vendredi 31 janvier 2020

6 Femmes pour l'Assassin

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sei Donne per l'Assassino / Blood and Black Lace" de Mario Bava. 1964. Italie. 1h29. Avec Cameron Mitchell, Eva Bartok, Tomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Franco Ressel, Luciano Pigozzi, Massimo Righi, Lea Lander, Francesca Ungaro.

Sortie salles France: 30 Décembre 1964

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).
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Un an après La fille qui en savait trop, thriller néophyte ayant fondé les bases du GialloMario Bava récidive avec 6 Femmes pour l'Assassin pour renchérir en novateur esthéticien à travers une incroyable palette de couleur rutilantes. Si bien qu'à contrario de la photo monochrome de son 1er essai susnommé, il emploie ici la couleur rouge sang afin d'exacerber une facture visuelle à la fois baroque et surréaliste. Ce joyau gothique allait dès lors s'imposer de manière plus épurée pour révéler au public un nouveau genre fétichiste à mi-chemin du fantastique. Le pitchA Rome, dans les ateliers d'une célèbre maison de couture, un mystérieux assassin décime une à une leurs employées vulnérables. De gentes demoiselles y sont donc la cible depuis que le journal intime de la première victime dévoila des révélations compromettantes contre celles-ci. La police, impuissante, patine, alors que dehors le meurtrier continue d'appliquer ses horribles méfaits dans l'impunité. Dès le préambule, plan rapproché vers une fontaine de jouvence ornée de sculptures, le climat d'étrangeté onirique est donné. Si bien que cette oeuvre fastueuse affichera constamment une nuance irréelle chargée de fantasmagorie baroque. Cinq minutes plus tard, un meurtre brutal vient d'avoir lieu dans la cavité d'une forêt crépusculaire échappée d'un conte de fée. Un crime odieux d'une rare violence est perpétré par un tueur ganté et masqué. Tant et si bien que l'on s'étonne encore aujourd'hui de la brutalité de son exaction dénuée de concession.


Ainsi, à travers cette scénographie à la fois criminelle et fantasque on peut distinguer à proximité du cadavre un massif de fleurs caressées par la fraîcheur du vent nocturne. Des scènes aussi lumineuses et funestes, Six Femmes pour l'assassin en regorge un florilège parmi l'éventail de détails insolites d'une fulgurance picturale. De par les déambulations de demoiselles tourmentées parties se réfugier dans des demeures gothiques truffées de sculptures ornementales. Car ici, rien n'est laissé au hasard chez le formaliste Mario Bava avisé à y transfigurer son atmosphère opaque auprès d'une série d'homicides d'un réalisme couillu. L'atmosphère macabre aux lisières du fantastique, ses éclairages criards et le climat angoissant alternant inquiétude et stupeur autour de meurtres à la fois sadiques et sauvages (tant osés pour l'époque) convergent au suspense cauchemardesque. Qui plus est, et de manière hypnotique, on se passionne autant de sa richesse narrative assez cynique et entremêlée de fausses pistes afin de mieux nous étourdir. Outre la sobriété des comédiens (Cameron Mitchell,  formidable de présence austère, Eva Bartok, ténébreuse et envoûtante dans sa discrétion taiseuse), un défilé galant de comédiennes italiennes nous enivre la vue avant les effronteries du tueur aux aguets de leurs déplacements erratiques. On notera d'ailleurs par le biais de cet icône criminel son accoutrement spécialement funèbre (pardessus d'un noir corbeau) comme si ce dernier dénué d'identité jouait au "fantôme" à l'aide d'un bas blanc lui recouvrant le visage !


Et la mort apporta la douleur.
Bercé d'une musique Jazzy de Carlo Rustichelli plutôt inattendue pour le genre (bien qu'étonnamment idoine !), Six Femmes pour l'Assassin demeure l'archétype du Giallo expressionniste par le biais d'une fulgurance baroque d'une inventivité métronome. Outre l'attrait magnétique de sa foisonnance irréelle et le charisme de son cast y opposant la virilité de machistes avec la chétive élégance des couturières, son ossature narrative génialement perfide nous captive avec un sens du suspense émoulu. Tant et si bien que la machination criminelle fera école chez Argento afin d'y parfaire son chef-d'oeuvre les Frissons de l'Angoissetout en y imprimant sa patte expérimentale fondée sur le faux-semblant ! 2 chefs-d'oeuvre inoxydables d'une puissance esthétique et cérébrale exclusivement italienne. 

NOTE:  Six Femmes pour l'assassin a été monté avec l'aide de compagnies française et surtout allemandes puisqu'il s'agit d'une coproduction avec l'Allemagne de l'Ouest.

* Bruno
31.01.20. 5èx
14.12.10. 505 v



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