samedi 13 juillet 2019

La Zizanie

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Zidi. 1978. France. 1h34. Avec Louis de Funes, Annie Girardot, Maurice Risch, Julien Guiomar, Jean-Jacques Moreau, Geneviève Fontanel, Jacques François.

Sortie salles France: 22 Mars 1978

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Spécialiste de la comédie populaire, Claude Zidi s'avère ici en petite forme avec la Zizanie bien que le film cumule 2 790 000 entrées à sa sortie. Réunissant pour la première fois à l'écran le couple Louis De Funès / Annie Girardot lors d'un crêpage de chignon hystérico-poussif, la Zizanie pâti d'un manque flagrant d'efficacité à travers les redondances de leur crise conjugale cacophonique émaillée de tendres réconciliations, probablement afin de mieux nous séduire dans ce brassage des genres. Satire sur le capitalisme que De Funès endosse dans sa double facette de maire et d'entrepreneur prolifique au sein de son cocon domestique bruyamment customisé en chantier industriel, La Zizanie tente d'exploiter son potentiel comique à travers ses traditionnelles mimiques et verbigérations ici caricaturales. 


Car outre la lourdeur de la plupart des gags sombrant parfois même dans le ridicule, De Funes ne semble pas vraiment impliqué dans sa fonction ironique d'opportuniste déraisonnablement vénal, notamment faute de son état de santé précaire qu'il cumulait les dernières années de sa carrière. Quand bien même Annie Girardot tente de nous arracher rires et soupçons de tendresse avec des intentions timidement payantes à se fondre dans le corps d'une épouse écolo contestataire si bien qu'elle osera se confronter à son époux machiste lors des élections municipales. Une ultime confrontation rébarbative que Zidi tente de relancer lors d'une mécanique de rire dénuée d'ambitions. 


Parfois loufoque à travers 2/3 gags bonnards (la beuverie avec les magnats chinois afin de les inciter à signer un juteux contrat) et timidement sympathique auprès du duo tant perfectible De Funès / Girardot à cours de carburant en dépit de leurs apparences fringantes, La Zizanie pourrait peut-être contenter les inconditionnels de Fufu d'un oeil modestement distrait. Quand bien même Vladimir Cosma scande musicalement leurs futiles chamailleries au gré d'un thème pittoresque familièrement expansif. 

*Bruno
2èx

Grâce à Dieu. Berlinale 2019 : Grand prix du jury

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de François Ozon. 2019. France. 2h17. Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, Bernard Verley, François Marthouret, Martine Erhel, Josiane Balasko.

Sortie salles France: 20 Février 2019

FILMOGRAPHIE: François Ozon est un réalisateur français, né à Paris le 15 novembre 1967. 1998 : Sitcom. 1999 : Les Amants criminels. 2000 : Gouttes d'eau sur pierres brûlantes. 2000 : Sous le sable. 2001 : Huit femmes. 2003 : Swimming Pool. 2004 : 5×2. 2005 : Le Temps qui reste. 2006 : Angel. 2009 : Ricky. 2010 : Le Refuge. 2010 : Potiche. 2012 : Dans la maison. 2013 : Jeune et Jolie. 2014 : Une nouvelle amie. 2016 : Frantz. 2017 : L'Amant double. 2018 : Grâce à Dieu.


"Lorsque dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre."
Retraçant avec souci documentaire l'endurant combat judiciaire de 3 victimes d'attouchements pédophiles d'après les faits réels d'un scandale religieux ayant incriminé le père Bernard Preynat et le cardinal Philippe Barbarin (pour non dénonciation d'agressions sexuelles sur mineur), Grâce à Dieu interpelle notre raison sans l'ombre de l'apitoiement ou du pathos. Le récit plein de pudeur, car entièrement bâti sur la suggestion et les silences dans le regards, s'appuyant à radiographier les différents profils de 3 victimes d'abus sexuels aujourd'hui adultes mais pour autant traumatisées par leur passé éhonté. Chacun d'eux d'un statut social contradictoire ayant tenté de survivre avec un poids moral préjudiciable. Notamment si on se réfère au plus fragile d'entre eux, Emmanuel (le personnage le plus empathique), puisque devenu par la causalité épileptique, solitaire, instable, violent auprès de sa compagne et complexé, notamment à travers une anomalie génitale.


Ainsi, à travers leur investigation de longue haleine épaulée du soutien parental (si on fait fi du père prolétaire d'Emmanuel et de la mère vaniteuse de François) et en rametant le plus de victimes possibles (en dépit des improbables prescriptions), François Ozon compte sur la véracité des faits studieusement exposés et sur la sobriété hors-pair de son remarquable casting (jusqu'aux seconds-rôles, à l'instar de Josiane Balasko en mère sentencieuse hantée de remord et surtout de la révélation Swann Arlaud - sosie de Patrick Dewaere - en marginal pugnace d'une subtile intensité d'expression) pour nous alerter d'un haro religieux où les plus hauts dirigeants se sont soumis à l'omerta afin de préserver leur institution. Révoltant, nonsensique, immoral, lorsque les représentants de Dieu continuent (sous l'alibi de la prescription) d'occulter cette ignoble affaire pédophile au mépris de centaines de victimes écorchées vives, Grâce à Dieu remet finalement en cause une réflexion spirituelle quant à la perte des valeurs chrétiennes. 


Sans toutefois atteindre l'intensité dramatique de l'inoubliable, audacieux (dans le mélange des styles), éprouvant et percutant Les Chatouilles, Grâce à Dieu n'en demeure pas moins un grand film d'utilité publique dans sa nécessité de bousculer les consciences et les lois à travers les thèmes brûlants de la pathologie pédophile, de la prescription, de la présomption d'innocence et de l'omerta catholique impliquée dans des affaires pédophiles rarement condamnées. Grâce à dieu restant un témoignage éloquent de l'impuissance du système judiciaire face l'hypocrisie du corps religieux. 

*Bruno

jeudi 11 juillet 2019

Starman. Saturn Awards, Meilleur Acteur: Jeff Bridges.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de John Carpenter. 1984. U.S.A. 1h54. Avec Jeff Bridges, Karen Allen, Charles Martin Smith, Richard Jaeckel, Robert Phalen.

Sortie salles France: 3 Juillet 1985. U.S: 14 Décembre 1984.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


"Vous êtres une espèce étrange, différente des autres. Je peux dire ce que je trouve de plus merveilleux chez les humains: vous donnez le meilleur de vous même quand tout semble perdu"

Deux ans après son cuisant échec commercial The Thing, John Carpenter opère un virage à 180 degrés au sein de sa pléthorique carrière à travers Starman. Un film de commande conçu pour le convaincre à persévérer à Hollywood, tant et si bien qu'il abandonne purement et simplement le genre horrifique au profit d'une romance stellaire tous publics. Alors qu'un tâcheron aurait facilement fait sombrer l'entreprise dans le ridicule à travers l'amourette prévisible entre un ET et une jeune veuve en berne, John Carpenter parvient miraculeusement à s'extraire de la trivialité. Aussi simpliste soit son récit linéaire et aussi rose-bonbon soient les sentiments candides que se partage le couple dans une fragile humanité ! Ainsi, grâce au savoir-faire habile du cinéaste maîtrisant l'image au gré de séquences saillantes (la résurrection du Daim est habitée d'un troublant climat féerique sensiblement intense et inquiétant), Starman instille une poignante émotion eu égard des rapports amiteux entre Jenny, en deuil sentimental, et Starman en apprentissage civique. Le réalisateur s'attardant toujours plus à mettre en exergue leur romance peu à peu impossible lorsque l'E.T est finalement contraint de rejoindre son bercail afin d'y préserver sa destinée.


Sorte de version adulte d'E.T si j'ose dire, le récit parvient donc davantage à nous séduire au même moment où notre explorateur tente de comprendre nos us et coutumes, notamment à travers nos excès de zèle, d'orgueil, d'irresponsabilité et d'incivilité (brûler un feu rouge, faire un doigt d'honneur, tuer le daim pour le plaisir de la chasse, corriger lâchement un rival à plusieurs, fumer la cigarette au péril sanitaire), et ce avant d'y côtoyer l'amour auprès de Jenny s'identifiant d'autant mieux à lui grâce au clonage de son défunt époux. Emaillé de séquences féeriques singulières alors que d'autres moments détonnent par leur onirisme baroque (notamment auprès de la métamorphose humaine de l'E.T, d'un stade cellulaire à l'âge adulte - FX étonnants à l'appui -), Starman envoûte nos sens sous l'impulsion du score (un brin sirupeux peut-être par instant) de Jack Nitzsche et du duo alchimique formé par Jeff Bridges et Karen Allen. Jeff Bridges endossant un jeu étonnamment nuancé de par sa sobriété d'expression innocente, à l'instar d'un bambin déficient d'apparence adulte, mais pour autant transcendé d'une intelligence et d'une sagesse d'esprit pour le respect d'autrui (à renfort de répliques ironiques). Quand bien même Karen Allen chavire notre coeur de par sa douceur de miel d'y approcher craintivement l'amour puis de l'adouber auprès d'un attachant anthropologue altruiste.


Au delà de sa leçon d'humanité et de tolérance du point de vue d'un témoignage extra-terrestre, et de sa plaidoirie invoquée à la cause animale (joli pied de nez contre les chasseurs !), Starman fait vibrer la corde sensible à travers la simplicité de sa romance sentimentale étonnamment vigoureuse de la part d'un maître du frisson. Le couple Allen / Bridges irradiant l'écran avec une sobre pudeur (davantage) empathique eu égard de leur rapport charnel invoquant une fusion amoureuse procréative. Un fragile conte stellaire avec un coeur qui bat. 

*Bruno
3èx

Récompense: Saturn Awards 1985 : meilleur acteur pour Jeff Bridges

mercredi 10 juillet 2019

Alita: Battle Angel

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robert Rodriguez. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Ed Skrein, Jackie Earle Haley, Keean Johnson.

Sortie salles France: 13 Février 2019. U.S: 14 Février 2019

FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis. 1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4). 2015 : 100 Years. 2019 : Alita: Battle Angel. 2019 : Red 11.


Blockbuster familial conçu par l'inégal Robert Rodriguez, Alita est l'adaptation ciné du manga  Gunnm créé par Yukito Kishiro et fantasmé depuis des lustres par son producteur et scénariste James Cameron. Prouesse visuelle indiscutable, de par le vérisme de son univers cyberpunk très imposant, ses FX numériques plus vrais que nature et son action chorégraphique d'une vélocité LISIBLE, Alita nous offre un grandiose divertissement sous l'impulsion d'une héroïne longiligne, championne toutes catégories dans l'art du combat martial. Et on peut dire qu'à ce niveau de perfection, elle nous en fout plein la vue à combattre aussi ardemment, bondir, virevolter, se cramponner sur ses adversaires avec une force d'agilité imparable ! Ainsi, à travers l'efficacité de son intrigue décrivant avec une surprenante émotion le profil d'une androïde amnésique en quête identitaire, Alita est sublimé par la présence de ce personnage numérisé que le spectateur apprivoise avec une trouble empathie lors de sa phase à la fois contestataire, amicale (sa relation avec son père adoptif) et amoureuse. C'est dire si Rodriguez et son équipe de techniciens ont accompli le prodige de donner chair à cet androïde féminin évoluant dans un univers futuriste régi par une armada de robots hétéroclites à faire pâlir de jalousie Robocop, Terminator et Robowar (ok je sors !).


Regorgeant de scènes d'actions au service narratif faisant office de pièces d'anthologie (la fameuse épreuve sportive du Motorball et la poursuite urbaine qui s'ensuit sur les toits de la ville, l'épreuve de force dans le bar afin de rameuter une unité guerrière), Alita ne manque pas de susciter une poignante émotion eu égard de son rapport romantique avec Hugo, un humain juvénile pas si recommandable si on se réfère à sa double vie secrètement marginale. Au-delà de leur tendre rapport bâti sur l'amour, la confiance mais aussi la trahison, on peut également souligner le jeu dépouillé de Christoph Waltz en docteur Frankenstein accort endossant par ailleurs la nuit le rôle bicéphale de guerrier chasseur afin de déjouer un tueur de femmes. Mais c'est dans celui du paternel chérissant qu'il s'avère véritablement convaincant de par la sollicitude qu'il entretient avec sa création depuis la disparition de sa fille sacrifiée sous l'autel d'un cyborg. Ainsi, à travers son intrigue plutôt fluide et bien construite bâtie sur les sens de la bravoure, de la loyauté et de l'honneur, Rodriguez soulève enfin les thèmes lénifiants de la rédemption et du pardon à travers les agissements cléments de deux personnages clefs en proie au remord. Alita s'accordant au final à nous décrire intelligemment une réflexion sur le Bien et le Mal à travers les pouvoirs surhumains d'une existence artificielle influencée par un leader aussi bien perfide que mégalo.


Spectacle féerique souvent impressionnant de pyrotechnie jamais gratuite (ou alors si peu !) au sein d'un envoûtant univers dystopique où les jeux du cirque refont surface à renfort de technologie belliqueuse, Alita élève le Blockbuster à un niveau d'intégrité singulier sous l'impulsion de preux personnages d'une émotion humaine souvent fragile. Alita, l'androïde féminine, crevant l'écran à chacune de ses apparitions avec une intensité émotive résolument candide. 

*Bruno

mardi 9 juillet 2019

Hôtel Membai / Attaque à Mumbai.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony Maras. 2018. Australie/inde/U.S. 2h03. Avec Dev Patel, Armie Hammer, Nazanin Boniadi, Anupam Kher, Tilda Cobham-Hervey.

Sortie salle Australie: 14 Mars 2019. U.S: 22 Mars 2019

FILMOGRAPHIEAnthony Maras est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: Hôtel Mumbai.


Retraçant avec souci de réalisme et d'unité de temps l'attaque terroriste d'islamistes radicaux au sein du Taj Mahal Palace, immense hôtel rupin accueillant une clientèle fortunée, Hôtel Membai s'avère aussi bien éprouvant que poignant à travers sa descente aux enfers escarpée. Si bien que Anthony Maras ne s'embarrasse que rarement du hors-champs pour ébranler le spectateur résolument immergé dans une action sanglante dégénérée, eu égard des exactions furtives des bourreaux fanatiques ne jurant que pour l'honneur d'Hallah et de leur leader (perfide !) leur dictant une conduite impassible pour y exterminer (en l'occurrence) des infidèles nantis. A travers le choix de son cast méconnu (pour la plupart) et de son cadre indien dépaysant (renforcé d'une photo sépia sous un soleil écrasant pour les extérieurs), le public s'identifie sans ambages au désarroi de ces otages impliqués dans une terrible épreuve de survie où la mort plane en permanence au dessus de leurs épaules. Pour autant, grâce à la bravoure de quelques volontaires néanmoins contrariés dans leur sentiment d'abandon (un chef cuisinier, un serveur, un russe notoire), ceux-ci vont tenter de survivre dans leur prison domestique en y rameutant dans une pièce blindée les ultimes survivants (comptez une cinquantaine de résistants).


Si bien que ces terroristes d'une lâcheté sans égale ne leur laisseront nul répit, notamment auprès de quelques survivants confinés dans leur chambre ou dans un sellier en escomptant l'arrivée éventuelle du corps policier. D'une violence inouïe quant au carnage soigneusement planifié par ces kamikazes ne jurant que pour une vendetta sanguinaire à grande échelle, Hôtel Membai a l'intelligence de ne pas sombrer dans la complaisance, aussi insupportables soient ses brutales exactions. Notamment auprès de la tournure cauchemardesque de son final apocalyptique aussi bien asphyxiant (la stratégie incendiaire) que rigoureusement éprouvant (les victimes n'en finissent plus de trébucher sous les impacts de balles). Et donc, à travers son suspense ciselé constamment tendu multipliant les points de vue contradictoires d'otages à bout de nerf, Hôtel Membai parvient à distiller un sentiment permanent d'insécurité et d'impuissance à travers le moule du survival éludé de fioritures. Chaque personnage se fondant malgré eux dans le corps d'otages démunis face à ce contexte aussi impromptu. Entre sentiments de révolte et de désespoir, instincts d'héroïsme (pour les plus vaillants) et appréhension du danger qu'ils tentent pour autant de canaliser avec un mince espoir de survie.


Témoignage à la fois poignant et bouleversant auprès d'un carnage terroriste d'une violence âpre, Hôtel Membai emprunte le cheminement risqué du thriller à suspense sous couvert de drame historique reconstitué avec un réalisme assez substantiel afin de ne pas chavirer le naufrage dans les conventions du "spectacle outrancier". Les comédiens d'une sobre force d'expression parvenant notamment à y injecter une dimension humaine assez palpable à travers leur ultime épreuve de force dénuée de concession. Chaotique et impitoyable, on en sort aigri et lessivé, en vouant notamment une haine indéfectible pour ces intégristes juvéniles facilement influençables par le rigorisme et l'appât du gain (celle de subvenir aux besoins de leur famille). 

*Bruno

INFOS WIKIPEDIA: Les attaques de novembre 2008 à Bombay sont une série de dix attaques terroristes coordonnées qui ont eu lieu du 26 au 29 novembre 2008 à travers Bombay, capitale financière et plus grande ville de l'Inde. 188 personnes, dont au moins 26 ressortissants étrangers, ont été tuées1 et 312 blessées. L'équipe terroriste était composée de 10 militants islamistes entrainés au Pakistan sans appui direct du gouvernement, 9 d'entre eux ont été tués et un fait prisonnier2. Alors que ce seul rescapé, jugé en Inde, a été condamné à mort et exécuté le 21 novembre 2012, sept autres Pakistanais soupçonnés d'être liés à l'attentat sont en cours de jugement au Pakistan.

lundi 8 juillet 2019

Commando

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mark Lester. 1985. U.S.A. 1h32. Avec Arnold Schwarzenegger, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya, Vernon Wells, James Olson, David Patrick Kelly, Alyssa Milano, Bill Duke.

Sortie salles France: 5 Février 1986. U.S: 4 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mark Lester est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 26 Novembre 1946 à Cleveland, Ohio. 1971: Twilight of the Mayas. 1973: Steel Arena. 1982: Class 84. 1984: Firestarter. 1985: Commando. 1986: Armé et Dangereux. 1990: Class of 1999. 1991: Dans les Griffes du Dragon Rouge. 1996: Public Ennemies. 2000: Blowback. 2000: Sacrifice (télé-film). 2000: Guilty as Charged (télé-film). 2002: Piège sur Internet. 2003: Trahisons. 2003: Ruée vers la Blanche. 2005: Ptérodactyles.


Gros succès des années 80 si bien qu'il récolte chez nous 2 577 215 entrées, Commando joue la carte du divertissement décérébré avec une efficacité en roue libre. Réunissant le mastard Chwarzy (plus fougueux que jamais en justicier expéditif !) accompagné de la sémillante Rae Dawn Chong en faire-valoir cocassement empotée (le coup du lance-roquette vers le fourgon de police), Commando ne nous laisse aucune seconde répit, aussi étique soit sa trame linéaire (un colonel à la retraite est contraint de tuer son président pour retrouver sa fille en vie). Ainsi donc, son cheminement narratif prévisible a beau cumuler les clichés sans souci de vraisemblance, Commando divertit grâce au parti-pris de Mark Lester littéralement décomplexé pour illustrer une action hyperbolique au confins de la semi-parodie.


De par son humour parfois débridé, ses personnages caricaturaux (Vernon Wells vaut son pesant de cacahuètes en vindicateur psychotique dans sa posture homo !), son ultra-violence gore cartoonesque et ses situations bellicistes hautement improbables (quelle pyrotechnie finale dans son genre guerrier !), Commando prête autant à rire qu'à sourire à travers sa mise en forme cartoonesque. Car formidablement mené sous l'impulsion du score tonitruant de James Horner (48 heures), Mark Lester dirige avec savoir-faire son divertissement bourrin (le dynamisme du montage s'avère d'ailleurs payant) en y parodiant tacitement la saga Rambo que Schwarzy monopolise à l'aide d'un charisme expressif. Notamment eu égard de son amour indéfectible pour sa fille que campe avec une certaine sobriété infantile la jeune Alyssa Milano et de son ascension amicale échangée avec sa partenaire Cindy éprise d'audace dévergondée !


Seul contre tous. 
Aussi bien allumé que génialement inconséquent et incorrect, Commando reste constamment fun et jouissif au sein d'une narration somme toute banale mais pour autant décalée à travers son second degré assumé. A revoir avec un sourire de bambin ! 

*Bruno
4èx

vendredi 5 juillet 2019

Vendredi 13 / Friday the 13th

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Mauvais-genres.com

de Sean S. Cunningham. 1980. U.S.A. 1h35. Avec Betsy Palmer, Adrienne King, Jeannine Taylor, Robbi Morgan, Kevin Bacon, Harry Crosby, Laurie Bartram.

Sortie salles France: 11 Février 1981 (int - 18 ans). U.S: 9 Mai 1980

FILMOGRAPHIE: Sean Sexton Cunningham est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Né en 1941 à New York. 1970 : Art of Marriage. 1971 : L'Amour à deux. 1973 : Case of the Full Moon Murders. 1978 : Manny's Orphans. 1978 : Here Come the Tigers. 1980 : Vendredi 13. 1982 : A Stranger Is Watching. 1983 : La fièvre du printemps. 1985 : Représailles. 1989 : MAL : Mutant aquatique en liberté. 2001 : XCU: Extreme Close Up. 2002 : Invasion finale (TV). 2006 : Trapped Ashes.


Flingué par la critique alors que le public s'y rua en masse lors de sa sortie internationale (si bien qu'il devient l'un des produits les plus rentables du cinéma même si dans l'hexagone le succès fut beaucoup moins probant), Vendredi 13 exploite avec une certaine efficacité le concept des 10 petits nègres à travers le cadre du psycho-killer en vogue initié par Black Christmas et surtout Halloween. Relativement bien mené puisque agréable à suivre et étonnamment atmosphérique à la revoyure, l'intrigue rachitique oscille les effets-chocs tous les quarts d'heure sous la supervision du maître des maquillages Tom Savini en tentant de distiller un suspense anxiogène palpable juste avant leurs mises à mort. Quand bien même les comédiens méconnus (même si on y reconnaîtra le néophyte Kevin Bacon) insufflent parfois une intensité dramatique auprès de leur appréhension suivie de leur sort sacrifié. A contrario, un petit mot sur l'illustre présence de Betsy Palmer Spoil ! endossant avec son rictus faussement accort une tueuse psychotique en roue libre dans sa détermination d'éradiquer, non sans sadisme inventif, les jeunots insouciants autrefois responsables de la mort accidentelle de son bambin handicapé Fin du Spoil


Un rôle taillé sur mesure que l'actrice acceptera uniquement pour son intérêt pécuniaire (celui de s'acheter une nouvelle voiture) d'autant plus qu'elle ne porte guère le genre horrifique dans son coeur (même si elle s'est ravisée depuis lors de conventions en liesse). Un peu dommage qu'à travers cette interprétation lunaire à l'expressivité épeurante Cunningham cède vulgairement aux subterfuges morbides auprès de rebondissements aussi épiques que cartoonesques. Pour autant, de par son cadre forestier implanté à proximité d'un lac estival franchement photogénique (et si rassurant), Sean S. Cunningham parvint à coordonner, passée la 1ère demi-heure, un surprenant climat angoissant (que j'avais omis de ma mémoire), tant auprès de ses éclairages naturels nocturnes, des refuges domestiques que de la mise en attente de la mort (de la même façon qu'Halloween de Carpenter). Et ce avant que les effets gores, toujours aussi impressionnants, ne viennent nous terrifier sous l'impulsion de jump-scare parfois très réussis, qui plus est accompagnés d'effets stridents ou de soupirs signataires du superbe score d'Harry Manfredini dans toutes les mémoires (le fameux leitmotiv "tchi, tchi, tchi, ah, ah, ah"!).


Ludique auprès de son rythme assez soutenu, immersif par son cadre forestier solaire et nocturne génialement mis en valeur (là encore je l'avais omis), Vendredi 13 dégage surtout une véritable ambiance horrifique aujourd'hui tristement révolue avec un savoir-faire aussi indéniable qu'inespéré. Quand bien même l'efficacité des poursuites haletantes de la dernière partie culmine auprès d'effets-chocs aussi spectaculaires qu'iconiques (la décapitation au ralenti puis enfin l'apparition de Jason sous l'impulsion d'une mélodie contrairement rassurante afin de mieux nous ébranler). Il s'agit donc à mon sens, et de loin, de l'opus le plus angoissant de la saga, à revoir avec attention et une pincée de nostalgie auprès de la génération 80.

P.S: à voir de préférence en 4K et en Vostfr, le jour et la nuit.

*Bruno
7èx
02.07.23

jeudi 4 juillet 2019

Double Détente


                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

"Red Heat" de Walter Hill. 1988. U.S.A. 1h44. Avec Arnold Schwarzenegger, James Belushi, Peter Boyle, Ed O'Ross, Laurence Fishburne, Gina Gershon, Richard Bright.

Sortie salles France: 6 Juillet 1988. U.S: 17 Juin 1988

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV). 2006 : Broken Trail. 2012 : Du plomb dans la tête. 2016 : Revenger.


Pure série B d'action bâtie sur la notoriété d'Arnold Schwarzenegger que Walter Hill souhaitait un jour concrétiser pour lui attribuer un rôle musclé en bonne et due forme, Double Détente joue la carte du divertissement en toute simplicité. Car faute d'une intrigue classique dénuée d'originalité, Double Détente exploite le contexte musclé du "gendarme et du voleur" par le biais du Buddy Movie en vogue en ces années 80. Et cela fonctionne à point nommé grâce à la complémentarité du duo impayable Schwarzenegger / Belushi endossant les rôles de flics décomplexés à travers une nationalité distincte. Schwarzy endossant un milicien russe implanté sur le sol américain afin de retrouver Viktor, un dangereux trafiquant de drogue (qu'Ed O'Ross incarne avec un charisme patibulaire idoine), quand bien même Belushi sert de faire-valoir en sergent ricain féru de  calembours afin de détendre l'atmosphère funèbre (les cadavres pleuvent parmi l'autorité expéditive de son compère).


Outre l'attraction du duo susnommé véritablement impliqué dans leur fonction aussi bien pugnace que décontractée, Double Détente s'appuie sur le savoir-faire infaillible de Walter Hill résolument inspiré par son divertissement sans prétention. Tant et si bien que son récit habilement structuré parvient très efficacement à relancer l'action des enjeux criminels à travers la filature de deux témoins éloquents (un malfrat grièvement blessé / l'épouse de Viktor) et d'une énigmatique clef que Schwarzy s'efforce de préserver lors de sa traque inlassable contre son propriétaire. Comme de coutume, ce récit haletant est entrecoupé d'une chorégraphie d'actions aussi bien violentes qu'homériques (giclées de sang sous les impacts de balles), notamment à travers sa dernière demi-heure à tombeau ouvert laissant libre court aux cascades urbaines entre deux bus erratiques.


Western urbain impeccablement ficelé; Double Détente remplit honorablement le cahier des charges pour y distraire le spectateur embarqué dans un Buddy Movie généreusement teigneux et drôle. Les répliques caustiques fusant fréquemment auprès du bagout de Belushi et (un peu moins de) Schwarzy accompagnés de 2,3 seconds-rôles aussi cocasses ! Un excellent moment de détente n'ayant rien perdu de son charme (eightie !) et de son intensité épique, et ce sans se complaire dans une vaine surenchère (aussi homérique soit sa traque finale volontiers insidieuse et sanglante). 

*Bruno
2èx

Box Office France: 1 292 988 entrées

mercredi 3 juillet 2019

Black Death

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Smith. 2010. Angleterre/Allemagne. 1h41. Avec Warner David, Van Houten Carice, Bean Sean, McInnerny Tim, Redmayne Eddie, Nixon Kimberley, Lynch John, Elliott Emu.

Sortie salles France: 8 Octobre 2010 (Festival du cinéma britannique de Dinard). UK: 11 Juin 2010

FILMOGRAPHIEChristopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique né à Bristol le 16 août 1970. 2004 : Creep. 2006 : Severance. 2009 : Triangle. 2010 : Black Death. 2012 : Labyrinthe (série télévisée - 2 épisodes de la saison 1). 2014 : Get Santa. 2016 : Detour.


Film choc s'il en est, de par la crudité de ses scènes barbares et de son climat fétide perméable que Christopher Smith retranscrit avec souci de vérisme (aussi low-cost soit le budget), Black Death demeure une impitoyable descente aux enfers au coeur d'une époque médiévale asservie par le fanatisme, la superstition et le puritanisme. Le Pitch: Angleterre, 1348. Un groupe de mercenaires a pour mission de retrouver un Nécromancier susceptible d'avoir propagé la peste bubonique dans la région. Paradoxalement, un village ne semble nullement touché par la maladie mortelle particulièrement  contagieuse. Avec l'aide d'Edmund, jeune moine amoureux de la paysanne Averill, le chevalier Ulric et ses acolytes partent à la recherche du village situé à proximité d'un marais. Eprouvante épreuve de force (morale et physique) qu'un groupe de mercenaires endosse à l'instar d'un chemin de croix si je me réfère à leur rencontre finale auprès de la confrérie occulte, Black Death s'avère plus intelligent et retors qu'il n'y parait à travers ses faux semblants surréalistes et surtout sa réflexion sur la foi religieuse et l'athéisme que Christopher Smith oppose sans jamais juger ses personnages. Car baignant dans une mise en scène macabre teintée de surnaturel, l'intrigue joue efficacement du simulacre afin de contredire la réception du spectateur pris à parti entre l'inexpliqué et les valeurs antinomiques du Bien et du Mal au sein d'une époque primale en quête de repères moraux.


La confrérie occulte s'efforçant de renier une existence divine sous couvert de leur hiérarchie sectaire bienfaitrice (leur populace aime à croire aux miracles pour se préserver de la peur de la peste - et donc de la mort -) quand bien même Ulric et ses sbires sont entièrement voués à la cause de Dieu afin de se donner un code d'honneur à leur existence vaillante. D'une cruauté inouïe, tant psychologique que corporelle, Black Death s'avère à l'image poisseuse de son époque moyenâgeuse. C'est à dire jusqu'au-boutiste, putrescente (ses cadavres décharnés à l'odeur pestilentielle que l'on entrevoit par intermittence), lâche et sans concession (l'épuration de sa dernière partie). Tant auprès de la pandémie à grande échelle, de la chasse aux sorcières pratiquée tous azimuts en guise de superstition que des sévices corporels perpétrés sur l'ennemi chrétien rendu impuissant dans sa condition de détention. Mais outre son intensité dramatique à couper au rasoir quant à son mode survival vécu de plein fouet lors de l'ultime demi-heure, Black Death tend notamment à souligner la faiblesse morale de l'homme vertueux du point de vue du moine néophyte sombrant dans une vendetta criminelle en lieu et place de traumatisme endeuillé. Ainsi, c'est sur cette note d'amertume que Black Death nous quitte précipitamment à travers sa réflexion sur la vengeance et la foi chrétienne du point de vue d'une perte de valeur morale en perdition spirituelle. Black Death sous-entendant en guise d'épilogue opaque que le mal est en chacun de nous et que la valeur d'un homme se juge à la manière dont il défie ce Mal.


Film choc furieusement noir, malsain et désespéré (notamment auprès du sentiment d'épuisement des victimes molestées), Black Death ne nous laisse aucun répit quant à la précarité de ses pieux personnages martyrisés par une idéologie délétère, si bien que l'on ne sort pas indemne de ce constat d'échec humaniste.  

*Bruno
2èx
03.03.11
03.07.19

mardi 2 juillet 2019

Terreur / Dread

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anthony DiBlasi. 2009. U.S.A. 1h40. Avec Jackson Rathbone, Shaun Evans, Hanne Steen, Laura Donnelly, Jonathan Readwin, Paloma Faith, Siobhan Hewlett.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Anthony DiBlasi est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018 Extremity.  2016 Her Last Will. 2015 Most Likely to Die. 2015 Attirance interdite (TV Movie). 2014/I Last Shift. 2013 The Profane Exhibit (segment "Mother May I"). 2013 Missionary. 2011 Cassadaga. 2009 Terreur.


Une expérience de terreur underground profondément malsaine et perverse. 
Basé sur une nouvelle de Clive Barker initialement publiée dans le second volume des "Livres de sang", Dread est le premier long métrage choc d'Anthony Diblasi. Dans la mesure où, en dépit d'un cheminement narratif prévisible et parfois redondant lors de sa première heure (notamment auprès des interview videos des intervenants), celui-ci parvient à structurer un climat anxiogène davantage malsain autour des dissensions des protagonistes juvéniles prochainement livrés à leur pire terreur. Car à cause d'un traumatisme horrifiant lié à son enfance, Quaid, étudiant en philosophie, propose à 2 de ses camarades d'opérer une étude sur la terreur en recrutant divers témoins. Un alibi personnel afin de réprimer ses récurrents cauchemars qu'il ne parvient pas à canaliser la nuit. Mais au fil des entretiens parfois tendus et fallacieux avec certains marginaux, Quaid finit par sombrer dans une vendetta perverse.


Interdit aux - de 16 ans chez nous, Dread a de quoi retourner les estomacs les plus fragiles lors de sa dernière dernière-heure explicite pour autant dénuée de complaisance car d'un réalisme à la fois cru et suffocant afin d'exacerber le profil voyeuriste de Quaid en apprenti criminel. Quand bien même ses complices amicaux observent sa dégénérescence morale ainsi que son irascibilité avec autant d'appréhension que d'impuissance. Tout du moins c'est ce que le cinéaste nous illustre sobrement lors de sa première heure efficacement inquiétante, à défaut de nous surprendre de par sa narration routinière somme toute classique. Pour autant, grâce au jeu convaincant des jeunes comédiens se réservant de céder à l'outrance, Dread attise la curiosité de manière sensiblement accrocheuse. Notamment eu égard de la force d'expression dérangée de Quaid que Shaun Evans incarne avec un charisme à la fois trouble et saillant. Tant et si bien qu'il nous provoquerait un vrai malaise si nous nous retrouvions face à la lui à la ville !


Nanti d'une réalisation parfois étonnamment inventive (les plans tarabiscotés sur la hache à chaque pas d'escalier, les crimes froidement exécutés parmi l'habileté du montage acerbe) et d'un travail avisé sur la bande-son (tant auprès d'une BO rock alternative dès sa 1ère partie que des bruitages diégétiques perçus du point de vue des victimes), Dread dérange jusqu'au malaise ad nauseam (l'expérience carnivore dans la geôle est franchement insoutenable) au fil d'un cheminement criminel dénué de concession. C'est dire si Dread nous laisse sur un sentiment tangible d'amertume et de dégoût de par son refus du happy-end et du portrait de l'oppresseur autrefois molesté mais délibéré aujourd'hui à affronter la bête en étudiant égoïstement les postures épeurées de ses victimes sévèrement mises à épreuve de survie. Ainsi, dans le genre underground intègre, et en dépit de son manque d'ambition, Dread demeure une bonne surprise horrifique à découvrir avec le coeur bien accroché auprès de ses séquences les plus crues et cruelles.

*Bruno
2èx

lundi 1 juillet 2019

Les Sorcières d'Eastwick

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Witches of Eastwick" de George Miller. 1987. U.S.A. 1h58. Avec Jack Nicholson, Cher, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer, Veronica Cartwright, Richard Jenkins

Sortie salles France: 10 Septembre 1987. U.S: 12 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road.


Comédie fantastique frétillante menée sur un rythme endiablé par le réalisateur de la quadrilogie Mad-Max, Les Sorcières d'Eastwick possède plus d'une corde à son arc pour nous séduire. Car outre l'inventivité des situations débridées ou cocasses que George Miller maîtrise de main de maître avec imagination, et la cadence de son score idoine composé par l'orchestre de John Williams, les Sorcières d'Eastwick est transcendé de son cast 4 étoiles littéralement en roue libre. Tant auprès du séduisant trio Cher, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer en proie à la désinhibition puis la rébellion féministe en sorcières contestataires, que du monstre sacré Jack Nicholson nous livrant un nouveau numéro d'acteur anthologique dans celui du diable lubrique. Un maître-chanteur phallocrate et oisif se complaisant à duper la gente féminine par le biais de son charme, de son bagout et de ses pouvoirs surnaturels.


George Miller parvenant donc avec originalité à renouveler le thème de la sorcellerie dans une forme ludique aussi légère que subtile (notamment auprès de l'utilisation de ses formidables effets-spéciaux au service narratif). A la fois drôle, sexy et badin, parfois inquiétant (notamment auprès d'une puritaine erratique que Veronica Cartwright incarne à la perfection dans une force d'expression psychotique), voir même féerique (l'étonnante et fortuite partie de tennis, le trio en lévitation en amont de la piscine), les Sorcières d'Eastwick est un savoureux cocktail d'humour, de charme et séduction sous l'impulsion d'une guerre des sexes soigneusement planifiée. Car autant satire sur le rigorisme parmi le témoignage rabat-joie d'une populace rurale pratiquante, que sur le machisme à travers la polygamie, George Miller égratigne de manière caustique les conflits sempiternels entre l'homme et la femme par le biais d'un jeu de pouvoirs fondé sur la dichotomie de la domination et de la soumission.


Dangereuse alliance
Étonnamment à l'aise dans le registre de la comédie fantastico-romantique avec un équivalent brio technique, George Miller transfigure au gré de sa flamboyante distribution un délicieux divertissement aussi frais et extravagant que lors de sa sortie populaire (1 158 563 entrées rien qu'en France). Si bien que les Sorcières d'Eastwick parvient à se détacher de l'ombre du spectacle commercial standard grâce à la personnalité de son auteur féru d'attention pour l'évolution de ces personnages et d'invention pour nous amener à la suivre avec un sens onirique insolite. 

*Bruno
4èx

Récompenses: British Academy Film Awards 1988 : Meilleurs effets visuels
Los Angeles Film Critics Association Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson
New York Film Critics Circle Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson
Saturn Awards 1988 : Meilleur acteur pour Jack Nicholson

vendredi 28 juin 2019

Ghoulies

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site sensacine.com

de Luca Bercovici. 1984. U.S.A. 1h21. Avec Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael Des Barres, Jack Nance, Peter Risch.

(probablement) Inédit en salles en France. Sortie U.S: 2 Mars 1985 (ou 18 Janvier 1985)

FILMOGRAPHIELuca Bercovici est un réalisateur, acteur et scénariste américain né le 22 Fevrier 1957 à New York. 2006: The Making of 'Kill Your Darlings' (documentaire). 2000 Luck of the Draw. 1999 BitterSweet (Video). 1997 Convict 762. 1996/I The Chain. 1995 The Granny (Video). 1994 Profondeur. 1990 Rockula. 1984 Ghoulies.


Nanar des années 80 ayant créé son petit effet de fascination auprès des rats des videos (il fut inédit en salles chez nous), Ghoulies est une sympathique production Charles Band surfant sur le succès de Gremlins réalisé la même année. Petite bande fauchée nantie d'une intrigue à la fois redondante et capillotractée (un jeune homme invoque les forces des ténèbres lors de fréquentes messes noires afin de connaître ses origines familiales, quand bien même un démon exhumé d'outre-tombe tente de lui substituer sa place), Ghoulies amuse gentiment la galerie. Principalement grâce aux superbes créatures confectionnées par une équipe de techniciens parmi lequel y figure John Carl Buechler. Ainsi, ces gnomes d'une laideur velue à la fois délirante et fascinante vont semer la zizanie dans un manoir gothique (soigneusement éclairé et ornementé) qu'un jeune couple et ses convives abriteront le temps de rituels sataniques.


Jouant les adulescents assez benêts, les comédiens méconnus s'efforcent de rendre attachant leur fonction de trublions avec autant de charme (notamment auprès des conflits sentimentaux entre notre anti-héros - en quête identitaire - et sa compagne) que d'irritation. Car à force d'outrances verbales et de gestuelles emphatiques, ceux-ci peuvent prêter à la lassitude, notamment faute d'un cheminement superflu dénué de surprises (franchement dommageable que l'intrigue soit si exsangue !). Pour autant, Luca Bercovici ponctue à bâton rompu son récit de scènes chocs parfois surprenantes (la langue géante agrippant la bouche d'une victime) afin de maintenir le spectateur en éveil. Egalement en ne cessant d'exhiber fréquemment à l'écran ces Ghoulies trouble-fête plutôt attachants à travers leur fantaisie grotesque naïvement expressive. Qui plus est, accompagnés d'un couple de nains d'allure médiévale et d'un mort-vivant vaniteux, Ghoulies divertit aimablement aussi vite oublié soit ce produit d'exploitation perfectible.


A redécouvrir d'un oeil distrait avec une pointe de nostalgie.
*Bruno

jeudi 27 juin 2019

Héros d'Apocalypse

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site aVoir-aLire.com

"L'ultimo cacciatore" d'Anthony M. Dawson. 1980. U.S.A. 1h37. David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes, Margit Evelyn Newton, John Steiner.

Sortie salles Italie: 9 Août 1980.

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Pur produit d'exploitation surfant sur la vague du film de guerre vietnamien, Héros d'Apocalypse est symptomatique de ce que le cinéma italien pouvait produire de plus attractif à l'orée des années 80. Car bien avant Rambo 1 et 2Anthony M. Dawson nous offrait un film d'action belliqueux à l'ultra violence décomplexée, tant et si bien que ses scènes gores, à la fois percutantes et spectaculaires, irriguent l'écran dans un déluge d'explosions et canardages à tout va, à feu et à sang ! Le tout façonné avec un talent technique artisanal si bien que l'on reste encore aujourd'hui ébahi par le réalisme de ses scènes chocs furieusement complaisantes (gros plans sur les chairs éclatées dans des gerbes de sang Fulciennes !). Ainsi, si l'intrigue étique fait preuve de oisiveté (le capitaine Morris a pour mission de détruire un émetteur dans un camp vietcong après avoir rejoint une équipe de rangers ainsi qu'une journaliste retranchés dans une grotte customisée !), Anthony M. Dawson compte sur l'intensité des explosions et carnages en roue libre afin de plonger le spectateur dans un divertissement bourrin aussi bordélique qu'épique.


Servi par une pléiade de seconds couteaux familiers des fans de Bis (on y croise David Warbeck, Tisa Farrow, Tony King, Bobby Rhodes et John Steiner), ces derniers se prêtent au jeu belliciste avec un sérieux désinhibé. Car à travers une combinaison de Voyage au bout de l'Enfer et surtout d'Apocalypse Now, nos acteurs transalpins surjouent leur fonction burné avec un irrésistible orgueil auto-parodique. C'est simple, on les croirait réunis au club Med de festoyer et s'extasier à buter du viet dans une posture héroïque résolument suicidaire ! C'est dire si Dawson s'adonne aux clichés tous azimuts, entre premier et second degré. Car n'hésitant pas lors de brèves occasions à détendre l'atmosphère par le biais de moments de cocasserie aussi grotesques qu'hallucinées (la fameuse compétition contre la montre du ranger pour récupérer un fruit du haut d'un arbre en arpentant un sentier truffé de vietcongs !), celui-ci se raille d'une bravoure surhumaine dans un esprit antimilitariste troupier. On sourit également (voir on pouffe de rire) lorsque Héros d'Apocalypse se la joue Apocalypse Now à travers des séquences cultes contournées ici dans un esprit bisseux. A l'instar du major Cash caricaturant dans son fanatisme guerrier le lieutenant-colonel Bill Kilgore (entrevu en surfeur dans Apocalypse Now), du message préventif que les rangers écoutent fréquemment à la radio afin de démissionner de leur poste offensif, ou encore de l'ultime chevauchée des Walkyries reprise ici en épilogue à travers un thème orchestral contrefait.


Réussissant par ailleurs l'exploit de nous immerger dans une véritable jungle végétative (on se croirait même par instant dans Cannibal Holocaust, notamment à travers ses pièges meurtriers !), Héros d'Apocalypse demeure un fleuron du film de guerre transalpin de par son immense générosité de nous en foutre plein la vue à renfort de tripes, de sulfateuses et d'explosions furibardes ! A revoir sans modération, tel l'antidépresseur de choix ! 

*Bruno
3èx