vendredi 30 juin 2023

La Malédiction des Whateley / The Shuttered Room

                                        Photo empruntée sur google, appartenant au site 2.bp.blogspot.com

de David Greene. 1967. Angleterre. 1h39. Avec Gig Young, Carol Lynley, Oliver Reed, Flora Robson, Judith Arthy.

Sortie salles France: 17 janvier 1969. Royaume-Uni : 27 juin 1967

FILMOGRAPHIE: David Greene est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 22 février 1921 à Manchester, Angleterre et mort le 7 avril 2003 à Ojai, Californie, États-Unis. 1967 : La Malédiction des Whateley. 1968 : Les Filles du code secret. 1968 : Chantage à la drogue. 1969 : I Start Counting. 1970 : The People Next Door. 1972 : Madame Sin. 1973 : Godspell (Godspell: A Musical Based on the Gospel According to St. Matthew). 1978 : Sauvez le Neptune. 

Encore une perle maudite, un trésor de l'horreur gothique oublié de tous dans le paysage British. Et ce d'après la nouvelle La Chambre condamnée d'August Derleth et du non moins célèbre H.P. Lovecraft. Et c'est délicieusement atmosphérique par le biais de sa scénographie côtière où s'exhibe sans complexe une poignée de marginaux ignorants à proximité d'un moulin abandonné que le couple Kelton décide d'emménager après que l'épouse, ancienne propriétaire des lieux, fut tourmentée par sa jeunesse amnésique. On apprendra ensuite au cours des retrouvailles avec sa tante dans quelle circonstance ses parents rendirent l'âme. Ainsi, ce qui frappe irrémédiablement à la revoyure de ce joyau horrifique émane d'une direction d'acteur infaillible parmi lesquels on retrouve pour notre plus grand bonheur le monstre sacré Oliver Reed résolument spontané, volcanique en marginal frustré noyé d'immaturité. Quand bien même l'excellent Gig Young lui partage autrement la vedette en époux distingué accompagné de la splendide blonde Carol Lynley endossant Susan, fille des Whateley avec une douceur et une fragilité à la fois trouble et sensuelle. Une interprétation littéralement hypnotique tant l'actrice s'investit corps et âme en victime partagée entre ses réminiscences obscures, son appréhension réservée auprès de ces étrangers machistes et la prémices de son amour conjugal. 

Le couple aura donc fort affaire aux provocations lubriques d'Ethan (Oliver Reed) et de sa bande irresponsable fuyants leur ennui dans l'alcool, la violence et le sexe eu égard de la tournure davantage alerte des rebondissements inhospitaliers. Par conséquent, à travers le  portrait réalistement blafard de cette équipée triviale tributaire de leur cadre rural épargné d'habitation, on peut sans conteste suspecter Sam Peckinpah de s'y être inspiré afin de parfaire son chef-d'oeuvre du Vigilante Movie: les Chiens de Paille. Notamment auprès des séquences d'agressions sexuelles là encore plutôt cruelles et réalistes par son aspect dérangeant, presque sordide si j'ose dire. Mais au-delà de ses passionnantes confrontations morales puis physiques entre le couple, les marginaux et une étrange tante autoritaire tentant de maîtriser la situation (Flora Robson demeure parfaite d'ambiguïté en matrone à la fois taiseuse et faussement hospitalière) s'y éclipse une étrange créature (potentiellement) diabolique que tout le monde s'efforce d'omettre et d'occulter (comme le souligne d'ailleurs son étrange prologue en mode subjectif). Epaulé d'une partition dissonante renforçant l'aspect tour à tour inquiétant, dérangeant et malsain des lieux insalubres du moulin, La Malédiction des Whateley instaure une trouble angoisse palpable avant de culminer auprès d'une dernière partie horrifique chargée en tension, surprise et violence sanguine. 

Classique de l'horreur British à revoir d'urgence, La Malédiction des Whateley mériterait tant de s'immortaliser sur galette HD tant sa facture formelle (mais aussi technique) nous frappe les mirettes sous l'impulsion d'ardues confrontations psychologiques virant au cauchemar filial (en mode aussi épouvanté qu'étonnamment vériste).

*Bruno
2èx

jeudi 29 juin 2023

Les Petites Victoires. Prix du Public, Prix Spécial du Jury, Alpe d'Huez 2023.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com

de Mélanie Auffret. 2023. France. 1h29. Avec Julia Piaton, Michel Blanc, Lionel Abelanski, Marie Bunel, Marie-Pierre Casey, India Hair, Sébastien Chassagne, Bruno Raffaelli.

Sortie salles France: 1er Mars 2023

FILMOGRAPHIEMélanie Auffret est une réalisatrice et scénariste française, née à Plescop (Morbihan) 2019 : Roxane (scénario écrit en collaboration avec Michaël Souhaité). 2023 : Les Petites Victoires.

Un sacerdoce de découvrir en 2023 ce genre de comédie sociale dénuée de prétention tant on jurerait presque qu'elle fut réalisée dans les années 80. Prix spécial du Jury, Prix du public au Festival international de l'Alpe d'Huez 2023, Les Petites Victoires cumule d'autre part 925 562 entrées à ce jour (le film étant toujours à l'affiche ce 29 Juin 2023). Et si Michel Blanc, devenu hélas si rare sur nos écrans, doit une grosse part de responsabilité pour ce succès inattendu, le talent intègre de la réalisatrice Mélanie Auffret (dont il s'agit uniquement de son second long) n'est point à négliger tant elle parvient à conjuguer sans fard (à un ou 2 couacs près, principalement l'intro un brin caricaturale) humour, tendresse ainsi qu'une pointe de gravité auprès d'un scénario engagé (la désertification des commerces au sein des villages provinciaux) dénué de pathos (suffit de souligner le côté bipolaire de son final aigre doux anti larmoyant). Mais outre ce contexte sociétal en décrépitude que beaucoup de régions subissent, le pouvoir émotionnel des Petites Victoires réside dans la complémentarité fortuite du couple Julia Piaton / Michel Blanc davantage sémillant/attendrissant/harmonieux au fil de leur évolution amicale d'apprendre à se connaître et à s'accepter en s'épaulant mutuellement.  

Celui-ci endossant dans une posture bourrue jamais outrée (si bien qu'on oublie vite l'acteur) un sexagénaire illettré délibéré à retourner en cours de CP que Julia Piaton lui enseignera avec un naturel altruiste confondant de bienveillance en dépit de ses soupçons de fermeté autoritaire. Et ce sans se morfondre dans la facilité de bons sentiments standard dans les reflets de sa sensibilité dépouillée, comme le souligne d'ailleurs l'attitude fringante des enfants scolaires dénués de complexe ou de timidité à se fondre dans des rôles candides anti-stéréotypés. Et si sur le papier le pitch pouvait évidemment paraître un brin ridicule, c'était sans compter sur le talent de conteur de Mélanie Auffret (puisque également scénariste) que de nous embarquer dans une comédie pittoresque transpirant incessamment la joie de vie, le positivisme (à tous prix si j'ose dire tant la dramaturgie est sobrement suggérée, voire même écartée), l'amour et surtout la tendresse amiteuse au point de bouleverser les us et coutumes de tout un village affable par son élan de solidarité hors-pair. 

Comédie roborative pétrie d'humour, de bon sens, de nobles valeurs et de tendresse bonnards, Les Petites Victoires doit son capital hautement sympathique grâce à sa modeste simplicité bâtie prioritairement sur la bonhomie des villageois usant naturellement de valeurs humaines gratifiantes pour s'extraire de la sinistrose, de l'aigreur et du pessimisme au sein de leur condition précaire de dernier ressort. Un divertissement salutaire donc d'une énergie antidépressive par son peps communicant, avec un coeur gros comme ça. Et puis quel plaisir (ému) de retrouver Michel Blanc en sexagénaire bedonnant à la sensibilité refoulée, la main (finalement) sur le coeur par son évolution responsable.  

Récompenses:

Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2023 :

Prix spécial du Jury

Prix du public

Ce qu'en pense la presse: 

mercredi 28 juin 2023

Les Soucoupes Volantes Attaquent / Earth vs. the Flying Saucers

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fred F. Sears. 1956. U.S.A. 1h23. Avec Hugh Marlowe, Joan Taylor, Donald Curtis, Morris Ankrum, John Zaremba 

Sortie salles France: 17 Août 1956. U.S: Juillet 1956

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Fred F. Sears (né Frederick Francis Sears à Boston, Massachusetts, le 7 juillet 1913 – mort à Hollywood le 20 novembre 1957) est un acteur et un réalisateur américain. 1956 : Fury at Gunsight Pass. 1956 : Rock Around the Clock.1956 : Les soucoupes volantes attaquent. 1956 : Meurtres à Miami. 1956 : The Werewolf. 1956 : Cha-Cha-Cha Boom! (en). 1956 : Rumble on the Docks (en). 1956 : Don't Knock the Rock. 1957 : Le Traquenard des Sans-Loi. 1957 : The Night the World Exploded (en). 1957 : The Giant Claw. 1957 : Calypso Heat Wave (en). 1957 : Escape from San Quentin (en). 1958 : The World Was His Jury (en). 1958 : Going Steady. 1958 : Crash Landing. 1958 : Le Pays des sans-loi (Badman's Country (en). 1958 : Ghost of the China Sea.

Une menace interplanétaire de grande ampleur ! 
Même si on peut déplorer un scénario aussi minimaliste qu'éculé (une simple invasion extra-terrestre contraint les humains à riposter en usant de stratagèmes d'armements autrement sophistiqués), Les Soucoupes Volantes attaquent demeure un sympathique petit classique SCI-FI des années 50 eu égard de la crédibilité des FX artisanaux conçus par Ray Harryhausen (excusez du peu). Cette série B agréablement troussée demeurant constamment efficace par son aspect documenté épaulé d'un réalisme scientifique que les acteurs rehaussent d'après leur caractère attachant (principalement le couple Marvin partagé entre leur sens du devoir d'y protéger leur patrie et leur relation amoureuse). Fred F. Sears parsemant son récit de bavardages jamais ennuyeux entre militaires, politiques et scientifiques afin d'étudier les rapports de force et intentions perfides de la menace, d'idées finaudes (le détail auditif opposant les 2 clans sans en dévoiler plus) puis de scènes de destruction massive, notamment auprès de son final furibard où humains et E.T se livrent à une guerre sans merci que l'on contemple avec un oeil aussi scrupuleux qu'amusé. 

D'ailleurs, lors d'un rebondissement fallacieux, on éprouvera de prime abord une certaine empathie pour ces derniers à travers leurs intentions pacifiques d'amorcer un dialogue avec nous avant d'y dévoiler leur potentiel belliqueux à nous asservir puis s'emparer de la Terre depuis que leur système solaire s'éteignit.  Le design discoïde des soucoupes ainsi que leur vélocité aérienne s'avérant constamment fascinants grâce aux FX en stop motion si bien que Tim Burton s'en inspirera pour le délirant Mars Attacks ! en mode parodique. A revoir donc, notamment pour se rendre compte à quel point les années 50 furent capables de nous dépayser de par leur sincérité dépouillée à évoquer une invasion extra-terrestre à l'aide de gros moyens (pour l'époque j'entends) et surtout un souci de réalisme documenté (Des Monstres attaquent la ville, la Guerre des Mondes, La Chose d'un autre Monde pour en citer les plus notoires).

*Bruno
2èx

mercredi 21 juin 2023

Les Pousse au Crime / La Tour des Monstre / Homebodies

                                          
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Larry Yust. 1974. U.S.A. 1h38. Avec Peter Brocco, Frances Fuller, William Hansen, Ruth McDevitt, Paula Trueman, Ian Wolfe, Douglas Fowley. 

Sortie salles France: 24 Mars 1976. U.S: 13 Septembre 1974

FILMOGRAPHIE: Larry Yust est un réalisateur américain né le 3 novembre 1930 en Pennsylvanie. 1967 : The Secret Sharer. 1972 : Trick Baby. 1974 : La Tour des monstres (Homebodies). 1986 : Say Yes coréalisé avec Peter Ferrara. 


Rare, oublié, méconnu, introuvable, alors que j'en garde personnellement un souvenir ému lors de sa diffusion sur TV6 (un Dimanche soir si je ne m'abuse), Les Pousse au crime (ou La Tour des Monstres) est une dinguerie culte à découvrir absolument pour qui raffole des délires saugrenus ne ressemblant à nul autre délire macabre. Comédie noire, satire sociale, horreur, drame se chevauchant tranquillement au rythme d'un jeu de massacre aussi détonnant que cruellement inattendu eu égard de la tournure immorale des évènements meurtriers qui empiètent la labeur de promoteurs et ouvriers. Ces derniers s'efforçant de chasser d'un immeuble décati des vieillards entêtés fermement décidés à tenir tête à ces entrepreneurs cupides n'ayant aucune estime pour leurs ancêtres en fin de vie. Fort d'une ambiance sépia à la fois étrange, inquiétante et parfois même inhospitalière, notamment auprès de ses décors à la fois poussiéreux et vermoulus, la Tour des Monstres dégage une ambiance d'insécurité inusitée au point de surfer parfois avec le Fantastique. 


Dans la mesure ou le réalisateur y dresse de façon alambiquée et baroque le profil incongru de cette poignée de vieillards revanchards usant de vice et de roueries à piéger leurs adversaires dans une cohésion complice. Tous les acteurs du 3è âge formant de façon charismatique, pour ne pas dire iconique au travers de certains plans chiadés, une caste sournoise avec une expressivité davantage inquiétante si on prend en compte leur évolution morale à s'adonner à l'irréparable lors de discordes entre eux toujours plus tendues. Et c'est ce qui fait le sel de cette intrigue fétide à l'humour noir corseté si bien que l'on se surprend de l'audace du réalisateur à aller jusqu'au bout de son concept aussi glaçant qu'incommodant. Et ce tout en éprouvant une fascination toujours plus probante à travers ce climat malsain au confins de l'horreur que des criminels sclérosés cultivent sur leur chemin en s'efforçant d'y trouver toutefois une issue de secours. Ce qui nous amène à sa conclusion là encore étonnamment sardonique avec, en filigrane, un ultime pied de nez aux entrepreneurs snobinards délibérés à chasser de leur quartier les derniers vieillards récalcitrants. 


Les rapaces.
Une excellente curiosité donc à l'humour noir vitriolé par son immoralité assumée que des vieillards viciés osent arborer parmi leurs sentiments contradictoires de désarroi et d'injustice, de colère, de haine et de folie perverse, puis enfin de prise de remord pour l'un d'entre eux en guise de rédemption. 

P.S: Le film est disponible dans une belle version SD et HD (VF/VOSTFR) sur la plateforme muaddib-sci-fi.blogspot.com (plus connue chez les initiés par son enseigne: "L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction " )

*Bruno
2èx

mardi 20 juin 2023

Matar a Dios / Killing God

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Caye Casas et Albert Pintó. 2017. Espagne/France. 1h32. Avec Avec Eduardo Antuña, Itziar Castro, Boris Ruiz, Emilio Gavira

Sortie salles France: 9 Décembre 2017 (Paris International Fantastic Film Festival). Espagne: 11 Octobre 2017 (Festival de Sitges)

FILMOGRAPHIE: Caye Casas est un réalisateur et scénariste espagnol. 2022: La mesita del comedor. Asylum: Twisted Horror and Fantasy Tales (2020). Matar a Dios (2017)
Albert Pintó est né le 28 octobre 1985 à Barcelone, Catalogne, Espagne. 2022: La mesita del comedor. Asylum: Twisted Horror and Fantasy Tales (2020). Matar a Dios (2017)


Formidable surprise ibérique hélas passée inaperçue, Matar a Dios prouve qu'avec un budget rachitique, 5 comédiens méconnus (tout du moins chez nous), un décor exigu et surtout une idée aussi saugrenue qu'alléchante on peut encore surprendre le grand public avec une foi qui fait plaisir à voir. Car outre l'aspect réjouissant de son concept improbable (se prétendant Dieu, un nain encapuchonné s'introduit un soir chez une famille pour leur proposer un dilemme sacrificiel afin de sauver l'humanité d'un génocide planétaire), Matar a dios doit énormément de son capital sympathie en la présence affable d'une poignée de comédiens se fondant à coeur joie dans leur rôle sciemment pittoresque eu égard de la dérision permanente instaurée tout le long de leur calvaire. La soirée familiale fleurtant avec le règlement de compte, notamment depuis que Carlos soupçonne l'infidélité de son épouse Anna avec le patron de celle-ci lors d'un dîner arrosé. Or, depuis l'intrusion inopinée de cet étranger de petite taille, ils vont devoir faire face à leur propre morale afin de sauver et d'y sacrifier 2 d'entres eux pour un enjeu humanitaire. Mais vont-ils oser riposter ou se soustraire aux exigences de Dieu en personne ? 


Ainsi donc, avec ses grandes gueules familières d'un naturel strié, nous nous prenons instinctivement d'empathie pour eux de par leur profonde humanité chargée de tendresse, d'amitié, de remord, de tristesse mais aussi de jalousie comme tout citoyen lambda doué de vergogne et de déférence pour son prochain. Nous n'avons donc aucune peine à nous identifier à eux lorsque leurs conversations tournent autour de la désillusion conjugale et de la reconnaissance parentale depuis que ce potentiel Dieu leur prédit l'apocalypse s'ils le considèrent comme charlatan. L'intérêt de l'intrigue reposant également sur le profil équivoque de cet étranger semblable au Père-Noel de fortune, et qui ne cessera d'influer sur les croyances religieuses (ou non) de chacun des personnages d'autant plus témoins malgré eux de pouvoirs potentiellement divins. Or, après nous avoir amusé et attachés à ces épicuriens bonnards au caractère bien distinct et plutôt solidaires, on finit par plonger dans la contradiction d'une dramaturgie démunie eu égard de son final surprenant en disant long sur le devenir de l'humanité, à savoir s'il mérite d'être sauvé des flammes de l'enfer. Un conclusion crépusculaire splendide qui ne laisse pas indifférent. 


Une réflexion caustique sur la nature humaine quant à ses failles indissociables. 
Huis-clos sarcastique virant par ailleurs au gore lors de son final bipolaire aussi déjantée que poignant, Matar a Dios est une excellente surprise hétéroclite qu'il faut impérativement défendre et saluer, tant pour la maîtrise de sa réalisation studieuse que pour le talent enjoué des interprètes communément expansifs, badins, fragiles, colériques dans leur condition torturée de croire ou non à une puissance divine apte à les annihiler en un battement de cil. 

*Bruno

jeudi 15 juin 2023

Saint Maud. Grand Prix, Gérardmer 2019.

                                            
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rose Glass. 2019. Angleterre. 1h24. Avec Morfydd Clark, Jennifer Ehle, Lily Knight, Lily Frazer, Turlough Convery.

Sortie salles France: 31 Janvier 2020 uniquement à Gérardmer. Angleterre: 1er Mai 2010

FILMOGRAPHIERose Glass, née en 1990 à Chelmsford, est une réalisatrice et scénariste britannique. 2019: Saint Maud. 


Fort, trouble, intense (à l'instar d'une mémorable séquence en huis-clos jouant sur l'ambivalence de passer à l'acte), dérangeant, notamment auprès de son onirisme opaque, Saint-Maud laisse des traces dans l'encéphale sitôt l'ultime image brièvement laissée en exergue après nous avoir illustré 1 seconde plus tôt son pendant contradictoire. Auréolé de 4 prix à Gérardmer, dont celui, prestigieux, du Grand Prix, mais hélas privé de salles chez nous (la Covid  était passée par là), Saint Maud nous relate scrupuleusement dans un format auteurisant de drame psychologique lourd, feutré la dérive fanatique d'une religieuse sombrant peu à peu dans la schizophrénie faute de son existence esseulée, sa frustration sexuelle, son manque d'assurance, sa culpabilité (le prologue morbide concis, tacite) et surtout son amour obsessionnel pour Dieu. De par une réalisation à la fois inspirée et personnelle cédant parfois à l'expérimentation (démoniale), Saint Maud nous projette dans la psyché tourmentée de Katie sous l'impulsion d'un climat blafard lestement malaisant. 


La réalisatrice s'adonnant par ailleurs à une scénographie quelque peu baroque (les diverses tapisseries de la demeure d'Amanda) ou étouffante (le foyer exigu de Maud à la luminosité sépia) pour nous inconforter avec autant d'intelligence (refus d'un quelconque racolage de comptoir avec pareil sujet fleurtant avec l'emprise du démon) que de sobriété si je me réfère au jeu ombrageux de l'actrice Morfydd Clark se fondant sans ambages dans son esprit torturé par la cause d'une foi religieuse où l'expiation culminera au point de non retour. Et si on songe parfois à Répulsionsle Locataire ou encore dans une moindre mesure Les diablesSaint-Maid parvient toutefois à exister par lui même à travers son réalisme dérangeant eu égard de l'intensité de certaines situations inhospitalières en autopsiant la dérive criminelle d'une victime trop fragile, déconnectée de la réalité pour s'extirper de son carcan religieux. A point tel de remettre nous même en cause la doctrine de Dieu (si on est fervent catholique) car observant avec ambiguité la dégénérescence morale de Maud entre appréhension empathique et questionnement existentiel sur le sens de la mort et de la souffrance (les états d'âme fatalistes d'Amanda ennuyée par l'attente du trépas). D'où la dérive de son intensité émotionnelle scabreuse dépeinte de manière dépouillée auprès d'un drame psychologique pesant aux relents horrifiques (par autosuggestion). 


Film d'auteur intimiste si bien que le genre horrifique s'efface au profit du drame cérébral quant aux effets pervers, à double tranchant, d'une solitude confinée dans la croyance pour se forger une raison existentielle, Saint Maud ne nous laisse pas indemne après nous avoir familiarisé avec cette jeune infirmière en proie à l'irrépressible besoin d'aimer et d'être aimé (plutôt que de se raccrocher à la vie éternelle en lieu et place de peur de disparaître).

*Bruno
09.02.21
15.06.23
2èx

Récompenses: Grand Prix, Meilleure musique originale, Prix de la critique, Prix du jury jeune de la Région Grand Est au Festival de Gérardmer. 

Polémique sur sa sortie officielle en France (source Wikipedia): La sortie du film en salles en France est initialement prévue le 24 juin 2020. Suite à la pandémie de Covid-19, elle est repoussée au 25 novembre 2020. Mais à cause du reconfinement au mois de novembre, cette date est annulée. Suite à l'annonce du gouvernement de la date de réouverture des salles de cinéma pour le 15 décembre, la date de sortie est fixée au 30 décembre 2020, date une nouvelle fois annulée à l'annonce de la fermeture des salles de cinéma pour au moins trois semaines supplémentaires.

mardi 13 juin 2023

Star Trek 2, la Colère de Khan / Star Trek II: The Wrath of Khan

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicholas Meyer. 1982. U.S.A. 1h57 (Director's Cut). Avec William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, Walter Koenig, George Takei, Nichelle Nichols.

Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 4 Juin 1982

FILMOGRAPHIE: Nicholas Meyer est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 24 Décembre 1945 à New-York. 1979: C'était demain. 1982: Star Trek 2. 1983: Le Jour d'Après. 1985: Volunteers. 1988: Les Imposteurs. 1991: Company Business. 1991: Star Trek 6. 1999: Vendetta.


Un spectacle adulte, intelligent, maîtrisé, sincère, révérencieux, poignant (sacré final !), parfois épique, sobrement équilibré, notamment par son récit bien conté.
*Bruno

                                       Une chronique de Grand-Alf que j'approuve à 95%.

Bataille au-delà des étoiles.

Les fans de l'époque ayant accueilli assez froidement le premier opus cinématographique, il est donc décidé de laisser de côté l'approche mystico-métaphysique pour un spectacle plus simple, plus direct, cette fois sous la direction de Nicholas Meyer, cinéaste nous ayant offert juste avant l'excellent "C'était demain". Considéré par beaucoups de trekkies comme le meilleur de la saga (avec le 6, également réalisé par Meyer), "Star Trek 2" est effectivement supérieur à son modèle (du moins en ce qui me concerne), certes moins ambitieux dans ses thèmes mais mieux rythmé et offrant un divertissement bien plus trépidant et spectaculaire.

Non dénué de défauts (c'est un "Star Trek" quand même), il pose cependant les bases de ce que sera la saga cinématographique, jouant beaucoup sur l'humour ("Glander dans le cosmos, c'est un boulot pour les jeunes.") et sur les interactions des personnages, tous incarnés avec talent. On retiendra également un méchant d'une belle envergure (superbe Ricardo Montalban), quelques séquences délicieusement crasspec et surtout, un sacrifice final inattendu et émouvant, qui provoquera cependant la colère des fans de la première heure.

Gand-Alf (Sens Critique)
8


                                    Une seconde chronique de Docteur Jivago que j'approuve à 80% (je ne suis  particulièrement pas d'accord avec lui quand il relève le jeu outrancier de l'acteur Ricardo Montalban)

Khan la fin approche...
Dans cette suite du réussi premier opus, c'est Nicholas Meyer qui prend les commandes derrière la caméra pour nous faire suivre l'USS Entreprise et son équipage qui vont se retrouver face à un ancien ennemi de l'Amiral Kirk qui ne cherche que la vengeance envers ce dernier.

Cette suite prend une direction différente du premier opus et offre notamment plus d'action sans pour autant tomber dans la surenchère, loin de là même. Pari réussi pour cet épisode qui s'avère plaisant à suivre, notamment grâce à ses protagonistes que l'on retrouve, surtout Kirk et Spock ainsi que le méchant, rongé par une haine envers Kirk et qui s'avère aussi diabolique qu'outrancier (en même temps, l'acteur en fait des caisses !). Si les questionnements sur les personnages sont bien écrits, notamment ceux de Kirk sur son avenir puis son passé ainsi que le rapport à la vie et à l'humain de Spock, celle entre les personnages laisse parfois à désirer, notamment entre Kirk et son fils. Efficace et bien foutu, cet opus tient tout le long en haleine. Le côté un peu kitsch et 80's donne un charme plutôt sympathique à un ensemble qui ne manque ni d'humour, ni d'émotion, notamment dans son surprenant final. La richesse de l'univers est toujours l'une des principales réussites, où ici on se retrouve entre divers planètes, vaisseaux, machine (notamment Genesis)..., le tout bénéficiant d'effets spéciaux et maquettes réussis, tout comme la musique de James Horner.

Un second opus franchement réussi qui prend une voie différente de celui de Robert Wise pour offrir un beau spectacle sans temps morts, parfois surprenant et bénéficiant d'un univers et de personnages que l'on prend plaisir à suivre.

Docteur_Jivago (Sens Critique)
7


Récompenses
: Saturn Awards 1983 : meilleur acteur pour William Shatner, meilleur réalisateur pour Nicholas Meyer


samedi 10 juin 2023

Alibi.com 2

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Philippe Lacheau. 2023. France. 1h27. Avec Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Arielle Dombasle, Gérard Jugnot, Catherine Benguigui.

Sortie salles France: 8 Février 2023

FILMOGRAPHIE: Philippe Lacheau est un acteur, réalisateur, scénariste et animateur français né le 25 juin 1980 à Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne. 2014 : Babysitting - coréalisé avec Nicolas Benamou. 2015 : Babysitting 2 - coréalisé avec Nicolas Benamou. 2017 : Alibi.com. 2018 : Nicky Larson et le Parfum de Cupidon. 2021 : Super-héros malgré lui. 2023 : Alibi.com 2. 


Cocasse, burlesque et (davantage) hilarant de bout en bout, avec une pointe de tendresse étonnamment émotive.
4 267 389 entrées à ce jour si bien qu'Alibi.com 2 continue de percer au box-office à ce jour du 10 Juin 2023. Or, on peut déjà confirmer que la dernière comédie de la bande à Fifi est dores et déjà son plus grand succès commercial amplement mérité tant il cumule gags (parfois scatos) et cocasseries à rythme insensé que n'aurait renié son alter-ego de toujours, les ZAZ. D'ailleurs, les initiés indéfectibles de Lacheau avouent sans réserve qu'il s'agit de sa comédie la plus drôle et déjantée depuis son 1er né oh combien débridé: Babysitting. Car relever la gageure de surpasser le 1er "Alibi" tient du prodige tant Lacheau et son équipe dégénérée ont une fois de plus redoublé d'insolence, de provocations, d'intelligence et d'inventivité pour combler leur public avide de tartes à la crème, gros mots, quiproquos hyperboliques (euphémisme) et gags cartoonesques, comme le souligne son hallucinant final anthologique digne d'un Tex Avery en mode "Bip Bip le coyote". 


Car si on est en droit de ne pas adhérer à l'humour tantôt ubuesque, tantôt grossier, sciemment ridicule de la Bande à Fifi, on ne peut nier que nos farceurs se sont démenés tels des forcenés hystérisés à nous concocter un vrai scénario en roue libre autour de leurs pitreries puisque incessamment renouvelé à chaque minute eu égard de l'incroyable énergie, l'exubérante moisson d'idées saugrenues que traversent nos héros jamais à court de carburant à travers leurs stratégies du simulacre hiérarchisé avec autant de maladresse que d'une pointe de providence. 


Bref, ça déménage à mort, partagé entre le sourire (jamais forcé) et le rire nerveusement vrillé au fil d'une attraction foraine de tous les diables. TOUS les acteurs et seconds-rôles pétulants se prêtant au jeu de la déconnade la plus cintrée avec une ferveur, une spontanéité non simulée sincèrement communicative. Si bien que comme de coutume, on a beau suivre (la mine parfois un tantinet éreintée par son rythme intrépide) les bévues et quiproquos plus grotesques les uns que les autres, on marche à fond tant la bande à Fifi nous transmet sans modération aucune leur générosité et leur sincérité avec une bonhomie terriblement expressive (on sent qu'ils s'amusent autant que nous à l'intérieur de l'écran, notamment auprès de leur amour intègre pour le "cinéma"). A l'instar de son final inscrit dans la tendresse d'une fidélité conjugale se permettant en outre d'émouvoir le spectateur avec une foi inébranlable. Non, décidément, la Bande à Fifi reste à mes yeux, et de loin, les meilleurs comiques de leur génération à travers leur parcours quasi sans faute de cumuler les comédies cintrées de manière hyper inspirée (qui plus est en prime d'une réalisation technique, à l'instar de l'incroyable séquence en split screen) sans s'appesantir de l'ombre d'une quelconque lassitude et encore moins d'une prétention intempestive.

*Bruno

jeudi 8 juin 2023

The Doom Generation

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Greg Arakis. 1995. U.S.A/France. 1h23. Avec James Duval, Rose McGowan, Johnathon Schaech, Cress Williams, Skinny Puppy, Dustin Nguyen, Margaret Cho

Sortie salles France: 15 Novembre 1995 (Int - 16 ans). U.S: 27 Octobre 1995.

FILMOGRAPHIEGregg Araki est un réalisateur, scénariste, monteur, producteur de cinéma et directeur de la photographie américain, né le 17 décembre 1959 à Los Angeles (États-Unis). 1987 : Three Bewildered People in the Night. 1989 : The Long Weekend (O'Despair). 1992 : The Living End. 1993 : Totally F***ed Up. 1995 : The Doom Generation. 1997 : Nowhere. 1999 : Splendeur (Splendor). 2004 : Mysterious Skin. 2007 : Smiley Face. 2010 : Kaboom. 2014 : White Bird. 

Authentique film culte n'ayant pas pris une ride à la (douloureuse) revoyure, The Doom Generation se décline en pur film punk sous couvert de cinéma underground à la liberté de ton explosive. Tant et si bien que Greg Arakis n'a ni froid aux yeux ni aux oreilles pour nous conter dans un esprit BD vitriolé l'équipée folingue d'un couple de jeunes paumés accompagnés d'un étranger aussi marginal qu'eux pour y semer durant leur périple routier désordre, chaos et morts accidentelles. Foncièrement provocateur, vulgaire et cru, tant auprès de ces dialogues acérés (bon Dieu que ça pique !) que de ses coïts dévergondés avides d'expérience nouvelle, The Doom Generation est une expérience de cinéma difficilement oubliable sitôt le générique mélancolique clos. 

Car cet OFNI a beau conjuguer sans nul complexe malaise, fougue, bonne humeur et rire grinçant (à l'instar de ses séquences gores à la fois décalées, ubuesques que n'aurait renié Troma), il s'y dégage derrière ses moults bravades un vent de liberté exaltant auprès de l'éthique désabusée de ses protagonistes en perdition. Un manifeste infiniment tendre et sincère sur une jeunesse déboussolée livrée à elle même et donc ivre de sensations pour se raccrocher aux plaisirs de la drogue, de l'alcool, de la chair et de la junk-food afin d'y compenser leur ennui au sein d'une société intolérante (notamment au niveau de son cri d'alerte contre l'homophobie) dénuée de compassion et de compréhension. The Doom Generation finissant par provoquer une émotion si fragile après nous avoir dressé aussi crûment le profil dégingandé de ces gamins délurés s'efforçant de trouver un sens à l'existence d'une cruauté inextinguible (tant auprès de leur témoignage morbide avec un chien embouti que de son final traumatique, estampillé "extrême droite" à la limite du soutenable). 


No Futur.
Oeuvre expérimentale à la fois grave, débridée, onirique et lumineuse à nous pénétrer 1h23 durant dans les états d'âme fébriles de ces punks hédonistes ivres d'amour et de passion au grand dam de leurs angoisses spirituelles, métaphysiques, The Doom Generation nous laisse KO d'amertume passée l'explosion de violence d'une société arbitraire réfractaire au politiquement incorrect, à la subversion libertaire. 
Pour Public Averti.

*Bruno
3èx vostfr

mardi 6 juin 2023

Le Poignard Volant / To ching chien ko wu ching chien. Prix spécial 15e cérémonie des Golden Horse Film Festival and Awards.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdfr.com

de Chu Yuan. 1977. Hong-Kong. 1h36. Avec Ti Lung, Ching Li, Derek Yee, Yueh Hua, Candice Yu, Ku Feng 

Sortie salles Hong-Kong: 14 Octobre 1977

FILMOGRAPHIE: Chu Yuan (楚原 en chinois, donnant Chor Yuen dans une transcription du cantonais) est un réalisateur hongkongais né le 8 octobre 1934 à Canton, décédé le 21 février 2022, . 1972 : Intimate Confessions of a Chinese Courtesan. 1972 : Le Tueur de Hong-Kong. 1973 : The House of 72 Tenants. 1973 : Haze in the Sunset. 1974 : Sex, Love and Hate. 1976 : La Guerre des clans. 1976 : Farewell to a Warrior. 1976 : Le Sabre Infernal. 1976 : The Web of Death. 1977 : Le Complot des Clans. 1977 : Le Tigre de Jade. 1977 : Death Duel. 1977 : Le Poignard volant. 1978 : Clan of Amazons. 1978 : L'Île de la bête (en) (Legend of the Bat). 1978 : Swordsman and Enchantress. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2. 1979 : Full Moon Scimitar. 1980 : Bat Without Wings. 1988 : Diary Of A Big Man. 1990 : The Legend Of Lee Heung Kwan. 1990 : Blood Stained. Tradewinds. 1990 : Sleazy Dizzy. 

Confus par son histoire ramifiée partant davantage dans tous les sens et sa multitude de personnages perfides ne cessant de s'entrecroiser avec, 2 héros à la clef opposés à 2 déesses ambigues, Le Poignard volant n'en n'est pas moins un spectacle assez fascinant par son ambiance indomptable, épique par son action en roue libre (même si fréquemment concise) et d'un esthétisme onirique alambiqué. A revoir pour ma part afin de mieux dompter sa topographie narrative et identifier sa foule de persos en proie à la suspicion, la trahison, l'interrogation et la perplexité. 

*Bruno
2èx

                                         Ci-joint la critique plus détaillée de philippequevillart

La mort aux trousses

Une nouvelle adaptation du romancier Gu Long pour Chor Yuen, avec de l'intrique et un foisonnement de personnages hauts en couleur. Le tout est grandement mis en scène et propose une approche esthétique nouvelle, certaines scènes étant tournées dans de superbes décors extérieurs.

L'histoire : Li Hsin-Huan (TI Lung) un épéiste malade et alcoolique, revient de longues années d’exil pour venir en aide à celle qu'il aima jadis. En effet, cette dernière est menacée par un étrange assassin, malin et particulièrement doué dans l'art du maniement des armes. Arrivé sur place, accompagné de son fidèle compagnon Chuan-jia (Fan Mei Sheng), il est soupçonné lui-même d'être l'assassin. Pris en défaut, il tentera lui-même de dénouer les ficelles d'une intrigue bien complexes...

Le concept de base commence à couler de source si l'on veut bien s'intéresser à l’œuvre de ce cinéaste trop longtemps méconnu en Occident, mais réserve encore une fois quelques surprises esthétiques et une intrigue toujours passionnante. Même si cette fois l'intrigue a parfois tendance à s'égarer dans tous les sens. de plus, le foisonnement de personnages divers qui viennent et sortent de la scène, peut s'avérer fatal au spectateur non initié.

L'intrigue est assez sommaire, puisqu'elle propose de suivre le personnage de Ti Lung dans sa quête de vérité, et de croiser avec lui tout un tas de personnage hauts en couleurs. L'épée est une nouvelle fois au centre de l'intrigue, puisque c'est elle, ou plutôt son maniement qui sert de langage commun entre les différents protagonistes de l'intrigue. Les combats sont une nouvelle fois bien chorégraphiés par le maître Tang Chia, mais ne propose pas de véritables chorégraphies alléchantes, le combat proprement dit n'étant pas l'apanage du maître du thriller médiéval. Il préfère s'attarder sur ses personnages et égarer le spectateur dans des faux-semblants avec tous les artifices et effets habituels.

Esthétiquement, le film innove, proposant les habituels décors kitsch, fleuris où l'ont peut croiser de jolies créatures, là, rien de bien nouveau, mais également de superbes décors extérieurs enneigés. Quelques passages montrant le déplacement de personnages en grand plan dans des décors que la neige magnifient, touchent au suprême. Avec une approche esthétisante proche du grand King Hu. Encore une réussite de la part d'un cinéaste qui a fait du wu xia pian un véritable champ d'expérimentation pour ses recherches picturales et son sens inouï de la composition.

Théâtral et grave, son cinéma donne matière à réflexion, à se malmener les méninges même parfois, mais propose toujours des personnages passionnants et de véritables intrigues.

Le Poignard Volant, même s'il n'est pas le sommet de son art, tellement le foisonnement excessif de personnages égare parfois l'intrigue principale, demeure tout de même un excellent wu xia pian esthétiquement réussi.

7/10

Écrit par philippequevillart (sens critique)