mercredi 30 septembre 2020

And now the screaming starts !

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roy Ward Barker. 1973. Angleterre. 1h31. Avec Peter Cushing, Herbert Lom, Patrick Magee, Stephanie Beacham, Ian Ogilvy. 

Sortie salles France: ?. Angleterre: 27 Avril 1973

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1967: Les Monstres de l'Espace. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts.

Produit pas la Amicus, concurrente anglaise de la Hammer Films, And now the screaming starts ! empreinte la voie de l'épouvante gothique à l'orée des années 70. Décors naturels et domestiques de toute beauté quant à sa forme aussi gracieuse qu'étrange (notamment auprès de cette fameuse petite nécropole clôturée d'un enclos). Et s'il n'arrive jamais à la cheville des plus beaux spécimens de l'écurie Hammer,  faute d'une première partie au suspense timoré de par l'attrait routinier des déambulations de l'héroïne partagée entre hallucinations, cauchemars nocturnes et évènements bien réels, sa seconde moitié décolle enfin pour ne plus lâcher l'attention du spectateur. Et ce depuis la révélation d'un rebondissement d'une belle intensité dramatique eu égard du sort Spoil ! d'un couple de métayers pris à parti avec l'impériosité du Lord Henry Fengriffen des décennies plus tôt fin du Spoil. Ainsi, en abordant les thèmes de la machination surnaturelle tributaire de vendetta, And now the screaming starts ! s'extirpe du divertissement lambda, notamment auprès du jeu dépouillé des comédiens physiquement distingués. Stephanie Beacham portant le récit à bout de bras à travers sa fragilité toujours plus démunie d'y être une victime toute désignée. 

Son désarroi progressif insufflant une dramaturgie factuelle quant à la cruauté de son dénouement escarpé. Ainsi, c'est à partir de l'intervention de Peter Cushing en psychiatre renommé (témoin oculaire de la déchéance morale du couple) que l'intrigue lève enfin le voile sur sa fameuse énigme de revenant manchot tout en développant les postures interlopes ou chétives des personnages sévèrement malmenés par une main baladeuse. C'est d'ailleurs le reproche que l'on pourrait opérer lors de sa première partie lorsque cette dernière ne cesse d'y harceler la jeune Catherine parmi le témoignage d'un bûcheron patibulaire (affublé d'une tache de vin sur le visage). Le spectateur perplexe se questionnant fréquemment sur l'intérêt majeur de cette fumeuse histoire de main coupée s'en prenant au jeune couple Fengriffen. Mais comme précisé plus haut, tout rentrera dans l'ordre de manière résolument explicative quant aux motivations de la main baladeuse moins délétère (si j'ose dire) qu'elle n'y parait. Le récit accordant finalement pas mal d'intérêt aux tenants et aboutissants d'une victime précaire au destin galvaudé (le flash-back insidieux s'avérant le moment le plus dur et oppressant du film sous l'impulsion d'un Herbert Lom horripilant). 

Perfectible assurément de par l'agencement de son intrigue répétitive lors du 1er acte, And now the screaming starts ! ne déploie que l'étendue de son modeste talent lors de sa deuxième moitié beaucoup plus captivante et haletante quant à l'oppression dramatique de ses funestes projets. Efficace, un chouilla angoissant (quelques visions d'effroi) et beaucoup plus magnétique au fil d'un rythme autrement intrépide, le divertissement gothique parvient donc in extremis à se racheter une conduite lors de sa vendetta d'outre-tombe ouvertement détaillée. A découvrir (même si on a connu Roy Ward Barker plus inspiré). 

*Bruno
2èx

mardi 29 septembre 2020

Flic ou Zombie

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinememorial.com

"Dead Heat" de Mark Goldblatt. 1988. U.S.A. 1h25. Avec Treat Williams, Joe Piscopo, Lindsay Frost, Darren McGavin, Vincent Price. 

Sortie salles France: 29 Juin 1988

FILMOGRAPHIEMark Goldblatt est un monteur et réalisateur américain. 1988 : Flic ou Zombie. 1989 : Punisher. 1992 : Marshall et Simon (serie TV). 


Ils n'ont que 12 heures pour remplir leur mission morbide ! 
Planquez vos miches, ça va grave flinguer dans les quartiers de viande ! 

Aussi modeste soit ce pur divertissement du Samedi soir; Flic ou Zombie fait probablement parti des meilleures séries B horrifiques des années 80 de par l'habileté de Mark Goldblatt à éluder à tous prix le ridicule à travers son thème casse-gueule. Car traiter du mythe du zombie sous le mode de la comédie à la fois cocasse et sardonique est une gageure que peu de cinéastes sont parvenus à relever (Ré-animator, Le Retour des Morts-Vivants, Brain Dead, Bad Taste pour citer les plus notoires). Le pitch nous illustrant l'investigation d'un duo de flics aux méthodes musclées depuis une série de hold-up perpétrés par des malfrats increvables. Ainsi, au fil de leur enquête, ils découvrent qu'une machine inventée par un milliardaire parvient à réanimer les morts 12 heures durant. Qui plus est, pour épicer l'intrigue d'une certaine tension dramatique, le duo zombifié n'a que 12 heures pour retrouver le ou les responsables de cette diabolique invention. L'un d'eux s'allouant d'ailleurs d'une putréfaction physique dégénérative du fait de son sacrifice instauré lors de la 1ère partie à l'aide de maquillages artisanaux plutôt réussis. 

C'est également un des points positifs de Flic ou Zombie que de nous esbaudir face au réalisme de ses FX à l'ancienne (à 1 ou 2 plans foirés près). Par conséquent, à la revoyure quelque décennies plus tard, on est aussi surpris de constater l'incroyable énergie que dégage son action pétaradante sous l'impulsion de gun-fight en roue libre ! Les impacts de balle produisant sur les chairs déchiquetées de généreuses  éclaboussures de sang ! Et à ce niveau de jubilation Mark Goldblatt s'en donne à coeur joie d'y émailler son fulgurant récit de séquences d'action terriblement nerveuses si bien que le complexe en est toujours banni. Ajouter à cette aventure folingue modestement simpliste mais toujours efficace la complémentarité enjouée (pour ne pas dire la "cool attitude") de Treat Williams / Joe Piscopo endossant avec ferveur et charisme (naturellement) séducteur un duo de flics teigneux dans leur condition putrescente. Sans compter la présence iconique de Monsieur Vincent Price en personne dans celui du milliardaire cupide dénué de vergogne ! Un peu dommageable toutefois que l'acteur sclérosé par son âge avancé soit aussi apathique à travers son jeu condescendant.  

Totalement dénué de prétention et nerveusement emballé (on reste scotché et fasciné par ses scènes d'action ultra violentes, à l'instar du carnage liminaire !), Flic ou Zombie demeure un divertissement bonnard qui donne la pêche et le sourire 1h20 durant ! 

*Bruno
2èx

lundi 28 septembre 2020

La Loi de la Haine

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com 

"The Last Hard Men" de Andrew V. McLaglen. 1976. U.S.A. 1h33. Avec Charlton Heston, James Coburn, Barbara Hershey, Jorge Rivero, Christopher Mitchum, Michael Parks, Larry Wilcox.

Sortie salles France: 14 Juillet 1976

FILMOGRAPHIEAndrew V. McLaglen est un réalisateur anglo-américain né à Londres le 28 juillet 1920, décédé le 30 août 2014. 1956 : Légitime Défense.1956 : Man in the Vault.1957 : The Abductors.1960 : Les Pillards de la forêt.1963 : Le Grand McLintock. 1965 : Les Prairies de l'honneur. 1966 : Rancho Bravo. 1967 : Rentrez chez vous, les singes ! 1967 : La Route de l'Ouest. 1967 : Le Ranch de l'injustice. 1968 : La Brigade du diable. 1968 : Les Feux de l'enfer. 1968 : Bandolero ! 1969 : Les Géants de l'Ouest. 1970 : Chisum. 1971 : Le Dernier Train pour Frisco. 1971 : Fools' Parade. 1971 : Rio Verde. 1973 : Les Cordes de la potence. 1975 : Liquidez l'inspecteur Mitchell. 1976 : La Loi de la haine. 1978 : Les Oies sauvages. 1979 : La Percée d'Avranches. 1980 : Les Loups de haute mer. 1980 : Le Commando de Sa Majesté. 1983 : Sahara. 1989 : Retour de la rivière Kwaï. 1991 : SAS : L'Œil de la veuve. 

En dépit d'un schéma narratif éculé dénué de surprises, La Loi de la Haine est suffisamment bien mené et interprété pour ne jamais céder à l'ennui. Les monstres sacrés Charlton Heston (le shérif) et James Coburn (le salopard) s'affrontant de manière belliqueuse si bien que la grande violence de leurs actions illégales (la loi du talion) rappelle le cinéma de Peckinpah (ralentis à l'appui). On reste d'ailleurs interloqué par le sadisme de son final oppressant quant aux sorts indécis de nos 2 rivaux toujours aussi accablés de haine et de rancoeur. Et puis quel charisme strié que ces acteurs d'antan jouant les cowboys avec une soif de colère acharnée ! Le pitch nous relatant la traque infernale du capitaine Sam Burgade contre Zach Provo après que celui-ci se soit échappé de sa geôle. Pour épicer l'intrigue et renforcer un enjeu humain, la fille du capitaine vient d'être kidnappée par Provo en guise d'appât. S'ensuit dès lors un jeu de cache cache entre eux à travers l'élaboration de pièges de fortune disséminés dans leur périmètre champêtre. Outre l'efficacité de son action sanglante étonnamment réaliste (les giclées de sang sont concises mais probantes), on reconnait le savoir-faire de l'habile artisan Andrew V. MacLaglen ayant déjà largement fait ses preuves dans le registre du western (ou encore du film de guerre). Et si La Loi de la Haine demeure tout à fait dispensable puisqu'il n'invente rien en dépit de sa forme triviale, les afficionados du genre passeront un bon moment devant ce divertissement rugueux osant exploiter une violence graphique depuis l'influence de Peckinpah.  

*Bruno

vendredi 25 septembre 2020

Le Diable, tout le temps

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Devil All The Time" de Antonio Campos. 2020. U.S.A. 2h19. Avec Tom Holland, Eliza Scanlen, Mia Wasikowska, Robert Pattinson, Sebastian Stan.

Diffusé sur Netflix le 16 Septembre 2020

FILMOGRAPHIEAntonio Campos est un producteur, scénariste et réalisateur américain d'origine brésilienne né en 1983 à New-York. 2002 : I Pandora (court). 2005 : Buy It Now (court). 2007 : The Last 15 (court). 2008 : Afterschool. 2012 : Simon Killer. 2016 : Christine. 2020 : Le Diable, tout le temps. 

           "Que l'on s'efforce d'être pleinement humain et il n'y aura plus de place pour le mal."

Film choc s'il en est, de par sa (grande) violence erratique et son climat malsain perméable où plane la présence du diable au coeur d'une bourgade champêtre faussement tranquille, le Diable, tout le temps ne nous laisse pas indemne à travers sa descente aux enfers ramifiée, dénuée de rédemption. Quasi irracontable, le récit ultra noir s'articule autour des agissements sans vergogne d'une poignée d'antagonistes habités par le vice lors d'un incessant chassé-croisé, et ce avant leur rencontre aléatoire. Le tout dépeint à travers divers époques, notamment afin de scruter l'évolution des personnages, en particulier le jeune Arvin éduqué par un père rigoriste psycho-rigide, catalyseur du destin galvaudé de son chérubin. Arvin demeurant le personnage le plus anti-manichéen dans sa position binaire de victime / coupable (et vice-versa). Ainsi donc, à travers les thèmes du faux-semblant, du traumatisme (celui de la de la guerre ou d'une enfance martyr), du fanatisme religieux (notamment auprès de l'intervention d'un prêcheur en second acte), de l'auto-justice (une purification par le sang) et de la déchéance morale de par ces exactions crapuleuses dénuées de raison et de pitié, Le Diable, tout le temps insuffle un climat méphitique aussi irrespirable que reptilien eu égard de son réalisme à biaiser la réalité des faits lors d'un concours de circonstances infortunées. 

Car derrière le vernis de la banalité se tapi parfois la plus effroyable des révélations. Les victimes, fragiles et démunies, sombrant dans le piège d'un jeu de dupe et de manipulation face à l'imposture du Mal le plus fourbe. Des personnages obsédés par l'idée de la mort, du sacrifice et de la résurrection au nom d'une cause divine ou personnelle (le couple de serial-killers perpétue la mort pour se croire libre et ainsi vaincre leur peur du trépas). Or, à travers cette série d'homicides inéquitables étalés sur des décennies, Arvin aura décidé en dernier ressort d'y perpétrer sa vengeance personnelle, faute de l'éducation catholique d'un père obscurantiste lui ayant inculqué dès son jeune âge la loi du talion de la manière la plus agressive, vicieuse et retorse. Ces personnages communément véreux ayant comme point commun de se connaître, de s'aborder ou de s'entrevoir grâce à l'influence du Mal qu'ils cultivent en eux-mêmes depuis leur enfance. Et ce derrière la réflexion d'une cause ou d'une démission parentale émanant d'une idéologie démiurge au sein d'une Amérique profonde ultra pratiquante (ils ne vivent que par Dieu pour la plupart d'entre eux). 


Messe Noire. 
De par son climat austère dénué de tendresse et de quiétude, Le diable, tout le temps pèse lourd sur notre moral pour tenter "d'affectionner" un récit aussi morbide dénué d'espoir. Tant et si bien que son final en suspens inopinément poignant laisse en mémoire le destin interrogateur d'un ange exterminateur potentiellement acquitté par une cause divine ou (inversement) châtié selon la position  (spirituelle ou athée) du spectateur. En tout état de cause, le Diable, tout le temps est à réserver à un public préparé, tant et si bien qu'il demeure délicat d'estimer un requiem aussi nihiliste sur la déchéance humaine depuis leur perte d'innocence. 

*Bruno

mercredi 23 septembre 2020

Les Lèvres Rouges

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Daughters of Darkness" de Harry Kümel. 1971. France/Belgique/Allemagne. 1h40. Avec John Karlen, Delphine Seyrig, Danielle Ouimet, Andrea Rau, Paul Esser, Georges Jamin.

Sortie salles France: 25 Novembre 1971

FILMOGRAPHIEHarry Kümel est un réalisateur belge, né le 27 Janvier 1940 à Anvers. 1963: Hendrik Conscience. 1965: De Grafbewaker. 1969: Monsieur Hawarden. 1971: Les Lèvres Rouges. 1972: Malpertuis. 1978: Het verloren paradijs. 1985: The Secrets of Love. 1986: Série Rose. 1991: Eline Vere. 


"Plus vite. Le jour arrive. Il faut le prendre de vitesse. Accélère. Ne laisse pas la lumière nous surprendre mon amour. Plus vite mon amour, mon amie. Il y a tellement de nuits à aimer. Tellement de nuits; de nuits au creux de mes mains dont jamais nous ne verrons la fin. Plus vite. Vers l'éternité."

Produit entre la France, la Belgique et l'Allemagne, Les Lèvres Rouges est une oeuvre atypique du mythe vampirique si bien que le réalisateur belge Harry Kümel y apporte sa touche personnelle avec un goût prononcé pour l'esthétisme charnel. Ainsi, le soin accordé à son imagerie lascive et à ses teintes bleutées d'une nature crépusculaire laissent en mémoire un recueil de plages fantasmagoriques à damner un saint. De là à dire qu'il s'agit d'une oeuvre culte imprégnée d'onirisme gracile, il n'y a qu'un pas. 
Le pitchUn couple de jeunes mariés louent une chambre d'hôte pour leur voyage de noces. Dans cet hôtel désert, ils font la connaissance d'un étrange couple de femmes et ne vont pas tarder à se laisser séduire. Si cette oeuvre indépendante hélas peu connu du public demeure une variante inusitée du thème vampirique, il est principalement transcendé de l'inspiration d'une réalisation expérimentale et du talent de son casting, notamment sa sublime actrice principale surgie d'un rêve irréel, Delphine Seyrig. Sur ce point, sa présence aussi épurée que charnelle et vaporeuse y est pour beaucoup afin d'y parfaire un climat envoûtant davantage pénétrant. Et ce sans que le spectateur ne s'aperçoive de son pouvoir d'attraction chimérique qu'Harry Kümel met en pratique avec un brio alchimiste (doux euphémisme !).


Pour ainsi dire, l'irremplaçable Delphine Seyrig parvient à nous ensorceler de par l'aura orale de sa voix rocailleuse et d'un regard pénétrant d'une noirceur résolument classieuse. Qui plus est, son esprit mesquin lointainement inspiré de la comtesse sanglante Elisabeth Bathory ne fait que mettre en exergue un caractère de femme discrètement chafouine, obséquieuse et désinvolte à travers son amour immodérée pour les jeunes filles prudes. Or, à partir d'un argument simpliste bâti sur son emprise de séduction et son désir d'y combler sa solitude, Les Lèvres Rouges réinvente le mythe vampirique à travers son étrangeté indéchiffrable, tant et si bien que l'on ne sait jamais quelle direction sa structure narrative va emprunter. Ainsi, en adoptant une démarche érotique explicite ou sous-jacente, ainsi que l'aspect parfois sanglant de certaines séquences stylisées (on peut d'ailleurs évoquer l'imagerie baroque de Dario Argento), Harry Kümel nous entraîne dans une forme de songe fantasmatique où amour et mort se conjuguent lors d'une éprouvante scène de ménage à 3. Notamment auprès de 2 situations chocs très impressionnantes par sa brutalité rendue ingérable. L'aspect désincarné et l'attitude indolente des protagonistes transis d'émoi renforçant l'atmosphère indicible afin de mettre en exergue le pouvoir inéluctable de cette comtesse influente.


Le vampirisme saphique à son apogée concupiscente.
A la fois terriblement poétique, charnel, sensuel, envoûtant, capiteux et parfois même épeurant auprès de sa violence fortuite, Les Lèvres Rouges demeure une authentique réussite formelle au sein d'un conte diaphane où le saphisme vampirique (quel soif d'amour irrépressible !) domine à sa guise les mâles dans un parti-pris (lestement) perfide. De par la géométrie de sa mise en scène auteurisante et le talent des interprètes (notamment la blonde québécoise Danielle Ouimet avec sa longue chevelure d'or !), les Lèvres Rouges réinvente le genre sous l'impulsion d'un onirisme crépusculaire jamais prévisible. Culte et intemporel si bien qu'il semble difficile de s'extraire de tant de poésie efféminée à l'issue du générique.

*Bruno
23.09.20.
23.09.13. (87 v)

mardi 22 septembre 2020

Flic ou Voyou. Prix Golden Screen (Allemagne) en 1980.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Geroges Lautner. 1979. France. 1h47. Avec Jean Paul Belmondo, Georges Géret, Marie Laforêt, Jean-François Balmer, Claude Brosset, Julie Jézéquel, Michel Beaune.

Sortie salles France: 28 Mars 1979

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Georges Lautner est un réalisateur et scénariste français, né le 24 Janvier 1926 à Nice, décédé le 22 Novembre 2013 à Paris. 1958: la Môme aux boutons. 1959: Marche ou crève. 1962: L'Oeil du monocle. 1963: Les Tontons flingueurs. 1963: Des Pissenlits par la racine. 1964: Le Monocle rit jaune. 1964: Les Barbouzes. 1966: Ne nous fâchons pas. 1967: Le Grande sauterelle. 1968: Le Pacha. 1969: Sur la route de Salina. 1970: Laisse aller, c'est une valse. 1971: Il était une fois un flic. 1972: Quelques messieurs trop tranquilles. 1973: La Valise. 1974: Les Seins de glace. 1975: Pas ce problème ! 1976: On aura tout vu. 1977: Mort d'un pourri. 1978: Ils sont fous ces sorciers. 1979: Flic ou voyou. 1980: Le Guignolo. 1981: Est-ce bien raisonnable ? 1981: Le Professionnel. 1984: Joyeuse Pâques. 1984: Le Cowboy. 1985: La cage aux folles 3. 1986: La vie dissolue de Gérard Floque. 1988: La Maison Assassinée. 1989: Présumé dangereux. 1991: Triplex. 1991: Room service. 1992: l'Inconnu dans la maison.

                                               

3è au box-Office en 1979 avec 3 950 691 entrées, Flic ou Voyou est le premier succès commercial du tandem Lautner / Bébel si bien qu'il renoueront ensemble à 4 autres reprises avec Le Guignolo, le Professionnel, Joyeuses Pâques et l'Inconnu dans la maison. Sans faire parti de leurs plus grandes réussites, Flic ou Voyou demeure un divertissement bougrement attachant sous l'impulsion de Bébel explosant l'écran à chacune de ses intrépides apparitions. C'est dire si sa présence à la fois frétillante et bondissante insuffle un irrésistible charme à l'ensemble de par sa conjugaison d'humour, d'action et de tendresse que Lautner met en image avec modeste efficacité. L'intrigue mettant en appui les agissements fallacieux du commissaire Borowitz se fondant dans le corps du malfrat Antonio Cerutti pour mieux appréhender 2 truands notoires responsables de la mort d'un flic ripoux et d'une prostituée confinés dans un hôtel. Or, l'enquête s'avère d'autant plus houleuse quant à la complicité véreuse de certains membres du corps policier. Dénué de complexe et déterminé à aller jusqu'au bout de ces principes, Borowitz usera de son statut marginal en y appliquant une justice expéditive. 

Si l'intrigue s'avère à mon sens un brin confuse, ou tout du moins déstructurée, l'énergie qu'insuffle les comédiens aimablement impliqués dans leur fonction ludique de "gendarme et du voleur" pallie ses carences à travers un alliage retors d'humour, de poursuites et de bastonnades. Notamment auprès de l'énergie de ses répliques incisives d'après l'irremplaçable dialoguiste Michel Audiard. Et à ce niveau nous sommes constamment séduits par tant de calembours que les acteurs emploient avec une verve à la fois gouailleuse et provocatrice. Quant aux instants de douce tendresse qui irriguent la narration, on peut sans difficulté compter sur la beauté vénéneuse de la douce Marie Laforêt en maîtresse assez prévenante et vaporeuse, et sur l'insolence de la jeune Julie Jézéquel incarnant la fille de Borowitz avec un naturel pétulant. Tout cela étant imprimé dans une ambiance de légèreté expansive à travers sa nostalgique époque d'un cinéma révolu. Celui du divertissement à la fois généreux, simple, intègre et sans prétention, tant et si bien que les acteurs y communiquent leur fougue avec une mutuelle complicité. On revoit donc aujourd'hui Flic ou Voyou d'un oeil aussi fringant qu'attendrissant, notamment en étant constamment charmé par les numéros d'acteur de Bébel jouant le drille réactionnaire avec une pêche galvanisante. 

*Bruno

lundi 21 septembre 2020

Cannonball

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paul Bartel. 1976. U.S.A. 1h33. Avec David Carradine, Sylvester Stallone, Bill McKinney, Veronica Hamel, Gerrit Graham, Robert Carradine, Belinda Balaski. 

Sortie salles France: 15 Juin 1977. U.S: 6 Juillet 1976

FILMOGRAPHIE: Paul Bartel est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain né le 6 août 1938 à Brooklyn, New York, et décédé le 13 mai 2000 à New York (États-Unis). 1968: The Secret Cinema. 1969: Naughty Nurse. 1972: Private Parts. 1975: La Course à la mort de l'an 2000. 1976: Cannonball ! 1982 : Eating Raoul. 1984: Not for Publication. 1985: Lust in the Dust. 1986 : Les Bons tuyaux. 1989 : Scenes from the Class Struggle in Beverly Hills. 1993: Shelf Life.

                 Du cinéma d'exploitation fort sympathique de par sa modeste simplicité ludique. 

Spécialiste des courses-poursuites sur bitume à grande échelle si bien que Paul Bartel nous eut déjà régalé avec le cintré les Seigneurs de la Route, Cannonball ré exploite le road movie homérique avec une efficacité constante, aussi modeste soit-elle. Car sous couvert d'un pitch étique dénué de surprises (il est d'ailleurs prié de laisser son cerveau au vestiaire avant d'appuyer sur lecture), Cannonball retrace la course illégale de pilotes de voiture acharnés à emporter la mise quelque soit les moyens encourus. Politiquement incorrect donc, notamment parmi l'audace de stratagèmes carrément criminels, ces derniers rivalisent d'astuces et de subterfuges pour faire échouer leurs adversaires rivés dans l'habitacle de leur bolide avec une mine aussi décontractée que déterminée. 

Truffé de seconds-couteaux issus du ciné bis que les amateurs auront plaisir à retrouver à renfort de dérision, alors que l'on peut même entrevoir Stallone et les réalisateurs Joe Dante et Martin Scorcese lors de courtes apparitions, Cannonball fleure bon le divertissement bonnard de par son rythme nerveux oscillant action, cascades et humour potache. Paul Bartel se focalisant sur les divers itinéraires des meilleurs compétiteurs, avec en tête de liste Coy 'Cannonball' Buckman (David Carradine toujours aussi aimablement charismatique de par sa cool attitude et son regard félin) se disputant la course contre Cade Redman. Ce dernier rivalisant de stratégies offensives terriblement agressives et couardes afin de rester en tête de course. Jamais ennuyeux car franchement plaisant à travers son esprit bon enfant (mal élevé), c'est donc un divertissement agréablement troussé que nous façonne Paul Bartel avec, en guise de cerise sur la gâteau, un final explosif émaillé de cascades en chaîne. Peut-être pas aussi festif et drôle que l'Equipée du Cannonball réalisé 5 ans plus tard mais néanmoins chaudement recommandé auprès de la génération 80 ayant été bercé par sa diffusion sur Canal +

*Bruno. 2èx

Ci-joint les chroniques de ses homologues: 
Equipée du Cannonball (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/…/09/lequipee-du-cannonball.h…

Cannonball 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2017/09/cannonball-2.html

jeudi 17 septembre 2020

La Fièvre du Samedi Soir

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

"Saturday Night Fever" de John Badham. 1977. U.S.A. 1h59. Avec John Travolta, Karen Lynn Gorney, Barry Miller, Joseph Cali, Paul Pape, Donna Pescow, Bruce Ornstein, Val Bisoglio.

Sortie salles France: 5 avril 1978 (Int - 18 ans). U.S: 16 Décembre 1977

FILMOGRAPHIEJohn Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Août 1939 à Luton. 1976: Bingo. 1977: La Fièvre du samedi soir. 1979: Dracula. 1981: C'est ma vie après tout. 1983: Tonnerre de feu. 1983: Wargames. 1985: Le Prix de l'exploit. 1986: Short Circuit. 1987: Etroite Surveillance. 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie.


Le saviez-vous ? 40 Millions d'exemplaires de la bande originale du film ont été vendus à travers le monde.

Phénomène planétaire au terme des années 70 ayant révélé l'acteur John Travolta dans son rôle de jeune danseur animé par la fougue du Disco, La Fièvre du Samedi soir marqua toute une génération de spectateurs sous l'impulsion musicale des Bee Gees. Relatant sans prétention l'initiation à la Danse et à la maturité du point de vue d'un jeune play-boy issue d'une famille prolétaire italo-américaine, La Fièvre du Samedi soir alterne chorégraphies de danse sous les néons de boites de nuit et virées noctambules d'une bande de jeunes paumés alors que notre roi du disco tente de courtiser une danseuse d'un niveau social autrement érudit. Cette intrigue futile n'épargnant quelques longueurs et maladresses (principalement le développement perfectible de certains personnages) dépeint avec un certain réalisme le portrait d'une génération au mal-être existentiel sous l'autorité désabusée de Tony Manero. Un jeune ouvrier n'accordant toute son énergie qu'à sa passion du Disco sous l'enchaînement des pas et des mouvements du corps parmi l'appui d'une orgueilleuse difficilement apprivoisable. Cumulant les bévues pour ses dragues vulgairement improvisées et les virées marginales parmi ses comparses peu recommandables, Tony Manero finit par se lasser de son quotidien primaire parmi le témoignage lucide de sa partenaire. 


Si les ressorts psychologiques du duo d'amants pâti d'un manque d'intensité et d'une certaine ambiguïté à travers leur relation amoureuse houleuse (Karen Lynn Gorney s'avérant un peu trop versatile d'après ses émotions), le charme finit par opérer grâce à la spontanéité de John Travolta plutôt à l'aise dans son rôle de dragueur et de danseur intarissables. Qui plus est, en témoignant avec émotion de l'ascension musicale du Disco à l'entrée des boites de nuit des Seventies, John Badham met en exergue des numéros de danse vertigineux que la musique inoxydable des Bee Gees ainsi que l'aplomb physique de Travolta transcendent avec une acuité irrésistible. Sur ce point, la première demi-heure s'avère le pilier émotionnel d'un spectacle musical haut en couleur, véritable immersion sensitive dans l'univers fébrile des boites pailletées auquel Travolta impose son énergie de chorégraphe avec une sagacité ensorcelante ! Si les autres séquences musicales qui interfèrent l'intrigue ne retrouvent pas cette même frénésie émotionnelle, La Fièvre du samedi soir réussit tout de même à diluer charme et empathie (nostalgique !) pour la remise en question de notre play-boy en quête sentimentale et professionnelle. Quand bien même l'épilogue nous provoque une émotion poignante quant à l'ultime compromis amical des amants, notamment par le biais de ce plan évocateur sur ces deux mains enlacées.


Peut-être un chouilla moins percutant qu'à l'époque de sa sortie mais indéniablement charmant et attachant, notamment pour le portrait fragile imparti à une jeunesse avide de reconnaissance et de tendresse (deux seconds-rôles y attribuent aussi dans leur fonction désoeuvrée), La Fièvre du samedi soir préserve son magnétisme charnel. Tant auprès de la présence iconique d'un John Travolta en pleine consécration que de la fulgurance musicale des Bee Gees absolument indémodable ! Un témoignage émotif d'une époque révolue, à revoir avec le pincement au coeur pour les nostalgiques du Disco.

*Bruno (3èx). 69 v
Dédicace à Pascale Pallante

mardi 15 septembre 2020

Le Fanfaron

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Il sorpasso" (Le dépassement) de Dino Risi. 1962. Italie. 1h45. Avec Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak, Claudio Gora, Luciana Angiolillo, Linda Sini.

Sortie salles France: 27 Juin 1963. Italie: 5 Décembre 1962

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Dino Risi (Milan, 23 décembre 1916 - Rome, 7 juin 20081) est un réalisateur et scénariste italien.1952 : Vacanze col gangster. 1953 : Le Chemin de l'espérance. 1953 : Le Signe de Vénus. 1953 : L'Amour à la ville. 1955 : Pain, amour, ainsi soit-il. 1959 : L'Homme aux cent visages. 1959 : Le Veuf. 1960 : L'Inassouvie. 1961 : Une vie difficile. 1961 : A porte chiuse. 1962 : La Marche sur Rome. 1962 : Le Fanfaron. 1963 : Il successo de Mauro Morassi. 1963 : Il giovedì. 1963 : Les Monstres. 1967 : L'Homme à la Ferrari. 1968 : Le prophète. 1970 : La Femme du prêtre. 1971 : Au nom du peuple italien. 1971 : Moi, la femme. 1973 : Rapt à l'italienne. 1973 : Sexe fou. 1975 : Parfum de femme. 1976 : La Chambre de l'évêque. 1977 : Âmes perdues. 1977 : Dernier Amour. 1978 : Les Nouveaux Monstres. 1980 : Je suis photogénique. 1980 : Les Séducteurs. 1981 : Fantôme d'amour. 1982 : Les Derniers Monstres. 1984 : Le Bon Roi Dagobert. 1985 : Le Fou de guerre. 1986 : Il commissario Lo Gatto. 1987 : Teresa. 1996 : Giovani e belli. 1996 : Esercizi di stile, segment Myriam. 2002 : Le ragazze di Miss Italia (TV).


"Tout bonheur est un chef-d'oeuvre : la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l'altère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sottise l'abêtit."

Chef-d'oeuvre de son auteur et du cinéma Italien en prime d'être devenu un film culte grâce à son bouche à oreille lors de sa timide sortie commerciale, Le Fanfaron est une expérience humaine comme on en voit peu dans le paysage sociétal. Car à travers le road trip de Bruno, pèlerin incontinent dénué de complexe, et Roberto, célibataire timoré et introverti trop influençable pour refuser les avances de Bruno, Dino Risi nous fait partager leurs vicissitudes à l'aide d'un humour vitriolé à couper au rasoir. Notamment si je me réfère à la tournure dramatique des effronteries de Bruno en proie à une rage de vivre incontrôlée. Quand bien même Roberto, impressionné par son bagout et son culot jamais à court de carburant, observe son nouvel ami avec une réflexion à la fois lucide et déceptive (dans le sens "trompeur"). Ainsi, en brossant (avec un second degré fallacieux) le portrait d'un fringant fanfaron aussi instable qu'irresponsable, Dino Risi nous laisse un goût acre dans la bouche au fil de l'évolution morale de celui-ci en proie à une émancipation irraisonnée. Et ce quitte à entraîner son entourage vers de fatales désillusions, voir également vers une destination sans retour. Réflexion factuelle sur les mauvaises rencontres et fréquentations du point de vue d'un introverti esseulé incapable de s'affirmer, Le Fanfaron oscille bonne humeur, tendresse tacite, rire grinçant et gravité au fil de mésaventures explosives. Tant et si bien que Bruno semble n'avoir aucune limite pour assouvir son insatiabilité vitale quitte à s'y brûler les ailes.


Et il a beau communiquer sympathie et joie de vivre de façon discontinue, celui-ci demeure derrière son enveloppe de trublion farceur un raté incapable de s'insérer dans la société (il en est d'ailleurs bien conscient malgré ses apparences désinhibées). Au-delà de son climat estival baignant dans une joie de vivre expansive (nous sommes à l'orée des années 60 dans une Italie champêtre et côtière), on reste ébahi par les performances plus vraies que natures des 2 acteurs se familiarisant en direct face écran avec une vérité humaine infiniment attachante. Vittorio Gassman explosant l'écran dans sa vaste carrure de profiteur invétéré ! Un aimable bon vivant aussi capable d'embobiner les plus réfractaires que de s'attirer les ennuis de par ses frasques marginales semées d'écarts de conduite. Transi d'expansivité dans sa posture naturellement décontractée, l'acteur insuffle une énergie à corps perdu au rythme de ses exubérances en roue libre; si bien qu'il s'attire régulièrement une compagnie amicale à la fois huppée et avenante. Autrement placide, constamment dans la réserve mais davantage curieux d'un comportement aussi favorablement insolent, Jean-Louis Trintignant insuffle une pudeur fragile expressive au fil de son initiation à l'émancipation. Spoil ! Tant et si bien que l'on reste scotché par la tournure de son tragique destin que l'on anticipe inévitablement lors d'une course-poursuite erratique. Fin du Spoil. On reste d'ailleurs estomaqué, le souffle coupé, par le réalisme décoiffant de cette poursuite sur bitume fréquemment jalonnée de virages escarpés. Bref, ces 2 acteurs pétris de sentiments contradictoires dans leur caractère distinct restent dans nos mémoires de cinéphile émérite sous l'impulsion d'une intensité dramatique finalement éprouvante.


Regorgeant de joie et de bonne humeur à travers cette fureur de vivre impubère (nos 2 lurons restent de grands enfants pour le meilleur et pour le pire !), le Fanfaron se décline en grand moment de cinéma aussi populaire qu'auteurisant pour un road trip vertigineux à l'acuité émotionnelle jamais programmée. Du cinéma de vibration à l'état brut, oecuménique. 

*Bruno
 3èx

Récompenses:
1963 : prix du meilleur réalisateur au Festival international du film de Mar del Plata.
1963 : Ruban d'argent du meilleur acteur principal pour Vittorio Gassman.

 « Chaque film a une formule chimique qui lui est propre. Le Fanfaron jaillit d'un excellent alambic, où tous les éléments s'étaient facilement fondus. L'amalgame de mon personnage (un jeune type agressif et peu scrupuleux) avec la mélancolie et la réserve de Jean-Louis Trintignant fit merveille ; le symbole de la vrombissante voiture de sport qui lançait notre tandem sur les routes d'une Italie au comble du miracle économique, de la folie immobilière et des chansons, du boom et de la vulgarité, fut également efficace. ». Vittorio Gassman.

lundi 14 septembre 2020

Circulez y'a rien à voir

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de Patrice Lecomte. 1983. France. 1h24. Avec Michel Blanc, Jane Birkin, Jacques Villeret, Michel Robbe, Gaëlle Legrand, Martin Lamotte, Dominique Faysse, Luis Rego.

Sortie salles France: 20 Avril 1983

FILMOGRAPHIE: Patrice Leconte est un réalisateur, scénariste et metteur en scène français né le 12 novembre 1947 à Paris. 1971 : Blanche de Walerian Borowczyk (assistant réalisateur). 1976 : Les Vécés étaient fermés de l'intérieur. 1978 : Les Bronzés. 1979 : Les bronzés font du ski. 1981 : Viens chez moi, j'habite chez une copine. 1982 : Ma femme s'appelle reviens. 1983 : Circulez y a rien à voir. 1985 : Les Spécialistes. 1987 : Tandem. 1989 : Monsieur Hire. 1990 : Le Mari de la coiffeuse. 1991 : Contre l'oubli. 1993 : Tango. 1994 : Le Parfum d'Yvonne. 1995 : Lumière et Compagnie. 1996 : Ridicule. 1996 : Les Grands Ducs. 1998 : Une chance sur deux. 1999 : La Fille sur le pont. 2000 : La Veuve de Saint-Pierre. 2001 : Félix et Lola. 2002 : Rue des plaisirs. 2002 : L'Homme du train. 2004 : Confidences trop intimes. 2004 : Dogora : Ouvrons les yeux. 2006 : Les Bronzés 3. 2006 : Mon meilleur ami. 2008 : La Guerre des miss. 2011 : Voir la mer. 2012 : Le Magasin des suicides. 2014 : Une promesse. 2014 : Une heure de tranquillité.


Divertissement mineur au sein de la carrière de Patrice Leconte, Circulez y'a rien à voir d'en demeure pas moins une charmante comédie policière sous l'impulsion d'un trio de comédiens fringants. (Et ce en dépit des critiques timorées que j'ai pu survolé sur le net en guise de curiosité). Principalement le duo Michel Blanc / Jane Birkin opérant le jeu du chat et de la souris à travers une stratégie sentimentale de longue haleine. L'inspecteur Leroux étant pris d'affection pour la ravissante Hélène Duvernet à la suite d'une histoire de chèque volé dont elle ignore la cause. Si le cheminement narratif demeure futile, Patrice Leconte parvient à le rendre efficace de par la confrontation houleuse entre Jane Birkin (en bourgeoise distinguée) et Michel Blanc (en mode bourru et irascible) s'en donnant à coeur joie dans les crêpages de chignon bonnards. Jamais drôle mais souvent cocasse, on sourie donc de leurs quiproquos et stratagèmes de filature que Patrice Leconte illustre sans prétention avec une pointe d'argument criminel. On regrette toutefois que l'excellent Jacques Villeret soit si peu présent à l'écran en faire-valoir davantage suspicieux du comportement lunatique de son partenaire. Une sympathique romcom donc menée tambour battant si bien que l'on ne voit pas le temps passé, et ce même s'il est à privilégier auprès de la génération 80.


*Bruno

mercredi 9 septembre 2020

Invasion vient de Mars (l')

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Invaders from Mars" de Tobe Hooper. 1986. U.S.A. 1h40. Avec Hunter Carson, Karen Black, Laraine Newman, Timothy Bottoms, James Karen, Louise Fletcher.

Sortie salles France: 3 Septembre 1986

FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantome, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


Nanar pur jus produit par la Canon et réalisé par le papa de Massacre à la Tronçonneuse, l'Invasion vient de mars est une aberration filmique faisant office de pétard mouillé, notamment si on le compare  au classique initial de William Cameron Menzies. La faute incombant principalement à l'ultra cabotinage des comédiens s'auto-parodiant malgré eux et à une trajectoire narrative improbable de par son absence patent de réalisme. Tant et si bien que le spectacle du samedi soir est à réserver à un public ado renforcé d'un aspect cartoonesque en diable. Regorgeant de scènes involontairement hilarantes avec ces acteurs grimaçants et gesticulants à tout va, l'Invasion vient de Mars culmine son potentiel comique lors de ses 40 ultimes minutes avec l'entrée en matière des militaires venus foutre le zouc au repère des créatures gloutonnes. Ainsi, dans un déluge de couleurs criardes et d'effets-spéciaux explosifs, le règlement de compte vire à une sorte de fête foraine de tous les diables (l'action se déroule dans un tunnel) lorsque les militaires; mâchoires serrées et regard acéré, tirent tous azimuts sur les créatures caoutchouteuses sous l'impulsion d'un score orchestral aux accents spielbergien. Au-delà de ses constantes maladresses omniprésentes à l'écran (tant et si bien que l'on ne croit jamais à ce qui s'y déroule sous nos yeux !), l'Invasion vient de Mars demeure étonnamment soignée sur la forme (photo saturée, décors naturels chargés d'onirisme, effets-spéciaux assez convaincants). En tout état de cause, cet échec commercial est à réserver à un public à la fois averti et nostalgique de l'époque révolue des années 80.


*Bruno
3èx

mardi 8 septembre 2020

Crazy for you

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"Vision Quest" de Harold Becker. 1985. U.S.A. 1h47. Avec Matthew Modine, Linda Fiorentino, Michael Schoeffling, Ronny Cox, Harold Sylvester, Charles Hallahan.

Sortie salles U.S: 15 Février 1985. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Harold Becker est un réalisateur et producteur américain né le 25 septembre 1928 à New York, dans l'État de New York (États-Unis). 1972 : The Ragman's Daughter. 1979 : Tueurs de flics. 1980 : The Black Marble. 1981 : Taps. 1985 : Vision Quest. 1987 : La Gagne. 1988 : État de choc. 1989 : Mélodie pour un meurtre. 1993 : Malice. 1996 : City Hall. 1998 : Code Mercury. 2001 : L'Intrus.


"Je pense souvent à ces 6 minutes passées avec Shute et aux moments passés avec Carla. Kutch avait raison, c'était bien une quête initiatique. J'ai compris que nous naissons pour vivre puis pour mourir. Et qu'il faut faire ça tout seul, chacun à sa manière. Et aimer les gens qui le méritent comme si demain n'existait pas. Parce que si on y réfléchit bien c'est vrai, demain n'existe pas." 

Inédit en salles dans nos contrées mais édité en Vhs chez Warner Home Video si bien qu'il remporte un succès d'estime auprès des vidéophiles et même auprès de certains magazines de l'époque (Video 7 à titre de mémoire), Crazy for You est une formidable Succes Story surfant inévitablement sur le filon payant Rocky. Car en abordant de manière singulière la compétition de lutte, Harold Becker (Tueurs de Flics, Mélodie pour un Meurtres, City Hall) empreinte efficacement la démarche de la série B de samedi soir pour conquérir nos coeurs. Et ce sans une once de ridicule pour le parti-pris plutôt couillu du domaine sportif prudemment illustré à travers ces entraînements et combats de championnat sobrement détaillés. Ainsi, aussi improbable que cela puisse paraître, Crazy for You parvient à passionner, ou tout du moins à nous charmer sans faillir 1h47 durant, de par le savoir-faire du cinéaste conjuguant romance, tendresse, action et (beaucoup d') amitié avec une efficacité on ne peut mieux huilée. L'intrigue reprenant à peu de choses près les codes et quelques clichés de la saga Rocky avec une sincérité indéfectible eu égard de l'attention apportée à l'humanisme candide de ses personnages côtoyant un (éventuel) champion en quête initiatique. Tant auprès du taulier du restaurant pour qui il exerce, de son entraîneur de lutte, d'un ami rival, de son prof de philo, de son père et de son grand-père, et enfin de sa nouvelle petite amie, Louden Swain va pouvoir s'affranchir de ses carcans moraux grâce à cette galerie de personnages pétris de nobles valeurs.


Car impliqué dans un choix cornélien d'ultime ressort, celui-ci devra méditer une dernière fois sur ses raisons personnelles qui l'eurent poussé à daigner accéder au trône de la gagne. Saturé par instants de la tendre mélodie de Madonna (avec 2 apparitions d'elle en concert), Crazy for you attache donc autant de crédit à la culture sportive qu'à l'éveil amoureux lorsque Louden tombe sous le charme de l'étrangère Carla (elle aussi très ambitieuse dans ses projets d'artiste). Alors que l'on aurait pu craindre une romance guimauve comme il en pullule dans ce genre de série B, Crazy for You se dégage des couacs sirupeux de par l'intelligence cérébrale accordée au couple car apprenant à se connaître avec autant de vigilance que d'attention humaine. Notamment en se référant au caractère bien trempé de Carla que Linda Fiorentino campe avec une force de caractère limite "garçon manqué". Pour autant terriblement sexy du haut de ses 21 ans, elle dégage un charme concupiscent parmi la présence timorée de Louden égaré dans un vertige des sens. Matthew Modine endossant avec une candeur somme toute tranquille un lutteur ambitieux dans sa détermination du surpassement de soi. L'acteur jamais vaniteux insufflant à travers ses projets personnels des émotions naturelles à la fois fébriles, amiteuses et tourmentées de par l'intrusion impromptue de cette fille que tout son lycée souhaiterait s'approprier en guise de prétendant. Tout cela étant traité modestement sans effets de manche si bien que l'on s'attache beaucoup aux personnages (majeurs et secondaires) avec une sympathie communicative. Quand bien même son final si escompté parvient à dégager une réelle vigueur oppressante, aussi furtif soit illustré le match de lutte qu'arpente Louden (la mâchoire serrée !) contre son pire antagoniste.


Une succes story avec un coeur et du discernement.
Petit film maudit occulté de tous, Crazy for You demeure pourtant un formidable moment d'émotions fructueuses à travers ses thèmes de l'amour, de la résilience, du temps présent et de sa prise de conscience existentielle lors d'un voyage initiatique dénué de pathos. Tant et si bien que les fans de romance à l'eau de rose risquent de faire grise mine lors de sa conclusion mature honnêtement crédible et réaliste. A ne pas manquer !

*Bruno
2èx

lundi 7 septembre 2020

Le Viager

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Pierre Tchernia. 1972. France. 1h42. Avec Michel Seerault, Michel Galabru, Odette Laure, Jean-Pierre Darras, Rosy Varte, Noël Roquevert, Madeleine Clervanne, Claude Brasseur.

Sortie salles France: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIEPierre Tchernia, né Pierre Tcherniakowsky1, est un réalisateur, concepteur et animateur d'émissions de télévision français, né le 29 janvier 1928 à Paris et mort le 8 octobre 2016 dans la même ville. 1971 : Le Viager. 1974 : Les Gaspards. 1979 : La Gueule de l'autre. 1988: Bonjour l'angoisse.


Excellente comédie populaire réalisée par monsieur Cinéma Pierre Tchernia, Le Viager rameuta 2 191 183 spectateurs dans nos salles. C'est dire si la première réalisation de celui-ci s'avère bougrement efficace de par son concept narratif jouissif lorsque la famille Galipeau, en concertation pour l'enjeu d'un viager, tentera par tous les moyens d'acquérir la villa Tropézienne d'un sexagénaire à la forme olympique. Si tous les comédiens sont à la fête dans ce fort plaisant jeu de massacre pour rire, on retiendra surtout les présences impayables de Michel Galabru en médecin généraliste génialement vénal et obséquieux, et de Michel Serrault absolument jubilatoire en vieillard avenant incapable de discerner les intentions criminelles des Galipeau. Celui-ci portant le film sur ses épaules avec un naturel si inné qu'il en devient hilarant de par son charisme sclérosé davantage appuyé. Ainsi, totalement investi dans sa posture de vieillard anti-sénile, l'acteur éprouve un plaisir non dissimulé à se fondre dans ce corps malingre, entre force tranquille et vitalité sobrement fringante. Toutes les situations les plus loufoques émanant de sa flegme gentillesse et de son tempérament bonnard sans s'occuper des insidieux stratagèmes de ces partenaires sombrant dans une irascibilité progressive. Dénué de temps mort auprès d'un cadre provincial estival, le Viager parvient donc admirablement à défier l'usure du temps à travers un parti-pris (modestement) loufoque dénué d'irrévérence et de vulgarité .


*Bruno
3èx

samedi 5 septembre 2020

Police

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecinedeneil.over-blog.com

de Maurice Pialat. 1985. France. 1h54. Avec Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina,  Pascale Rocard, Sandrine Bonnaire.

Sortie salles Franec: 4 Septembre 1985

FILMOGRAPHIEMaurice Pialat, né le 31 août 1925 à Cunlhat (Puy-de-Dôme) et mort le 11 janvier 2003 à Paris, est un réalisateur de cinéma et peintre français. 1968 : L'Enfance nue. 1970 : La Maison des bois (Feuilleton TV de sept épisodes). 1972 : Nous ne vieillirons pas ensemble. 1974 : La Gueule ouverte. 1978 : Passe ton bac d'abord. 1980 : Loulou. 1983 : À nos amours. 1985 : Police. 1987 : Sous le soleil de Satan. 1991 : Van Gogh. 1995 : Le Garçu.


Un fascinant jeu de dupe, de pouvoir et d'intimidation entre flics et voyous, chacun se renvoyant la balle avec une arrogance persifleuse. 
Joli succès commercial à sa sortie avec 1 830 970 entrées; Police fut l'un des polars les plus marquants des années 80 même si les critiques furent assez partagées si je ne m'abuse. A la revoyure, quelques décennies plus tard, il est étonnant de constater à quel point le film perdure son intensité de par son saisissant réalisme issu d'un cinéma vérité hérité de Cassavetes pour l'auteur qui me vient promptement à l'esprit. Mais pas que, car au-delà de ces impressionnantes scènes d'interrogatoires aux méthodes parfois musclées (on y dénonce donc en filigrane les brutalités policières auprès de leurs présumés coupables), Police est littéralement sublimé (je pèse mes mots !) par son cast aux p'tits oignons issu de la génération 80. Parmi lesquels le monstre sacré Gérard Depardieu en flic  outrecuidant et primesautier, Sophie Marceau (sans conteste un de ces rôles les plus authentiques) en maîtresse vénale compromise à un gros trafic de drogue, Richard Anconina en avocat sur la corde raide (pas assez reconnu auprès des critiques), Sandrine Bonnaire en jeune catin d'un saisissant naturel (jusqu'à son plus simple appareil) ainsi qu'une multitude de seconds-rôles basanés au charisme patibulaire infaillible.


Bref, on reste fréquemment captivé par les nombreux affrontements psychologiques plus vrais que nature que se disputent flics et malfrats lors d'un jeu de duperie assez commun. Et si durant la première heure on ne saisit pas bien où souhaite nous embarquer Maurice Pialat à travers une réalisation documentée, sa trajectoire narrative adopte une dramaturgie beaucoup plus limpide, tendue et anxiogène lorsque l'inspecteur Mangin (Depardieu) tombe subitement amoureux de Noria (Marceau). Ce qui nous vaut d'ailleurs au passage une séquence d'attouchement sexuel dans une voiture que les féministes d'aujourd'hui ne manqueraient pas de vilipender dans leur démarche extrémiste. Noria étant dépeinte comme une gamine de 19 ans perfide et paumée auquel Mangin ne parvient pas à se détacher quitte à y braver sa déontologie policière. Ainsi, on reste à la fois interloqué et amusé qu'un tel représentant de l'ordre sombre aussi naïvement dans les bras d'une potiche aguicheuse. Et ce même si cette dernière d'un flegme rassurant parvient toutefois à masquer sa véritable personnalité. Tant et si bien qu'à travers sa réflexion sur le faux semblant on présume que personne n'est à l'abri d'une mauvaise rencontre amoureuse (surtout auprès d'une beauté - juvénile - fatale) lorsque l'on se laisse voguer/aveugler par nos propres sentiments intuitifs.


La frontière fébrile entre flics et voyous.
Polar impeccablement maîtrisé à travers sa direction d'acteur hors-pair et sa réalisation clinique au gré d'une intensité dramatique impromptue, Police conjugue divertissement et film d'auteur avec une efficacité toujours plus persuasive. Tant et si bien que la jeune réalisatrice Maïwenn s'en est probablement inspirée pour parfaire l'évènementiel Polisse de par son réalisme communément tranché et incisif. Car on retrouve en effet dans ces 2 oeuvres documentées une similaire intensité émotionnelle pour les scènes d'interrogatoires aussi brutales que rigoureuses. A revoir fissa dans la mesure où Police n'a pas pris une ride dans sa facture de cinéma vérité résolument immersif. 

*Bruno
3èx

Les conditions de tournage houleuses entre Pialat et ses acteurs (source Wikipedia):
Malgré des moyens importants dont Pialat n'est pas coutumier, le tournage de Police fut pour le moins mouvementé : disputes entre Pialat et Anconina, relation tendue aussi avec Sophie Marceau car le réalisateur veut la surprendre et la déstabiliser (elle refusera d'ailleurs d'assurer la promotion du film et se plaindra que Depardieu lui ait assené de vraies claques…) pour obtenir un jeu différent d'elle, jusqu'à Sandrine Bonnaire à qui Pialat, irrité par son manque de disponibilité lors du tournage, décide d'accorder seulement un tout petit rôle. Le film rencontra pourtant un vrai succès populaire.
Lors du premier interrogatoire de Noria par Mangin, ce dernier est à la fois brutal et moqueur ce qui provoque les pleurs de Noria. Pourtant lors du tournage de la scène, Pialat a tellement mis la pression sur Sophie Marceau qu'elle pleurait réellement. L'effet est néanmoins réussi car dans la séquence l'actrice est bouleversante d'intensité1. À propos de son actrice principale, Pialat a déclaré à l'occasion de la sortie du film dans l'émission "Le cinéma des cinéastes" que Sophie Marceau était la personne la plus détestable qu'il lui ait été donné de fréquenter dans le milieu du cinéma.