Sortie Salles France: 16 mai 1984, sortie U.S.A: 28 janvier 1983
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada. 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin Nu. 1993 : Mr Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method
"Mort à Videodrome, longue vie à la nouvelle chair !"
Ovni hallucinogène ! Objet visuel doté de vie organique ! Œuvre mutante à visionner sous contrôle. Ce Vidéodrome, si discret à sa sortie, s’insinue dans notre psyché par une expression visuelle inédite, fascinante et malsaine. Le scénario, d’une richesse thématique abyssale, se révèle presque irracontable tant les faits se distordent, se fragmentent, fusionnent avec une réalité virtuelle gouvernée par un organisme totalitaire.
Regarder cette émission pirate, c’est risquer la tumeur cérébrale. C’est s’exposer à une nouvelle réalité, née du chaos visuel, où les hallucinations sensorielles surpassent la réalité tangible. Le programme vise à rendre notre monde plus "réel" que la perception elle-même — une mutation de la conscience par l’image.
Avec aplomb, James Woods incarne ce cobaye rongé par l’expérience. Charismatique, caustique, transgressif, il s’enfonce dans l’abîme à la recherche du programme ultime. À ses côtés, Deborah Harry — la voix de Blondie — se mue en amante vénéneuse. Sensualité trouble, goût du sadomasochisme, regard alangui en quête d’extase sadienne : elle captive, fascine, désarme. Ensemble, ils plongent dans un cauchemar éveillé.
Cronenberg orchestre ici un maelström d’images dérangeantes, terrifiantes, d’une force évocatrice stupéfiante : la tête de Max engouffrée dans les lèvres de Nicki surgies de l’écran organique, les coups de fouet sur une esclave sexuelle, l’arme extirpée d’un orifice ventral semblable à un vagin, ou cette orgie de chairs et d’entrailles jaillissant de la télé. Et cette scène déchirante, presque prophétique, où des sans-abris fixent un écran comme des junkies, hypnotisés par le vide. Les effets spéciaux de Rick Baker et Michael Lennick, d’une inventivité monstrueuse, marquent durablement, à l’exception peut-être d’un gun muté un peu cheap à son extrémité cloutée.
L’un des films les plus originaux et essentiels de l’histoire du cinéma, selon mon jugement écorné par ce voyage mental plus vrai que nature. Ou presque.
*Eric Binford
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