mardi 20 avril 2021

Harold et Maude

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site no.pinterest.com

"Harold and Maude" de Hal Ashby. 1971. U.S.A. 1h31. Avec Ruth Gordon, Bud Cort, Vivian Pickles, Cyril Cusack,  Charles Tyner.

Sortie salles France: 23 Août 1972. U.S: 20 Décembre 1971

FILMOGRAPHIE: Hal Ashby (né William Hal Ashby) est un réalisateur, monteur, acteur et producteur américain né le 2 septembre 1929 à Ogden, Utah (États-Unis), mort le 27 décembre 1988 à Malibu (Californie). 1970 : Le Propriétaire. 1971 : Harold et Maude. 1973 : La Dernière Corvée. 1975 : Shampoo. 1976 : En route pour la gloire. 1978 : Le Retour. 1979 : Bienvenue, Mister Chance. 1981 : Cœurs d'occasion. 1982 : Lookin' to Get Out. 1983 : Let's Spend the Night Together. 1984 : Solo Trans (en) (vidéo). 1985 : Match à deux. 1986 : Huit millions de façons de mourir. 1988 : Jake's Journey (en) (TV). 


“Sois comme la fleur, épanouis-toi librement et laisse les abeilles dévaliser ton coeur !”
Trésor d'émotions, de drôlerie, de tendresse et d'extravagance à travers l'équipée incongrue entre une septuagénaire et un jeune adulte, Harold et Maude demeure le film culte par excellence. Si bien qu'à travers les thèmes altiers des convenances, de la bien-pensance et de la normalité, Hal Ashby les fait voler en éclat sous l'impulsion d'un couple en ascension amicale et sentimentale. Complètement couillu donc d'y traiter en filigrane la gérontophilie du point de vue d'un paumé introverti terriblement attristé par son existence imberbe, Harold et Maude se décline en leçon de vie sous la mainmise d'une mamie sémillante adepte de vitesse et de vols de voitures, autrement dit de "fureur de vivre". Une dame du 3è âge littéralement hédoniste à enseigner auprès de son jeune compagnon de route les joies de la vie dans un esprit libertaire dénué de complexe. Elle qui fut une rescapée des camps de concentration lors d'un bref plan évocateur ! Bien évidemment, lors de sa sortie à l'orée des Seventies, le film fut quelque peu pointé du doigt chez certains critiques pour son insolence insatiable, son arrogance, ses railleries et sa subversion (notamment le fait d'inciter au vol de voiture ou de poser nue à un âge avancé, ou encore de sa satire anti-militariste et de la différence d'âge disproportionnée du couple !), à point tel qu'il fut interdit aux moins de 13 ans et 18 ans selon les pays où il fut projeté. 


Rien de bien répréhensible toutefois puisque le film se coltine depuis sa sortie une réputation irréfragable d'oeuvre culte indémodable. Fréquemment hilarant quant aux faux suicides qu'Harold élabore pour tenter d'alerter sa mère pédante de son mal-être aristocrate, Harold et Maude est une bouffée d'air frais militant pour le politiquement incorrect avec une ironie décapante. Tant et si bien que les nombreux éclats de rire qui émaillent l'intrigue nous suscitent une pêche communicative au gré de ce road trip vertigineux sublimant l'existence en faisant fi des conventions aussi bien sociales que morales. L'oeuvre marginale, car fièrement indépendante, décomplexée et déjantée dressant le portrait inusité d'un couple que tout sépare (ou presque) mais qui au fil de leur aparté fondé sur l'insouciance, le goût du risque, la soif de vie et le désir de découvertes auront bouleversé à jamais leur destin quant à leur dénouement aussi bouleversant que salvateur. Spoil ! Maude ayant d'une noble façon (bien que brutale et précipitée) sacrifié sa vie (parmi la lucidité de son libre-arbitre) afin d'initier Harold à l'émancipation en le privant de la peur du ridicule et en lui offrant la plus belle des romances. Fin du Spoil. Et ce sans jamais faire preuve de vulgarité ou de mauvais goût de la part du cinéaste attentionné.


“Trop de fleurs s'épanouissent sans être vues.”
Ainsi donc, à travers l'inoubliable portrait de ce duo lunaire en proie à une passion existentielle, Harold et Maude resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du couple proverbial Ruth Gordon (infiniment délicieuse en mamie décalée !) / Bud Cort (on ne compte plus les fous-rires nerveux à travers les mises à mort sardoniques de son regard hébété !). Leur mutuelle exubérance donnant lieu à un vibrant poème sur l'épanouissement, le désir et la douce folie de se différencier de l'ornière sous le pilier du score rasséréné de Cat Stevens dans toutes les mémoires.

*Bruno
2èx

Récompenses et distinctions:
Le film est 45e sur la liste des 100 films les plus drôles de tous les temps de l'American Film Institute1.
Il est 69e sur la liste des films les plus romantiques de tous les temps du même American Film Institute.
Il est 42e sur la liste des 100 films les plus drôles de la chaîne de télévision américaine Bravo.
En 1974, Hal Ashby a remporté un Espiga de Oro au Festival international du film de Valladolid.
En 1997, il a été sélectionné dans le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès pour être préservé comme étant « culturellement, historiquement ou esthétiquement signifiant ».

lundi 19 avril 2021

Paiement Cash

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"52 Pick-Up" de John Frankenheimer. 1986. U.S.A. 1h50. Avec Roy Scheider, Ann-Margret, Vanity, John Glover, Clarence Williams III, Kelly Preston.

Sortie salles France: 14 Janvier 1987. U.S: 7 Novembre 1986

FILMOGRAPHIE: John Frankenheimer est un réalisateur américain né le 19 Février 1930 à New-York, décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles. 1957: Mon père, cet étranger. 1961: Le Temps du châtiment. 1962: l'Ange de la Violence. Le Prisonnier d'Alcatraz. Un crime dans la tête. 1964: 7 Jours en Mai. Le Train. 1966: Grand Prix. l'Opération Diabolique. 1968: l'Homme de Kiev. 1969: Les Parachutistes arrivent. The Extraordinary Seaman. 1970: Le Pays de la Violence. Les Cavaliers. 1973: l'Impossible Objet. The Iceman Cometh. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy le monstre. 1982: A Armes Egales. 1985: Le Pacte Holcroft. 1986: Paiement Cash. 1989: Dead Bang. 1990: The Fourth War. 1992: Les Contes de la Crypte (Saison 4, épis 10). 1992: Year of the Gun. 1996: l'Ile du Dr Moreau. 1997: George Wallace. 1996: Andersonville (téléfilm). 1998: Ronin. 2000: Piège Fatal. 2002: Sur le Chemin de la guerre.


Super thriller des années 80 comme on ose plus en reproduire de nos jours, Paiement Cash joue la carte du divertissement solide à travers sa grande efficacité aussi bien technique que narrative. John Frankenheimer, artiste pas aussi reconnu, possédant ce don inné de nous captiver à travers l'odieux chantage d'un trio de malfrats cupides en concertation meurtrière. Si bien qu'Harry Mitchell, industriel de Los Angeles, doit rassembler 100 000 dollars afin de ne pas ébruiter son adultère avec une jeune mannequin de 22 ans. Alors que son épouse est en lice pour le conseil municipal, Harry se retrouve donc dans l'impasse d'avertir la police. Qui plus est, sa propre arme et ses empreintes ont été exploités pour parfaire leur homicide. C'est alors qu'il décide d'élaborer une stratégie de défense en montant les uns contre les autres les criminels davantage irascibles à recevoir le butin réclamé. Une intrigue classique, certes, mais redoutablement efficace et étonnamment brutale quant aux exactions de ses tueurs sans vergogne évoluant autour de l'univers du X. 


Si bien que l'on reste encore aujourd'hui impressionné par la séquence de "snuf movie" si j'ose dire franchement crapuleuse et malaisante de par son réalisme épeurant. John Frankenheimer recourant par ailleurs avec parcimonie à quelques détails morbides pour éviter toute forme de racolage. Une autre séquence aussi brutale m'a d'ailleurs autant interpelé lorsqu'une jeune femme est à deux doigts de trépasser, étouffée par un coussin, et ce sans y prédire l'issue de son sort. C'est dire si Frankenheimer est en pleine maîtrise de ses moyens pour nous faire douter de sa situation d'extrême urgence à la violence aussi rigoureuse que tendue. Pour ce faire, il compte notamment sur la tagline d'Hitchcock (Plus le méchant est réussi, meilleur le film sera) pour rehausser son intensité dramatique à travers le portrait d'un trio de malfrats à l'ironie sardonique. Notamment auprès de deux d'entre eux jouant les harceleurs gouailleurs avec un flegme détendu. Au-delà de ces trois profils génialement mis en valeur, on peut enfin compter sur l'autorité virile de Roy Scheider endossant "le blaireau" avec une classe charismatique à la fois contrariée et tranquille. Quand bien même Ann-Margret lui partage la vedette dans le rôle de l'épouse trompée avec une maturité posée (exit donc le cliché trivial du crêpage de chignon revanchard même si une séquence s'y prête un peu succinctement). 


Excellent thriller parfaitement dirigé et interprété à travers un affrontement tendu entre la victime et les tueurs, Paiement Cash transpire l'amour du genre dans sa facture de série B de luxe (estampillée Cannon !) déployant une verve sardonique incisive pour tenir lieu de sa violence crapuleuse. A redécouvrir d'urgence tant le film dégage un magnétisme infaillible au rythme d'une bande-son avenante symptomatique des années 80 !

*Bruno
3èx

jeudi 15 avril 2021

Embryo

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site blu-ray.com

de Ralph Nelson. 1976. U.S.A. 1h44. Avec Rock Hudson, Barbara Carrera, Diane Ladd, Roddy McDowall, Anne Schedeen, Jack Colvin, Joyce Brothers.

Sortie salles U.S: 21 Mai 1973

FILMOGRAPHIERalph Nelson est un réalisateur américain, né le 12 Août 1916 à New York, décédé le 21 Décembre 1987 à Santa Monica. 1962: Requiem for a Heavyweight. 1963: Le Lys des champs. 1963: La Dernière Bagarre. 1964: Le Crash Mystérieux. 1964: Grand Méchant loup appelle. 1966: La Bataille de la Vallée du Diable. 1968: La Symphonie des héros. 1968: Charly. 1970: Soldat Bleu. 1972: La Colère de Dieu. 1975: Le Vent de la Violence. 1976: Embryo. 1979: Christmas Lilies of the Field (télé-film). 


"Le film que vous allez voir n'est pas totalement de la science-fiction. Il repose sur une technologie médicale qui est couramment mise en pratique pour le développement foetal extra-utérin. Ce qui va suivre sera peut-être possible demain si ce ne l'est déjà aujourd'hui." 
Charles R. Brinkman, docteur en médecine.

Si dans la filmo de Ralph NelsonSoldat Bleu reste l'une de ses oeuvres les plus connues, dures et marquantes, on a tendance à oublier que durant cette même décennie il nous concocta une série B horrifique avant-gardiste à travers le thème de la manipulation génétique, qui plus saturée d'une inopinée ambiance malsaine lors de sa seconde partie dénuée de concession. Le pitchGrâce à un remède, un chirurgien réussit à sauver la vie d'un foetus canin en accélérant sa croissance. Il décide ensuite de tenter l'expérience sur celui d'un humain, ce qui donnera naissance à une jeune femme prématurée. Mais au fil de son apprentissage existentiel, et afin de préserver sa propre survie, elle s'épargne de moralité pour parvenir à ses fins. Sur un argument scientifique visionnaire (la technologie du développement foetal extra-utérin) accouplé au fameux mythe de Frankenstein (en l'occurrence, créer la vie à partir d'un embryon humain), Ralph Nelson joue la carte de la science-fiction et de l'horreur clinique. La première partie, particulièrement prenante car oh combien passionnante et prévenante, traite de la pédagogie évolutive du cobaye féminin à la fois fureteuse, érudite et sagace à observer sa condition de vie ainsi que ses progrès cérébraux et cognitifs tout en se familiarisant auprès de son entourage (notamment celui fidèle avec le chien cerbère qui l'accompagne lors de ses déplacements).  


Avec une certaine ironie (la partie d'échec improvisée entre Victoria et le champion irascible) et légèreté (sa relation davantage romanesque avec le Dr Holliston), le réalisateur réussit à nous familiariser auprès de la bonhomie de ces amants livrés au secret inavouable. Mais surtout, il parvient facilement à nous attacher auprès de la candeur de cette femme lascive férue de curiosité et de soif de découverte pour tout ce que représente la vie. Incarné par Barbara Carrerra, cette ancienne mannequin parvient à livrer sa plus belle performance d'actrice tant elle réussit à insuffler à son personnage autant d'attachement et d'empathie (de par son innocence infantile) que d'effroi (se détermination désespérée à subvenir à sa survie sans pouvoir faire preuve de discernement). Pour cause, en jouant autant sur le charme de sa silhouette charnelle que sa physionomie étrangement impassible, la comédienne suscite un magnétisme trouble auprès du spectateur attentif à ses expressions hétéroclites. D'ailleurs, lors de la seconde partie, elle réussit tellement à nous communiquer un malaise diffus à travers ses actes perfides qu'elle vole quasiment la vedette à l'excellent Rock Hudson, endossant ici avec un humanisme circonspect le rôle du Frankenstein déchu. Si au préalable, et hormis la présence inquiétante du chien cerbère fidèle à sa maîtresse, l'ambiance légère laissait distiller une atmosphère avenante face à la déférence de Victoria, la suite adoptera un virage à 180° lorsque cette dernière cumule les malaises corporels. Qui plus est, par l'entremise d'une partition musicale dissonante, le climat ombrageux devient beaucoup plus tendu au fil de sa dégénérescence morale et corporelle. Spoil ! Car rendue accro à divers produits qu'elle doit s'injecter pour pallier sa douleur, celle-ci se soumettra finalement à l'irréparable pour sa quête de survie. Car insatiable de pouvoir perdurer son existence et remplie de lâcheté, Victoria ira jusqu'à commettre des exactions meurtrières dans une ambition purement égotiste Fin du Spoil. Avec une audace glauque,  Ralph Nelson enfonce le clou lors de son dernier acte éprouvant particulièrement sordide. Si bien que le spectateur, tour à tour incommodé, empathique et malaisant, est contraint d'observer la déchéance (sournoise) d'une femme objet noyée de désespoir mais livrée à ses instincts les plus bas. 


Une perle hybride des années 70 gardant intacte son odeur de souffre. 
Jalon d'horreur déviante transplanté dans le cadre d'une science-fiction alarmiste, Embryo joue la carte d'une ambiance faussement rassurante peu à peu gangrenée par les motivations meurtrières d'une mutante décatie en proie à une poignante déliquescence morale. Anxiogène, opaque et déstabilisant, Embryo doit beaucoup de son intensité grâce à l'intelligence de son propos décrié, à la sobriété de son étonnant casting et à sa réalisation solide (toute aussi étonnante !) instillant un climat d'inquiétude hautement malsain. 

*Bruno
15.04.21. 4èx
05.07.13. 86 v

mardi 13 avril 2021

Nomadland. Lion d'Or, Mostra de Venise 2020.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Chloé Zhao. 2020. U.S.A. 1h47. Avec Frances McDormand, David Strathairn, Linda May, Charlene Swankie, Bob Wells, Peter Spears.

Sortie salles France: 12 Mai 2021. U.S: 19 Février 2021

FILMOGRAPHIEChloé Zhao est une scénariste et réalisatrice chinoise, née le 31 mars 1982 à Pékin. 2008 : Post (court métrage). 2009 : The Atlas Mountains (court métrage). 2010 : Daughters (court métrage). 2011 : Benachin (court métrage). 2015 : Les Chansons que mes frères m'ont apprises (Songs My Brothers Taught Me). 2017 : The Rider. 2020 : Nomadland. 2021 : Eternals. 


"Rien ne suscite plus grande mélancolie que l'idée de ne pas connaître tous les êtres qu'on aurait pu aimer, qu'on va mourir avant d'avoir pu les rencontrer."
C'est une vague à l'âme qui m'assaille promptement l'esprit à travers ce splendide voyage initiatique d'une nomade sclérosée sillonnant les vastes contrées à bord de son van en tentant d'accepter la mort de son époux. Cette aura de spleen si communicative que retransmettent communément sa nature environnante et ces nomades du 3è âge demeure parfois même éprouvante, pour ne pas dire malaisante; de par ce malaise existentiel qu'insuffle Frances McDormand dans celle d'une itinérante en quête d'une forme d'exutoire. Ainsi, 1h47 durant, la réalisatrice chinoise Chloé Zhao nous radiographie ce fragile portrait de femme esseulée avide d'espace et de grand air à travers la simplicité d'une existence primale renouant avec le sens du partage, de la douceur de vivre et de la camaraderie. 


Hymne à la vie donc, à la mélancolie des souvenirs et de nos chers disparus, cantique à l'amour sous toutes ses formes, tant animale, végétale ou humaine, Nomadland bouleverse nos fiévreux sentiments de par sa profonde humanité teintée de désespoir quant à ces retraités contraints de vivre sous le seuil de pauvreté à la suite de leur pension précaire. Il s'agit donc un road trip contemplatif que nous exprime la réalisatrice avec autant de pudeur que de langueur quant aux pérégrinations de Fern littéralement amoureuse du grand air mais pour autant démunie à tenter de retrouver un havre de paix au sein de ce no man's land non dénué de lueur d'espoir quant aux retrouvailles du lendemain. Profondément mélancolique et bouleversant jusqu'au malaise moral (en mode déprime, vous voilà avertis), Nomadland interpelle par l'acuité de son onirisme naturaliste et de son humanisme candide en quête d'un ailleurs libérateur. Le portrait d'une femme en berne réfutant de renouer avec les sentiments par crainte de la mort et de l'appréhension de souffrir. 


*Bruno

Apport de l'UHD: 10.

Récompenses
Mostra de Venise 2020 : Lion d'or
Satellite Awards 2021 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleure actrice pour Frances McDormand
Golden Globes 202110 :
Meilleur film dramatique
Meilleur réalisateur
BAFTA 2021 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleure actrice pour Frances McDormand
Meilleure photographie

lundi 12 avril 2021

Asphalte

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de 1981. France. 1h38. Avec Carole Laure, Jean-Pierre Marielle, Jean Yanne, Philippe Ogouz, Louis Seigner, Danièle Lebrun, Nicole Vassel, René Bouloc, Daniel Sarky

Sortie salles France: 7 Janvier 1981

FILMOGRAPHIEDenis Amar est un réalisateur français né le 10 juin 1946 à Paris, vivant à Paris et au Cap Ferret. 1981 : Asphalte. 1984 : L'Addition. 1987 : Ennemis intimes. 1989 : Hiver 54, l'abbé Pierre. 1991 : Contre l'oubli. 1997 : Saraka bô. 


“L'horreur d'un accident qu'on découvre sur sa route provient de ce qu'il est de la vitesse immobile, un cri changé en silence (et non pas du silence après un cri).”
Fort méconnu et très peu diffusé à la TV, Asphalte est une bien étrange curiosité se taillant aujourd'hui une nouvelle résurrection grâce à sa sortie commerciale Blu-ray éditée chez Studio Canal. Chroniques d'une vie ordinaire si j'ose dire, le récit ultra simpliste s'intéresse aux pérégrinations de Juliette Delors tentant de retrouver son ami après que celui-ci lui laissa son véhicule appartenant à sa maîtresse. Ainsi, au fil de ses itinéraires routiers, et entre deux arrêts sur aires de repos, Juliette croise une foule de quidams tantôt harceleurs, tantôt amiteux, tantôt inquiétants. En intermittence, le réalisateur s'intéresse notamment au comportement irresponsable d'un couple accompagné de leur enfant sur leur toute de  vacances, quand bien même un quidam quinquagénaire arpente les autoroutes de manière détachée après avoir perdu son fils lors d'un carambolage. 

Quel sentiment trouble d'avoir participé à ce manifeste contre les violences routières au sein d'une réalisation personnelle aussi qualitative que déroutante. A l'instar de ses quelques traits de dérision et de situations volontairement ubuesques émanant de personnages lunaires afin de s'extirper de l'ornière. C'est d'ailleurs grâce au soin de cette mise en scène oscillant les ruptures de ton et au jeu convaincant des comédiens qu'Asphalte cultive tout son intérêt pour aborder le thème de la violence routière du point de vue de quelques tranches de vie peu attentifs au problème de la vitesse. Outre ses acteurs reconnus (Jean-Pierre Marielle, Jean Yanne) et quelques brèves apparitions surprises néophytes (Christophe Lambert, Richard Anconina), Asphalte nous magnétise grâce à la présence irradiante de Carole Laure de par sa douce beauté ténébreuse. Littéralement sublime et omniprésente à l'écran, la brune incendiaire promène sa dégaine sensuelle avec un naturel innocent eu égard de son comportement à la fois naïf et versatile auprès d'une gente masculine très sensible à ses formes charnelles. Quand bien même au fil de son parcours hésitant, elle finira par rencontrer une main secourable apte à lui changer son destin Spoil ! après avoir failli perdre la vie Fin du Spoil

Difficilement saisissable et toujours improvisé de situations tantôt décalées, tantôt légères, tantôt graves; Asphalte laisse une impression trouble d'avoir participer à un OVNI jalonné de 2/3 séquences de carambolages très impressionnantes (cascades exécutés par le spécialiste Remy Julienne). Comme le souligne d'ailleurs son final à la fois terrifiant et traumatique illustrant avec un vérisme glaçant les conséquences de notre comportement irresponsable au volant. Quand bien même pour renforcer le malaise et cultiver un certain parti-pris baroque, Denis Amar redouble le danger Spoil ! avec une fortuite agression animale d'une brutalité incisive Fin du Spoil. A découvrir tout en prenant conscience de son contenu biscornu émaillé de détails saugrenus. 

*Bruno

samedi 10 avril 2021

Contracted

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric England. 2013. U.S.A. 1h23. Avec Najarra Townsend, Caroline Williams, Alice Macdonald, Katie Stegeman, Matt Mercer, Charley Koontz.

Sortie salles France: ?. U.S: 22 Novembre 2013

FILMOGRAPHIEEric England est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 23 Février 988 en Arkansas. Hellbent (announced).  The Sirens (announced). 2018 Josie. 2017 Get the Girl. 2013 Contracted. 2013 Chilling Visions: 5 Senses of Fear (segment "Taste"). 2013 Roadside. 2011 Madison County. 2010 Hostile Encounter. 


Directement passé en DTV chez nous lors de sa sortie en 2013, Contracted demeure une assez réjouissante surprise pour qui raffole d'horreur viscérale placée sous le signe de la série B nauséeuse. Le pitch, somme toute linéaire, retraçant au compte goutte la dégénérescence corporelle et morale d'une jeune lesbienne après une relation sexuelle avec un inconnu abordé lors d'une soirée festive. Ainsi, la force de cette farce vitriolée contre les MST (et autre métaphore sur le SIDA) réside dans son efficacité à cumuler de manière métronome les désagréments physiques de la victime davantage erratique dans sa condition recluse de ne pouvoir s'appuyer sur une main secourable afin de s'extirper de son enfer. Et ce en dépit du témoignage démuni de sa mère (dédaigneuse) s'efforçant de comprendre son triste châtiment en dépit de leur sempiternel conflit familial. Par conséquent, de par son horreur parfois organique effleurant le cinéma clinique de Cronenberg, on est plutôt ébranler à contempler ses malaises corporels à renfort de pustules, filets de veines noires striées sur son corps, vomissures de sang dans l'évier ou la cuvette des chiottes, yeux livides et éraillés au point de les planquer sous des lunettes noires, perte progressive des ongles, asticots extraits de son vagin, etc, etc. C'est donc avec une réelle efficacité que le réalisateur Eric England exploite son horreur vomitive parmi le concept d'une série B bien troussée, et ce parmi l'empathie éprouvée pour la victime que Najarra Townsend endosse à l'aide d'une force d'expression constamment tendue. 


Le réalisateur oscillant étonnamment les ruptures de ton avec un certain risque. Entre réalisme documenté et grand-guignol ostentatoire quant au délire de son final jusqu'au-boutiste quitte à effleurer le ridicule, tout du moins auprès des pisse-froids. Car Contracted a beau partir en live lors de son ultime demi-heure désincarnée, poème morbide sur la folie homicide d'une zombie putrescente, on continue pour autant de croire à sa déliquescence morale au gré de sa condition démunie de n'y trouver aucune échappatoire. Son terrible manque d'affection, d'appui amical et sentimental la contraignant de se vautrer dès lors dans une vendetta aveugle lors de ses instants de panique et d'impuissance de dernier ressort (notamment après y avoir consulté un praticien plutôt détaché, pour ne pas dire à côté de la plaque lors de ses réflexions prémâchées). D'autre part, on peut attribuer à Eric England de céder également à la facilité et aux incohérences auprès de quelques seconds-rôles si peu effrayés par l'apparence estropiée de Samantha littéralement répugnante. A l'instar de cet hallucinant coït amorcé avec l'un de ses compagnons résolument indifférent à son physique fétide. De toute évidence, un prétexte trivial d'y forcer le trait du dégoût auprès du spectateur ébaubi assistant, les yeux apeurés, à leurs ébats dégueulbifs où s'y mêleront finalement gerbes de sang et asticots évacués des parties génitales. 


Moi Zombie, chronique de la dégradation.
A mi-chemin entre une horreur viscérale très réaliste, au point d'y insuffler à moult reprises les hauts le coeur auprès des spectateurs les plus chétifs, et une horreur grand-guignol en seconde partie incongrue, Contracted ne laisse nullement indifférent à contempler avec autant d'appréhension que de dégoût la déchéance de cette victime zombifiée condamnée à la solitude. Tant et si bien que l'on pardonne ces grosses ficelles susnommées à condition d'y préserver en cours de route un certain esprit second degré à travers la tournure débridée de cette épouvantable farce morbide. A découvrir, pour public averti.

*Bruno

jeudi 8 avril 2021

Qu'est-il arrivé à tante Alice ?

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"What Ever Happened to Aunt Alice ?" de Lee H. Katzin et Bernard Girard (non-crédité au générique). 1969. U.S.A. 1h41. Avec Geraldine Page, Ruth Gordon, Rosemary Forsyth, Robert Fuller, Mildred Dunnock, Joan Huntington. 

Sortie salles France: 1970. U.S.A: 20 Août 1969

FILMOGRAPHIELee H. Katzin est un réalisateur américain né le 12 avril 1935 à Détroit, Michigan (États-Unis), décédé le 30 octobre 2002 à Beverly Hills (Californie). 1969 : Au paradis à coups de revolver. 1969 : Qu'est-il arrivé à tante Alice ? 1970 : The Phynx (en). 1971 : Le Mans. 1972 : Notre agent à Salzbourg. 1976 : The Captive: The Longest Drive 2. 1988 : World Gone Wild. 1995 : The Break. 1999 : L'avocat du mal. 1967 : Hondo and the Apaches. 1970 : Along Came a Spider. 1972 : Visions... 1973: The Voyage of the Yes. 1973 : The Stranger. 1973 : Ordeal. 1974 : Chasse tragique. 1974 : Strange Homecoming. 1975 : The Last Survivors. 1975 : Sky Heist. 1976 : Alien Attack. 1976 : Journey Through the Black Sun. 1976 : The Quest. 1977 : Police Story: The Broken Badge. 1977 : River of Promises. 1977: Man from Atlantis. 1977 : Relentless. 1978 : The Bastard. 1978 : Zuma Beach. 1978 : Terreur dans le ciel. 1979 : Samurai. 1980 : Police Story: Confessions of a Lady Cop. 1981 : Death Ray 2000. 1982 : The Neighborhood. 1983 : Emergency Room. 1985 : The Eagle and the Bear. 1987 : Les Douze Salopards - Mission Suicide. 1988 : Les Douze Salopards : Mission fatale. 1989 : Jake Spanner, Private Eye. 


Plutôt méconnu et peu diffusé à la TV, Qu'est t-il arrivé à tante Alice ? marche sur les plates-bandes d'un suspense hitchcockien à travers la confrontation psychologique entre une veuve et sa nouvelle domestique débarquée à la suite de la disparition de l'ancienne gouvernante. Petit thriller fort sympathique porté à bout de bras par le duo antinomique Geraldine Page (détestable en mégère condescendante) / Ruth Gordon (attrayante par sa force de caractère davantage affirmée), celles-ci parviennent à maintenir l'intérêt de par le parti pris du réalisateur à nous familiariser auprès de leurs relations davantage houleuses. Tant et si bien qu'Alice Dimmock parvient peu à peu à tenir tête à Claire Marrablela, propriétaire des lieux aussi altière qu'intraitable à refuser de se laisser marcher sur les pieds. 


Le récit cumulant les adversités morales parmi la subtilité d'un courtoisie dépouillée du point de vue indécis d'Alice Dimmock en proie à une trouble obsession de suspicion. Le récit demeure donc délibérément lent mais captivant grâce à l'intensité du jeu des comédiennes se délectant à s'affronter mutuellement sans effets de manche et encore moins de racolage. Outre la rutilante beauté de cette bâtisse gothique aux pièces si douillettes, on reste aussi fasciné que troublé par les extérieurs d'une scénographie naturelle confinée à proximité d'une contrée montagneuse de l'Arizona. Le cinéaste alternant le huis-clos domestique et ses extérieurs insolites en nous présentant les nouveaux voisins de Claire Marrablela irritée à l'idée d'être importunée à quelques mètres de chez elle. Notamment lorsqu'un chien errant ne cesse de fouiner dans son jardin mortifié que les voisins tentent de préserver en guise d'adoption. 


Ainsi, en comptant sur la dextérité d'un suspense latent à la tension davantage palpable, Qu'est-il arrivé à tante Alice ? surfe finalement avec l'horreur insidieuse lors des 20 dernières minutes aussi surprenantes que retorses si bien que l'on redoute l'issue dramatique de son épilogue à faible lueur d'espoir. Un excellent petit thriller donc rehaussé du talent hors-pair de ses anciennes gloires que constituent Geraldine Page (quel insolent portrait de meurtrière gouailleuse au rictus diabolique !) et Ruth Gordon (au charme noble et avenant dans sa taille menue).


*Bruno
2èx

mercredi 7 avril 2021

Mais qui a tué tante Roo ?


                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Contrebandevhs.blogpost.com

"Whoever slew Auntie Roo / House Terror" de Curtis Harrington. 1972. Angleterre. 1h31. Avec Shelley Winters, Mark Lester, Chloe Franks, Ralph Richardson, Lionel Jeffries, Hugh Griffith, Rosalie Crutchley.

Sortie salles France: 1er Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Gene Curtis Harrington est un réalisateur et scénariste américain, né le 17 Septembre 1926, décédé le 6 mai 2007. 1975: The Dead Don't Die (Télé-film). 1974 La révolte des abeilles (Télé-film). 1973 The Cat Creature (Télé-film). 1973 The Killing Kind. 1971 What's the Matter with Helen? 1971 Mais qui a tué tante Roo? 1970 Vengeance en différé (Télé-film). 1967 Le diable à trois. 1966 Queen of Blood. 1965 Voyage sur la planète préhistorique. 1961 Marée nocturne. 1977: Ruby. 1978: Les Chiens de l'Enfer (télé-film). 1985: Mata Hari.


Bien qu'inégal car sans surprise et plutôt bâclée (notamment cette digression mal exploitée du trio cupide jouant les médiums), cette variation gothico-moderne de Hansel et Gretel est tout juste sauvée par l'interprétation gentiment attachante des comédiens que constituent Shelley Winters en veuve traumatisée par la perte de sa fille, et les enfants Mark Lester / Chloe Franks irréprochables de naturel en victimes infantiles en proie à une initiation criminelle de dernier ressort. On peut également louer la beauté gothique de ces décors domestiques au sein cette immense bâtisse reculée, qui plus est rehaussée de l'ambiance féérique de Noël auquel le film rend humblement hommage lors de sa première partie que l'on croirait extirpée d'une prod Disney. Mais bien trop sage en terme d'appréhension horrifique, notamment faute de son suspense infructueux, Mais qui a tué tante Roo ? pêche par un cheminement narratif ne sachant trop sur quel pied danser. Et ce en dépit d'un épilogue aussi cruel qu'inéquitable quant à l'empathie éprouvée pour cette matrone éplorée victime de sa condition déséquilibrée et du stratagème cupide du trio sans vergogne. 


*Bruno
2èx

vendredi 2 avril 2021

Le Rayon Bleu

                                         

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

"Blue Sunshine" de Jeff Lieberman. 1977. U.S.A. 1h35. Avec Zalman King, Deborah Winters, Mark Goddard.

Sortie salles: 7 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Jeff Lieberman est un réalisateur et scénariste américain né en 1947 à Brooklyn, New-York. 1972: The Ringer. 1976: La Nuit des Vers Géants. 1977: Le Rayon Bleu. 1980: Dr Franken (TV). 1981:Survivance. 1988: Meurtres en VHS. 1994: But... Seriously (TV). 1995: Sonny Liston: The Mystérious Lie and Death of a Champion (TV). 2004: Au Service de Satan.



Révélé auprès des amateurs de nanars avec le réjouissant La Nuit des Vers Géants,  premier film fauché bougrement ludique, cintré, cocasse et attachant, Jeff Lieberman monte d'un échelon avec Le Rayon Bleu de par sa mise en scène plus habile (bien que résolument perfectible) et son concept insolite encore plus incongru et dérangeant que son premier essai zédifiant. Le pitchSuite à une inexplicable alopécie, des individus sans histoire se transforment en meurtriers erratiques incapables d'y refréner leurs pulsions. Témoin de trois assassinats, Jerry Zikpkin s'efforce de mener son enquête quand bien même la police le suspecte de son éventuelle culpabilité. Un pitch linéaire aussi original qu'inquiétant lorsque l'on apprend que l'origine de cette vague de crimes émane d'une drogue de synthèse que les consommateurs d'une université eurent consommé 10 ans au préalable. Ces effets secondaires retardataires produisant chez eux un comportement irascible particulièrement susceptible au moindre tapage audible, alors même que leur chevelure périclite soudainement ! Satire vitriolée sur les méfaits de la drogue, en l'occurrence l'acide et le Lsd, Le Rayon Bleu n'a d'autre but que de voguer sur le divertissement frappadingue à travers sa facture bisseuse de série B du samedi soir oscillant qualités et défauts. Comme le souligne grossièrement son héros principal au charisme renfrogné factuel livrant les mêmes expressions d'appréhension et d'hébétude. 

Zalman King misant constamment sur ses comportements outrés pour distiller stupeur et inquiétude au fil de son investigation indécise et de sa traque policière. Ce jeu d'acteur maladroit s'avère néanmoins paradoxalement attachant à travers sa persuasion interrogative et sa requête d'y déjouer le mal, quand bien même les seconds rôles s'avèrent étonnamment plus convaincants dans leur sobriété humaine. Au-delà de ses nombreux couacs et incohérences narratives (notamment le suspense inexistant régi autour d'un candidat à la présidence, ancien commanditaire du "Blue Sunshine"), et ses situations grotesques génialement jouissives (Jerry se rendant par exemple chez un armurier pour ajuster une arme à air comprimé, le passant chauve à lunettes dans le parc, le toxico sollicitant l'aide de notre héros), Le Rayon Bleu tire-parti d'un climat fichtrement malaisant (pour ne pas dire malsain) lorsque ces quidams sont épris de malaise pour accéder à leur folie meurtrière en roulant des yeux tel un demeuré ! Effet frissonnant garanti tant Lieberman parvient à créer un véritable malaise autour de la transformation morale et physique de ces forcenés nantis d'une force surhumaine pour molester leur proie ! Qui plus est, bien ancré dans l'époque burnée des seventies, la facture brutale de certains meurtres détonnent par leur froideur, si bien que nous ne sommes prêts d'omettre son préambule aussi cruel que terrifiant se déroulant au crépuscule champêtre. Jeff Lieberman impliquant également des rebondissements cinglants pour nous impressionner, avec parfois même la présence de bambins en état de panique. Sans compter que son final confiné au sein d'une discothèque affiche une panique collective digne d'un film catastrophe lorsque la clientèle accourt tous azimuts dans les couloirs de galeries marchandes.  


Authentique film culte hélas fort peu connu, même si les vidéophiles des années 80 y préservent un souvenir saillant Le Rayon Bleu demeure une perle de bad trip horrifique à travers son climat malsain aussi déstabilisant que franchement terrifiant par moments. A découvrir fissa aux fans de curiosité marginale tant ses nombreuses maladresses demeurent finalement fructueuses de par son amoncellement de situations saugrenues y formant un condensé débridé. 

Bruno
4èx. 122v

jeudi 1 avril 2021

Last Seduction. Prix de la Critique, Cognac.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Last Seduction" de John Dahl. 1994. U.S.A. 1h50. Avec Linda Fiorentino, Bill Pullman, Peter Berg, Bill Nunn, J. T. Walsh 

Sortie salles France: 10  Mai 1995

FILMOGRAPHIEJohn Dahl est un réalisateur et scénariste américain né en 1956 à Billings, Montana (États-Unis). 1989 : Kill Me Again. 1992 : Red Rock West. 1994 : Last Seduction. 1996 : Mémoires suspectes. 1998 : Les Joueurs. 2001 : Une virée en enfer. 2005 : Le Grand Raid. 2007 : You Kill Me. 

Vénéneux film noir mâtiné de thriller torride sous l'impulsion d'un score jazzy référentiel, Last séduction demeure un excellent jeu de dupe et de manipulation sous la mainmise d'une Linda Fiorentino monopolisant l'écran sans effets de manche. Vêtue d'un tailleur noir et d'une chemise blanche à travers sa chevelure corbeau et son regard noisette, l'actrice insuffle une sensualité érotique vampirisante à chacune de ses apparitions provocantes. Notamment auprès de ses sous-vêtements que son corps fluet adopte sans complexe à travers ses jarretelles taillées sur mesure. Ainsi, de par son intrigue machiavélique au rebondissement impromptu et du jeu insidieux des personnages peu recommandables, Last Seduction suscite une fascination malsaine en la présence d'une mante religieuse dénuée de vergogne. 

Si bien que l'on reste estomaqué par la tournure poisseuse de son dénouement tranché après que John Dahl eut émaillé son récit en suspens de pointes d'humour corrosives. L'intérêt de son cheminement narratif résidant dans la stratégie de communication de Bridget Gregory (/Wendy Kroy) tentant d'influencer son nouvel amant de supprimer son époux abusif (Bill Pullman suscitant dans la décontraction une ironie gouailleuse parfois inconséquente de par sa condition félonne) après lui avoir dérobé le pactole d'un trafic de drogue. Peter Berg endossant le pigeon prétendant avec une désarmante naïveté eut égard de son béguin pour cette femme fatale jamais à court de charme et de subterfuge afin de tisser sa toile. Ainsi, en misant sur l'attente escomptée d'une mise en scène criminelle, John Dahl redouble de cynisme, de cruauté et de perversité à travers un esprit caustique que les antagonistes déploient à renfort de réparties lubriques et de confrontations (machistes) davantage tendues. Chacun tentant maladroitement d'emporter la mise pour un enjeu cupide aux conséquences déloyales. 


La Veuve Noire.
Excellent film noir dressant avec autant de froideur que de frugalité pittoresque le portrait cinglant d'une misandre arrogante jamais à court de ruse, Last séduction baigne dans un climat hybride pour mieux nous provoquer quant à sa tournure corsée dénuée de concession. 

*Bruno
3èx

Récompenses
Prix de la critique au Festival du film policier de Cognac
NBR Award
Independent Spirit Award du premier rôle féminin pour Linda Fiorentino
ALFS Award de l'actrice de l'année pour Linda Fiorentino
NYFCC Award de la meilleure actrice pour Linda Fiorentino

mardi 30 mars 2021

Spider-man 3

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Raimi. 2007. U.S.A. 2h19. Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Thomas Haden Church, Topher Grace, Bryce Dallas Howard, Rosemary Harris.

Sortie salles France: 1er Mai 2007

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.

Ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes et nous pouvons toujours choisir le Bien. 
Ultime opus de la saga Spider-man réalisée par Sam Raimi, Spider-man 3 demeure un spectacle aussi ébouriffant que poétique à travers les destins de "méchants" d'un humanisme meurtri combattants notre super-héros frappé du syndrome de Jekyll et Hyde. Discrédité par la critique et le public à sa sortie (en dépit de ses 6 336 433 entrées chez nous), il serait temps de reconsidérer ce divertissement de haut calibre tant la mise en scène, extrêmement fluide, multiplie les actions anthologiques (au service narratif) sous l'impulsion d'intimités psychologiques à la dramaturgie élégiaque. Car si Raimi possède un sens du spectacle indiscutable (épaulé il est vrai de son budget pharaonique de 258 millions de dollars, un record à l'époque), il n'en n'oublie jamais sa capacité intègre à nous faire s'attacher à des personnages humains tiraillés entre leurs démons d'orgueil et de vengeance, et leur difficulté à se faire entendre et aimer. Réflexion sur le pouvoir apte à y altérer notre âme et sur la dualité du Bien et du Mal que tout un chacun combat quotidiennement, Spider-man 3 dépeint ses personnages irascibles avec une émotion d'amertume mais aussi d'espoir eu égard de leur évolution morale à remettre en question leur passé tragique (tout du moins chez Harry Osborn / le nouveau Bouffon et chez Flint Marko / l'homme sable unifiés pour éradiquer Spider-man). 

Quand bien même Peter Parker tente de reconquérir sa muse après avoir maladroitement affiché un soupçon d'orgueil, d'insolence et de provocation auprès de sa popularité galopante. Si bien que c'est à la suite d'un baiser volé avec Gwen Stacy (fille d'un policier sauvée in extremis de la mort) que Peter Parker devra user de constance, bravoure et remise en question à travers sa soudaine déprise au symbiote (matière noire issue d'une comète) ayant la capacité d'extérioriser le Mal qui est en lui. Ainsi, avec une efficacité permanente, Sam Raimi exploite les morceaux de bravoure d'une lisibilité infaillible autour des enjeux humains que se disputent le triangle amoureux (Peter / Harry vs Mary Jane) et celui démonial (Harry / Flint / Eddie). Pour se faire, on peut notamment compter sur la vibrante implication des acteurs parvenant à retranscrire leurs émotions avec une tendre amertume eu égard de la tournure des évènements orageux se profilant pour un enjeu vindicatif. Tant et si bien que Spider-man 3 fait appel à un final très émouvant à travers les valeurs de l'amour, du pardon et de l'amitié que se réservent avec "pudeur" le trio amoureux. 

C'est donc sur une touche aussi tendre qu'éprouvée que se conclut cette splendide saga faisant honneur aux films de super-héros avec un humanisme intelligemment expressif, notamment au niveau de l'intensité des regards chargés de regrets, de rancoeur et de remords que s'échangent mutuellement ces rivaux infortunés. Désormais un classique de l'ancienne école à revoir fissa tant Spider-man 3 possède un coeur et une âme pour se libérer sans ambages du carcan hollywoodien.  

*Bruno
3èx

La chronique de Spider-man:      http://brunomatei.blogspot.fr/2014/05/spider-man.html
                           Spider-man 2:  http://brunomatei.blogspot.fr/2015/01/spider-man-2.html

jeudi 25 mars 2021

American Psycho

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mary Harron. 2000. U.S.A. 1h42. Avec Christian Bale, Justin Theroux, Timothy Bryce, Josh Lucas, 
Bill Sage, Chloë Sevigny, Reese Witherspoon, Samantha Mathis.

Sortie salles France: 7 Juin 2000 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Mary Harron est une productrice, réalisatrice et scénariste canadienne, née le 12 janvier 1953 en Ontario au Canada. 1996 : I Shot Andy Warhol. 2000 : American Psycho. 2005 : The Notorious Bettie Page. 2010 : Sonnet for a Towncar. 2011 : The Moth Diaries. 2018 : Charlie Says.

Alors qu'American Psycho date de 2000, j'avais omis à quel point cette oeuvre à la fois sulfureuse et scabreuse demeure résolument malaisante à travers le portrait huppé d'un tueur en série victime de sa condition élitiste. Tant et si bien que 21 ans plus tard, il m'a beaucoup plus dérangé et terrifié sous l'impulsion d'un Christian Bale littéralement habité par son rôle schizophrène. L'acteur, omniprésent, monopolisant l'écran avec une force d'expression à la fois spontanée, détachée et décomplexée. Misogyne, perfectionniste, raciste, machiste, homophobe, formaliste, tatillon, cynique et arriviste à travers les arcanes de son esprit torturé, Christian Bale EST Patrick Bateman si bien que l'on oublie son statut proverbial derrière ce visage froid, imberbe, impassible sombrant dans une démence en roue libre faute de son acclimatation auprès d'une société aseptisée supra superficielle. Ainsi, baignant paradoxalement dans une ambiance aussi agréable que détendue à travers ses décors pailletés de bars et de boites de nuit que des donzelles fortunées dénuées de sensibilité arpentent, et à travers ces immeubles high-tech que seuls les nantis peuvent se procurer, American Psycho instille un vénéneux malaise auprès de la quotidienneté intime du sociopathe multipliant ses conquêtes d'un soir.

Entre beuveries, baises et défonces en lieu et place de désagrément, pour ne pas dire de mal-être existentiel de par sa solitude dénuée de soutien amiteux (si on élude peut-être la présence uniquement amicale de sa secrétaire trop accorte). La réalisatrice Mary Harron parvenant à maîtriser son sujet satirique (pied de nez à l'élitisme) à l'aide d'un esprit caustique profondément dérangeant eu égard de sa scénographie huppée et de la complexité morale de Bateman capable de perpétrer le pire lors des moments les plus opportuns et inopportuns. Le type bellâtre, complètement détendu dans son orgueil et sa condescendance, se livrant à une déchéance davantage immorale à considérer la femme comme unique objet de consommation (de chair et de sang). Quand bien même son final désincarné parvient d'autant mieux à y semer trouble et malaise en nous immergeant dans l'esprit névrosé de Bateman à travers sa prise de conscience de dépendre d'hallucinations morbides.  

A la fois dérangeant, trouble, sauvage et éminemment malsain, mais aussi fascinant que séduisant à travers son érotisme en demi-teinte et sa peinture vitriolée d'une société arriviste snobinarde, American Psycho nous laisse un goût âcre dans la bouche de par ce portrait glaçant d'un golden boy extériorisant sa haine sociétale dans un délire morbide. Et rien que pour la présence électrisante de Bale, American Psycho est à revoir d'urgence. 

*Bruno
2èx

Récompenses:
2001 : Chlotrudis Awards, (Best Actor) Christian Bale, (Best Screenplay Adapted) Mary Harron & Guinevere Turner
2001 : International Horror Guild Awards
2000 : National Board of Review, USA

mercredi 24 mars 2021

Vendredi 13, 5 : Une nouvelle Terreur

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.fr

"Friday the 13th Part V: A New Beginning" de Danny Steinmann. 1985. U.S.A. 1h32. Avec Melanie Kinnaman, John Shepherd, Shavar Ross, Richard Young, Marco St. John. 

Sortie salles France: 31 Juillet 1985

FILMOGRAPHIEDanny Steinmann, né le 7 janvier 1942 à New York, et mort le 18 décembre 2012, est un auteur, producteur et réalisateur américain. Il est le fils du collectionneur d'art Herbert Steinmann. 1977 : Spectre. 1980 : Les Secrets de l'invisible. 1984 : Les Rues de l'enfer. 19885: Vendredi 13, 5. 

On prend les mêmes et on recommence une 5è reprise pour le pire et pour le rire, si bien que Vendredi 13, 5: une nouvelle terreur ne déroge pas à la règle du teen movie horrifique acnéen à travers sa galerie de persos neuneus que l'on croiraient extraits d'un asile d'aliéné. Je pousse un peu le bouchon de la provoc, mais pas tant que ça car il suffit de se remémorer le duo formé par ces rednecks insalubres vociférant à tout va des divagations dans leur taudis champêtre. Ou encore ce jeune simplet ventripotent importunant son entourage à soumettre ses barres chocolatées. Bref, Vendredi 13, 5 fleure bon le nanar ludique décomplexé auprès de ces persos extravagants adeptes de la drogue et de la baise (miches à l'air à l'appui). Mais c'est sans compter sur notre sainteté du Killer Hockey pour remettre dans le droit chemin cette bande de marmots à coups de machettes et autres outils inventifs, si bien que Danny Steinmann cumule les meurtres toutes les 5/10 minutes sous l'impulsion, en bonne et due forme, du score de Harry Manfredini

Rigolo tout plein à travers ses situations délibérément pittoresques, parfois même jouissif à observer ses tueries gratuites auprès d'ados détestables, et con comme la lune de par leur attitude limite déficiente, Vendredi 13, 5 se regarde d'un oeil aussi sadique que distrait. Et ce même si sa trajectoire narrative patine tout de même un peu vers son final cartoonesque archi éculé à force de rebondissements redondants à maintenir en vie l'increvable Jason. Par ailleurs, à travers l'icone de ce tueur bêta récalcitrant, Danny Steinmann s'efforce un tantinet d'apporter un regain d'originalité à travers sa fausse identité. Et ce en jouant maladroitement avec le cliché des faux suspects de par le personnage tourmenté de Tommy, héros juvénile aperçu dans l'antécédent Chapitre Final de Joseph Zito mais aujourd'hui sévèrement perturbé par son acte meurtrier perpétré sur Jason. Un sympathique opus donc pour les fans indéfectibles du genre, aussi inutile et hilarant que ses antécédents volets. En attendant le 6è épisode, ouvertement parodique et diablement frétillant, de loin le meilleur d'une saga archi surfaite. 

*Bruno
3èx