lundi 24 octobre 2022

Jaula

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ignacio Tatay. 2022. Espagne. 1h47. Avec Elena Anaya, Pablo Molinero, Eva Tennear, Eva Llorach, Carlos Santos, Esther Aceb, Eloy Azorín

Diffusé sur Netflix le 24 Octobre 2022. Sortie salles Espagne: 9 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Ignacio Tatay est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 2022: Jaula. 


Produit par Alex De La Iglesia, Jaula est un excellent thriller à suspense hitchcockien qui doit beaucoup de son intérêt et de son intensité grâce à la conviction de son casting irréprochable (principalement Elena Anaya en mère investigatrice seule contre tous) et à l'intelligence de sa mise en scène retardant les rebondissements pour mieux nous piéger dans l'expectative d'une intrigue centrée sur l'interrogation d'une fille apatride. Dans la mesure où Clara vient d'être recueillie par le couple Paula / Simon en pleine nuit sur une route départementale. Incapable de parler et confinée dans un cadre restreint qu'elle dessine à la craie pour se préserver contre toute intrusion, Clara semble perturbée par son mystérieux passé que Paula tentera de démystifier en dépit des soupçons pesant contre elle à la suite d'incidents incriminant la fillette. Huis-clos inquiétant bourré de suspense quant à déchiffrer les secrets qui pèsent sur les épaules de Clara, Jaula est rehaussé de la caractérisation psychologique de ses personnages que symbolisent Paula / Simon avec une dimension humaine résolument communicative quant à leurs conflits d'intérêt maternel. 


Le réalisateur jouant dans un premier temps sobrement sur l'ambivalence de la fillette aux comportements aussi étranges que délétères si je me réfère aux incidents domestiques qui auront lieu dans la demeure. D'autre part, auprès de ce huis-clos familier, on apprécie également le design de sa demeure réconfortante plutôt bien exploitée (et éclairée) de par son réalisme naturaliste (notamment auprès de ses plantes ornementales qui ornent certaines pièces). L'ambiance rassurante de cette paisible demeure contrastant peu à peu avec les sentiments d'inquiétude qui tourmentent Paula / Simon à savoir qui tire les ficelles de cette étrange énigme filiale suggérant la maltraitance infantile. Eva Tennear endossant la fillette "sauvage" avec une retenue toute à la fois craintive, fragile et hostile eu égard de ses comportements parfois erratiques à tenter de se faire comprendre auprès d'un entourage davantage désarmé de solutions fructueuses. La seconde partie empilant sur le flash-back de divers rebondissements crédibles au gré d'une intensité toujours plus oppressante quant aux enjeux de survie des victimes en porte-à-faux. 


Solidement interprété et mis en scène, notamment auprès de l'utilisation très efficace d'un score lestement inquiétant (parfois même envoûtant pour rehausser la dimension humaine de certaines séquences intimistes bâties sur une fragilité réservée), Jaula est une excellente surprise de Netflix qui ne prend pas le spectateur pour un chaland facilement influençable. Captivant, intense et émotionnellement expressif dans une juste pudeur de ton. 

*Bruno

lundi 17 octobre 2022

Les Enchaînés / Notorious

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

d'Alfred Hitchcock. 1946. U.S.A. 1h42. Avec Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains, Louis Calhern, Leopoldine Konstantin, Reinhold Schünzel. 

Sortie salles France: 19 Mars 1948. U.S: 6 Septembre 1946

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

Un chef-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock illuminé du duo Gary Grant / Ingrid Bergman transperçant l'écran à chacun de leur aparté intime. Gary Grant endossant dans une expression orgueilleuse l'amant taiseux n'osant avoué son amour pour Alicia enrôlée afin d'espionner un collaborateur de son père, espion nazi tout juste incarcéré pour une peine de 20 ans. Pour se faire, elle est contrainte de le séduire afin de découvrir ce que renferme sa cave à vin. Ingrid Bergman se fondant dans le corps de cette femme éperdument amoureuse mais doutant peu à peu des sentiments de Devlin de par son comportement à la fois détaché et sévère. Ce couple glamour partagé entre la rédemption, le doute et la déception dégage donc une incroyable alchimie romantique au fil de leur évolution morale malmenée par leur stratégie d'espionnage, et ce jusqu'au péril de leur vie. Mais la passion des sentiments que nous retransmettent avec grâce impériale les acteurs est notamment sublimée du génie de la mise en scène du maître du suspense dirigeant brillamment ses acteurs car autopsiant leurs profils en plan serré avec un art consommé du détail expressif tantôt exalté tantôt sentencieux. Vénéneux jeu de dupe et de séduction autour du spectre du nazisme (alors que le métrage fut tourné 1 an après la fin de la seconde guerre mondiale), les Enchaînés est une superbe romance à suspense "contemplative" dans la mesure où la mise en scène d'Hitchcock sublime (avec tant de circonspection) les ressorts de son intrigue en suspens au sein d'une facture monochrome envoûtante. 

*Bruno

mercredi 12 octobre 2022

Peggy sue s'est mariée / Peggy Sue Got Married

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Francis Ford Coppola. 1986. U.S.A. 1h43. Avec Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Catherine Hicks, Joan Allen, Kevin J. O'Connor.

Sortie salles France: 7 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Francis Ford Coppola est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 7 Avril 1939. 1963: Dementia 13. 1966: Big Boy. 1968: La Vallée du Bonheur. 1969: Les Gens de la pluie. 1972: Le Parrain. 1974: Conversation Secrète. Le parrain 2. 1979: Apocalypse Now. 1982: Coup de coeur. 1983: Outsiders. Rusty James. 1984: Cotton Club. 1986: Peggy Sue s'est mariée. 1987: Jardins de Pierre. 1988: Tucker. 1989: New-York Stories. 1990: Le Parrain 3. 1992: Dracula. 1996: Jack. 1997: L'Idéaliste. 2007: l'Homme sans âge. 2009: Tetro. 2011: Twixt.

Succès international en dépit de ses 425 984 entrées dans l'hexagone, Peggy Sue s'est mariée est une merveille de tendresse, de poésie et de fantaisie, le pendant romantique du célèbre Retour vers le Futur de Zemeckis si j'ose parfaire ce parallèle. Francis Ford Coppola déclarant sa flamme aux sixties lorsque Peggy se retrouve projetée dans cette époque florissante après s'être évanouie en 1985 lors d'un bal de commémoration lycéenne. Ainsi, depuis son récent divorce avec son amour de jeunesse Charlie, Peggy revit à nouveau ses premiers émois sentimentaux en tentant cette fois-ci de réparer ces erreurs d'être tombée amoureuse trop tôt de celui-ci. Un jeune utopiste féru de rock and roll dans sa quête de s'imposer chanteur reconnu du showbiz qu'endosse le juvénile Nicolas Cage à l'aide d'une force tranquille à la fois naïve, attendrissante puis fébrile eu égard de ses sentiments galvanisants pour sa muse fréquemment versatile jusqu'aux crépages de chignon. 

C'est donc un magnifique récit romantique que nous cultive sur un plateau d'argent Francis Ford Coppola, une trajectoire initiatique à travers ses thématiques du souvenir, de l'adultère, du doute, de la rédemption et de la peur de l'échec que Kathleen Turner transcende de sa présence incandescente en jeune femme anachronique ballotée entre craintes, tendresse et appréhension à jeter son dévolu sur le prétendant méritant. Celle-ci illuminant l'écran à chacune de ses apparitions fantaisistes (elle se retrouve dans la peau d'une lycéenne 25 ans plus tôt !), dans la mesure où elle parvient véritablement à nous communiquer ses sentiments contradictoires et de nous immerger dans sa psyché à la fois mélancolique et torturée à revivre les plus beaux instants de sa jeunesse (notamment auprès de la nouvelle rencontre de ses jeunes parents et grands-parents) que Coppola idéalise entre tendresse des souvenirs (jusqu'aux moindres détails d'objets familiers qui nous restent gravés dans un coin de l'encéphale). Le film, métaphysique en filigrane (on y traite également de métempsychose, on laisse planer le doute sur le rêve et le voyage temporel), exprimant une immense tendresse pour le désir amoureux que tout un chacun demeure incapable de maîtriser quant à l'évolution positive ou négative de leur destinée.   

Tout cela étant traité avec une sensibilité épurée eu égard de son vortex émotionnel nous agrippant doucement à la gorge sans que le spectateur ne s'aperçoive de son alchimie surnaturelle qu'on ne peut contrôler. Peggy Sue s'est mariée conjuguant avec un brio jamais outré ou complaisant les composantes d'humour, de romance, de science-fiction et (surtout) de tendresse sous l'impulsion d'une Kathleen Turner touchée par la grâce de son passé retrouvé. Le spectateur s'identifiant à ses émotions chétives en se remémorant ses propres souvenirs afin d'éventuellement réparer ses propres failles et erreurs que nous commettons tous dans le passé afin de mieux converger sa destinée à la réussite. Or, ici, quand on s'adresse à la valeur de l'amour, aucun prophète n'est apte de répondre à nos hésitations, nos craintes et nos espoirs, même si la force de caractère et la maturité constituent des outils substantiels pour éviter de louvoyer vers des cheminements rugueux. A revoir d'urgence donc, si bien que l'on peut parler de chef-d'oeuvre universel, hymne au vertige de l'amour (euphémisme !) reconstitué ici à travers nos souvenirs candides. Et personnellement, j'en sors commotionné, faute d'une charge émotionnelle d'une expressivité inattendue. 

*Bruno
2èx

Récompenses

National Board of Review Awards 1986 : meilleure actrice pour Kathleen Turner et Top Ten Films10

BMI Film and TV Awards 1987 : BMI Film Music Award pour John Barry

American Society of Cinematographers Awards 1987 : meilleure photographie d'un long métrage pour Jordan Cronenweth

mardi 11 octobre 2022

La Flèche et le Flambeau / The Flame and the Arrow

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jacques Tourneur. 1950. U.S.A. 1h28. Avec Burt Lancaster, Virginia Mayo, Robert Douglas, Aline MacMahon, Victor Kilian. 

Sortie salles France: 27 Juin 1951. U.S: 7 Juillet 1950

FILMOGRAPHIE: Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur est un réalisateur français, né à Paris 12e, le 12 novembre 1904 et mort à Bergerac (Dordogne) le 19 décembre 1977 (à 73 ans). 1931 : Tout ça ne vaut pas l'amour ou Un vieux garçon. 1933 : Toto ou Son Altesse voyage. 1933 : Pour être aimé. 1934 : Les Filles de la concierge. 1939 : They All Come Out. 1939 : Nick Carter, Master Detective. 1940 : Phantom Raiders. 1941 : Doctors Don't Tell. 1942 : La Féline. 1943 : Vaudou. 1943 : L'Homme-léopard. 1944 : Jours de gloire. 1944 : Angoisse. 1946 : Le Passage du canyon. 1947 : La Griffe du passé ou Pendez-moi haut et court. 1948 : Berlin Express. 1949 : La Vie facile. 1950 : Stars in my Crown. 1950 : La Flèche et le Flambeau. 1951 : L'enquête est close. 1951 : La Flibustière des Antilles. 1952 : Le Gaucho. 1953 : Les Révoltés de la Claire-Louise. 1955 : Le juge Thorne fait sa loi. 1955 : Un jeu risqué. 1956 : L'Or et l'Amour. 1957 : Rendez-vous avec la peur. 1957 : Poursuites dans la nuit. 1958 : La Cible parfaite. 1959 : Tombouctou. 1959 : La Bataille de Marathon. 1960 : Passage secret coréalisé avec George Waggner. 1961 : Fury River. 1963 : Le croque-mort s'en mêle. 1965 : La Cité sous la mer.

Plaisant de bout en bout

L'année 2018 débute et je continue mon cycle Jacques Tourneur grâce au très joli coffret que la TMC avait édité. Pour le coup, le cinéaste français change totalement de genre avec un film d'aventures, aux allures de capes et d'épées. La Flèche et le Flambeau est une sorte de Robin des Bois revisité, avec bien sûr des différences.

On prend un héros, défenseur des honnêtes gens et des citoyens, un méchant noble (quoique parfois assez nuancé), une belle dame issue de ce milieu de la noblesse mais attirée par le bandit et on obtient un film d'une heure trente assez agréable.

Il faut dire que le cinéaste a le bon ton de raconter l'histoire avec énormément de légèreté, permettant à Burt Lancaster et ses comparses de faire des cabrioles dignes du cirque. D'ailleurs, Lancaster, sportif de haut vol est féru de cabrioles de cirque. On retrouve notamment dans ce film Nick Cravat, ami d'enfance du comédien et qui joue Piccolo. Les deux comparses tourneront très souvent ensemble et mourront, toujours amis, la même année, en 1994. D'ailleurs, l'énergie déployée par les acteurs, le ton de la farce qui revient assez régulière fait qu'on peut adhérer assez facilement au film.

Si c'est parfois un peu daté dans certains effets, avec un accent un peu trop théâtral pour certaines choses, le film demeure franchement très plaisant de bout en bout. L'histoire est agréable, sympathique avec ses petits défauts aussi.

Il n'empêche que c'est finalement l'un des mes Jacques Tourneur préféré. Je le mets au même niveau que La Féline en ce qui concerne l'intérêt évoqué chez moi. Un bon petit moment de cinéma, sublimé par le Technicolor.

Ecrit par Batman1985 (sens critique)

7/10

Film de cape et d'épées et d'arcs et de flèches et de collants verdâtres moule-burnes et de sourires aux dents blanches ultra-brite.

Tourneur semble se parer de la panoplie du faiseur hollywoodien en nous livrant là un technicolor gai, virevoltant, bien fait mais sans élément particulier, sortant de l'ordinaire du film d'action de l'époque.

Le jeune Lancaster et ses copains du cirque utilisent à merveille les jeux du cirque. Le monde des acrobates dont il est issu est ici largement mis à contribution. Il est étroitement associé au scénario. Funambules, acrobates, sauteurs épatants font des numéros de cirque des scènes d'action originales. C'est bien là le composant essentiel du film.

Bon petit film, agréable, enjoué.

Ecrit par Alligator (sens critique)

7/10

lundi 10 octobre 2022

Effraction

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Daniel Duval. 1983. France. 1h34. Avec Marlène Jobert, Bruno Cremer, Jacques Villeret, Florent Pagny, Jean-Pierre Dravel, Robert Darame 

Sortie salles France: 6 Avril 1983

FILMOGRAPHIEDaniel Duval, né le 28 novembre 1944 à Vitry-sur-Seine et mort le 9 octobre 2013 à Paris 10e, est un acteur, réalisateur et scénariste français.1974 : Le Voyage d'Amélie. 1976 : L'Ombre des châteaux. 1979 : La Dérobade. 1981 : L'Amour trop fort. 1983 : Effraction. 2006 : Le Temps des porte-plumes. 

Totalement oublié de nos jours (on comprend pourquoi à la revoyure) et peu diffusé à la TV; Effraction est une étrange curiosité franchouillarde au cachet bis gentiment sympathique. Tout du moins auprès de la génération 80 qui sait apprécier les oeuvres mineures dénuées de prétention et tournées avec une volonté de bien faire aussi malhabile soit la réalisation de Daniel Duval (lui qui se fit pourtant connaître avec le percutant La Dérobade auquel il était également acteur). Ponctué de séquences saugrenues (notamment auprès de la posture lunaire de certains seconds-rôles et figurants, avec en sus l'apparition surprise du jeunot néophyte Florent Pagny), Effraction dégage une certaine ambiance provinciale symptomatique de son époque dans lequel il fut conçu. Et ce en dépit d'une intrigue étique sans surprise (probablement le gros point noir) que l'on reluque toutefois sans trop d'ennui grâce à sa simplicité naïve. 

Si bien que l'on est surtout attaché à la présence toute à fait convaincante du couple avenant Bruno Kremer / Annie Girardot auprès de leurs étreintes sentimentales, quand bien même Jacques Villeret surjoue fréquemment en braqueur / preneur d'otage psychopathe dans un rôle à contre-emploi dont il peine à faire omettre l'acteur comique que l'on a coutume de fréquenter. Parfois même involontairement drôle (à l'instar de son look grossier quand il joue le braqueur), l'acteur hystérise notamment sa posture criminelle à travers des éclairs de violence grand-guignolesques peu réalistes mais ludiques de par sa surenchère appuyée. Dispensable évidemment mais parfois séduisant (surtout sa 1ère partie avant l'effraction dans l'hôtel) et quelque peu attachant par son côté foutraque et bricolé (à l'instar de son score métronome à la limite de l'autoparodie).

*Bruno

vendredi 7 octobre 2022

Mort sur le Grill / Crimewave

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Raimi. 1985. U.S.A. 1h26. Avec Reed Birney, Paul L. Smith, Brion James, Louise Lasser, Bruce Campbell, Sheree J. Wilson, Antonio Fargas. 

Sortie salles France: 5 Mars 1986. U.S: 25 Avril 1986

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz. 2022 : Doctor Strange in the Multiverse of Madness. 


Une série B culte transplantée dans le cadre du cartoon live. 
Pas très bien accueilli lors de sa sortie internationale en dépit de nos critiques hexagonales plutôt favorables (principalement les revues spécialisées Mad Movies / L'EF / Starfix alors qu'à Avoriaz il fut vanter par quelques journalistes), Mort sur le Grill est une comédie probablement trop déjantée pour le spectateur non averti. Tant et si bien que Sam Raimi, à peine remis du fracassant succès Evil-Dead,  renoue avec le cartoon live et le suspense parodique dans un esprit débridé autrement décomplexé. Le comique railleur, les poursuites improbables et l'action décérébrée se disputant la mise lors d'un concours de circonstances ubuesques inscrites dans l'insolence sardonique (on peut d'ailleurs parfois avoir mal au crane selon l'humeur du jour). 

Et si l'intrigue, trop simpliste (inopinée rencontre puis affrontement entre un héros gaffeur, sa compagne qu'il tente maladroitement de courtiser et un duo de tueurs payés pour supprimer un amant infidèle) laisse peu de places au rebondissements, l'implication attentionnée de Raimi (tant niveau technique que formel, accompagné d'une photo rutilante) entouré d'une poignée d'acteurs festifs en roue libre rendent l'attraction franchement fougueuse en faisant fi de toute prétention. Sorte de grand huit lancé à vive allure, Mort sur le Grill demeure donc un flamboyant hommage aux cartoons de notre enfance, particulièrement Tex Avery, à travers son inventivité à corps perdu que Raimi relance sans cesse dans une formulation sémillante. Tous les protagonistes s'en donnant à coeur joie à se courser et se cogner au gré de mimiques sciemment surjouées. Généreusement bonnard, lunatique, frétillant, hystérique et badin au sein d'une scénographie alambiquée parfois incroyablement maitrisée (la poursuite finale sur bitume déménage en diable !); Mort sur le Grill ne pourrait décevoir que les pisse-froids, les dépressifs et rabats joie ayant notamment égaré en cours de chemin leur âme d'enfant. 


*Bruno
3èx

mercredi 5 octobre 2022

Osterman week-end

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sam Peckinpah. 1983. U.S.A. 1h43. Avec Rutger Hauer, John Hurt, Craig T. Nelson, Dennis Hopper, Chris Sarandon, Meg Foster, Helen Shaver 

Sortie salles France: 18 Avril 1984. U.S: 4 Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Sam Peckinpah est un scénariste et réalisateur américain, né le 21 Février 1925, décédé le 28 Décembre 1984. 1961: New Mexico, 1962: Coups de feu dans la Sierra. 1965: Major Dundee. 1969: La Horde Sauvage. 1970: Un Nommé Cable Hogue. 1971: Les Chiens de Paille. 1972: Junior Bonner. Guet Apens. 1973: Pat Garrett et Billy le Kid. 1974: Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia. 1975: Tueur d'Elite. 1977: Croix de Fer. 1978: Le Convoi. 1983: Osterman Week-end.

Déprécié par le public et la critique à l'époque, même si Starfix le sacralisa "choc du mois" au sein de leur revue, Osterman Week-end est un splendide thriller maudit même si beaucoup mieux considéré aujourd'hui depuis sa sortie Dvd commercialisée chez nous et ailleurs. Fort d'un casting irréprochable (on y croise dans un élan spontané Rutger Hauer, John Hurt, Craig T. Nelson, Dennis Hopper, Chris Sarandon, Meg Foster, Helen Shaver) et d'une mise en scène solide, même si non exempt de couacs, maladresses (lisibilité à désirer pour certaines séquences alors que d'autres restent très impressionnantes) et incohérences (l'imprudence de Fassett / John Hurt à manipuler ses moult caméras de video surveillance perfectibles puis son rendez-vous complaisant en catimini dans le hangar de Tanner), Osterman Week-end empreinte le schéma du survival domestique avec un art consommé de la singularité. Tant auprès de la pluralité des caméras de vidéosurveillance disséminées dans chaque pièce de la demeure de Tanner (véritable précurseur de la télé-réalité que Peckinpah dénonce ouvertement, notamment à travers la manipulation des images) que de son climat nocturne davantage trouble, anxiogène, étrange, inquiétant, pour ne pas dire à la lisière d'un surnaturel horrifique lorsque les tueurs mutiques, planqués derrière les bosquets; entrent en action avec leurs armes infra rouge. 

Peckinpah distillant malaise sous-jacent et tension croissante au fil de la mission de Tanner acceptant d'épingler ses amis lors d'un week-end amical suite au compromis de l'agent de la CIA Fassett lui ayant prouvé plus tôt (via l'entremise de micros et de la vidéosurveillance) qu'ils s'avèrent des agents du KGB. Ainsi donc, face à la présence timidement affable de Tanner (Rutger Hauer, électrisant à travers son regard azur gagné par le doute, l'anxiété puis l'activité) accompagné de son épouse et de son fils en proie à l'interrogation, Osterman Week-end dégage un climat amical davantage insidieux sous l'impulsion de ses potentiels coupables davantage suspicieux du comportement de Tanner inscrit dans la réserve. La seconde partie du récit se transformant en chasse à l'homme alerte à travers ses règlements de compte revanchards superbement coordonnés d'une mise en scène attentionnée et d'un montage parfois en slow motion. Quant au dénouement salvateur dénonçant autant la manipulation politique que les effets pervers des médias et de notre addiction du médium, Osterman Week-end demeure l'avant-garde de notre nouvelle ère fallacieuse bâtie sur l'espionnage, le voyeurisme, le profit, la duperie, le mensonge, la mégalomanie.  

Mené avec le brio qu'on lui connait pour son ultime réalisation, Sam Peckinpah signe ici l'une de ses oeuvres les plus singulières (avec le chef-d'oeuvre nécrosé Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia) au sein d'une mise en forme étrangement riche, foisonnante, fascinante. Avec ce que cela sous entend d'exubérance et de véhémence auprès de l'artillerie lourde des armes à feu et des caméras de surveillance monopolisant constamment l'écran avec une intensité subtilement trouble, gênante, interlope. A revoir absolument donc si bien que les multiples relectures (j'en suis à ma 3è) demeurent aussi fougueuses et passionnantes auprès de son pouvoir de fascination (parfois mélancolique quant au final en forme d'adieu) que Peckinpah imprime de sa présence fantomatique (il décèdera d'ailleurs 1 an après la sortie du film en fustigeant une dernière fois la lâcheté de certains producteurs avec qui il collabora). 

*Bruno 
3èx

lundi 3 octobre 2022

Scream 3

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Wes Craven. 2000. U.S.A. 1h56. Avec Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Parker Posey, Patrick Dempsey

Sortie salles France: 19 Avril 2000. U.S:  4 Février 2000 

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Considéré comme le moins bon de la saga, pour ne pas dire le plus mauvais, Scream 3 ne méritait pas tant de discrédit (bien que les critiques dans l'hexagone furent plutôt favorables). Car à la revoyure ce soir, et si à l'époque je fus également véritablement déçu par son contenu moins prononcé sur l'horreur et le gore (faute des pressions des producteurs traumatisés par la tuerie du lycée à Columbine), Scream 3 demeure suffisamment efficace, ironique (on joue toujours autant avec les codes en se raillant de l'industrie véreuse d'Hollywood, notamment auprès du chantage sexuel) et palpitant (qui plus est épaulé d'un montage au cordeau ultra dynamique) pour passer un bon moment de détente. Et ce, même si à mes yeux il n'atteint pas le niveau des 2 premiers opus, alors qu'aujourd'hui certains prétendent qu'il est supérieur au second volet. Outre le plaisir de retrouver les personnages majeurs des précédents épisodes; principalement David Arquette / Courteney Cox largement mis en avant ici auprès de leur enquête officieuse, Neve Campbell demeure toujours aussi attachante, expressive, charismatique en victime démunie s'efforçant ici de découvrir le passé de sa mère défunte que le tueur rend hommage à travers des photos de son portrait apposées sur les lieux du drame. A réhabiliter donc si bien que Scream 3 s'avère sincèrement sympa, inventif, parfois drôle par son esprit cartoonesque, caustique et ludique pour ne jamais céder à l'ennui. Avec mes remerciements aux youtubeurs m'ayant influencé à lui offrir une seconde chance.

Ci-joint les critiques de l'époque afin de prouver qu'il fut défendu chez nous, notamment chez Mad et l'EF (sans compter son score au box-office), ainsi qu'une excellente chronique de l'ami Jules de son émission Improcinécritique disponible sur You-tube

*Bruno
3èx

Box-Office France: 2 654 418 entrées




mercredi 28 septembre 2022

Fall

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Scott Mann. 2022. U.S.A/Angleterre. 1h47. Avec Grace Caroline Currey, Virginia Gardner, Mason Gooding, Jeffrey Dean Morgan. 

Sortie salles France: ?. Belgique: 14 Septembre 2022. U.S: 12 Août 2022

FILMOGRAPHIEScott Mann est un réalisateur et producteur britannique. 2005 : Down Amongst the Dead Men (co-réalisé avec Nick Rowntree). 2008 : The Tournament. 2015 : Bus 657 (Heist). 2018 : Final Score. 2022 : Fall. 

                             

                                                      TOP 2022 ! Haut les coeurs !

Epoustouflant, à couper le souffle, crispant au possible si bien que l'on est rivé à son siège tétanisé d'appréhension, de pessimisme puis d'effroi ! Que de dithyrambes me répondras-tu ! En précisant néanmoins que je m'adresse avant tout aux spectateurs, qui, comme moi, souffrent du vertigo. Autrement dit les personnes ayant la phobie de la peur du vide que le réalisateur Scott Mann magnifie à travers sa mise en scène technique et formelle (les images naturelles sont magnifiquement exploitées auprès d'un onirisme  tantôt crépusculaire) où tout (ou presque) parait plus vrai que nature tant celui-ci parvient à nous mettre à la place de nos 2 héroïnes avec un art consommé du trucage artisanal. Tant et si bien que, sans trop aller dans les détails techniques et numériques, tout ce que vous verrez dans Fall est quasiment tangible, criant de vérité (à peu de choses près), dans la mesure où les 2 actrices ont accompli de véritables cascades physiques et que la tour de station de radio qu'elles escaladent fut véritablement construite sur les lieux du tournage pour atteindre une hauteur de plus de 32 mètres en lieu et place des 600 mètres que l'on redoute à l'écran. Bref, tout ça pour souligner que Fall est une véritable expérience cinégénique à l'ancienne (comme le fut par exemple cette année Top Gun Maverick avec son budget autrement colossal) sous couvert d'une modeste série B menée à un train d'enfer littéralement vertigineux (doux euphémisme pour ceux en proie aux vertiges quitte à me répéter, à raison car il faut avoir le coeur bien accroché, tout le récit se condensant en montagnes russes incontrôlées). 

Car il fallait oser opérer la gageure de maintenir en éveil l'intérêt du spectateur 1h47 durant avec comme seule unité de lieu une tour longiligne pharaonique et 2 actrices juvéniles monopolisant l'écran avec une force d'expression à la fois résiliente et désespérée eu égard des rebondissements censés qui irriguent leurs épreuves, alors qu'une majorité de spectateurs moins convaincus relèveront, à tort, quelques incohérences. Car après m'être renseigné, il faut savoir que, sans daigner spoiler ouvertement, l'élément capital du chargeur cellulaire utilisé à bon escient lors d'une action fatidique demeure tout à fait plausible (si si !). Dans la mesure où le réalisateur et ses techniciens chevronnés ont véritablement tenté l'expérience, juste avant l'amorce du tournage donc, pour redoubler d'authenticité à travers cette épreuve de survie tendue comme un arc. Vous voilà donc prévenus pour les sceptiques, quand bien même, si effectivement on peut aussi déplorer quelques clichés inhérents (mais rien de bien grave) et autres anicroches narratives, le twist final convergeant 15 minutes avant le générique nous permet de reconsidérer les actions antécédentes à travers un second niveau de lecture autrement plus crédible,  réaliste, plus censé (notamment auprès d'un morceau de bravoure quelque peu disproportionné, quoique plausible d'après nos expertes en alpinisme). Et ce en renforçant l'attrait autrement bouleversant de cette descente aux enfers (après nous avoir éreinté les nerfs), véritable leçon de résilience, de bravoure et du dépassement de soi auprès d'une intensité dramatique que l'on ne voit pas arriver afin de clore cette hallucinante expérience humaine militant pour une éthique spirituelle. Celle de la valeur fructueuse du temps présent que tout un chacun devrait savourer au compte-goutte. 


L'acrophobie à son paroxysme.
Etonnamment maîtrisé auprès d'un réalisateur ici inspiré car autrefois adepte des produits standard sans intérêt (sa filmo étant à mes yeux exempte de réussites probantes), et interprété avec une digne sobriété pour les bravoures désespérées de ces survivantes émérites comptant sur leur solidarité amicale et leur résistance physique pour y saisir une lueur d'espoir (aussi minime soit-elle), Fall ne cesse de mettre les nerfs à rude épreuve auprès de son florilèges de séquences ultra éprouvantes (je m'adresse à nouveau avant tout aux spectateurs souffrants de vertige) nanties d'un réalisme vertigineux inusité. Une véritable bombe émotionnelle donc qui parvient en prime à nous bouleverser en background (en mode dépressif), de par son second niveau de lecture pétrie d'humilité, de cri de révolte et de cruauté fataliste, notamment à travers la thématique de la rédemption parentale. 

P.S: à privilégier la VO ainsi qu'une qualité 4K pour décupler l'immersion de ce vortex escarpé d'une fulgurance formelle renversante.  
Et s'il reste encore des sceptiques dans la salle, ci-joint la dithyrambe d'un youtubeur féru des genres. 

*Bruno

mardi 27 septembre 2022

You'll Like My Mother

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lamont Johnson. 1972. U.S.A. 1h33. Avec Patty Duke, Rosemary Murphy, Richard Thomas, Sian Barbara Allen, Dennis Rucker, Harold Congdon

Sortie salles France: ?. U.S: 13 Octobre 1972

FILMOGRAPHIE: Lamont Johnson, né le 30 septembre 1922 à Stockton (Californie), aux États-Unis, et mort à Monterey (Californie), le 25 octobre 2010, est un réalisateur, acteur, producteur américain. 1967 : A Covenant with Death. 1968 : Kona Coast. 1968 : Call to Danger (TV). 1968 : European Eye (TV). 1969 : Haute tension dans la ville (TV). 1970 : My Sweet Charlie (TV). 1970 : L'Évasion du capitaine Schlütter. 1971 : Birdbath (TV). 1971 : Dialogue de feu. 1972 : Requiem pour un espion. 1972 : You'll Like My Mother. 1972 : Cet été-là (TV). 1973 : The Last American Hero. 1974 : Visit to a Chief's Son. 1974 : Exécuté pour désertion (TV). 1975 : Fear on Trial (TV). 1976 : Viol et Châtiment. 1977 : One on One (en). 1978 : Mais qui a tué mon mari ?. 1980 : Paul's Case (TV). 1980 : Off the Minnesota Strip (TV). 1981 : Crisis at Central High (TV). 1981 : Winchester et Jupons courts. 1981 : Otages à Téhéran (TV). 1982 : Dangerous Company (TV). 1982 : Life of the Party: The Story of Beatrice (TV). 1983 : Le Guerrier de l'espace. 1984 : Ernie Kovacs: Between the Laughter (TV). 1985 : Wallenberg: A Hero's Story (TV). 1986 : Unnatural Causes (TV). 1988 : Lincoln (TV). 1990 : The Kennedys of Massachusetts (feuilleton TV). 1990 : Voices Within: The Lives of Truddi Chase (TV). 1992 : Crash Landing: The Rescue of Flight 232 (TV). 1993 : La Chaîne brisée (TV). 1996 : The Man Next Door (TV). 1997 : Le Loup et le Raven (TV). 

Inédit en salles en France, You'll like my mother est un sympathique petit thriller à suspense aussi mineur soit son contenu quelque peu prévisible. Sa qualité intrinsèque émanant de l'excellence de son cast (principalement Patty Duke en jeune maman résiliente embrigadée contre son gré) résolument impliqué dans leur trouble fonction "familiale" au sein d'un concept usurpateur dénué de rebondissement mais suffisamment bien mené et correctement réalisé pour passer un bon moment. Et s'il s'avère vite vu, vite oublié, on ne peut nier la sincérité de Lamont Johnson à surfer sur un climat gothique tendance hitchcockienne (alors que les plus jeunes songeront plutôt à raison à "Misery") sous l'impulsion de l'effet de suggestion au grand dam de rebondissements horrifiques parcimonieux. A découvrir donc d'un oeil curieux pour les amateurs de raretés oubliées, si bien que ce huis-clos enneigé ne manque ni de charme ni d'audace malsaine auprès de 2 séquences dérangeantes quant à l'enjeu de survie du nouveau-né molesté suite à un éprouvant accouchement de fortune. 


*Bruno
2èx

lundi 26 septembre 2022

La Possédée du Lac / La donna del lago / La Femme du Lac

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Luigi Bazzoni et Franco Rossellini. 1965. Italie. 1h25. Avec Peter Baldwin, Virna Lisi, Philippe Leroy, Ennio Balbo, Valentina Cortese, Piero Anchisi

Sortie salles France: 25 Novembre 1966. Italie: 10 Août 1965

FILMOGRAPHIELuigi Bazzoni, né le 25 juin 1929 à Salsomaggiore Terme dans la région de l'Émilie-Romagne en Italie et mort le 1er mars 2012 dans la même ville, est un réalisateur et un scénariste italien. 1965 : La Femme du lac. 1968 : L'Homme, l'Orgueil et la Vengeance. 1971 : Journée noire pour un bélier. 1973 : Le Gang des frères Blue. 1975 : Le orme. 1994 : Roma imago urbis. 


Encore une excellente découverte estampillée Artus Film que l'éditeur nous exhume de l'oubli dans une édition HD de qualité. Tourné en noir et blanc (expressionniste), La Femme du Lac relate le séjour esseulé de l'écrivain Bernard fuyant sa relation conjugale pour retourner à l'hôtel près d'une région côtière lorsqu'il fit la rencontre de la domestique Tilde avec qui il eut une liaison quelques temps au préalable. Or, un évènement dramatique vient d'avoir lieu apprendra-t-il par le propriétaire de l'hôtel. Obsédé par la quête de vérité, Bernard déambule, entre rêves et réalité, pour tenter de percer le secret qui entoure la vénéneuse Tilde. Tiré d'un fait divers survenu entre 1933 et 1946 et publié en roman en 1962 par l'écrivain Giovanni Comisso, La Femme du Lac exploite lestement le thriller à suspense dans le cadre d'une atmosphère d'étrangeté qui imprègne la pellicule. 


L'omniprésence du léger souffle d'un vent tranquille, ses images oniriques, charnelles ou fantasmagoriques (tant pour les rêves que pour une réalité crépusculaire ou mélancolique) et l'aspect interlope des protagonistes que côtoie le héros accentuant son attrait ensorcelant au sein d'une réalisation d'une étonnante modernité. Car tourné en 1965, Luigi Bazzoni et Franco Rossellini imposent une mise en scène à la fois inventive, expérimentale et baroque en exploitant avec raffinement ses images troubles d'une contrée montagneuse feutrée, quand bien même les rêves (prémonitoires ?) de Bernard nous sont décrits sans nous avertir s'il s'agit bien d'un songe ou de sa quotidienneté plombée de solitude. Et si la résolution de l'intrigue demeure simpliste, on reste fasciné et interloqué par l'aspect tordu (pour ne pas dire malsain) de cette tragédie criminelle fondée sur la manipulation, le chantage, la trahison au sein d'une ambiance austère intensifiant la caractérisation tourmentée des antagonistes. 


Fantôme d'amour.
Série B à suspense d'une aura fantasmagorique perméable à travers sa scénographie monochrome sublimant ses persos au mal-être existentiel, La femme du Lac est une excellente surprise indépendante qui honore le genre avec un soin technique audacieux pour l'époque. A découvrir sans réserve donc et à faire connaître au plus grand nombre. 

*Bruno

vendredi 23 septembre 2022

La Mort marche en Talons hauts / Nuits d'amour et d'épouvante / La morte cammina con i tacchi alti

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site themoviedb.org

de Luciano Ercoli. 1971. Italie/Espagne/France/Angleterre. 1h47. Avec Frank Wolff, Nieves Navarro, Simón Andreu, Carlo Gentili, George Rigaud. 

Sortie salles France: 26 Février 1975. Italie: 30 Novembre 1971

FILMOGRAPHIE: Luciano Ercoli est un réalisateur, scénariste et producteur italien né le 19 Octobre 1929 à Rome, décédé le 15 Mars 2015 à Barcelone, Espagne. 1977: La bidonata. 1975 Boites à fillettes.  1974 Lucrezia giovane. 1974 Il figlio della sepolta viva. 1973 Dérapage contrôlé. 1972 La mort caresse à minuit. 1971 Nuits d'amour et d'épouvante. 1970 Photo interdite d'une bourgeoise. 


Rareté introuvable exhumée de l'oubli grâce à Artus Films dans une superbe copie HD, la Mort marche en talons hauts est un sympathique Giallo qui mérite le coup d'oeil auprès des afficionados du genre. Car si le début de l'intrigue a de quoi un peu surprendre à travers son enchainement de séquences érotiques parfois gratuites mais charmantes (dont 2 chorégraphies lascives dans le crazy horse de Paris) de par la spontanéité des actrices italiennes renversantes de beauté, sans compter une rupture de ton cocasse inhabituelle pour le genre; la Mort marche en talons hauts instaure peu à peu une investigation à suspense jamais fastidieuse dès que le 1er meurtre féminin entre en scène. Les acteurs, pour la plupart connus des amateurs de Bis, demeurant tout à fait convaincants dans leur fâcheuse posture suspicieuse si bien qu'il s'avère houleux d'y démanteler le fameux coupable lors de son final à tiroirs redoutablement efficace. 


Le réalisateur Lucioano Ercoli (déjà responsable de La Mort Caresse à Minuit et Photo interdite d'une bourgeoise) cumulant les nombreux effets de surprise avec une cohérence indiscutable, et ce alors que l'on pensait que l'intrigue allait se clore sur une révélation capillotractée heureusement bâtie sur le faux semblant. Quant aux meurtres, timorés il est vrai, on reste surtout gentiment fasciné par une séquence choc quelque peu gorasse à travers son petit effet révulsif et son cadrage aux p'tits oignons. Des trucages rudimentaires certes qui prêteront à sourire les non-initiés mais néanmoins charmants par leur aspect artisanal rétro (même si l'effet choc du prologue avait gagné à être beaucoup plus réaliste auprès de son incision peu convaincante effectuée sur la gorge de la victime). Et pour parachever, comme de coutume dans la noble tradition du Giallo, la Mort marche en talons hauts illumine la vue à travers son esthétisme hyper soigné nanti d'une palette de couleurs à la fois douces, limpides, pour ne pas dire pastelles. 


Tout à fait fréquentable donc, d'autant plus que le coffret blu-ray demeure une fois de plus fastueux (tant pour le magnifique fourreau avec à l'intérieur ses affiches d'origine cartonnées, que pour sa qualité d'image optimale en scope). 

*Bruno

jeudi 22 septembre 2022

Tess. César du Meilleur Film.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Roman Polanski. 1979. U.S.A/Angleterre. 2h51. Avec Nastassja Kinski, Peter Firth, Leigh Lawson, John Collin, Rosemary Martin, David Markham, Richard Pearson, Carolyn Pickles, Pascale de Boysson, Arielle Dombasle. 

Sortie salles France: 31 Octobre 1979. U.S: 12 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski est un réalisateur, producteur, comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra et scénariste franco-polonais américain. Il est né le 18 Août 1933 à Paris. 1962: Le Couteau dans l'eau. 1965: Répulsion. 1966: Cul de sac. 1967: Le Bal des Vampires. 1968: Rosemary's Baby. 1971: Macbeth. 1972: Week-end of a champion. 1972: Quoi ? 1974: Chinatown. 1976: Le Locataire. 1979: Tess. 1986: Pirates. 1988: Frantic. 1992: Lunes de fiel. 1994: La Jeune fille et la mort. 1999: La 9è porte. 2002: Le Pianiste. 2005: Oliver Twist. 2010: The Ghost Writer. 2011: Carnage. 2013: La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019 : J'accuse. 2022 : The Palace.


"Les histoires d'amour finissent mal en général."
Considéré à juste titre comme l'une de ses oeuvres les plus acclamées (selon wikipedia), Roman Polanski marqua de son empreinte le 7è art avec Tess, mélo d'une cruauté rarement égalée d'après le roman de Thomas Hardy publié en 1891. Chef-d'oeuvre élégiaque d'une durée substantielle de 2h51 (si bien qu'il y eut des polémiques à l'écourter selon certains pays dont le nôtre puisqu'il est entièrement tourné en France et produit par Claude Berri délibéré à le raccourcir de 30 minutes ), Tess est une bouleversante romance fustigeant l'intégrisme de la chrétienté lors de l'époque séculaire de la grande dépression (1876-1896). Dédié à Sharon Tate nous prévient le générique liminaire puisque celle-ci offrit le roman à son époux avant d'être assassinée par les membres de Charles Manson, Roman Polanski lui rend donc humblement hommage après avoir lu le bouquin et après avoir exaucé les voeux de celle-ci espérant qu'il l'adapte un jour à l'écran. Visuellement fastueux quasiment à chaque plan auprès d'une reconstitution historique sensorielle sublimant sa paisible nature (avec ptantôt des plages de féerie et de fantasmagorie), le film tourné dans un splendide scope nous fait partager les vicissitudes romantiques de la jeune Tess compromise par les tempéraments machistes d'un duo d'amants antinomiques mais communément cruels et égoïstes. 

                                    

L'un se pliant aux exigences d'une idéologie catholique (il est fils de pasteur), l'autre se vautrant dans une forme de masochisme moral à humilier, manipuler, tromper une jeune vierge ne connaissant rien de la méchanceté des hommes dénués de vergogne. Le récit magnifiquement écrit nous dépeignant avec une sobre émotion prude le profil inoubliable de cette jeune métayère d'une candeur à fleur de peau (euphémisme). L'un des portraits les plus doux, épurés, torturés et désespérés que le cinéma nous ait offert sous l'impulsion d'un artiste au sommet de son art. Roman Polanski fignolant sa réalisation comme le transfigurait par exemple Kubrick avec Barry Lindon tant les plans s'apparentent à s'y méprendre à de véritables tableaux picturaux. Mais Tess ne serait pas aussi puissamment fulgurant sans le talent vertueux de Nastassia Kinski écrasant tout sur son passage de sa beauté suave inscrite dans la stricte virginité. De par l'innommable cruauté du récit épouvantablement décrit sans complaisance, on reste à la fois scotché, amer et interloqué par l'évolution morale de Tess perdant peu à peu tout espoir auprès de son chemin de croix tracé d'avance. L'actrice exprimant en toute réserve timorée une palette de sentiments à la fois mélancoliques, languides, sentencieux sans jamais se morfondre dans une sinistrose outrancière eu égard de la subtile conduite narrative dénuée de fioritures puisque en état de grâce. 

D'un onirisme romantique à damner un saint (c'est d'ailleurs ce que nous dépeint réellement l'histoire !), Tess demeure l'emblème de la fragile intégrité à travers l'initiation rigoureuse de cette paysanne davantage lucide et en voie de rébellion (d'où ce final tragique !) auprès de la cruauté de ses amants  tributaires d'une époque où machisme et fanatisme religieux prédominent les mentalités archaïques. Scandé de la partition lyrique de Philippe Sarde, Tess est probablement l'un des plus beaux films du monde en dépit de son immense cruauté intolérable. Il demeure donc néanmoins à déconseiller aux dépressifs tout en étant formellement recommandé aux cinéphiles purs et durs. 

*Bruno
2èx

Box-Office France: 1 912 948 entrées

Récompenses:
5e cérémonie des César :
César du meilleur film – Claude Berri et Roman Polanski
César du meilleur réalisateur – Roman Polanski
César de la meilleure photographie – Ghislain Cloquet

53e cérémonie des Oscars :
Oscar de la meilleure photographie – Ghislain Cloquet et Geoffrey Unsworth
Oscar de la meilleure direction artistique – Pierre Guffroy et Jack Stephens
Oscar des meilleurs costumes – Anthony Powell

38e cérémonie des Golden Globes : Golden Globe du meilleur film étranger