mardi 9 juillet 2019

Hôtel Membai / Attaque à Mumbai.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony Maras. 2018. Australie/inde/U.S. 2h03. Avec Dev Patel, Armie Hammer, Nazanin Boniadi, Anupam Kher, Tilda Cobham-Hervey.

Sortie salle Australie: 14 Mars 2019. U.S: 22 Mars 2019

FILMOGRAPHIEAnthony Maras est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Hôtel Mumbai.


Retraçant avec souci de réalisme et d'unité de temps l'attaque terroriste d'islamistes radicaux au sein du Taj Mahal Palace, immense hôtel rupin accueillant une clientèle fortunée, Hôtel Membai s'avère aussi bien éprouvant que poignant à travers sa descente aux enfers escarpée. Si bien que Anthony Maras ne s'embarrasse que rarement du hors-champs pour ébranler le spectateur résolument immergé dans une action sanglante dégénérée, eu égard des exactions furtives des bourreaux fanatiques ne jurant que pour l'honneur d'Hallah et de leur leader (perfide !) leur dictant une conduite impassible pour y exterminer (en l'occurrence) des infidèles nantis. A travers le choix de son cast méconnu (pour la plupart) et de son cadre indien dépaysant (renforcé d'une photo sépia sous un soleil écrasant pour les extérieurs), le public s'identifie sans ambages au désarroi de ces otages impliqués dans une terrible épreuve de survie où la mort plane en permanence au dessus de leurs épaules. Pour autant, grâce à la bravoure de quelques volontaires néanmoins contrariés dans leur sentiment d'abandon (un chef cuisinier, un serveur, un russe notoire), ceux-ci vont tenter de survivre dans leur prison domestique en y rameutant dans une pièce blindée les ultimes survivants (comptez une cinquantaine de résistants).


Si bien que ces terroristes d'une lâcheté sans égale ne leur laisseront nul répit, notamment auprès de quelques survivants confinés dans leur chambre ou dans un sellier en escomptant l'arrivée éventuelle du corps policier. D'une violence inouïe quant au carnage soigneusement planifié par ces kamikazes ne jurant que pour une vendetta sanguinaire à grande échelle, Hôtel Membai a l'intelligence de ne pas sombrer dans la complaisance, aussi insupportables soient ses brutales exactions. Notamment auprès de la tournure cauchemardesque de son final apocalyptique aussi bien asphyxiant (la stratégie incendiaire) que rigoureusement éprouvant (les victimes n'en finissent plus de trébucher sous les impacts de balles). Et donc, à travers son suspense ciselé constamment tendu multipliant les points de vue contradictoires d'otages à bout de nerf, Hôtel Membai parvient à distiller un sentiment permanent d'insécurité et d'impuissance à travers le moule du survival éludé de fioritures. Chaque personnage se fondant malgré eux dans le corps d'otages démunis face à ce contexte aussi impromptu. Entre sentiments de révolte et de désespoir, instincts d'héroïsme (pour les plus vaillants) et appréhension du danger qu'ils tentent pour autant de canaliser avec un mince espoir de survie.


Témoignage à la fois poignant et bouleversant auprès d'un carnage terroriste d'une violence âpre, Hôtel Membai emprunte le cheminement risqué du thriller à suspense sous couvert de drame historique reconstitué avec un réalisme assez substantiel afin de ne pas chavirer le naufrage dans les conventions du "spectacle outrancier". Les comédiens d'une sobre force d'expression parvenant notamment à y injecter une dimension humaine assez palpable à travers leur ultime épreuve de force dénuée de concession. Chaotique et impitoyable, on en sort aigri et lessivé, en vouant notamment une haine indéfectible pour ces intégristes juvéniles facilement influençables par le rigorisme et l'appât du gain (celle de subvenir aux besoins de leur famille). 

*Bruno

INFOS WIKIPEDIA: Les attaques de novembre 2008 à Bombay sont une série de dix attaques terroristes coordonnées qui ont eu lieu du 26 au 29 novembre 2008 à travers Bombay, capitale financière et plus grande ville de l'Inde. 188 personnes, dont au moins 26 ressortissants étrangers, ont été tuées1 et 312 blessées. L'équipe terroriste était composée de 10 militants islamistes entrainés au Pakistan sans appui direct du gouvernement, 9 d'entre eux ont été tués et un fait prisonnier2. Alors que ce seul rescapé, jugé en Inde, a été condamné à mort et exécuté le 21 novembre 2012, sept autres Pakistanais soupçonnés d'être liés à l'attentat sont en cours de jugement au Pakistan.

lundi 8 juillet 2019

Commando

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mark Lester. 1985. U.S.A. 1h32. Avec Arnold Schwarzenegger, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya, Vernon Wells, James Olson, David Patrick Kelly, Alyssa Milano, Bill Duke.

Sortie salles France: 5 Février 1986. U.S: 4 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mark Lester est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 26 Novembre 1946 à Cleveland, Ohio. 1971: Twilight of the Mayas. 1973: Steel Arena. 1982: Class 84. 1984: Firestarter. 1985: Commando. 1986: Armé et Dangereux. 1990: Class of 1999. 1991: Dans les Griffes du Dragon Rouge. 1996: Public Ennemies. 2000: Blowback. 2000: Sacrifice (télé-film). 2000: Guilty as Charged (télé-film). 2002: Piège sur Internet. 2003: Trahisons. 2003: Ruée vers la Blanche. 2005: Ptérodactyles.


Gros succès des années 80 si bien qu'il récolte chez nous 2 577 215 entrées, Commando joue la carte du divertissement décérébré avec une efficacité en roue libre. Réunissant le mastard Chwarzy (plus fougueux que jamais en justicier expéditif !) accompagné de la sémillante Rae Dawn Chong en faire-valoir cocassement empotée (le coup du lance-roquette vers le fourgon de police), Commando ne nous laisse aucune seconde répit, aussi étique soit sa trame linéaire (un colonel à la retraite est contraint de tuer son président pour retrouver sa fille en vie). Ainsi donc, son cheminement narratif prévisible a beau cumuler les clichés sans souci de vraisemblance, Commando divertit grâce au parti-pris de Mark Lester littéralement décomplexé pour illustrer une action hyperbolique au confins de la semi-parodie.


De par son humour parfois débridé, ses personnages caricaturaux (Vernon Wells vaut son pesant de cacahuètes en vindicateur psychotique dans sa posture homo !), son ultra-violence gore cartoonesque et ses situations bellicistes hautement improbables (quelle pyrotechnie finale dans son genre guerrier !), Commando prête autant à rire qu'à sourire à travers sa mise en forme cartoonesque. Car formidablement mené sous l'impulsion du score tonitruant de James Horner (48 heures), Mark Lester dirige avec savoir-faire son divertissement bourrin (le dynamisme du montage s'avère d'ailleurs payant) en y parodiant tacitement la saga Rambo que Schwarzy monopolise à l'aide d'un charisme expressif. Notamment eu égard de son amour indéfectible pour sa fille que campe avec une certaine sobriété infantile la jeune Alyssa Milano et de son ascension amicale échangée avec sa partenaire Cindy éprise d'audace dévergondée !


Seul contre tous. 
Aussi bien allumé que génialement inconséquent et incorrect, Commando reste constamment fun et jouissif au sein d'une narration somme toute banale mais pour autant décalée à travers son second degré assumé. A revoir avec un sourire de bambin ! 

*Bruno
4èx

vendredi 5 juillet 2019

Vendredi 13 / Friday the 13th

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Mauvais-genres.com

de Sean S. Cunningham. 1980. U.S.A. 1h35. Avec Betsy Palmer, Adrienne King, Jeannine Taylor, Robbi Morgan, Kevin Bacon, Harry Crosby, Laurie Bartram.

Sortie salles France: 11 Février 1981 (int - 18 ans). U.S: 9 Mai 1980

FILMOGRAPHIE: Sean Sexton Cunningham est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Né en 1941 à New York. 1970 : Art of Marriage. 1971 : L'Amour à deux. 1973 : Case of the Full Moon Murders. 1978 : Manny's Orphans. 1978 : Here Come the Tigers. 1980 : Vendredi 13. 1982 : A Stranger Is Watching. 1983 : La fièvre du printemps. 1985 : Représailles. 1989 : MAL : Mutant aquatique en liberté. 2001 : XCU: Extreme Close Up. 2002 : Invasion finale (TV). 2006 : Trapped Ashes.


Flingué par la critique alors que le public s'y rua en masse lors de sa sortie internationale (si bien qu'il devient l'un des produits les plus rentables du cinéma même si dans l'hexagone le succès fut beaucoup moins probant), Vendredi 13 exploite avec une certaine efficacité le concept des 10 petits nègres à travers le cadre du psycho-killer en vogue initié par Black Christmas et surtout Halloween. Relativement bien mené puisque agréable à suivre et étonnamment atmosphérique à la revoyure, l'intrigue rachitique oscille les effets-chocs tous les quarts d'heure sous la supervision du maître des maquillages Tom Savini en tentant de distiller un suspense anxiogène palpable juste avant leurs mises à mort. Quand bien même les comédiens méconnus (même si on y reconnaîtra le néophyte Kevin Bacon) insufflent parfois une intensité dramatique auprès de leur appréhension suivie de leur sort sacrifié. A contrario, un petit mot sur l'illustre présence de Betsy Palmer Spoil ! endossant avec son rictus faussement accort une tueuse psychotique en roue libre dans sa détermination d'éradiquer, non sans sadisme inventif, les jeunots insouciants autrefois responsables de la mort accidentelle de son bambin handicapé Fin du Spoil


Un rôle taillé sur mesure que l'actrice acceptera uniquement pour son intérêt pécuniaire (celui de s'acheter une nouvelle voiture) d'autant plus qu'elle ne porte guère le genre horrifique dans son coeur (même si elle s'est ravisée depuis lors de conventions en liesse). Un peu dommage qu'à travers cette interprétation lunaire à l'expressivité épeurante Cunningham cède vulgairement aux subterfuges morbides auprès de rebondissements aussi épiques que cartoonesques. Pour autant, de par son cadre forestier implanté à proximité d'un lac estival franchement photogénique (et si rassurant), Sean S. Cunningham parvint à coordonner, passée la 1ère demi-heure, un surprenant climat angoissant (que j'avais omis de ma mémoire), tant auprès de ses éclairages naturels nocturnes, des refuges domestiques que de la mise en attente de la mort (de la même façon qu'Halloween de Carpenter). Et ce avant que les effets gores, toujours aussi impressionnants, ne viennent nous terrifier sous l'impulsion de jump-scare parfois très réussis, qui plus est accompagnés d'effets stridents ou de soupirs signataires du superbe score d'Harry Manfredini dans toutes les mémoires (le fameux leitmotiv "tchi, tchi, tchi, ah, ah, ah"!).


Ludique auprès de son rythme assez soutenu, immersif par son cadre forestier solaire et nocturne génialement mis en valeur (là encore je l'avais omis), Vendredi 13 dégage surtout une véritable ambiance horrifique aujourd'hui tristement révolue avec un savoir-faire aussi indéniable qu'inespéré. Quand bien même l'efficacité des poursuites haletantes de la dernière partie culmine auprès d'effets-chocs aussi spectaculaires qu'iconiques (la décapitation au ralenti puis enfin l'apparition de Jason sous l'impulsion d'une mélodie contrairement rassurante afin de mieux nous ébranler). Il s'agit donc à mon sens, et de loin, de l'opus le plus angoissant de la saga, à revoir avec attention et une pincée de nostalgie auprès de la génération 80.

P.S: à voir de préférence en 4K et en Vostfr, le jour et la nuit.

*Bruno
7èx
02.07.23

jeudi 4 juillet 2019

Double Détente


                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

"Red Heat" de Walter Hill. 1988. U.S.A. 1h44. Avec Arnold Schwarzenegger, James Belushi, Peter Boyle, Ed O'Ross, Laurence Fishburne, Gina Gershon, Richard Bright.

Sortie salles France: 6 Juillet 1988. U.S: 17 Juin 1988

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV). 2006 : Broken Trail. 2012 : Du plomb dans la tête. 2016 : Revenger.


Pure série B d'action bâtie sur la notoriété d'Arnold Schwarzenegger que Walter Hill souhaitait un jour concrétiser pour lui attribuer un rôle musclé en bonne et due forme, Double Détente joue la carte du divertissement en toute simplicité. Car faute d'une intrigue classique dénuée d'originalité, Double Détente exploite le contexte musclé du "gendarme et du voleur" par le biais du Buddy Movie en vogue en ces années 80. Et cela fonctionne à point nommé grâce à la complémentarité du duo impayable Schwarzenegger / Belushi endossant les rôles de flics décomplexés à travers une nationalité distincte. Schwarzy endossant un milicien russe implanté sur le sol américain afin de retrouver Viktor, un dangereux trafiquant de drogue (qu'Ed O'Ross incarne avec un charisme patibulaire idoine), quand bien même Belushi sert de faire-valoir en sergent ricain féru de  calembours afin de détendre l'atmosphère funèbre (les cadavres pleuvent parmi l'autorité expéditive de son compère).


Outre l'attraction du duo susnommé véritablement impliqué dans leur fonction aussi bien pugnace que décontractée, Double Détente s'appuie sur le savoir-faire infaillible de Walter Hill résolument inspiré par son divertissement sans prétention. Tant et si bien que son récit habilement structuré parvient très efficacement à relancer l'action des enjeux criminels à travers la filature de deux témoins éloquents (un malfrat grièvement blessé / l'épouse de Viktor) et d'une énigmatique clef que Schwarzy s'efforce de préserver lors de sa traque inlassable contre son propriétaire. Comme de coutume, ce récit haletant est entrecoupé d'une chorégraphie d'actions aussi bien violentes qu'homériques (giclées de sang sous les impacts de balles), notamment à travers sa dernière demi-heure à tombeau ouvert laissant libre court aux cascades urbaines entre deux bus erratiques.


Western urbain impeccablement ficelé; Double Détente remplit honorablement le cahier des charges pour y distraire le spectateur embarqué dans un Buddy Movie généreusement teigneux et drôle. Les répliques caustiques fusant fréquemment auprès du bagout de Belushi et (un peu moins de) Schwarzy accompagnés de 2,3 seconds-rôles aussi cocasses ! Un excellent moment de détente n'ayant rien perdu de son charme (eightie !) et de son intensité épique, et ce sans se complaire dans une vaine surenchère (aussi homérique soit sa traque finale volontiers insidieuse et sanglante). 

*Bruno
2èx

Box Office France: 1 292 988 entrées

mercredi 3 juillet 2019

Black Death

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Smith. 2010. Angleterre/Allemagne. 1h41. Avec Warner David, Van Houten Carice, Bean Sean, McInnerny Tim, Redmayne Eddie, Nixon Kimberley, Lynch John, Elliott Emu.

Sortie salles France: 8 Octobre 2010 (Festival du cinéma britannique de Dinard). UK: 11 Juin 2010

FILMOGRAPHIEChristopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique né à Bristol le 16 août 1970. 2004 : Creep. 2006 : Severance. 2009 : Triangle. 2010 : Black Death. 2012 : Labyrinthe (série télévisée - 2 épisodes de la saison 1). 2014 : Get Santa. 2016 : Detour.


Film choc s'il en est, de par la crudité de ses scènes barbares et de son climat fétide perméable que Christopher Smith retranscrit avec souci de vérisme (aussi low-cost soit le budget), Black Death demeure une impitoyable descente aux enfers au coeur d'une époque médiévale asservie par le fanatisme, la superstition et le puritanisme. Le Pitch: Angleterre, 1348. Un groupe de mercenaires a pour mission de retrouver un Nécromancier susceptible d'avoir propagé la peste bubonique dans la région. Paradoxalement, un village ne semble nullement touché par la maladie mortelle particulièrement  contagieuse. Avec l'aide d'Edmund, jeune moine amoureux de la paysanne Averill, le chevalier Ulric et ses acolytes partent à la recherche du village situé à proximité d'un marais. Eprouvante épreuve de force (morale et physique) qu'un groupe de mercenaires endosse à l'instar d'un chemin de croix si je me réfère à leur rencontre finale auprès de la confrérie occulte, Black Death s'avère plus intelligent et retors qu'il n'y parait à travers ses faux semblants surréalistes et surtout sa réflexion sur la foi religieuse et l'athéisme que Christopher Smith oppose sans jamais juger ses personnages. Car baignant dans une mise en scène macabre teintée de surnaturel, l'intrigue joue efficacement du simulacre afin de contredire la réception du spectateur pris à parti entre l'inexpliqué et les valeurs antinomiques du Bien et du Mal au sein d'une époque primale en quête de repères moraux.


La confrérie occulte s'efforçant de renier une existence divine sous couvert de leur hiérarchie sectaire bienfaitrice (leur populace aime à croire aux miracles pour se préserver de la peur de la peste - et donc de la mort -) quand bien même Ulric et ses sbires sont entièrement voués à la cause de Dieu afin de se donner un code d'honneur à leur existence vaillante. D'une cruauté inouïe, tant psychologique que corporelle, Black Death s'avère à l'image poisseuse de son époque moyenâgeuse. C'est à dire jusqu'au-boutiste, putrescente (ses cadavres décharnés à l'odeur pestilentielle que l'on entrevoit par intermittence), lâche et sans concession (l'épuration de sa dernière partie). Tant auprès de la pandémie à grande échelle, de la chasse aux sorcières pratiquée tous azimuts en guise de superstition que des sévices corporels perpétrés sur l'ennemi chrétien rendu impuissant dans sa condition de détention. Mais outre son intensité dramatique à couper au rasoir quant à son mode survival vécu de plein fouet lors de l'ultime demi-heure, Black Death tend notamment à souligner la faiblesse morale de l'homme vertueux du point de vue du moine néophyte sombrant dans une vendetta criminelle en lieu et place de traumatisme endeuillé. Ainsi, c'est sur cette note d'amertume que Black Death nous quitte précipitamment à travers sa réflexion sur la vengeance et la foi chrétienne du point de vue d'une perte de valeur morale en perdition spirituelle. Black Death sous-entendant en guise d'épilogue opaque que le mal est en chacun de nous et que la valeur d'un homme se juge à la manière dont il défie ce Mal.


Film choc furieusement noir, malsain et désespéré (notamment auprès du sentiment d'épuisement des victimes molestées), Black Death ne nous laisse aucun répit quant à la précarité de ses pieux personnages martyrisés par une idéologie délétère, si bien que l'on ne sort pas indemne de ce constat d'échec humaniste.  

*Bruno
2èx
03.03.11
03.07.19

mardi 2 juillet 2019

Terreur / Dread

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony DiBlasi. 2009. U.S.A. 1h40. Avec Jackson Rathbone, Shaun Evans, Hanne Steen, Laura Donnelly, Jonathan Readwin, Paloma Faith, Siobhan Hewlett.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Anthony DiBlasi est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018 Extremity.  2016 Her Last Will. 2015 Most Likely to Die. 2015 Attirance interdite (TV Movie). 2014/I Last Shift. 2013 The Profane Exhibit (segment "Mother May I"). 2013 Missionary. 2011 Cassadaga. 2009 Terreur.


Une expérience de terreur underground profondément malsaine et perverse. 
Basé sur une nouvelle de Clive Barker initialement publiée dans le second volume des "Livres de sang", Dread est le premier long métrage choc d'Anthony Diblasi. Dans la mesure où, en dépit d'un cheminement narratif prévisible et parfois redondant lors de sa première heure (notamment auprès des interview videos des intervenants), celui-ci parvient à structurer un climat anxiogène davantage malsain autour des dissensions des protagonistes juvéniles prochainement livrés à leur pire terreur. Car à cause d'un traumatisme horrifiant lié à son enfance, Quaid, étudiant en philosophie, propose à 2 de ses camarades d'opérer une étude sur la terreur en recrutant divers témoins. Un alibi personnel afin de réprimer ses récurrents cauchemars qu'il ne parvient pas à canaliser la nuit. Mais au fil des entretiens parfois tendus et fallacieux avec certains marginaux, Quaid finit par sombrer dans une vendetta perverse.


Interdit aux - de 16 ans chez nous, Dread a de quoi retourner les estomacs les plus fragiles lors de sa dernière dernière-heure explicite pour autant dénuée de complaisance car d'un réalisme à la fois cru et suffocant afin d'exacerber le profil voyeuriste de Quaid en apprenti criminel. Quand bien même ses complices amicaux observent sa dégénérescence morale ainsi que son irascibilité avec autant d'appréhension que d'impuissance. Tout du moins c'est ce que le cinéaste nous illustre sobrement lors de sa première heure efficacement inquiétante, à défaut de nous surprendre de par sa narration routinière somme toute classique. Pour autant, grâce au jeu convaincant des jeunes comédiens se réservant de céder à l'outrance, Dread attise la curiosité de manière sensiblement accrocheuse. Notamment eu égard de la force d'expression dérangée de Quaid que Shaun Evans incarne avec un charisme à la fois trouble et saillant. Tant et si bien qu'il nous provoquerait un vrai malaise si nous nous retrouvions face à la lui à la ville !


Nanti d'une réalisation parfois étonnamment inventive (les plans tarabiscotés sur la hache à chaque pas d'escalier, les crimes froidement exécutés parmi l'habileté du montage acerbe) et d'un travail avisé sur la bande-son (tant auprès d'une BO rock alternative dès sa 1ère partie que des bruitages diégétiques perçus du point de vue des victimes), Dread dérange jusqu'au malaise ad nauseam (l'expérience carnivore dans la geôle est franchement insoutenable) au fil d'un cheminement criminel dénué de concession. C'est dire si Dread nous laisse sur un sentiment tangible d'amertume et de dégoût de par son refus du happy-end et du portrait de l'oppresseur autrefois molesté mais délibéré aujourd'hui à affronter la bête en étudiant égoïstement les postures épeurées de ses victimes sévèrement mises à épreuve de survie. Ainsi, dans le genre underground intègre, et en dépit de son manque d'ambition, Dread demeure une bonne surprise horrifique à découvrir avec le coeur bien accroché auprès de ses séquences les plus crues et cruelles.

*Bruno
2èx

lundi 1 juillet 2019

Les Sorcières d'Eastwick

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Witches of Eastwick" de George Miller. 1987. U.S.A. 1h58. Avec Jack Nicholson, Cher, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer, Veronica Cartwright, Richard Jenkins

Sortie salles France: 10 Septembre 1987. U.S: 12 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road.


Comédie fantastique frétillante menée sur un rythme endiablé par le réalisateur de la quadrilogie Mad-Max, Les Sorcières d'Eastwick possède plus d'une corde à son arc pour nous séduire. Car outre l'inventivité des situations débridées ou cocasses que George Miller maîtrise de main de maître avec imagination, et la cadence de son score idoine composé par l'orchestre de John Williams, les Sorcières d'Eastwick est transcendé de son cast 4 étoiles littéralement en roue libre. Tant auprès du séduisant trio Cher, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer en proie à la désinhibition puis la rébellion féministe en sorcières contestataires, que du monstre sacré Jack Nicholson nous livrant un nouveau numéro d'acteur anthologique dans celui du diable lubrique. Un maître-chanteur phallocrate et oisif se complaisant à duper la gente féminine par le biais de son charme, de son bagout et de ses pouvoirs surnaturels.


George Miller parvenant donc avec originalité à renouveler le thème de la sorcellerie dans une forme ludique aussi légère que subtile (notamment auprès de l'utilisation de ses formidables effets-spéciaux au service narratif). A la fois drôle, sexy et badin, parfois inquiétant (notamment auprès d'une puritaine erratique que Veronica Cartwright incarne à la perfection dans une force d'expression psychotique), voir même féerique (l'étonnante et fortuite partie de tennis, le trio en lévitation en amont de la piscine), les Sorcières d'Eastwick est un savoureux cocktail d'humour, de charme et séduction sous l'impulsion d'une guerre des sexes soigneusement planifiée. Car autant satire sur le rigorisme parmi le témoignage rabat-joie d'une populace rurale pratiquante, que sur le machisme à travers la polygamie, George Miller égratigne de manière caustique les conflits sempiternels entre l'homme et la femme par le biais d'un jeu de pouvoirs fondé sur la dichotomie de la domination et de la soumission.


Dangereuse alliance
Étonnamment à l'aise dans le registre de la comédie fantastico-romantique avec un équivalent brio technique, George Miller transfigure au gré de sa flamboyante distribution un délicieux divertissement aussi frais et extravagant que lors de sa sortie populaire (1 158 563 entrées rien qu'en France). Si bien que les Sorcières d'Eastwick parvient à se détacher de l'ombre du spectacle commercial standard grâce à la personnalité de son auteur féru d'attention pour l'évolution de ces personnages et d'invention pour nous amener à la suivre avec un sens onirique insolite. 

*Bruno
4èx

Récompenses: British Academy Film Awards 1988 : Meilleurs effets visuels
Los Angeles Film Critics Association Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson
New York Film Critics Circle Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson
Saturn Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson

vendredi 28 juin 2019

Ghoulies

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site sensacine.com

de Luca Bercovici. 1984. U.S.A. 1h21. Avec Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael Des Barres, Jack Nance, Peter Risch.

(probablement) Inédit en salles en France. Sortie U.S: 2 Mars 1985 (ou 18 Janvier 1985)

FILMOGRAPHIELuca Bercovici est un réalisateur, acteur et scénariste américain né le 22 Fevrier 1957 à New York. 2006: The Making of 'Kill Your Darlings' (documentaire). 2000 Luck of the Draw. 1999 BitterSweet (Video). 1997 Convict 762. 1996/I The Chain. 1995 The Granny (Video). 1994 Profondeur. 1990 Rockula. 1984 Ghoulies.


Nanar des années 80 ayant créé son petit effet de fascination auprès des rats des videos (il fut inédit en salles chez nous), Ghoulies est une sympathique production Charles Band surfant sur le succès de Gremlins réalisé la même année. Petite bande fauchée nantie d'une intrigue à la fois redondante et capillotractée (un jeune homme invoque les forces des ténèbres lors de fréquentes messes noires afin de connaître ses origines familiales, quand bien même un démon exhumé d'outre-tombe tente de lui substituer sa place), Ghoulies amuse gentiment la galerie. Principalement grâce aux superbes créatures confectionnées par une équipe de techniciens parmi lequel y figure John Carl Buechler. Ainsi, ces gnomes d'une laideur velue à la fois délirante et fascinante vont semer la zizanie dans un manoir gothique (soigneusement éclairé et ornementé) qu'un jeune couple et ses convives abriteront le temps de rituels sataniques.


Jouant les adulescents assez benêts, les comédiens méconnus s'efforcent de rendre attachant leur fonction de trublions avec autant de charme (notamment auprès des conflits sentimentaux entre notre anti-héros - en quête identitaire - et sa compagne) que d'irritation. Car à force d'outrances verbales et de gestuelles emphatiques, ceux-ci peuvent prêter à la lassitude, notamment faute d'un cheminement superflu dénué de surprises (franchement dommageable que l'intrigue soit si exsangue !). Pour autant, Luca Bercovici ponctue à bâton rompu son récit de scènes chocs parfois surprenantes (la langue géante agrippant la bouche d'une victime) afin de maintenir le spectateur en éveil. Egalement en ne cessant d'exhiber fréquemment à l'écran ces Ghoulies trouble-fête plutôt attachants à travers leur fantaisie grotesque naïvement expressive. Qui plus est, accompagnés d'un couple de nains d'allure médiévale et d'un mort-vivant vaniteux, Ghoulies divertit aimablement aussi vite oublié soit ce produit d'exploitation perfectible.


A redécouvrir d'un oeil distrait avec une pointe de nostalgie.
*Bruno

jeudi 27 juin 2019

Héros d'Apocalypse

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site aVoir-aLire.com

"L'ultimo cacciatore" d'Anthony M. Dawson. 1980. U.S.A. 1h37. David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes, Margit Evelyn Newton, John Steiner.

Sortie salles Italie: 9 Août 1980.

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Pur produit d'exploitation surfant sur la vague du film de guerre vietnamien, Héros d'Apocalypse est symptomatique de ce que le cinéma italien pouvait produire de plus attractif à l'orée des années 80. Car bien avant Rambo 1 et 2Anthony M. Dawson nous offrait un film d'action belliqueux à l'ultra violence décomplexée, tant et si bien que ses scènes gores, à la fois percutantes et spectaculaires, irriguent l'écran dans un déluge d'explosions et canardages à tout va, à feu et à sang ! Le tout façonné avec un talent technique artisanal si bien que l'on reste encore aujourd'hui ébahi par le réalisme de ses scènes chocs furieusement complaisantes (gros plans sur les chairs éclatées dans des gerbes de sang Fulciennes !). Ainsi, si l'intrigue étique fait preuve de oisiveté (le capitaine Morris a pour mission de détruire un émetteur dans un camp vietcong après avoir rejoint une équipe de rangers ainsi qu'une journaliste retranchés dans une grotte customisée !), Anthony M. Dawson compte sur l'intensité des explosions et carnages en roue libre afin de plonger le spectateur dans un divertissement bourrin aussi bordélique qu'épique.


Servi par une pléiade de seconds couteaux familiers des fans de Bis (on y croise David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes et John Steiner), ces derniers se prêtent au jeu belliciste avec un sérieux désinhibé. Car à travers une combinaison de Voyage au bout de l'Enfer et surtout d'Apocalypse Now, nos acteurs transalpins surjouent leur fonction burné avec un irrésistible orgueil auto-parodique. C'est simple, on les croirait réunis au club Med de festoyer et s'extasier à buter du viet dans une posture héroïque résolument suicidaire ! C'est dire si Dawson s'adonne aux clichés tous azimuts, entre premier et second degré. Car n'hésitant pas lors de brèves occasions à détendre l'atmosphère par le biais de moments de cocasserie aussi grotesques qu'hallucinées (la fameuse compétition contre la montre du ranger pour récupérer un fruit du haut d'un arbre en arpentant un sentier truffé de vietcongs !), celui-ci se raille d'une bravoure surhumaine dans un esprit antimilitariste troupier. On sourit également (voir on pouffe de rire) lorsque Héros d'Apocalypse se la joue Apocalypse Now à travers des séquences cultes contournées ici dans un esprit bisseux. A l'instar du major Cash caricaturant dans son fanatisme guerrier le lieutenant-colonel Bill Kilgore (entrevu en surfeur dans Apocalypse Now), du message préventif que les rangers écoutent fréquemment à la radio afin de démissionner de leur poste offensif, ou encore de l'ultime chevauchée des Walkyries reprise ici en épilogue à travers un thème orchestral contrefait.


Réussissant par ailleurs l'exploit de nous immerger dans une véritable jungle végétative (on se croirait même par instant dans Cannibal Holocaust, notamment à travers ses pièges meurtriers !), Héros d'Apocalypse demeure un fleuron du film de guerre transalpin de par son immense générosité de nous en foutre plein la vue à renfort de tripes, de sulfateuses et d'explosions furibardes ! A revoir sans modération, tel l'antidépresseur de choix ! 

*Bruno
3èx

mercredi 26 juin 2019

Le Professeur

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site inthemoodforcinema.com

"La prima notte di quiete" de Valerio Zurlini. Italie/France. 1h56. Avec Alain Delon, Lea Massari, Monica Dominici, Sonia Petrovna, Giancarlo Giannini, Renato Salvatori, Alida Valli, Adalberto Maria Merli, Salvo Randone, Liana Del Balzo.

Sortie salles France: 18 Octobre 1972 (1er Novembre 1972 selon d'autres sources). Italie: 27 Octobre 1972

FILMOGRAPHIEValerio Zurlini est un réalisateur et scénariste italien, né le 19 mars 1926 à Bologne, décédé le 27 octobre 1982 à Vérone. 1955 : Les Jeunes Filles de San Frediano. 1959 : Été violent. 1961 : La Fille à la valise. 1962 : Journal intime. 1965 : Des filles pour l'armée. 1968 : Assis à sa droite. 1969 : Quand, comment et avec qui ? 1972 : Le Professeur. 1976 : Le Désert des Tartares.


"Aimer sans doute est le possible le plus lointain".
Romance écorchée vive entre un professeur trentenaire et une étudiante de 19 ans foudroyés par leur passion dévorante, Le Professeur désarçonne par son ambiance sinistrosée d'une aura mélancolique perméable eu égard des cicatrices morales de ces derniers communément hantés par le poids de l'échec et de l'insatisfaction sentimentale. Succès retentissant en Italie alors qu'en France il essuie un échec (allez comprendre !), Le Professeur transfigure le genre (mal aimé) du mélodrame de par le talent atypique de Valerio Zurlini parvenant à y imprimer sa personnalité transalpine. Tant et si bien que son ambiance glauque éclairée d'une photo blafarde et les postures vulgaires de protagonistes peu recommandables (tant auprès de l'entourage aviné de Daniel que de celui de Vanina) nous confinent dans un obscur drame conjugal à faible lueur d'espoir. La grande force de l'oeuvre autrement fragile résidant dans sa réinterprétation du genre à travers les thèmes éculés de la trahison, de l'infidélité, de la possessivité (notamment les rapports masochistes entre Daniel et son épouse co-existant dans leur demeure opaque en guise de désespoir), de la jalousie et de l'amour insoluble.


Dans un rôle à contre-emploi d'amant torturé plutôt taciturne, Alain Delon promène sa dégaine de chien battu à l'instar d'un fantôme infortuné quasi suicidaire si on évoque son final expéditif d'une âpre brutalité dans son ultime enjeu de retrouver sa muse. Quand bien même l'électrisante Sonia Petrovna magnétise l'écran à chacune de ses apparitions ultra sensuelles, tant et si bien que comme Daniel, le spectateur épris de sentiments pour elle et de vertige pour sa beauté longiligne y redoute l'aigreur insurmontable auprès de leur relation précaire noyée d'amertume, de mal être, de remord et de désillusion. Le Professeur abordant de manière suggérée (les regards sentencieux où vogue les non-dits) ou autrement démonstrative (la violence des corps à corps machistes ou les sauvages étreintes sexuelles), la cruauté de l'émoi amoureux à travers des esprits rebelles victimes de leur condition marginale. Tant auprès du passé instable de Vanina, victime d'une mère catin et de ses moult conquêtes phallocrates, que de celui de Daniel hanté par la disparition de son père et surtout du suicide de sa soeur.


Oeuvre atypique irriguée de spleen et de pessimisme sous la faible lueur d'un climat vaporeux, le Professeur aborde la passion amoureuse sous l'impulsion névrotique de losers tentant de se raccrocher une ultime fois au fil de la rédemption sentimentale. Un puissant drame mélancolique d'une noirceur aussi audacieuse que censée eu égard des actions malavisées des amants tributaires de leur fêlure et faiblesses morales. 

*Bruno
2èx

mardi 25 juin 2019

Mausoleum. Prix du Jury au Rex de Paris, 1983.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Dugan. 1983. U.S.A. 1h37. Avec Bobbie Bresee, Marjoe Gortner, Norman Burton, LaWanda Page.

Sortie salles U.S: 13 Mai 1983

FILMOGRAPHIE: Michael Dugan est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2015: The Adventures of Turkey Dude (TV Mini-Series). 1999: Raging Hormones. 1983: Mausoleum. 1976: Super Seal.


Hit Vhs des années 80 si j'ose dire sous le fameux étendard Super Video Productions, Mausoleum demeure l'archétype de la série Z horrifique réalisée sans aucun génie mais avec une tendresse évidente pour le genre. D'ailleurs, le jury du Festival du Rex de Paris ne s'y est pas trompé lorsqu'il lui décerna le Prix du Jury et le Prix d'interprétation Féminine pour Bobbie Bresee en victime démoniale à la fois sexy (son plus simple appareil nous est dévoilé à plusieurs reprises en sus d'une opulente poitrine) et monstrueuse (créature caoutchouteuse à l'appui d'un final mémorablement cartoonesque !). Le pitch: traumatisée par la mort de sa mère, Susan est attiré par l'entité démoniaque sommeillant dans un mausolée. Depuis, après l'avoir réveillée, elle sombre dans une déchéance criminelle, quand bien même son psychiatre tente de la ramener à la raison. Nanar grand-guignolesque étalant toutes les 10 minutes des séquences gorasses du meilleur cru artisanal, qui plus est renforcé de dérision involontaire à force de surenchère, Mausoleum baigne dans le divertissement du samedi soir au gré d'une ambiance horrifique étonnamment attachante, pour ne pas dire atmosphérique.


On peut d'ailleurs parler de miracle tant le réalisateur en herbe décuple les maladresses sans complexe tant et si bien qu'il croit fermement à ce qu'il filme, et ce jusqu'à se permettre d'y parodier le genre lors d'une séquence burlesque insensée (score subitement jovial à l'appui !) lorsque la domestique afro prend à 2 reprises l'escampe après avoir observé de l'étage une étrange fumée d'un vert sensiblement fluorescent ! Mais outre l'aspect débridé de ses scènes-chocs agréablement épiques, inventives et décomplexées, Mausoleum est renforcé du surjeu des comédiens de seconde zone d'un sérieux inextinguible. Tant auprès de la domestique avinée susnommée, de l'époux de Susan inexpressif d'y décrypter son comportement anormal, du médecin débonnaire étonnamment preux lorsqu'il témoigne de la déliquescence corporelle de Susan, que du jardinier égrillard osant faire la cour à Susan par le biais du clin d'oeil fripon ! Un séquence olé olé pittoresque de par le mimétisme outrancier de ce dernier que l'on retrouvera d'autre part lors de l'ultime twist nonsensique résolument hilarant ! Ainsi, à travers ses postures machistes particulièrement triviales (notamment auprès de l'apparition plus furtive du livreur), Michael Dugan se permet d'y injecter des répliques aussi putanesques dignes d'un "Jacquie et Michel" que s'échangent les mâles en rut avant de forniquer Susan !


Pochette surprise horrifique surfant sur la tendance cartoonesque d'Evil-dead à l'aide d'un budget low-cost, Mausoleum s'extirpe de la nullité grâce à son étonnante générosité et l'évidente sincérité de Michael Dugan féru d'amour pour les bobines horrifiques fluos faisant office de train fantôme. Un témoignage surréaliste de ce que pouvait nous offrir de mieux les années 80 en terme de délire Z expansif, à redécouvrir absolument dans la condition optimale du format HD ! 

*Bruno
2èx

Récompenses: Prix du Jury, Prix de la Meilleure Actrice (Bobbie Bresee) au Festival du film Fantastique de Paris, 1983.

vendredi 21 juin 2019

L'Etrange vice de Mme Wardh

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site google.com

"Lo strano vizio della Signora Wardh" de Sergio Martino. 1971. Italie/Espagne. 1h38. Avec George Hilton, Edwige Fenech, Conchita Airoldi, Manuel Gill, Carlo Alighiero, Ivan Rassimov.

Sortie salles France: 14 Juin 1972. Italie: 15 Août 1971

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaîne. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1972: Toutes les couleurs du vice. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


"C'est précisément l'accent mis sur le commandement: tu ne tueras point, qui nous donne la certitude que nous descendons d'une lignée infiniment longue d'assassins qui avaient le goût du meurtre dans le sang, comme nous l'avons peut-être encore". Sigmund Freud.

Remarquable giallo réalisé par un des maître du genre si bien qu'on lui doit notamment La Queue du Scorpionl'Alliance Invisible, Toutes les couleurs du Vice, Torso et Ton Vice est une chambre close dont moi seul ait la clef; l'Etrange vice de Mme Wardh bénéficie d'une intrigue solide pour tenir en haleine le spectateur jusqu'au mot Fin. De par la substantialité de son suspense plutôt ciselé et son casting 4 étoiles parmi lesquels George Hilton en amant attentionné, Alberto de Mendoza en époux cocu, Ivan Rassimov en amant vicié (qui plus est renforcé de son physique satanique aux yeux reptiliens !) et surtout l'icone Edwige Fenech en maîtresse plantureuse adepte du SM. Ainsi, si l'Etrange vice... met un peu de temps à se mettre en place durant sa première demi-heure, et ce à travers l'intrusion de 2 meurtres sadiques modestement réalisés (la couleur limpide du sang fait d'ailleurs un peu tâche pour pleinement convaincre), la suite s'avère davantage passionnante lorsque l'héroïne constamment tourmentée par le tueur (puis brimée par son entourage féminin) tente de lui échapper à travers des rebondissements imprévisibles soigneusement charpentés.


Sergio Martino jouant lestement sur le simulacre parmi la diabolique dérision d'une intrigue criminelle ou s'y oppose un triangle d'amants suspects (on peut d'ailleurs désamorcer un certain rebondissement à un moment propice de l'action censée nous interroger sur les véritables motivations d'un d'entre eux). Erotiquement sensuel et osé (pour l'époque) à travers les poitrines dénudées fréquemment mises en valeur, sanglant et brutal au gré de meurtres toujours plus stylisés et impressionnants (dont un superbe jumpscare hyper efficace lorsqu'une main gantée tente de retenir une porte entrebâillée), l'Etrange vice de Mme Wardh demeure un cruel jeu de massacre et de soumission lascive. Notamment à travers le personnage équivoque de Jean livrant depuis toujours une relation masochiste avec sa compagne soumise en proie à une attraction/répulsion à la vue du sang. On peut d'ailleurs relever une superbe séquence onirique lors de sa première partie lorsque les amants s'adonnent à un coït masochiste à travers le fracas d'éclats de verre.


Plutôt convaincant quant à son intrigue machiavélique d'autant plus limpide, et toujours plus surprenant au fil de son suspense expectatif relançant l'action vers des virages diablotins, l'Etrange vice de Mme Wardh se joue de nos pulsions voyeuristes parmi la sensualité torride d'une victime volage qu'Edwige Fenech endosse fébrilement. Entre fragilité démunie et trouble ambiguïté du désir SM. Sublimé par l'élégie musicale de Nora Orlandi, l'Etrange vice... peut sans rougir se targuer d'être un des meilleurs ambassadeurs du Giallo en plein âge d'or des Seventies. 

*Bruno
2èx 

jeudi 20 juin 2019

American Gothic

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Hough. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Rod Steiger, Michael J. Pollard, Yvonne De Carlo, Sarah Torgov, Stephen Shellen, Mark Lindsay Chapman

Sortie salles France: 13 Mai 1988. U.S: Mai 1988

FILMOGRAPHIE: John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


Si on a connu John Hough beaucoup plus inspiré avec ses oeuvres les plus notoires (Larry le dingue, Mary la garce, les Sévices de Dracula, Les Yeux de la Forêt, Incubus et surtout son chef-d'oeuvre la Maison des Damnés), American Gothic est suffisamment ludique et sarcastique pour passer un agréable moment. Satire sur l'intégrisme à mi-chemin entre Massacre à la Tronçonneuse et Mother's day, l'intrigue empile les clichés usuels du psycho-killer (une bande de jeunes échoue sur une île abritée par une famille rétrograde aux us et coutumes psychorigides) avec une sensible efficacité. Notamment en y exploitant quelques trouvailles retorses afin de relancer l'action du survival sous l'impulsion de situations saugrenues (les jeux de la mort que s'encanaillent les adulescents attardés) et d'une victime borderline (car traumatisée par la mort de son nouveau-né) en proie à une vengeance schizophrène lors de son dernier acte. Niveau casting, les jeunes acteurs dénués de charisme font autant preuve de timide retenue que de maladresse à tenter de s'extirper de la mort, quand bien même Rod Steiger et sa compagne Yvonne De Carlo font preuve d'une modeste force de caractère dans leur fonction criminelle bâtie sur le fanatisme religieux. Et pour parachever, on peut s'enjailler des pitreries sardoniques que complotent communément Janet Wright, Michael J. Pollard, William Hootkins en adulescents dangereusement fripons dans leur mode opératoire du zigouillage.
Oubliable certes, mais divertissant.

*Bruno
2èx