mardi 13 novembre 2018

Outlaw King: le roi hors la loi

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de David Mackenzie. 2018. U.S.A. 2h02. Avec Chris Pine, Aaron Taylor-Johnson, Florence Pugh, Stephen Dillane, Billy Howle, Tony Curran

Diffusé sur Netflix le 9 Novembre 2018 

FILMOGRAPHIE: David McKenzzie est un réalisateur anglais, né le 10 Mai 1966 à Corbridge.
2002: The Last Great Wilderness. 2003: Young Adam. 2005: Asylum. 2008: My name is Hallam. 2009: Toy Boy. 2010: Perfect Sense. 2011: Rock'n'Love. 2014: Les Poings contre les murs. 2016: Comancheria. 2018: Outlaws King.


Remarqué par Les Poings contre les Murs et ComancheriaDavid McKenzzie poursuit son bonhomme de chemin qualitatif avec Outlaw King, une production estampillée Netflix. Inspiré d'une histoire vraie, ce récit d'aventures historiques plutôt âpre et tendu s'avère rondement mené, quand bien même son brio technique imperturbable nous cloue au siège tant les séquences guerrières nous retournent le cerveau avec une intensité exponentielle ! Reconstitution hyper soignée, photo contrastée, panoramas d'un beauté sensitive ahurissante, costumes et figurants déployés en masse, chevaux trébuchants parmi les cadavres sur les champs de bataille dans un déluge de pluie, de sang et de sueur, Outlaw King constitue une claque visuelle permanente ! Et bien que prioritairement bâti sur l'aspect belliciste d'une épopée tributaire du fracas des glaives, le réalisateur parvient pour autant à structurer un solide récit sans que les enjeux humains n'y perdent de leur intérêt en cours de trajectoire de survie. A savoir l'inimitié filiale entre deux rois, l'un véreux sans vergogne, l'autre redresseur de tort qui tentera de se réapproprier sa terre écossaise.


Et si dans le rôle Robert de Brus (premier roi d’Écosse devenu hors la loi pour la bonne cause), Chris Pine manque de virilité et de force d'expression à travers ses traits de visage un poil trop imberbes, il n'en demeure pas moins assez convaincant dans sa sobre dimension humaine en ascension héroïque. Tant auprès de sa conviction morale à recruter une armée de fortune que de ses capacités physiques à repousser l'ennemi, notamment lorsque sa muse est séquestrée dans un château écossais. Bluffant de réalisme donc tout en s'efforçant de combler les attentes de l'amateur d'action à travers un souffle épique constamment rigoureux (la bataille finale peut faire office de bravoure anthologique au gré d'un montage ultra dynamique dénuée de précipitation), Outlaw King renoue avec le "plaisir de cinéma" à travers une série B de luxe dénuée de fards, de fioritures et de grandiloquence. David McKenzzie ne perdant d'autant plus jamais de vue l'humanisme fébrile de ces preux guerriers se livrant corps et âme pour le sens de la justice avec un héroïsme suicidaire. Tant et si bien que certaines séquences à l'acuité dramatique poignante confirment le potentiel émotionnel de cette épopée humaine émaillée de sobre romantisme (les rapports concis mais denses du couple en quête de délivrance). Beau, violent et furieusement excitant à la fois.

* Bruno

lundi 12 novembre 2018

Le Tueur du Vendredi

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site 411.me

"Friday the 13th, part 2" de Steve Miner. 1981. U.S.A. 1h27. Avec Amy Steel, John Furey, Adrienne King, Kirsten Baker, Stuart Charno, Warrington Gillette, Walt Gorney, Marta Kober, Tom McBride.

Sortie salles France: 13 Janvier 1982. U.S: 1er Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur du Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.


Un an après l'énorme succès Vendredi 13, Steve Miner succède à son créateur Sean S. Cunningham  pour nous livrer une vaine déclinaison gentiment ludique. Cinq ans après les évènements tragiques du camp Crystal Lake, un nouveau groupe de campeurs s'installe près des environs alors qu'un tueur décime un à un ses occupants. Le début du cauchemar ne fait que recommencer ! On prend les mêmes et on recommence ! Recette inchangée et succès renoué au box-office, Le Tueur du Vendredi ne déroge pas à la règle du traditionnel slasher champêtre émaillé de meurtres sanglants à rythme cadencé. Avec une banalité éloquente, Steve Miner ne prend aucun risque pour prendre la relève à travers sa mise en scène académique assurant le minimum syndical. Passé dix minutes d'évocation des évènements antécédents vécus dans le précédent volet, le film ne perd pas de temps à nous caractériser une nouvelle clique de vacanciers venus musarder à proximité du camp Crystal Lake! En accordant peu d'intérêt à ses personnages stéréotypés et sans distiller une quelconque notion de suspense ou de tension (à l'exception de 2/3 occasions concises), Le Tueur du Vendredi compte donc aujourd'hui sur la fibre nostalgique pour satisfaire ses inconditionnels de la saga. 


Si bien que caricatural auprès de ces personnages (le vieillard arriéré avertissant ses nouveaux résidents que la mort rode toujours à Crystal Lake, le bateleur friand de blagues potaches, le couple d'amoureux bravant les interdits pour investir les lieux du drame sanglant, etc...), émaillé de clichés et situations rebattues (la farce macabre contée par le leader au coin du feu, les jumpscares (dont 1 très réussi !), la voiture incapable de démarrer au moment fatal et son point d'orgue haletant où la dernière victime rusée tentera de déjouer le tueur), Le Tueur du Vendredi ne pourra donc que satisfaire les puristes ayant été bercés durant les années 80. Enfin, et pour respecter le schéma de son modèle, la dernière demi-heure affiche un rythme plus homérique pour traque entamée entre l'héroïne et Jason (affublé ici d'un sac à patate sur la tête !), alors qu'une certaine cocasserie involontaire émane parfois de cette course-poursuite cartoonesque. La survivante tentant en guise de survie de se faire passer pour la mère de Jason alors que celui-ci fait preuve de maladresses à courser sa proie en trébuchant sur le palier à plusieurs reprises !


Que reste-il aujourd'hui de cette suite triviale moins inspirée que son modèle ? Une curiosité futilement sympathique, prioritairement auprès de l'aficionado de la franchise. Deux, trois meurtres spectaculaires, le minois de quelques jolies donzelles, son cadre bucolique plaisamment estival ainsi que l'illustre partition d'Harry Manfredini nous égayent tout de même à travers son modeste charme horrifique gentiment rétro. 

* Bruno
26.01.24. 6èx
12.11.18. 
23.07.12. 82 v

vendredi 9 novembre 2018

Le Survivant d'un monde parallèle

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

"The Survivor" de David Hemmings. 1981. Australie. 1h27. Avec Robert Powell, Jenny Agutter, Peter Sumner, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor.

Sortie salles France: 2 Décembre 1981

FILMOGRAPHIE: David Hemmings est un acteur, producteur et réalisateur britannique, né le 18 novembre 1941 à Guildford, Surrey, et mort d'une crise cardiaque le 3 décembre 2003 à Bucarest (Roumanie).1972 : Running Scared. 1973 : The 14. 1979 : C'est mon gigolo. 1981 : Les Bourlingueurs. 1981 : Le Survivant d'un monde parallèle. 1984 : Money Hunt: The Mystery of the Missing Link (vidéo). 1985 : Le Code Rebecca (The Key to Rebecca) (TV). 1989 : Down Delaware Road (TV). 1992 : Dark Horse. 1993 : Christmas Reunion (TV). 1993 : Passport to Murder (TV).


Sorti à la fin de l'âge d'or du Fantastique australien alors que l'acteur Robert Powell fut révélé un an plus tôt avec le singulier Harlequin (Prix du jury, Prix de la Critique et Prix du Meilleur Acteur pour celui-ci au rex de Paris), le Survivant d'un monde parallèle joue la carte d'un fantastique intègre aussi mineur soit son contenu pour autant assez original et intriguant. David Hemmings (inoubliable interprète de Blow Up et des Frissons de l'angoisse) parvenant à structurer un suspense sensiblement captivant autour de la quête de vérité du rescapé d'un crash aérien. Epaulé d'une medium témoin de la tragédie ayant causé plus de 300 morts, le commandant Keller tente de retrouver la mémoire afin d'élucider la cause de l'accident. S'agit-il d'un sabotage, d'une défaillance technique ? Pour quelle raison en est-il l'unique survivant ?


Quand bien même certains membres de son entourage acculées par une étrange fillette et des cris d'enfants trouvent inexplicablement la mort à proximité des débris. Emaillé d'incidents horrifiques assez originaux dans la manière feutrée de crédibiliser un surnaturel tacite suggérant l'écho de plaintes infantiles, le Survivant d'un monde parallèle prône l'expectatif au fil d'une investigation de longue haleine que Keller et sa partenaire Hobbs (élégamment campée par Jenny Agutter - Le Loup-Garou de Londres -) persévèrent à l'aide de maigres indices disséminés en de rares occasions. Partagé entre l'incompréhension, la stupeur et l'inquiétude, le spectateur se laisse donc agréablement embarqué dans une intrigue interlope digne d'un épisode de la 4è Dimension, et ce avant de pouvoir saisir les tenants et aboutissants durant l'ultime quart-d'heure aussi limpide qu'un chouilla frustrant (tout ça pour ça dirions nous ?!).


Le charme typiquement rétro des années 80

Pour autant, grâce à son casting communément convaincant et attachant (notamment Robert Powell par son charisme hermétique), à sa photo limpide sensuelle et surtout grâce à son climat spirituel soigneusement suggéré (on croit sans sourciller à la revanche des fantômes !), le Survivant d'un monde parallèle laisse en mémoire un divertissement gentiment envoûtant. David Hemmings parvenant sans esbroufe grand-guignolesque à y imprimer sa patte personnelle par le truchement d'étonnantes séquences-chocs (notamment l'inventivité du crash d'atterrissage assez réaliste et explosif !) où des voix d'outre-tombe sont fermement décidées à démystifier une vérité éhontée. 

* Bruno
17.02.24. 4èx. Vostfr

mercredi 7 novembre 2018

Vendredi 13, Chapitre final.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Friday the 13th: The Final Chapter" de Joseph Zito. 1984. U.S.A. 1h31. Avec Ted White, Kimberly Beck, Erich Anderson, Corey Feldman, Barbara Howard, Peter Barton

Sortie salles France: 11 Juillet 1984. U.S: 13 Avril 1984

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joseph Zito est un réalisateur américain, né le 14 mai 1946 à New York. 1975 : Abduction. 1979 : Bloodrage. 1981 : Rosemary's Killer. 1984 : Vendredi 13 : Chapitre final. 1984 : Portés disparus. 1985 : Invasion USA. 1989 : Le Scorpion rouge. 2000 : Delta Force One: The Lost Patrol. 2003 : Power Play.


On prend les mêmes et on recommence sous la houlette du petit artisan de la série B Joseph Zito (Rosemary's Killer, Portés Disparus, Invasion U.S.A.), et ce tout en nous promettant la fin des exactions de Jason le tueur à la machette à travers un sous-titre sans équivoque. Ainsi, on a beau connaître la recette par coeur (pourquoi changer une formule aussi payante ?), Vendredi 13, Chapitre final séduit miraculeusement, aussi crétines soient ses situations éculées ! Comme de coutume, et à condition de suivre ses vicissitudes horrifiques au second degré, Vendredi 13 IV cumule à rythme métronomique les morts brutales sous l'impulsion d'un gore assez jouissif (même si trop souvent concis) concocté par l'illustre Tom Savini. Et de s'amuser entre temps des beuveries et batifolages  d'ados polissons lors de confrontations machistes (à qui tringlera le premier la plus aguicheuse du groupe ?) si bien que son érotisme timoré reste aussi inoffensif aujourd'hui.


Pour autant, par je ne sais quel miracle, ces ados décervelés gentiment attachants de par leur fraîcheur innocente (avec un brin de clémence sans doute !) parviennent à nous immerger dans leur situation anxiogène lorsque Jason tapi dans l'ombre d'une porte, d'une fenêtre ou d'un bosquet se prépare à perpétrer un nouveau massacre auprès d'une victime prise en estocade (score strident de Manfredini  au rappel !). D'autre part, à travers la photogénie de sa nature forestière, Joseph Zito parvient parfois à distiller un climat d'angoisse quelque peu perméable, notamment dans sa capacité à suggérer la présence invisible de Jason, de jour comme de nuit. Quand bien même, et pour parachever en bonne et due forme, on continue de se divertir du caractère à la fois haletant et spectaculaire de sa poursuite finale lorsque la dernière victime retranchée dans son cocon domestique parmi son frère (un féru de ciné horreur collectionnant masques et gadgets de ses monstres attitrés) tente de combattre (arme blanche à la main) le tueur tous azimuts. Ce dernier quart d'heure émotionnellement palpitant s'avérant rondement mené auprès d'un esprit cartoonesque aussi bien débridé que jouissif. Quand bien même la posture furibonde de l'ado subtilement revanchard (il se fait passer pour Jason à l'âge de sa noyade afin de mieux le duper) extériorise une aura malsaine bienvenue lors de sa folie meurtrière incontrôlée qu'une ultime image dérangeante persistera sans ambiguïté.


Sans décevoir ses aficionados, Vendredi 13, chapitre Final peut autant faire office de nanar bonnard que de série B efficacement troussée grâce au savoir-faire de Joseph Zito soignant d'autant mieux sa scénographie forestière avec comme alibis usuels les maquillages de Savini et la présence iconique du molosse à la machette plus obtus et destructeur que jamais (incarné pour le coup par Ted White mécontent du résultat final ainsi que des 3 opus antécédents !). 

* Bruno
3èx

Box Office France: 270 013 entrées

mardi 6 novembre 2018

Sicario: la guerre des cartels

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sicario: Day of the Soldado" de Stefano Sollima. 2018. Italie/U.S.A. 2h02. Avec Benicio del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner, Jeffrey Donovan, Manuel Garcia-Ruflo, Catherine Keener

Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 29 Juin 2018

FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima est un cinéaste et réalisateur italien, né le 4 mai 1966 à Rome. 2012: A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015: Suburra. Séries TV: Un posto al sole - soap opera (2002), La squadra - série TV, 7 épisodes (2003 - 2007), Ho sposato un calciatore - mini série (2005), Crimini - série TV, épisodes Il covo di Teresa, Mork et Mindy et Luce del nord (2006 - 2010)
Romanzo criminale, 22 épisodes (2008 - 2010). Gomorra, 12 épisodes (2014 - 2015).


Si Denis Villeneuve n'est plus de la partie pour donner suite à Sicaire, le réalisateur italien Stefano Sollima (déjà très remarqué avec son 1er métrage A.C.A.B et surtout Suburra !) relève haut la main la gageure de surpasser son congénère avec une séquelle de haute volée. Sicario: la guerre des Cartels retraçant avec un réalisme méticuleux la mission secrète de la CIA et du sicaire Alejandro Gillick d'enlever la fille d'un parrain du cartel afin d'influencer une guerre fratricide entre clans mafieux tirant des bénéfices sur le dos des migrants à la frontière americano-mexicaine. Car depuis un attentat meurtrier dans un supermarché, les passeurs grassement payés par leur supérieur sont désignés coupables par le secrétaire de la défense d'y faire entrer des migrants potentiellement terroristes. Ainsi, alors que la CIA parvient à kidnapper leur cible, la mission doit être annulée depuis la révélation identitaire des terroristes natifs d'Amérique. Mais au mépris de ses supérieurs et de son bras droit Matt Graver, Alejandro réfute les ordres d'éliminer chaque témoin. Thriller hypnotique rondement menée car d'une précision chirurgicale auprès de sa mise en scène virtuose, Sicario: la guerre des cartels plaque au siège de par sa structure narrative captivante fertile en bravoures homériques, retournements de situations et rebondissements parfois insensés (mais chut, j'en ai déjà trop dit !). On peut d'ailleurs s'agenouiller face au dynamisme du montage rendant lisible la chorégraphie de l'action entièrement au service narratif, et ce sans jamais complexifier vainement le récit plutôt limpide et dénué de digressions.


Superbement campé par 2 acteurs en acmé, Benicio del Toro / Josh Brolin se partagent la vedette avec un charisme quasi animal, notamment auprès de leur idéologie équivoque à combattre vaillamment le crime au prix d'un sacrifice difficilement tolérable. Description aride d'une société de corruption en déliquescence morale, tant auprès des redresseurs de tort impassibles que des trafiquants ne sachant plus trop distinguer qui travaille pour qui et quel est leur véritable identité derrière l'insigne ou le treillis, Sicario se taille une carrure mature assez avilissante auprès de ces personnages véreux s'entretuant pour l'enjeu d'une otage sans défense. Tendu comme un arc auprès de sa seconde partie à couper le souffle, le suspense narratif cède place à une dramaturgie escarpée lorsque Alejandro doit tenter de passer la frontière pour sauver l'otage sévèrement ballottée d'assister en direct à des tueries de masse. Là encore, Stefano Sollima apporte un soin scrupuleux à dresser le portrait si "réaliste" d'une jeune fille obtuse et rebelle mais davantage fragile et démunie au fil de son parcours de survie en proie au chaos. Outre le regard très sobre de Isabela Moner très impressionnante dans sa fonction aussi bien soumise qu'épeurée, le jeune Elijah Rodriguez s'avère aussi soigneusement structuré en passeur en herbe indécis gagné pour autant par le désir de vaincre ses peurs et montrer ses preuves à sa vile hiérarchie quitte à y vendre son âme. La pâleur de son regard candide, sa posture plutôt timorée doucement ternis par ses actes frauduleux nous glacent d'amertume passé sa probation criminelle.


Passionnant, violent et tendu à l'extrême lors d'un second acte littéralement anthologique, Sicario: la guerre des cartels surpasse son modèle en mode thriller noir et radical où bons et méchants ne font plus qu'un au sein d'une société aussi parano que schizo. 

* Bruno

lundi 5 novembre 2018

Du sang dans la poussière

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Spikes Gang" de Richard Fleischer. 1974. U.S.A. 1h36. Avec Lee Marvin, Gary Grimes, Ron Howard, Charles Martin Smith, Arthur Hunnicutt, Marc Smit.

Sortie salles U.S: 1er Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Honteusement méconnu et oublié alors qu'il s'agit à mon sens d'un des plus beaux westerns des années 70, Du sang dans la poussière retrace sans fioriture le parcours criminel de 3 adolescents après avoir secouru un braqueur de banque blessé lors de règlements de compte. Mélancolique, dur et désespéré, Du sang dans la poussière se veut à contre-courant du western traditionnel gentiment ludique dans la mesure où Richard Fleicher opte pour un réalisme froid en dressant le portrait si fragile d'ados en requête d'espoir et de liberté faute de leur encadrement parental psycho-rigide. Tout du moins c'est que l'on apprendra du point de vue de l'aîné Will Young régulièrement battu par son paternel en guise punitive, et qui donc décide un jour de se faire la malle pour acquérir sa propre indépendance et dénicher un havre de paix. Le réalisateur illustrant avec une rigueur dramatique expansive les conséquences tragiques du grand banditisme du point de vue de ces ados utopistes débordants de vie, de joie et d'humanité. 


Et donc sous l'influence d'un braqueur de banque aguerri, le trio s'imagine une nouvelle vie plus prospère après avoir opéré de petits emplois de fortune. Seulement, au fil de leur nouveau parcours délinquant particulièrement inhospitalier puisque semé de désordre et confrontations sanglantes, la vie de braqueur s'apparente plutôt à un danger endémique, une traque sans fin surtout lorsque l'on fait preuve d'inexpérience et que l'on privilégie l'esprit de camaraderie à travers leur amitié indéfectible. Magnifiquement interprété (on reconnaîtra le novice Ron Howard accompagné de l'excellent Charles Martin Smith dans sa nature empotée), Du sang dans la poussière est surtout illuminé par l'acteur  Gary Grimes en jeune frondeur féru de rêve et de positivisme avant de se laisser hanter par le remord et la vengeance que Richard Fleischer souligne notamment à travers ses pensées introspectives. Toujours aussi impressionnant dans sa carrure robuste et son charisme viril, Lee Marvin endosse un sexagénaire marginal avec une autorité déférente auprès de ses ados secourables lors de leur première rencontre. Et ce avant de leur dévoiler son véritable visage impassible, froid, calculateur de par sa ferme autonomie à ne leur céder aucune clémence lors des situations les plus alarmistes et moribondes. La dure loi du métier leur inculquant au final qu'il ne faudra compter que sur soi même pour tenter de s'extirper de la défaite, pour ne pas dire la mort.  


Bouleversant, noir et cruel, Du sang dans la poussière fait presque office de documentaire en soulignant la dérive criminelle d'ados livrés à eux mêmes depuis leur mauvaise fréquentation à s'idéaliser un nouveau père. Terriblement amer et sans concession à travers un cheminement indécis remarquablement conté et structuré, Richard Flescher nous éprouve moralement à travers la puissance de ces images mélancoliques noyées de désespoir existentiel. Tant et si bien que Du sang dans la poussière nous laisse gagner par une tristesse nonchalante sous l'impulsion du score sensible de Fred Karlin (résonnant longtemps dans nos mémoires après le générique de fin).

* Bruno
3èx 

vendredi 2 novembre 2018

L'enfant du Diable

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Changeling" de Peter Medak. 1980. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Trish Van Devere, Melvyn Douglas, Jean Marsh, John Colicos, Barry Morse, Madeleine Thorton-Sherwood, Helen Burns, Frances Hyland.

Sortie en salle en France le 29 Octobre 1980. U.S.A: 28 Mars 1980.

FILMOGRAPHIEPeter Medak est un réalisateur et producteur hongrois né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie). 1968: Negative, 1972: A day in the death of Joe Egg, 1973: Ghost in the noonday sun, 1978: The Odd job, 1980: l'Enfant du diable, 1981: la Grande Zorro, 1986: The Men's club, 1990: la Voix humaine, 1993: Romeo is bleeding, 1994: Pontiac moon, 1998: la Mutante 2.


Quelques mois après la sortie du grand succès public Amityville, la maison du diable, les producteurs Garth H. Drabinsky et Joel B. Michaels proposent pour 7,6 millions de dollars le nouveau projet d'un film de maison hantée. C'est à Peter Medak qu'incombe la tâche, metteur en scène canadien ayant déjà fait ses preuves avec les séries T.V Amicalement VotreCosmos 1999 ainsi que quelques longs-métrages parmi lesquels Negative et A day in the death of Joe Egg. Tiré d'un scénario de Russel Hunter auquel le récit serait fondé sur des évènements réels, l'Enfant du diable  (titre français d'apparence racoleur mais finalement moins fallacieux qu'il n'y parait !) puise sa substantialité et son intensité grâce à un alibi narratif en concertation avec les ambiances lourdes d'une angoisse diffuse. Et ce au mépris de l'artillerie de la surenchère trop habituelle chez nos producteurs margoulins. John Russel vient de perdre sa femme et sa fille lors d'un tragique accident de voiture. Lourdement éprouvé et après 4 mois de deuil, il quitte son foyer pour s'installer dans l'état de Washington et poursuivre un poste d'enseignant mélomane. Réfugié dans une vaste demeure en louage, il est rapidement témoin de phénomènes inexpliqués. Après un prélude d'une sobre intensité lors d'une tragédie accidentelle percutant de plein fouet une mère et sa fille face au témoignage impuissant du père, Peter Medak  nous fait pénétrer ensuite dans l'environnement gothique d'une vaste demeure où chaque pièce aphone semble hantée d'une présence occulte. Une ambiance inquiétante délectable émaillée de  moments de tension d'un réalisme aussi ensorcelant que perturbant si bien que le spectateur renoue avec sa peur du noir et de l'inconnu à proximité des chambres les plus poussiéreuses. Peter Medak exploitant agilement (mais de manière placide) sa caméra parfois subjective pour mieux nous confondre au vénéneux sentiment d'insécurité.


Outre le plaisir contradictoire de frissonner avec malaise en étant totalement impliqué dans la situation inexpliquée, le récit charpenté, scrupuleusement conté, privilégie ensuite diverses énigmes à résolver du point de vue démystificateur de John Russel. Croire à l'improbable, l'art de narrer sans effet de manche une ignoble stratégie infanticide où la psychologie des personnages les plus dignes se taillent une carrure d'investigateurs afin de démanteler le coupable jamais condamné ! Telle est la puissance de suggestion lorsque le metteur en scène s'efforce de nous convaincre d'une présence surnaturelle confinée le plus souvent dans un grenier orné de vieux souvenirs. La sobriété des comédiens à l'humanisme prévenant extériorisant notamment une inévitable compassion face à l'épouvantable tragédie qui s'esquisse devant eux ! Ainsi donc, au fil de ce climat anxiogène littéralement tangible mais vaporeux, sa trajectoire s'enrichit d'une passionnante investigation criminelle à la dramaturgie aussi poignante que révoltante. Peter Medak exploitant sans pathos un contexte crapuleux si bien que l'intrigue s'efforcera d'élucider au compte goutte les tenants et aboutissants d'un crime infantile toléré par une sommité handiphobe. Dans la peau du veuf accablé assorti d'une noble pudeur dans son refus de s'y morfondre, l'immense George C. Scott dilue une empathie dépouillée auprès de sa détermination studieuse à daigner coûte que coûte rétablir l'ultime vérité. Spoil ! Dans la mesure où elle compromet la culpabilité "équivoque" d'un notable notoire quasi intouchable. Sa lourde tâche de délivrer l'âme d'un enfant martyr s'avérant d'autant plus fébrile et épineuse qu'il devra s'opposer aux forces occultes avec une bravoure précaire.  Fin du Spoil. Irradiant l'écran parmi son imposante présence, l'acteur porte l'intrigue sur ses épaules en exprimant une force d'expression naviguant entre désagrément et désarroi, incompréhension et soif de découverte, et ce afin d'accéder à la rédemption (tant auprès de sa condition endeuillée que de la victime estropiée éplorant le secours). 


De par son florilège de séquences impressionnantes Spoil ! (la séance de spiritisme, la découverte du grenier et du puits, la noyade dans la baignoire, les coups de marteau tambourinant les cloisons, la balle ricochant dans l'escalier, l'apparition de la chaise du haut de l'escalier, le final explosif) fin du SpoilL'Enfant du Diable prône avec une noble maturité le Fantastique le plus épuré, à l'instar de ses congénères La Maison du Diable, les Innocents, Ne vous retournez pas, Trauma ou encore  l'inoubliable Le Cercle Infernal. La fragilité de l'intrigue générant un poids dramatique davantage rigoureux (lever le voile sur une innocente disparition), le charisme robuste du vétéran George C. Scott en veuf désireux de prêter main forte à l'inconnu, la douceur bienveillante de Trish Van Devere  (autrement favorable pour soutenir son partenaire contrarié), et surtout l'atmosphère d'angoisse irriguant les murs de l'immense bâtisse achèvent d'accéder l'Enfant du diable au panthéon du chef-d'oeuvre maudit aussi lancinant que tragique. 

Récompenses: Prix du Meilleur acteur (George Scott) au Fantafestival 1982.
Prix génie du meilleur film, Genie Awards de la Meilleure photographie, Meilleur son, Meilleure direction artistique, Meilleur acteur étranger (George Scott), Meilleure actrice étrangère (Trish Van Devere), Meilleur scénario et Meilleur son en 1980

* Bruno
02.11.18. 5èx
07.04.11. 4 (611 v)

jeudi 1 novembre 2018

Vendredi 13, chapitre VI : Jason le mort-vivant

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Friday the 13th Part VI: Jason Lives" de Tom Mcloughlin. 1986. U.S.A. 1h29. Avec Thom Matthews, Jennifer Cooke, David Kagen, Kerry Noonan, Renée Jones, Tom Fridley.

Sortie salles France: 14 Janvier 1987. U.S: 1er Août 1986.

FILMOGRAPHIE: Tom Mcloughlin est un scénariste et réalisateur américain né en 1950. 1983: One Dark Night, 1986: Jason le mort-vivant, 1987: Date with an angel, 1991: Sometimes they come back, 1992: Something to live for: the alison gertz story, 1999: Anya's Bell, 2001: The Unsaid, 2002: Murder in Greenwich, 2003: D.C. Sniper: 23 Days of fear, 2004: She's too young, 2005: Odd Girl Out, Cyber Seduction: His secret life, 2006: Not like everyone else, 2007: The Staircase Murders, 2008: Fab Five: The Texas Cheerleader Scandal.


Aussi surprenant que cela puisse paraître, car qui aurait pu imaginer un tel revirement dans l'ornière de la célèbre saga; Vendredi 13, Chapitre 6 s'avère de loin le meilleur du lot. Tout du moins, et à mon sens, le plus fun, le plus ludique, le plus décomplexé, le plus cartoonesque, et ce grâce au panache de sa mise en scène jamais à court de carburant, à ses personnages en roue libre et à son esthétisme bucolique joliment photographié. Réalisé par Tom Mcloughlin à qui l'on doit le sympathique Une nuit trop noire (bien connu des rats des vidéos), ce dernier parvient miraculeusement à transcender les situations éculées grâce à une dérision endémique que les protagonistes empotés et Jason l'incorrigible amorcent avec second degré assumé. Ainsi donc, truffé de personnages inconséquents que Jason Voorhees poursuit avec une tranquillité limite parodique, Vendredi 13, Chapitre 6 transpire la bonne humeur en toute décontraction. Notamment grâce au duo burné formé par Thom Matthews (Tommy aujourd'hui adulte, l'ado autrefois rescapé du Chapitre Final !) et Jennifer Cooke (la fille entêtée du shérif s'adonnant à une marginalité héroïque impromptue). Et donc si son schéma narratif ne sort pas des sentiers battus, Tom Mcloughlin parvient efficacement à renouveler les séquences de poursuites et exactions meurtrières dans de multiples sentiers forestiers si bien que l'on s'étonne de son rythme littéralement affolant (notamment auprès de son final haletant avec son action ramifiée du point de vue des flics et du couple juvénile !).


Ainsi, le spectateur jouasse s'enjaille à comptabiliser les victimes, sacrifiées, comme de coutume, de manière aussi cruelle que spectaculaire. D'ailleurs, on s'étonne même parfois d'y ressentir un soupçon d'empathie auprès de certaines timidement attachantes de par leur innocence. Et pour pimenter l'intrigue inévitablement rebattue (de jeunes vacanciers du camp "Forrest Green", quelques quidams locaux et 3,4 militaires férus de paintball vont faire les frais du tueur parmi le témoignage médusé d'une colonie d'enfants auquel Jason n'osera jamais lever la main !), Tommy s'efforcera durant sa garde à vue prolongée de convaincre le shérif local que Jason est bel et bien revenu d'entre les morts pour y semer un nouveau carnage. A cet égard, on peut également souligner son jouissif préambule aussi inventif que pittoresque lorsque Tommy et un acolyte se résignent à exhumer le cadavre de Jason dans une nécropole (délicieusement photogénique !) afin d'exorciser son traumatisme d'ado. Inventive, trépidante et semée d'humour noir, cette mise en bouche prometteuse annonce déjà le parti-pris sarcastique du cinéaste tout en starisant Jason dans sa nouvelle stature criminelle davantage indestructible (on croirait presque avoir à faire à un super-anti-héros !).


B movie du samedi soir purement ludique à travers sa moisson de péripéties horrifiques rondement menées, Vendredi 13, Chapitre 6 détonne en diable sous l'impulsion d'une dérision à la fois espiègle et sardonique. Quand bien même on s'étonne de la prestance convaincante de son casting guilleret se prêtant au jeu du "ouh fais moi peur" et du "attrapes moi si tu peux" avec une fougue communément expansive. Si bien que le tournage assurément festif leur aura sans doute légué un précieux souvenir potache ! 

* Bruno
3èx

mercredi 31 octobre 2018

Une prière avant l'aube

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.muaythaitv.com

"A Prayer Before Dawn" de Jean-Stéphane Sauvaire. 2018. France/Angleterre. 1h56. Avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Nicolas Shake, Panya Yimmumphai, Pornchanok Mabklang, Billy Moore.

Sortie salles France: 20 Juin 2018 (Int - 16 ans). Angleterre: 20 Juin 2018.

FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 31 décembre 1968. 2003, Carlitos Medellin. 2008, Johnny Mad Dog. 2012: Punk (télé-film). 2017 : Une prière avant l'aube.


"L'important est de ne jamais désespérer"
Film choc retraçant avec un vérisme ultra documenté le parcours d'endurance de Billy Moore, jeune détenu britannique incarcéré en prison pour possession de drogue, Une prière avant l'aube est une expérience sensitive dans l'enfer carcéral Thaïlandais peu (ou jamais ?) abordé à l'écran. Tout du moins c'est que nous illustre sa première partie littéralement nauséeuse lorsque Billy témoigne des conditions sordides de son incarcération avec d'autres détenus similaires à des animaux sauvages impudents. Viols, suicide, meurtres, châtiments corporels s'avérant leur lot quotidien si bien que chacun d'entre eux tente de survivre avec comme seul palliatif moral la drogue dure et l'alcool. Pour autant, dans ce milieu insalubre dénué d'humanité où tout se marchande, Billy va parvenir à se raccrocher au fil de sa passion pour la boxe après avoir essuyé une tentative de suicide. On peut d'ailleurs prévenir les âmes sensibles que sa première demi-heure parfois insoutenable (le mot n'est point outré) nous plonge dans un état de malaise viscéral difficilement gérable. Prioritairement une exaction de viol communautaire de par son réalisme ultra malsain auprès des corps en rut et d'un témoignage impuissant. Jean-Stéphane Sauvaire filmant son contexte carcéral avec une vérité sensorielle eu égard de sa caméra expérimentale auscultant les corps en mutation avec une virtuosité autonome.


Quand bien même tous les interprètes thaïlandais méconnus chez nous s'expriment dans leur langage volontairement inaudible (une partie des dialogues n'est pas sous-titré) afin de mieux s'identifier dans le mental de Billy en proie à la perte de repères, l'incompréhension et l'incommunicabilité. Car si Une prière avant l'aube s'avère aussi dur, cruel, asphyxiant et brut de décoffrage, il le doit au talent personnel de son auteur réfutant toute forme de racolage car plutôt délibéré à nous conter avec souci de vérité un vécu inusité. Tant et si bien qu'Une prière avant l'aube demeure avant tout un film de boxe transplanté dans la cadre d'un drame carcéral soigneusement reconstitué. Evitant les clichés usuels et l'esbroufe lors de multiples matchs de combats d'un réalisme et d'une intensité à perdre haleine, Jean-Stéphane Sauvaire nous hypnotise les sens lors de l'initiation héroïque de Billy partagé entre une révolte fielleuse (notamment faute de sa prise de stupéfiants par intermittence !) et un désir de surpasser ses pires démons. Le réalisateur filmant avec beaucoup de sensualité les déplacements et mouvements corporels des boxeurs vouant un culte pour le Tatoo afin d'imprimer leur nouvelle identité dans leur condition exclue. A travers son parti-pris d'authentifier et d'y dénoncer l'enfer d'un témoignage carcéral puis de bifurquer ensuite vers l'hymne à la boxe thaï sous l'impulsion d'une fureur de vaincre, il faut impérativement saluer la précision de sa bande-son hyper travaillée là encore conçue pour nous immerger dans l'introspection morale de Billy passant par divers stades de souffrances/transformations corporelles. Quitte à en perdre son essence vitale à travers ses perles de sueur !


La Nouvelle Chair.
D'une intensité dramatique constamment rigoureuse sans céder à la facilité de sentiments démonstratifs, Jean-Stéphane Sauvaire opte pour la pudeur et la sobriété, notamment auprès du jeu naturel de Joe Cole (Peaky Blinders, Green Room) époustouflant en guerrier primitif naviguant entre résilience et désespoir, folie et quête de rédemption. Drame carcéral éprouvant doublé d'un drame sportif par le truchement d'une histoire vraie, Une prière avant l'aube n'épargne aucune souffrance au spectateur immergé dans la tourmente d'un détenu stoïque à deux doigts d'y perdre son âme. 

* Bruno

mardi 30 octobre 2018

Oeil pour oeil

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Lone Wolf McQuade" de Steve Carver. 1983. U.S.A. 1h47. Avec Chuck Norris, David Carradine, Barbara Carrera, Leon Isaac Kennedy, Robert Beltran, L. Q. Jones

Sortie salles France: 20 Juillet 1983

FILMOGRAPHIE: Steve Carver est un réalisateur américain né le 5 avril 1945 à Brooklyn, New York. 1971 : The Tell-Tale Heart. 1974 : La Révolte des gladiatrices. 1974 : Super nanas. 1975 : Capone. 1976 : L'Enfer des mandigos. 1979 : Fast Charlie... the Moonbeam Rider. 1979 : Des nerfs d'acier. 1980 : Angel City (TV). 1981 : Dent pour dent. 1983 : Œil pour œil. 1986 : Oceans of Fire (TV). 1987 : Jocks. 1988 : À l'épreuve des balles. 1989 : La Rivière de la mort. 1996 : The Wolves.


Un must have de l'action décérébrée typiquement originaire de sa sacro-sainte décennie 80.
Gros souvenir de cinéphage si bien que j'ai eu l'opportunité de le découvrir en salles à sa sortie, Oeil pour Oeil est ce que l'on prénomme un gros plaisir coupable du cinéma d'action bourrin. Ou plus favorablement un pur trip de western moderne afin d'éviter de le vulgariser via sa locution maïnstream. Série B purement ludique endossée par l'une des stars des Eighties Chuck Norris (c'est d'ailleurs probablement son meilleur film !), accompagné ici du non moins notoire David Carradine  (révélé par la mythique série Kung-Fu!), Oeil pour Oeil fleure bon la nostalgie révolue à travers son émotion souvent élégiaque qu'un score très Morriconien (d'ailleurs composé par l'italien Francesco De Masi !) amplifie tout le long d'une intrigue cousue de fil blanc. Car en dépit de ces innombrables clichés et situations héroïques tantôt (involontairement) hilarantes (notamment en sus de réparties altières), Steve Carver s'efforce de rendre Oeil pour Oeil le plus attractif possible sous l'impulsion d'une distribution spontanée, aussi surjouée soit leur prestance pugnace ou belliqueuse.


En gros, un ranger du Texas réputé pour ses méthodes expéditives doit se confronter à d'odieux trafiquants d'armes que dirige le mafieux Rawley Wilkes, alors qu'au même moment la fiancée de ce dernier se séduit du preux ranger. Et donc à travers un schéma narratif éculé que l'on connait sur le bout des ongles, Steve Carver parvient miraculeusement à nous impliquer (émotionnellement parlant) dans l'action décérébrée suivie ensuite d'une dramaturgie racoleuse (avec nombre de "gentils" lâchement sacrifiés !) eu égard de sa générosité à enfiler les séquences homériques avec une émotion florissante ! Ainsi, on a beau anticiper les récurrents règlements de compte sanglants suivis des stratégies offensives de nos héros solidaires (notamment parmi l'appui d'une jeune recrue latino et d'un black de la police fédérale), puis sourire des bons sentiments que se concertent mutuellement le couple Chuck Norris / Barbara Carrera (superbe mannequin originaire du Nicaragua !), on batifole sans se lasser des viccisitudes du ranger redresseur de tort (héritier bisseux de Harry le salopard !).  Chuck Norris endossant au premier degré son personnage de loup solitaire avec la mine impassible qu'on lui connait, quand bien même David Carradine (d'une force tranquille féline !) se mesure à lui lors d'une chorégraphie martiale en guise de point d'orgue. Un affrontement aussi jouissif que plaisamment pittoresque à travers leurs échanges sagaces de corps à corps véloces et regards inflexibles !


Et donc tout cela a beau paraître aujourd'hui désuet, naïf et académique, Oeil pour Oeil dégage un charme insensé auprès des aficionados d'action belliqueuse de par la généreuse sincérité du travail appliqué de Steve Carver (dont j'ignore le contenu de sa filmo à priori bisseuse), aussi futile soit son concept narratif prisonnier d'une formule rebattue. Et ce même si l'abondante action teintée d'arts martiaux est ici transplantée dans le cadre du western moderne (notamment à travers sa superbe scénographie de plaines désertiques solaires). A savourer au second degré, anti-dépresseur galvanisant !

* Bruno
3èx

Box-office France : 741.000 entrées

lundi 29 octobre 2018

Un couteau dans le Coeur

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yann Gonzalez. 2018. France. 1h42. Avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran, Jonathan Genet, Khaled Alouach, Bastien Waultier, Thibault Servière, Pierre Emö.

Sortie salles France: 27 Juin 2018

FILMOGRAPHIEYann Gonzalez est un artiste et réalisateur français né en 1977 à Nice. 2013 : Les Rencontres d'après minuit. 2018 : Un couteau dans le cœur.


Un thriller gay auteurisant TRES, TRES, TRES particulier si bien que le grand public n'ayant aucune culture du ciné Bis des "Seventies/Eighties" (l'action se déroule en 1979) risque fort d'être dérouté ou blasé. Narrativement simpliste et sans surprises (un tueur masqué s'en prend aux acteurs porno d'une  productrice sentimentalement éplorée), musicalement planant, cette oeuvre underground vaut surtout pour sa facture onirico-baroque stylisée (l'ombre d'Argento y plane par moments) et son climat mélancolique nostalgique d'un cinéma révolu (celui de l'industrie du Porno artisanal et de ses cinémas de quartier). D'ailleurs, j'ai souvent été gêné par le trop plein de séquences lubriques homo à la fois crues, provocatrices et volontairement triviales. Au niveau du casting (à la diction hélas théâtrale), et même si Vanessa Paradis parvient parfois à distiller une émotion empathique dans sa condition torturée, on l'a connu plus brillante au préalable. A moindre échelle, les amateurs s'amuseront de retrouver avec plaisir quelques seconds couteaux au charismatique strié.
A réserver prioritairement à la communauté gay.

* Bruno

vendredi 26 octobre 2018

LES FEMMES DE STEPFORD

Photo empruntée sur Google, appartenant au site bloody-disgusting.com

"The Stepford Wives/Le Mystère Stepford" de Bryan Forbes. 1974. U.S.A. 1h54. Avec Katharine Ross , Paula Prentiss, Peter Masterson, Nanette Newman, Tina Louise, Carol Eve Rossen, William Prince, Carole Mallory, Toni Reid, Judith Baldwin.

Date de sortie: 12 février 1975 (USA)

FILMOGRAPHIE: Bryan Forbes est un réalisateur de cinéma britannique, également acteur, producteur et scénariste, né John Theobald Clark à Londres le 22 juillet 1926. 1961 : Whistle Down the Wind , 1962 : La Chambre indiscrète,1964 : Le Rideau de brume,1964 : L'Ange pervers,1965 : Un caïd, 1966 : Un mort en pleine forme,1967 : Les Chuchoteurs,1968 : Le chat croque les diamants,  1969 : La Folle de Chaillot, 1971 : The Raging Moon, 1975 : Les Femmes de Stepford, 1976 : The Slipper and the Rose, 1978 : Sarah,1980 : Les Séducteurs   1982 : Ménage à trois, 1984 : The Naked Face, 1990 : The Endless Game (tv)


"Desperate Housewives"
Adapté d'un roman de Ira Levin (Rosemary's Baby), Les Femmes de Stepford se décline comme une diabolique satire caustique sur le sexisme. Un tableau saugrenu de la phallocratie évoquée à travers une anticipation horrifique d'une franche singularité. D'ailleurs, son potentiel misogyne engendra une pléthore de séquelles parmi lesquelles The Revenge of the Stepford Wives (téléfilm de 1980), The Stepford ChildrenThe Stepford Husbands, ou encore le remake aseptique de Frank Oz réalisé en 2004. Un couple vient s'installer dans la bourgade bucolique de Stepford, village situé dans le Connecticut où il fait bon vivre calme et sérénité. Joanna se lie d'amitié avec les voisines du quartier, particulièrement Bobby, jeune femme extravertie et affranchie n'hésitant pas à gloser la posture atone de certaines de ses collègues. Au fil des semaines, notre duo ne tarde pas à s'inquiéter du comportement non-sensique de ces dernières dénuées de caractère et et personnalité. Précurseur du génial Get out (autrement singé en satire anti-raciste), Bryan Forbes surprend autant qu'il ébranle à travers cette vision vitriolée de la guerre des sexes. Passée sa vénéneuse et trouble première partie ne laissant rien supposer de la montée en puissance du cauchemar domestique, Les Femmes de Stepford  amorce sensiblement une ambiance anxiogène délicatement diffuse à travers une banalité quotidienne étrangement épanouissante. Ces divers portraits de femmes de ménage à la fois obéissantes et dociles symbolisant la "famille modèle" avec un réalisme dérangeant feutré.


Qui plus est, et sans céder au grand-guignol de comptoir, Bryan Forbes recourt au pitch machiavélique inscrit dans l'irrationalité (irrésolue) pour mieux déranger le spectateur impliqué dans le désarroi et l'impuissance face au cauchemar domestique qui se dessine face à lui. Incroyablement maîtrisé donc au niveau de sa science d'un suspense studieux que n'aurait renié Sir Alfred HitchcockBryan Frobes recourt à la puissance de suggestion subtilement vénéneuse afin d'y dénoncer la place de la femme "objet" au sein du foyer conjugal lors d'une époque en mutation sociale (l'émancipation féminine à l'orée des Seventies). La charge satirique très féroce ciblant ouvertement le machisme du bourgeois sans vergogne afin de satisfaire son appétence sexuelle et son ego de supériorité. Authentique cauchemar cérébral établit du point de vue d'une héroïne frondeuse en proie à l'incompréhension la plus démunie puis en quête d'ultime vérité lors d'un point d'orgue à la fois oppressant, jusqu'au boutiste et extrêmement amer, les Femmes de Stepford vire à l'horreur la plus lâchement cruelle. Quand bien même le scénario initial envisagé par William Goldman était encore plus horrifiant ! Pour autant, à travers ses postures féminines statiques profondément troubles et dérangeantes; l'intensité de leur étude comportementale donne lieu à des moments d'anthologie parfois très impressionnants (Spoil ! à l'instar de l'amie décérébrée de Joanna blessée d'un coup de poignard dans sa cuisine Fin du Spoil). Outre un casting charismatique irréprochable (tant auprès des hommes virils que des femmes soumises), les Femmes de Stepford ne serait pas aussi "authentique" sans le talent viscéral de Katharine Ross ! D'un charisme lestement sensuel et pleine de maturité, notamment auprès de l'intensité de son regard noir naviguant entre douceur et contrariété, Katharine Ross idéalise avec force de caractère une ambitieuse photographe peu à peu envenimée par l'appréhension d'une psychose ingérable au point d'en bouleverser sa destinée programmée ! 


"Sois belle et tais-toi." 
Chef-d'oeuvre d'étrangeté horrifique au climat insidieux aussi claustro que glaçant, Les Femmes de Stepford empoisonne progressivement le spectateur dans un délire cauchemardesque où l'effroi gagne du terrain de par son suspense exponentiel à la dramaturgie escarpée. Sa conclusion sardonique, limite traumatisante, provoquant une éprouvante aigreur chez les plus empathiques d'entre nous. Pastiche corrosif sur l'émancipation féminine durant la révolution des Seventies, les Femmes de Stepford demeure hélas tristement actuel au sein de notre société ultra conservatrice où les discordes homme / femme n'auront jamais été perçues aussi intolérantes et répressives. A redécouvrir d'urgence !

* Bruno
26.10.18. 3èx
11.01.11. (231 vues)

jeudi 25 octobre 2018

LA NUIT DE LA METAMORPHOSE. Licorne d'Or au Rex de Paris.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Izbavitelj / The Rat Savior" de Krsto Papic. 1976. Yougoslavie. 1h16. Avec Ivica Vidovic, Mirjana Majurec, Relja Basic, Fabijan Sovagovic, Ilija Ivezic.

FILMOGRAPHIEKrsto Papic est un metteur en scène yougoslave né le 7 décembre 1933 attitré d'un palmarès de 22 longs-métrages réalisés entre 1967 et 2003 ! En France, La nuit de la métamorphose eut l'opportunité de sortir en salles seulement 5 ans plus tard, précisément le 21 Janvier 1981.


Le pitch: En 1930, un jeune romancier, auteur d'un récit fantastique que personne ne souhaite éditer, est expulsé de son domicile faute de payer son loyer. Livré à lui même et sans le sou il parvient néanmoins à se réfugier dans les souterrains d'une banque désaffectée avec l'appui d'une ancienne connaissance. C'est alors qu'il devient témoin d'une étrange confrérie se livrant sans complexe aux orgies culinaires et lubriques !

Ovationné par la Licorne d'or et le prix du Meilleur Scénario au festival du film fantastique de Paris au Rex et récompensé du Grand Prix au festival de Trieste, La Nuit de la Métamorphose est un ovni rare et précieux parvenant sans esbroufe ni fioriture à rendre crédible un argument fantastique inusité ! A savoir qu'une ligue de rats parvient ici à adopter une apparence humaine lors d'un contexte de crise sociale. Et ce dans le simple but de nous asservir après nous avoir réduit au chômage et à la famine. Et donc derrière l'alibi de cette menace animale d'un genre nouveau s'y profile une allégorie sur la cupidité bureaucrate et les régimes fascisants à l'aube du Nazisme d'Hitler (pour rappel, l'action se déroule en 1930). Au-delà de son suspense lattent franchement accrocheur, la densité de l'intrigue est bien entendu de parvenir à nous convaincre de cette suprématie animale par le biais de sobres trucages pour autant très convaincants. L'oeuvre éclairée d'une superbe photo sépia se déroulant à travers une reconstitution historique hyper réaliste, aussi modeste soit sa scénographie urbaine constamment insalubre et clairsemée.


Ainsi, durant tout le récit, nous allons suivre l'obscure investigation de cet écrivain frondeur témoin d'une découverte macabre lors d'un banquet tenu secret. Tant et si bien qu'il décidera un peu plus tard de s'affilier auprès d'un éminent chimiste ayant parvenu à façonner un sérum afin d'éradiquer ses rats mutants contagieux. Particulièrement cibler le "sauveur" d'entre eux destiné à exterminer notre race ! Une lutte sans merci et désespérée s'engagera donc entre notre duo érudit et les rats humains davantage menacés mais tout bonnement insidieux pour se fondre à travers la population humaine.  L'intrigue constamment sombre et inquiétante diluant à merveille une prégnante ambiance mortifère où plane un sentiment d'insécurité sous-jacent, notamment si je me réfère au sort précaire du romancier et de la fille du professeur en étreinte amoureuse. Outre le caractère haletant puis davantage horrifique de sa dernière demi-heure (notamment pour la condition mutante de détenus humains "traités" dans une géôle infestée de rats carnassiers !), la Nuit de la Métamorphose n'hésite pas à renchérir dans la cruauté et l'amertume à travers une conclusion en demi-teinte car ambiguë pour la remise en question morale de l'écrivain en proie au doute, à la psychose et au remord. Le spectateur s'interrogeant avec gravité sur le sens optimiste ou pessimiste de sa dernière image aux destinées incertaines. Pour en revenir en 2 mots aux maquillages aussi concis que très réussis, on reste impressionné par l'apparence fétide des rats humains, de par leur défroque ténébreuse, leurs petits yeux viciés, leurs traits de visage discrètement velues et leur commissure parfois contrastée au centre de deux dents de belette.


De par son pouvoir de fascination hypnotique à travers la puissance atmosphérique de son imagerie crépusculaire, La Nuit de la Métamorphose offre ses lettres de noblesse au cinéma Fantastique yougoslave avec un réalisme étonnamment percutant. Fable à la fois inquiétante et passionnante sur la cupidité de notables affamés de pouvoir, ce chef-d'oeuvre maudit bénéficie en outre d'une étonnante distribution méconnue du public français s'identifiant d'autant mieux à leur caractérisation suspicieuse. Ce qui n'enlève en rien à leur charisme saillant pour la plupart d'entre eux ! Du grand art ! 

* Bruno
25.10.18 4èx
05.08.10 (208 vues)

. Licorne d'or et du Prix du Meilleur Scénario au festival du film fantastique de Paris au grand Rex.
Grand Prix du festival du film fantastique de Trieste