mercredi 29 janvier 2014

I KNOW WHO KILLED ME

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Chris Sivertson. 2007. U.S.A. 1h47. Avec Lindsay Lohan, Julia Ormond, Neal McDonough, Brian Geraghty, Garcelle Beauvais, Spencer Garrett, Gregory Itzin.

Sortie salles U.S: 27 Juillet 2007

FILMOGRAPHIE: Chris Sivertson est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
2001: All Cheerleaders Die (co-réalisateur). 2006: The Lost. 2006: The Best of Robbers. 2007: I know who killed me. 2011: Brawler. 2013: All Cheerleaders Die.


Conspué aux Razzie Awards au point de repartir avec 8 (pires) récompenses, I Know who killed me est loin d'être la daube que tout le monde s'est empressé de décrier. Le problème majeur avec cette série B attachante provient de son scénario aussi déstructuré qu'inabouti où nombres d'incohérences et questions sans réponses fusent. Après avoir été horriblement mutilée, Aubrey réussit in extremis à réchapper à son ravisseur. Recueillie dans un hôpital, elle se réveille avec la certitude de se prénommer Dakota. Persuadée d'avoir une soeur jumelle, elle décide de mener sa propre enquête afin de la retrouver et appréhender le tueur.


Si le début du film présage un slasher moderne façon tortur'porn, la suite s'oriente plutôt du côté du giallo avec son tueur fétichiste particulièrement inquiétant, d'autant plus pourvu d'une arme blanche singulière. Quand bien même l'élément le plus qualitatif concerne sa mise en scène stylisée particulièrement raffinée, renforcée d'une photographie flamboyante. Et à ce niveau, on sent que le réalisateur s'est appliqué à fignoler un esthétisme baroque où la fantasmagorie occupe une place de choix. En brassant les thèmes du double et de la gémellité, Chris Sivertson sème doute et confusion à travers les dérives hallucinogènes d'une héroïne en perte identitaire ! Egarée dans les eaux troubles de la schizophrénie, ou lucide d'avoir été piégée par une machination, sa quête de vérité est un cheminement tortueux où rêve et réalité se confondent afin de mieux nous confiner dans son dédale mental. Sans user de violence complaisante (même si 2/3 séquences graphiques s'avèrent corsées), Chris Sivertson privilégie plutôt le suspense latent auquel la dernière demi-heure va accroître son degré d'intensité. En prime, son climat irréel baignant parfois dans une poésie morbide héritée de Bava (le cercueil de verre et les pétales de rose bleue) séduit autant qu'il trouble par son aspect hermétique ! Si l'interprétation reste modestement appréciable, Lindsay Lohan réussit à s'y détacher en faisant preuve de plus d'implication pour incarner un double rôle en demi-teinte (l'étudiante docile vs la prostituée torturée).


Trop confus et inachevé pour emporter l'adhésion, I know who killed me ne manque toutefois pas de charme dans ses qualités formelles, dans l'entretien de son climat mystérieux et baroque afin de se différencier de la série B canonique. Quand à l'issue de l'intrigue, chacun pourra l'interpréter à sa propre manière, soit en se triturant les méninges, ou, à contrario, en acceptant sa trivialité. 

Bruno Matéï


mardi 28 janvier 2014

AMERICAN BLUFF (American Hustle). Meilleur Film, Golden Globes 2014

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de David O' Russel. 2013. U.S.A. 2h18. Avec Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jeremy Renner, Jennifer Lauwrence, Robert De Niro, Louis C. K., Alessandro Nivola.

Sortie salles France: 5 Février 2014. U.S: 18 Décembre 2013

FILMOGRAPHIE: David Owen Russel est un scénariste, producteur, acteur et réalisateur américain, né le 20 Août 1958 à New-York.
1994: Spanking the Monkey. 1996: Flirter avec les embrouilles. 1999: Les Rois du Désert. 2004: J'adore Huckabees. 2010: Fighter. 2012: Hapiness Therapy. 2013: American Bluff



Dans la lignée de l'Arnaque de Georges Roy Hill et de Casino de Scorcese, American Bluff s'institue en fresque flamboyante pour disséquer les rouages d'une entreprise bâtie sur le mensonge et la manipulation. En 1978, un couple d'escrocs est contraint de négocier avec le FBI afin de faire tomber des politiciens véreux en relation avec la mafia. A partir de ce postulat basé sur des faits réels, David O' Russel réalise un film ambitieux traversé de fulgurances dans sa peinture caustique du rêve américain. Avec la participation exceptionnelle d'illustres stars issues de nouvelle génération et de l'apparition surprise de De Niro (sa confrontation laconique avec le Sheikh fondée sur le jeu de regard s'avère époustouflante d'intimidation !), American Bluff nous donne le vertige dans leur vaudeville improvisé au rythme d'une BO disco !


Avec une sidérante maîtrise technique et refus de la convention (notamment celui d'écarter toute forme de sexe et de violence !), David O' Russel transcende la forme d'une reconstitution des années 70, à l'instar de la tenue vestimentaire de chacun des protagonistes presque méconnaissables (mention spéciale pour notre caméléon Christian Bale, rendu ici bedonnant et apathique !). En ce qui concerne le fond, il dessine scrupuleusement l'étude psychologique de nos protagonistes avec un sens de loufoquerie inopiné, à tel point qu'à certaines situations, on se demande s'il faut en rire ou s'en inquiéter ! Jusqu'au point d'éprouver une certaine compassion dans certains revirements tragi-comiques (l'altercation dans les toilettes entre Sydney et Rosalyn SPOILER !!! et la trahison d'Irving avoué au maire devant le désarroi de sa famille ! FIN DU SPOILER). Alternant continuellement suspense et tension autour de l'implication des protagonistes mêlée aux enjeux de conspiration, American Bluff titille nos nerfs dans un surprenant panel d'émotions contradictoires où l'étude comportementale est assujettie à la manipulation et la trahison. Afin de corser l'intrigue, le réalisateur structure notamment une romance équivoque que nos compères vont se disputer sans jamais verser dans l'affrontement physique. Alors que Irving est épris d'un amour sincère pour Sydney, cette dernière va tenter de compromettre l'agent du FBI afin de prémunir ses propres intérêts. Une manière ostensible de tester aussi la fiabilité amoureuse de son amant ! Mais éprouve t'elle réellement des sentiments pour l'un et/ou pour l'autre, et qui emportera la mise ? Au même moment, Irving, déjà père d'un jeune garçon, est contraint de supporter la jalousie volcanique de sa jeune épouse Rosalyn. Avec l'intervention de cette femme désinvolte qui ne sait tenir sa langue dans sa poche et qui ose braver les interdits, les stratégies antécédemment négociées vont voler en éclat ! SPOILER !!! Même le spectateur, témoin attentif de tant de subterfuges et supercheries, finit lui même par se laisser berner par l'un des témoins clef ! FIN DU SPOILER


Sublimant la caricature d'escrocs redoutablement perspicaces et entretenant l'ambivalence dans les rapports conjugaux avec deux femmes pugnaces, American Bluff invoque la satire policière en bousculant nos habitudes de spectateur ! Sur ce point, David O'Russel ébranle nos émotions dans un climat fluctuant (voir parfois détraqué !) et par l'astuce d'un scénario toujours plus aléatoire ! Outre sa virtuosité technique scrupuleusement déployée, sa sensualité érotisée (les femmes ont un magnétisme ensorcelant !) et son sens oppressant de la répartie verbale, American Bluff est également un numéro d'acteurs au diapason, transcendant au passage la cause féministe ! Une confrontation impitoyable où ruse et intelligence restent les moteurs essentiels pour s'approprier le pouvoir ! 

Bruno Matéï

La critique de Gilles Rolland : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-american-bluff

Récompenses attribuées: 
Golden Globes 2014: Meilleur film, Meilleure Actrice: Amy Adams, Meilleure Actrice de Second Rôle pour Jennifer Lawrence.
Alliance of women film journalists Awards 2013: Meilleure Distribution
American Film Institute Awards 2013: Top 10 des meilleurs films de l'année. 
Black Film Critics Circle Awards 2013: Meilleur Scénario pour Eric Warren Singer et David O. Russell
Detroit Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution
Indiana Film Journalists Association Awards 2013: Meilleure Actrice de second rôle, Jennifer Lawence
Nevada Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Actrice de second rôle pour Jennifer Lawrence
New-York Film Critics Circle Awards 2013: Meilleur Film, Meilleure Actrice de second rôle, Jennifer Lawrence, Meilleur Scénario pour Eric Singer et David O'Russell.
New-York Film Critics Online Awards 2013: Meilleure Distribution
Phoenix Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution, Meilleurs Costumes.
San Diego Film Critics Society Awards 2013: Meilleure Distribution
San francisco Film Critics Circle Awards 2013: meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell, meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence
Southeastern Film Critics Association Awards 2013: meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell, meilleure distribution
Toronto Film Critics Association Awards 2013: meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence
Festival International du film de Palm Springs 2014: Ensemble Cast Award
AACTA International Awards 2014: Meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence
Meilleur scénario original pour Eric Warren Singer et David O. Russell
Central Ohio Film Critics Association Awards 2014: meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Lawrence et Meilleure distribution
Critics Choice Movie Awards 2014: Meilleure Distribution, Meilleur Maquillage, Meilleure Comédie, Meilleure Actrice pour Amy Adams
National Society of Film Critics Awards 2014: Meilleure Actrice de second rôle pour Jennifer Lawrence
Screen, Actors Guild Awards 2014: Meilleure Distribution

lundi 27 janvier 2014

MATCH RETOUR (Grudge Match)

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

de Peter Segal. 2013. U.S.A. Avec Sylvester Stallone, Robert De Niro, Kevin Hart, Alan Arkin, Kiml Basinger, Jon Bernthal, Paul Ben-Victor.

Sortie salles France: 22 Janvier 2014. U.S: 25 Décembre 2013

FILMOGRAPHIE: Peter Segal est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1962
1994: Y'a t-il un flic pour sauver Hollywood ? 1995: Le courage d'un con. 1996: Président, vous avez dit président ? 2000: La Famille Foldingue. 2003: Self control. 2004: Amour et amnésie. 2005: Mi-temps au mitard. 2008: Max la menace. 2013: Match retour


Match Retour, ou le retour improbable de Stallone dans l'un de ses rôles qu'il affectionne tant au point de lui avoir valu sa renommée. Comment renouer avec le film de boxe en épargnant le ridicule quand deux champions sclérosés décident de s'affronter une ultime fois pour le dernier round de la revanche ? En réunissant à l'écran Sylvester Stallone et Robert De Niro, Peter Segal compte sur la confrontation de ces monstres sacrés afin de relancer l'intérêt d'une histoire que l'on connait par coeur. En prime, contempler sur l'écran deux boxeurs en déclin se combattre une dernière fois pour l'honneur a finalement quelque chose d'émouvant que le réalisateur ne va pas manquer de mettre en exergue vers l'issue de leur duel. A travers courage et constance mais aussi un dernier acte solidaire d'empathie et de considération jamais entrevu dans l'univers de la boxe, Match Retour laisse exprimer une émotion proprement bouleversante afin d'afficher le caractère noble de la vieillesse. Si le film comporte nombre de clichés et de bons sentiments (les retrouvailles en demi-teinte de Billy avec un fils qu'il n'a pas connu, l'ex compagne en rémission prête à reconquérir l'amour de sa vie), Match Retour réussit à faire passer la pilule grâce à la légèreté d'un humour trépidant ! Sans jamais se prendre au sérieux, Match Retour n'a donc comme unique optique de concevoir un simple divertissement bâti sur la drôlerie des situations et des joutes verbales. Qui plus est, avec un respect pour ses personnages attachants et sa scénographie rétro d'une époque révolue, le film entretient l'inévitable sympathie. 


En boxeur solitaire rattrapé par son ancien allié et son idylle de jeunesse, Sylvester Stallone invoque sa traditionnelle simplicité humaine hérité de Rocky sans vouloir dupliquer son personnage légendaire. Pas d'hommage au rêve américain ni de sens des valeurs donc si ce n'est celui d'estimer le cap de la vieillesse avec humilité. Ayant déjà oeuvré dans Raging Bull, Robert De Niro reprend les gants avec une fougue éloquente (limite parodique parfois, à l'instar de sa représentation d'humoriste lors d'un spectacle de cabaret) afin d'endosser un boxeur bourru habité par la revanche. Incroyablement séduisante du haut de ses 60 printemps, Kim Basinger interprète l'ex fiancée de Razor avec une émotion attendrie afin de renouer les retrouvailles. Si l'actrice ne semble pas toujours pleinement investie dans l'intensité de ses sentiments, elle réussit tout de même à dégager un charme vibrant dont les nostalgiques ne manqueront pas de s'émouvoir (elle fut l'une des grandes stars des années 80 !). En vieil entraîneur plein de sarcasme, Alan Arkin s'avère l'un des personnages les plus irrésistibles dans ses espiègleries impayables ! Il est secondé par Kavin Hart, assurant une verve presque aussi hilarante dans celui du mentor volubile obnubilé par l'argent. 


On s'attendait sans doute au match de trop avec cet ersatz de Rocky mais grâce au duo improbable constitué par Stallone/De Niro, à la bonhomie charismatique des seconds-rôles et surtout à l'humour qui enveloppe tout le récit, Match Retour sort miraculeusement de la redite et laisse en mémoire une récréation attractive pleine d'entrain et d'émotion ! 

Bruno Matéï


vendredi 24 janvier 2014

LA CASA DEL FIN DE LOS TIEMPOS

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site eventosvenezuela.com

de Alejandro Hidalgo. 2013. Venezuela. 1h36. Avec Rosmel Bustamante, Adriana Calzadilla, Gonzalo Cubero, Alexander Da Silva, Guillermo Garcia.

Sortie salles Venezuela: 21 Juin 2013

FILMOGRAPHIE: Alejandro Hidalgo est un réalisateur, scénariste et producteur vénézuélien.
2013: La Casa del fin de Los Tiempos


Accusée de l'assassinat de son mari et de la disparition de son fils, Dulce est condamnée à la prison. Libérée trente ans plus tard, elle décide de retourner dans son ancienne demeure afin de percer le mystère autour de l'enlèvement de son fils. 


Première réalisation du vénézuélien Alejandro Hidalgo, La Casa del fin de Los Tiempos est une obscure curiosité reprenant le concept de la maison hantée avec une originalité peu commune. En dépit de sa facture télévisuelle, le film réussit à accroître son intérêt grâce au soin accordé à son ambiance diaphane et surtout à la densité d'une narration redoutablement affûtée. A condition de ne pas perdre le fil de l'intrigue en cours de route et de rester concentré sur la complexité torturée des personnages, La Casa del fin de Los Tiempos aborde le thème spatio-temporel et celui de la spiritualité dans un postulat d'épouvante où des spectres farceurs n'auront de cesse de persécuter la famille Rodriguez. Mais il s'agit surtout d'un prétexte pour dépeindre l'histoire d'amour maternelle entre une mère et son fils, séparés du jour au lendemain par une obscure machination n'appartenant qu'à l'entité de la maison. La force du récit émane donc de cette psychologie meurtrie que cette veuve doit endurer depuis plus de 30 ans et sa seconde chance de renouer avec son passé tragique en bouleversant la destinée de ses proches. Alternant évènements du passé et du présent, Alejandro Hidalgo nous perd parfois dans un dédale cérébral mais démystifie la situation dans une dernière demi-heure vertigineuse en révélations. Si le film n'est jamais terrifiant dans ses tentatives escomptées, il réussit tout de même à distiller une certaine angoisse latente au sein d'une demeure décatie magnifiquement éclairée. Les décors baroques se prêtant harmonieusement à l'aspect gothique des pièces et divers objets de la maison, quand bien même certains endroits glauques rappelleront aux amateurs les galeries souterraines de l'Au-dela de Fulci. Enfin, le jeu de l'interprétation est notamment renforcé par l'humanisme prude de chacun des protagonistes, jusqu'aux rôles attribués aux enfants malmenés.


Inquiétant, original et hermétique, La Casa del fin de los tiempos pourra séduire les amateurs de curiosité atypique, tandis que d'autres reprocheront peut-être la complexité d'une intrigue tarabiscotée (trop) riche en rebondissements. Il s'agit en tous cas d'un cinéma noble dédié à l'atmosphère chère au fantastique où la sincérité du réalisateur ne peut être remise en cause. 

Bruno Matéï


mercredi 22 janvier 2014

BAD MILO !

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Jacob Vaughan. 2013. U.S.A. 1h25. Avec Peter Stormare, Ken Marino, Gillian Jacobs, Stephen Root, Patrick Warburton, Mary Kay Place.

FILMOGRAPHIE: Jacob Vaughan est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain.
2006: The Cassidy Kids. 2009: Krentz Presentz: Tyrannosaurus Rex ! 2013: Bad Milo


Dans la veine du cinéma underground de Frank Henenlotter, Bad Milo succède dignement au maître du mauvais goût dans son esprit décalé où humour sardonique et gore festif s'allient dans la bonne humeur. Le postulat de départ est à lui seul une énorme farce de potache lorsqu'un bureaucrate trop stressé finit par procréer une créature irascible par le trou de son anus ! Dès lors, si face à l'adversité Duncan est épris d'une contrariété ou d'une colère trop lourde à gérer, Milo sort de son rectum pour leur régler des comptes en les dévorant vivants ! Comédie horrifique menée sur un rythme sans faille car fertile en rebondissements et jeux de mots impayables (en épargnant son 1er quart d'heure inoffensif !), Bad Milo ne s'isole pas dans la catégorie Z tant l'habileté de sa mise en scène et le jeu des acteurs renforcent le caractère crédible d'un contexte si improbable.


En prime, l'utilisation judicieuse de sa partition orchestrale (on pense à Gremlins, Critters, voir aussi Elmer) permet d'accentuer sa tonalité mesquine où les gags fusent pour provoquer l'amusement. Qui plus est, sous ses dehors de bad-trip bête et méchant, Bad Milo bénéficie d'un scénario beaucoup plus substantiel qu'il n'y parait. Le film adoptant clairement une analyse psychanalytique (la répercussion de l'absence parentale) afin de disserter sur les effets néfastes du stress quotidien depuis que Duncan a coupé toute relation avec son père. En prime, une satire sociale est notamment allouée au monde de l'entreprise face à l'attitude égocentrique des bureaucrates misant sur leur autorité pour accéder au profit. Le dommage collatéral que subi donc Duncan par la faute de Milo (son moi intérieur) est donc une métaphore sur les effets pervers de la colère. Car cette créature engendrée par son système nerveux va finalement lui permettre de gérer ses angoisses afin d'élucider la fraternité amicale et familiale. En clair, pour vivre en harmonie et trouver l'équilibre de l'épanouissement, usons de notre honnêteté, de notre courage et surtout de notre esprit d'équipe afin de mieux déjouer nos démons.


Sarcastique, débridé et inventif, voir même épris d'une touche de tendresse, Bad Milo est l'étendard du Dtv aussi généreux que sincère dans sa démarche ludique débouchant sur une belle leçon d'éducation, de tolérance et de fraternité. Une belle surprise et un hommage affectueux aux séries B des années 80.
   
Clin d'oeil à Jérome Didierjean
Bruno Matéï


mardi 21 janvier 2014

CHARLIE COUNTRYMAN (The Necessary Death of Charlie Countryman)

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de Fredrik Bond. 2013. U.S.A. 1h48. Avec Shia LaBeouf, Mads Mikkelsen, Evan Rachel Wood, Rupert Grint, Til Schweiger, Vincent D'Onofrio, Vanessa Kirby, Melissa Leo

Sortie salles France: 7 Mai 2014. U.S: 21 Janvier 2013 (Festival de Sundance)

FILMOGRAPHIE: Fredrik Bond est un réalisateur américain.
2013: Charlie Countryman


Ovni indépendant sélectionné à Sundance, Charlie Countryman brosse le portrait d'un trentenaire solitaire embarqué dans une aventure houleuse. Lourdement éprouvé par la mort de sa mère, Charlie décide de tout plaquer pour s'enfuir vers Bucarest. A bord de l'avion, sa rencontre fortuite avec un passager va bouleverser son destin. Celui de tisser une relation amoureuse avec Gaby, la fille du voyageur, quand bien même des tueurs sont lancés à leur trousse.


Love story menée tambour battante dans son alliage d'action, de poésie surréaliste et d'humour caustique, Charlie Countryman a de quoi rebuter le spectateur peu habitué à se laisser convaincre par une intrigue sommaire dont les situations délirantes et les rencontres insolites contournent la convention. C'est surtout une aventure humaine que Fredrik Bond nous relate avec un sens lyrique, une réflexion spirituelle sur le hasard du destin que notre héros va tenter de démystifier dans sa quête amoureuse. Outre ses secondes têtes d'affiche reconnues (Mads Mikkelsen, Evan Rachel Wood), le film doit beaucoup à la présence diaphane de Shia LaBoeouf (son meilleur rôle à ce jour !). L'acteur exprimant avec humanisme la peur de l'abandon et de l'échec quand Charlie vient de perdre sa mère et qu'il doit faire face à la dangerosité d'une bande de tueurs intraitables. Discret, maladroit mais habité par la fougue amoureuse et désireux de dépasser ses peurs pour accéder à la considération, Charlie est aujourd'hui convaincu que la mort pourrait être légitime afin d'honorer la valeur de l'amour. Baignant dans un climat baroque de visions spirituelles et de situations absurdes où le comportement des protagonistes renforcent le caractère décalé, Charlie Countryman met notamment en relief des moments d'exaltation quand les deux amants se laissent happés par le désir des sentiments. Mais leur prémices amoureuse desservie par l'autorité du criminel Nigel va relancer une course-poursuite toujours plus dangereuse en plein coeur d'une ville fantasmatique.


Une vie moins ordinaire
Conte métaphysique sur les souvenirs néfastes et l'instant de l'existence auquel le hasard n'a pas lieu d'être, Charlie Countryman déconcerte et séduit pour retransmettre la fougue amoureuse de deux âmes en peine de rédemption. Au rythme d'une bande rock électro et sous l'emprise de drogues synthétiques en accord avec son climat désincarné, Charlie Countryman enivre et bouscule nos habitudes sans avoir la prétention de le rendre exceptionnel. Avec l'humilité de l'amour.

Dédicace à Pascal Frezzato
Bruno Matéï 


lundi 20 janvier 2014

THE TRUTH ABOUT EMMANUEL

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmzvf.com

de Francesca Gregorini. U.S.A. 2013. 1h36. Avec Kaya Scodelario, Jessica Biel, Alfred Molina, Frances O'Connor, Aneurin Barnard, Jimmi Simpson.

Sortie salles France: Prochainement. U.S: 10 Janvier 2014

FILMOGRAPHIE:  Francesca Gregorini est une réalisatrice, productrice et scénariste américaine, née le 7 Août 1968 à Rome. 
2009: Tanner Hall. 2013: The Truth about Emanuel


Drame psychologique alloué à l'affliction maternelle, The Truth about Emanuel joue la carte de l'intimité avec une pudeur trouble. Sa mise en scène autonome préférant se focaliser sur l'ambiance feutrée d'états d'âme en quête de rédemption. Emmanuel, jeune fille introvertie, ne parvient pas à accepter la mort de sa maman au moment de son accouchement. Un jour, elle fait la rencontre de Linda, une voisine solitaire vivant recluse parmi son nourrisson. Sauf qu'en l'occurrence, le bébé est un jouet de substitution afin de pallier la disparition brutale du vrai rejeton. Pour ne pas la perturber, Emmanuel accepte le jeu d'exercer des séances de baby sitting à son domicile. Au fil du temps et de leur confiance, les deux jeunes femmes finissent par entamer une liaison amicale, jusqu'au jour où la vérité est dévoilée au grand jour !


En cinéaste indépendante privilégiée par le Festival de Sundance, Francesca Gregorini élabore une oeuvre fragile toute en psychologie pour ausculter l'alliance amicale de deux femmes égarées dans les eaux troubles de leur névrose. Reposant sur les frêles épaules de Jessica Biel et surtout Kaya Scodelario, The truth about Emmanuel trouve la sobre mesure pour nous émouvoir avec une discrétion presque timorée et parmi l'entremise de plages de poésie en relation avec la nature (l'eau et les étoiles ont une signification spirituelle dans les songes oniriques d'Emmanuel !). En jouant sur l'exubérance finaude d'une jeune fille difficilement apprivoisable, Kaya Scodelario étoffe un joli portrait féminin où ses sentiment de désarroi et de culpabilité ne nous sont pas affichés en spectacle. Sa sensualité naturelle littéralement magnétique permettant en outre d'extérioriser un climat d'étrangeté lattent qui va planer durant tout son cheminement. En second plan, Jessica Biel insuffle la même tempérance de composition mais en insistant sur le trouble affectif (plus préjudiciable) d'une femme ruinée par la perte de son bambin.   


Avec l'alibi d'un étrange script privilégiant l'émotion sobre et avec la cohésion de deux actrices issues de nouvelle génération (j'insiste à dire que Kaya Scodelario doit beaucoup de sa présence insolite pour prédominer inquiétude et empathie), The Truth about Emanuel détourne les conventions du drame par une réalisation sans fioriture, jusqu'au final mystique assez bouleversant. 

Dédicace à Pascal Frezzato
Bruno Matéï