mardi 17 mars 2020

De si gentils petits monstres / The Children

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Max Kalmanowicz. 1980. U.S.A. 1h35. Avec Gil rogers, martin shakar, gale garnett, Clara Evans, Jephta Evans, Julie Carrier, Sarah Albright, Nathanael Albright.

Sortie salles France: 24 Août 1983.

FILMOGRAPHIE:  The Children est le premier film de Max Kalmanowicz, réalisateur américain qui s'illustrera une seconde et dernière fois avec Dreams Come True, un film d'aventures datant de 1984 et distribué par la firme Troma.


Nous revenons de l'école... une chose terrifiante est arrivée ! Nous sommes devenus de... De si gentils petits... Monstres !
Sur un air connu de "l'enfant maléfique" (Le Village des Damnées, les Révoltés de l'an 2000, l'Autre, l'Exorciste, la MalédictionThe Children, Esther, etc...), De si gentils petits Monstres (dénomination plus ironique que son homologue ricain) fit les beaux jours des vidéophiles des années 80 fascinés par sa flamboyante jaquette imprimant dans le centre du cadre, et sur fond rouge, 3 visages de bambins au rictus diablotin. Et ce sans omettre l'accroche de sa tagline à l'humour aussi sardonique relevée plus haut ! Le pitchDans la bourgade de Ravensback, un car scolaire transportant des enfants passe sous un épais nuage jaune. Après son passage, l'autocar garé à proximité d'un cimetière est épargné de ses occupants. Au même moment, une maman inquiète part à la recherche de son enfant quand tout à coup elle entend une voix enfantine faisant écho au cimetière avoisinant. Arrivé au lieu dit, elle tombe sur le cadavre du chauffeur, retrouvé calciné près d'une tombe. Un bambin se rapproche alors d'elle, les bras tendus vers sa direction. Mais au moment de l'enlacer, elle se met à brûler aux contacts des mains vitriolées. Plaisir coupable bisseux comme il en pullulait lors des années 80, De si gentils petits monstres dégage un charme certain aussi mineur soit son contenu à la fois prévisible, frivole et bricolé. Le réalisateur empruntant l'efficace méthode du survival à suspense lorsqu'un flic et un paisible citadin unissent leurs forces pour retrouver les enfants disparus après l'abandon de leur car scolaire. Et ce avant de bifurquer vers le traditionnel huis-clos cauchemardesque lorsque ces derniers tentent de repousser la menace (avec une violence étonnamment tranchée !) au sein du foyer domestique de l'un d'eux.


Ainsi, de par son concept incongru (des enfants se mettant subitement à occire leurs parents après le passage d'un nuage radioactif) émaillé d'astuces saugrenues (les fameux ongles noirs sur leurs doigts, la manière insensée de les exterminer en leur tranchant les mains, son épilogue sarcastique présageant une redite), De si gentils petits monstres s'avère plaisamment bonnard. Tant auprès de ses péripéties horrifiques fertiles en visions grand-guignolesques (l'état décrépit des victimes comparables à des steacks saignants) que de la sympathie des acteurs de seconde zone multipliant les expressions d'appréhension, de stupeur et de terreur avec un attachant surjeu. Plusieurs séquences risibles flirtant avec l'humour involontaire, à l'instar de ses 2 rednecks venus prêter main forte à un adjoint policier en se raillant grivoisement de la petite amie de ce dernier. Qui plus est, les FX artisanaux parviennent à créer leur petit effet de fascination lorsque les victimes se voient consumées par l'épais nuage d'acide, leur chair noire et sanguine craquelant de toutes parts après y avoir enlacée leurs chérubins. Outre l'aspect ludique de ses scènes chocs parfois même envoûtantes et un chouilla angoissantes (de par la posture inquiétante des bambins déambulant la nuit à l'instar de zombies affectueux), De si gentils petits monstres est notamment soutenu du score d'Harry Manfredini aux sonorités semblables au futur Vendredi 13 tourné cette même année. Pour un peu, on penserait entrevoir par moments Jason en personne derrière un fourré si bien que la majeure partie de l'action se déroule dans un cadre bucolique ensoleillé !


Atomic College (priez le ciel de ne jamais les rencontrer !)
Attachante série B de Samedi soir de par son ambiance (un tantinet) malsaine émanant de la posture inquiétante d'impassibles marmots, De si gentils petits monstres demeure un agréable divertissement macabre sous couvert d'une inlassable traque assez alerte (si on fait fi de sautes de rythme poussif à l'issue de l'ultime quart d'heure). Ainsi, la génération 80 éprouvera peut-être encore plus de plaisir aujourd'hui, nostalgie aidant d'une époque révolue.  

*Bruno
17.03.20
27.01.11. 359 v
4èx

lundi 16 mars 2020

Le monde, la chair et le diable

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The World, The Flesh and the Devil" de  Ranald MacDougall. 1959. U.S.A. 1h35. Avec Harry Belafonte, Inger Stevens, Mel Ferrer

Sortie salles France: ? U.S: 1er Mai 1959

FILMOGRAPHIERanald MacDougall est un scénariste, réalisateur et producteur américain né le 10 mars 1915 à Schenectady, New York, décédé le 12 décembre 1973 à Los Angeles. 1955 : Une femme diabolique . 1957 : Man on Fire. 1959 : Le Monde, la chair et le diable. 1960 : Les Rats de caves. 1961 : Volupté. 1970 : Cockeyed Cowboys of Calico County. 


Un classique de la science-fiction post-apo uniquement bâti sur la confrontation psychologique entre 3 survivants partagés entre l'isolement, la solitude, le racisme et la rage de survie. Deux hommes: un blanc, un noir se disputant l'autorité à conquérir le coeur d'une jeune femme. L'intrigue démontrant au fil de leur évolution morale que l'homme, égotiste, est finalement contraint d'avoir recours à la guerre pour imposer ses idées et tenter de remporter le pouvoir. Parfaitement servi par un trio d'acteurs aux sentiments sobrement bipolaires, le Monde, la chair et le diable est notamment renforcé par son réalisme urbain quant au climat feutré d'un New-York monochrome épargné de cidatins. 

*Bruno

jeudi 12 mars 2020

La Belle Epoque. César du Meilleur Scénario.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicolas Bedos. 2019. France. 1h55. Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Denis Podalydès, Michaël Cohen, Jeanne Arènes.

Sortie salles France: 6 Novembre 2019

FILMOGRAPHIENicolas Bedos est un dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste français, né le 21 avril 1979 à Neuilly-sur-Seine. 2017: Monsieur et Madame Adelman. 2019: La Belle Époque. 2021: OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire.


Prenez bien soin de tous vos souvenirs car vous ne pourrez pas les revivre.
Feu d'artifices d'émotions hybrides à travers sa mosaïque de tendresse, de romance, d'humour, de mélancolie et de gravité, La Belle Epoque est une bulle de champagne se dégustant avec délectation eu égard de l'incroyable brio de Nicolas Bedos jouant l'alchimiste par le biais de la mise en abyme. Tant et si bien que fiction et réalité ne cessent de s'entrecroiser avec parfois le sentiment trouble de ne plus pouvoir distinguer le vrai du faux. Les acteurs se confondant aux vrais personnages avec une conviction à la fois fougueuse et expansive de manière à crédibiliser leur univers programmé, truffé d'artifices et de figurants costumés. Brillant à tous niveaux, tant auprès des dialogues ciselés émaillés de calembours, de sa mise en scène constamment inventive réinventant à elle seul le cinéma le plus vibrant, de ses sonorités et refrains rétros, du jeu criant de vérité des acteurs bouleversants d'élégie sentimentale (mention spéciale à l'incroyable numéro final de Fanny Ardant - plus belle que jamais - transperçant l'écran de par ses expressions aussi bien fébriles que subtilement meurtries), que de l'originalité du scénario (César non usurpé) en dépit du concept improbable. Ainsi donc, grâce à l'intelligence de Nicolas Bedos maniant comme jamais une palette d'émotions contradictoires JAMAIS PROGRAMMES (si bien que nos larmes coulent de manière naturelle sans pouvoir les retenir); La Belle Epoque nous fait basculer dans une nouvelle dimension.


Si bien que l'on s'immerge sans modération dans l'introspection vertigineuse de Daniel Auteuil tentant de retrouver son amour d'antan à un moment propice des années 70. Car comment peut-on oublier une première rencontre amoureuse destinée à perdurer au risque de s'effriter avec le temps ? Comment omettre chaque détail d'une situation mémorable conçue pour nous faire chavirer dans l'improvisation la plus totale ? Hymne à la vie et à l'amour imparfait puisque impossible à contrôler et à dompter, La Belle Epoque nous remémore nos propres souvenirs à travers le regret du temps révolu. Cette amertume de se contempler dans la glace pour y déceler de nouvelles rides, cette appréhension de ne plus pouvoir autant séduire au fil des années, cette nostalgie de se remémorer la beauté de nos jeunes conquêtes ivres d'émancipation, d'audaces et d'insolence. Voilà de quoi traite cette belle époque que chaque génération incarne en elle à travers le thème si délicat de la vieillesse que Nicolas Bedos illustre avec déférence et espièglerie afin de se dégager de l'ombre du pathos ou de l'émotion triviale. C'est dire si cette romcom tour à tour sémillante et enivrante nous balade d'un endroit à un autre avec une fulgurante émotion que les acteurs si impliqués expriment à travers une véracité extrêmement communicative. Ainsi, sans jamais vulgariser une nostalgie plombante (aucune époque ne sera meilleure qu'une autre semble finalement nous suggérer Bedos en dépit d'un modernisme technologique humainement préjudiciable), la Belle Epoque nous invite à ranimer notre motivation, à affronter ceux qui nous entourent. Dans la mesure d'y fréquenter les relations humaines les plus fructueuses, aussi imparfaites et différentes soient-elles, et ce avec attention et soupçon de tendresse au gré des différences caractérielles.


Le souvenir est le parfum de l'âme.
Histoire d'amour rocambolesque renouant avec la jeunesse d'esprit à travers son hymne aux souvenirs et au savoir-vivre, La Belle Epoque nous revigore pour nous ranimer le désir d'aimer et d'embrasser son prochain afin d'y transcender la fuite du temps. A moins qu'une inconnue d'un soir abordée au coin d'un bistrot ne nous bouleverse à jamais notre destin, pour le meilleur et pour le pire... Féerie de chaque instant, ce lumineux chant d'amour, d'espoir et de réconciliations nous transperce l'âme et le coeur avec une maîtrise irrationnelle confinant au génie. 

*Bruno

César 2020:
Meilleur scénario original : Nicolas Bedos
Meilleure actrice dans un second rôle : Fanny Ardant
Meilleurs décors : Stéphane Rozenbaum

mardi 10 mars 2020

1917

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Sam Mendes. 2019. U.S.A/Angleterre. 1h59. Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Colin Firth, Andrew Scott, Mark Strong.

Sortie salles France: 15 Janvier 2020.

FILMOGRAPHIE: Samuel Alexander Mendes, dit Sam Mendes est un réalisateur et producteur de cinéma britannique, né le 1er août 1965 à Reading (Berkshire). 1999 : American Beauty. 2002 : Les Sentiers de la perdition. 2005 : Jarhead : La Fin de l'innocence. 2008 : Les Noces rebelles. 2009 : Away We Go. 2012 : Skyfall. 2015 : 007 Spectre. 2020: 1917.


"Nous sommes une civilisation qui sait faire la guerre, mais qui ne sait plus faire la paix."
Renouvelant les codes du film de guerre par le biais d'une mise en scène aussi originale que travaillée, 1917 tire parti de son brio technique afin de nous immerger dans la 1ère guerre comme si nous y étions. Tout du moins du point de vue subjectif du caporal William Schofield arpentant un parcours du combattant avec une vaillance suicidaire eu égard des hostilités allemandes qui interfèrent durant son vertigineux périple. A l'instar de son plongeon escarpé perpétré au fond d'une rivière sauvage, et ce à l'aube d'une nouvelle journée décisive quant à la sauvegarde de 1600 de ses compatriotes. Celui-ci étant chargé de retrouver le colonel Mackenzie afin d'annuler une attaque provoquée par les allemands. Par cette même occasion, et depuis la mort de son co-équipier, il s'est juré d'honorer ses ultimes souhaits en retrouvant la trace de son frère, le lieutenant Joseph Blake également de la parti pour attaquer les allemands. Récit d'aventures épiques donc par le biais d'un réalisme immersif si bien que Sam Mendes utilise les plans séquences parmi la diabolique habileté du temps réel, 1917 n'impose pas pour autant de surenchère homérique ou sanguine façon Il faut sauver le soldat Ryan.


Le cinéaste optant pour une mise en scène épurée à dénoncer sans brutalité explicite la folie de la guerre sous l'impulsion du caporal Schofiled; isolé de tous et à bout de souffle, mais délibéré à accomplir sa houleuse mission au péril de sa vie. D'un humanisme désespéré tantôt poignant, tantôt bouleversant au gré d'une intensité dramatique lestement instillée, 1917 dégage une prude émotion jamais ostentatoire. Tant auprès de celui-ci en état de résilience jusqu'à épuisement que de seconds-rôles accablés de fatigue et de fragilité quant au trama que peut imposer toutes barbaries belliqueuses. Sam Mendes conjuguant dans une harmonie technique géométrique le lyrisme, le réalisme morbide et l'onirisme crépusculaire pour imposer sa propre personnalité dénuée de redite ou de racolage. D'où ce sentiment persistant d'assister à un film de guerre à la fois intime et personnel, vibrant hommage à l'héroïsme des survivants tout en y dénonçant la haine que les plus hauts gradés provoquent auprès de leur escadron lors de bravoures suicidaires. Quant à la présence de George MacKay, il porte l'intrigue sur ses épaules à l'aide d'une force d'expression à la fois pugnace, fébrile et démunie eu égard de ses vicissitudes rencontrées avec l'ennemi (confiné tous azimuts) et d'un enjeu humain à grande échelle.


Une expérience de cinéma aussi prodigieuse que bouleversante. 

*Bruno

Récompenses:
Golden Globes 202029 : meilleur réalisateur et meilleur film dramatique
Prix des réalisateurs d'Hollywood 2020 (DGA Awards)30
BAFTA 2020 : meilleur film, meilleur film britannique, meilleur réalisateur, meilleurs décors, meilleure photographie, meilleurs effets visuels et meilleur son
Oscars 2020 : meilleure photographie, Meilleur mixage de son et meilleurs effets visuels
Satellite Awards 2020 : meilleure photographie

lundi 9 mars 2020

Une Vie Cachée. Prix du Jury oecuménique, Prix François-Chalais, Cannes 2019

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"A Hidden Life" de Terrence Malick. 2019. Allemagne/U.S.A. 2h54. Avec August Diehl, Valerie Pachner, Michael Nyqvist, Jürgen Prochnow, Matthias Schoenaerts, Bruno Ganz.

Sortie salles France: 11 Décembre 2019 

FILMOGRAPHIETerrence Malick est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 30 novembre 1943 à Ottawa (Illinois). 1973 : La Balade sauvage. 1978 : Les Moissons du ciel. 1998 : La Ligne rouge. 2005 : Le Nouveau Monde. 2011 : The Tree of Life. 2012 : À la merveille. 2015 : Knight of Cups. 2016 : Voyage of Time : Au fil de la vie. 2017 : Song to Song. 2019 : Une vie cachée.


"...Car le bien grandissant du monde dépend en partie d'actes non historiques, et que si les choses ne vont pas si mal pour vous et moi, on le doit beaucoup à tous ceux qui ont vécu fidèlement une vie cachée et qui reposent dans leur tombe abandonnée." - George Eliott.

Bouleversant requiem contre la guerre du point de vue d'un objecteur de conscience refusant de partir au front pour honorer ses propres convictions, Une Vie Cachée est le nouveau grand film de Terence Malick résolument inspiré à nous conter sa tragédie avec un sens sensitif immersif. Tant auprès de sa lumière naturelle sublimant sa nature autrichienne, sa mise en scène épurée abusant de zooms auprès des visages, que de sa caméra expérimentale souvent filmée à l'épaule afin de nous rapprocher des états d'âme des personnages en proie à la dictature du 3è Reich. D'un onirisme à la fois incandescent, flegme et apaisant afin de contraster avec la nature belliqueuse de l'homme impliqué dans une guerre à échelle mondiale, Une Vie Cachée envoûte les sens dans une libre plénitude. Tant auprès du rapport spirituel avec sa contrée montagneuse sauvage que des réflexions existentielles du couple d'une sagesse capiteuse quant à leur idée du bonheur et de la simplicité. A la fois beau à en pleurer et triste à en mourir, Une Vie Cachée nous fait donc partager la quotidienneté de Franz et Franziska Jägerstätter en plein coeur de leur bourgade reculée.


De paisibles métayers labourant leurs champs dans une harmonie amoureuse en dépit des voix davantage discordantes de leur voisinage réfutant la félonie d'après une opinion anticonformiste.  Terence Malick radiographiant dans un premier temps les sentiments fusionnels du couple avec énormément de pudeur eu égard de leur éthique fondée sur l'amour (conjugal et filial), la tolérance, le respect d'autrui et la foi religieuse. Mais alors que Franz refuse de voter contre l'Anschluss (l'unification entre la population allemande et autrichienne), il est appelé à combattre auprès des nazis. Fermement convaincu de l'idéologie arbitraire d'Hitler et de ses sbires, il refuse de combattre à leurs côtés et se retrouve emprisonné avant d'y être jugé. Alors que la dictature de la pensée refait des siennes au sein de notre quotidien depuis quelques années déjà, Une Vie Cachée aborde ce thème alarmiste du point de vue atrabilaire de villageois pointant du doigt la posture si entêtée de Franz, seul contre tous à s'opposer au dessein funeste du 3è reich engagé dans le génocide qu'on lui connait. Tout le récit latent s'articulant autour des pensées et réflexions intimes de Franz et Franziska séparés malgré eux mais d'une fidélité hors-pair lorsqu'il s'agit de respecter le choix moral d'un homme près à se sacrifier pour sa propre dignité et celle de sa liberté.


D'une fulgurance formelle ensorcelante au sein d'un jardin d'éden naturaliste, Une Vie Cachée s'érige en magnifique poème spirituel du point de vue d'un objecteur de conscience délibéré à se soulever contre une autorité sournoise militant pour le chaos. Un hymne à la vie d'une infinie tristesse mais porteur d'espoir, de rédemption et d'optimisme. 

*Bruno

Récompenses:
Festival de Cannes 2019 :
Prix du jury œcuménique8
Prix François-Chalais

jeudi 5 mars 2020

Hors Normes

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Olivier Nakache et Éric Toledano. 2019. France. 1h54. Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Bryan Mialoundama, Hélène Vincent, Alban Ivanov, Benjamin Lesieur.

Sortie salles France: 23 Octobre 2019

FILMOGRAPHIE: Éric Toledano est un réalisateur, scénariste et dialoguiste français né le 3 juillet 1971 à Paris. Il travaille en binôme avec Olivier Nakache à la fois pour l'écriture et la réalisation.  Olivier Nakache est un réalisateur, scénariste et dialoguiste français né le 15 avril 1973 à Suresnes. Il travaille souvent en coréalisation avec Éric Toledano. Il est le frère de l'actrice et réalisatrice Géraldine Nakache. 2005 : Je préfère qu'on reste amis... 2006 : Nos jours heureux. 2009 : Tellement proches. 2011: Intouchables. 2014 : Samba. 2017 : Le Sens de la fête. 2019: Hors Normes.


"Entre déférence et indifférence, à toi de faire la différence."
Réalisé par le duo prodige Éric Toledano / Olivier Nakache (Intouchables, Samba, Le Sens de la Fête); Hors Normes est une poignante comédie sociale militant pour la cause des autistes par le biais d'éducateurs franc-tireurs débordant d'audaces, de volonté et d'humanisme à travers leur persuasion de les insérer au sein de notre société aussi bien drastique que bien pensante. Tourné avec de véritables autistes afin de renforcer son réalisme documenté et pour éviter un racolage sentimental que le métrage élude admirablement, Hors Normes sonne juste à travers son manifeste pour la tolérance et le droit à la différence que Vincent Cassel et Reda Kateb prodiguent avec une spontanéité intarissable. Pour autant, faute d'un rythme inégal et d'une combinaison pas si fructueuse d'humour et de gravité, Hors Normes demeure perfectible à nous passionner pour l'évolution morale de 2 de ces autistes que leurs éducateurs (d'une patience à couper au rasoir) tentent d'enseigner durant leur parcours social ou professionnel.


Qui plus est, faute d'un climat parfois austère et d'un manque d'émotions à travers le jeu improvisé des autistes, Hors Normes ne parvient pas tant à provoquer l'émotion escomptée. Quoiqu'il en soit, de par l'implication expansive des comédiens (tant connus que méconnus) et l'intelligence de sa mise en scène épurée dénuée d'artifice, Hors Normes reste de toute évidence un film salutaire puisque porteur d'espoir quant à la condition d'exclusion de ses autistes en proie à l'éveil d'indépendance (aussi encadrés soient-ils par leurs mentors). Qui plus est, renforcé d'un émouvant final en état de grâce (notamment auprès des corps en mouvement chorégraphiant leur danse lyrique !) et d'un score entêtant terriblement envoûtant (que l'on entend à 3 reprises en intermittence), Hors Normes nous laisse sur une intense émotion d'optimisme quant au portrait intègre de ces handicapés jouant leur propre rôle avec une candeur et une liberté de ton davantage poignantes. A découvrir et à revoir afin de mieux s'adapter à leur univers feutré.

*Bruno

Box-Office: 2 100 857 entrées

Récompenses:
Festival international du film de Saint-Sébastien 2019 : Prix du public
Label « Club 300 aime » - meilleure note remportée au Club 300 :
César des lycéens 2020

mercredi 4 mars 2020

Le cas Richard Jewell. AFI Awards 2019: Film de l'année

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Richard Jewell" de Clint Eastwood. 2019. U.S.A. 2h11. Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates, Jon Hamm, Olivia Wilde, Ian Gomez, Wayne Duvall.

Sortie salles France: 19 Février 2020.

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2019: Le cas Richard Jewell.


Inspiré de l'histoire vraie de l'agent de sécurité Richard Jewell considéré comme un héros après avoir déjoué un attentat lors des Jeux olympiques d'été de 1996, mais rapidement suspecté d'en être l'instigateur, Le cas Richard Jewell reconstitue avec minutie cette improbable mascarade négociée entre le FBI et une journaliste de The Atlanta Journal-Constitution. Si Clint Eastwood n'en finit plus de nous surprendre de par son âge avancé et ses passionnants projets, le Cas Richard Jewell prouve à nouveau qu'il perdure son mordant pour y fustiger les rouages d'une société paranoïde victime d'un cas de figure autrefois similaire (l'attentat des jeux olympiques de 1984 fut perpétré par un agent de sécurité), de faux témoignages auprès de riverains sans scrupule, des médias à sensations et d'une police judiciaire redoutablement sournoise lorsqu'il s'agit d'y manipuler (sans une once de preuve !) leur coupable(/victime) facilement influençable de par sa mentalité intègre. Paul Walter Hauser se fondant dans le corps placide de Jewell à l'aide d'une expression candide tour à tour empathique et irritante de par sa naïveté à se laisser berner par cet entourage impérieux. Ce dernier ayant toujours rêvé de porter l'uniforme, il porte donc sa plus haute estime au corps policier au grand dam de sa condition de culpabilité.


Nombre de scènes caustiques nous provoquant colère et dégoût à travers ses moments d'intimidation de par les chantages odieusement planifiées d'un dirigeant à côté de sa plaque. Jon Hamm s'avérant exemplaire de charisme impassible dans sa froide certitude d'y avoir profiler un coupable en manque de notoriété, selon son instinct et certains témoignages probants ! Mais pour revenir au jeu sobrement innocent de Hauser, acteur méconnu ressemblant comme 2 gouttes d'eau au véritable Jewell, Clint Eastwood y autopsie sa profonde loyauté à travers son nouveau quotidien (pour ne pas dire descente aux enfers morale) persécuté par la police et les feux de projecteurs. Et ce parmi le témoignage de sa mère démunie que campe avec intensité dramatique Kathy Bates dans une posture davantage éplorée, et de la tendre amitié que lui réplique l'infaillible Sam Rockwell en avocat d'une force d'expression tranquille. Ces derniers se soutenant mutuellement avec autant de persuasion que de désespoir quant aux stratégies et filatures licencieuses du FBI délibéré à mettre sous les verrous leur principal suspect. Autant dire que cette farce ubuesque nous provoque un aigre sentiment de gâchis (le vrai terroriste court toujours si bien qu'il sera appréhendé 6 ans plus tard !) et d'injustice quant à la dignité du héros amiteux mis au pilori du jour au lendemain par les médias et la police en concertation de gloire et de reconnaissance. Quand bien même la notion de héros s'y verra discréditée auprès du prochain quidam qui osera entreprendre pareille bravoure au péril de son éventuelle suspicion.

*Bruno


Récompenses:
National Board of Review Awards 2019
Meilleure actrice dans un second rôle pour Kathy Bates
Meilleur espoir pour Paul Walter Hauser
Top 10 films
AFI Awards 2019 : Film de l'année

mardi 3 mars 2020

La Créature du Marais

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefusion.wordpress.com

"Swamp Thing" de Wes Craven. 1982. U.S.A. 1h31. Avec Louis Jourdan, Adrienne Barbeau, Ray Wise, David Hess, Nicholas Worth, Don Knight, Al Ruban.

Sortie salles France: 30 Juillet 1982

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Ereinté par la critique à sa sortie et considéré comme l'un des plus mauvais films de Craven, La Créature du Marais ne méritait pas tant de discrédit selon mon jugement de valeur. Car à la revoyure, et à condition de l'aborder au second degré, ce nanard bonnard dégage aujourd'hui un charme désuet plutôt irrésistible pour qui raffole des monstres caoutchouteux redresseurs de tort. D'ailleurs, tant décrié par les critiques, l'homme qui se tapi dans sa combinaison de latex ne s'avère pas si ridicule que cela, dans la mesure où l'on parvient facilement à s'attacher à sa condition miséreuse à travers ses expressions aussi candides que gentiment maladroites. Le rythme cinétique ne nous offrant que peu de répit à travers ses moults actions belliqueuses qu'enchaîne un escadron de militaires contre la créature traquée tous azimuts. Ainsi donc, tiré du célèbre comic Swamp Thing de Len Wein et Bernie Wrightson édité pour le première fois en 1971, La Créature du Marais joue la carte du cartoon ludique avec une attachante modestie eu égard des moyens low-cost employés pour donner chair à sa scénographie végétative.


Tant auprès du monstre mastard d'une force physique disproportionnée et d'une naïveté expressive émaillée de tendresse (son rapport amiteux avec un jeune afro avant de nous refaire le coup d'une variation de "la belle et la bête" parmi sa protégée Alice Cable qu'endosse Adrienne Barbeau), des seconds-rôles bellicistes forçant le trait du stéréotype avec un sérieux parfois hilarant (mention spéciale à David Heiss en militaire stoïque jamais avare d'y boire la tasse !) que d'autres créatures difformes qui interfèrent lors du final homérique (l'adjoint Bruno transformé en nabot, puis enfin le combat entre Alec et Arcane - épée à la main - dans les marais de l'enfer). L'intrigue linéaire arborant donc une chasse au monstre que des mercenaires aguerris affrontent dans les marais sous la mainmise du Dr Arcane. Ce dernier s'étant juré de s'approprier la formule du Dr Alec (une cellule végétale conçue à la base pour éradiquer la famine) afin de dominer le monde. Jamais ennuyeux car franchement distrayant de par son rythme alerte, La Créature du Marais s'avère donc truffé de situations impayables et d'action bon enfant sous l'impulsion de comédiens se prêtant au jeu de l'exubérance avec une spontanéité cocasse. Qui plus est, renforcé du score semi-horrifique d'Harry Manfredini (on croirait par moments sortir de l'ombre l'homme à la machette: Jason Voorhees !), la Créature du Marais se permet d'y injecter quelques scènes gores un tantinet cruelles de manière à renforcer son attrait autonome (pour ne pas dire franc-tireur).


Série B aussi mièvre que simpliste dans sa tentative avortée d'inscrire sur pellicule une BD réputée culte, La Créature du Marais s'avère pour autant plein de charme, de fantaisie, de tendresse et de cocasserie à travers sa naïve faculté de nous dépayser sous l'impulsion d'une action en roue libre aussi festive que décérébrée.  

*Bruno
3èx

lundi 2 mars 2020

Cold prey 2

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Fritt Vilt II"de Mats Stenberg. 2008. Norvège. 1h26. Avec Ingrid Bolsø Berdal, Marthe Snorresdotter Rovik, Kim Wilafdt, Fridtjov Såheim.

Sortie France (uniquement Dvd/BR): 5 avril 2010. Sortie Salles, Norvège: 10 Octobre 2008

FILMOGRAPHIE: Mats Stenberg est un réalisateur norvégien. 2008: Cold Prey 2.


Si le norvégien Roar Uthaug a cédé sa place à Mats Stenberg, ce dernier est parvenu avec efficacité à réaliser une sympathique séquelle en se référant au schéma narratif d'Halloween 2. L'action réfrigérante ayant été délocalisée dans un huis-clos hospitalier auquel l'héroïne (du 1er opus) tentera d'y survivre avec l'appui de quelques rescapés. Gore et violent à travers un réalisme sans concession, Cold Prey 2 divertit honorablement (à défaut de terrifier) en dépit de situations archi convenues, symptomatiques du psycho-killer standard. Relançant l'action sanglante avec l'intervention de la police lors du second acte, Cold Prey 2 rebondit à nouveau lors de son final épique que se disputent l'héroïne pugnace et le tueur increvable confinés dans l'hôtel poussiéreux. Outre certaines facilités et clichés grossiers quant à la posture empotée de certains protagonistes, Cold Prey 2 fait toutefois preuve d'un entrain autrement convaincant quant aux ultimes survivants (surtout les femmes !) redoublant de bravoure et d'audaces afin de nuire au tueur.


Ci-joint l'article du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.fr/…/12/cold-prey-fritt-vilt.html

*Bruno
2èx

samedi 29 février 2020

Wind Chill

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gregory Jacobs. 2007. U.S.A/Angleterre. 1h31. Avec Emily Blunt, Ashton Holmes, Chelan Simmons, Martin Donovan, Ned Bellamy.

Sortie uniquement en Dvd en France: 30 Janvier 2008. U.S: 27 Avril 2007

FILMOGRAPHIEGregoy Jacobs est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2020: Untitled Tom Papa comedy special (Téléfilm). 2015: Magic Mike XXL. 2007: Wind Chill. 2004:  Criminal.


Un pur film d'ambiance méprisé et oublié. 
Limogé de nos salles obscures dans nos contrées alors qu'Outre-Atlantique il se voit réduit à une sortie limitée, Wind Chill débarque sous support Dvd neuf mois après sa sortie timorée. Nos distributeurs français ayant été probablement frileux de son potentiel commercial eu égard de son rythme faiblard et de son absence de gore ne misant donc que sur son ambiance horrifique particulièrement réfrigérante. Mais c'est justement à travers cette atmosphère d'étrangeté sous-jacente, ce sentiment d'insécurité palpable que Wind Child parvient à captiver pour s'extirper du produit lambda sous l'impulsion d'un attachant duo d'acteurs d'un humanisme à la fois sobrement fébrile et désemparé. La charmante Emily Blunt, douce, caractérielle, déterminée mais aussi chétive, et Ashton Holmes, dragueur empoté mais dévoué, se partageant la réplique avec une belle conviction, et ce jusqu'à l'émergence d'une brutale intensité dramatique. Si bien que l'on se familiarise dès le départ à leurs scènes de ménage qu'il se provoquent en huis-clos. A savoir, se renvoyer la faute de l'accident au moment même où celle-ci suspecte son chauffeur d'avoir pris un raccourci pour l'enjeu d'un plan cul.


Wind Child nous narrant à l'aide d'une économie de moyens la nuit de cauchemar de ce couple confiné dans l'habitacle de leur véhicule à la suite d'un accident avec un étrange chauffard. Filmé entièrement de nuit dès que ceux-ci se retrouvent perdus au coeur d'un sentier bucolique enneigé, Wind Child invoque une immersion constante en y provoquant en intermittence un surnaturel à la fois interlope et feutré, de par la présence d'ectoplasmes déambulant à proximité d'un cimetière. Et si l'intrigue bizarroïde (son argument surnaturel récursif), bâclée (les motivations expéditives des prêtres d'un étonnant charisme ténébreux !) et inachevée (un shérif serial-killer s'en prend aux touristes du coin en provoquant des accidents routiers) nous fait songer à un épisode grandeur nature de la 4è Dimension, notamment dans son parti-pris d'y télescoper réalité et cauchemar, elle ne manque pas de nous envoûter avec un humanisme empathique (renforcé du jeu mélancolique d'Emily Blunt). Ajoutez enfin à ce cruel enjeu de survie un sentiment d'isolement et d'inconfort tangibles, tant auprès du décorum forestier (qui plus est fouetté d'un blizzard !) que de la menace invisible rodant aux alentours. Quand bien même quelques fantômes s'y matérialisent pour se railler de leurs proies au gré d'hallucinations (et ce en dépit de 2 effets numériques plutôt foirés).


Purement atmosphérique dans un format scope joliment photographié de teintes désaturées, Wind Child mérite franchement le détour pour qui raffole les (purs) films d'ambiance. Et ce dans le cadre intègre de la série B intimiste adepte de la suggestion et de l'angoisse étouffée (au grand dam d'une narration inachevée). Une tentative ratée certes, pour autant magnétique, un brin mélancolique (quel joli score élégiaque !), attachante et sincère. A découvrir.  

*Bruno
2èx

vendredi 28 février 2020

Urban Legend

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jamie Blanks. 1999. U.S.A. 1h39. Avec Jared Leto, Alicia Witt, Rebecca Gayheart, Tara Reid, Michael Rosenbaum, Loretta Devine

Sortie salles France: 17 Mars 1999

FILMOGRAPHIE: Jamie Blanks est un réalisateur et compositeur australien. 1998 : Urban Legend
2000 : Mortelle Saint-Valentin. 2007 : Storm Warning ou Insane. 2009 : Long Weekend. 2010 : Needle.


On ne va pas se leurrer ! Si vous abordez Urban Legend au 1er degré, il s'agit d'un produit de consommation standard surfant sur la vague Scream et Souviens toi l'été dernier à travers son florilège de clichés pachydermiques et de persos stéréotypés s'auto-parodiant. Cette série B modestement emballée (bien que son montage laisse à désirer - ce qui renforce aujourd'hui son charme désuet -) s'avère donc parfaitement dispensable, pour ne pas dire inutile (comme le soulignaient les critiques de l'époque). Pour autant, si vous êtes aptes à prendre le recul du second degré afin de le visionner tel un plaisir coupable, Urban Legend s'avère à la fois bonnard et franchement ludique. Tant auprès de son rythme cinétique fertile en mises à mort cruelles (le prélude s'avère d'ailleurs savoureux dans sa stratégie meurtrière en trompe l'oeil, même si téléphonée !), de son orchestration musicale éminemment stridente et de ses protagonistes juvéniles tentant de fuir le tueur avec une maladresse souvent (involontairement) hilarante. Tant et si bien que chaque comédien adopte leur rôle sobrement probablement afin de concurrencer la nouvelle référence des années 90 ayant revitaliser le sous-genre, Scream de Craven.


D'ailleurs, et pour parachever dans le délire folingue, on s'émoustille en sus des expressions désaxées du fameux tueur à capuche se raillant de ses ultimes victimes lors d'un final trinaire digne d'un cartoon de Tex Avery. Ainsi, Jamie Blanks parvient donc à jongler avec les clichés du psycho-killer avec une efficacité sarcastique (notamment auprès des postures décomplexées des ados), de par son (involontaire) dérision irriguant chaque situation de stress ou de terreur. Les meurtres inspirés de légendes urbaines intervenant comme de coutume tous les quarts d'heure entre 2 jumps-scare infructueux (avouons le !). Quand bien même ses fameuses allusions aux faux coupables nous divertissent tout autant dans leur volonté dérisoire de nous faire croire qu'un tel ou un tel demeure le véritable meurtrier. Quant à l'issue du dénouement grotesque, il s'avère tant capillotracté que l'on ri une ultime fois de bonne grâce face à ces argument éculés. Les infaillibles de psycho-killer connaissant tant les ficelles qu'il ne parviendront pas à retenir leur sérieux face aux mobiles de l'assassin en proie à une vendetta psychotique tirée par le chignon. Et je ne vous raconte pas l'intarissable cliffhanger de dernier ressort faisant office de pittoresque clin d'oeil afin de laisser le spectateur sur un sentiment de stupeur "bon enfant" !


Hommage semi-parodique aux psycho-killers des années 80; Urban Legend s'avère franchement ludique et facétieux à travers son pot-pourri de références horrifiques que le puriste s'amuse à comptabiliser avec un plaisir (coupable) de cinéphile. A moins de le rejeter en bloc et préférer revoir une 10è fois le parangon du genre: Halloween de Carpenter ! A vous de choisir votre camp et d'opérer le bon choix ^^

*Bruno
2èx

jeudi 27 février 2020

Les Valeurs de la Famille Addams

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Addams Family Values" de Barry Sonnenfeld. 1993. U.S.A. 1h34. Avec Anjelica Huston, Raúl Juliá, Christopher Lloyd, Christina Ricci, Jimmy Workman, Carol Kane, Joan Cusack.

Sortie salles France: 22 Décembre 1993

FILMOGRAPHIEBarry Sonnenfeld est un réalisateur, acteur, producteur et directeur de la photographie américain né le 1er avril 1953 à New York (États-Unis). 1991 : La Famille Addams. 1993 : Les Valeurs de la famille Addams. 1993 : Le Concierge du Bradbury. 1995 : Get Shorty. 1997 : Men in Black. 1999 : Wild Wild West. 2002 : Big trouble. 2002 : Men in Black 2. 2006 : Camping Car. 2012 : Men in Black 3. 2016 : Ma vie de chat.


Si Barry Sonnenfeld a déçu nombre de fans avec son 1er long La Famille Adams, sa séquelle réalisée 2 ans plus tard contredit à point nommé la formulation de la "suite ratée" de par son inventivité en roue libre et l'extravagance des acteurs s'en donnant à coeur joie dans les provocations macabres. Car véritable pied de nez au politiquement correct et à Walt Disney, tout en rendant un hommage caustique au génocide indien (l'anthologique pièce de théâtre face aux parents déconfits !), les Valeurs de la Famille Adams s'avère terriblement généreux à travers sa profusion de gags insolents qu'enchaînent chaque membre de la famille Addams avec sérieux inébranlable. Mention spéciale à Christina Ricci dans le rôle impassible de Mercredi délibérée à dynamiter les convenances au sein d'un camp de vacances dirigé par 2 moniteurs aussi benêts qu'ultra conservateurs.


L'intrigue oscillant les tribulations de Mercredi et de Pugsley tentant de s'adapter auprès d'une communauté de scouts grégaires, avec les stratégies sans vergogne de la veuve noire Debbie Jellinsky (Joan Cusack, exquise de diableries perverses en duchesse pimpante !) ayant tissé sa toile dans le coeur de Fétide. S'ensuit donc à rythme métronome une avalanche de gags gouailleurs où les coups les plus cyniques et les plus couards s'affrontent la vedette quant aux postures soumises de Mercredi, Pugsley, Fétide et du nouveau né Puberté que Mercredi a bien du mal à tolérer en guise de filiation. Quant aux décors gothiques fréquemment crépusculaires (tant internes qu'externes), ils se prêtent à merveille aux us et coutumes des Addams baignant dans l'indépendance la plus marginale à coup d'effets spéciaux parfaitement exploités si bien qu'ils ne sombrent jamais dans l'inanité. Une récréation bougrement pétulante donc, vent de fraîcheur roboratif contre les pisse-froids bien-pensants.

*Bruno
2èx

mercredi 26 février 2020

A l'Est d'Eden. Golden Globe du Meilleur film dramatique, 1956.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Amazon.fr

"East of Eden" d'Elia Kazan. 1955. U.S.A. 1h56. Avec James Dean, Julie Harris, Raymond Massey, Richard Davalos, Burl Ives, Jo Van Fleet

Sortie salles France: 26 Octobre 1965

FILMOGRAPHIE: Elia Kazanjoglous, dit Elia Kazan est un réalisateur, metteur en scène de théâtre et écrivain américain d'origine grecque, né le 7 septembre 1909, décédé le 28 septembre 2003. 1940 : It's Up to You (documentaire). 1945 : Le Lys de Brooklyn. 1947 : Le Maître de la prairie. 1947 : Boomerang ! 1947 : Le Mur invisible. 1949 : L'Héritage de la chair. 1950 : Panique dans la rue. 1951: Un tramway nommé Désir. 1952 : Viva Zapata! 1953 : Man on a Tightrope. 1954 : Sur les quais. 1955 : À l'est d'Eden. 1956 : Baby Doll. 1957 : Un homme dans la foule. 1960 : Le Fleuve sauvage. 1961 : La Fièvre dans le sang. 1963 : America, America. 1969 : L'Arrangement. 1972 : Les Visiteurs. 1976 : Le Dernier Nabab.


“Le cinéma distille parfois une essence hermétique, et le propre de la magie, c'est qu'on ne peut l'expliquer.”
Chef-d'oeuvre d'Elia Kazan immortalisé par la présence démiurge de James Dean (alors qu'il s'agit de son 1er vrai rôle à l'écran !), A l'Est d'Eden perdure son pouvoir de fascination de par sa puissance dramatique littéralement épurée. Tant auprès du jeu des acteurs bouleversants d'humanité candide que de la mise en scène alambiquée de l'auteur se chargeant de poétiser une douloureuse rivalité familiale parmi la fulgurance de superbes éclairages et d'un rutilant technicolor. Nombre d'images faisant office de tableau pictural ou de jardin d'Eden à travers sa nature florissante, et ce sans se prêter au jeu d'une gratuité infructueuse. Les acteurs et les décors (naturels ou domestiques) se confondant dans le cadre avec une aisance alchimique irréelle (notamment pour rendre compte des états d'âmes des protagonistes sur l'instant présent). Prenant donc pour thème la famille dysfonctionnelle d'après le divorce d'un couple ayant rompu toute communication, A l'Est d'Eden retrace l'introspection morale du jeune Cal s'efforçant de retrouver sa mère au moment d'attirer l'attention de son père en guise d'amour et de considération. Ce dernier étant beaucoup plus sensible à la réussite de son fils Aaron qui plus est entouré d'une fiancée aussi compréhensive que vertueuse. Toute l'intrigue se focalisant sur le parcours épineux de Cal partagé entre sa quête maternelle, son mal être existentiel (davantage ingérable) et son désir de rédemption dans sa condition aussi maudite qu'infortunée. Son entourage ne cessant de discréditer sa farouche solitude faute de sa nature aussi taciturne que frondeuse.


Electrisant l'écran à chacune de ses constantes apparitions, James Dean possède cette rare sensualité d'y charmer son public grâce à sa présence naturelle d'une confondante discrétion. Terriblement chétif, un tantinet timoré, indécis, hésitant et souvent empoté lors de ses manifestations désespérées à gagner la confiance de son père, James Dean émeut sans fard au gré d'une expression sentencieuse inscrite dans une simplicité somme toute naturelle. Quand bien même Julie Harris lui partage la réplique avec une noble humanité à fleur de peau à travers sa sollicitude davantage grandissante de soutenir son beau-frère peu à peu épris de sentiments pour elle. Ce triangle amoureux que se disputent Cal, Aaron et Abra, Elian Kazan le retranscrit avec autant d'élégance que de simplicité épurée. De par la douceur de sa mélodie classique caressant chaque image et la sincérité des sentiments qu'extériorisent chaque acteur à travers leur charisme saillant. Car il faut bien souligner qu'A l'Est d'Eden transpire la magie du cinéma de par ses rutilantes couleurs qu'on ne retrouve plus sur écran de nos jours, le charme de ses acteurs touchés par une indicible grâce, la puissance de son histoire universelle (les rapports conflictuels entre enfants et parents et la jalousie que peut générer la fratrie) et l'intégrité du réalisateur caractérisant ses personnages à la fois meurtris et torturés avec une fine attention psychologique. L'intérêt du fil narratif résidant dans la progression morale de Cal, jeune ado pétri de belles valeurs mais incessamment incompris auprès d'un patriarche influent, égoïste, orgueilleux et rigoriste, et qui lors d'un concours de circonstances dramatiques tentera de se réconcilier auprès de lui mais aussi de son frère. Les rôles fraternels ayant été inversés en cours de route pour un enjeu conjugal.


Foncez donc revoir A l'Est d'Eden à l'infini car les chefs-d'oeuvre de ce calibre rétro sont éternels, comme l'exacerbe à chaque battement de cil l'éphèbe James Dean nous chavirant le coeur avec son désarmant naturel. 

*Bruno
3èx

Récompenses:
Golden Globe, Meilleur film Dramatique, 1956.
Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Jo Van Fleet lors de la 28e cérémonie des Oscars.

mardi 25 février 2020

The Nightingale. Prix Spécial du Jury, Mostra de Venise.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jennifer Kent. 2018. Australie. 2h12. Avec Sam Claflin, Damon Herriman, Aisling Franciosi,
Charlie Shotwell, Ewen Leslie, Sam Smith.

Sortie salles Australie: 13 Octobre 2018. Italie (Mostra de Venise): 8 Septembre 2018

FILMOGRAPHIEJennifer Kent est une actrice, scénariste et réalisatrice australienne née à Brisbane en Australie. 2005 : Monstre (court métrage). 2014 : Mister Babadook. 2018 : The Nightingale.


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi est de ne pas lui ressembler"
Pour son second long métrage, Jennifer Kent nous prouve que Mister Badadook n'était pas un accident, tant et si bien qu'avec The Nightingale elle s'avère autrement ambitieuse à transcender le sous-genre du Rape and Revenge avec une maturité insoupçonnée. Car les quelques séquences chocs qui émaillent l'intrigue ont beau flirter avec l'insoutenable (viols en réunion, bébé et enfant assassinés face caméra, exaction sordide auprès d'un violeur, ad nauseam), Jennifer Kent s'extirpe de la complaisance de par son parti-pris d'y exprimer un réalisme cru afin de mieux dénoncer les conséquences du châtiment punitif. Notamment eu égard de la victime éplorée s'efforçant de traquer ses tortionnaires avec une appréhension et un désarroi davantage prégnants. Aisling Franciosi portant le film à bout de bras avec une force d'expression à la fois fébrile et chétive au fil de son périple sévèrement hostile (la guerre éclatant tous azimuts lors de ses pérégrinations). Dénuée de fard et impeccablement dirigée, celle-ci parvient à susciter une bouleversante empathie lors de son périple meurtrier beaucoup plus imprévisible que prévu si je me réfère à sa remise en question sentencieuse. Et c'est bien là la grande force de The Nightingale lorsque la victime blasée de ses actes crapuleux décide à mi-parcours de rebrousser chemin pour s'obscurcir dans la nuit.


Outre l'impact émotionnel que l'actrice suscite à travers son tempérament bipolaire, Baykali Ganambarr lui partage la vedette avec une émotion souvent contenue de par sa virilité primitive et les cruelles épreuves de son passé comparables au vécu de sa partenaire Clare. A eux deux, ils forment un tandem névralgique inusité de par leur différence de culture et leur fragilité humaine teintée d'amour, de rédemption mais aussi d'amertume. De par leur appui commun à unir leurs forces pour l'enjeu d'une auto-justice, c'est également l'occasion pour la réalisatrice de nous transfigurer une magnifique histoire d'amitié et de tolérance que le couple infortuné uniformise dans leur condition d'exclusion. Quant au rôle du "méchant", ou plus précisément de l'engeance, c'est bien connu: "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film !". Cette tagline empruntée à Hitchock ne déroge donc pas à la règle si bien que l'acteur Sam Claflin immortalise de son empreinte délétère le rôle d'un officier sans vergogne se vautrant dans le viol et le meurtre avec une impassibilité exécrable. Et ce en dépit de son physique bellâtre imprimé d'orgueil impérieux et de condescendance. On peut d'ailleurs noter qu'à travers la haine qu'il nous attise nous attendions impatiemment sa déroute promise, et ce avant de nous remettre sur le droit chemin de la morale, faute des exactions putassières de Clare subitement consciente de s'être adonnée à une ultra-violence préjudiciable. 


Récit initiatique à la sagesse et à la rédemption sous couvert d'une intelligente réflexion sur la perte de l'innocence, manifeste anti-raciste quant à la condition soumise des aborigènes victimes de la purge coloniale des britanniques en 1825, The Nightingale constitue une éprouvante descente aux enfers que Jennifer Kent inscrit sur pellicule de sa personnalité frondeuse. Dénué de partition musicale et tourné en 1.37 à travers une fastueuse flore naturelle, celle-ci honore le drame naturaliste sous couvert d'un Rape and Revenge âpre et tendu mais onirique (tant crépusculaire que limpide) et profondément humaniste quant à la valeur de son intensité dramatique. 

Dédicace à Cid Orlandu

*Bruno

Récompenses:
Mostra de Venise 2018 :
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir pour Baykali Ganambarr
Prix spécial du jury pour Jennifer Kent