lundi 28 novembre 2022

L'Homme qui tua Liberty Valance / The Man Who Shot Liberty Valance

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de John Ford. 1962. U.S.A. 2h03. Avec John Wayne, James Stewart, Vera Miles, Lee Marvin, Edmond O'Brien, Andy Devine.

Sortie salles France: 3 Octobre 1962

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue. 1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère. 1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale. 1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves. 1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir. 1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe. 1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire).

Considéré comme l'un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma et selon certains critiques comme le meilleur film de Ford, l'Homme qui tua Liberty Valance n'a pas usurpé sa place au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain instaurée depuis 2007. Car découvrir pour la première fois ce grand moment de cinéma demeure émotionnellement capiteux, voir même éprouvant (notamment auprès de la brutalité de sa grande violence qu'exerce un Lee Marvin félin injecté de fiel et d'orgueil dans sa posture décomplexée d'omnipotence) eu égard de l'intensité dramatique qui se dégage des tourments des personnages en proie à une réflexion sur l'auto-justice (que tout un chacun peut un jour perpétrer lors d'un concours de circonstances irréversibles) après avoir flirté la valeur pédagogue. James Stewart incarnant avec une classe réservée l'honnête sénateur Stoddard désireux d'éduquer les habitants de la ville de Shinbone dans leur condition à la fois analphabète, inculte et alcoolique. 

Mais après avoir été grièvement blessé par le bandit Liberty Valance lors d'un hold-up, Stoddard demeure le bouc émissaire au moment de s'installer comme cuisinier dans un restaurant et d'y faire la connaissance de Tom Doniphon (John Wayne, impérial de charisme viril dans sa force tranquille et de sureté avant de se laisser submerger par le dépit amoureux) et sa compagne Haillie (Vera Miles résolument radieuse de posture affirmée, divine de volonté et de dignité auprès de ses valeurs morales inscrites dans la rectitude, si douce et tendre lorsqu'elle admire un étranger destiné à révolutionner les mentalités). Ainsi, à travers la caractérisation littéralement hypnotique de ses personnages s'efforçant de rétablir l'ordre et la justice dans une ville livrée à l'anarchie, la médiocrité et l'ignorance dans leur condition soumise, on reste constamment tétanisé de fascination empathique, portée par la puissance du récit vindicatif où la notion de héros est ici galvaudée, biaisée par un retournement de situation bicéphale (en évitant de trop en dévoiler). John Ford, épaulé de sa mise en scène à la fois chiadée, monochrome (noir et blanc immaculé qui plus est 4K !), ultra pointilleuse (les préparatifs des repas dans la cuisine détonnent par son réalisme surmené !), cultivant un climat mélancolique au coeur de cette ville fantôme apprenant peu à peu les valeurs essentielles de la démocratie et du droit de vote dans une société en mutabilité tour à tour technologique et cérébrale. 


Je suis une légende ?
D'une rare puissance émotionnelle alors que John Ford ne cesse de la distiller avec réserve et discrétion, avec parfois l'utilisation du hors-champs ou du non-dit (suffit de saisir les visages des protagonistes mutiques pour lire dans leurs pensées), l'Homme qui tua Liberty Valance est un chef-d'oeuvre universel destiné à perdurer son pouvoir hypnotique sous l'impulsion de son message progressiste profondément humaniste: l'émergence d'une démocratie inculquant aux votants les valeurs essentielles pour diriger en bonne et due forme toute une ville dans le respect des lois, de l'autorité et du civisme. Alors que son personnage principal, symbole de droiture, de résilience et de culture, pour autant tourmenté de son secret inavouable, restera hanté par la perte de son sang-froid après avoir cédé à la riposte expéditive qu'il combattait fermement.  

*Bruno

Ci-joint l'analyse passionnante de Jean-Baptiste Thoret.



jeudi 24 novembre 2022

Armageddon Time

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Gray. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Michael Banks Repeta, Anne Hathaway, Jeremy Strong, Anthony Hopkins, Jaylin Webb, Ryan Sell

Sortie salles France: 9 Novembre 2022

FILMOGRAPHIE: James Gray est un réalisateur, scénariste et producteur américain né à New York en 1969. 1994 : Little Odessa. 2000 : The Yards. 2007 : La nuit nous appartient. 2008 : Two Lovers. 2013 : The Immigrant. 2016 : The Lost City of Z. 2019 : Ad Astra. 2022: Armageddon Time. 


"Contempler, tel des yeux d'enfant, les prodiges d'un cinéaste digne de ce nom, c'est comme tourner autour de son oeuvre tel un papillon de nuit attiré par la lumière des projos."
Immense réalisateur n'ayant plus rien à prouver auprès des cinéphiles et de la critique (son dernier chef-d'oeuvre remonte à 2016 avec The Lost City of Z, sorte de version adulte des Aventuriers de l'Arche Perdue si je peux me permettre ce raccourci), James Gray nous revient avec une magnifique autobiographie relatant sa propre jeunesse du point de vue de Paul Graff. Un ado dissipé (tant en classe qu'au cocon familial) passionné par l'art du dessin et vouant une admiration pour son grand-père prévenant (incarné par le dinosaure Anthony Hopkins du haut de ses 84 ans). Récit initiatique relatant l'évolution morale de ce jeune juif perturbé par les valeurs dichotomiques du Bien et du Mal que lui enseignent les adultes (il est constamment en éveil cérébral de par la curiosité de son regard candide), notamment en faisant face à l'antisémitisme et au racisme, comme le souligne son meilleur ami afro ricain Johnny davantage en proie à l'autodestruction à force de subir le discrédit de l'entourage de sa bourgade, Armageddon Time est un grand moment de cinéma aussi puissant, authentique et symptomatique de celui des Seventies. 


Alors que paradoxalement le récit s'esquisse à l'orée des années 80 au parti-pris d'une photo granuleuse à la fois immaculée et épurée, James Gray le transfigure avec son sens du cadrage géométrique où rien n'est laissé au hasard (parmi le refus de fioriture) et surtout avec l'extrême pudeur d'y radiographier ses personnages profondément humains, pour autant jamais démonstratifs. Tant et si bien que ce qui bouleverse ici n'émane pas d'une émotion programmée ou d'un quelconque pathos bon marché facilement décelable. Non, ce qui émeut autant et nous fait chavirer ou tant vibrer découle de sa capacité innée à sculpter ses personnages dans un cadre naturel si respirable. A les faire vivre face à nous entre noblesse et humilité des sentiments de par leur fragilité à observer le monde en subissant l'usure du temps au moment d'assumer un cher disparu. Mais encore relever la gageure de leur évolution personnelle à tenter de progresser au gré d'une mélancolie existentielle déteignant sur notre propre conscience. Le spectateur s'identifiant à cette famille juive et au jeune Paul en émettant un parallèle avec notre propre vécu (nos fameuses réminiscences restées enfouies dans l'inconscient) du point de vue de la précarité de notre adolescence et de l'amour porté pour nos parents en dépit de nos (graves) erreurs de céder parfois à la facilité de l'insolence, pour ne pas dire du mal au sein de notre condition rebelle en quête identitaire. 


Drame existentiel d'une digne beauté par sa rigueur dramatique si réservée, pudique, mesurée, Armageddon Time se décline en hymne à la vie, à l'amour et à l'amitié (quelle triste preuve s'ouvre à nos yeux vers sa dernière partie à la fois cruelle et exutoire !) à travers l'injustice de la vieillesse, du sens du sacrifice et de la persévérance. A condition toutefois d'ouvrir l'oeil le plus lucide, de s'élever aux valeurs les plus expressives et sincères, de mener notre chemin tortueux vers une forme de sagesse rédemptrice après avoir essuyé les expériences de la douleur menant à maturité. Tout bien considéré, Armageddon Time demeure donc à mes yeux probablement l'oeuvre la plus cinématographique de 2022, au sens large. Et c'est donc à ne rater sous aucun prétexte pour les amoureux de cinéma révolu. 

*Bruno

mercredi 23 novembre 2022

Ticks

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tony Randel. 1993. U.S.A. 1h28 (uncut version concernant uniquement des séquences de dialogues). Avec Rosalind Allen, Ami Dolenz, Seth Green, Virginya Keehne, Ray Oriel, Alfonso Ribeiro, Peter Scolari

Sortie DTV France: 10 Août 1994

FILMOGRAPHIE: Tony Randel, né le 29 mai 1956 est un réalisateur, scénariste et monteur américain. Il est parfois crédité sous le nom Anthony Randel. 2007 : The Double Born. 1998 : Assignment Berlin. 1996 : Morsures (Rattled). 1996 : Confiance aveugle (One Good Turn). 1995 : North Star : La Légende de Ken le survivant (Fist of the North Star). 1993 : Ticks (Infested). 1992 : Amityville 1993 : Votre heure a sonné (Amityville 1992: It's About Time). 1992 : Inside Out II. 1991 : Les Enfants des ténèbres (Children of the Night). 1988 : Hellraiser 2 (Hellraiser : Hellbound). 1985 : Def-Con 4. 

                         "Un des fleurons du genre du début des années 90". PSYCHOVISION

Dtv oublié des années 90 alors qu'il vient juste d'être commercialisé dans une splendide édition 4K, Ticks est effectivement, et à ma grande surprise à la revoyure, un des fleurons des années 90 en terme de série B du samedi soir impeccablement troussée. Tony Randel, réalisateur de l'inoubliable Hellraiser 2, s'en donnant à coeur joie dans sa moisson d'effets-chocs généreusement étalés à l'écran à renfort d'effets mécaniques du plus bel effet. Tant et si bien que l'attraction principale de cet Haribo acidulé que l'on croirait plutôt extirpé des années 80 émane de ses créatures carnivores redoutablement voraces et véloces afin de s'agripper aux victimes pour les piquer, ou mieux, les dévorer de l'intérieur sous l'impulsion d'effets gores d'un rouge saturé (en mode gélatineux). Comme de coutume dans ce genre de produit d'exploitation dénué de prétention, le scénario plutôt inepte n'est qu'un prétexte pour emprunter le cheminement du survival forestier lorsque un couple de sociologues accompagnent des ados difficiles au coeur d'une forêt insécure plutôt perméable et magnifiquement photographié. Outre la menace des créatures étonnamment convaincantes par leur réalisme artisanal, le réalisateur a la bonne idée d'introduire un duo de péquenots trafiquants d'herbe afin de renforcer le sentiment d'insécurité de nos jeunes héros molesté par 2 menaces aussi meurtrières. 

Tony Randel n'hésitant pas à injecter quelques doses de cruautés quant au sort précaire de nos touristes juvéniles à la fois écervelés mais attachants dans la mesure où l'on s'identifie à leur cauchemar improbable avec une certaine once d'empathie eu égard de la tournure dramatique de certaines situations fortuites. Tout cela étant miraculeusement efficace tant le cinéaste redouble de générosité à cumuler les agressions tous azimuts au sein d'une scénographie forestière immersive. Pour ce faire, il faut impérativement revoir Ticks en qualité 4K tant l'image contrastée, saturée, luminescente, nous en fout plein la vue 1h25 durant au sein de ce train fantôme constamment réjouissant. La cerise sur la gâteau émanant de son final en apothéose lorsqu'une créature soudainement géante apparait dans le chalet pour tenter d'y dévorer goulument ses occupants. Un hommage pittoresque aux films de monstres géants que l'on aurait peut-être toutefois mieux apprécié si son scénario linéaire avait su faire preuve de plus d'inventivité au niveau des clichés rebattus. Rien de préjudiciable toutefois tant l'aventure horrifique se suit sur un rythme d'enfer sous l'impulsion d'ados aimablement bonnards et de méchants qu'on adore détester. 

A revoir donc pour les fans de films de monstres bâtis sur l'aspect jouissif de ses agressions carnassières (ici) quasi ininterrompues. En précisant à titre subsidiaire que le producteur exécutif n'est autre que Brian Yuzna épaulé du directeur d'FX Doug Beswick (Terminator, Aliens) et des maquilleurs issus de l'écurie K.N.B (pour plus d'infos reportez vous sur la critique idoine du site Psychovision)

*Bruno
2èx

mardi 22 novembre 2022

100 Dollars pour un Shérif / True Grit

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Henry Hathaway. 1969. U.S.A. 2h08. Avec John Wayne, Glen Campbell, Kim Darby, Robert Duvall, Jeff Corey, Strother Martin, Jeremy Slate

Sortie salles France: 18 Février 1970 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHenry Hathaway est un réalisateur et producteur américain né le 13 mars 1898 à Sacramento (Californie), décédé le 11 février 1985 à Los Angeles (Californie). 1932 : Heritage of the Desert. 1932 : Blanco, seigneur des prairies. 1933 : La Ruée fantastique. 1933 : Under the Tonto Rim. 1933 : Sunset Pass. 1933 : Man of the Forest. 1933 : Jusqu'au dernier homme. 1934 : Les Gars de la marine. 1934 : The Witching Hour. 1934 : La Dernière Ronde. 1934 : C'est pour toujours. 1935 : Les Trois Lanciers du Bengale. 1935 : Peter Ibbetson. 1936 : La Fille du bois maudit. 1936 : I Loved a Soldier (film inachevé). 1936 : Go West, Young Man. 1937 : Âmes à la mer. 1938 : Les Gars du large. 1939 : La Glorieuse Aventure. 1940 : Johnny Apollo. 1940 : L'Odyssée des Mormons. 1941 : Le Retour du proscrit. 1941 : Crépuscule. 1942 : Ten Gentlemen from West Point. 1942 : La Pagode en flammes. 

Réalisé par le spécialiste du genre, Henry Hathaway, 100 dollars pour un shérif (alors qu'il s'agit plutôt d'un Marshal) est un superbe western, l'un des derniers inscrit dans le classicisme en cette année 1969. Incarné par l'incorrigible John Wayne, récompensé ici pour la première fois de l'Oscar du Meilleur Acteur (alors qu'il s'agit  paradoxalement d'un rôle à contre-emploi, douce ironie !), l'intrigue à suspense est rehaussée de l'attachante présence de Glen Campbell portant le film à bout de bras dans sa fonction de justicière au caractère robuste à contrario de Rooster, shérif alcoolique plutôt cupide, égoïste et bourru. A eux deux ils forment un tandem contradictoire à la fois pittoresque, tendre et colérique eu égard de leur divergence morale à daigner traquer Tom Chaney responsable de la mort du père de la jeune Maty. Celle-ci étant délibérée à accompagner Rooster et son faire-valoir La Boeuf en dépit du rejet du premier à se laisser intimider par une fillette autrement intelligente et sensible. 

Glen Campbell s'extirpant à tous prix du cabotinage redouté en apportant un jeu nuancé à travers ses prises de position affirmées jamais outrées et son sens du devoir, d'amitié et de loyauté qu'elle tente d'inculquer en filigrane à ces deux machistes plutôt préoccupés par le gain. Magnifié de somptueux paysages aussi vastes que dépaysants dans un format 1.77, 100 dollars pour un shérif prend son temps à planter son histoire en privilégiant l'étude caractérielle de ses trois personnages en proie aux dangers impromptus entre deux/trois accalmies. Pour ce faire, le réalisateur parvient à se démarquer des clichés et de la routine en faisant vivre (ou plutôt en laissant respirer) son récit et ses personnages à travers son lyrisme et l'attrait épique de certaines situations de rebellions. Nos héros nous entraînant dans une aventure exaltante en dépit de quelques éclairs de violence remarquablement menés avec au bout du chemin un épilogue subtilement émouvant dans son refus de pathos. 100 dollars pour un shérif apportant au final un joli discours sur le sens de l'amitié après avoir essuyé l'injustice du deuil du point de vue d'une jeune femme militant pour le sens du partage et de la rédemption d'après sa foi en la pérennité. 

Un grand western donc indiscutablement solide et maîtrisé de par sa mise en scène technicienne, sa scénographie tantôt fantasmagorique et l'ampleur humaine de ses personnages aussi faillibles que stoïques. 

*Bruno

FILMO (suite): 1944 : Le Jockey de l'amour. 1944 : Le Porte-avions X. 1945 : La Grande Dame et le Mauvais Garçon. 1945 : La Maison de la 92e Rue. 1946 : L'Impasse tragique. 1947 : 13, rue Madeleine. 1947 : Le Carrefour de la mort. 1948 : Appelez nord 777. 1949 : Les Marins de l'Orgueilleux. 1950 : La Rose noire. 1951 : La marine est dans le lac. 1951 : 14 Heures. 1951 : L'Attaque de la malle-poste. 1951 : Le Renard du désert. 1952 : Courrier diplomatique. 1952 : La Sarabande des pantins. 1953 : Niagara. 1953 : La Sorcière blanche. 1954 : Prince Vaillant. 1954 : Le Jardin du diable. 1955 : Le Cercle infernal. 1956 : Le Fond de la bouteille. 1956 : À vingt-trois pas du mystère. 1957 : La Cité disparue. 1958 : La Fureur des hommes. 1959 : La Ferme des hommes brûlés. 1960 : Les Sept Voleurs. 1960 : Le Grand Sam. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1964 : Le Plus Grand Cirque du monde. 1965 : Les Quatre Fils de Katie Elder. 1966 : Nevada Smith. 1967 : Le Dernier Safari. 1968 : Cinq cartes à abattre. 1969 : Cent dollars pour un shérif. 1971 : Le Cinquième Commando. 1971 : Quand siffle la dernière balle. 1974 : Hangup. 

mercredi 16 novembre 2022

Smile

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Parker Finn. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Sosie Bacon, Kyle Gallner, Caitlin Stasey, Jessie T. Usher, Rob Morgan, Kal Penn, Robin Weigert, Judy Reyes.

Sortie salles France: 28 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Parker Fin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2022: Smile. 

Plutôt alléchant, voir prometteur et même fascinant de par l'accroche de sa tagline, l'originalité de son titre concis et l'étrangeté de son affiche (même si à priori quelques youtubeurs n'y ont pas été autant charmés que moi); Smile est une excellente surprise à rajouter au palmarès des plus belles flippes à l'écran vues ces dernières années. Une série B adulte (et donc radicalement 1er degré) d'un jeune réalisateur néophyte féru du genre tant et si bien que Smile transpire la sincérité du travail bien fait lorsque celui-ci croit fermement en son projet. Et ce même si on peut déplorer un sentiment de déjà vu (The Ring, It Follows en tête à mon sens) et un final peut-être pas si surprenant que cela (à défaut d'être percutant, voir toujours terrifiant et malaisant), on croit à fond à cette histoire d'entité maléfique exprimant un rictus démonial au moment de s'adonner à l'horreur graphique (je n'en dis pas plus pour éviter de spoiler et dévoiler son pitch) face au témoignage impuissant d'une future victime condamnée à subir des hallucinations impossibles à contrôler. Mais outre l'idée géniale d'offrir au Mal une posture joviale "déconcertante" à travers ce fameux rictus oh combien gênant jusqu'au malaise, Parker Finn privilégie louablement durant les 2/3 tiers du récit la psychologie torturée d'une psychiatre à deux doigts de céder à la démence que le spectateur observe avec autant d'attention, de crainte, d'appréhension. 

Un peu comme le fut d'ailleurs l'héroïne Nancy Thompson des Griffes de la Nuit, l'héroïne de Smile ne parvient plus non plus à distinguer la réalité de ses hallucinations intempestives si bien que le spectateur lui tend la main dans sa psychose démunie avec une empathie quasi aussi dépressive. Ainsi, à travers le jeu nuancé de Sosie Bacon irréprochable en victime monomane s'efforçant vainement de trouver un appui amical pour s'extirper de son cauchemar paranormal au même moment d'y perpétrer son enquête officieuse, on s'identifie de plein gré à ce personnage soumis à travers le chemin de croix de son évolution morale davantage en porte à faux. Le réalisateur soulignant intelligemment son profil chétif sous l'impulsion d'une mise en scène studieuse prenant son temps à implanter autour d'elle un climat d'angoisse redoutablement palpable. Avec l'audace de cultiver entre autre quelques jump scare étonnamment percutants, notamment pour leur refus de gratuité, si bien que l'on plonge dans ce train fantôme avec une évidente fascination malsaine eu égard de la rigueur de ses scènes chocs souvent très impressionnantes (à l'instar de son prologue tétanisant). Et sur ce point frisonnant, Smile est une belle réussite coiffant au poteau 90% de la production horrifique en cette année 2022.

Talent à surveiller que cette oeuvre prometteuse plutôt maîtrisée dans le brio de sentiments d'angoisse et d'anxiété plutôt malsaines, Parker Finn accomplit avec cette modeste série B un formidable divertissement horrifique, adulte, intelligent, par moments effrayant et sans concession (jusqu'au générique final). En alternant notamment à bon escient un score dissonant et les silences pesants avec un art consommé de la tension dérangée si bien que la menace invisible n'aura jamais été aussi insécure qu'à travers le présage de ce rictus résolument morbide. 

*Bruno

vendredi 11 novembre 2022

Death Race / Course à la Mort

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Paul Thomas Anderson. 2008. U.S.A/Allemagne/Angleterre. 1h51 (version longue). Avec Jason Statham, Joan Allen, Tyrese Gibson, Ian McShane, Natalie Martinez

Sortie salles France: 15 Octobre 2008. U.S: 22 Août 2008 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final. 2020 : Monster Hunter. 

« Ce n'est pas un remake du tout. Le premier film était une course à travers l'Amérique. C'était autour d'une course mondiale. Celui-là sera orienté vers l'avenir, donc les voitures sont encore plus futuristes. Donc vous aurez des voitures avec des fusées, des mitrailleuses, les champs de force ; des voitures pouvant se fractionner et se reformer, un peu comme les Transformers, les voitures qui deviennent invisibles... »

Paul W. S. Anderson

Déclinaison donc du cultissime Les Seigneurs de la Route (que j'ai eu l'opportunité de découvrir en salles), Death Race se révèle une bonne surprise pour l'amateur d'action bourrine que Paul Thomas Anderson (Event Horizon) rend (étonnamment) lisible en dépit de sa caméra épileptique inspirée des expérimentations pédantes de Michael Bay. Entre parenthèse, cela n'a rien à voir avec la saga  Transformers que le cinéaste ose comparer, peut-être afin d'influencer le grand public. Le récit se découpant en 3 courses endiablées alors que celui-ci a l'habileté d'éviter de se répéter afin de relancer l'action survitaminée des tôles froissées vers d'autres horizons à la fois délétères et fructueuses quant aux sorts de nos héros émérites redoublants de stratagèmes pour s'extirper de leur géôle au gré d'une intensité furibonde assez jouissive (surtout pour l'effet de surprise de la 1ère course). Car au-delà de l'efficacité de l'intrigue correctement menée, inventive et semée de petits rebondissements, Death Race impressionne formellement parlant à travers sa facture futuriste où aucun détail métallique ne nous est épargné. Le réalisateur décrivant parmi le réalisme d'une photo désaturée un univers dystopique au sein d'une prison officieuse si j'ose dire pour mettre en pratique une épreuve sportive létale inspirée des jeux du cirque romain dans la coure de l'enceinte. 

Les carrosseries customisées demeurant terriblement fascinantes, démoniales, clinquantes; de par leur aspect insalubre / rubigineux pour autant fiable, stable, tenace, notamment grâce aux sulfateuses implantées sur les capots de chaque véhicule et autres pochettes surprises. On songe clairement à la scénographie barbare de Mad-Max 2, impression renforcée lorsqu'intervient un "camion de la mort" impossible à alpaguer à travers ses nombreux gadgets meurtriers et son imposante stature quasi indestructible piétinant tout sur son passage. Quand bien même ses épreuves vertigineuses sont retransmises en direct à la TV face au voyeurisme d'une cinquantaine de millions de téléspectateurs (que nous ne verrons jamais pour se concentrer essentiellement sur le terrain de jeu strictement carcéral). On retrouve donc le personnage de Frankenstein qu'endosse avec sa virilité habituelle l'illustre Jason Statham parfaitement à l'aise en casse-cou routier s'efforçant de remporter la mise afin de retrouver sa fille hébergée chez un étranger à plus de 3500 kms. L'acteur dégageant un charisme idoine pour se glisser dans la peau (tatouée) d'un détenu stoïque, impassible, eu égard des nombreux pièges et subterfuges lancés à son encontre.

Parmi l'heureuse initiative de ne pas se prendre au sérieux, avec en prime 2/3 effets gores sardoniques et l'ultra violence de bastonnades et poursuites destroy souvent très impressionnantes, Death Race joue aimablement la carte de la série B du Samedi soir avec une perpétuelle efficacité. Aussi modestes soient ses enjeux éculés (habilement exploitées) et autres clichés sciemment assumés pour ne jamais reluquer sa montre (le film dure tout de même 1h51 dans sa version intégrale). Quant aux suites opportunistes rapidement torchées et expédiées, il n'y a rien à signaler.

*Bruno
2èx

La Fille de Dracula / Dracula's Daughter

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lambert Hillyer. 1936. U.S.A. 1h11. Avec Otto Kruger, Gloria Holden, Marguerite Churchill, Edward Van Sloan, Gilbert Emery, Irving Pichel, Halliwell Hobbes.

Sortie salles France: 17 Juillet 1936. U.S: 11 Mai 1936

FILMOGRAPHIELambert Hillyer est un scénariste et réalisateur américain né à South Bend, le 8 juillet 1889 et mort à Los Angeles le 5 juillet 1969, quelques jours avant son 80e anniversaire.1917 : La Révélation. 1918 : Riddle Gawne, coréalisé avec William S. Hart. 1919 : Le Shérif Carmody. 1919 : Le Frère inconnu. 1919 : La Caravane. 1919 : L'Enfer des villes. 1920 : Son dernier exploit. 1920 : Son meilleur ami. 1921 : L'Homme marqué. 1921 : Sa haine. 1922 : L'Homme aux deux visages. 1922 : The Altar Stairs. 1922 : Sur les grands chemins. 1923 : The Lone Star Ranger. 1923 : La Terre a tremblé. 1923 : La Brebis égarée. 1924 : Les Fraudeurs. 1925 : Un poing d'honneur. 1926 : Vagabond malgré elle. 1932 : L'Aigle blanc. 1934 : Once to Every Woman. 1934 : The Defense Rests. 1934 : Les Écumeurs de la nuit. 1935 : Les Hommes de l'heure. 1935 : À toute allure. 1936 : Le Rayon invisible. 1936 : La Fille de Dracula. 1938 : Détenues. 1941 : Hands Across the Rockies. 1943 : Batman. 1945 : Beyond the Pecos
1948 : The Fighting Ranger. 1948 : Song of the Drifter. 


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, La Fille de Dracula fait suite au chef-d'oeuvre de Tod Browning, Dracula tourné 3 ans au préalable. Dans la mesure où celle-ci tente en l'occurrence de se débarrasser de son fardeau filial en sollicitant l'aide d'un psychiatre puisque hantée par l'affres de pulsions vampiriques. Et ce en dépit de la mort du prince des ténèbres foudroyé d'un pieu dans le coeur par Mr Van Helsing (toujours incarné par Edward Van Sloan). Tourné dans un magnifique noir et blanc avec au passage 2/3 séquences d'un onirisme macabre proéminent, la Fille de Dracula propose l'intelligence d'éluder toute violence graphique au profit d'une intrigue à suspense soigneusement structurée. Or, là où le bas blesse, c'est que les rares situations horrifiques qui empiètent le récit (à base de somnambulisme) demeurent si timorées que nous n'avions jamais l'impression d'avoir affaire à un film d'épouvante en bonne et due forme de la Universal


Pour autant, le soin imparti à la réalisation et surtout le jeu irréprochable des acteurs (j'ai d'ailleurs été  surpris pour une oeuvre de cette époque) permettent de suivre le récit sans ennui auprès des afficionados (à contrario du grand public qui pourrait potentiellement s'ennuyer d'escompter le p'tit frisson attendu). Les protagonistes demeurant tout à fait attachants (la romcom versatile entre le docteur et la ravissante Janet en sous-intrigue ne manque pas de tendresse badine) quand bien même la présence ténébreuse et charnelle de Gloria Holden (qui détestait le genre horrifique !) nous instaure un sentiment fascinatoire plutôt convaincant en dépit de ses faibles intentions à nous susciter le sentiment insécure. On apprécie par ailleurs à travers cet âge d'or plutôt rigoriste son allusion au saphisme lorsque la comtesse semble éprouver une certaine attirance sexuelle auprès de l'une de ses proies transie d'émoi. 


Parfois gentiment amusant auprès de ses épisodes cocasses (surtout le prologue et les déconvenues dans le commissariat), La Fille de Dracula demeure une sympathique séquelle solidement réalisée et interprétée, mais à réserver cependant aux inconditionnels. 

*Bruno

jeudi 10 novembre 2022

Le Temps du Massacre / Tempo di massacro

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Lucio Fulci. 1966. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, George Hilton, John M. Douglas, Nino Castelnuovo, Tom Felleghy, Rina Franchetti.

Sortie salles France: 27 Juillet 1967. Italie: 10 Août 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1978: Selle d'Argent. 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantômes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


1966 imprime un tournant dans la carrière de Lucio Fulci. Dans la mesure où après avoir réalisé de nombreuses comédies, le maestro s'essaie au western avec le Temps du massacre au moment de s'inspirer de Sergio Leone depuis la sortie de Pour une Poignée de dollars tourné 2 ans plus tôt. Un western italien (spaghetti reste un terme trivial aujourd'hui obsolète) d'une violence âpre pour l'époque si bien qu'aujourd'hui on reste à nouveau impressionné par son prologue d'une inopinée cruauté horrifique (un homme dévoré vivant par des chiens après une traque sans relâche face à des témoignages voyeuristes dont certains regards pervers ne trompent pas) et la fameuse anthologie du lynchage au fouet que l'acteur Nino Castelnuovo manie avec sadisme eu égard de l'expression perverse de son visage humecté de haine, de jouissance, de tracas, d'épuisement. Pour ce faire, l'acteur demeure redoutablement inquiétant, étrange, dérangeant sous l'impulsion de son faciès maladif à la lisière d'une douce démence. Sa présence magnétique renforçant l'atmosphère trouble qui ressort de ce western franc-tireur inscrit dans une marginalité assumée si j'ose dire.  

Quand bien même Franco Nero lui partage dignement la vedette de par l'intensité de ses yeux azurs en héros redresseur de tort impliqué malgré lui dans une sinistre affaire familiale. L'intrigue demeurant parfaitement efficace, en suspens, auprès de son évolution narrative charpentée rehaussée d'étonnants rebondissements afin de renchérir l'aura de souffre qui entoure nos protagonistes en proie aux règlements de compte intimidants ou punitifs. A l'instar de son massacre final explosif où l'action quasi ininterrompue ravira les amateurs par ses chorégraphies d'une violence relativement décomplexée. Outre l'aspect captivant de son récit redoutablement cruel à travers sa dramaturgie escarpée, on est stupéfiais de l'inspiration de Fulci soignant ses cadres et sa photo scope avec un certain gout pour le baroque (les antagonistes vêtus de costumes blancs, les vallées rocailleuses également nacrées). Celui-ci transfigurant sa scénographie classique dans un modernisme fortuit en faisant preuve notamment d'une surprenante efficience pour relancer l'action vers une direction quelque peu mélancolique quant à l'amoncellement des cadavres exécutés pour des enjeux terroristes.  

Plutôt flamboyant dans une certaine mesure à travers son onirisme baroque (notamment ce plan final avec cette colombe tachetée de sang parcourant le ciel pour imposer sa liberté), Le Temps du Massacre se décline dignement en classique du western italien sous la mainmise de Lucio Fulci déjà inspiré à asseoir sa réputation malsaine de par son goût pour une violence sadienne au service narratif (on milite pour le sens de l'honneur, de la justice et des valeurs familiales) et de ses personnages mutuellement gagnés d'agissements à la fois rebelles et hargneux. 

*Bruno
3èx

mardi 1 novembre 2022

A l'Ouest rien de nouveau / All Quiet on the Western Front

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Edward Berger. 2022. Allemagne/U.S.A/Angleterre. France. 2h28. Avec Daniel Brühl, Albrecht Schuch, Felix Kammerer, Moritz Klaus, Aaron Hilmer, Edin Hasanovic.

Diffusé sur Netflix le 28 Octobre 2022

FILMOGRAPHIEEdward Berger est un réalisateur, producteur et scénariste allemand né en 1970 à Wolfsburg, Lower Saxony. 2001: Frau2 sucht HappyEnd. 1998 Gomez - Kopf oder Zahl. 1995: Wanderbread. 1994 Smelly Dinners. 1993 Sidewalk Hotel. 1992 Strait-Jacket. 2007: Windland (TV Movie). 2012: Mutter muss weg (TV Movie). 2011 Ein guter Sommer (TV Movie). 2014: Jack. 2019: All my loving. 2022: A l'Ouest rien de nouveau. 


Un message anti-guerre d'une puissance formelle et morale peu commune.
Impossible de sortir indemne d'un tel fiasco mortifié sitôt le générique mutique clos (parti-pris digne afin de rendre ultime hommage aux 17 millions de morts). Une descente aux enfers donc aussi immersive que vertigineuse eu égard de l'extrême réalisme des affrontements belliqueux d'une barbarie ad nauseam. Edward Berger relatant la fin de la 1ère guerre mondiale du point de vue germanique comme si vous y étiez (euphémisme si j'ose dire tant l'expérience s'avère éprouvante, pour ne pas dire écoeurante même si on m'avait prévenu que l'horreur était émétique). Et il faut sans doute remonter à Il faut sauver le soldat Ryan pour renouer avec un tel degré d'intensité dramatique, de tragédie électrisante et de folie paroxystique au gré d'affrontements primitifs aussi interminables qu'épuisants. Là où il n'y a ni bons ni méchants en cas de guerre internationale. Si bien que les Allemands sont tout simplement perçus comme des hommes aussi apeurés par la violence omniprésente (la leur et celle des autres) et sa contagion qui en émane inéluctablement. 


A l'instar du chemin de croix du jeune recrue Paul traversant les bombes, les balles et ses charniers de cadavres avec un humanisme inévitablement sentencieux quant à son fébrile témoignage d'assister impuissant à l'apocalypse des pièges à tranchées. La force du récit émanant de son apprentissage avec la déchéance morale. Son regard candide puis coupable à se substituer en animal sauvage comme le démontrent sans logique ses camarades et rivaux combattant armes à la main dans un élan patriotique résolument suicidaire (ou désaxé, c'est selon). D'une durée de 2h28, A l'ouest rien de nouveau ne nous laisse que peu de répit, entre scènes d'anthologie horrifiantes, aparté intimistes et compromis entre nos leaders militaires totalement déconnectés de la situation chaotique comme le souligne son final ubuesque lorsque le général Friedrichs décide de poursuivre une ultime guérilla en dépit de l'armistice fraîchement signée. 


Formellement sublime par son onirisme à la fois serein (le contraste établi avec la nature matinale ou crépusculaire), étrange puis mélancolique (surtout dès que l'armistice est adoubé), faute d'une aura morbide aphone planant sur les épaules de soldats épuisés de faim, de fatigue et de (dé)goût de se battre, A l'Ouest rien de nouveau dénonce sans ambiguïté l'absurdité de la folie guerrière auprès de l'exploitation outre-mesurée de ses recrues préalablement appâtés par l'héroïsme du patriotisme. Dénonçant sans ambages la guerre dans toute son insalubrité nécrosée au point que chaque détail nous agresse la vue parmi la fragilité d'un désespoir plus imposant lors de sa dernière demi-heure désarmante de non-sens, A l'ouest rien nouveau nous détourne le regard d'une imagerie horrifique jamais glorifiante (aucun héroïsme à l'horizon, que des visages livides martyrisés par la violence). De par son réalisme tranché aussi poisseux qu'intolérable. Si bien qu'un seul désir nous martèle l'esprit dès le générique clos: l'envie de prendre une douche, ou mieux, serrer longuement nos proches, avec amour, réconfort et beaucoup, beaucoup de tendresse. 
Pour public averti (mais à diffuser d'urgence dans tous les lycées du monde). 

*Bruno