jeudi 30 juin 2022

Sin City

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Rodriguez, Frank Miller et Quentin Tarantino. 2005. 2h04. Avec Bruce Willis, Mickey Rourke, Clive Owen, Jessica Alba, Benicio del Toro, Rosario Dawson, Elijah Wood, Michael Clarke Duncan, Nick Stahl, Jaime King, Carla Gugino, Brittany Murphy, Devon Aoki, Alexis Bledel, Josh Hartnett, Michael Madsen, Rutger Hauer, Powers Boothe, Jude Ciccolella, Tommy Fla.

Sortie salles France: 1er Juin 2005 (Int - 16 ans). 1er Avril 2005 (Int - 17 ans). 

FILMOGRAPHIE: Robert Rodriguez est un réalisateur et musicien américain, d'origine mexicaine, né le 20 Juin 1968 à San Antonio, Texas, Etats-Unis. 1992: El Mariachi. 1993: Roadtracers (télé-film). 1995: Desperado. 1995: Groom Service (Four Rooms, segment: The Misbehavers). 1996: Une Nuit en Enfer. 1998: The Faculty. 2001: Spy Kids. 2002: Spy Kids 2. 2003: Spy Kids 3. 2003: Desperado 2. 2005: Sin City. 2005: Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl. 2007: Planète Terror. 2009: Shorts. 2010: Machete (co-réalisé avec Ethan Maniquis). 2011: Spy Kids 4. 2013: Machete Kills. 2014: Sin City: j'ai tué pour elle. 2014: From dusk till Daw: The Series (épis 1,2 et 4). 2013 : Two Scoops (court métrage). 2014 : Sin City : J'ai tué pour elle. 2015 : 100 Years. 2019 : Alita: Battle Angel. 2019 : Red 11. 2020 : C'est nous les héros. 

Comme on dit si bien "seuls les imbéciles ne changent pas d'avis" car si je n'avais pas vraiment accroché les 2 premières fois à l'époque de son exploitation Dvd, je suis aujourd'hui autrement plus optimiste et convaincu à la revoyure, aussi inabouti et dégingandé soit ce projet incongru. Car OVNI atypique noyé d'ultra-violence folingue au sein d'une action hyperbolique qui peut parfois lasser en même temps que dérouter, Sin City est une sorte de vilain p'tit canard négocié entre 3 cinéastes férus d'ambition à donner chair au comics iconique de Mister Frank Miller. Et d'un aspect purement esthétique, Sin City est une véritable claque stylisée à travers son noir et blanc argenté parfois contrasté de couleurs criardes. Chaque plan faisant office d'esquisse picturale au sein d'un climat nocturne à la fois baroque, malsain et vertigineux. Bref, on en prend plein la vue en dépit de quelques couacs en arrière plan, faute d'FX numériques parfois trop grossiers. Tant et si bien qu'à ce niveau formel inusité on reste tour à tour fasciné, désorienté, troublé, déconcerté auprès de cet univers vicié où sexe, romance et violence ne cessent de s'entrecroiser sous l'impulsion d'une poignée de machistes désaxés ou corrompus maltraitant des femmes frondeuses hyper sensuelles et provocantes dans leur tenue SM.

Avec son casting halluciné (Bruce Willis, Mickey Rourke, Clive Owen, Jessica Alba, Benicio del Toro, Rosario Dawson, Elijah Wood, Michael Clarke Duncan, Nick Stahl, Jaime King, Carla Gugino, Brittany Murphy, Devon Aoki, Alexis Bledel, Josh Hartnett, Michael Madsen, Rutger Hauer, Powers Boothe !!!!!!!!), Sin City met en exergue des individus hyper charismatiques à travers leur trogne striée, tuméfiée ou taillée à la serpe comme le souligne le mastard Mickey Rourke littéralement increvable en prétendant vindicatif. Quand bien même Bruce Willis tente de libérer la fillette Nancy des mains d'un dangereux pédophile cannibale dans une posture étonnamment sclérosée et empotée mais pour autant furibonde lorsqu'il s'agit de riposter par le fracas des armes. Enfin, Clive Owen tentera d'extraire sa muse Shellie (Brittany Murphy) des griffes du flic ripou Jackie Boy (Benicio Del Toro impérial d'hypocrisie sardonique dans son fin regard reptilien !). Trois histoires romantiques donc tournant incessamment autour de règlements de compte ultra sanglants entre bons et méchants flamboyants que notre trio de réalisateurs cultive toutefois sans intensité dramatique. Car seul compte ici le spectacle barbare, pyrotechnique au sein d'une scénographie crépusculaire souvent hypnotique, trouble, déroutante puisque hors norme. 

En dépit de ses faiblesses narratives flagrantes (absence de suspense et de tension dramatique autour de 3 sketchs prévisibles), Sin City mérite le coup d'oeil auprès de sa rutilance visuelle avec ses personnages singuliers combattant le crime et le vice avec immoralité subversive (et discutable comme l'ont reproché certaines critiques). De par son climat surréaliste aussi vénéneux que déstabilisant, Sin City désoriente , dépayse, fait perdre nos repères, entre fascination, répulsion masochiste, perplexité et irrésistible attirance pour le Mal le plus couard quant aux portraits hardcore de ces méchants fétides fort en gueule. 

*Bruno
3èx

FILMOGRAPHIE: Frank Miller, né le 27 janvier 1957 à Olney dans le Maryland, est un auteur de bandes dessinées américain, également scénariste de films et réalisateur. 2005 : Sin City coréalisé avec Robert Rodriguez et avec une participation de Quentin Tarantino. 2008 : The Spirit. 2014 : Sin City : J'ai tué pour elle. 

mardi 28 juin 2022

Frances

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Graeme Clifford. 1982. U.S.A. 2h20. Avec Jessica Lange, Kim Stanley, Sam Shepard, Bart Burns, Jonathan Banks, Bonnie Bartlett, Jeffrey DeMunn.

Sortie salles France: 7 Septembre 1983. U.S: 3 Décembre 1982.

FILMOGRAPHIEGraeme Clifford est un réalisateur australien né en 1942 à Sydney. 1982 : Frances. 1985 : Burke and Wills. 1989 : Skate Rider. 1993 : Le Rubis du Caire. 1996 : La Fin d'un Rêve (TV). 1997 : Le Dernier Parrain (TV). 1998 : Le Dernier Parrain 2 (TV). 2007 : Revanche de femme (TV). 


"Celui qui adopte un autre mode de vie, d'une façon visible et concrète, sape les bases du conformisme. Il se heurtre à l'intolérance, car on est immédiatement suspect si l'on est différent".
Quel triste destin que de retracer sans ambages le portrait de la star déchue Frances Farmer par la machine à broyer Hollywood qu'on ne présente plus. C'est ce que nous relate le réalisateur discret  Graeme Clifford avec personnalité et souci documenté (même s'il se permet quelque liberté avec le biopic après avoir effectué moi même quelques recherches) tant la mise en scène à la fois sobre, élégante, sans fioriture nous plonge dans son univers vitriolé avec un art consommé de l'expressivité dépouillée. A l'instar du jeu fulgurant de la radieuse Jessica Lange endossant avec une vérité humaine à la fois digne, détachée et démunie, l'ascension puis le déclin d'une actrice anticonformiste s'attirant les foudres de la censure, du fondamentalisme et de l'oppression psychiatrique faute d'une mère bigote en complicité avec l'outrecuidance de ce corps médical. Car sous couvert d'une diatribe contre l'industrie d'Hollywood exploitant sans scrupule leurs stars en herbe trop fragiles pour accéder aussi rapidement à la notoriété, Graeme Clifford en profite pour y jeter un pavé dans la mare de la psychiatrie séculaire. 


Tant auprès des conditions de vie insalubres de leurs patientes réduits à l'état végétatif, de leurs dialogues de sourd perpétrés avec des praticiens contre-intuitifs que de leurs traitements de choc infligés sur leur cerveau afin d'assainir leur (éventuelle) folie mentale au gré de pratiques médiévales proprement inhumaines. Ainsi, tour à tour terrifiant, brutal et malsain (toutes les séquences erratiques dans l'asile), poignant, désespéré et fatalement bouleversant, Frances nous immerge lentement (2h20 de projo) mais surement au coeur du profil névrosé de cette actrice athée férue d'autonomie dans son insatiable soif de vie (houleuse il est vrai avec ce que cela sous entend d'excès) au risque de s'attirer sermons et médisances auprès d'une autorité (familiale, professionnelle, médicale) faisant la sourde oreille auprès des marginaux incompris. Car exploitée tous azimuts durant sa courte vie en étant notamment destituée de ses facultés cérébrales et émotionnelles, Frances Farmer y perdra son âme, sa foi et sa dignité dans sa perpétuelle impuissance à s'opposer aux convenances au point de s'isoler pour y bâtir un semblant d'havre de paix.  


Illuminé par la présence gracile d'une Jessica Lange habitée par l'entité de son personnage infortuné, Frances nous ébranle d'émotions (fortes, troubles, fragiles) à autopsier le profil trop fragile de cette star des années 30 brisée par son entourage (faussement) prévenant en dépit de sa romance entamée avec Harry York (Sam Shepard très juste dans l'inquiétude de ses tourments). Un type à reflet de miroir car lui aussi marginal, indépendant et quelque peu instable peinant finalement à la combler à travers son amour constamment contrarié, bafoué, compromis, galvaudé. 

*Bruno

lundi 27 juin 2022

Cocoon, le retour / Cocoon: The Return

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Daniel Petrie. 1988. U.S.A. 1h56. Avec Don Ameche, Wilford Brimley, Hume Cronyn, Jessica Tandy, Steve Guttenberg, Maureen Stapleton, Gwen Verdon.

Sortie salles France: 3 Mai 1989. U.S: 23 Novembre 1988

FILMOGRAPHIEDaniel Petrie est un réalisateur, scénariste et producteur canadien né le 26 novembre 1920 à Glace Bay (Nouvelle-Écosse) et mort le 22 août 2004 à Los Angeles (Californie). 1960 : Le Buisson ardent. 1961 : Un raisin au soleil. 1962 : Guitares et bagarres. 1963 : Les Heures brèves. 1966 : Jeunes gens en colère. 1966 : Un micro dans le nez. 1973 : Odyssée sous la mer. 1974 : Buster and Billie. 1974 : Pris au piège. 1976 : L'Adam de la mer. 1978 : Betsy. 1980 : Resurrection. 1981 : Le Policeman. 1982 : Six-Pack. 1984 : Un printemps sous la neige. 1987 : Square Dance. 1988 : Rocket Gibraltar. 1988 : Cocoon, le retour. 1994 : Lassie : Des amis pour la vie. 1997 : The Assistant. 


Retour sur Terre.
A condition de ne pas avoir revu son modèle depuis quelques années (il faut donc respecter un certain laps de temps pour l'évacuer de nos souvenirs afin de mieux apprivoiser sa suite), Cocoon le retour est une gentille alternative sur air connu, une sympathique séquelle aussi vaine et sans surprise soit-elle. Tant et si bien qu'à la revoyure, et en dépit de son pitch minimaliste, j'ai été agréablement surpris par son aspect franchement attachant de par la bonhomie des acteurs sclérosés jouant à nouveau les jeunes boute-en-train avec une fringance résolument communicative. L'intrigue se focalisant la plupart du temps sur leur quotidienneté amicale à profiter de l'instant présent (après avoir retrouvé leur famille) en compagnie d'épouses aimantes, quand bien même l'un d'eux a bien du mal à tourner la page à la suite de la mort de sa bien aimée Rose. Séjournant 4 jours sur terre en attendant d'y rapatrier des cocons confinés au fond de l'océan puisque menacé par des secousses sismiques selon les prévisions météorologiques, ceux-ci vont tenter en prime d'en récupérer un enlevé par le navire d'un centre de recherche océanographique. 

On retrouve donc pour notre plus grand plaisir les acteurs sémillants du 1er opus, même si Steve Guttenberg ici très en retrait demeure peu présent à l'écran, et on s'étonne de découvrir l'actrice néophyte Courteney Cox déjà convaincante en chercheuse prévenante fascinée par la découverte d'un extra-terrestre d'une innocence expressive. Enfin, le réalisateur remplaçant Daniel Petrie (le Policeman, Résurrection) aborde également avec beaucoup de tendresse, d'émotions, de nostalgie et une certaine dramaturgie les thématiques de la peur de mourir et de la perte de l'être cher à travers ces moult personnages contrariés par le temps qui passe, quand bien même Bernie ne parvient pas à assumer la disparition de son épouse Rose en dépit de sa nouvelle rencontre avec la charmante et décomplexée Ruby. Cocoon le retour demeure donc tout à fait attachant, attrayant, philanthrope et jamais ennuyeux à tenter de renouer avec les ingrédients du 1er volet avec, certes, moins de surprise, d'originalité et d'efficacité, mais en restant concentré sur une émotion permanente, entre tendresse, cocasserie et féerie pour les apparitions des extra-terrestres luminescents. Et à ce niveau spécialement émotif cette suite sans prétention est tout à fait représentative de son époque candide dans lequel elle fut conçue sous l'impulsion de sa magnifique mélodie élégiaque de James Horner.


*Bruno
2èx

jeudi 23 juin 2022

Scream Girl / The Final Girls

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Todd Strauss-Schulson. 2015. U.S.A. 1h31. Avec Taissa Farmiga, Malin Åkerman, Alexander Ludwig, Nina Dobrev, Alia Shawkat, Thomas Middleditch

Sortie en VOD en France le 18 Novembre 2015.

FILMOGRAPHIETodd Strauss-Schulson est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 24 Juin 1980 à Forest Hills, New York, USA. 2008: Private High Musical. 2009: Drunks Vs. Highs (TV Movie). 2009 Blimp Prom (TV Movie). 2010: Naked But Funny (TV Movie). 2011: Le Joyeux Noël d'Harold et Kumar. 2012: Zombies and Cheerleaders (TV Movie). 2013: Onion News Empire (TV Movie). 2015: Scream Girl.  2016Untitled Strauss-Schulson Fogel Pilot (TV Movie). 2019: Isn't It Romantic.  2020The Masked Singer whats in the box (TV Special).  Family Getaway. Silent Retreat (post-production)

Tchi, tchi, tchi ! ah ah ah !
Quel contexte jouissif que de voir s'affronter les héros d'un film projetés à l'intérieur d'une fiction native des années 80 pour tenter de venir à bout d'un tueur à la machette massacrant de jeunes cons insouciants ! Un ardent fantasme de cinéphile que le réalisateur exauce sous une formulation parodique souvent amusante, décomplexée et tellement inventive. Une savoureuse mise en abyme donc conjuguant avec une efficacité irréfragable tendresse, émotion et rires en dépit de son absence d'angoisse et de gore que certains pourraient peut-être reprocher à travers leur exigence intrépide. Todd Strauss-Schulson ne se raillant pourtant jamais du genre horrifique, en l'occurrence le psycho-killer qui fit les heures de gloire des années 70 et 80 tant il affectionne sa scénographie iconique et ses protagonistes gogos avec une émotion parfois étonnamment émouvante eu égard de notre héroïne juvénile tentant de faire son deuil maternel au sein d'une fiction déstabilisée par ses intrus issus de la réalité. 

Catharsis pour celle-ci donc afin d'accepter la perte de l'être aimé, Scream Girl s'alloue une telle générosité pour amuser, fasciner et émouvoir le public en rendant hommage aux films d'horreur des années 80 plutôt décérébrés que constituent prioritairement Vendredi 13 et Carnage (autrement plus sérieux et malsain). Outre le caractère jouissif des situations débridées jouant intelligemment avec les clichés en profitant du contexte du film dans le film que l'on accepte sans ambages, Scream Girl bénéficie  en prime d'une facture visuelle rutilante de par son photo colorée d'une élégance saturée et de certains plans stylisées d'un onirisme fastueux (principalement auprès des 10 dernières minutes, avant et pendant la confrontation entre l'héroïne et le tueur). Plutôt bien interprété auprès d'une nouvelle génération d'acteurs endossant les décervelés ou les héros autrement retors en s'efforçant d'y respecter le genre auquel ils s'adonnent, Scream Girl frappe au coeur entre rire et larmes avec une sincérité nostalgique forçant le respect. Et ce même s'il manque un je ne sais quoi pour trôner cette sympathique série B au rayon des inmanquables. Quoiqu'il en soit, c'est à voir assurément, d'autant plus que derrière cet hommage parodique il y a un coeur qui bat ! 

*Bruno
2èx

mercredi 22 juin 2022

Collatéral

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Mann. 2004. U.S.A. 2h00. Avec Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Mark Ruffalo, Peter Berg, Bruce McGill 

Sortie salles France: 29 Septembre 2004

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies. 2015 : Hacker. (Blackhat). 2023 : Ferrari. 

Un chauffeur de taxi pris en otage par un tueur à gage ayant la lourde tâche d'exécuter 5 personnes sur une liste spécifique. Contraint de le mener à différents lieux pour parfaire ses crimes, Max aura la gageure de transcender ses affres pour rester en vie. Sur le papier, cette intrigue classique présage un thriller à suspense potentiellement efficace selon le réalisateur promu. Mais sous la houlette de ce génie de Michael Mann, Collatéral palpite en diable à travers ses ambitions exhaustives (fond et forme à l'unisson) au gré de rebondissements aussi fortuits que détonants. Le réalisateur soignant autant son ambiance nocturne filmée en caméra numérique afin de rehausser l'hyper réalisme de sa scénographie urbaine "touristique" (même si cet aspect documentaire nous parait plutôt déstabilisant au départ) et ses scènes d'actions ébouriffantes (dont une anthologique dans une boite de nuit à faire pâlir de jalousie Terminator !), que le profil de notre duo impromptu apprenant à se connaître sous influence du Mal personnifié par Vincent. Tom Cruise endossant avec un naturel à la fois trouble, équivoque et magnétique ce tueur méthodique d'une vélocité et d'un sang froid sans égal. Probablement l'un des meilleurs rôles de l'acteur qui plus est renforcé d'un charisme argenté (cheveux et tailleur gris) aussi distingué qu'inquiétant. Il faut le voir abattre ses victimes dans une posture rigide iconique derrière son regard de lynx d'une précision épeurante. 

Ainsi, à travers sa thématique de l'influence du Mal et de ses effets pervers pour celui qui le côtoie, les personnages remarquablement fouillés sont contraints de collaborer, amicalement et professionnellement parlant, pour pouvoir s'épauler et rester en vie. Max étant d'ailleurs contraint à un moment fatidique de l'intrigue de se substituer au tueur à gage afin de sauver sa peau auprès de mafieux à deux doigts de l'éliminer. Jamie Foxx demeurant terriblement expressif à travers son désarroi et ses appréhensions morbides puisque souvent témoin d'assister en direct aux assassinats de son mentor, et donc complice malgré lui d'y braver ensuite l'illégalité et la moralité en transgressant ses peurs derrière son désir de dépassement de soi. Son personnage assez quelconque se fondant au départ dans la peau d'un chauffeur de taxi vélléitaire car rêvassant d'un avenir exotique pour omettre sa condition d'esclave prolétaire auprès d'un patron abusif l'exploitant sans scrupule. C'est également une sorte d'étrange amitié qui se nouera entre lui et Vincent à travers leurs prises de dangers davantage houleuses et leurs confidences intimes à considérer leur existence selon une idéologie philosophique fataliste et pessimiste. Ce qui est enfin surprenant à travers cette virée sanglante émaillée d'incidents imprévisible émane de son final angoissant à jouer dans la cour du redoutable psycho-killer pour le bonheur des fans du genre. Et ce en dépit de poncifs vite rattrapés par la précision de la mise en scène de Mann toujours aussi tatillon à exploiter ses décors (ici exigus) dans un esthétisme tout à la fois fascinant et inquiétant et le côté palpable des victimes apeurées terrées dans l'ombre et le noir.

Driver Killer.
Plongé en apnée dans les racines du mal en plein Los-Angeles crépusculaire sous l'oeil avisé d'un Tom Cruise subtilement démonial, Collatéral hypnotise les sens du spectateur sous l'impulsion de ce duo iconoclaste en proie à une nouvelle orientation existentielle à travers leur divergence impitoyable. Passionnant, vénéneux et étrangement élégant par sa sensualité éthérée. 

*Bruno
2èx

Récompenses:

Future Film Festival Digital Award à la Mostra de Venise en 2004
NBR Award 2004 :
Meilleur réalisateur
LAFCA Award 2004 :
Meilleure photographie
BAFTA Award 2005 :
Meilleure photographie
Satellite Awards 2005 :
Meilleur montage
Meilleur son

mardi 21 juin 2022

La Couleur de l'Argent / The Color of Money

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Scorsese. 1986. U.S.A. 2h00. Avec Tom cruise, Paul Newman, Mary Elizabeth Mastrantonio, Helen Shaver, John Turturro, Forest Whitaker, Bill Cobbs.

Sortie salles France: 11 Mars 1987. U.S: 17 Octobre 1986

FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york). 1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés. 2008: Shine a Light (documentaire). 2010: Shutter Island.2011 : Hugo Cabret. 2013 : Le Loup de Wall Street. 2016 : Silence. 2019 : The Irishman. 2022 : Killers of the Flower Moon. 2024 : Grateful Dead. 2026 : Roosevelt. 


L'argent est une addiction.
Auréolé de l'incandescent trio gagnant symbolisé du monstre sacrée Paul Newman (je m'agenouille !),  du jeune loup fougueux Tom Cruise (il crève quasiment l'écran de son naturel insolent) et de la charmante Mary Elizabeth Mastrantonio (de mémoire de cinéphile sa prestance la plus posée et sensuelle), La Couleur de l'Argent est un stoïque affrontement que se disputent 2 champions du billard dans l'art de la manipulation cérébrale. Paul Newman endossant le mentor émérite à inculquer à son poulain pédant les plus retors stratagèmes afin d'emporter la plus grosse mise. Passionnant, pour ne pas dire jubilatoire 1 heure 25 durant, tant auprès de la complicité amicale du trio où s'y  de chamailleries et réconciliation, que de leur chaude tournée dans les salles entremêlée de pugilats, de jalousie et de revanche murement réfléchies, la Couleur de l'Argent nous plonge dans les rouages de leur compétition avec un art consommé de l'intensité en roue libre. 

Mais à partir du moment où Eddie décide de raccrocher pour faire cavalier seul, j'avoue avoir été quelque peu refroidi, frustré, moins attentionné par la tournure brutale de l'intrigue à bien saisir qui manipule qui pour en sortir vainqueur. En tout état de cause, le spectacle demeure suffisamment attractif, pour ne pas dire addictif (à l'instar de l'outrecuidance de ses champions appâtés par le gain et leur goût immodéré du jeu) sous l'impulsion des comédiens frétillants (ils demeurent redoutablement attachants à travers leurs expressions insatiables doublées de fierté arrogante) et de la mise en scène virtuose de Martin Scorcese s'en donnant à coeur joie dans les mouvements de caméra fulgurants (particulièrement les travellings circulaires et les focus furtifs). Chaudement recommandée donc que cette séquelle roublarde nantie d'une émotion à la fois trouble et galvanisante quant aux effets pervers de la compétition où la manipulation prédomine au mépris de la moralité, voire de la pitié. 

*Bruno

Distinctions:

National Board of Review Awards 1986 :
prix du Meilleur acteur pour Paul Newman
New York Film Critics Circle Awards 1986 :
2e place au prix du Meilleur acteur pour Paul Newman
Oscar du meilleur acteur pour Paul Newman

lundi 20 juin 2022

2 Flics à Miami / Miami Vice

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Mann. 2006. U.S.A/Allemagne. 2h12. Avec Colin Farrell, Jamie Foxx, Gong Li, Naomie Harris, Ciarán Hinds, Justin Theroux, Barry Shabaka Henley.

Sortie salles France: 16 août 2006

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies. 2015 : Hacker. (Blackhat). 2023 : Ferrari. 


"Un des plus grands films de Michael Mann". Jean-Baptiste Thoret.
Hélas boudé lors de sa sortie, Miami Vice est un grand film que beaucoup ont comparé à la série TV symptomatique des années 80 en reprochant sans doute son absence de nostalgie, d'exotisme bonnard, de tubes pop FM entêtants et de cool attitude des personnages. Car il s'agit ici d'une oeuvre expérimentale comme le prouve son parti-pris autonome de le tourner en caméra numérique Thomson Viper afin de nous faire participer de l'intérieur des évènements comme si nous y étions. Et si de la part d'un tâcheron le métrage n'aurait été qu'un banal divertissement policier sur fond de trafic de drogue et d'agents infiltrés, Michael Mann en tire une oeuvre littéralement fascinante de par son art d'y conter (non sans une certaine mélancolie symptomatique de sa filmo) son histoire "documentée" (doux euphémisme) au gré d'un suspense latent, et par son sens du détail magnifiant chaque séquence au point de s'immerger tête baissée dans les conflits et actions épiques des personnages à la fois tourmentés et résignés. Mais pas que, car au fil du cheminement filandreux de notre duo de flics infiltrés auprès d'un cartel, et afin de relancer l'action vers une pente autrement tendue et vertigineuse, Michael Mann y cultive une romance entre Isabella et Sony qui remettra en cause (et en question) les transactions illégales des bons et des méchants emportés par le doute, la défiance, le goût du risque, la vengeance, la mort. 

Particulièrement doué pour créer des ambiances crépusculaires envoûtantes sous l'impulsion d'un score électro, Michael Mann ne perd rien de son style épuré pour nous séduire sans ambages et nous émouvoir à travers le profil de nos flics de Miami couillus mais circonspects (bien qu'effrénés dans leur démarche) à tenter de faire tomber le plus gros bonnet de la bande;  Archangel de Jesus Montoya. Il faut dire que la sobriété des interprètes et des seconds-rôles charismatiques en tous points magistraux constitue également une plus-value pour authentifier cette guerre de drogue que Colin Farrell et Jamie Foxx monopolisent avec une classe renfrognée eu égard de leurs expressions dépouillées que Mann ausculte pourtant avec une attention scrupuleuse (mais jamais outrée ou racoleuse à l'instar de sa mise en scène incroyablement avisée). Quant aux rares scènes d'actions qui électrisent le récit en suspens, elles font preuve d'hyper réalisme furibard, tant auprès de son montage à couper au rasoir afin d'intensifier les affrontements épiques, que des bruitages et effets sonores impartis aux armes et autres explosions que Mann parachèvent lors d'un final belliqueux où chacun des protagonistes peut trépasser à tous moments. Une dramaturgie à la fois violente et cruelle mais surtout hyper tendue (notamment à renfort de répliques retorses pour mieux duper l'adversaire) que la série des années 80 ne pouvait se permettre à une heure de grande écoute. 


Du cinéma à l'état pur. 
C'est ce qui fait la grandeur, la force et la noblesse de ce Miami vice posé et contemplatif que de faire participer au public une histoire triviale de traque infernale contre le cartel en la magnifiant de par sa mise en scène personnelle et l'implication de son cast irréprochable jouant les bons et les méchants avec une foi monolithique. Grand film noir sur le capitalisme contemporain illustrant en filigrane une bouleversante romance impossible, Miami Vice resplendit de 1000 feux dans sa capacité à nous narrer au compte goutte son vénéneux récit en nous impliquant de plein fouet comme si nous étions devenus un personnage du film. Alors que les nombreux décors naturels et domestiques, les boites de nuits luxueuses, l'asphalte, les bolides et infrastructures font notamment office de personnages à part entière. Tout ça pour dire que Miami Vice se vit et se ressent comme un voyage au bout de la nuit auprès de ses moult sources de danger que nos protagonistes tentent de transgresser entre héroïsme stoïque (parfois à couper le souffle), patience et résilience pour venir à bout de leur mission. Mais à quel prix au travers de leur dérive existentielle finalement noyée de désillusion professionnelle et conjugale  ? 

*Bruno Matéï 
2èx



vendredi 17 juin 2022

Complot de Famille / Family Plot. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Alfred Hitchcock. 1976. Angleterre. 2h00. Avec Bruce Dern, William Devane, Barbara Harris, Karen Black, Ed Lauter, Cathleen Nesbitt, Katherine Helmond.

Sortie salles France: 21 Juillet 1976. U.S: 9 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

Comédie policière rondement menée de par son lot de rebondissements, suspense lattent (avant une tension furtive en dernière partie pour le sort précaire d'un des personnages) et quiproquos que l'on ne peut anticiper, Complot de Famille est le divertissement idoine sous l'impulsion d'un scénario charpenté particulièrement décomplexé (il n'a point grugé son Prix Edgar Allan Poe du Meilleur Scénario). Pour ce faire, on peut autant compter sur l'engouement de notre quatuor de protagonistes vénaux (2 couples d'amants peu recommandables alors que l'on s'attache inévitablement auprès du duo le moins hostile et  répréhensible) escroquant sans vergogne les honnêtes gens. Blanche Tyler usant de séances de spiritisme avec la complicité de son amant George Lumley pour un enjeu pécuniaire de 10 000 dollars. Fran élaborant de son côté des rapts auprès de personnalités fortunées pour leur soutirer un diamant avec la complicité de son compagnon jouailler Arthur Adamson. Ainsi, ses personnages sans scrupule finiront inévitablement par se croiser et se rencontrer lors d'un jeu de cache-cache davantage tendu, pour ne pas dire oppressant, au péril de la vie de certains d'eux. 

Sémillante et enjouée au point de nous susciter parfois l'hilarité (ses grossières imitations dans la cuisine de l'une de ses victimes sclérosées), Barbara Harris se délecte à se fondre dans la peau d'une médium empathique avec un charisme typiquement cocasse dans sa posture faussement philanthrope. Elle est accompagnée du monstre sacré Bruce Dern incarnant ici avec une aisance autrement plus discrète, avenante et vigilante la double fonction de chauffeur de taxi et de détective amateur afin de retrouver la trace du fantôme Edward Shoebridge. L'indigne héritier de la fortune de Julia Rainbird, vieille dame cossue rongée de remords à la suite de la mort de sa soeur et du mari de celle-ci lors d'un étrange incendie. Quant au jeu torve de William Devane (le personnage le plus sombre des 4), il recourt à une expression à la fois cynique, insidieuse et orgueilleuse pour duper ses ennemis et préserver son identité. Il est enfin entourée de la troublante et vénéneuse Karen Black  (quel regard félin dans sa défroque distinguée accoutrée de lunettes noires !). Sa fameuse complice à la fois burnée et rigoureusement prudente négociant aux proches de la victime de rapt la mise d'un diamant en promesse de sa libération.  

Il serait donc temps de réhabiliter urgemment cette merveille de comédie policière menée sans temps morts et irrésistiblement passionnante alors qu'Hitchcock, dénué de prétention pour son ultime métrage, prend son temps à planter son intrigue pour y faire évoluer ses personnages avec une diabolique dérision (parfois proche du comique). Les acteurs communément expansifs prenant plaisir à participer à l'aventure rocambolesque au travers d'une topographie sinueuse semée d'embuches, de fausses pistes et de revirements génialement dosés au compte goutte, et donc sans esbroufe. Un régal j'vous dit. 

*Bruno Matéï 
2èx

jeudi 9 juin 2022

You won't be alone

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Goran Stolevski. 2022. U.S.A/Australie/Serbie. 1h49. Avec Sara Klimoska, Anamaria Marinca, Alice Englert, Félix Maritaud, Carloto Cotta, Noomi Rapace.

Sortie salles France: 1er Avril 2022

FILMOGRAPHIEGoran Stolevski est un réalisateur et scénariste australien. 2022: You won't be alone. 

Expérience de cinéma naturaliste contrairement à ses apparences cryptiques, You won't be alone empreinte au cinéma de Herzog et de Malick sous couvert d'un prétexte occulte magnifiant le portrait d'une femme-enfant en apprentissage existentiel. Et si ce métrage auteurisant ne plaira assurément pas à tous (faute de son climat hermétique plutôt froid et distant et de son aspect documenté plus vrai que nature), l'expérience quasi atypique que procure ce 1er essai ne peut laisser indifférent l'amateur d'étrangeté indépendante puissamment évocatrice. Ainsi, à travers la divergence morale d'une femme sorcière envers sa fille adoptive, mi-humaine, mi-sorcière, Goran Stolevski nous fait partager 1h49 durant le trajet oscillatoire de cette dernière qui devra apprendre l'adulte tempérance de vivre en communauté au sein d'une nature solennelle olfactive. Tant et si bien que You won't be alone se vit et se ressent comme un trip expérimental, telle une seconde naissance que le spectateur perçoit à travers les yeux candides de cette sauvageonne passant d'un corps à un autre afin de mieux comprendre et apprivoiser la nature humaine. Parfois bercé d'une partition fragile discrètement envoûtante, cet hymne à la vie, à la maternité, à la nature et à l'amour transpire l'authenticité du vécu auprès de ces métayers d'une époque séculaire à travers leur idéologie aussi superstitieuse que conservatrice. 

Baignant dans un doux climat de plénitude à travers ses yeux ingénus emplis de curiosité et de soif de découverte, tout en décrivant son rapport contradictoire avec la mort qu'elle commet de temps à autre à autrui dans son inculture à différencier le Bien du Mal, You won't be alone est contrebalancé de visions dérangeantes, malsaines et cruelles (surtout en présence de nouveau-nés éplorés) de par la menace létale d'une sorcière envieuse (sans doute le portrait le plus fulgurant du cinéma de par sa nature expressive dénuée d'humanisme !) incapable de comprendre, communiquer et transmettre la valeur maternelle eu égard de son mépris pour sa progéniture en proie à un éveil sentimental qu'elle ne pu soupçonner. Délicat et fragile, méphitique et désobligeant à travers l'ombre de la méchanceté la plus couarde et isolée, You won't be alone est autant une oeuvre existentielle onirique qu'expressive à nous communiquer avec un scrupuleux souci documentaire les premiers émois d'une naissance multiple que nous découvrons à travers la sensible intimité d'une enfant-monstre en proie aux valeurs inextinguibles du Bien après s'être débarrassée de son influence maléfique. 

*Bruno Matéï 

mardi 7 juin 2022

Luz, la Fleur du Mal / Luz: The Flower of Evil / Luz, la flor del mal.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de Juan Diego Escobar Alzate. 2019. Colombie. 1h44. Avec Yuri Vargas, Jim Muñoz, Conrado Osorio, Andrea Esquivel, Sharon Guzmán.

Sortie salles: 7 October 2019 (Sitges Film Festival)

FILMOGRAPHIEJuan Diego Escobar Alzate est un réalisateur et scénariste colombien, né le 15 Août 1987 à Manizales. 2019: Luz. 

Issu de Colombie, cet OVNI indépendant ne plaira assurément pas au grand public non préparé à une expérience ésotérique aussi personnelle qu'envoûtante. Certaines de ses images fantasmagoriques demeurant de véritables tableaux oniriques que le réalisateur imprime à travers une flamboyante photographie bercée d'un fond musical aussi fragile que mélodieux. Et à ce niveau sensoriel d'une nature stellaire aussi gracile qu'épanouissante, la première demi-heure fait mouche à nous dépeindre cet univers bucolique laconique auquel une poignée de villageois tentent de cohabiter en harmonie en tentant d'y trouver leur paix intérieure. Or, à travers un récit sans trop de surprise nous relatant durant 1h44 la folie dépressive d'un père bigot et de ses 3 filles soumise à sa foi chrétienne, Luz, la Fleur du Mal cède place à la redondance et aux logorrhées à ne traiter que des thèmes du Bien et du Mal depuis l'intrusion d'un enfant mutique potentiellement habité par le diable. Réaliste, déroutant, pesant, ennuyeux, dérangeant, fascinant, beau, fragile, violent, immersif et sensitif, Luz ne laisse toutefois pas indifférent l'amateur d'expérience spirituelle ne ressemblant à nul autre métrage. 

Mais en l'état, on aurait peut-être opté pour un moyen métrage de 50 minutes plutôt que d'étirer sur la longueur ce concept religieux rébarbatif car beaucoup trop chargé en palabres et versets bibliques de nous marteler que Dieu (le bien) et Diable (le mal) ne font qu'une seule et même entité en notre enveloppe corporelle que nous combattons quotidiennement selon nos croyances, notre agnosticisme ou notre athéisme. Pour clore, on peut enfin dénoter la qualité de son cast méconnu totalement habité par leur expression tantôt aliénée, tantôt affligée au travers de séquences parfois horrifiques ou brutales que nous ne voyons pas arriver. Et on sent bien que le réalisateur très inspiré par son récit mystique se refuse à sombrer dans le racolage ou la fioriture en misant essentiellement sur l'expérience d'un vécu maladif à travers le fanatisme rigoriste (symbolisé par ce paternel transi incapable d'y distinguer les valeurs du Bien et du Mal), vecteur de tous les maux de nos sociétés depuis la nuit des temps. 

Exclusivement pour public averti donc.

*Bruno Matéï 

lundi 6 juin 2022

Hors la Loi

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robin Davis. 1985. France. 1h48. Avec Clovis Cornillac, Wadeck Stanczak, Nathalie Spilmont, Isabelle Pasco, Pascal Librizzi, Jean-Claude Tran, Joël Ferraty, Philippe Chambon, Jean-Paul Roussillon, Madeleine Robinson. 

Sortie salles France: 3 Avril 1985

FILMOGRAPHIE: Robin Davis, né le 29 mars 1943 à Marseille, est un réalisateur français. 1975 : Ce cher Victor. 1979 : La Guerre des polices. 1982 : Le Choc. 1983 : J'ai épousé une ombre. 1985 : Hors-la-loi. 1989 : La Fille des collines.  

Oublié de nos jours mais enfin commercialisé en format Blu-ray chez nous, Hors la loi est un sympathique récit d'aventures à la française, aussi mineur soit son contenu bâclé, pour ne pas dire dégingandé. Une traque sans relâche que subissent de jeunes délinquants d'un centre de redressement contre la police, les militaires et des fermiers revanchards à la suite d'une rixe mortelle dans une salle des fêtes. En dépit de ses nombreuses maladresses (principalement au niveau de l'attitude parfois irritante des protagonistes plutôt mal dirigés, qu'ils soient jeunes ou adultes), de son manque d'intensité et d'un récit prévisible pâtissant des hurlements outrées des jeunes acteurs jouant les rebelles au grand coeur avec un sens de l'improvisation théâtrale, Robin Davis compte sur les nombreux rebondissements belliqueux et ses magnifiques panoramas provinciaux pour nous attacher à ce survival champêtre modestement attachant. A l'instar de la présence déjà convaincante de Clovis Cornillac du haut de ses 16 ans en délinquant quelque peu autoritaire épris de sentiments pour Ida mais contraint de se mesurer à son rival Christian particulièrement envieux de cette dernière. 


*Bruno Matéï
2èx