jeudi 20 décembre 2018

Dracula, Prince des Ténèbres

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"Dracula: Prince of Darkness" de Terence Fisher. 1966. Angleterre. 1h30. Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matthews, Suzan Farmer, Charles Tingwell, Thorley Walters.

Sortie salles France: 21 Décembre 1966. Angleterre: 9 Janvier 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


"Le sublime est la résonance d'une grande âme"
Dracula, Prince des ténèbres est le troisième volet du cycle vampirique de la Hammer instauré depuis leur chef-d'oeuvre indétrônable, le Cauchemar de Dracula. Sous la houlette de maître Terence Fisher, ce nouvel opus redore le blason du prince des ténèbres avec l'intervention du vénérable Christopher Lee. Absent du second volet, l'acteur ici dépourvu de parole, rempile sa cape et ses canines acérées pour s'en prendre à deux couples égarés en interne de son château. Mais avant sa résurrection escomptée, Terence Fisher se prend un malin plaisir à retarder son attente sous l'allégeance d'un sinistre majordome. En effet, réduit en cendre dans le premier volet, Dracula devra compter sur la bienfaisance de ce serviteur (oh combien) insidieux afin qu'il lui fournisse le sang frais d'une victime sacrifiée. Si bien que ce fameux fluide soigneusement déversé sur ces cendres pourra enfin lui restituer la vie. Cette notion de suspense lattent instaurée auprès de sa première partie s'avère d'autant plus captivante que Terence Fisher véhicule une angoisse sous-jacente autour de la crainte intuitive d'une de ces hôtes. Qui plus est, avec la beauté gothique de ces décors flamboyants, chaque pièce du château semble imprégnée d'une aura aussi envoûtante que délicieusement hermétique. 


En insistant sur l'effet morbide d'un crime perpétré à l'arme blanche (l'égorgement établit hors-champs d'un homme suspendu par les pieds pour être vidé de son sang !), Terence Fisher ose transgresser un niveau de violence peu coutumier pour l'époque, d'autant plus que le fluide dense coulant sur la cendre s'avère d'un rouge tantôt rosé, tantôt rutilant ! Beaucoup plus tard, une autre séquence spectaculaire osera également braver l'interdit vis à vis de l'exécution sauvage intentée sur une femme vampire. Sans coupe et à l'aide du zoom, Fisher insiste sur l'attrait sanglant d'une poitrine perforée d'un pieu en plein coeur ! L'intensité de la situation est d'autant plus effrénée que la proie démunie, car encerclée d'une horde de moines déterminés, semble suffoquer de par son affolement erratique ! La seconde partie, plus rythmée et fertile en péripéties se focalise sur la survie du second couple ayant trouvé refuge auprès d'un monastère sous la garde du Père Sandor. Bien entendu, Dracula, sa maîtresse et son majordome ne vont pas tarder à épier les alentours afin d'intenter à la vie  d'Helen. Si l'intrigue de Dracula, Prince des Ténèbres ne renouvelle rien, elle s'avère redoutablement efficace et parfaitement structurée au travers d'une trame intense multipliant imbroglios. Quand bien même la mise en scène ciselée de Fisher transcende le genre de par sa poésie macabre et la conviction d'interprètes charismatiques ! (en moine mastard, Andrew Keir remplace Cushing avec une étonnante autorité !). Enfin, pour parachever, le final baroque se clôt sur une confrontation finaude entre nos héros et Dracula, inopinément mis à mal autour d'un lac gelé !


D'une efficience au savoir-faire inégalable, Terence Fisher confectionne avec Dracula, Prince des Ténèbres un somptueux cauchemar gothique sous l'allégeance de l'indéfectible Christopher Lee (plus magnétique que jamais en vampire mutique) et d'alliés farouches parfaitement attachants à travers leur désagrément solidaire en voie de pugnacité ! Ou comment transfigurer une oeuvre de commande en pur trésor horrifique d'une saveur vintage forcément authentique, Terence Fisher y rempilant un modèle de mise en scène !

* Bruno
20.12.18. 4èx
01.11.13. (80 v)

mercredi 19 décembre 2018

Sale temps à l'hôtel El Royale

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Bad Times at the El Royale" de Drew Goddard. 2018. U.S.A. 2h22. Avec Jeff Bridges, Cynthia Erivo, Dakota Johnson, Jon Hamm, Cailee Spaeny, Lewis Pullman, Chris Hemsworth.

Sortie salles France: 7 Novembre 2018. U.S: 12 Octobre 2018

FILMOGRAPHIEDrew Goddard est un scénariste et réalisateur américain, né le 26 février 1975 à Los Alamos, Nouveau-Mexique. 2012 : La Cabane dans les bois. 2016 - 2018: The Good Place, 4 épisodes. 2018 : Sale temps à l'hôtel El Royale.


Chronique express ! 

C'est bien, c'est même très bien à partir de sa seconde partie tendue, escarpée et fortuite. Or, dommage qu'il faille se coltiner une 1ère heure laborieuse peinant à captiver (le film dure 2h22). En tout état de cause, en dépit de ses (grosses) défaillances rythmiques, cet épigone Tarantinesque (bâti sur la même topographie chorale de Pulp Fiction) demeure un bon divertissement grâce à l'originalité de son intrigue gigogne et à ses têtes d'affiche plutôt inspirées (le vétéran Jeff Bridges monopolisant l'écran en prêtre vénal magnanime).

* Bruno

mardi 18 décembre 2018

Assassination Nation. Grand Prix du Jury, Utopiales 2018

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Sam Levinson. 2018. U.S.A. 1h48. Avec Odessa Young, Suki Waterhouse, Hari Nef, Abra, Bill Skarsgård, Maude Apatow, Cody Christian, Joel McHale.

Sortie salles France: 5 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Sam Levinson est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Assassination Nation. 2011: Another Happy Day.


Dead Boys can't Fly.
Sentiments à chaud après avoir subi de plein fouet l'une des claques de l'année 2018 si bien que, à l'instar de son homologue infructueux, The Purge, je redoutais pour autant le pétard mouillé dans sa caractérisation graphique d'une Amérique anarchique livrée à la violence la plus expéditive ! Que nenni, Assassination Nation demeure une claque (c'est parfois bon de se réitérer !), un coup de boule inextinguible via sa descente aux enfers immorale, une oeuvre indépendante qu'est parvenu à imprimer avec stylisme Sam Levinson (magnifique plan séquence circulaire à l'appui rappelant à moindre échelle le fameux Ténèbres d'Argento). Et ce sans livrer à une démonstration de force opportuniste ou à des effets de manche complaisants, notamment pour y satisfaire les bas instincts du spectateur lambda croyant assister à une série B univoquement ludique. Dans la mesure où Sam Levinson s'avère un auteur consciencieux prenant malin plaisir à triturer nos sentiments doucement mis à mal de par son malstroem d'images dérangeantes parce que iconiquement si proches de notre réalité contemporaine ! C'est là où l'oeuvre (déjà) maudite fait très mal ! Elle est en prise direct avec notre conscience (Lily s'adressent directement à nous de manière assez récurrente). Car elle nous pousse à réfléchir sur notre situation personnelle quotidiennement soumise à l'outil informatique déversant esclandres tous azimuts, et ce jusqu'au harcèlement moral pour les proies les plus vulnérables !


Ainsi, et avec une étonnante inventivité, tant auprès de ses images à la fois arc-en-ciel et charnelles que du bouleversement temporel que nous subissons en live (du moins c'est l'impression que j'ai eu !), Assassination Nation se décline comme une montée en puissance de règlements de compte sexistes bâtis sur les préjugés, le sensationnalisme, le voyeurisme, les effets diaboliquement pervers des fake news, les hackers de Facebook et Twitter, plateformes diabolisées par ces esprits médiocres ou chétifs avides de notoriété et de "lol" pour se donner un but (ici nonsensique quand on connaît le véritable coupable de l'intrigue !). Flop commercial chez nous et aux States, Assassination Nation ne pouvait que miner le public ado sevré aux pop corn et aux pétards édulcorés genre The Purge ! Car objet subversif d'une violence psycho et corporelle ardues, Assassination Nation nous balance à la gueule nos quatre vérités depuis que les réseaux sociaux s'efforcent d'y violer notre vie privée. Et ce en asservissant notre façon de penser pour mieux nous isoler et nous soumettre à leur déontologie typiquement conservatrice. Diatribe cinglante contre le fanatisme de masse, la misogynie et le machisme à travers le spectre d'idéologies maximalistes, Assassination Nation dilue au fil de son cheminement tragique une aigre mélancolie, de par ses cruelles humiliations qu'une anti-héroïne endure avec un désespoir bouleversant. L'émotion contenue, dépouillée, ne s'avérant jamais démonstrative pour alpaguer le spectateur. Sam Levinson recourant avec une rare maîtrise à la subtilité de la suggestion à travers les états d'âme de Lily en remise en question identitaire et initiation rebelle. C'est que nous offrira sa dernière partie, baroud d'honneur féministe aux allures d'apocalypse sociétale fustigeant la révolte d'un peuple misogyne  abrutie par la résurgence de l'ultra conservatisme. Et le plus terrifiant à travers cette sarabande infernale, c'est que la nouvelle chasse aux sorcières est juste devant nos portes et ne demande qu'à propager sa violence primitive de par cette foule aliénante aveuglée de fiel !


Les Sorcières de Salem
Hypnotique et envoûtant sous l'impulsion d'une BO électro tantôt cosmique (avec en sus un clin d'oeil synergique à l'Oiseau au plumage de Cristal), furieusement contestataire, terrifiant, dérangeant, malsain et perturbant, Assassination Nation emploie avec autant de diabolique maîtrise (cadrages alambiqués dynamités du montage véloce !) que de dextérité la satire engagée pour dresser un tragique constat sur les nouvelles mentalités rétrogrades adeptes de la délation, de l'auto-justice et de l'intolérance. Mélancolique et finalement bouleversant, il demeure un témoignage résolument lucide sur les ravages d'une célébrité pailletée via l'ère du net (et son déversoir de haine) et du tout numérique. Film culte ou chef-d'oeuvre à l'âme fragile, il est pour moi cette (inopinée) mosaïque grâce à sa personnalité corrosive bâtie sur le pessimisme afin de mieux réveiller les consciences. 

* Bruno

Utopiales 2018 : Grand prix du jury

lundi 17 décembre 2018

Roma. Lion d'Or, Venise 2018.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alfonso Cuaro. 2018. Espagne. 2h15. Avec Marina de Tavira, Daniela Demesa, Marco Graf, Yalitza Aparicio.

Diffusion sur Netflix à partir du 14 Décembre 2018

FILMOGRAPHIE: Alfonso Cuaro est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur mexicain, né le 28 Novembre 1961 à Mexico. 1991: Solo con tu pareja. 1995: Le Petite Princesse. 1998: De Grandes Espérances. 2001: Y tu mama tambien. 2004: Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. 2006: Les Fils de l'Homme. 2013: Gravity. 2018: Roma.


Très beau dans sa poésie naturaliste et intimiste, même si à travers sa mise en scène contemplative j'escomptais le chef-d'oeuvre.

* Bruno

Récompenses: Lion d'or à la Mostra de Venise 2018
Grenouille de bronze au Camerimage 2018
New Hollywood Award au Festival du film de Hollywood 2018
Top Ten Films au National Board of Review 2018
Sonny Bono Visionary Award au Festival international du film de Palm Springs 2019

dimanche 16 décembre 2018

Terreur à l'hôpital central

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

"Visiting Hours" de Jean-Claude lord. 1982. Canada. 1h43. Avec Michael Ironside, Lee Grant, Linda Purl, William Shatner.

Sortie salles France: 30 Juin 1982 (Int - 18 ans). Canada: 21 Mai 1982

FILMOGRAPHIEJean-Claude Lord est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur canadien, né le 6 Juin 1943. 1966: Délivrez-nous du Mal. 1972: Les Colombes. 1974: Bingo. 1976: Parlez nous d'amour. 1977: Panique. 1979: Eclair au Chocolat. 1982: Terreur à l'hôpital central. 1984: Covergirl. 1986: The Vindicator. 1986: Toby McTeague. 1987: La Grenouille et la Baleine. 1989: Mindfield. 1989: Eddie and the Cruisers 2: Eddie Lives ! 1992: Landslide. 2002: Station Nord.


" Dans cet hôpital, votre prochaine visite pourrait être la dernière"
En pleine vogue du slasher initié par Halloween et Vendredi 13, le canadien Jean-Claude Lord se prête au genre afin de concurrencer les succès de l'époque. Alors qu'Halloween 2 venait de remporter un accueil commercial considérable, le réalisateur réexploite le même décor hospitalier pour planter l'action de Terreur à l'Hôpital centralAprès qu'une journaliste eut été invitée sur un plateau télévisé afin de débattre de la légitime défense chez les femmes, un psychopathe entre par effraction dans sa demeure pour l'assassiner. Blessée au couteau après une violente altercation (une estocade à la fois haletante et terrifiante de par son dynamique contexte de survie !), elle est affectée dans un centre hospitalier. Déterminé à ne pas lâcher sa proie, le tueur décide également de s'y rendre afin d'achever son projet. Série B conventionnelle à la réalisation classique, Terreur à l'Hôpital Central  pâtit notamment d'un scénario canonique où les situations éculées ne prêtent pas en sa faveur. Pourtant, en faisant preuve de passion pour le genre, les inconditionnels de psycho-killer devraient tout de même largement y trouver leur compte grâce à l'efficacité des situations alarmistes où le tueur ne cessera de s'en prendre aux patients démunis d'un hôpital.


Car avant d'atteindre sa cible, il se délecte à commettre par orgueil sadique diverses homicides (il photographie parfois l'agonie de ses victimes pour les mémoriser dans un album souvenir !) à l'intérieur et en externe de l'établissement. Qui plus est, parmi la présence inquiétante de Michael Ironside diffusant une force tranquille en maniaque pervers, l'acteur nous dépeint la caricature d'un psychopathe misogyne au passé traumatique. Si bien qu'au travers de flashs-back, on apprend brièvement que son père lui commettait des attouchements sexuels lorsqu'il fut enfant, quand bien même sa mère était victime de violence conjugale. En prime, la brutalité de ses meurtres exécutés de sang froid impressionnent parfois de par leur réalisme, et ce sans sombrer dans une complaisance sanglante. La stature bedonnante du comédien, sa posture ostensiblement impassible appuyée de cynisme conjuguant appréhension et aversion pour la lâcheté de ses exactions (à l'instar d'une prostituée brimée par ses jeux sexuels, tendance masochiste !). Et si le scénario à tendance à se répéter (le tueur ne cesse d'aller et venir en interne de l'hôpital pour achever sa devise), on reste néanmoins attentif par ses tentatives acharnées à daigner assassiner une journaliste inévitablement gagnée par la paranoïa (celle-ci étant parfaitement incarnée parmi la force de caractère de Lee Grant !). La dernière partie haletante nous offrira d'ailleurs un retournement de situation plutôt habile lorsque notre psychopathe Spoil ! se résout une ultime fois à investir l'hôpital en se faisant passer pour une victime accidentée, quand bien même la police est sur le point de l'alpaguer. Fin du Spoil


Orthodoxe et dénué de surprises mais jamais ennuyeux, voir même assez magnétique sous l'impulsion du score opaque de Jonathan Goldsmith (un tempo symptomatique des Eighties !), Terreur à l'hôpital central fait preuve d'attentive sincérité à élaborer un psycho-killer assez violent car dépourvu de concession (le châtiment réservé à certaines victimes détonne par leur froideur !). La bonne volonté des comédiens (même si William Shatner fait preuve de timide intervention !) et la présence rigide de Michael Ironside nous impliquant d'autant mieux auprès des enjeux de stress, si bien que certains épisodes de tension réussissent à tirer leur épingle du jeu (le sort indécis réservé à l'une des infirmières, la poursuite finale dans le sous-sol hospitalier). Tout bien considéré, un très sympathique divertissement que la génération 80 savourera à nouveau avec une identification nostalgique. 

P.S: le Dvd vient d'être proposé à la vente avec le magazine Mad Movies.
Contrairement à ce qui est annoncé au dos de la jaquette, le film ne s'adresse pas à tous les publics, il fut d'ailleurs interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie en France.

* Bruno
07.2014. 3èx. 103 v

vendredi 14 décembre 2018

Douce nuit, sanglante nuit (Unrated)

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Silent Night, Deadly Night" de  Charles E. Sellier Jr.. 1984. U.S.A. 1h25. Avec Robert Brian Wilson, Gilmer McCormick, Lilyan Chauvin, Britt Leach, Toni Nero, Randy Stumpf, Linnea Quigley.

Sortie salles U.S: 9 Novembre 1984

FILMOGRAPHIECharles Edward Seller Jr., né le 9 novembre 19431 à Pascagoula (Mississippi) et mort le 31 janvier 2011 à Coeur d'Alene (Idaho), est un scénariste, producteur, écrivain et réalisateur américain .1985: Les insoumis. 1984 Snowballing. 1984 Douce nuit, sanglante nuit.


Réputé par son haro médiatique Outre-Atlantique puisque déprogrammé des salles 15 jours après son exploitation (alors qu'il commençait de battre en nombre d'entrées les Griffes de la nuit sorti la même semaine !), Douce Nuit, sanglante nuit demeure un objet subversif d'une audace burnée eu égard de son iconographie à la fois malsaine et dérangeante. Car démystifiant la célébration catholique de Noel, Charles E. Sellier Jr. n'y va pas avec le dos de la cuillère pour la railler (le grand-père déficient sermonnant Billy de la malfaisance du père-noël, le directeur du magasin de jouet insultant les marmots en leur absence de la manière la plus couarde et triviale), la discréditer (la doctrine rétrograde chez les soeurs catholiques réfutant également l'émancipation sexuelle) et l'horrifier par le biais d'un père-noel adepte de la hache meurtrière ! Par conséquent, il fallait oser l'illustrer de manière assez frontale que Sellier Jr imprime sur pellicule avec une constante froideur ! Car traumatisé par l'assassinat de ses parents un soir de noël par un Santa Clauss dégénéré, Billy est recueillit dans un orphelinat de carmélites dont mère supérieure n'hésitera pas à le flageller en guise de châtiment. 10 ans plus tard, encore plus traumatisé par son expérience castratrice en couvent, Billy décide subitement de s'en prendre à son entourage professionnel (il est manutentionnaire dans une boutique de jouets) et aux familles lambdas, principalement celles s'adonnant à la luxure (Billy ayant été autrefois châtié d'avoir reluqué un couple en rut dans l'une des chambres de l'orphelinat).


Passée sa série de crimes d'un gore parfois crapoteux (j'évoque ici la version Uncut avec en sus un clin d'oeil à Massacre à la Tronçonneuse !), la police complètement parano traque les pères-noëls susceptibles d'être une menace à proximité des cocons familiaux. Série B réalisée avec modestie, imprécision et naïveté (bien que l'on apprécie certains cadrages soigneusement tarabiscotés), Douce nuit, sanglante Nuit s'avère sacrément dérangeant à travers son climat (faussement) féerique (puisque) résolument malsain. Le réalisateur s'efforçant de documenter, non sans certaines maladresses de par son inexpérience technique, le profil névralgique d'un jeune ado sombrant peu à peu dans la démence. En dépit de sa distribution globalement perfectible mais pour autant assez convaincante (notamment auprès du tueur inexpressif mais inquiétant !), nous éprouvons une réelle empathie au sort victimisé de Billy préalablement témoin des pires exactions (les meurtres de ses parents lorsqu'il était enfant, prologue horrifiant glaçant de violence escarpée !) et châtiments corporels dans un concours de circonstances infortunées. Et si la seconde partie, répétitive mais jamais ennuyeuse, car relatant une série de meurtres que Billy s'acharne à expier de leurs pêchers quelques paisibles citadins, s'avère moins intense psychologiquement parlant, elle préserve cette même ambiance licencieuse à renforts d'outrance gore et de postures déviantes (Billy offrant un cutter à une fillette docile en guise de récompense !). Les enfants témoignant parfois, entre stupeur et incompréhension, ou curiosité et fascination (malsaine) du comportement anormalement patibulaire du père-noël les menaçant dans une doctrine drastique déstabilisante (la fillette assise sur ses genoux, hypnotisée par ses intimidations, s'avérant l'un des moments forts les plus perturbants).


Sans rivaliser avec les meilleures réussites du genre, faute d'une réalisation et d'un casting réformables, Douche nuit, sanglante nuit jalonne pourtant les esprits par son climat horrifique franchement fétide (on comprend aisément le scandale qu'il provoqua à sa sortie !) si bien qu'il s'avère l'un des psycho-killer les plus malsains et dérangeants des années 80. A redécouvrir avec un vif intérêt, de préférence en période de fin d'année, en VO et en copie non censurée ! 

* Bruno
2èx

jeudi 13 décembre 2018

Je sais rien, mais je dirai tout

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.com

de Pierre Richard. 1973. France. 1h18. Avec Pierre Richard, Bernard Blier, Didier Kaminka, Luis Rego, Georges Beller, Pierre Tornade, Daniel Prévost

Sortie salles France: 6 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Pierre-Richard Defays, dit Pierre Richard, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur français, né le 16 août 1934 à Valenciennes. 1970 : Le Distrait.1972 : Les Malheurs d'Alfred. 1973 : Je sais rien, mais je dirai tout. 1978 : Je suis timide mais je me soigne. 1979 : C'est pas moi, c'est lui. 1991 : On peut toujours rêver. 1997 : Droit dans le mur.


Troisième réalisation de Pierre Richard couronné d'un succès public (1 485 350 entrées), Je sais rien, mais je dirai tout fustige en première ligne l'armée du point de vue d'un éminent fabriquant d'armes qu'endosse le génial Bernard Blier souvent irrésistible dans son orgueil maniaque. A contrario, son jeune fils, Pierre Gastié-Leroy, éducateur social utopiste et frondeur, rêve vainement de changer la mentalité militaire de ce dernier. Epaulé d'anciens amis d'enfance peu recommandables, il sème la zizanie au sein de l'entreprise totalitaire du paternel. Succession ininterrompue de sketchs tantôt hilarants, tantôt lourdingues (au point d'en avoir le vertige), Pierre Richard déploie une énergie à corps perdu à travers son personnage fantasque de fils à papa oscillant pitreries, gaffes et stratégies de camouflage afin de discréditer la sinistre réputation belliqueuse de son père. Borderline, erratique, insolent, irritable, philanthrope, Pierre Richard prolifère les gags nonsensiques à chaque seconde par le biais du mimétisme et de la verbigération. Tant et si bien que plusieurs seconds-rôles aussi cintrés se mêlent à ses infinies réparties avec une complicité aussi expansive.


Et donc, on a beau regretter l'approximation de la réalisation et la minceur de l'intrigue, prétexte à une moisson de sketchs inventifs tous plus dégénérés les uns que les autres, Je sais rien, mais je dirai tout finit par donner le tournis à force d'outrance comique généreusement illustrée avec un art consommé de la décontraction ! Ainsi, si tout n'est pas du meilleur goût et que quelques gags volent plutôt bas, l'abattage des comédiens (Luis Rego, Geroge Beller, Pierre tornade, Daniel Prevost en tête, sans compter la ravissante Danielle Minazzoli - ex épouse à la ville de Pierre Richard -) et surtout l'inimitié impayable entre Blier et Richard parviennent constamment à nous arracher les rires avec une fringance aujourd'hui révolue depuis nos comédies mainstream. A l'instar de la chanson volontairement infantile et frétillante de Michel Fugain interprétée parmi la complicité du Big Bazar ("qui sait qui est très gentil, les gentiils ! qui sait qui est très méchant, les méchaants !"). D'autre part, et avec une évidente volonté d'y cultiver le pamphlet socio-politique, Je sais rien mais je dirai tout s'avère résolument caustique lorsque Pierre Richard égratigne sans complexe l'armée (à travers la vente massive d'armes de guerre) et l'exploitation ouvrière en y dénonçant au passage le racisme et la pollution déjà bien florissantes à l'orée des années 70. Comme le prouve la constante scénographie blafarde des entreprises dégageant des nappes de fumées du haut de leur cheminée jusqu'à répercuter leur impureté auprès des champs ruraux.


A redécouvrir sans modération !

* Bruno
3èx

mercredi 12 décembre 2018

Meurtre au 43è Etage

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"Someone's Watching Me" de John Carpenter. 1978. U.S.A. 1h37. Avec Lauren Hutton, David Birney, Adrienne Barbeau, Charles Cyphers, Grainger Hines, Len Lesser, John Mahon.

Diffusion TV U.S: 29 Novembre 1978. France: 1987 sur la chaine la Cinq

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward.


Réalisé pour la TV la même année que le mythique Halloween, Meurtre au 43è Etage est un sympathique thriller à suspense que John Carpenter façonne avec une efficacité perpétuelle eu égard de sa structure narrative voguant autour du huis-clos domestique et du jeu fébrile de Lauren Hutton très convaincante en victime harcelée par un voyeur de palier. Le récit reposant largement sur ses épaules de par son omniprésence à l'écran, Carpenter nous esquissant une étude caractérielle à travers ses humeurs fringantes entachées de contrariété et de nervosité, et ce avant d'amorcer une initiation héroïque pour faire finalement front à son agresseur sans visage. Ce qui nous vaut un final tendu à l'angoisse délicieusement palpable, notamment grâce à la caméra subjective de Carpenter que celui-ci dirige déjà avec une habile maestria. Même si on a déjà vu mieux à travers son concept du "tueur au téléphone" (l'inégalé Terreur sur la Ligne, l'un des sketchs des 3 visages de la peur et surtout le classique Black Christmas), Meurtre au 43è étage est suffisamment bien mené, sobrement interprété (notamment auprès de la romance timorée du couple) et assidûment réalisé pour divertir sous l'impulsion d'une mécanique à suspense où plane l'ombre d'Hitchcock (l'inévitable Fenêtre sur cour  en tête).

* Bruno
26.01.24. 4èx

mardi 11 décembre 2018

Terminator 3, le soulèvement des Machines

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Terminator 3: Rise of the Machines" de Jonathan Mostow. 2003. U.S.A. 1h49. Avec Arnold Schwarzenegger, Nick Stahl, Claire Danes, Kristanna Loken, David Andrews, Mark Famiglietti, Earl Boen

Sortie salles France: 6 Août 2003. U.S: 2 Juillet 2003

FILMOGRAPHIE: Jonathan Mostow est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 28 novembre 1961 à Woodbridge, Connecticut (États-Unis). 1991: Flight of Black Angel. 1997: Breakdown. 2000: U-571. 2003: Terminator 3: Le Soulèvement des machines. 2009: Clones. 2017 : The Professional.


Inexplicablement boudé par les fans, Terminator 3 demeure pourtant selon mon jugement de valeur un divertissement d'une énergie hallucinée (suffit de revoir l'ébouriffante poursuite automobile exposant un camion grue azimuté !), tant et si bien que l'on reconnaît bien la patte de Jonathan Mostwow déjà signataire des très efficaces Breakdown et U 571. Déclinaison survitaminée de Terminator 2, Terminator 3 retrace l'équipée de survie de John Connor, Katherine Brewster et le T-850 (à nouveau revenu du futur) afin de détruire l'ordinateur Skynet pour éviter le jugement dernier. Au même moment, le T-X (encore plus innovant et destructeur que le précédant volet) s'efforce de déjouer leur mission avec un acharnement inébranlable. Pour apporter un regain d'originalité, le cinéaste choisit d'impartir le rôle à la novice Kristanna Loken, autrefois jeune mannequin. Hyper charismatique dans sa combinaison latex couleur bordeaux, cette dernière crève l'écran de par sa beauté gracile redoutablement pernicieuse. Les FX ahurissants de réalisme rehaussant l'aspect indestructible de cette machine belliciste d'une vélocité sans égale. Ainsi, si l'intrigue prévisible n'apporte pas vraiment de surprises, Jonathan Mostow est suffisamment inspiré, circonspect, appliqué (voir même décomplexé par moments pour y apporter quelques savoureux clins d'oeil et touches d'humour) pour donner chair à un univers d'anticipation aussi photogénique (la touche mexicaine en sus !) que crépusculaire, eu égard de la tournure dramatique des évènements si je me réfère à l'impensable épilogue.


Et donc, on a beau anticiper son cheminement narratif (particulièrement bien construit), on se laisse facilement guider par cette palpitante aventure que mènent fougueusement le duo spontané Nick Stahl / Claire Daines (un couple antinomique en voie d'initiation identitaire et communicative) accompagné du mastard Schwarzy (toujours aussi iconique en cyborg redresseur de tort !) et d'une méchante increvable à imprimer dans Le Livre Guinness des records ! Outre le punch de sa réalisation, la perfection de ses effets-spéciaux hyper convaincants et la motivation pugnace de nos personnages se débattant contre le mal avec un humanisme parfois chétif, Terminator 3 exploite lestement la disparité de ses décors tantôt urbains (les poursuites sur bitume), tantôt ruraux (la fusillade dans le cimetière à titre d'exemple singulier), tantôt high-tech (la dernière partie située dans la base militaire occultant une technologie avancée) tout en sublimant ses scènes d'action sans céder à la fioriture. Et donc, de mon point de vue subjectif, Terminator 3 s'avère d'autant plus inexplicablement discrédité que Jonathan Mostow nous livre là avec autant de générosité que d'intégrité un monstrueux épigone du modèle de Cameron ! Tant et si bien que l'on reste constamment scotché au fauteuil grâce à la cristallisation de son univers belliqueux au confins d'une apocalypse nucléaire et grâce à l'attachante cohésion des personnages (le couple juvénile diffuse une force commune d'autant plus fragile à travers leur innocence galvaudée).


A réhabiliter d'urgence donc si on sait faire preuve de recul (évitez de revoir à la file Terminator 2 et 3 !) et d'un certain second degré (Jonathan Mostow redoublant d'efficacité à relancer l'intrigue - éculée - pour afficher un ersatz aussi sombre et violent que futilement truculent).  

* Bruno
3èx 


lundi 10 décembre 2018

The Guilty. Prix du Public, Sundance 2018.

                                                              Photo empruntée sur Facebook, merci Thierry

de Gustav Möller. 2018. Danemark. 1h25. Avec Jakob Cedergren, Jessica Dinnage, Johan Olsen (da), Katinka Evers-Jahnsen, Omar Shargawi (da), Jeanette Lindbæk

Sortie salles France: 18 Juillet 2018. Danemark: 14 Juin 2018

FILMOGRAPHIEGustav Möller est un réalisateur danois né en 1988 à Göteborg, en Suède. 2018: The Guilty.


Drame psychologique ardu transplanté dans le cadre du thriller intimiste (un concept binaire d'autant plus pervers dans les échanges de rôles !), The Guilty ne laisse rien présager du tsunami émotionnel qu'il nous prodigue au fil de son cheminement à suspense ! En attente de jugement au tribunal, un flic est enrôlé opérateur d'urgence. Après plusieurs entretiens éclectiques, il témoigne de l'appel au secours d'une femme kidnappée par un homme dans une camionnette blanche. Au fil de leurs échanges téléphoniques, il va tenter par tous les moyens de la sauver en localisant chaque appel avec l'intervention de la police. Uppercut émotionnel aussi âpre qu'inopinément rigoureux, The Guilty est de prime abord un modèle de suggestion dans le cadre exigu d'un centre de régulation d'appels d'urgence. Le réalisateur ne quittant jamais de vue le héros de l'écran littéralement obsédé à l'idée de résoudre une affaire de kidnapping, si bien que toutes les scènes décrites, exclusivement dictées par les dialogues, font appel à l'imagination du spectateur embarqué dans une sombre histoire de kidnapping. Ainsi, au fil de ses conversations haletantes avec la victime, avec ses collaborateurs et son fidèle adjoint, nous nous prenons autant d'empathie que d'appréhension pour le sort précaire de cette dernière d'une fragilité plutôt névralgique.


Il faut d'ailleurs souligner la précision de la bande-son et la diction très expressive de chaque intervenant (tant en VF qu'en VO !) lors des nombreux échanges téléphoniques que le spectateur écoute aussi scrupuleusement que le héros psychologiquement malmené si je me réfère à ses nombreuses erreurs de jugement qu'il n'anticipa. Car à travers ce récit tendu à l'issue tout à fait incertaine, le réalisateur soulève intelligemment en parallèle une sous-intrigue criminelle à travers le profil équivoque de cet opérateur hanté de culpabilité Spoil ! à la suite d'une bavure policière Fin du Spoil. Et donc, en guise de rédemption, il tentera par tous les moyens de se racheter une conduite en daignant sauver la vie de la victime. C'est donc à mi-parcours, et alors que le héros et la victime commencent à éveiller des sentiments l'un pour l'autre, que l'intrigue adopte une nouvelle ligne de conduite autrement vertigineuse, pour ne pas dire traumatisante à travers un rebondissement d'une cruauté inextinguible. C'est donc à partir de ce point de rupture que The Guilty déploie toute sa puissance dramatique à travers le portrait de deux victimes rongées par leur démon interne, en voie de prise de conscience mais isolées d'une main secourable.


D'une intensité dramatique tempétueuse en second acte brut de décoffrage, The Guilty joue autant avec les nerfs que les sentiments du spectateur pris à parti avec le redoutable faux semblant. Remarquablement incarné par un unique acteur d'une sobriété d'expression bouleversante, The Guilty nous anéantit d'émotions sentencieuses eu égard de la tournure radicale des confrontations scrupuleusement radiographiées avec un art consommé de l'acuité psychologique. Il en demeure aussi inconsolable que traumatisant. 

* Bruno

Récompenses:
Festival du film de Sundance 2018 : Prix du public de la section World Cinema Dramatic.
Festival international du film de Rotterdam 2018 : Prix du public et prix du jury jeunes.
Festival international du film policier de Beaune 2018 : Prix de la critique.
Festival international du film de Transylvanie 2018 : Prix du public.
Festival international du film de Seattle 2018 : Prix du meilleur réalisateur.
Festival international du film de Thessalonique 2018 : Prix d'interprétation masculine pour Jakob Cedergren.
Festival du film de Turin 2018 : Prix du meilleur acteur pour Jakob Cedergren, prix du meilleur scénario et prix du public

vendredi 7 décembre 2018

Bambi

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site samuelowengallery.com

Walt Disney Pictures Presents: Bambi de David D. Hand. 1942. U.S.A. 1h08.

Sortie Salles France: 15 Juillet 1947. U.SA: 13 Août 1942. Belgique: 18 Décembre 1947

FILMOGRAPHIE SELECTIVEDavid D. Hand est un animateur, réalisateur et producteur américain, né le 23 Janvier 1900 à Plainfield, New Jersey (Etats-Unis), décédé le 11 Octobre 1986 à San Luis Obispo (Etats-Unis). 1936: Les Trois petits loups. 1937: Mickey Magicien. 1937: Blanche Neige et les 7 Nains. 1942: Bambi. 1980: Mickey Mouse Disco.


Considéré comme l'un des films les plus bouleversants de Walt Disney au point d'avoir traumatisé toute une génération infantile, Bambi transfigure le conte initiatique sur l'apprentissage et la subsistance existentielle du point de vue d'un équidé primitif. Adapté du roman, Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois, par l'autrichien Felix Salten, cet éloge à l'écologie et la faune nous illustre l'avènement d'un petit faon élevé parmi l'entourage de sa mère et ses amis de la forêt. Dès sa naissance, le jeune Bambi découvre la splendeur de son environnement bucolique ainsi que les joies de l'amitié parmi la complicité du grincheux Monsieur Hibou, Panpan, le lapin taquin, et Fleur, le putois pimpant. Au fil de ses tribulations avec ses fidèles compagnons, le petit cerf craintif va également rencontrer les premiers émois du béguin parmi la grâce taquine de l'élan Féline. Au sein de cette faste nature où chaque saison illumine sa flore environnante, il va aussi apprendre que l'existence n'est pas un jardin d'Eden auprès de ces dangers impromptus avec certaines rencontres hostiles. A l'image de cette terrible tragédie qui marquera à jamais son destin avec la perte soudaine de sa mère, lâchement assassinée par l'homme. Pris sous l'aile paternelle du prince de la forêt, Bambi finit par grandir à travers les règles élémentaires de la bienséance tout en affrontant avec bravoure les déconvenues hostiles d'une vie trépidante.


Chef-d'oeuvre des studios Disney à l'aura d'enchantement inégalable, Bambi demeure un hymne universel à l'enseignement parental, à la noblesse de l'amitié et de l'amour mais aussi au courage d'y transcender son abattement. Avec la bonhomie irrésistible de personnages fantasques étonnamment expansifs et la tendresse du faon en pleine gestation, cette oeuvre lyrique nous déploie un florilège de situations aussi pittoresques qu'attendrissantes. Tant auprès de la caractérisation disparate de chacun des mammifères au tempérament désinvolte ou badin, du soin esthétique de sa végétation forestière ou de la relation maternelle qu'amorce la génitrice de Bambi. Jalonné de péripéties alarmantes (le combat homérique de Bambi contre un cerf, la fuite des animaux pour s'éloigner de la forêt incendiée), Bambi nous évoque notamment la perte de l'innocence à travers l'épreuve tragique qu'un jeune faon endurera pour surmonter le deuil de sa mère. A travers ce drame fortuit cruellement gratuit (qui aura perturbé l'inconscient d'une génération de bambins !), le film n'hésite pas non plus à mettre en exergue l'orgueil putassier de l'homme assoiffé de pouvoir. En l'occurrence, celui du braconnier attisé par le plaisir de traquer des animaux dans le but de les abattre et de s'en nourrir. Ainsi, à travers leurs exactions du loisir criminel résulte aussi une négligence dissipée faute d'un brasier déclaré au coeur de la forêt.


Cantique à la protection animalière et éloge à l'évolution de l'existence, Bambi continue d'émerveiller en toute simplicité, et ce parmi la candeur de personnages fougueux délibérés à vivre sereinement en dépit de l'hostilité de l'homme. Une leçon d'humanisme à méditer auprès des initiés de la chasse derrière une symphonie de la tendresse dédiée à la noblesse de l'innocence.  

* Bruno
09.01.13 (59 v)

jeudi 6 décembre 2018

Dracula et les Femmes Vampires

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Dan Curtis. 1973. Angleterre. 1h38. Avec Jack Palance, Simon Ward, Nigel Davenport, Pamela Brown, Fiona Lewis, Penelope Horner, Murray Brown.

Diffusion France TV: 12 Mai 1976. U.S: 8 Février 1974.

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Réalisé par Dan Curtis, un des maîtres du Fantastique jamais reconnu à mes yeux (on lui doit tout de même le chef-d'oeuvre Trauma et bien d'autres pépites parmi lesquelles The Night Strangler, La Fiancée du Vampire, la Poupée de la Terreur et la Malédiction de la Veuve noire); Dracula demeure une sympathique adaptation télévisuelle du roman éponyme de Stoker. Car sans révolutionner le mythe séculaire, Dan Curtis possède suffisamment de savoir-faire et d'affection pour le genre afin de rendre assez ludique ce Dracula natif de 1973. Emaillé de séquences atmosphériques franchement immersives, tant auprès de la scénographie gothique des décors domestiques (avec un goût prononcé pour la nuance vermeille), de ses cryptes décaties que de sa nature crépusculaire tantôt onirique (notamment à travers la silhouette spectrale du vampire aussi mutique que diaphane), Dracula parvient efficacement à se renouveler sous l'impulsion d'un Jack Palance étonnamment inquiétant. Patibulaire à travers sa mâchoire carrée et ses petits yeux viciés, ce dernier magnétise l'écran avec (une sobre) conviction si bien que le spectateur reste régulièrement fasciné par ses factions sournoises. Quant aux seconds-rôles assez investis dans leur posture héroïque (la fraternité d'Arthur et de Van Helsing) ou démunie (les victimes féminines en proie à l'hypnose puis à la contamination) on parvient à s'y identifier grâce à leur jeu modéré dénué d'emphase. Et pour parachever dans l'horreur la plus ensorcelante, on apprécie également les quelques apparitions pernicieuses des femmes vampires disséminées à travers l'intrigue pour s'y insurger.


Produit pour la TV dans une facture formellement sépia, ce Dracula 73 parvient donc à s'extirper du carcan télévisuel grâce aux talents communs de Dan Curtis et de Jack Palance assez complices pour plonger le spectateur dans un révérencieux cauchemar gothique honorablement convaincant. 

* Bruno
15.03.13. 47 v
06.12.18. 2èx

mardi 4 décembre 2018

Escalofrio

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site morbius.unblog.fr

"Satan's Blood" de Carlos Puerto et Juan Piquer Simon (non crédité). 1978. Espagne. 1h19. Avec Ángel Aranda, Sandra Alberti, Mariana Karr, José María Guillén, Manuel Pereiro

Sortie salle Espagne: 14 Août 1978

FILMOGRAPHIE: Carlos Puerto est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 1982: La vida, el amor y la muerte. 1981 La capilla ardiente. 1980 En mil pedazos. 1978 Escalofrío. 1978 El francotirador.


Curiosité hispanique surfant sur le filon de la démonologie réactualisée par Rosemary's Baby et l'Exorciste, Escalofrio demeure un sympathique produit d'exploitation en dépit de son casting inexpressif et d'une intrigue somme toute triviale. Sollicité par un couple d'inconnus, deux jeunes amants sont hébergés dans leur étrange demeure afin d'assister à une séance de messe noire. En perte de repère car plongés dans un cauchemar incontrôlable, ils s'efforcent pour autant de s'y extirper avant le déchaînement des forces du Mal. Série Z méconnue et oubliée, Escalofrio a bien du mal à crédibiliser son intrigue capillotractée sous l'impulsion d'acteurs superficiels aux comportements souvent incohérents. Principalement au niveau de la posture interrogative du duo héroïque peinant à insuffler une quelconque densité psychologique dans leur désarroi de témoigner d'éléments inexpliqués. On peut d'ailleurs sourire du peu d'empathie éprouvée pour leur berger allemand mystérieusement disparu dans le jardin et de leur approbation non sensique à opiner une séance de messe noire sans se livrer à la réflexion passée l'expérience lubrique. 


Carlos Puerto incluant durant sa première demi-heure des séquences de nudité et sexuelles assez élégamment filmées même si on aurait préférait se divertir auprès de ressorts horrifiques que ce dernier préconise prioritairement lors de ses 10 dernières minutes aussi cauchemardesques qu'incommodantes. On peut d'ailleurs relever en intermittence quelques situations bougrement dérangeantes que le spectateur reluque avec une intense crainte (limite viscérale), notamment lorsque la propriétaire de l'étrange bâtisse s'incline sur un produit alimentaire à l'instar d'un animal primitif. Et donc en dépit de ces défauts majeurs susnommés appuyés d'un charme bisseux, Carlos Puerto parvient à sauver son essai horrifique de la médiocrité grâce à ces décors domestiques tantôt baroques, à la sensualité de certaines images superbement éclairées et surtout grâce à son ambiance lugubre assez palpable rappelant par moments les effluves malsaines de Joe d'Amato  (on peut songer à Blue Holocaust) et de Fulci (pour la Maison près du Cimetière à moindre échelle).


Si on sait faire preuve d'indulgence, Escalofrio peut trouver son public auprès du cinéphage fureteur avide de curiosité introuvable, à condition de l'apprivoiser au second degré eu égard de sa distribution particulièrement fade et mal dirigée. En tout état de cause, certaines rares séquences horrifiques méritent réellement le coup d'oeil (notamment parmi l'intrusion d'une poupée de porcelaine) à travers un climat fétide sensiblement perméable. 

* Bruno

lundi 3 décembre 2018

Lukas

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Julien Leclercq. 2018. France/Belgique. 1h30. Avec Jean-Claude Van Damme, Sveva Alviti, Sami Bouajila, Kaaris, Kevin Janssens.

Sortie salles France: 2 Août 2018

FILMOGRAPHIEJulien Leclercq est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 7 août 1979 à Somain. 2007: Chrysalis. 2011 : L'Assaut. 2013 : Gibraltar. 2016 : Braqueurs. 2018 : Lukas. projet : Prost.


Après l'Assaut, Gibraltar et l'excellent Braqueurs, Julien Leclercq confirme avec Lukas tout le bien que l'on pensait de lui, de par sa maîtrise de la mise en scène et la direction de son casting endossant sans effets de manche des personnages de chair et d'os. Si l'intrigue simpliste n'accorde aucune originalité (après avoir incidemment commis un crime, un ancien videur est contraint de collaborer avec la police pour y infiltrer une organisation criminelle), Julien Leclercq parvient efficacement à la structurer grâce à la précision de sa réalisation (tantôt subjective lorsqu'il filme souvent de dos la masse musculaire de Lukas) et grâce à quelques rebondissements renforçant le réalisme âpre du cheminement mortifié de Lukas. Car à travers le schéma d'un polar noir où plane la désillusion et le pessimisme, il nous établit un superbe portrait paternel écorché par la déveine mais pour autant délibéré à survivre afin de subvenir aux besoins de sa fille.


Ainsi donc, avec sa gueule striée de chien battu, Jean-Claude Vandamme soulève le film du poids de ses épaules avec une dimension humaine empathique (on y ressent une discrète douceur dans son fort intérieur), pour ne pas dire poignante, Spoil ! voire carrément bouleversante, eu égard de la tournure radicale du dénouement fin du Spoil. Sa présence à la fois taiseuse et ténébreuse électrisant l'écran à chacun de ses déplacements dépouillés. A contre-emploi des films d'actions bourrins auquel il y laissa souvent une sympathique empreinte, Lukas joue la carte de la sobriété et de la maturité à travers la solitude de ce sexagénaire buriné par ses cicatrices morales. Et donc, si le film parvient autant à captiver sans s'y démancher, il le doit au réalisme des confrontations (physiques et morales) éludant toute surenchère si bien que les rares scènes d'action dépendent des réactions hostiles des personnages évoluant à travers un insidieux compromis. Outre le brio de sa mise en scène immersive et son esthétisme assez léché où chaque décor est soigneusement exploité, Lukas est chamarré d'une bande-son pulsatile présageant une destinée aussi bien tempétueuse que mortuaire.


Noir, anxiogène, voir dépressif à travers sa scrupuleuse étude de caractères peu recommandables, Lukas se taille une solide carrure de polar sans concessions sans pour autant céder à une vaine violence qu'on a trop l'habitude de reluquer. D'un romantisme assez désespéré et limite envoûtant de par son climat crépusculaire, il est surtout transcendé du jeu magnétique de Jean-Claude Vandamme provoquant dans la plupart de ses apparitions une intensité funèbre. Tout bien considéré, l'une de ses meilleures réussites et son plus beau rôle Spoil ! si bien que pour les plus sensibles le mouchoir est de rigueur fin du Spoil

* Bruno

dimanche 2 décembre 2018

The Predator

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Shane Black. 2018. U.S.A. 1h47. Avec Boyd Holbrook, Olivia Munn, Trevante Rhodes, Sterling K., Brown, Thomas Jane, Jacob Tremblay.

Sortie salles France: 17 Octobre 2018

FILMOGRAPHIE: Shane Black, né le 16 décembre 1961 à Pittsburgh, en Pennsylvanie, est un scénariste et réalisateur américain. 2005 : Kiss Kiss Bang Bang. 2013 : Iron Man 3. 2016 : The Nice Guys. 2018 : The Predator.


Avis furtif (par manque de temps):

Je m'attendais à une nullité (tout le monde ou presque lui ayant fait grise mine !), j'ai été étonnamment surpris !
Réellement fun, décomplexé, volontairement décérébré (l'intrigue ramifiée valant son pesant de cacahuètes !), débridé, sarcastique, épique, intense, drôle, dégénéré. Je n'en n'attendais tout simplement pas tant !
Bien évidemment, et puisque aucun protagoniste ne se prend au sérieux, c'est à savourer au second degré, à l'instar d'un bon gros Bis bourrin, généreux en roue libre et finalement attachant auprès de la fraternité héroïque de nos baroudeurs marginaux.
Petit bémol, dommage que certains CGI foireux viennent un peu ternir le plaisir que procure son haletant final en apothéose (clin d'oeil tacite au Predator de Tiernan).
Une pure bande dessinée culottée au demeurant.

Après, tous ceux qui ont détesté, je ne peux aussi que les comprendre si bien que c'est aux antipodes du chef-d'oeuvre primal de John Mc Tiernan.