lundi 23 septembre 2019

L'Eté en pente douce

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gérard Krawczyk. 1987. France. 1h36. Avec Jacques Villeret, Jean-Pierre Bacri, Pauline Lafont, Jean Bouise, Guy Marchand, Jean-Paul Lilienfeld, Jacques Mathou, Claude Chabrol.

Sortie salles France: 29 Avril 1987

FILMOGRAPHIEGérard Krawczyk est un réalisateur, acteur et scénariste de cinéma français d'origine polonaise, né à Paris le 17 mai 1953. 1986 : Je hais les acteurs. 1987 : L'Été en pente douce. 1997 : Héroïnes. 2000 : Taxi 2. 2001 : Wasabi. 2003 : Taxi 3. 2003 : Fanfan la Tulipe. 2005 : La vie est à nous ! 2007 : Taxi 4. 2007 : L'Auberge rouge. 2016 : Magic 7


Porté par la tornade sexuelle Pauline Lafont (décédée à l'âge de 25 ans lors d'un accident), l'Eté en pente douce s'illumine de sa présence iconique en jeune pin-up attisant la convoitise des villageois depuis que Fane l'eut accueilli chez lui en présence de son frère déficient. Désireux de prouver à son entourage qu'il n'est point un raté, il se décide à écrire un livre et à épouser Lilas en dépit de l'hostilité de son ennemi juré, Voke, acharné à lui acheter sa demeure afin d'y agrandir son garage. Cinéaste populaire plutôt commercial si on en juge la hype autour de ses oeuvres les plus standards (Taxi 2/3/4, Wasabi, l'Auberge Rouge), Gérard Krawczyk réalise probablement l'un de ses meilleurs films avec l'Eté en pente douce. Car épaulé d'un casting en or (Jean-Pierre Bacri fidèle à lui même à travers son tempérament bourru dégainant de cuisantes réparties pour imposer sa force de caractère, Jacques Villeret d'un naturel dépouillé en faire-valoir simplet, Guy Marchand aussi convaincant que Bacri en garagiste cupide d'un franc-parler autrement cinglant), celui-ci parvient à nous faire oublier leur stature notoire autour d'un cadre provincial davantage expressif.


Dans la mesure où l'intérêt du récit émane de sa faculté à nous immerger dans la quotidienneté contrariée de Fane, Lilas et Maurice s'efforçant mutuellement de s'épauler afin de façonner leur vie, conjugale et financière. Et ce au mépris des voisins jugeant d'un mauvais oeil l'étrangère plantureuse. Ainsi, au fil du récit prenant son temps à développer ses personnages au moment même où une jeune inconnue, pointé du doigt par la populace, tente de s'y faire une place, l'Eté en pente douce gagne en douce émotion sous l'impulsion du sexe symbol Pauline Lafont transperçant l'écran à chacune de ses apparitions charnelles. Cette dernière portant le film sur ses sensuelles épaules sur un air connu de Marilyn Monroe, notamment, outre sa fulgurante beauté, de par son manque d'aplomb et de confiance à exprimer ses idées et sa personnalité aux yeux des machistes égrillards. Et donc, par je ne sais quelle aura indicible, et au fil de son évolution morale davantage pugnace, Pauline Lafont magnétise subtilement l'écran en douce rêveuse pleine d'innocence à travers sa mine un tantinet boudeuse ou autrement friponne. Et si l'intrigue simpliste n'apporte aucune surprise, les comédiens communément expansifs se taillent une carrure de petites gens avec autant d'humour et de légèreté que de tendresse humaine, aussi scandaleuse peut paraître la posture naïve de Lilas avec le demeuré Maurice.


Soutenu d'une partition envoûtante à l'harmonica, l'Eté en pente douce affiche une émotion sans fard pour y dépeindre la quotidienneté de cet affable trio conjugal s'efforçant de parfaire leur vie en dépit de son entourage envieux obsédé par les formes plantureuses de la jeune étrangère. Attachant et plein de charme érotique, notamment grâce au talent inné de la regrettée Pauline Lafont, l'Eté en pente douce nous conte en toute simplicité une belle chronique romantique sous le soleil écrasant de la Haute-Garonne.

*Bruno

Box Office France: 785 791 entrées

INFO WIKIPEDIA concernant les circonstances du décès accidentel de Pauline Laffont:
Pauline Lafont meurt accidentellement en août 1988 au cours d'une randonnée solitaire, après avoir chuté d'un pic haut d'une dizaine de mètres au lieu-dit « l'Adrech », situé dans la commune de Gabriac dans les Cévennes. Elle passait alors des vacances avec son frère aîné dans la maison familiale de La Serre du Pomaret, ancienne magnanerie et demeure familiale de Bernadette Lafont, dans la commune de Saint-André-de-Valborgne. Alors qu'elle est partie seule le 11 août pour une randonnée pédestre, sa famille a pensé qu'elle reviendrait pour le festival de Suisse où elle devait recevoir un prix. Sa mère Bernadette Lafont donne l'alerte en fin d'après-midi. Pendant deux jours, 20 gendarmes, un hélicoptère et 40 pompiers battent la campagne. Son corps, presque réduit à l'état de squelette, est retrouvé par un agriculteur, au fond du ravin au lieu-dit l'Adrech sur la commune de Gabriac, le 21 novembre 1988, soit plus de trois mois après sa disparition et malgré de nombreuses recherches effectuées par son frère, l'armée et la police, qui entend une centaine de personnes après une plainte contre X déposée par le frère de Pauline le 16 août pour « arrestation arbitraire et séquestration ». Elle est alors identifiée par sa bague et sa denture. L'autopsie a démontré qu'elle a fait une chute de 10 mètres et est morte sur le coup.

Entre le moment de sa disparition et la découverte de son corps, de nombreuses rumeurs ont circulé (retraite en couvent, fugue en Chine, entrée dans une secte, suicide consécutif à une dépression à la suite d'une rupture amoureuse et d'une cure d'amaigrissement) et des témoins ont affirmé l'avoir vue. Mi-novembre 1988, Guillaume Durand affirmera même en direct lors du journal de 20 h de la chaîne La Cinq qu'il a « des assurances selon lesquelles Pauline Lafont est vivante », après avoir reçu des informations d'un interlocuteur anonyme selon lesquelles « Pauline désirait prendre du recul [et qu']elle sortira[it] de sa cachette dans quelques semaines », déclaration pour laquelle il s'excusera à plusieurs reprises auprès de sa mère Bernadette Lafont.

vendredi 20 septembre 2019

Insomnies. Prix du jury, Gerardmer 2001.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Chasing Sleep" de  Michael Walker. 2000. U.S.A. 1h44. Avec Jeff Daniels, Emily Bergl, Gil Bellows, Zach Grenier, Ben Shenkman, Molly Price.

Sortie salles France: 16 Mai 2001

FILMOGRAPHIE: Michael Walker est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain. 2018: Paint (TV Movie).  2017: Cut Shoot Kill.  2013: The Maid's Room. 2012: Price Check.  2000: Insomnies.


Huis clos intimiste feutré auprès de la solitude d'un insomniaque contrarié par la disparition de son épouse, Insomnies joue la carte du suspense hitchcockien sous le pilier d'un climat de malaise subtilement perméable. Car véritable descente aux enfers morale du point de vue d'un professeur en littérature égaré dans les affres de sa psychose et de sa paranoïa depuis sa déroute conjugale, Insomnies fait presque office de modèle de mise en scène, de par son intelligence de la suggestion à laisser planer le doute quant à l'éventuelle culpabilité de ce dernier et la potentielle survie de son épouse. Ainsi, si le spectateur attentif à ses faits et gestes redoute le pire dès le début par le biais d'(éventuelles) indices et hallucinations aussi nonsensiques que dérangeantes, Michael Walker (dont il s'agit de son premier essai) parvient à nous immerger dans son esprit névrosé au gré d'incidents quotidiens où réalité et illusion sont en fusion. Notamment en jouant sur l'apparition de brèches opaques (un orifice dans le mur qui ira grandissant, un autre au plafond) et sur l'élément naturel de l'eau, quasi omniprésente à l'écran (on comprendra plus tard pourquoi !), lorsque Ed s'efforce, tel un forcené, de déboucher sa cuvette de WC puis celle de sa baignoire.


Remarquablement dirigé à travers son casting irréprochable, Michael Walker renoue encore avec le talent d'Hitchcock quant aux diverses inimitiés psychologiques qu'Ed encaissera auprès de l'amant de son épouse, d'une étudiante amoureuse (on craint d'ailleurs pour son sort sans jamais y connaître l'issue d'une certaine manière !), d'un médecin et surtout de la police en quête d'indices fructueux. Ainsi, durant 1h44, nous assistons impuissants, et de manière toujours plus précaire et nauséeuse (à l'instar de l'effet de surprise aussi grotesque que terrifiant du nouveau-né tuméfié), à sa lente dégénérescence morale avec une appréhension finalement exponentielle quant au dénouement redouté. Eclairé d'une photo blafarde afin de mettre en exergue la pâleur de ses décors domestiques dénués de chaleur car humidifiés par l'eau environnante, Insomnies confine au malaise cérébral, et ce jusqu'au vertige sensoriel. Pour ce faire, on peut autant compter sur le jeu subtilement ambigu du monstre sacré Jeff Daniels insufflant face aux divers témoins des sentiments d'inquiétude et de contrariété étonnamment placides de par sa force tranquille à leur persuader qu'il est un époux réfléchi et équilibré, sans doute saint d'esprit.


Cauchemar paranoïde où plane (sans jamais les plagier) les ombres d'Hitchcock, Lynch et Polanski de par sa faculté à instiller un climat de malaise dépressif que le spectateur ne peut évincer, Insomnies fait honorablement appel au drame psychologique à travers le profil chétif d'un insomniaque martyrisé par l'épuisement dans les arcanes de sa psyché influençable. Si bien que se contredisent sans répit de par sa crainte d'affronter la vérité, impuissance (morale et sexuelle),  remise en question, doute et remord. Une perle du genre psychotique à (re)découvrir d'urgence ! 

*Bruno
2èx

jeudi 19 septembre 2019

L' Animal

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Zidi. 1977. France. 1h40. Avec Jean-Paul Belmondo, Raquel Welch, Charles Gérard, Julien Guiomar, Aldo Maccione, Dany Saval, Raymond Gérôme, Henri Génès, Jane Birkin, Johnny Hallyday, Claude Chabrol, Yves Mourousi, Mario David, Jacques Alric, Henri Attal, Josiane Balasko, Maurice Auzel, Maurice Bénichou.

Sortie salles France: 5 Octobre 1977

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Comédie ultra light bâtie sur la popularité de Bebel totalement en roue libre dans un double rôle antinomique (acteur homosexuel contraint d'être doublé par son sosie, un cascadeur en requête sentimentale en la personne de Raquel Welch), l'Animal triompha en salles lors de sa sortie (3 157 789 entrées !) à la grande joie de l'acteur qui cumulait des années plus tôt de récurrents échecs (le Corps de mon ennemi, l'Alpagueur). Et si on a largement connu Claude Zidi plus inspiré, voir beaucoup plus appliqué derrière sa casquette de maître de la comédie populaire, la bonne humeur qui se dégage des situations aussi folingues qu'outrancières, l'incroyable sex-appeal de Raquel Welch (euphémisme !) irradiant l'écran à chaque seconde, le dépaysement du vaudeville exotique exploitant sans cesse les décors d'un cinéma cartoonesque et surtout la bonhomie exubérante de Belmondo s'en donnant à coeur joie dans les mimiques et gesticulations endiablées (jusqu'à la lourdeur lors des passages les moins pittoresques) achèvent de rendre ce divertissement fréquemment sympathique. 


En prime d'assister à un panel de séquences impressionnantes faisant intervenir de dangereux félins (tigre / lion) ou de témoigner de cascades les plus couillues et improbables (celle aérienne lorsque Bebel fige ses jambes sur les ailes d'un avion donne clairement le vertige), l'Animal fleure bon la comédie décomplexée sous l'impulsion d'une frétillante partition de Vladimir Cosma qui nous manque tant aujourd'hui auprès de nos comédies contemporaines autrement opportunistes, pour ne pas dire dénuées d'innocence. Ainsi, outre ses moult défauts cabotins, voirs quelque peu ridicules parfois, on pardonne facilement ces effets de manche grossiers pour préserver au final un souvenir assez chaleureux d'après cet hommage à la série B aussi bricolée qu'attachante. En se remémorant enfin chez les nostalgiques ses fameuses séances que l'on savourait avec nos parents lors du "film du Dimanche soir" que TF1 diffusait de façon hebdomadaire. Et puis à titre subsidiaire il y a la présence secondaire d'Aldo Macione (et d'autres figurants devenus notoires par la suite) en cinéaste néophyte s'efforçant d'y parfaire un film d'action Bisseux avec son accent italien irrésistible. A prioriser votre séance "rétro" lors des fêtes de fin d'année. 


*Bruno
2èx

mercredi 18 septembre 2019

Diabolo Menthe. Prix Louis-Delluc 1977

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Diane Kurys. 1977. France. 1h41. Avec Éléonore Klarwein, Odile Michel, Anouk Ferjac, Michel Puterflam, Yves Rénier, Robert Rimbaud, Marie-Véronique Maurin.

Sortie salles France: 14 Décembre 1977

FILMOGRAPHIEDiane Kurys est une réalisatrice, scénariste, actrice et productrice française, née le 3 décembre 1948 à Lyon (France). 1977 : Diabolo menthe. 1980 : Cocktail Molotov. 1983 : Coup de foudre. 1987 : Un homme amoureux. 1990 : La Baule-les-Pins. 1991 : Après l'amour. 1994 : À la folie. 1999 : Les Enfants du siècle. 2003 : Je reste ! 2005 : L'Anniversaire. 2008 : Sagan. 2013 : Pour une femme. 2015 : Arrête ton cinéma ! 2018 : Ma mère est folle.


Evocation pleine de bruit et de pudeur de la crise adolescente à travers la génération 60, Diabolo Menthe conquit le coeur du public avec ses 3 013 638 entrées, quand bien même la critique lui décerna le Prix Louis-Delluc dès sa sortie. Car retraçant la quotidienneté scolaire, familiale puis sentimentale de deux soeurs aux caractères contradictoires, Diabolo Menthe touche juste dans sa modeste émotion aussi délicate que fragile eu égard du profil de la soeur cadette (magnifiquement incarnée par la douceur de miel Éléonore Klarwein) en proie à la curiosité de par son désir d'affirmation et d'expériences nouvelles. Passionnant, touchant, poétique, voir parfois même poignant, ce Teen movie auteurisant se feuillette à l'instar d'un album souvenir, dans la mesure où Diane Kurys enchaîne les situations iconiques avec un réalisme proche du docu-vérité. Tant et si bien que le spectateur contemplatif à sa scénographie sociale (contexte historique à l'appui avec la mort de Kennedy, l'antisémitisme, le communisme, le racisme et la montée de la révolte étudiante à l'orée du mouvement contestataire de 68) se remémore instinctivement ses propres réminiscences juvéniles.


Tant auprès des chahuts en classe générés chez les profs les plus vulnérables, des punitions collectives instaurées par d'autres profs tyranniques, des cours léthargiques, des confidences entres meilleures amies, des premiers flirts dans la cour de récré, du chapardage d'un parfum dans une échoppe parisienne, du premier bal de promo, d'une pièce de théâtre en herbe, d'un baiser interdit auprès d'un prof équivoque, des photos de vacances que l'on se remémore dans l'intimité, que de la solitude existentielle d'une ado pubère en quête d'idéalisme. Sur ce dernier point, Diane Kurys radiographie avec une rare sincérité le sensible portrait d'Anna (la soeur cadette fureteuse) à travers sa fragilité d'expression qu'Eléonore Klarwein nous imprime à l'écran avec une désarmante pudeur émotive. Car c'est par l'intensité de son regard attentif, soucieux, indiscret que l'intrigue se tisse lorsque Anna, influencé par sa soeur aînée (autoritaire) et ses condisciples, se résout à s'initier à l'émancipation au grand dam de sa maman conservatrice et du père divorcé. 


"Le rêve est nécessaire quand s'achève à jamais le temps de l'adolescence."
De par sa poignante sincérité que la réalisatrice néophyte parvient à nous communiquer à travers le thème universel du difficile passage à l'âge adulte, Diabolo Menthe touche au coeur avec un réalisme social toujours d'actualité, si bien que le temps ne peut en altérer sa puissance nostalgique.  

*Bruno

lundi 16 septembre 2019

Bête mais discipliné

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Zidi. 1979. France. 1h35. Avec Jacques Villeret, Michel Aumont, Michel Robbe, Kelvine Dumour, Céleste Bollack, Catherine Lachens.

Sortie salles France: 22 Août 1979

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Réalisé entre La Zizanie et Les Sous-doués, Bête mais discipliné est une aimable petite comédie franchouillarde que Claude Zidi mène plus ou moins efficacement en s'épaulant de Jacques Villeret parfaitement convaincant en gaffeur timoré tentant de retrouver sa fiancée un week-end de perm. Or, contraint d'endosser le rôle d'un chauffeur ambulancier pour des agents secrets, il usera de subterfuge pour la rejoindre au moment même de découvrir son infidélité. Plaisante comédie sans prétention si bien que l'intrigue capillotractée affiche cependant un étrange climat baroque en y conjuguant la science-fiction (l'intervention du cyborg, l'expérimentation du gaz azimuté), Bête mais discipliné use du naturel de "chien battu" de Jacques Villeret pour nous amorcer les rires. Une interprétation innée à la hauteur de son talent (notamment épaulé de son charisme ventripotent) alors qu'à l'époque il n'était pas encore reconnu par la critique.


Et bien que les gags redondants ne cessent de jouer sur la caractérisation empotée de celui-ci multipliant les gaffes à l'instar d'un Pierre Richard, on prend plaisir à suivre ses vicissitudes le sourire constant aux lèvres (à défaut d'éclats de rire prévus). Notamment lorsque Claude Zidi y insuffle un léger climat de tendresse et de mélancolie en second acte depuis l'apparition d'une fillette roublarde s'éprenant d'affection pour Jacques en proie à la désillusion amoureuse. Il en émane un sympathique moment de détente aussi facétieux qu'étonnamment attachant (Villeret s'avère même parfois touchant lors de ses expressions sentencieuses), même si on déplore la pauvreté de sa mise en scène, certaines lourdeurs dans les ressorts du rire et une conclusion expéditive déconcertante quoique plutôt couillue quant à son refus du happy-end.

*Bruno
3èx 

Box Office France: 684 518 entrées

dimanche 15 septembre 2019

Child's Play

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lars Klevberg. 2019. U.S.A. 1h30 Avec Gabriel Bateman, Aubrey Plaza, Mark Hamill, Tim Matheson, David Lewis, Brian Tyree Henry

Sortie salles France: 19 Juin 2019

FILMOGRAPHIELars Klevberg est un réalisateur et scénariste américain. 2019: Polaroïd. 2019: Child's Play, la poupée du mal.


Une bonne surprise que ce reboot de la célèbre saga (alimentaire) de Chucky se réappropriant du matériaux d'origine avec adresse, intelligence et même ambition; si bien que je n'aurai pas misé un clopé pour son éventuel intérêt lucratif. De par ses réflexions sur l'influence que peut générer la violence au cinéma, et par le biais des mauvaises fréquentations d'une jeunesse sevrée aux performances de l'informatique, Child's Play demeure un efficace divertissement horrifique aussi percutant que soigné. Tant auprès de sa réalisation consciencieuse donnant chair à une nouvelle poupée de sang étonnamment expressive et empathique (toute la 1ère partie relatant l'initiation amicale entre Andy et Chcuky s'avère étonnamment attachante pour faire préparer l'intrigue vers une direction autrement ombrageuse) que de son cast juvénile que Gabriel Bateman monopolise en ado apeuré puis revanchard avec une force d'expression assez dépouillée.


Lars Klevberg s'épaulant d'une narration structurée lorsqu'il s'agit de mettre en exergue la lente dérive criminelle de Chucky influencé par son entourage immature, faute de l'émancipation d'ados capricieux prenant comme modèle de pop-culture le rappeur Tupac Shakur (assassiné par un gang) ou se gaussant par exemple à la vision de films d'horreur sardoniques (au passage, joli pied de nez à Massacre à la Tronçonneuse 2 de Tope Hooper). Une poupée douée de vie plus vraie que nature car monopolisant sobrement l'écran grâce à sa prouesse technique encore plus développée que les antécédents opus ! (étonnante articulation labiale à titre éloquent !). Une plus-value de choix donc afin de renforcer la crédibilité des situations les plus improbables. Car émaillé de séquences gores parfois couillues et inventives (ça charcle pas mal lors des mises à mort les plus crapoteuses), Child's Play retombe hélas dans les convenances lors de son final éculé, mais continue toutefois d'y canaliser l'intérêt de par l'intensité des affrontements de survie se déployant au sein d'un supermarché bondée de consommateurs erratiques (là aussi à travers l'effet de masse décérébré on peut y tirer une diatribe sarcastique contre le consumérisme).


Un bon divertissement donc, d'une efficacité persuasive, que Lars Klevberg ne manque pas de substantialiser derrière une inquiétante mise en garde contre les dérives du capitalisme tributaire de l'accroissement de l'informatique et des sciences via l'électronique. Probablement la meilleure déclinaison depuis la création de son modèle de Tom Holland et La Fiancée de Chucky

Dédicace à Jean-Marc Micciche

*Bruno

samedi 14 septembre 2019

3 Hommes et un couffin. César du Meilleur Film.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Coline Serreau. 1985. France. 1h45. Avec Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier, Philippine Leroy-Beaulieu, Dominique Lavanant, Marthe Villalonga, Annick Alane.

Sortie salle France: 18 Septembre 1985

FILMOGRAPHIEColine Serreau est une actrice, réalisatrice, scénariste, compositrice et chef de chœur française, née le 29 octobre 1947 à Paris. 1977 : Pourquoi pas ! 1979 : Grand-mère de l'Islam (téléfilm). 1982 : Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ! 1985 : Trois hommes et un couffin. 1989 : Romuald et Juliette. 1992 : La Crise. 1996 : La Belle Verte. 2001 : Chaos. 2002 : 18 ans après. 2005 : Saint-Jacques… La Mecque. 2014 : Couleur locale (téléfilm). 2015 : Pierre Brossolette ou les passagers de la lune (téléfilm).


Même si j'avoue n'avoir jamais été fervent admirateur du succès phénomène de Coline Serreau (10 251 813 entrées rien qu'en France, excusez du peu !), je reconnais que 3 Hommes et un couffin est une bonne comédie familiale tirant parti d'une trame originale truffée de quiproquos, d'imprévus et de réparties cinglantes. Et sur ce dernier point on peut compter sur l'abattage du trio en roue libre Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier jouant les papas débonnaires avec un sens de l'improvisation très efficace pour y générer drôlerie, précipitations et cocasserie. Quand bien même Coline Serreau maîtrise à merveille les expressions naturelles du bambin lors d'un concours de circonstances maternelles. Un bon moment de détente, qui plus est non dénué de douce tendresse et de poésie quant à la candeur du couffin sujet à l'épreuve éducative.

*Bruno


Box Office France: 10 251 813 entrées

Récompenses: César du meilleur film
César du meilleur scénario original ou adaptation écrit par Coline Serreau
César du meilleur acteur dans un second rôle pour Michel Boujenah
Prix de l'Académie nationale du cinéma

INFO WIKIPIEDIA: Les circonstances de son inattendu succès !
Le film a eu un très grand succès en France (il était un des triomphateurs aux César du cinéma de 1985), obtenant trois prix, dont celui du meilleur film. Toutefois, ce triomphe en France n'eut lieu qu'après la cérémonie des Césars, ce film ayant eu un succès mitigé lors de sa sortie en salles.

vendredi 13 septembre 2019

Zorro

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Duccio Tessari. 1975. France/Italie. 1h58. 120 minutes (version américaine). 124 minutes (version originale). Avec Alain Delon, Stanley Baker, Ottavia Piccolo, Moustache, Enzo Cerusico, Giacomo Rossi Stuart.

Sortie salles France: 15 Mars 1975. Italie: 6 Mars 1975. U.S: Juin 1976

FILMOGRAPHIE: Duccio Tessari, de son vrai nom Amadeo Tessari, né le 11 octobre 1926 à Gênes et mort d'un cancer le 6 septembre 1994 à Rome, en Italie, est un réalisateur et scénariste italien. 1962: Les Titans. 1963 : Le Procès des doges ou Le Petit boulanger de Venise. 1964 : La sfinge sorride prima di morire - stop - Londra. 1965 : Una voglia da morire. 1965 : Un pistolet pour Ringo . 1965 : Le Retour de Ringo. 1966 : Très honorable correspondant. 1967 : Per amore... per magia... 1968 : Meglio vedova. 1968 : Le Bâtard. 1968 : Un train pour Durango. 1969 : Mort ou vif... de préférence mort. 1970 : Quella piccola differenza. 1970 : La Mort remonte à hier soir. 1971 : Cran d'arrêt. 1971 : Forza G. 1971 : Et viva la révolution ! 1973 : Les Grands Fusils. 1973 : Les Enfants de chœur. 1974 : L'Homme sans mémoire. 1974 : Les Durs. 1975 : Zorro. 1976 : Les Sorciers de l'île aux singes 1976 : La madama. 1978 : Le Crépuscule des faux dieux. 1981 : Un centesimo di secondo. 1985 : Tex Willer e il signore degli abissi. 1985 : Baciami strega (TV). 1986 : Bitte laßt die Blumen leben. 1987 : Una grande storia d'amore (TV). 1990 : Au bonheur des chiens. 1992 : Beyond Justice. 1994 : Le Prince du désert.


Co-produit entre la France et l'Italie d'après une réalisation de Duccio Tessari (à la carrière aussi pléthorique que passionnante !), Zorro est une énième adaptation du célèbre justicier redresseur de tort qu'Alain Delon, étonnamment à l'aise dans un rôle bicéphale (volontiers empoté en civil badin, fringant et goguenard en héros masqué), impose avec un panache galvanisant. Dénué de prétention à l'aide d'un budget assez solide (photo flamboyante autour de luxueux décors, costumes et figurants déployés en masse), Zorro est un divertissement bonnard truffé d'actions, de romance et de cocasserie conçu avant tout pour ravir les enfants. Quand bien même sa touche bisseuse typiquement transalpine pourrait toutefois déconcerter les puristes autant qu'agréablement surprendre les fans de cinéma de quartier. Outre ses nombreuses péripéties fertiles en affrontements à l'épée entre l'intrépide Zorro et des antagonistes plaisamment cabotins, le point d'orgue final nous vaut par ailleurs 15 minutes de bravoure épique de par sa chorégraphie aussi inventive qu'avisée. Duccio Tessari usant habilement de ses décors gothiques afin de faire progresser l'action dans des directions plutôt vertigineuses que Zorro et le colonel Huerta arpentent avec une constance à couper le souffle.


Peut-être pas aussi intense et passionnant qu'escompté mais tout du moins sympathique, avenant, gentiment facétieux et bon enfant.

*Bruno

Box-Office France: 1 218 320 entrées.

jeudi 12 septembre 2019

A Vigilante

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sarah Dagger-Nickson. 2018. U.S.A. 1h31. Avec Olivia Wilde, Morgan Spector, Kyle Catlett, Tonye Patano, Chuck Cooper, Betsy Aidem, Judy Marte, CJ Wilson.

Sortie salles U.S: 29 Mars 2019. Uniquement en Dvd en France: 25 Juillet 2019

FILMOGRAPHIE: Sarah Dagger-Nickson est une réalisatrice et scénariste américaine. 2018: A Vigilante.


Pour une première réalisation, A Vigilante est une proposition aussi intéressante que risquée de cinéma d'auteur réfrigérant (climat hivernal clairsemé à l'appui) à travers le sous-genre du Vigilante Movie. Car auprès du thème tristement actuel de la maltraitance conjugale et parentale (tant auprès des femmes que des enfants battus), Sarah Dagger-Nickson se débarrasse intelligemment des codes à travers une mise en scène chiadée opérant pour le hors-champs, la pudeur et le non-dit. L'intrigue se focalisant sur la virée expéditive d'une justicière délibérée à prêter main forte aux femmes et enfants molestés afin de mieux encaisser son propre fardeau domestique soldé de la perte de l'être cher. Porté à bout de bras par le jeu viscéral d'Olivia Wilde en femme martyr traumatisée par son calvaire marital, A Vigilante ne pourra toutefois faire l'unanimité, faute de son extrême lenteur et d'un cheminement narratif aussi déconcertant que poussif. Tant et si bien que sa dernière demi-heure davantage austère aura fini par me décourager à ma grande frustration. On peut d'ailleurs relever en dernier acte quelques incohérences et facilités lorsque cette dernière se confronte moult fois à son bourreau lors d'un jeu de cache-cache insidieux dénué de tension (spectaculaire et dramatique). 


Davantage ennuyeux ou sensiblement captivant, alors que certaines scènes puissamment poignantes nous éprouvent moralement sous l'impulsion névralgique d'une Olivia Wilde transie de souffrance morale et de cicatrices corporelles, A Vigilante est tout de même à découvrir afin de se forger sa propre opinion. 

*Bruno

mercredi 11 septembre 2019

Rose Bonbon

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Pretty in pink" de Howard Deutch. 1986. U.S.A. 1h36. Avec  Molly Ringwald, Harry Dean Stanton, Jon Cryer, Annie Potts, James Spader, Andrew McCarthy

Sortie salles France: 4 Juin 1986

FILMOGRAPHIEHoward Deutch est un réalisateur et producteur de cinéma américain né le 14 septembre 1950 à New-York. 1986 : Rose bonbon. 1987 : L'Amour à l'envers. 1988 : The Great Outdoors. 1992 : Article 99. 1994 : Rends la monnaie, papa. 1995 : Les Grincheux 2. 1998 : Drôle de couple 2. 2000 : Les Remplaçants. 2004 : Mon voisin le tueur 2. 2009 : La Copine de mon meilleur ami.


Ecrit et produit par John Hughes, maître du Teen movie durant la sacro-sainte décennie 80, Rose Bonbon aborde la comédie romantique sous la houlette de Howard Deutch, cinéaste ayant officié dans le registre du divertissement populaire plutôt mainstream (si on en juge les Grincheux 2, Drôle de couple 2, Mon voisin le tueur 2). Ainsi donc, sans jamais rivaliser avec les classiques natifs des années 80 que John Hughes marqua de sa leste empreinte (la Folle journée de Ferris Bueller, Une Créature de Rêve et surtout Breakfast Club), Rose Bonbon dégage un charme et une innocence tout à fait rafraîchissant au sein d'un genre mineur trop fréquemment exposé à la trivialité ou aux convenances. Car prenant pour thème central la déception amoureuse du point de vue d'une ado en émoi sentimental et de son paternel incapable d'assumer son deuil conjugal, Rose Bonbon touche plutôt juste à travers les sentiments fragiles de ces protagonistes assaillis par la remise en question, le doute, la désillusion mais aussi l'espoir et le pardon.


Car c'est à travers la posture sentencieuse de son père, incapable de tirer un trait sur son échec marital, qu'Andre Walsh va pouvoir voler de ses propres ailes afin de transcender sa cruelle déception amoureuse qu'elle venait d'amorcer avec un bourgeois influencé par une mauvaise fréquentation (un comparse suffisant campé par un James Spader juvénile au charisme saillant). Ainsi, grâce à la force de caractère progressive de l'héroïne et à son entourage amical et familial studieusement développé au gré de traits de caractères envieux (le meilleur ami d'André éperdument amoureux d'elle), dépités (le père d'André plongé dans la chimère et le mensonge) ou contradictoires (le nouvel ami d'André à tendance bipolaire), Rose Bonbon existe par lui même pour se forger une personnalité propre. Et si on aurait préféré une réalisation un peu mieux maîtrisée ainsi qu'un rythme un peu plus tonifiant (personnellement il m'a fallu un temps d'adaptation durant la première demi-heure), Rose Bonbon parvient à faire vibrer l'empathie sans une once d'émotion programmée. Notamment en comptant sur le charme ténu, tout en discrétion de la jeune Molly Ringwald davantage touchante, puisque toujours plus expressive à travers son épreuve émotionnelle de se confronter à la complexité de l'amour lorsque la confiance est rompue.


Saturé d'une BO pop / new-wave symptomatique des années 80 autour de tenues vestimentaires aussi rétros que génialement extravagantes (notamment auprès de quelques postiches hirsutes !), Rose Bonbon parviendra à émouvoir sans fard le public réceptif à l'humanisme torturé de ces personnages en requête d'amour passionnel. Une tendre comédie romantique donc bâtie sur la capacité à s'exprimer ouvertement afin de braver la désillusion amoureuse, quelque soit l'âge endossé. 

Dédicace à Thierry Alex Rogan
*Bruno

mardi 10 septembre 2019

Guet-Apens

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Getaway" de Sam Peckinpah. 1972. U.S.A. 2h03. Avec Steve McQueen, Ali MacGraw, Al Lettieri, Sally Struthers, Ben Johnson, Slim Pickens, Richard Bright.

Sortie salle France: 25 Janvier 1973

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.


Parangon du film d'action novateur au sein des Seventies, de par ses éclairs de violence sanguine chorégraphiés au ralenti, Guet-apens exploite le western urbain avec une efficacité optimale. Tant et si bien que, grâce à la mise en scène irréprochable de Peckinpah (qui plus est renforcé d'un montage à couper au rasoir faisant intervenir dans un même temps diverses actions simultanées) et à sa charpente narrative particulièrement musclée (signée Walter Hill svp !), Guet-apens scande le jeu de massacre sous l'impulsion du duo mythique McQueen / MacGraw. Un couple de gangsters en pleine crise conjugale mais sur le qui vive depuis que la police et la pègre auront décidé de les alpaguer à la suite d'un hold-up meurtrier dénué de loyauté. Survival intense donc mené sur un rythme trépidant, de par ses rebondissements en pagaille (le vol du sac et la poursuite qui s'ensuit dans le train, la planque dans la benne à ordure, le règlement de compte final paroxystique, son épilogue inopinément cordial auprès d'un complice métayer - à connotation d'inégalité sociale -) et son humour sardonique parfois hilarant (le malfrat Rudy Butler et sa godiche décérébrée batifolant les amoureux avec une provocation puérile face à l'époux de cette dernière !), Guet-apens ne nous laisse aucun répit au gré des gunfights que s'échangent flics et voyous.


Mais au-delà de l'aspect jouissif de sa violence frénétique anticipée par la force tranquille de McQueen, Sam Peckinpah ne manque pas d'empathie auprès de ses anti-héros en plein doute amoureux. Alors même que leur parcours chaotique leur permettra de renouer les liens sentimentaux grâce au compromis du pardon. Ali MacGraw jouant la concubine à la fois empotée et distraite avec autant de sensibilité que de constance morale à tenir tête à son partenaire machiste et à répliquer en flingueuse justicière. Si bien que Steve McQueen joue le repris de justice aguerri avec un charisme viril proéminent dans son costard noir taillé sur mesure. De par leur jeu naturel inné (si bien qu'ils furent couples à la ville juste après le tournage !), on s'étonne d'ailleurs de prendre autant de plaisir à observer leurs chamailleries sobrement expressives, notamment auprès des moments d'intimité placides où planent les échanges de regards affectés. Peckinpah accompagnant ses moments de pudeur d'une partition musicale aussi chétive que subtilement envoûtante. Alors que quelques instants plus tard, celui-ci ne manquera pas de transgresser les règles de la moralité lorsque Doc décidera de corriger physiquement sa femme à la suite d'un écart extraconjugal.


Chef-d'oeuvre du western urbain à la mise en scène étonnamment moderne, Guet-apens resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du duo incandescent Steve McQueen / Ali MacGraw jouant les "Bonnie and Clyde" avec une classe et un humanisme naturellement attachants. Alors qu'en guise de cerise sarcastique, on apprécie autant le charisme bourru d'Al Lettieri en truand ventripotent génialement  présomptueux et condescendant, jusqu'aux éclats de rire nerveux ! 

*Bruno
4èx

lundi 9 septembre 2019

Babycall. Grand Prix, Prix de la Critique, Gérardmer 2012.


de Pal Sletaune. Norvège. 2011. 1h36. Avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Henrik Rafaelsen, Vetle Qvenild Werring, Bjorn Moan, Torkil Johannes, Swensen Hoeg.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: non daté

FILMOGRAPHIEPal Sletaune est un réalisateur, scénariste, producteur, né le 4 Mars 1960 en Norvège. 1994: Eating Out. 1997: Junk Mail. 2001: Amatorene. 2005: Next door. 2011: Babycall


Six ans après l'excellent thriller féministe Next Door, le norvégien Pal Sletaune renoue avec les ambiances lourdes et contractées afin d'y décrire Spoil !!! la dégénérescence mentale d'une mère de famille traumatisée par un deuil familial fin du Spoil. A la lisière de Répulsions de PolanskiBabycall a tellement convaincu les membres du jury de Gérardmer qu'il repart avec les honneurs du Grand Prix et celui de la critique ! Anna et son jeune fils de 8 ans quittent leur foyer conjugal depuis la cause de maltraitances infligées par un mari abusif. Après avoir emménagé dans un appartement, cette dernière décide d'acheter un babyphone afin de surveiller le sommeil perturbé de son fils. Une nuit, elle entend à travers l'appareil les cris d'un enfant molesté venant de l'appartement voisin.  Drame psychologique, suspense lattent, thriller parano et fantastique diaphane se télescopent afin de jongler avec une intrigue ombrageuse. Car à travers une ambiance anxiogène renforcée par l'aigreur d'une photo désaturée, Babycall nous illustre la douloureuse introspection d'une mère de famille délibérée à protéger son fils d'un ex-mari tyrannique. Ainsi, en jouant la carte du suspense et du mystère interlope planant sur les frêles épaules de l'héroïne, Babycall nous confronte à son désarroi hanté d'incertitude, faute de son esprit torturé, mais pour autant bien consciente de souffrir d'hallucinations incontrôlées.
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Réfugiée dans la solitude d'un appartement restreint pour mieux préserver la fragilité de son fils, Anna va peu à peu se confronter à une série d'évènements inexpliqués et perdre pied avec la réalité ! C'est d'abord le babyphone préalablement acheté chez un commerçant qui émet en intermittence de violents cris d'enfant et de femme brutalisée ! C'est ensuite la visite impromptue dans l'appartement d'un garçonnet étrange et taciturne, camarade influent de son fils. Il y a aussi le conducteur d'un camion réfugié sous le parking du HLM, car transportant dans son coffre ce qui s'apparente à un cadavre empaqueté. Enfin, un assistant social un peu trop envahissant estime suspecter la jeune mère de manquer à sa responsabilité parentale pour interdire son bambin de rejoindre les classes de cours. Malaise sous-jacent, lourd et diffus, ambiance schizo découlant de facteurs contradictoires sont habilement distillés pour nous entraîner vers un drame funèbre profondément intime. Reposant sur les épaules chétives de Noomi Rapace portant le film à bout de bras, celle-ci déploie une sobre intensité dramatique à illustrer le profil versatile d'une mère désemparée, obstinée à sauvegarder l'existence de son enfant, auparavant victime d'un traumatisme. Son comportement terriblement introverti et refoulé, son regard craintif empli d'angoisse et sa perplexité à ne plus savoir dissocier la réalité du fantasme nous désarme de sa solitude meurtrie.


Baignant dans un climat d'angoisse cérébral émanant de l'esprit tourmenté d'une jeune femme en détresse maternelle, Babycall se décline en drame susceptible, transcendé du talent épuré de Noomi Rapace en mère névrosée aussi attentionnée qu'épeurée. Retranscrit avec sensibilité à travers une narration nébuleuse faisant habilement intervenir en second acte un argument fantastique (dont je tairais le thème), cette oeuvre modeste amorce son impact émotionnel auprès d'un épilogue aussi bouleversant que rédempteur.

*Bruno
09.09.19
21.03.12. 151v

RécompenseGrand Prix et Prix de la critique à Gérardmer, 2012. 

dimanche 8 septembre 2019

Nous finirons ensemble

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Guillaume Canet. 2019. France. 2h08. Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Laurent Lafitte, Pascale Arbillot, Clémentine Baert, Valérie Bonneton, José Garcia,
Joël Dupuch.

Sortie salles France: 1er Mai 2019

FILMOGRAPHIE: Guillaume Canet, né le 10 avril 1973 à Boulogne-Billancourt en France, est un acteur, réalisateur, producteur associé, scénariste, dialoguiste et adaptateur français. 2002: Mon Idole. 2006: Ne le dis à Personne. 2010: Les Petits mouchoirs. 2013 : Blood Ties. 2017 : Rock’n’Roll. 2019: Nous finirons ensemble.


9 ans après son joli succès public les Petits Mouchoirs, Guillaume Canet rempile pour une suite avec Nous finirons ensemble, hommage selon ses dires à Maurice Pialat à travers Nous ne vieillirons pas ensemble sorti en 1972. Et on peut dire que Canet, complètement transi par ce qu'il filme puisque  infiniment inspiré et perfectionniste, parvient haut la main à surpasser son modèle. Notamment en bouclant son intrigue avec une émotion tellement plus sobre et naturelle si on la compare au final sirupeux des Petits Mouchoirs maladroitement trivial. Hymne à la vie, à la fiesta, à l'amour et surtout à l'amitié, Nous finirons ensemble est un pur concentré de bonheur expansif comme on en voit trop peu dans le paysage français. Si bien que selon mon jugement de valeur, j'ai vécu un moment de cinéma en apesanteur de par son semblant de féerie ainsi que sa puissance d'évocation à travers moult situations que j'ai déjà personnellement vécu de manière aussi juste qu'authentique ! Il va d'ailleurs sans dire que Canet s'avère l'un des meilleurs cinéastes de sa génération à savoir diriger ses acteurs au sein de la comédie française, tant et si bien que chaque séquence semble avoir été quasi improvisée avec souci documentaire. C'est dire si l'immersion du spectateur fonctionne à plein régime à travers ses tranches de vie purement amicales où se télescopent prises de bec, éclats de rire, ébriétés et réconciliations autour d'une crise identitaire d'un sexagénaire plongé dans une lourde dépression.


Tant auprès de sa situation économique, de son ancienne relation conjugale (il est sur le point de divorcer) que de sa nouvelle épreuve  existentielle à devoir franchir le cap de la soixantaine. Faut t'il préciser que l'immense François Cluzet accomplit une fois encore une performance viscérale de par sa vigueur d'expression névralgique à nous insuffler ses sautes d'humeur cyclothymiques ! Outre la posture si justement expressive de ce dernier portant le film sur ses épaules avec autant de fragilité que de résilience dans sa requête du dépassement de soi et du désir de renouer avec la gagne, les autres acteurs qui l'accompagnent, frétillants, communicatifs, fripons, tendres et/ou écorchés, sont à la fête à travers leurs traits de caractère hétéroclites où priment les valeurs de l'amour, de la fidélité et de la cohésion amicale. A l'instar de leurs houleuses relations conjugales ou de leur nouvelle accointance sentimentale (les rapports nouvellement intimes entre Gilles Lellouche et la sémillante Marion Cotillard dans un rôle à contre-emploi de chieuse frondeuse). A la fois drôle, exaltant, lyrique et émouvant parmi la juste mesure de sobriété (aucun acteur ne cède à la caricature ou à l'outrance verbale ou gestuelle), Nous finirons ensemble nous communique un arc en ciel d'émotions bipolaires si bien que le spectateur s'identifie auprès de ces personnages, notamment en se remémorant ses propres réminiscences personnelles que Guillaume Canet parvient à réanimer sur pellicule grâce au vérisme plus vrai que nature de sa mise en scène chiadée et à la ferveur des comédiens constamment en roue libre de par leur force tranquille confondante de naturel !


La fureur de vivre. 
Comédie chorale festoyant autour des thèmes de l'amitié, de la vieillesse et de l'amour sous l'impulsion d'une communion de comédiens transpirant la bonhomie tintée de tendresse, Nous finirons ensemble redore ses lettres de noblesse au "film de potes" avec une intensité émotionnelle infiniment fructueuse dans sa capacité à remettre en question l'éthique du spectateur lui permettant de renouer avec une seconde jeunesse ! 1000 mercis Guillaume pour ce précieux écrin ! 

*Bruno

Box Office: 2 759 831 entrées

vendredi 6 septembre 2019

Amityville 2, "le possédé"

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Amityville 2: The Possession" de Damiano Damiani. 1982. U.S.A. 1h44. Avec James Olson, Burt Young, Rytanya Alda, Jack Magner, Andrew Prine, Diane Franklin, Moses Gunn, Ted Ross, Erika Katz, Brent Katz, Leonardo Cimino.

Sortie en salles en France le 5 Janvier 1983. U.S: 24 Septembre 1982

FILMOGRAPHIE: Damiano Damiani (23 Juillet 1922 à Pasiano di Pordenone) est un écrivain, scénariste, acteur et réalisateur de cinéma italien. 1960: Jeux Précoces, 1961: Il Sicario, 1962: L'Isola Di Arturo, 1963: La Repatriée, l'Ennui et sa Diversion, 1966: La Strega in Amore, El Chuncho, 1968: Una ragazza piuttosto complicata, La Mafia fait la loi, 1970: Seule contre la Mafia, 1971: Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Nous Sommes tous en Liberté Provisoire, 1972: Girolimoni, il mostro di Roma, 1974: Il sorriso del grande tentatore, 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche, 1976: Perché si uccide un magistrato, 1977: Un Juge en Danger, 1980: Goodbye e amen, Un uomo in Ginocchio, 1981: L'avvertimento, 1982: Amityville 2, le possédé, 1985: Pizza Connection, 1986: La Gran Incognita, l'Inchiesta, 1989: Gioco al Massacro, 1990: Il sole Buio, 1992: l'Angelo con la Pistola, 2000: Alex l'ariete, 2002: Assassini dei giorni di Festa.


Trois ans après l'énorme succès d'Amityville, classique de hantise oh combien mésestimé, le producteur Dino De Laurentiis propose de transposer une préquelle au réalisateur italien Damiano Damiani. Oscillant entre le classique film de demeure hantée et la possession sataniste en vogue, Amityville 2 rentabilise également son budget initial pour gagner au fil des décennies une reconnaissance considérable au point que les fans du genre le considèrent aujourd'hui comme le meilleur volet de la saga. La famille Montelli vient d'emménager dans leur nouvelle demeure d'Amityville sur Long Island. Dès leur arrivée, d'étranges évènements se manifestent alors que le fils aîné éprouve une étrange attirance au climat éthéré de la maison. Peu à peu, une force diabolique s'empare de lui pour le posséder et l'influencer à assassiner sa famille.


D'après l'épineux scénario de Tommy Lee Wallace reprenant comme modèle le fait-divers morbide du massacre de la famille DeFeo, la fascination vénéneuse qu'exerce cet opus est entièrement allouée au portrait instable d'une famille dysfonctionnelle. Si bien que le père mécréant est un sexagénaire irascible particulièrement violent, la mère empathique est une catholique pratiquante contrainte de subir ses chantages sexuels et brutalités corporelles, quand bien même leurs progénitures doivent tolérer leurs récurrentes chamailleries autour du repas familial. Passé le premier quart d'heure déployant furtivement une succession de phénomènes paranormaux à tendance ostentatoire, l'ambiance hostile se distille peu à peu vers un climat oppressant davantage palpable. Ainsi, c'est du côté de la personnalité viciée de l'aîné des fils des Montelli que la trame va se concentrer. A cet égard, personne ne peut oublier la fameuse séquence incestueuse durant laquelle Johnny séduit avec malice sa soeur compatissante. Et ce avant que celle-ci ne soit rongée par un tacite remord. Un moment d'intimité subtilement glauque et dérangeant jouant lestement sur le suggéré, le cinéaste employant le sous-entendu d'échange de regards complices bâtis sur la séduction diaphane. Bien avant cette relation incongrue, un autre moment fort est à souligner lorsque Johnny est subitement en proie à la possession démoniaque de l'entité s'emparant brutalement de son corps. Si bien qu'à l'aide d'une caméra subjective multipliant les angles de vue en lévitation ou en rotation, la victime est pourchassée à travers la maison jusqu'à s'isoler en interne de sa chambre, étalée torse nu sur son lit pour supplier la force de ne pas le violer ! Une séquence terrifiante très convaincante d'autant plus suggérée par un enchaînement de plans subjectifs !


Ainsi, durant la majorité du récit, c'est donc la lente possession démoniaque de Johnny que le réalisateur radiographie au compte-goutte par le biais d'un climat fuligineux des plus insidieux. Avouons sans peine que Damiano Damiani réussit là à surpasser son modèle à travers une mise en image beaucoup plus réaliste, car d'autant plus poisseuse et fascinante en jonglant incessamment entre les sentiments d'angoisse, d'impuissance et de terreur. Même la prestance des comédiens s'avère plus intense car réussissant à exprimer au mieux leurs sentiments de névrose, de contrariété, de honte et de perversité au sein d'une cellule familiale en progressive déliquescence. En particulier la jeune soeur démunie endossée par Diane Franklin puisque peu à peu rongée d'amertume de par sa culpabilité d'être devenue objet sexuel l'instant d'une soirée interdite. Quand à Jack Magner, il y incarne mesquinement le rejeton diabolique isolé du monde extérieur car compromis au Mal avec ce que cela sous entend de vice immoral afin d'avilir sa soeur et offenser Dieu en personne. Et si la dernière partie surfant sur le filon de l'Exorciste s'avère moins percutante à travers son air de déjà vu, elle réussit tout de même à susciter une inquiétude dérangeante auprès du profil martyr du tueur juvénile mis à l'épreuve auprès d'un enjeu de rédemption en se référant à l'héroïsme de dernier ressort du prêtre résigné à le libérer du mal. Ainsi, en évitant intelligemment de sombrer dans le grand-guignol, l'ultime séance d'exorcisme s'avère aussi concise que graphiquement révulsive sous l'impulsion de maquillages artisanaux du plus bel effet viscéral ! (son visage se craquelant en lambeaux de chair devant nos yeux !).


Toujours soutenu du score lancinant de Lalo SchiffrinAmityville 2, le possédé fait parti de ses rares réussites parvenant à supplanter son modèle grâce à sa rigueur subversive où l'aura à la fois malsaine et anxiogène s'avère résolument perméable. Une préquelle très efficace donc dans son alliage de déviance perverse, d'angoisse diffuse et de violence glaçante si bien que le massacre de la famille est également restitué avec une cruauté éprouvante ! Enfin, le jeu magnétique de l'inquiétant  Jack Magner s'avère inoubliable de par son impuissance et son appréhension morale à canaliser sa démence qu'il nous communique sans effet de manche. A redécouvrir d'urgence ! 

10/10

Note: Le film ne fut tourné dans la maison initiale où les faits s'étaient déroulés mais dans une autre demeure dont les intérieurs ont été érigés en fac-similé.

* Bruno
06.09.19. 4èx
11.08.11. 162 v