jeudi 16 janvier 2020

Midnight Run

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Brest. 1988. U.S.A. 2h06. Avec Robert De Niro, Charles Grodin, Yaphet Kotto, John Ashton, Dennis Farina, Joe Pantoliano.

Sortie salles France: 28 Septembre 1988

FILMOGRAPHIE: Martin Brest est un réalisateur, producteur, acteur, monteur et scénariste américain, né le 8 Août 1951 dans le Bronx de New-York. 1972: Hot Dogs for Gaugin. 1977: Hot Tomorrows. 1979: Going in Style. 1984: Le Flic de Beverly Hills. 1988: Midnight Run. 1992: Le Temps d'un Week-end. 1998: Rencontre avec Joe Black. 2003: Amours Troubles.


On ne va pas y aller par quatre chemins, Midnight Run fait clairement parti des meilleurs Buddy Movies jamais réalisés, tout du moins un parangon d'une inépuisable fringance quant à sa disparité des genres d'une impressionnante fluidité. Car si Martin Brest fut reconnu avec l'énorme succès (mérité) du Flic de Beverly Hills, en prime de nous avoir révélé l'acteur Eddy Murphy, il se surpasse 4 ans plus tard avec cette comédie policière au succès contrairement modeste mais pour autant beaucoup plus fine, inventive et structurée à travers une intrigue charpentée décuplant quiproquos, gags et règlements de compte à rythme effréné. Car chassé croisé entre des membres du FBI, deux chasseurs de prime et une bande de mafieux à retrouver la trace du duc, un comptable ayant grugé 15 millions dollars au gangster Jimmy Serrano, Midnight Run exploite le road movie avec un art consommé de l'efficacité.


Tant auprès du duo impayable Robert De Niro (incroyablement à l'aise dans son rôle à contre-emploi !) / Charles Grondin, communément irrésistible en rivaux au grand coeur, que des rebondissements en pagaille que Martin Brest cultive sans une once de fioriture eu égard du brio du récit soigneusement écrit. Tant et si bien que l'on reste rivé au canapé à savourer les pérégrinations du chasseur de prime Jack Walsh flanqué de son otage loquace, ballotté tous azimuts entre les mains de ses ennemis pour un enjeu communément pécuniaire. Clairement moins tape à l'oeil que le génial Le Flic de Berverly Hills, Martin Brest mise donc ici pour un divertissement autrement posé, plus réaliste et mesuré, en prenant son temps à nous familiariser avec les prises de becs perpétuelles de nos héros aux caractères évidemment contradictoires. Car si Midnight Run parvient tant à nous séduire et à nous enjailler à travers sa conjugaison de comédie, de tendresse (la surprenante retrouvaille entre Walsh et sa fille aînée chez son ex épouse provoque une émotion lestement émouvante !) et de policier, il le doit  avant tout à la complémentarité humaniste de nos 2 têtes à claque en proie à un vibrant sens de l'amitié au fil de leurs rapports discordants. Chacun s'efforçant de dominer l'autre pour des enjeux de  liberté et de cupidité avec un sens de la duperie jubilatoire.


Comédie policière constamment inventive et fortuite, drôle ou cocasse (notamment auprès de la caricature de ses seconds-rôles empotés auquel j'aurai pu argumenter sans modération) à travers sa moisson de rebondissements et bravoures explosives, Midnight Run n'a point usurpé sa réputation de chef-d'oeuvre du Buddy Movie sous l'impulsion d'un duo téméraire apprenant à se connaître avec, au bout de leur initiation identitaire, le gain d'une dignité amicale. 

*Bruno
3èx

mercredi 15 janvier 2020

Nous sommes la Nuit

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Wir sind die Nacht" de Dennis Gansel. 2010. Allemagne. 1h45. Avec Anna Fischer, Karoline Herfurth, Nina Hoss, Max Riemelt, Jennifer Ulrich.

Sortie en salles en France le 29 Décembre 2010.

FILMOGRAPHIEDennis Gansel est un réalisateur allemand né 1973.
2000: Das Phantom (télé-film), 2001: The Dawn, Madchen madchen, 2004: Napola, 2008: La Vague, 2010: Nous sommes la nuit.

                                     

Après le controversé La Vague qui permit d'illustrer la précarité de nos régimes politiques bafoués par une idéologie fasciste, le réalisateur allemand Dennis Gansel change complètement de registre pour y exploiter le vampirisme high-tech, tendance Twilight. Mais dans une facture plus insolente, saphique et brutale ! Le PitchLena, marginale juvénile rebelle, se retrouve par inadvertance dans un club branché entretenu par un trio de goules dont la troublante Louise y endosse la matriarche. Sous le charme de cette invitée impromptue, Louise s'empresse de la mordre pour la vampiriser. Une nouvelle vie pour Lena s'apprivoise donc avec comme prix à payer, la quête du sang humain en guise d'éternelle jeunesse. Mais notre trio chevronné n'eut pu prévoir que leur nouvelle acolyte allait sérieusement remettre en cause leur immuable longévité. A travers une facture simpliste de série B ludique du samedi soir menée à rythme métronome, Nous Sommes la nuit n'a surement pas pour prétention de révolutionner le genre pour y laisser une empreinte pour le genre. Loin de là.

                                    

Si bien que cette équipée de jeunes effrontées vautrées dans la luxure et la défonce au sein de night-club branchés se savoure tel le plaisir coupable à la fois stylisé et vénéneux. Tant auprès de l'attachant quatuor de comédiennes germaniques au visage méconnu (tout du moins pour le spectateur français), de ses décors de luxe efficacement exploités que de sa trajectoire narrative désinhibée auprès de leurs virées nocturnes non exemptes d'exactions gorasses (à l'instar de son superbe prologue situé en haute altitude ou de la festivité gorasse au beau milieu d'une piscine !). Ainsi, cette illustration fantaisiste de l'univers branché de la nuit s'incarne également comme le reflet d'une jeunesse déboussolée s'épanouissant dans l'instant présent à travers leur requête d'excès en tous genres, et ce sans se soucier du lendemain inévitablement dépressif. Car ses vampires modernes tributaires de leur jouissance éphémère se décline en allégorie existentielle sur le malaise d'une génération solitaire réfutant la romance de par le simulacre de la coke, du sexe consommable et des ecstas. Mais grâce à la fragilité de leur nouvelle hôte Lena, subitement éprise d'idylle pour un jeune flic, son influence aboutira à la remise en question de nos libertines vampires quant aux cynisme de leurs états d'âme sans vergogne.

                                         

Traversé de séquences d'action trépidantes plutôt bien menées, la mise en scène clippesque et speedée de Denis Gansel ne nous laisse point de répit en dépit d'un manque flagrant d'originalité narrative. Pour autant, cette série B d'exploitation ne manque ni de charme, ni d'onirisme (les séquences crépusculaires et les suicides intermittents qui s'ensuivent) ni de sympathie auprès de ses marginales ivres d'insouciance et d'indépendance féministe. On peut d'ailleurs songer à quelques occasions au magnifique Near Dark pour ces images lascives d'une nature en clair obscur, ou aux Prédateurs pour le look distingué de nos hipsters se déhanchant au rythme d'une techno entêtante ! Une série B plutôt attachante donc, charnelle et parfois même émotive (notamment grâce à l'intensité du regard fébrile d'Anna Fischer en remise en question morale), aussi dispensable soit-elle. 

*Bruno
15.01.20
02.05.11. 397 v

mardi 14 janvier 2020

Les Aventuriers du Cobra d'Or

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"I cacciatori del cobra d'oro" de Antonio Margheriti. 1982. Italie. 1h35. Avec David Warbeck, Almanta Suska, Luciano Pigozzi, Protacio Dee, Rene Abadeza, John Steiner

Sortie salles France: 24 Août 1983. Italie: 11 Août 1982

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Quel bonheur perpétuel (qui plus est, lors d'un 3è visionnage !) de savourer ce fleuron du Bis transalpin, ersatz assumé de la trilogie Indy qu'Antonio Margheriti mène avec son traditionnel savoir-faire ! Car l'intrigue linéaire à beau surfer sur le modèle de Spielberg en se reposant uniquement sur une moisson de clichés pour autant bien amenés (notamment grâce au dynamisme du montage et de ces cadrages alambiqués), les Aventuriers du Cobra d'or transpire la carte du divertissement bonnard à travers le houleux projet de Bob Jackson épaulé de son acolyte Captain Franks partis en mission afin de décrocher le fameux cobra d'or en pleine cambrousse. Mais durant leur périple épique semé de rencontres à la fois hostiles et félonnes, ils feront la connaissance d'un vieux baroudeur et de sa nièce partis à la recherche de la soeur (jumelle) de celle-ci, car kidnappée par des indigènes lors d'un voyage familial quelques années plus tôt. Ainsi donc, les Aventuriers du Cobra d'or ne s'embarrasse ni de complexité narrative ni de vraisemblances pour séduire le spectateur embarqué dans une aventure "low-cost" d'un dépaysement fraîchement verdoyant (certains paysages et panoramas étonnent par leur beauté sauvage). Dans la mesure où l'on peut autant compter sur la complémentarité fringante de son cast de seconde-zone jouant les chasseurs de trésor avec un aplomb décomplexé.


Tant auprès du vénérable David Warbeck en aventurier inébranlable (chargé de dérision pour concourir avec l'icone créée par Harrison Ford !), de John Steiner en capitaine badin esquivant les coups et les balles avec une agilité improbable (ah ce coup de théâtre final que l'on a vu v'nir à des kilomètres quant à son éventuelle résurrection !), de Luciano Pigozzi en papy cupide trop en retrait pour être honnête, que de la charmante Almanta Suska dans un double rôle antinomique aussi attachant qu'involontairement cocasse. Notamment lorsque cette dernière joue la prêtresse dominatrice face à ses esclaves indigènes ou lorsqu'elle s'éprend soudainement de sentiments pour Jackson Spoil ! en dépit de la trahison de sa défunte soeur Fin du Spoil. Ainsi, en dépit d'un budget, on le devine minimaliste, Les Aventuriers du Cobra d'or remplit aisément son cahier des charges de par la générosité de son auteur féru d'actions aussi violentes que décomplexées (la surenchère prête parfois à sourire avec fougue !) et de la fringance de ces seconds-couteaux bougrement attachants dans leur caricature héroïque un poil semi-parodique. Enfin, on peut également souligner la qualité de ses effets-spéciaux (aussi bricolés soient-ils !) si je me réfère à son rutilant final confiné dans une grotte envahie par les laves (en mode "Indy et le temple maudit"). Tant et si bien que ces vastes décors caverneux s'avèrent également convaincants lorsque nos aventuriers arpentent ce milieu hostile en s'engouffrant dans les corridors avec un héroïsme suicidaire (quitte à y sacrifier les bonimenteurs d'entre eux selon la moralité de l'auteur !).


Un régal bisseux de cinéma de quartier, à revoir sans modération, tout en y regrettant cette sacro-sainte époque transalpine où les artisans les plus doués nous esquissaient des succédanés aussi bienfaiteurs que réjouissants.

*Bruno
3èx

vendredi 10 janvier 2020

Samson et Dalila

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.fr

"Samson and Delilah" de Cecil B. DeMille. 1949. U.S.A. 2h14. Avec Hedy Lamarr, Victor Mature, George Sanders, Angela Lansbury, Henry Wilcoxon, Olive Deering, Fay Holden

Sortie salles France: 5 Octobre 1951. U.S: 21 Décembre 1949

FILMOGRAPHIE PARTIELLECecil Blount DeMille, plus couramment appelé Cecil B. DeMille, est un réalisateur et producteur américain, né le 12 août 1881 à Ashfield (Massachusetts) et mort le 21 janvier 1959 à Los Angeles (Californie). 1929: La Fille sans dieu. 1929: Dynamite. 1930:  Madame Satan. 1931: Le Mari de l'Indienne. 1932: Le Signe de la Croix. 1933: La Loi de Lynch. 1934: Cléopâtre. 1935 Les Croisades. 1936 Une aventure de Buffalo Bill. 1938 Les Flibustiers. 1939: Pacific Express. 1940 Les Tuniques écarlates. 1942 Les Naufrageurs des mers du sud. 1944: L'Odyssée du docteur Wassell. 1947 Les Conquérants d'un nouveau monde. 1949 Samson et Dalila. 1952 Sous le plus grand chapiteau du monde. 1956 Les Dix Commandements.


On ne présente plus Cecil B. Demille, maître du péplum biblique aux moyens pharaoniques, si bien que Samson et Dalila ne déroge pas à la règle du grand spectacle en technicolor à travers une cruelle et impossible histoire d'amour (les couleurs oh combien fastueuses illuminent le regard à chaque seconde !). Car inspiré d'un illustre récit de la Bible, Samson et Dalila relate l'inimitié entre ces 2 amants communément épris d'amour mais pour autant discrédités par la vengeance sournoise de celle-ci habitée par l'égoïsme et l'arrivisme. Hedy Lamarr transperçant l'écran à travers la tiédeur de ses yeux saphir dans un subtil dosage de sentiments contradictoires. De la passion la plus folle et ardente à la haine la plus couarde. Et ce en suscitant lors de ses humeurs les plus colériques ses sentiments d'orgueil, de caprice, de jalousie, de condescendance, de rancune et de possessivité. Pour autant éplorée quant aux conséquences dramatiques de sa trahison, l'actrice finit par déployer une fragile émotion, entre amertume et mélancolie quant à la condition de claustration de son amant estropié. Ainsi donc, Victor Mature lui partage la réplique parmi la sombre intensité de son regard viril et la puissance de sa force herculéenne. Tant et si bien que l'on observe scrupuleusement ces bravoures dantesques au gré d'effets-spéciaux encore aujourd'hui convaincants.


Tant auprès de son combat insensé avec un lion (on applaudit notamment la perfection du montage véloce !), de ses corps à corps avec des ennemis réunis en masse, que de sa gageure à renverser 2 immenses colonnes de pierre lors d'un final catastrophique assez bluffant en terme d'esbroufe réaliste. Au-delà de la densité permanente de son histoire d'amour invoquant le mélo avec dignité, Cecil B. Demille possède (comme chez Spielberg) cet art intelligible de narrer son histoire parmi l'emphase d'un jeu d'acteurs théâtral jamais pompeux. Puisque résolument impliqués, pour ne pas dire habités par leur fonction antique. Et on peut louablement prétendre que le couple Hedy Lamarr / Victor Mature crève l'écran avec une intensité humaine davantage sentencieuse. Infiniment chrétien quant au profil de Samson assumant son expiation afin de se faire pardonner par Dieu, son parcours moral davantage douloureux y contestera l'injustice de la bêtise humaine engluée dans sa prospérité et sa suprématie pour y railler les laissés pour compte. Et ce sans pouvoir tolérer une quelconque lueur de clémence, à l'exception bien entendu de Dalila prête à se sacrifier pour la gravité de ses erreurs. Ainsi, faute de ses faiblesses, à savoir son altruisme, sa confiance en l'autre et sa naïveté d'avoir céder aux avances de 2 rivales de manière contradictoire, Samson y paiera donc un lourd tribu en assumant sa responsabilité d'avoir trahi son étique chrétienne.


Scandé du duo iconique Hedy Lamarr / Victor Mature, du grand péplum biblique, aussi romanesque qu'épique, aujourd'hui disparu depuis l'émergence de nos écrans numériques.

*Bruno
2èx

Récompenses:
Oscar des Meilleurs Décors
Oscar des Meilleurs Costumes

jeudi 9 janvier 2020

Tendres Passions. Oscar du Meilleur Film, 1983.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Terms of Endearment" de James L. Brooks. 1983. U.S.A. 2h12. Avec Shirley MacLaine, Debra Winger, Jack Nicholson, Danny DeVito, Jeff Daniels, John Lithgow.

Sortie salles France: 4 Avril 1984. U.S: 23 Novembre 1983

FILMOGRAPHIEJames Lawrence Brooks est un réalisateur, scénariste puis producteur de cinéma et de télévision américain, né le 9 mai 1940 à Brooklyn (New York). 1983 : Tendres Passions. 1987 : Broadcast News. 1994 : La Petite Star. 1997 : Pour le pire et pour le meilleur. 2004 : Spanglish. 2010: Comment savoir.


Ovationné chez le public et la critique Outre-Atlantique mais incendié dans l'hexagone parait-il (cherchez l'erreur !), quand bien même ces mêmes critiques et revues spécialisées ont depuis révisé leur jugement (depuis 2005 selon le site Wikipedia), Tendres Passions conjugue la romcom et le mélo parmi l'intelligence du refus de la complaisance. Pour ce faire, James Brooks (dont il s'agit de sa première réalisation - chapeau l'artiste ! -) compte sur le ressort d'un humour quasi omniprésent qu'un cast 3 étoiles embraye sans modération de par leur complémentarité aussi bien amicale que discordante. Et ce en dépit de leurs fadaises et disputes conjugales où l'adultère finit par animer quelques étincelles. Mais c'est bien connu, quand on aime, on aime toujours trop. Tout du moins chez Emma Greenwa (Debra Winger), jeune épouse apte à pardonner les écarts de conduite de son époux, au même titre que sa mère (fraîchement grand-mère) éprise de sentiments pour un voisin rupin volontiers égrillard. Alors ok, il faut bien avouer qu'au delà du feu d'artifice imposé à sa 1ère heure 45 (puisque bourré d'humour, de tendresse et d'entrain), son ultime demi-heure résolument dramatique nous tire les larmes en ayant l'incapacité de les retenir (pour qui sait faire preuve de sensibilité innée). Mais James Brooks parvient lestement à bannir la sinistrose à l'aide d'une sobre pudeur quant à la dignité de ses personnages en berne ne s'apitoyant jamais sur leur sort. Et ce tant auprès des proches témoins que de la victime alitée. Au niveau de l'intrigue délicieusement éclatante et sémillante de par sa moisson de situations couillues et confrontations humaines friponnes, Tendres Passions relate la houleuse relation entre une mère et sa fille s'efforçant indépendamment d'y cueillir l'amour le plus galvanisant.


De par leurs tempéraments forts en gueule et leur ardent désir de croquer la vie à pleines dents, Tendres Passions est illuminé du duo Shirley MacLaine (multi récompensée aux States ! - trophées répertoriés en bas d'article -) / Debra Winger d'une joie et d'une tendresse (quasi) communes addictives auprès du public. Tant et si bien que celui-ci s'éprend de fougue et de passion pour leurs vicissitudes avec une émotion si épanouissante. Outre le jeu mature et posé de Shirley MacLaine en matrone très attachée aux valeurs morales, je préfère privilégier la présence si magnétique de Debra Winger (repartie bredouille aux oscars, je ne m'en remettrai jamais !) en épouse spontanée, tiraillée entre ses soucis financiers, ses rapports conjugaux en perdition et sa relation bipolaire avec sa mère autoritaire (pour autant si aimante !). D'un naturel extrêmement communicatif, tant auprès de son tempérament primesautier, de sa tendresse pour sa famille Spoil ! et de sa sobre aigreur de faire face à la maladie fin du Spoil, Debra Winger crève si bien l'écran qu'au générique de fin on se surprend d'y éprouver un effet de manque affectif mêlé d'élégie Spoil ! (quant à sa destinée galvaudée). Fin du Spoil. Quant à la présence volontairement emphatique de Jack Nicholson, il parvient admirablement (et comme de coutume) à esquisser un personnage machiste désinhibé au gré d'une ironie goguenarde constamment jubilatoire. Enfin, l'illustre Jeff Daniels endosse en second-rôle le mari infidèle d'Emma avec une sobre expression de culpabilité de par son ambiguïté de faire face à sa tromperie, faute d'un soupçon d'immaturité qu'il parvient toutefois à effacer auprès de l'entourage.


Comédie romantique pétrie d'humanité et de bon sens car traitant des thèmes de la vieillesse, du désir de séduction, de la fraternité, de l'infidélité, de la maladie et du pardon sous le pilier d'une ironie mordante, Tendres Passions est un bonheur permanent à travers son audacieuse conjugaison de drôlerie et de gravité que James L. Brooks traite dans un subtil dosage d'émotions contradictoires. Et contrairement aux apparences bien trompeuses, Tendres Passions s'avère finalement un anti-dépresseur de choix en dépit de sa déchirante conclusion existentielle. 

*Bruno

Récompenses:
Oscar du meilleur film – James L. Brooks, producteur
Oscar du meilleur réalisateur – James L. Brooks
Oscar de la meilleure actrice – Shirley MacLaine
Oscar du meilleur acteur dans un second rôle – Jack Nicholson
Oscar du meilleur scénario adapté – James L. Brooks
Golden Globe Award : Meilleur film dramatique
Golden Globe Award : Meilleure actrice dans un film dramatique – Shirley MacLaine
Golden Globe Award : Meilleur acteur dans un second rôle - Jack Nicholson
Golden Globe Award : Meilleur scénario – James L. Brooks
Directors Guild of America Award de la meilleure réalisation pour un film – James L. Brooks
New York Film Critics Circle Award pour le meilleur film
New York Film Critics Circle Award pour la meilleure actrice - Shirley MacLaine
New York Film Critics Circle Award pour le meilleur second rôle - Jack Nicholson
LAFCA du meilleur film

mardi 7 janvier 2020

Roubaix, une lumière. Bayard d'or du Meilleur Film.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Arnaud Desplechin. 2019. France. 1h59. Avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz, Chloé Simoneau, Betty Cartoux.

Sortie salles France: 21 Août 2019

FILMOGRAPHIEArnaud Desplechin est un cinéaste français né le 31 octobre 1960 à Roubaix. 1992 : La Sentinelle. 1996 : Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle). 2000 : Esther Kahn. 2003 : Léo, en jouant « Dans la compagnie des hommes ». 2004 : Rois et Reine. 2007 : L'Aimée (documentaire). 2008 : Un conte de Noël. 2013 : Jimmy P. 2014 : La Forêt (téléfilm). 2015 : Trois souvenirs de ma jeunesse. 2017 : Les Fantômes d'Ismaël. 2019 : Roubaix, une lumière.


Une sordide descente aux enfers d'une insupportable détresse morale.
Retraçant avec un glaçant vérisme l'effroyable fait divers d'une octogénaire strangulée par 2 jeunes paumées toxicos (bien que le récit ne s'attarde jamais sur leur addiction), Arnaud Desplechin ne nous laisse pas le temps de souffler lors de son éprouvante seconde partie (la 2è heure de métrage) au climat dépressif suffocant. Si bien que nous subissons de plein fouet une véritable épreuve de force morale auprès des jeunes coupables gardées à vue lors d'interrogatoires estomaquant de vérité à travers des violences et accalmies verbales. On peut d'ailleurs songer à Police de Pialat ou encore à Série Noire de Corneau, tant auprès de l'hypnose de son réalisme documenté que de l'acrimonie sociale d'une France profonde laminée par le chômage, la drogue, l'immigration la plus marginale, l'isolement et la délinquance. Drame psychologique transplanté dans le cadre du polar rubigineux (photo un chouilla sépia à l'appui), Roubaix, une lumière est avant tout scandé des prestances écorchées vives de Léa Seydoux et de Sara Forestier communément amantes et complices d'un crime sordide d'une lâcheté éhontée. Tant auprès de l'âge avancée de la victime alitée, confinée seule dans sa demeure décatie, que de leurs rapports conflictuels fondés sur le mensonge et la manipulation à reporter la faute l'une sur l'autre. D'une fragilité névralgique, Sara Forestier explose l'écran parmi la juste mesure d'un jeu d'expressions à la fois démunies et désespérées, eu égard de son inculture et de son amour irrépressible pour la commanditaire du crime. Ses instants de doute, de crainte et d'appréhension progressive, sa profonde solitude et son mal-être existentiel d'avoir toujours été une perdante nous agrippent à la gorge sous l'impulsion d'une intensité dramatique tantôt bouleversante, tantôt accablante.


Psychologiquement plus solide, rebelle, autoritaire et surtout dominatrice, mais également d'un humanisme déboussolé (jusqu'aux larmes de la délivrance !), Léa Seydoux lui partage la vedette au gré d'une expression déterminée autrement viscérale de par sa lâcheté d'occulter la vérité au profit de l'éducation de son fils. Ainsi, cette misère sociale implantée dans la région nordiste de Roubaix nous est illustrée sans fioritures par un Arnaud Desplechin extrêmement scrupuleux quant au déroulement de la vénéneuse enquête. Si bien que de prime abord, il prend son temps (comptez 1 heure d'exposition) à dépeindre la quotidienneté routinière du commissaire Daoud et son équipe tentant d'appréhender un violeur de métro, de retrouver une jeune fugueuse à l'orée de sa majorité, et de résoudre le mystérieux incendie du domicile d'un quartier défavorisé. On peut d'ailleurs déplorer à certains moments le jeu un tantinet théâtral de certains figurants et seconds-rôles d'un charisme louablement authentique à défaut de nous convaincre de leur autorité frondeuse ou autrement contenue. En tout état de cause, rien de préjudiciable quant à la tonalité déjà captivante de sa 1ère partie policière sobrement mise en place, notamment grâce à l'autorité lestement ensorcelante de Roschdy Zem d'un aplomb hyper nuancé en commissaire fin psychologue. Probablement le meilleur rôle de sa carrière, notamment lorsqu'il nous retransmet sans soupçon d'orgueil son humanisme dépouillé d'éprouver une certaine empathie auprès de ces jeunes filles destituées des liens parentaux (le thème central du film !). Notamment parce que lui aussi eut probablement connu une forme de démission parentale depuis sa solitude de vivre en France sans aucun appui familial.


Eprouvant et bouleversant, voir parfois même déchirant, Roubaix, une lumière laisse en état de choc moral face à ce tableau dérisoire d'une jeunesse galvaudée livrée à une déchéance miséreuse dans leur condition d'exclusion. Deux profils crapuleux louablement condamnables mais pour autant transcendés d'un humanisme fébrile à fleur de peau.  

Dédicace à Jean-Marc Micciche

*Bruno

Récompense: Festival international du film francophone de Namur 2019 : Bayard d'or du meilleur film

Ci-joint l'opinion concise de Jean-Marc Micciche.
Séance découverte avec Roubaix une lumière....on peut pas dire que je suis le plus grand partisan du cinéma de Arnaud Depleschin mais là j'avoue avoir pris un grand plaisir à voir ce polar rural d'une solennité comme un échos lointain à un certain cinéma de Kurosawa, notamment ses films où les perso portent un regards pleine de compassion et détaché du drame et du monde et c'est vraiment la force de ce beau, notamment du personnage du commissaire Daoud (sublimement interprété par l'acteur Roschdyn Zem)....la grande subtilité de ce polar, c'est au départ de présenté différentes enquêtes de proximité (une voiture brûlée, un violeur de métro, une simple fugue, une intrusion de domicile) pour finalement grâce à la grande sensibilité de l'enquêteur parvenir à un simple crime crapuleux....d'une grande élégance formel (photo et cadre), et hanté par un score musical obsédant mais d'un super casting féminin (Sarah Forestier et Léa Seydoux), le film explose lors d'une dernière heure d'une grande puissance dramatique...bref grande réussite et le film aurait mérité un prix à Cannes....après le magnifique Trois jours et une vie, Roubaix une lumière est l'autre grand polar rural de cette année...

lundi 6 janvier 2020

The Mutations

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com

"The Freakmaker" de Jack Cardiff. 1974. Angleterre. 1h32. Avec Donald Pleasence, Tom Baker, Brad Harris, Julie Ege, Michael Dunn, Scott Antony, Jill Haworth.

Sortie salles France: Inédit. Angleterre: Octobre 1974

FILMOGRAPHIEJack Cardiff est un directeur de la photographie et réalisateur britannique, né le 18 septembre 1914 à Great Yarmouth (Angleterre), mort le 22 avril 2009 à Ely (Angleterre). 1958 : Tueurs à gages. 1959 : Fils de forçat. 1960 : Amants et Fils. 1961 : Ma geisha. 1962 : Le Lion. 1964 : Les Drakkars. 1964 : Le Jeune Cassidy. 1965 : Le Liquidateur. 1968 : Le Dernier Train du Katanga. 1968 : La Motocyclette. 1973 : Penny Gold. 1974 : The Freakmaker.


Inédit en salles en France, The Mutations se fit connaître auprès de la génération 80 lors de sa sortie Vhs éditée par American Video. D'ailleurs au même moment, on pouvait avoir l'aubaine d'y louer quelques autres raretés toute aussi marginales et singulières, 2000 Maniacs, Blood Feasts, Pulsions Cannibales ou encore Tonnerre dans un style contrairement bourrin. Car The Mutations retrace à l'aide d'un budget également minimaliste l'utopie extravagante d'un savant (Donald Pleasance transi d'un regard neutre subtilement vicié) délibéré à mettre en pratique son projet fou d'y fusionner des plantes avec des êtres humains après l'avoir tenté sur des animaux. Au même moment, depuis l'arrivée d'un cirque ambulant rempli de freaks, il recrute l'un d'eux afin de l'assigner à kidnapper des étudiants pour ses propres expériences. Ofni underground à la fois baroque et dérangeant, The Mutations se veut un hommage vitriolé à l'illustre Freaks de Tod Browning dans une facture polychrome à la limite de la surexposition. Simpliste de par son intrigue plutôt redondante (mais jamais ennuyeuse) et appuyé d'un cast standard dénué d'épaisseur psychologique, si on épargne la présence impérieuse de Pleasance plutôt à l'aise en savant sans vergogne, The Mutations demeure une production fauchée assez surprenante dans son approche (parfois expérimentale) de nous conter son récit scientifique sous l'impulsion d'une poignée de figurants, véritables monstres de foire.


Ainsi, de par leur apparence tantôt repoussante, tantôt trouble et étrange, The Mutations invoque un malaise diffus au fil d'un argument fantaisiste résolument délirant (communier l'homme et la plante pour le devenir de l'humanité quitte à y engendrer des Freaks) et d'un cheminement criminel au climat d'épouvante vintage. J'évoque celui des déambulations nocturnes de l'assistant difforme en collaboration meurtrière avec le docteur pour y parfaire ses expérimentations dans un laboratoire truffée de plantes gargantuesques. Quand bien même celui-ci osera ironiquement se plaindre de sa condition estropiée face à la présence pacifiste d'autres freaks d'une solidarité familiale. Ainsi donc, de par son étrange climat horrifique où plane l'ombre de l'Homme au masque de cire (les errances nocturnes de l'assistant emmitouflé dans un costume à chapeau noir) et FreaksJack Cardiff parvient à bâtir une série B à la fois attachante et inquiétante avec l'appui d'un score musical dissonant. Quand bien même son budget étriqué épaulé d'FX en carton pâte renforcent le côté marginal d'une équipe technique pour autant assidue à inscrire sur pellicule une curiosité couillue aux images parfois saisissantes (notamment auprès de sa cruelle vendetta finale pour la condition torturée de la victime puis le sort qui s'ensuit auprès du savant).


Si bien que l'on quitte The Mutations sur une agréable (et durable) impression d'avoir reluqué un divertissement rubigineux à odeur de souffre. 

*Bruno
2èx

vendredi 3 janvier 2020

L'Amie Mortelle

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

"Deadly Friend" de Wes Craven. 1986. U.S.A. 1h31. Avec Matthew Laborteaux, Kristy Swanson,
Michael Sharrett, Anne Twomey, Anne Ramsey, Richard Marcus.

Sortie salles France: 21 Janvier 1987. U.S: 10 Octobre 1986

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Nanar pour les uns, navet pour d'autres où le bon et le moins bon côtoie le pire à travers une intrigue aussi prévisible que dégingandée, l'Amie Mortelle fait parti du bas du panier chez la carrière de l'inégal Wes Craven. Pour autant, cette réactualisation de Frankenstein (mâtinée de Robocop acnéen si j'ose dire) s'avère gentiment attachante pour qui sait faire preuve d'indulgence à condition de l'approcher au second degré. Car il faut bien avouer que plusieurs scènes ridicules font preuve de drôlerie involontaire dans leur dramaturgie escomptée. Tant auprès du cabotinage outré de certains seconds-rôles (la bande de délinquants intimidant Paul et Tom accompagné du robot BB, le retournement de situation final avec le retour du leader de la bande) que de situations improbables trop vite expédiées ou inutilement infructueuses (le suspense instillé autour d'une tasse de café auquel la drogue a bien du mal à se dissoudre face à l'appréhension de leurs complices).


Teen movie ludique auprès de ses ados (trop) amiteux épris d'amitié pour un fringant robot semblable à celui de Short Circuit au moment de céder à la séduction d'une jeune voisine, l'Amie Mortelle oscille entre comédie et romance avant de plonger le récit dans les tréfonds d'une horreur macabre. Or, lorsque Samantha revient d'entre les morts grâce à son petit ami Paul, apprenti sorcier surfant avec l'immoralité, le récit linéaire lui impose une vendetta aussi concise que sans surprise en dépit d'un effet gore (perfectible) resté dans toutes les mémoires (le fameux ballon de basket ball explosant la tête de la rombière !). Dénué de suspense et d'intensité quant à la maigreur de son script bâclé, on se réconforte donc auprès de cette relation impossible entre Samantha et Paul lorsque ce dernier, aveuglé par la perte de l'être cher, se résigne à préserver sa résurrection en dépit de l'inimitié de son acolyte Tom beaucoup plus lucide que lui. Ce qui nous vaut quelques gentils moments de tendresse tacite lorsque Samantha se remémore doucement ses souvenirs auprès de Paul s'efforçant de lui redorer la raison.


Soufflant constamment le chaud et le froid si bien que l'on ne sait jamais sur quel pied danser en dépit de sa bonne idée de départ et de sa réflexion sur notre instinct punitif, l'Amie Mortelle demeure néanmoins un plaisant produit de consommation à travers son ambiance typée année 80. Et ce même si la frustration pointe le bout de son nez quant au manque d'inspiration de Craven d'être passé à côté de son sujet universel. 

*Bruno
03.01.20. 4èx
20.10.16

jeudi 2 janvier 2020

Hello Marylou : Prom Night 2

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bruce Pittman. 1987. Canada. 1h40. Avec Michael Ironside, Wendy Lyon, Justin Louis, Lisa Schrage, Richard Monette, Terri Hawkes, Brock Simpson, Beverley Hendry, Beth Gondek, Wendell Smith...

Date de sorte France: 11 Mai 1987 (Festival de Cannes).   U.S.A: 16 Octobre 1987.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bruce Pittman est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur né en 1950 à Toronto (Canada). 1981: The Olden Days coat, 1982: I know a secret, 1984: The Painted Door, 1985: La Marque de Cain, 1986: Confidential, 1987: Hello Marylou, 1993: Street Law, 2000: No alibi, 2003: Alien Tracker.


Quelle formidable surprise que de redécouvrir cette suite fallacieuse au très mauvais Prom Night (suivi d'autres opus aussi poussifs que standards), tant et si bien qu'Hello Marylou a beau piller ses influences auprès de Freddy Krueger et de Carrie, il demeure constamment efficient et beaucoup plus plaisant à travers sa pléthore de séquences-chocs étonnamment glauques et malsaines. D'ailleurs, à la revoyure, il est étonnant de constater que le réalisateur méconnu Bruce Pittman parvient même à supplanter la saga Freddy (si, si, j'ose l'avouer !) en terme de climat maléfique à la fois poisseux et méphitique. Tant auprès de la cruauté des meurtres incisifs, des visions putrescentes du corps de Marylou lors du final festif que des hallucinations morbides que les victimes encaissent en ne sachant plus distinguer le cauchemar de la réalité. Follement inventives, dérangeantes et malsaines (le cheval de bois et sa langue bien pendue !), les séquences-chocs se succèdent à vive allure par le biais d'un réalisme macabre détonnant. Et ce sous l'impulsion d'FX artisanaux la plupart du temps convaincants même si tantôt perfectibles. Quoiqu'il en soit, de par sa formalité à la fois baroque, vertigineuse et poétique, on croit à ce que l'on voit sans se poser de questions rationnelles, quand bien même l'étrange Wendy Lyon se fond dans le corps de Vicky Carpenter avec un naturel à la fois trouble et insolent dans sa condition de victime possédée perdant peu à peu pied avec sa réalité.


Tant au niveau scolaire (ses crises de catalepsie, ses effronteries et ses provocations sexuelles) que familiale (à l'instar de l'incroyable embrassade sur la bouche avec son père au moment où sa mère pénètre dans la chambre à l'improviste !). Ainsi, à travers les thèmes éculés de la possession, de la vendetta et de l'hallucination (parfois collective), Hello Marylou relate au gré d'un rythme métronomique la terrible résurrection d'une reine de bal de promotion délibérée aujourd'hui à se venger de ses anciens partenaires après avoir été brûlée vive 30 ans plus tôt par son ami d'époque. Mais c'est à travers l'esprit docile de la douce Vicky issue d'une famille à la fois religieuse et conservatrice qu'elle décide de prendre sa revanche, notamment en y brimant et massacrant les jeunes lycéennes un poil trop aguicheuses. Derrière une apparence autrement sensuelle et scintillante, on peut également compter sur le tempérament si sarcastique de Lisa Schrage pour endosser la reine punitive à l'aide d'un charisme charnel particulièrement envoûtant (regard azur à l'appui). Le final explosif valant à nouveau son pesant de séquences-chocs héritières des bravoures anthologiques de l'inoubliable Carrie de De Palma, en y adoptant notamment ce même refus du happy-end.


Sous couvert d'une satire corrosive contre la religion conservatrice et le liberticisme sexuel (Mary lou et Vicky souhaitent prendre leur revanche avec une cynique provocation de luxure), Hello Marylou transfigure le B movie du samedi soir avec une inventivité en roue libre. Car il a beau se réduire à l'ersatz mainstream, il n'en demeure pas moins une pochette surprise terriblement attachante, ludique, efficace, cauchemardesque, dérangeante. A revoir fissa ! 

P.S: à noter enfin la présence oh combien réjouissante de Michael Ironside en amant criminel insidieux !

*Bruno
02.01.20. 4èx 
06.04.11. 200 v

mercredi 1 janvier 2020

Le Choix des Armes

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Alain Corneau. 1981. France. 2h16. Avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Michel Galabru, Gérard Lanvin, Jean-Claude Dauphin, Jean Rougerie, Richard Anconina.

Sortie salles France: 19 Août 1981.

FILMOGRAPHIE: Alain Corneau est un réalisateur français né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret), décédé le 30 août 2010 à Paris. 1974 : France société anonyme. 1976 : Police Python 357. 1977 : La Menace. 1979 : Série noire. 1981 : Le Choix des armes. 1984 : Fort Saganne. 1986 : Le Môme. 1989 : Nocturne indien. 1991 : Tous les matins du monde. 1995 : Le Nouveau Monde. 1997 : Le Cousin. 2000 : Le Prince du Pacifique. 2002 : Stupeur et tremblements. 2005 : Les Mots bleus. 2007 : Le Deuxième Souffle. 2010: Crime d'amour.


Jalon des années 80 réalisé par l'un des spécialistes du polar Alain Corneau (réalisateur et scénariste pour l'occasion), le Choix des Armes est un grand film d'acteurs au sens le plus noble et compact. Dans la mesure où le cinéaste dirige sobrement ces derniers épaulés de leur charisme strié pour y tisser une confrontation au sommet entre 2 truands que se disputent Yves Montand (ex taulard éperdue d'amour pour sa compagne) et le monstre Gérard Depardieu (en chien fou borderline au grand coeur). Quand bien même Gérard Lanvin se fond dans le corps policier avec un héroïsme aussi pédant que détestable, si bien que dans un rôle à contre-emploi, l'étonnant Michel Galabru a bien du mal à le rappeler à l'ordre en commissaire désabusé, rongé par la culpabilité. De par la solidité de son intrigue criminelle fertile en rebondissements aussi imprévisibles que nullement outranciers, Le Choix des Armes élève le genre à son sens le plus épuré eu égard de la caractérisation véreuse d'une poignée d'antagonistes emmêlés dans des règlements de compte préjudiciables. Alain Corneau, appliqué et circonspect quant à la modestie de sa mise en scène magnifiée de paysages naturels, prenant son temps à planter son univers champêtre et ses personnages qui y évoluent dans une commune tourmente davantage sentencieuse. Tant et si bien que Corneau, habile conteur et faiseur d'images envoûtées structure son scrupuleux récit marginal au gré d'une intensité dramatique que l'on ne voit pas arriver.


Car outre sa volonté d'y dénoncer l'abus de pouvoir et les bavures policières auprès des recrues les plus zélées, ce qui est intéressant avec le Choix des Armes, c'est de nous proposer des personnages anti-manichéens se confrontant avec autant d'animosité dans leur esprit d'orgueil que d'empathie à travers leur témoignage paternel. De par la relation ambiguë, si incomprise, entre (la fragilité dépressive de) Montand et (les excès colériques de) Depardieu s'épaulant en désespoir de cause puis se repoussant avec une irrépressible contradiction. La faute incombant à un enchaînement de circonstances à la fois infortunées et contestataires eu égard des agissements psychotiques de Depardieu en truand criminel habité par la haine mais aussi le désespoir du désir de paternité. Ainsi, au vu de l'évolution tragique de l'intrigue, et en observant minutieusement l'humanisme torturé de celui-ci écorché vif par la cause de son enfance probablement miséreuse (la démission parentale est inévitablement suggérée), Le Choix des Armes y transcende les valeurs d'amour et d'amitié au moment d'y opposer une vendetta commune. Tant auprès de la relation fiévreuse entre Montand et la radieuse Catherine Deneuve (irréprochable dans la sobriété de ses expressions aussi bien sentimentales qu'empathiques) que de sa complicité bipolaire avec Depardieu. Notamment lorsque ceux-ci convergent à la protection de l'enfance au moment de subir l'injustice de l'autorité policière en instance de filature.


Dramatique, intense et si profond à travers l'humanisme écorché de ses personnages se combattant pour des enjeux d'orgueil et de respect, de tranquillité et de reconnaissance, le Choix des Armes finit par bouleverser leurs épineuses confrontations sous l'impulsion d'une innocence galvaudée. Du grand polar français, rugueux et fataliste sous couvert d'une intelligente réflexion sur la vengeance et la clémence.  

*Bruno
4èx

Neon Maniacs

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Evil Dead Warriors" de Joseph Mangine. 1986. U.S.A. 1h35. Avec Leilani Sarelle, Alan Hayes, Andrew Divoff, PR Paul, Victor Brandt, Doyle McCurley, John Lafayette.

Sortie salles France: 28 Septembre 1988.

FILMOGRAPHIEJoseph Mangine est un réalisateur et scénariste américain né le 18 Juin 1933 à Brooklyn, New York, USA, décédé le 2 Novembre 2006 à Los Angeles, California, USA. 1986: Neon Maniacs. 1968: Smoke and Flesh (as Joe Mangine).


Titulaire de 2 uniques longs-métrages dont le 1er s'avère inédit en France, Joseph Mangine amorce le tournage de Neon Maniacs à l'âge tardif de 53 ans. Assez connu auprès de la génération 80 de par son alléchante jaquette Vhs nous promettant monts et merveilles, où tout du moins nous suggérant une sorte de bande horrifique post-apo que n'auraient renié les transalpins, Neon Maniacs est une aberration filmique comme on n'en côtoie plus de nos jours. Autant dire que les amateurs de nanars impayables devraient jeter un oeil sur cet étron carnavalesque d'un attachant charme désuet. Dans la mesure où par je ne sais quelle alchimie cinégénique, Neon Maniacs conjugue distraction et déconcertation à travers ses séquences puériles sorties d'un cerveau sous psychotrope tant les incohérences, maladresses et balivernes pullulent à rythme métronome. L'intrigue, ridicule mais dinguo, se résumant à l'équipée meurtrière d'une bande de zombies maniaques surgis d'un hangar pour y perpétrer la nuit des meurtres gratuits sur les adolescents crétins. D'où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils confinés dans ce hangar ? Quelles sont leurs véritables mobiles ? Pour quelles raisons sont-ils accoutrés de vêtements de guerriers du futur ? Pourquoi l'eau parvient facilement à les dissoudre ? Nous ne le saurons jamais ! Ce qui renforce l'aura indicible de cette insensée curiosité non dénuée de futile émotion si je me réfère à son climat parfois envoûtant (épaulé d'un score électro typique des années 80) ou à l'aspect un brin terrifiant de leur apparence grotesque.


Car aussi improbable que cela puisse paraître, je me suis surpris d'y éprouver une certaine appréhension lors de leurs exactions criminelles perpétrées la nuit de par leur faciès déformé/écorché. Leur manière atone notamment de déambuler au hasard des rues à renfort de gestes outranciers m'a autant provoqué l'hilarité qu'une certaine angoisse palpable lors de moments autrement inquiétants ! On peut également saluer l'efficacité des effets-spéciaux artisanaux plutôt pas mal torchés pour une prod low-cost sous étendard Z. Ainsi, par je ne sais quel plaisir un brin masochiste, le spectateur quelque peu fasciné par ce spectacle d'une autre époque ne peut s'empêcher de suivre avec une perpétuelle attention la prochaine séquence à venir tant le réalisateur parvient à attiser notre curiosité dans sa mosaïque de séquences-chocs débridées (le final pop-rock confiné dans le bal - du diable - demeure inratable !) et dans la banalité quotidienne d'une bande d'ados décérébrés (c'est peu de le dire) délibérés à combattre les néon maniacs. Tant auprès du couple juvénile s'efforçant par ailleurs vainement d'alerter les autorités (des flics gouailleurs sortis d'un épisode de Mike Hammer de par leur défroque et leur bureau anachroniques) que d'une ado cinéphile prête à combattre les Maniacs à l'aide d'un pistolet à eau (car seule l'eau peut les anéantir !). Pour un peu, on se croirait parfois même dans un réplique Z de Vampires, vous avez dits vampires si bien que nos protagonistes parviennent même à nous attacher à travers leur solidarité niaise.


Ofni Z bien ancré dans sa sacro-sainte décennie 80, Neon Maniacs est un nanar bonnard du samedi soir ne ressemblant à nulle autre métrage frappadingue. Il faut le voir pour le croire si bien qu'il m'aura fallu plus de 3 décennies pour enfin tenter de l'aborder avec toutefois un soupçon d'hésitation ! Comme quoi hasard et interrogation s'avèrent parfois aussi bien fructueux que lucratifs.  

*Bruno

mardi 31 décembre 2019

Le Gendarme en Balade

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean Girault. 1970. France. 1h40. Avec Louis de Funès, Michel Galabru, Jean Lefebvre, Christian Marin, Guy Grosso, Michel Modo.

Sortie salles France: 28 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE: Jean Girault est un réalisateur et scénariste français, né le 9 mai 1924 à Villenauxe-la-Grande (Aube), décédé le 24 juillet 1982 à Paris. 1960 : Les Pique-assiette. 1961 : Les Moutons de Panurge. 1961 : Les Livreurs. 1963 : Les Veinards (film à sketchs coréalisé). 1963 : Les Bricoleurs. 1963 : Pouic-Pouic. 1963 : Faites sauter la banque ! 1964 : Les Gorilles. 1964 : Le Gendarme de Saint-Tropez. 1965 : Le Gendarme à New York. 1966 : Monsieur le président-directeur général. 1967 : Les Grandes Vacances. 1968 : Le gendarme se marie. 1968 : Un drôle de colonel. 1969 : La Maison de campagne. 1970 : Le Gendarme en balade. 1971 : Jo. 1971 : Le Juge. 1972 : Les Charlots font l'Espagne. 1973 : Le Concierge. 1973 : Le Permis de conduire. 1974 : Deux grandes filles dans un pyjama. 1975 : L'Intrépide. 1976 : Les murs ont des oreilles. 1976 : L'Année sainte. 1977 : Le Mille-pattes fait des claquettes. 1978 : L'Horoscope. 1978 : Sam et Sally , (série TV), 2 épisodes : Le Collier et Isabelita. 1978 : Le Gendarme et les Extra-terrestres. 1979 : L'Avare. 1981 : La Soupe aux choux. 1981 : Ach du lieber Harry. 1982 : Le Gendarme et les Gendarmettes.


N°1 au Box-office en 1970 avec 4 870 632 entrées, le Gendarme en Balade réussit même l'exploit de surpasser ses 2 antécédents opus en terme de rigolade, de bonne humeur et d'invention narrative. Tant et si bien que Jean Girault a la judicieuse idée de mettre en retraite nos lurons castrateurs pour y déployer une pléthore de gags d'une drôlerie on ne peut plus fougueuse. Car alors que Fougasse (Jean Lefebvre complètement habité par son rôle !) est devenu amnésique suite à l'agression de son acte héroïque, nos retraités mélancoliques d'un passé glorieux décident de reprendre du service en  illégalité afin de redorer la mémoire de leur acolyte. Ainsi donc, à travers leurs stratégies marginales de reprendre l'uniforme en catimini (de jeunes gendarmes ont donc été recrutés pour les substituer dans leur commune de Saint-Tropez), Jean Girault, plus inspiré que jamais, conçoit les rencontres, situations et péripéties les plus saugrenues (le vol de voiture improvisé par des hippies, le concours de pétanque avec Fougasse, la plage des nudistes, le contrôle routier sur la nationale) pour y amorcer les rires. Et on peut dire que cela fonctionne rudement bien durant la 1ère heure aussi folingue qu'impeccablement rythmé.


Notamment lorsque De Funes et Galabru se remémorent avec nostalgie leur routine professionnelle bâties sur l'impériosité, les coups de sifflets stridents, les arrestations et les contraventions. Quand bien même on se tord de rire quant au concours de grimaces échangé entre le curé et Cruchot face à son épouse déconcertée n'ayant rien pigé de leur mésentente cordiale ! Ainsi, dès qu'ils se résignent à reprendre l'uniforme, un sentiment de bonne humeur galvanisant ne nous lâche pas d'une semelle tant nos comédiens font preuve d'une fringance qui fait chaud au coeur. A l'instar de leur fameux refrain chantonné dans l'habitacle de leur voiture (le thème sifflotant du Gendarme de Saint-Tropez que Girault pratique en mise en abyme, notamment lors de la séance ciné chez Cruchot -). Et si les 40 dernières minutes privilégient plutôt l'action au grand dam des fou-rires susnommés, leur ultime escapade bucolique ne démérite pas à travers ses courses-poursuites endiablées (on retrouve d'ailleurs Sœur Clotilde plus frétillante que jamais accompagnée d'une comparse caractérielle) et l'investigation houleuse de nos gendarmes tentant d'y déjouer des terroristes en culotte courte. A cet égard, le dernier quart-d'heure débridé renoue avec l'hilarité inventive de sa 1ère partie lorsque De Funes et Galabru tentent de déminer une fusée nucléaire avec une minutie insoutenable ! (litres de transpiration en sus sur leurs visages façon Y'a t'il un pilote dans l'avion ?).


Taillé dans le panache, plus original qu'au préalable et fréquemment drôle, le Gendarme en balade demeure probablement le meilleur opus de la saga en compagnie de son modèle. 

*Bruno
3èx