mercredi 31 août 2022

Times Square

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Allan Moyle. 1980. U.S.A. 1h51. Avec Trini Alvarado, Robin Johnson, Tim Curry, Peter Coffield, Herbert Berghof, David Margulies

Sortie salles France: 23 Septembre 1981. États-Unis : 17 octobre 1980

FILMOGRAPHIEAllan Moyle est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur canadien, né en 1947 à Shawinigan (Canada). 1977 : The Rubber Gun. 1980 : Times Square. 1990 : Pump Up the Volume. 1992 : The Gun in Betty Lou's Handbag. 1995 : Empire Records. 1999 : New Waterford Girl. 2000 : XChange. 2000 : Jailbait (TV). 2001 : Le Piège d'une liaison (Say Nothing). 2004 : Michael Jackson : du rêve à la réalité (TV). 2006 : Weirdsville. 

"Je suis un fichu clébard. Je lèche le visage. Ou je mords la joue. J'ai aussi la rage. C'est mon cadeau pour vous. Nourrissez moi. Vous m'entendez hurler ? Je suis un fichu clébard. J'aime la chair fraîche. J'aime le danger. Alors je bave et je mords les mains des étrangers."

Parfois, il y a des OFNI surgis de nulle part qui vous abordent sur votre cheminement aléatoire pour vous cueillir par la main au moment opportun et avec l'intuition gratifiante ce que film a quelque chose a nous dire (oserait-il nous susurrer à l'oreille). Times Square est de cette race inusitée de petit film subversif de par son invisibilité chez nous et de sa faible réputation alors qu'il s'agit d'une oeuvre contestataire comme on n'ose plus en faire aujourd'hui (le séquence des téléviseurs lancés du haut des toits d'immeuble seraient sucrées de nos jours par dame censure). Brouillonne, certes, improvisée et quelque peu désordonnée (sans être péjoratif), mais tellement chaleureuse, sémillante et intègre si bien qu'elle finit par vous toucher au coeur au fil d'un récit musical davantage attachant en dépit de l'ombre de sa dramaturgie finale. Il faut dire que le duo méconnu (chez nous) Trini Alvarado / Robin Johnson fait des étincelles à travers leur spontanéité expansive, leur complémentarité amicale, leur folle escapade à se foutre du tout politiquement correct que le spectateur éprouve comme de vraies amies qu'on aimerait côtoyer à travers leur fureur irrépressible de vivre au jour le jour en toute autonomie.

Et ce en y bravant les interdits à condition toutefois de ne pas se brûler les ailes si je me réfère à la haine davantage incontrôlable de Nicky qu'elle éructe auprès d'une société grégaire réfractaire à la différence et à la tolérance. Times Square décrivant avec souci documenté (les moult figurants sont filmés dans l'improvisation) les tribulations de 2 jeunes paumées en quête de rédemption existentielle au sein d'une faune marginale plutôt amicale, décomplexée, uniforme dans leur esprit libertaire. L'une, Nicky, punkette destroy dans l'âme, l'autre, Pamela, fille de bourge d'un papa à la fois castrateur et conservateur. Ainsi, durant leur maigre séjour en psychiatrie, elles décident sur un coup de tête de quitter leur cellule médicale pour rejoindre le quartier de Times Square et décrocher quelques petits boulots du moment qu'elles puissent danser et chanter dans la liberté d'expression (de nos jours proscrite). D'autre part, une station de radio locale (dirigée par l'acteur Tim Curry !) leur prêtera main forte afin que Pam et Nicky puissent s'exprimer dans leur musicalité punk/new-wave au point de les sacraliser idoles de jeunes émules aussi assoiffées de liberté et de provocation qu'elles. On peut d'ailleurs rappeler que le réalisateur Allan Moyle abordera à nouveau tous ces thèmes susnommés d'une jeunesse malaisante 10 ans plus tard avec le cultissime Pump up the Volume


Radio Rebel.
Scandé d'une superbe BO symptomatique des années 80, avec des numéros de danse résolument stimulants (le concert bondé de citadins implanté sur le toit d'un immeuble face à une police renfrognée restera dans les esprits), Times Square est une vibrante surprise toujours plus expressive et attachante au fil d'un récit mi-figue, mi-raisin quant à l'évolution personnelle de ces anti-héroïnes en herbe. Fans de rareté indépendante adeptes de la culture punk/new-wave livrée dans l'insouciance, ce petit film plein de peps et de charme est à découvrir sans hésitation possible. 

*Bruno

jeudi 25 août 2022

Inexorable

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fabrice Du Welz. 2021. France/Belgique. 1h38. Avec Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey, Alba Gaïa Bellugi, Janaïna Halloy Fokan, Anaël Snoek, Jackie Berroyer, Sam Louwyck. 

Sortie salles France: 6 Avril 2022

FILMOGRAPHIE: Fabrice Du Welz est un réalisateur et scénariste belge, né le 21 Octobre 1972. 2004: Calvaire. 2008: Vinyan. 2014: Colt 45. 2014: Alleluia. 2017 : Message from the King. 2018 : Des cowboys et des indiens : Le Cinéma de Patar et Aubier (documentaire télévisuel). 2019 : Adoration. 2022 : Inexorable. En préparation : Maldoror. 

Un choc thermique d'une intensité davantage éprouvante. Un traumatisme dont il est impossible de sortir indemne sitôt le générique clôt. Voilà ce que nous illustre sans ambages Fabrice Du Welz, réalisateur franc-tireur réfractaire au cinéma polissé et riche d'une passionnante filmo aux influences des Seventies (notamment auprès de son parti-pris de tourner - fréquemment - en 16 mm). Tant et si bien qu'Inexorable est une claque furibonde comme on en subi que trop peu dans le paysage du thriller horrifique de par son brio géométrique à instiller un climat d'inquiétude allant crescendo au point de saisir la gorge du spectateur (littéralement asphyxié) jusqu'au climax à la limite du soutenable. Et si la 1ère demi-heure nous caractérisant dans l'insouciance ses personnages accords d'une cellule familiale potentiellement unie, qui plus est accueillant à bras ouvert une jeune étrangère surgie de nulle part, Inexorable dévoile peu à peu son potentiel (psychologiquement) terrifiant en dévoilant les fêlures morales de ses protagonistes gagnés par une appréhension aliénante. Et ce en abordant les sombres thématiques de la culpabilité, de la frustration sexuelle (2 séquences torrides, contradictoires dans les ruptures de ton, demeurent particulièrement crues au point d'y provoquer la gêne), du mensonge, du faux-semblant, de la quête identitaire et du non-dit auprès de personnages tous à la fois équivoques, interlopes, dépressifs. De toute évidence, à travers son pitch que l'on voit venir à 100 kms, l'impression de déjà vu se fait rapidement ressentir alors que l'habileté de Du Welz est de nous faire progressivement omettre cette gênante impression standard en faisant perdre nos repères et la raison au gré d'une intensité anxiogène franchement malaisante, pour ne pas dire fétide, malsaine, putride qui ne nous lâchera plus d'une semelle.  


Le thriller tendu se permutant peu à peu en dérive horrifique (en éludant le plus possible la complaisance gore) même si la saturation d'éclairages oniriques nous eut déjà averti de son climat baroque adepte des ambiances cauchemardesques insidieuses (on pense même parfois à Argento et Suspiria alors que son ultime plan quelque peu onirique est un clin d'oeil patent à Possession de Zulawski). Comme quoi, auprès d'une trajectoire narrative connue, on peut encore surprendre le spectateur grâce au brio d'une mise en scène intègre au service de son atmosphère hostile et de ses personnages torturés emportés dans une spirale infernale. Le réalisateur exploitant notamment à merveille la nature si respirable et le cadre beaucoup trop vaste pour ses occupants d'une immense demeure bucolique auquel un illustre écrivain, son épouse et sa fille cohabitent dans la quiétude. La photo particulière car granuleuse étant par ailleurs fastueuse auprès de ses couleurs subtilement disparates. Et ce jusqu'à l'adoption d'un chien et de leur hospitalité pour une jeune introvertie que Du Welz a le don de nous ausculter auprès de ses expressions timorées implicitement délétères. Tous les acteurs demeurant parfaits de naturel rigoureux alors que Benoît Poelvoorde habité par ses démons inconcevables, la gueule tuméfiée, striée, fatiguée, nous réserve le rôle de sa vie (peut-être avec C'est arrivé près de chez vous si j'ose dire). Outres les prestances aussi fermes, péremptoires et véridiques de Mélanie Doutey et d'Alba Gaïa Bellugin  progressivement en opposition morale dans leur règlement de compte domestique, on reste notamment stupéfiait du jeu criant de vérité de la petite Janaïna Halloy Fokan suscitant sans fard des moments de joie expansives avant l'emprise des crises de larmes et de rébellion (sa danse improvisée sur du metal demeure anthologique !) face à une injustice que le spectateur conçoit avec plus de clarté que les personnages compromis par leur désarroi, leur doute, leur incompréhension puis leur colère haineuse (surtout le duo Marcel/Gloria). 


Possession
Grand moment de péloche marginale résolument malaisante (au point même d'influer sur notre organisme corporel pour les + sensibles dont je fais parti) par son climat dépressif de plus en plus inquiétant et terrifiant, Inexorable parvient véritablement à faire PEUR de la façon la plus absolue et insidieuse en misant principalement sur le développement cérébral des personnages torturés compromis par un horrible secret (bicéphale !). Probablement l'oeuvre la plus brutale, flippante (oubliez tous les films d'horreur innocents de cette année) et maîtrisée de ce véritable auteur que symbolise Fabrice Du Welz depuis la bombe (néophyte) Calvaire. Je précise enfin qu'afin de préserver tout effet de surprise j'ai sciemment omis quelques thèmes majeurs du script trop préjudiciables pour l'identité obscure des personnages (même si après le générique nous restons toutefois dans l'interrogation à travers ses divers niveaux de lecture). 

P.S: En dépit de son interdiction aux - de 12 ans (?!), le film est clairement destiné à un public averti. 

*Bruno

mercredi 24 août 2022

Dangereusement Votre / A View to a Kill

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Glenn. 1985. U.S.A/Angleterre. 2h11. Avec Roger Moore, Christopher Walken, Tanya Roberts, Grace Jones, Patrick Macnee, Patrick Bauchau, David Yip.

Sortie salles France: 11 Septembre 1985

FILMOGRAPHIE: John Glen, né le 15 mai 1932 à Sunbury-on-Thames (dans le comté de Surrey, en Angleterre), est un réalisateur anglais. 1981 : Rien que pour vos yeux. 1983 : Octopussy. 1985 : Dangereusement vôtre. 1987 : Tuer n'est pas jouer. 1989 : Permis de tuer. 1990 : Checkered Flag. 1991 : Aigle de fer 3. 1992 : Christophe Colomb : La découverte. 1995 : Épisodes de la série télévisée britannique Space Precinct, 2001 : The Point Men.

Il s'agit du dernier Bond qu'endosse Roger Moore toujours sous la houlette de John Glen, spécialiste bien habitué de la franchise puisqu'il réalisa également parmi son acteur fétiche Octopussy et le génial Rien que pour vos yeux (à mes yeux une des références de la saga pour rester diplomate). Quand bien même il mit en scène un peu plus tard Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer avec Timothy Dalton. Ainsi, pour clore en beauté quoi de mieux que de recruter l'illustre Christopher Walken dans le rôle du mégalo Zorin délibéré à provoquer un double tremblement de terre à Sillicon Valley. Et bien que j'étais de prime abord perplexe à l'idée de voir Walken jouer dans un film de James Bond (qui plus est affublé d'une chevelure blonde), quelle ne fut ma surprise de constater que l'acteur demeure tout à fait à l'aise en propriétaire d'une obscure société industrielle n'hésitant jamais à supprimer ses rivaux, témoins gênants mais également confrères afin de parfaire son dessein cataclysmique. Particulièrement sadique donc, Christopher Walken s'en donne à coeur joie lors d'un final apocalyptique (juste avant la confrontation sur le Golden Gate !) si bien qu'il s'adonne à un véritable jeu de massacre à la fois cruel, sanglant et débridé eu égard de son rictus sardonique à supprimer ses pions sans faire preuve d'une once de vergogne. Outre la valeur sûre de ce dernier jouant de manière spontanée et décomplexée, il est entouré de l'étrange  Grace Jones. Actrice afro véritablement à part, pour ne pas dire atypique, dans sa posture musclée de féline à la fois sexy, garçonne et primitive puisque maîtresse de Zorin auquel elle semble éperdument amoureuse en accomplissant ses moult caprices. 

Quant à Roger Moore que j'ai toujours affectionné (tant auprès de la saga que de son rôle iconique dans la série Amicalement Votre), il demeure d'un héroïsme agréablement retors à se dépêtrer des dangers sans que l'on est le fâcheux sentiment d'improbabilité. Le réalisateur n'abusant point de surenchère, l'action étant toujours au fil narratif, alors que les trucages à l'ancienne sont exécutées par de véritables cascadeurs. Ainsi, là encore on reste bluffé par le réalisme spectaculaire des nombreuses séquences d'action n'ayant pas pris une ride quelques décennies plus tard. Si bien que tout ce que l'on contemple est vrai à l'époque où le numérique n'existait pas encore pour monopoliser le genre et le niveler souvent par le bas (à quelques exceptions autrement réfléchies et bien employées). Pour terminer, là ou le (petit) bât blesse émane de l'interprétation aseptique de Tanya Roberts, véritable cruche (osons l'avouer) en faire-valoir cumulant les maladresses et les cris effarouchés lorsqu'elle se compromet au danger parmi l'assistance investigatrice de 007 s'efforçant de lui sauver fréquemment la mise. Pour autant, de par son éblouissante beauté (des yeux d'émeraude sont à damner un saint !), elle ne tire pas trop Dangereusement Votre vers le bas, notamment grâce au professionnalisme de John Glenn dosant efficacement un récit bien construit au gré d'un rythme suffisamment haletant et captivant quant à sa notion latente de suspense catastrophiste.  

Un excellent divertissement donc, en bonne et due forme, peut-être même meilleur qu'à sa sortie, nostalgie aidant auprès de la génération 80 adepte de l'illusion artisanale. Car une fois de plus, ici, nous sommes constamment impressionnés par son action en règle à la fois originale, homérique et débridée. En d'autres termes, on croit à ce que l'on voit. Et puis j'allais omettre en filigrane le tube de Duran Duran, "A view too a kill" (titre d'origine du film) qui ouvre et clôt le générique de façon toujours aussi entrainante. 

*Bruno

mardi 23 août 2022

Top Gun: Maverick

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joseph Kosinski. 2022. U.S.A. 2h10. Avec Tom Cruise, Miles Teller, Jennifer Connelly, Jon Hamm, Val Kilmer, Ed Harris. 

Sortie salles France: 25 Mai 2022

FILMOGRAPHIEJoseph Kosinski, né le 3 mai 1974 à Marshalltown, dans l'Iowa, est un réalisateur, scénariste et  producteur américain. 2010 : Tron : L'Héritage. 2013 : Oblivion. 2017 : Line of Fire (Only the Brave). 2022 : Top Gun : Maverick. 2022 : Spiderhead. 


6 190 919
entrées au 21 Août 2022 dans l'hexagone ! Un bouche à oreille élogieux, des critiques dithyrambiques, un matraquage publicitaire (éventuellement douteux ?), une montée des marches pailletée. Top Gun : Maverick est le souhait inespéré de Tom Cruise de relancer le classique de Tony Scott (que je n'ai hélas jamais su apprécier au bout de 3 visionnages à me forcer à l'aimer) par le biais d'une séquelle réalisée par Joseph Kosinski (Oblivion). Et si le projet aux influences de fan service et de Blockbuster mainstream avait de quoi nous faire craindre la redite inutile (ou outrancière), Top Gun : Maverick est tout simplement une mandale dans la gueule comme rarement le cinéma d'action ose nous le servir aujourd'hui à travers son parti-pris artisanal militant les prises de vue réelles au sein d'une aventure estampillée "souffle épique". Et à ce niveau à la fois vertigineux et pyrotechnique, Top Gun Maverick c'est du jamais vu dans le paysage bourrin (ou plutôt homérique pour être autrement plus noble) si bien que les combats aériens qui traversent le récit nous plaquent au fauteuil comme si nous étions installés à la place de nos héros combattants l'ennemi avec une hargne limite suicidaire (caméra subjective en sus afin de décupler les émotions fortes que ressentent les personnages à bout de souffle). Autant dire que l'intensité de son action capiteuse atteint d'autant plus son apogée lors d'une ultime demi-heure faisant office d'anthologie pulsatile. C'est simple, et à mon sens subjectif, je n'avais pas autant trippé dans un film d'action depuis Mad Max Fury Road et le dernier opus Mission Impossible Fallout.  Son succès planétaire n'est donc point un accident ou une hype arbitraire de pacotille, si bien qu'ici tous les éléments sont réunis pour combler le spectateur venu assister à un spectacle à l'ancienne, puisque partagé entre le sourire de gosse et la larme à l'oeil. Tant pour son action aérienne jamais vue au préalable que pour son émotion attendrie héritière des années 80 (entre Comme un chien enragé et  Flashdance au risque de faire grincer les dents de certains). Car la réussite de ce Top Gun new look émane notamment de sa dose de tendresse habilement distillée à travers un parti-pris ensorcelant comme seules les années 80 étaient en droit de nous le promettre dans une tonalité musicale cosmique (Birdy autre titre d'exemple factuel, notamment par l'usage de son score fragile composé par Peter Gabriel). 


Tant auprès de la romance entre Maverick et Penny (Jennifer Connely transperce l'écran de sa douceur réconfortante) que de ses rapports conflictuels avec le lieutenant Rooster Bradshaw, fils du père Nick « Goose » Bradshaw (qui décéda dans le 1er Top Gun), autrefois meilleur ami de Maverick. Mais il y a également une séquence bouleversante qui est sobrement introduite dans une juste mesure émotive (afin de faire taire les mauvaises langues qui prétendraient que l'aspect romantique de Top Gun n'est que de la guimauve bon marché). Il s'agit donc des retrouvailles entre Maverick et l'un de ses comparses, l'amiral Tom « Iceman » Kazansky atteint d'un cancer avancé de la gorge que campe avec pudeur et beaucoup de réserve (quasi mutique) Val Kilmer. La séquence terriblement émouvante et quelque peu malaisante résonnant d'autant plus fort lorsque l'on sait que l'acteur accuse un cancer du larynx depuis 2015 en se nourrissant avec une sonde alimentaire depuis 2020. Ses retrouvailles amicales demeurent donc d'une intensité dramatique quelque peu éprouvante tant on ne peut s'empêcher d'établir un parallèle avec la situation précaire de l'acteur Val Kilmer toujours gravement malade à l'heure où j'écris ces lignes. Sans doute l'un des plus forts moments d'émotions du film au niveau de la tendresse mélancolique que le réalisateur sait exploiter avec une sobre dignité dénuée de complaisance. Comme toutes les séquences amoureuses entre Maverick et Penny qui parviennent à nous attendrir à leur relation avec une complicité poignante. Des séquences enivrantes donc à mes yeux que je n'avais plus contempler depuis trop longtemps (probablement les années 80 donc si on fait fi de quelques exceptions plus contemporaines). Et si l'intrigue demeure effectivement simpliste et inévitablement prévisible, le réalisateur parvient (comme Cameron avec Titanic) à instaurer un suspense super tendu et oppressant lorsque nos pilotes partent en mission la peur au ventre et la stoïcité vaillante. Un enjeu de survie mené de main de maître à travers les thématiques du pardon, de l'amitié, du dépassement de soi (sans trop réfléchir !) et de l'amour rédempteur. 


(Nouvelle) Mission accomplie donc pour la star du cinéma d'action Tom Cruise épaulée de son superviseur Joseph Kosinski que d'avoir su nous transfigurer le plus réalistement possible (je pèse mes mots tant on s'y croirait embarqué en plein ciel) un spectacle novateur vu nulle part ailleurs. L'esprit mélancolique du film se permettant notamment d'y effleurer un discours sur l'amertume de la vieillesse et le temps qui passe à travers le point de vue initiatique de Maverick rattrapé par ses démons, ses vieilles connaissances amicales, son amour de jeunesse et son désir de perdurer ses exploits aériens en franc-tireur la main sur le coeur. Car après tout, le plus important à retenir de ce divertissement ébouriffant découle de son coeur qui bat ouvertement sous nos yeux avec une mélancolie philanthrope. Une émotion hybride permanente qui redore ses lettres de noblesse au VRAI cinéma de divertissement tous publics. 

*Bruno

lundi 22 août 2022

Bons baisers de Russie / From Russia with Love

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site affiches-et-posters.com

de Terence Young. 1963. Angleterre. 1h55. Avec Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendáriz, Lotte Lenya, Robert Shaw, Bernard Lee. 

Sortie salles France: 30 Juillet 1964. U.S: 27 Mai 1964. Angleterre: 11 Octobre 1963

FILMOGRAPHIE: Terence Young est un scénariste et réalisateur britannique, né le 20 juin 1915 à Shanghai, Chine, décédé le 7 septembre 1994 à Cannes d'une crise cardiaque.1946 : La gloire est à eux. 1948 : L'Étrange Rendez-vous. 1948 : One Night with You. 1949 : Les Ennemis amoureux. 1950 : Trois des chars d'assaut. 1951 : La Vallée des aigles. 1952 : The Tall Headlines. 1953 : Les Bérets rouges. 1955 : La Princesse d'Eboli. 1955 : Les Quatre Plumes blanches. 1956 : Safari. 1956 : Zarak le valeureux. 1957 : Au bord du volcan. 1958 : La Brigade des bérets noirs. 1959 : Serious Charge. 1960 : La Blonde et les nus de Soho. 1961 : 1-2-3-4 ou les Collants noirs. 1961 : Les Horaces et les Curiaces. 1962 : James Bond 007 contre Dr No. 1963 : Bons Baisers de Russie. 1965 : Les Aventures amoureuses de Moll Flanders. 1965 : Guerre secrète. 1965 : Opération Tonnerre. 1966 : Opération Opium. 1967 : Peyrol le boucanier. 1967 : La Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman. 1967 : Seule dans la nuit. 1968 : Mayerling. 1969 : L'Arbre de Noël. 1970 : De la part des copains. 1971 : Soleil rouge. 1972 : Cosa Nostra. 1974 : Les Amazones. 1974 : L'Homme du clan. 1977 : Woo fook. 1979 : Liés par le sang. 1981 : Inchon. 1983 : La Taupe. 1988 : Marathon.


Un excellent Bond même si j'avoue avoir une préférence pour le 1er alors que les critiques considèrent Bons Baisers de Russie supérieur. On reste surtout impressionné par la solidité de la mise en scène (encore plus maîtrisée que le 1er volet) si bien que Terence Young se familiarise à la franchise avec un art consommé du travail soigné. Peu d'action durant le périple exotique d'Istanbul mais un suspense impeccablement ciselé en privilégiant l'espionnage plutôt que le côté aventureux qui faisait le sel de James Bond contre Dr No. Notre agent secret se faisant ici berner durant l'aventure par une espionne insidieuse chargée de lui confier de fausses infos sur l'enjeu du Lektor, machine de déchiffrement convoitée par l'organisation SPECTRE. Outre le jeu infaillible de Sean Connery en 007 à la fois distingué, sobrement héroïque et humain (son indulgence face à l'espionne Tatiana et aux combats contre de 2 gitanes) l'actrice italienne Daniela Bianchi  (ex Miss Rome en 1960) est exquise de sensualité charnelle en blonde aux yeux noirs perçants à la voix d'un accent aussi lascif. 


Box Office France: 5 624 290 Entrées ! 

*Bruno

vendredi 19 août 2022

L'Arme Fatale 3 / Lethal Weapon 3

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Donner. 1992. U.S.A. 1h58. Avec Mel Gibson, Danny Glover, Joe Pesci, Rene Russo, Stuart Wilson, Steve Kahan, Darlene Love, Traci Wolfe. 

Sortie salles France: 12 Août 1992

FILMOGRAPHIE: Richard Donner (Richard Donald Schwartzberg) est un réalisateur et producteur américain, né le 24 Avril 1930 à New-York. 1961: X-15. 1968: Sel, poivre et dynamite. 1970: l'Ange et le Démon. 1976: La Malédiction. 1978: Superman. 1980: Superman 2 (non crédité - Richard Lester). 1980: Rendez vous chez Max's. 1982: Le Jouet. 1985: Ladyhawke, la femme de la nuit. 1985: Les Goonies. 1987: l'Arme Fatale. 1988: Fantômes en Fête. 1989: l'Arme Fatale 2. 1991: Radio Flyer. 1992: l'Arme Fatale 3. 1994: Maverick. 1995: Assassins. 1996: Complots. 1998: l'Arme Fatale 4. 2002: Prisonnier du temps. 2006: 16 Blocs. 2006: Superman 2 (dvd / blu-ray).


On prend les mêmes et on recommence pour le plus grand bonheur des fans si bien que l'Arme Fatale 3 fut le plus grand succès international de la tétralogie (321 731 527 $ de recette) si on écarte paradoxalement les Etats-Unis puisque c'est l'Arme Fatale 2 qui emporte la mise chez eux. Ainsi, on ne change pas une équipe qui gagne et c'est avec un plaisir (oh combien) galvanisant que l'on retrouve notre fameux duo antinomique (le chien fou Riggs et son acolyte papy Roger à 8 jours de sa retraite) entouré de l'encombrant Leo Getz (Joe Pesci toujours aussi irrésistible de cocasserie bonnard en trouble-fête incorrigible) et de la nouvelle recrue Sergent Lorna Cole que campe René Russo en experte en art martial difficilement domptable au 1er abord. Quant à l'intrigue, évidemment limpide et classique, elle tourne autour d'un trafic d'armes que Richard Donner profite de dénoncer en filigrane à travers la prolifération des armes que les jeunes trafiquants afros arborent pour se prémunir des bandes rivales dealers de came.  


D'où cette soudaine dramaturgie appuyée cassant un peu à mi-parcours l'ambiance décomplexée lorsqu'un jeune trépasse après avoir utilisé cette nouvelle arme perforant les gilets par balle. Comme de coutume, le pitch, bien qu'efficacement mené, n'est donc qu'un prétexte pour aligner sur un rythme proprement effréné réparties hilarantes en roue libre (Riggs et Roger ne cessent de se chamailler 2h00 durant sans jamais nous lasser) et action ultra spectaculaire que Richard Donner filme avec un brio vertigineux eu égard de l'intensité de ses morceaux de bravoures d'une efficacité optimale. Mais pour parachever, quoi de plus fructueux que d'instaurer un climat anti dépressif de bonne humeur hyper communicatif auprès du spectateur ne sachant plus où donner de la tête à savourer leurs prises de têtes rocambolesques. A cet égard, et en insistant à nouveau, le duo tempétueux formé par Mel Gibson / Danny Glover demeure à mes yeux probablement inégalé (avec 48 heures si j'ose dire) à travers leur sens d'amitié impayable tout en prônant les valeurs familiales comme le souligne le solitaire Riggs en quête de rédemption conjugale. Par conséquent, et avec le recul des décennies puis l'apparition à double tranchant des CGI, on reste à la revoyure estomaqué par le dynamisme de son action artisanale dont les cascades bluffantes de réalisme restent aujourd'hui toujours aussi funs, pour ne pas dire jubilatoires sous l'impulsion d'une chorégraphie symétrique. 


Un éternel recommencement.
Déjà transcendé de son générique liminaire interprété par le chanteur Sting et Eric Clapton (à la guitare) sur une scénographie d'un stylisme incendiaire, l'Arme Fatale 3 constitue le spectacle idoine du samedi soir à travers son généreux concentré d'action, d'humour et de tendresse que les acteurs à la fête suscitent entre émoi et fringance inépuisables. Tant et si bien que quelques décennies plus tard, cette référence du genre (ou ce classique, c'est selon) n'a point à rougir de ses prédécesseurs même si peut éprouver une préférence pour d'autres opus qui restent à mes yeux communément jubilatoires et extrêmement bienveillants quant aux valeurs si chères de l'amitié inextinguible et de l'union familiale. 

*Bruno
3èx

Box-Office France: 4 480 670 entrées

Ci-joint les chroniques des 2 précédents opus:
Arme Fatale (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/2016/08/larme-fatale.html
Arme Fatale 2 (l'): http://brunomatei.blogspot.com/2019/01/larme-fatale-2.html

jeudi 18 août 2022

Mourir peut Attendre / No Time to Die

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site dante7.unblog.fr

de Cary Joji Fukunaga. 2021. U.S.A/Angleterre. 2h43. Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Christoph Waltz, Ralph Fiennes, Jeffrey Wright

Sortie salles France: 6 Octobre 2021. U.S: 8 Octobre 2021

FILMOGRAPHIE: Cary Joji Fukunaga est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de la photographie et acteur américain, né le 10 juillet 1977 à Oakland, en Californie. 2003 : Kofi (court-métrage). 2004 : Victoria para Chino (court-métrage). 2009 : Sin nombre. 2011 : Jane Eyre . 2012 : Sleepwalking in the Rift (court-métrage). 2015 : Beasts of No Nation. 2021 : Mourir peut attendre. 

Ultime opus de Bond sous la houlette de Daniel Craig, Mourir peut attendre est une sorte de bouquet final au cinéma d'action et d'espionnage estampillé 007. Un spectacle classieux à la fois homérique et émotif comme peu de Blockbusters mainstream peuvent prétendre conjuguer et rivaliser. Tant et si bien qu'outre la solidité de son intrigue charpentée d'après le spectre (contemporain) d'une guerre bactériologique planétaire, Mourir peut attendre nous cloue au siège 2h43 durant. Et il faut vraiment faire la fine bouche pour tenter d'y dénicher un quelconque essoufflement à ce prodigieux spectacle numérisé mais aussi artisanal, comme le confirme son trophée imparti aux cascadeurs lors du SAG Awards 2022. On peut évidemment avec le recul parfois sourire de son action improbable survitaminée tout en s'étonnant de son degré de réalisme probant afin que le spectateur puisse contempler de façon continuelle ces pyrotechnies la bouche écarquillée. Tant auprès de l'ultra dynamisme du montage d'une fluidité hallucinée que de la lisibilité chorégraphique des gunfights et corps à corps d'une intensité  somme toute primitive. Cary Joji Fukunaga relançant de façon quasi métronome l'action belliqueuse sous l'impulsion de l'implication des personnages magnifiquement dessinés (jusqu'aux seconds-rôles à l'instar de la nouvelle agent afro 007 !). Notamment en accordant un intérêt davantage prononcé à la romance que se dispute Bond contre sa muse Madeleine. 

C'est d'ailleurs de cette façon précipitée que l'intrigue débute pour nous parachever 30 minutes d'action anthologique lorsque Bond et Madeleine sont contraint d'entamer une course-poursuite contre des tueurs pour leur enjeu de survie. Alors que l'action d'avant nous proposait de manière quelque peu horrifique une semblant de psycho-killer redoutablement intense entre le tueur masqué et une fillette apeurée. Rien que cette première demi-heure rondement menée (pour ne pas dire pulsatile) nous crispe littéralement au siège, notamment pour nous préméditer les enjeux dramatiques humains que se divise le couple par dépit. Sur ce point, j'ai été extrêmement surpris du jeu ensorcelant de la française Léa Sédoux (si injustement décriée par le public Français - si je ne m'abuse - depuis l'orée de sa carrière) sobrement poignante et si attachante à travers ses expressions sentencieuses ou autrement rigides, puisque jouant sur l'ambivalence d'une éventuelle félonie que le spectateur redoute avec une suspicion équivalente à Bond délibéré à tourner la page plutôt que de se morfondre dans l'incertitude. Ainsi, en jouant sur la menace équivoque de 2 méchants charismatiques (Christoph Waltz en taulard placide que n'aurait renié un certain Hannibal Lecter, et surtout Rami Malek d'une inquiétante force tranquille en justicier criminel renforcé de son visage épouvantablement taillé à la serpe), le réalisateur juxtapose la relation houleuse entre Bond et Madeleine préservant d'importants secrets afin d'instaurer un suspense prégnant qui culminera avec l'audace d'une conclusion renversante (pour ne pas dire bouleversante). 

Illuminé de vastes paysages naturels au sein d'une fastueuse photo chrome que Cary Joji Fukunaga exploite avec un brio étourdissant d'inventivité géométrique (notamment auprès de l'harmonie des couleurs et des contrastes), Mourir peut attendre nous déclare sa flamme au cinéma d'action "émotionnel" sous l'impulsion d'une fragile romance teintée de mélancolie. On pourrait également énumérer le charisme des moult seconds-rôles communément irréprochables (avec parfois l'intrusion de répliques ironiques sobrement mises en place), mais je privilégie évidemment le duo incandescent que forme Daniel Craig / Léa Seydoux (n'ayant jamais été aussi belle à l'écran) divins de complémentarité amoureuse à travers leur relation sensiblement infortunée. Et pour parachever, impossible de passer outre l'acuité de son score musical d'une finesse remarquablement discrète pour susciter une fragile émotion auprès de l'immersion du spectateur impliqué dans une dramaturgie en crescendo. Sans omettre non plus l'intensité planante de la chanson « No Time To Die » interprétée par Billie Eilish (récompensée 2 fois Outre-Atlantique !) lors du générique onirique faisant office de chef-d'oeuvre à lui seul (si bien que je me suis surpris d'y verser des larmes par sa gracilité expressive). 

*Bruno

Box Office France: 4 007 532 entrées

Récompenses
Grammy Awards 2021 : Meilleure chanson écrite pour un média visuel pour No Time to Die (Billie Eilish et Finneas O'Connell)
Golden Globes 2022 : Meilleure chanson originale pour No Time to Die (Billie Eilish et Finneas O'Connell)
SAG Awards 2022 : Meilleure équipe de cascadeurs
BAFTA 2022 : Meilleur montage
Oscars 2022 : Meilleure chanson originale pour No Time to Die (Billie Eilish et Finneas O'Connell)

mardi 16 août 2022

Jamais plus Jamais / Never Say Never Again

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Irvin Keschner. 1983. U.S.A/Angleterre/Allemagne de l'Ouest. 2h14. Avec Sean Connery, Klaus Maria Brandauer, Kim Basinger, Barbara Carrera, Bernie Casey, Edward Fox, Alec McCowen, Pamela Salem, Max von Sydow, Gavan O'Herlihy.

Sortie salles France: 30 Novembre 1983. U.S: 7 Octobre 1983.

FILMOGRAPHIE: Irvin Kershner est un réalisateur et producteur américain, né le 29 Août 1923 à Philadelphie (Pennsylvanie), décédé le 27 Novembre 2010 à Los Angeles (Californie). 1958: Stakeout on Dope Street. 1959: The Young Captive. 1961: Le Mal de vivre. 1963: Face in the Rain. 1964: The Luck of Ginger Coffey. 1966: l'Homme à la tête fêlée. 1967: Une sacré fripouille. 1970: Loving. 1972: Up the Sandbox. 1974: Les 'S' Pions. 1976: La Revanche d'un Homme nommé Cheval. 1978: Les Yeux de Laura Mars. 1980: l'Empire contre-attaque. 1983: Jamais plus jamais. 1990: Robocop 2.

Bond à part que ce Jamais plus Jamais marquant le retour fortuit de Sean Connery (il avait juré de ne plus reprendre le rôle après la sortie des diamants sont Eternels), dans la mesure où cet opus ne fait d'ailleurs pas officiellement parti de la franchise, faute du conflit qui opposa le scénariste et producteur Kevin McClory contre le romancier Ian Fleming avec qui il collabora afin d'imaginer la 1ère aventure de l'agent 007. Il s'agit donc d'une relecture moderne de Opération Tonnerre, ou plus exactement de la revanche de Kevin McClory après qu'il sortit victorieux de sa poursuite en justice contre Fleming en 1973. Sauf qu'à la suite d'un pacte avec les producteurs Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, il du toutefois patienter plus de 10 ans pour transposer cette nouvelle aventure sur grand écran. C'est donc en 1983 qu'il parvient véritablement à mettre en chantier Jamais plus Jamais sans se coltiner la participation de la société de production Eon Productions (avec qui Broccoli / Satzman  étaient liés). Formidable récit d'aventures, de romance, d'espionnage et d'actions homériques (principalement la poursuite en moto anthologique !) dirigé par la valeur sûre d'Hollywood, Irvin Kershner (l'Empire contre attaque, Les Yeux de Laura Mars, Robocop 2), Jamais plus jamais sort au même moment qu'un autre Bond afin de concurrencer Roger Moore starisé dans Octopussy (comme le souligne d'ailleurs ses nombreux traits d'humour que Connery tente parfois d'émuler avec plus ou moins de bonheur). Hélas, en terme pécuniaire, Octopussy en sort vainqueur avec 67 900 000 $ contre 55 400 000 $ pour son homologue. En tout état de cause, et selon mon jugement de valeur, il s'agit de 2 excellents métrages n'ayant surement point à rougir des plus belles réussites de Bond (n'en déplaise à ces détracteurs qui ne jurent que par le roc Connery à l'époque de leur brève rivalité commerciale). 

Par conséquent, à la revoyure de ce Jamais plus Jamais (là aussi le titre fripon joue sur l'humeur versatile de son acteur emblématique), ce qui frappe d'emblée émane de son aspect artisanal à daigner narrer une histoire constructive auprès de personnages formidablement bien traités qu'Irvin Kershner prend son temps à nous caractériser (certains pourraient d'ailleurs reprocher une 1ère partie laborieuse, ce que personnellement je conteste sans soupçon d'hésitation). D'où l'intérêt majeur de ce spectacle scrupuleusement attentionné à nous attacher à ces personnages hauts en couleur. Que ce soit Barbara Carrera en criminelle sarcastique à la limite de la psychopathie, étonnamment à l'aise à travers son jeu un brin hystérisé. Du méchant mégalo qu'endosse avec une mine sobrement fringante l'allemand Klaus Maria Brandauer dans une posture spontanée de séducteur insidieux et lestement gouailleur (notamment lorsqu'il perpétue une bataille navale électronique si j'ose dire avec son rival 007). Quant à Kim Basinger, quel plaisir de la retrouver ici en jeune victime fragile comptant sur la virilité infaillible de Sean Connery pour se prémunir des menaces qui pèsent davantage sur ses épaules depuis que Bond parvint à infiltrer le fief de Largo (l'amant de celle-ci qui est d'ailleurs responsable de la mort de son frère exécuté par la diablesse Domino - Barbara Carrera divine de machiavélisme j'vous dit - !). Quant à l'illustre classe impassible de Sean Connery, à la fois sobre mais aussi détendu par ses instants de cocasserie impromptus, il nous laisse une dernière prestation solide en agent secret strié poursuivant ses adversaires avec une forme assez convaincante (même si parfois il est évidemment doublé, telle la poursuite effectuée en moto à travers étroites ruelles) à défaut de nous bluffer, physiquement parlant. 

Episode officieux mal aimé ou oublié, c'est selon, Jamais plus Jamais dégage un charme indéfectible à travers la solidité de sa mise en scène artisanale principalement soumise au charisme de ses interprètes communément irréprochables. Et ce avant de nous titiller des émotions plus fortes parmi quelques scènes d'action jamais gratuites (d'où leur discrétion imposée, surtout lors de la 1ère heure) que Kershner dissémine sans s'embarrasser de prétention (lui l'auteur du monumentalement épique Empire contre-attaque !). A revoir donc pour tous les amoureux de divertissement policier où sensualité érotique et virilité héroïque font bon ménage sous la houlette d'un habile faiseur d'images exotiques. 

*Bruno

mercredi 10 août 2022

James Bond contre Dr No / Dr No. Golden Globes 1964 : révélation féminine de l'année pour Ursula Andress

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Terence Young. 1962. Angleterre. 1h50. Avec Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, Jack Lord, Bernard Lee, Anthony Dawson, Zena Marshall, John Kitzmiller.

Sortie salles France: 27 Janvier 1963. Angleterre: 10 Octobre 1962. U.S: 8 Mai 1963

FILMOGRAPHIE: Terence Young est un scénariste et réalisateur britannique, né le 20 juin 1915 à Shanghai, Chine, décédé le 7 septembre 1994 à Cannes d'une crise cardiaque.1946 : La gloire est à eux. 1948 : L'Étrange Rendez-vous. 1948 : One Night with You. 1949 : Les Ennemis amoureux. 1950 : Trois des chars d'assaut. 1951 : La Vallée des aigles. 1952 : The Tall Headlines. 1953 : Les Bérets rouges. 1955 : La Princesse d'Eboli. 1955 : Les Quatre Plumes blanches. 1956 : Safari. 1956 : Zarak le valeureux. 1957 : Au bord du volcan. 1958 : La Brigade des bérets noirs. 1959 : Serious Charge. 1960 : La Blonde et les nus de Soho. 1961 : 1-2-3-4 ou les Collants noirs. 1961 : Les Horaces et les Curiaces. 1962 : James Bond 007 contre Dr No. 1963 : Bons Baisers de Russie. 1965 : Les Aventures amoureuses de Moll Flanders. 1965 : Guerre secrète. 1965 : Opération Tonnerre. 1966 : Opération Opium. 1967 : Peyrol le boucanier. 1967 : La Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman. 1967 : Seule dans la nuit. 1968 : Mayerling. 1969 : L'Arbre de Noël. 1970 : De la part des copains. 1971 : Soleil rouge. 1972 : Cosa Nostra. 1974 : Les Amazones. 1974 : L'Homme du clan. 1977 : Woo fook. 1979 : Liés par le sang. 1981 : Inchon. 1983 : La Taupe. 1988 : Marathon.


La classe inoxydable de Sean Connery dès sa première aproche avec 007. 
Il s'agit de la 1ère adaptation filmique de James Bond créé par le romancier Ian Fleming et on peut dire que le réalisateur britannique Terence Young s'en sort haut la main à conjuguer en toute efficacité policier, aventure, romance, action ainsi qu'un soupçon de violence (parfois cruelle !) sous l'égide de l'indétrônable Sean Connery d'un naturel hors pair dans la peau d'un espion à la fois charmeur, retors, véloce et sobrement héroïque. D'ailleurs, sur ce point potentiellement épique; James Bond contre Dr No ne réserve finalement que peu d'action durant l'investigation périlleuse de Bond contraint de faire escale sur une île Jamaïcaine pour tenter de résoudre la mort mystérieuse de 2 agents britanniques. 


Pourtant mené sans temps mort au sein d'une classieuse photo sépia, on est captivé par l'élégance dépouillée des décors exotiques et de la mise en scène d'un charme rétro (aujourd'hui) résolument irrésistible. Tant et si bien que James Bond contre Dr No semble véritablement éternel à perdurer sa capacité innée à nous séduire au travers d'une aventure policière rondement menée dans son concentré de péripéties insidieuses, félonies, étreintes sensuelles (la néophyte Ursula Andress transperce l'écran de  son aura charnelle noisette et du reflet de son innocence un brin naïve - si bien qu'elle croit au dragon ! -), exactions criminelles, poursuites et climax homérique au sein du repère de l'inquiétant Dr No que Terence Young a la judicieuse astuce de nous le dévoiler qu'à l'ultime demi-heure afin de renforcer l'aspect mystérieux de cet antagoniste aussi altier que mégalo à daigner dominer le monde (comme le relève la consigne de chaque opus). 


Les spectateurs français ne s'y tromperont pas, James Bond contre Dr No cumula 4 772 574 entrées alors qu'aux 4 coins du monde il triomphera pour rembourser en 3 mois seulement son million de dollars initial grâce au cumul des 60 millions de dollars de recettes. C'est donc sans surprises qu'une suite est mise en chantier 1 an plus tard sous la houlette du même réalisateur et de son acteur vedette, quand bien même Ursula Andress accédera elle aussi peu à peu à la notoriété. Un plaisir de cinéma vintage d'une puissance visuelle en perpétuelle attraction commune que le briscard Terence Young peaufine avec un remarquable savoir-faire (notamment en magnifiant le profil de Sean Connery par petites touches suggestives pour sa 1ère apparition Bondienne face écran).

*Bruno

Récompense: Golden Globes 1964 : révélation féminine de l'année pour Ursula Andress (Ex aequo avec Tippi Hedren pour Les oiseaux et Elke Sommer pour Pas de lauriers pour les tueurs)

mardi 9 août 2022

Elvis

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Baz Luhrmann. 2022. U.S.A/Australie. 2h39. Avec Austin Butler, Tom Hanks, Helen Thomson, Richard Roxburgh, Olivia DeJonge, Luke Bracey, Natasha Bassett.

Sortie salles France: 22 Juin 2022

FILMOGRAPHIEBaz Luhrmann est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 17 septembre 1962 à Herons Creek (Nouvelle-Galles du Sud). 1992 : Ballroom Dancing. 1996 : Roméo + Juliette. 2001 : Moulin Rouge. 2008 : Australia. 2013 : Gatsby le Magnifique. 2022 : Elvis. 


Biopic d'une légende du Rock sous l'impulsion d'un franc-tireur contestataire.
Spectacle de la démesure et de la frénésie sous l'impulsion de l'artiste solo le plus célèbre de tous les temps (il reste à l'heure actuelle inégalable en terme de vente de disques !), Elvis est un vortex émotionnel d'une durée substantielle de 2h39. Et si on peut déplorer quelques petits essoufflements durant le parcours musical de ce géant du déhanchement (sa 1ère exhibition est anthologique, MA séquence attitrée de tout le métrage !), l'émotion sensorielle ressentie à plusieurs moments (dont celle susnommée donc) emporte tout sur son passage. A l'instar également de son ultime demi-heure franchement bouleversante (alors que l'on connait l'issue mortuaire) parvenant à nous faire ressentir la détresse du King comme si nous étions à l'intérieur de son corps tuméfié par l'alcool, l'épuisement, l'isolement, les cachets. 


Outre l'incroyable fulgurance de la mise en scène retraçant le parcours d'endurance (euphémisme !) d'un chanteur révolutionnaire soumis à l'autorité véreuse de son impresario (que campe admirablement Tom Hanks dans une posture sournoise de paternel faussement prévenant), Baz Luhrmann en profite pour nous remémorer une page de l'histoire de l'Amérique à la fois puritaine (Elvis risque la prison uniquement à cause de ses déhanchements jugés trop provocateurs, violents et sexy et de ses paroles frondeuses !), complotiste (la mort de Kennedy) et ségrégationniste, comme le confirme la mort de Martin Luther King qu'Elvis voue d'admiration en tant que figure symbole de la communauté noire. Si bien que le Gospel qu'il accueillit étant enfant dans une église inspira largement son style musical et ses pas de danse dans une posture transie d'émoi que les fans contemplaient dans une fascination hystérico-obsessionnelle. On peut évidemment saluer à travers ses expression surmenées (de perles de sueur) la prestance du jeune Austin Butler se donnant à fond dans la peau fragile du King balloté tous azimuts par ses fans, son impresario et d'autres requins financiers durant toute sa trajectoire professionnelle. Tant et si bien que l'acteur parvient à nous conjuguer (sans déborder) ses euphories de la notoriété et son appréhension dépressive de perdurer dans les bravoures musicales lors d'un compromis quasi suicidaire (son ultime concertation avec son impresario lui sera 2 ans plus tard fatale). 


Dégageant une énergie pulsatile souvent impressionnante mais peu à peu destructrice au fil de l'évolution déclinante du King davantage isolé de sa famille (paternelle et conjugale) et plongé dans 
l'impasse d'une probable faillite, Elvis, le film, dégage un humanisme chétif résolument communicatif pour tenir compte de l'exceptionnel talent de ce mélomane manipulé par la plupart de son entourage (son propre père inconséquent peut d'ailleurs faire profil bas), des médias véreux et des fans faute de notre fanatisme égoïste à se figer d'admiration pour un super-héros intemporel. Du grand spectacle  épique incessamment vampirisé du montage capiteux qui laisse sans voix au générique en berne. Et probablement le meilleur film de son (inégal) auteur qui étrangement parvient ici grâce à sa traditionnelle outrance baroque à transplanter la fureur de sa réalisation habitée avec l'énergie instable d'Elvis Presley à la fois anticonformiste, novateur et ingérable à s'opposer durant toute sa carrière au diktat de la bien-pensance. 

*Bruno

lundi 8 août 2022

Chewing-gum Rallye / The Gumball Rally

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Charles Bail. 1976. U.S.A. 1h45. Avec Michael Sarrazin, Norman Burton, Raúl Juliá, Gary Busey,  Tim McIntire.

Sortie salles France: 11 Juin 1980. U.S: 28 Juillet 1976

FILMOGRAPHIE: Charles Bail est un réalisateur et acteur américain né en 1935 à Pittsburgh, Pennsylvania, USA, décédé le 25 Novembre 2020 à Tyler, Texas, USA. 1996: Street Corner Justice. 1986: Choke Canyon. 1976: Chewing Gum Rallye.  1975 Cleopatra Jones and the Casino of Gold. 1974 Black Samson. 


Précurseur de L'Equipée du Cannonball, Cannonball et Cannonball 2 alors qu'il se base à l'origine sur la véritable course (non officielle) du Baker Sea-To-Shining-Sea Memorial Trophy Dash, Chewing-gum rallye devraient contenter les fans de courses poursuites sur bitume bâties sur le ton de la comédie d'action sans prétention. Et ce en comptant beaucoup sur la bonhomie fougueuse des comédiens (Michael SarrazinRaúl Juliá en tête) plutôt à l'aise en fous du volant faisant la nike à la police lancée à leurs trousses alors que certains riverains provocateurs (la bande des motards) les retarderont à se rapprocher de l'arrivée. Tout cela correctement efficace fleure bon le cinéma des années 70 à travers ses moult contrées urbaines que le réalisateur exploite avec un certain souci documenté alors que les mini cascades exécutées sous nos yeux amusent par leur modeste générosité. L'humour pittoresque ne vole évidemment pas bien haut sous l'impulsion de péripéties aussi crétines que parfois ubuesques (le flic persuadé qu'il est sur les lieux d'un tournage), ce qui renforce son charme rétro d'une époque révolue adepte des spectacles à la fois funs, light et décomplexés (on est d'ailleurs en droit de préférer la série des Cannonball réalisée un peu plus tard dans les années 80). 

*Bruno


Info (Wikipedia): 
Le Cannonball Baker Sea-To-Shining-Sea Memorial Trophy Dash, largement connu sous le nom de Cannonball Baker ou Cannonball Run, était une course automobile non officielle et non autorisée qui s’est déroulée cinq fois dans les années 1970 de New York et Darien, Connecticut, sur la côte est des États-Unis au Portofino Inn[1] dans la banlieue de Los Angeles de Redondo Beach. Californie. Les courses Cannonball Run ont également inspiré de nombreux efforts contemporains d’équipes indépendantes pour établir le temps record pour le parcours, connu sous le nom de Cannonball Run Challenge.

Conçue par Brock Yates, rédacteur de magazine automobile et coureur automobile, et Steve Smith, rédacteur en chef de Car and Driver, la première course n’était pas une course compétitive car une seule équipe courait. La course était destinée à la fois à célébrer le réseau routier inter-États des États-Unis et à protester contre l’entrée en vigueur du code de la route strict à l’époque. Une autre motivation était le plaisir impliqué, qui se voyait dans les rapports ironiques dans Car and Driver et d’autres publications automobiles dans le monde entier. La première course de cross-country a été faite par Yates; son fils, Brock Yates, Jr.; Steve Smith; et son ami Jim Williams à partir du 3 mai 1971, dans une fourgonnette Dodge Custom Sportsman de 1971 appelée « Moon Trash II ». 

La course a eu lieu quatre autres fois: le 15 novembre 1971; 13 novembre 1972; 23 avril 1975; et le 1er avril 1979. 

Le magazine Car and Driver détaille la course de novembre 1971 dans son numéro de mars 1972. Cet article a été réimprimé pour représenter les années 1970 à l’occasion du 50e anniversaire du magazine en 2005. Un effort remarquable a été fait par la légende de la course automobile américaine Dan Gurney, vainqueur des 24 Heures du Mans 1967. Il a remporté le deuxième Cannonball au volant d’une Ferrari 365 GTB/4 Daytona bleue Sunoco. Gurney a déclaré: « À aucun moment, nous n’avons dépassé 175 mph [280 km / h]. » Lui et Brock Yates en tant que copilote ont pris 35 heures 54 minutes pour parcourir 2 863 miles (4 608 km) à une moyenne d’environ 80 mph (130 km / h) tout en récoltant une amende. La neige dans les montagnes Rocheuses les a considérablement ralentis.


En 1972, l’équipe de Steve " Yogi » Behr, Bill Canfield et Fred Olds a remporté dans une Cadillac Coupe de Ville, la première voiture américaine à remporter un Cannonball. 
Les 23 et 25 avril 1975, Jack May et Rick Cline conduisent une Dino 246 GTS depuis le Red Ball Garage de New York en un temps record de 35 heures 53 minutes, avec une moyenne de 83 mph (134 km/h).

Le record officiel de Cannonballs est de 32 heures 51 minutes (environ 87 mph ou 140 km/h), établi lors de la dernière course de Darien, Connecticut, à Los Angeles par Dave Heinz et Dave Yarborough dans une Jaguar XJS en avril 1979. 

Après les courses originales de Cannonball, Car and Driver a sponsorisé des circuits fermés légitimes, le One Lap of America. Les successeurs hors-la-loi aux États-Unis, en Europe et en Australie continuent d’utiliser le nom Cannonball sans l’approbation de Yates.