence et tenter de dénicher un semblant d'havre de paix au sein d'une société de stupre nécrosée par le pouvoir. 

* Bruno

Récompenses: Festival de Cannes 2017
Prix d'interprétation masculine pour Joaquin Phoenix
Prix du scénario pour Lynne Ramsay

vendredi 31 août 2018

Descente aux Enfers / Vice Squad

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site four-tous.blogspot.com

de Gary Sherman. 1982. US.A. 1h37. Avec Gary Swanson, Wings Hauser, Season Hubley, Pepe Serna, Nina Blackwood, Beverly Todd, Lydia Lei, Joseph DiGiroloma.

Sortie salles France: 4 Août 1982. U.S: 22 Janvier 1982

FILMOGRAPHIE: Gary A. Sherman est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1943 à Chicago dans l'Illinois. 1972: Le Métro de la mort, 1981: Réincarnations, 1982: Descente aux enfers, Mystérious Two (TV film), 1984: The Streets (TV film), 1987: Mort ou Vif, 1988: Poltergeist 3, 1990: Lisa, After the Shock, 1991: Murderous Vision (TV film).


Remarqué auprès de son premier long, le Métro de la mort, puis révélé avec le bijou d'humour macabre, Réincarnations, Gary Sherman exploite en 1982 le thriller à travers la série B teigneuse Descente aux Enfers. Le PitchAprès être parvenu à s'échapper une seconde fois au moment de son arrestation, un tueur misogyne s'efforce de retrouver une jeune prostituée, l'indic ayant permis à la police de l'appréhender. L'inspecteur Tom Walsh et ses adjoints (déguisés en civils) tentent de retrouver ses traces avant qu'il n'assassine la prostituée en guise de vengeance. Baignant dans un vénéneux climat nocturne afin de mettre en exergue une faune urbaine aliénée (tant auprès d'une clientèle lubrique machiste que des trafiquants en tous genres), Descente aux Enfers joue la carte du divertissement pour adultes, de par son environnement souvent glauque et son langage cru particulièrement rustre n'ayant pas froid aux yeux.


Ainsi, si l'intrigue sommaire ne se focalise que sur l'efficacité d'une chasse à l'homme rondement menée (actions, agressions, poursuites en règle), Descente aux Enfers maintient d'autant mieux l'intérêt grâce à l'implication des comédiens habités par une frénésie collective à s'efforcer de localiser et appréhender un tueur dégénéré littéralement increvable. On peut d'ailleurs s'amuser de 1 ou 2 rebondissements improbables lorsque celui-ci parvient une énième fois à échapper à ses rivaux avec une insolence racoleuse. Or ici, l'invraisemblable demeure tout à fait crédible de par les réalisme des situations remarquablement mises en scène par le dynamisme du montage et l'impulsion dégénérée des protagonistes à bout de souffle. On y croit donc en étant rivé à notre fauteuil par son intensité impromptue. Gary Sherman y injectant d'ailleurs une certaine dérision à travers quelques situations sciemment grotesques, de par la posture erratique d'olibrius en mal de notoriété (le vieux chinois adepte du kung-fu, le vieillard en berne et sa mise en scène nécrophile). Ainsi, fort d'une solide distribution (Gary Swanson en flic irascible bafouant ses règles déontologiques, la néophyte Season Hubley en catin au grand coeur à bout de souffle crève l'écran), Descente aux enfers gagne en rigueur sous l'impulsion ébaubie de Wings Hauser littéralement habité en maniaque stoïque au regard écarquillé ! A eux trois, ils forment un trio belliqueux aussi impressionnant que névrosé à arpenter une métropole urbaine en ébullition si bien que la marginalité est reine.


Hollywood Night vitriolé.
Sans révolutionner le genre mais tenant louablement la dragée haute à ses homologues (New-York 2h du matin, l'Ange de la Vengeance, Cruising), Descente aux Enfers est suffisamment nerveux, alerte, violent (tant les gestes que la parole), coloré (superbe photo éclairée de néons gélatineux), immersif, forcené pour scander un modèle de série B dressant en background un tableau assez inquiétant d'une Amérique interdite en proie à une misanthropie galopante. A revoir d'urgence si bien qu'il n'a pas pris une ride grâce en priorité à la nervosité de sa mise en scène souvent inventive et à son réalisme décomplexé. 

* Bruno
26.03.23. 3èx
31.08.18. 
03.03.11

jeudi 30 août 2018

LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site jambo-congo.net

"Non si sevizia un paperino / Ne torturez pas le caneton" de Lucio Fulci. 1972. Italie. 1h48. Avec Barbara Bouchet, Tomas Milian, Florinda Bolkan, Marc Porel, Ugo D'Alessio, Georges Wilson,  Irene Papa.

Sortie salles Italie: 29 septembre 1972. France: 22 mars 1978 (Int - 18 ans)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988: Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Le Village des Damnés
Un an après Le Venin de la PeurLucio Fulci emprunte à nouveau la voie du thriller. Non pas le Giallo comme aiment à le souligner certains critiques spécialistes si bien que selon mon raisonnement personnel nous n'avons pas ici affaire au traditionnel tueur ganté décimant à l'arme blanche de charmantes demoiselles dénudées dans un stylisme charnel typiquement latin. On peut d'ailleurs préciser que son titre franchouillard mercantileLa Longue Nuit de l'Exorcisme, fut simplement exploité pour concurrencer le phénoménal succès de l'Exorciste de Friedkin. Et donc on lui préfèrera son titre initial beaucoup plus subtil et insolite traduit en français par "Ne torturez pas le caneton". Bizarrement, le film ne sortira chez nous que 6 ans après sa sortie officielle, en 1978. Dans un village Sicilien, une série d'infanticides sans mobile apparent ont lieu. La police dubitative des agissements du meurtrier enquête vainement avant de s'orienter vers un présumé coupable, un demeuré attardé. La population davantage contrariée ne tarde pas à s'envenimer alors qu'un autre potentiel suspect, la "sorcière" du village, est devenue leur nouvelle cible. Avertissement aux âmes prudes ! La Longue Nuit de l'Exorcisme aborde le thème brûlant de l'infanticide parmi l'audace d'un climat à la fois redoutablement pervers et licencieux ! Et ce sans se vautrer dans la complaisance (si on écarte la séquence discutable - chez certains - du lynchage puissamment tragique ou de la victime dévalant une falaise !). Ca démarre fort avec la découverte incongrue du vestige d'une sauvageonne  exhumant le cadavre d'un squelette infantile. On enchaîne ensuite avec une éventuelle partie de jambes en l'air négociée entre adultes consentants au sein d'une grange, alors que l'idiot du village tente de les zyeuter par des volets entrebâillés. On témoigne ensuite d'une allusion "pédophile" entre une jeune femme aguicheuse entièrement nue et un enfant à peine âgé de 12 ans. Une situation éhontée quant aux provocations verbales de la pécheresse intimidant le marmot devenu voyeur malgré lui, car aussi gêné qu'attiré par son anatomie sexuelle. Cette séquence subversive profondément dérangeante mais entièrement soumise au pouvoir de suggestion (notamment à travers les échanges de regards complices pleins de contradiction et de complexité) aurait sans doute rencontré aujourd'hui de sérieux problèmes avec dame censure ! D'ailleurs à sa sortie, un esclandre éclata si bien que que l'actrice accusée de détournement de mineur fut convoquée par le parquet afin de prouver durant une scène de nue qu'il s'agissait d'un nain filmé de dos lorsque celui-ci lui ramène une boisson.


Ainsi, c'est à travers le climat solaire d'un paysage rural de l'Italie profonde que Lucio Fulci nous dépeint son histoire soigneusement structurée. Une investigation de longue haleine où chacun des protagonistes pourrait être le suspect idéal. En pourfendeur, le cinéaste brasse des tabous afin de dresser le tableau peu reluisant d'une population métayère intolérante, rétrograde et xénophobe envers l'étranger natif de l'urbanisation. Il pointe du doigt le fanatisme d'une religion sectaire endoctrinée dans le rigorisme et donc abrutissant sa population effrayée par le progrès car préférant s'isoler dans les superstitions afin d'excuser des strangulations commises sur leurs enfants. L'incroyable séquence de lapidation à coups de triques et de chaîne démontre bien avec un réalisme insupportable l'animosité de ces esprits archaïques dans leur justice expéditive déliquescente. Cette agression gratuite d'une cruauté inouïe (et anticipant la torture du peintre crucifié de l'Au-dela) s'avérant à la fois insoutenable et bouleversante. Fulci prenant soin de scander ce lynchage de groupe d'une mélodie élégiaque accentuant le caractère pathétique de leur acte d'une impardonnable lâcheté. Quand bien même la victime moribonde se traînera le corps jusqu'à proximité d'une autoroute alors qu'aucun automobiliste n'aura le réflexe de lui prêter main forte. Abrupt et nihiliste jusqu'au bout des ongles ! Pendant ce temps, le coupable sans visage court toujours et poursuit ses odieux méfaits en toute tranquillité ! Et ce avant qu'un journaliste et la donzelle pédo ne se concertent pour mieux mener l'enquête. Quand au dénouement à la fois inquiétant, trouble, haletant puis intense, notamment dans les confrontations musclées, il ne déçoit pas quant à l'identité du coupable et la tare cérébrale de son mobile. Niveau casting, la sublime  Barbara Bouchet casse son image glamour pour incarner une allumeuse cynique tributaire de son addiction pour la drogue et de ces fantasmes pédophiles. Le spectateur étant autant séduit par sa silhouette sexy qu'évidemment dérangé par son immoralité  condamnable.  Secondé par Tomas Milian (l'homme au 1000 visages !) lors d'un second chapitre narratif aussi vicié que captivant, l'acteur impose son charisme viril pour incarner un journaliste avisé délibéré à démystifier cette sombre histoire d'infanticide en menant indépendamment ses propres recherches. Pour parachever ces éminentes têtes d'affiche parmi une présence iconique, je déclare ma flamme à la beauté si contrariée de Florinda Bolkan se glissant dans le corps névrotique d'une sorcière superstitieuse traumatisée par son deuil infantile puis ensuite lynchée dans un fracas de violence putassières ! Une séquence extrême donc d'une intensité dramatique inégalée pour les amateurs d'horreur crapoteuse franchement gênés par une bestialité sans retenue !


Les Enfants de la perversion. 
De par son atmosphère malsaine subtilement méphitique et sa galerie indécente de personnages ignares sombrant dans la corruption, voir le meurtre chez certains, La Longue nuit de l'exorcisme  transfigure le thriller rural sous le pilier d'une intrigue couillue aussi pestilentielle qu'étonnamment poignante. Fulci soulignant avec fougue et émotion (on sent que le sujet lui tient particulièrement à coeur) une diatribe contre l'obscurantisme, le fanatisme et les superstitions au rythme mélancolique de l'inoubliable tube d'Ornella Vanoni ! Un chef-d'oeuvre marginal inscrit dans la douleur et les larmes d'une innocence pervertie par son idéologie rétrograde. 

Note (wikipedia): À cause de son pitch critiquant l'Église catholique, le film fut inscrit sur liste noire et ne connu qu'une faible exploitation à travers l'Europe. Avant l'arrivée d'un DVD en 2000, il n'était jamais sorti aux États-Unis.

* Bruno
30/08/18. 4èx
18.01.11.  475 vues

mercredi 29 août 2018

Puppet Master 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David William Allen. 1990. U.S.A. 1h24. Avec Steve Welles, Elizabeth Maclellan, Michael Todd, Julianne Mazziotti, Collin Bernsen, Gregory Webb.

Sortie Video U.S: 7 Février 1991.

FILMOGRAPHIE: David Allen est un réalisateur américain, né le 2 Octobre, 1944 à Los Angeles, Californie, décédé le 16 Août 1999. 1990: Puppet Master II. 1984: Ragewar (segment "Stone Canyon Giant").


Si l'habile artisan David Schmoeller a cédé sa place au néophyte David Allen, Puppet Master 2 ne déçoit pas vraiment, aussi malingre soit son intrigue prémâchée et stéréotypés ces protagonistes dénués de charisme. Pour autant attachants, ces dernières méconnus du public parviennent à instaurer un climat bonnard de par leur naïve innocence au niveau des romances conjugales ou des relations familiales, et leur gentille maladresse à se confronter à plus petit que soi. A savoir, des poupées diaboliques toujours aussi charismatiques dans leur morphologie inusité que David Allen filme avec une attention à la fois  circonspecte et artisanale (stop-motion probant). Tant auprès de leurs déplacements parfois (gentiment) furtifs que de leurs vilenies sournoises exécutées avec une certaine inventivité gorasse (même si on aurait pu s'attendre à plus d'effets-chocs spectaculaires). 


Hommage accort à l'épouvante de la Universal (André Toulon dans une défroque opaque héritée de L'Homme Invisible alors qu'il tente de ressusciter sa défunte épouse en référence à James Whale) et à Ray Harryhausen (les séquences en stop motion donc, le flash-back exotique en Egypte), Puppet Master 2 s'avère même un tantinet mieux rythmé que son modèle même si la gratuité de certaines scènes chocs pâlie son absence de suspense. Et si le cheminement vindicatif de Toulon, exhumé d'entre les morts grâce aux poupées, s'avère majoritairement routinier dans une posture (agréablement) emphatique, le final inopinément surprenant fait basculer l'intrigue dans une dimension fantastique intelligemment onirique. On peut d'ailleurs évoquer au gré de ses trouvailles surnaturelles rappelant un certain Tourist Trap une mise en images d'autant plus soignée et colorée pour l'expérimentation du couple hybride sur le point de s'éveiller ou encore à travers le ciel azur de son paysage côtier que les protagonistes arpentent à proximité de leur immense hôtel bâti en amont d'une falaise.


Conte horrifique mineur pour autant ludique et sensiblement fascinant sous l'impulsion de la mélodie infantile de Richard Band, Puppet Master 2 tire parti de son charme Bis grâce à l'insolence des poupées insidieuses que David Allen filme avec une scrupuleuse tendresse. De par leur étrange mutisme où plane l'occultisme et leurs exactions fielleuses à nuire à la tranquillité des locataires avec une ambition outre-mesure. Or, un peu dommage que le récit soit aussi mal structuré que peu intense auprès de l'évolution atone de personnages bonnards. Mais le charme et la sympathie d'une série B sans prétention opèrent encore avec une efficacité timorée pour autant agréable à suivre. 

*Bruno
15.03.23. 4èx

Ci-joint la chronique du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/07/puppet-master.html