lundi 28 février 2022

Timebomb. Prix du Public, Avoriaz 1992.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Avi Nesher. 1991. U.S.A. 1h36. Avec Michael Biehn, Patsy Kensit, Tracy Scoggins, Robert Culp, Richard Jordan.

Sortie salles France: 20 Mai 1992

FILMOGRAPHIEAvi Nesher (en hébreu : אבי נשר), né le 13 décembre 1953 à Ramat Gan (Israël), est un producteur, scénariste, réalisateur et acteur israélien. 1979 : Lahaka, Ha-. 1979 : Dizengoff 99. 1982 : She. 1983 : Pachdanim, Ha-. 1985 : Za'am V'Tehilah. 1985 : Shovrim. 1991 : Timebomb. 1993 : Le Double maléfique (Doppelganger). 1997 : Mercenary (TV). 1997 : Savage. 1998 : Taxman. 1999 : Raw Nerve. 2001 : Ritual. 2004 : Oriental. 2004 : Au bout du monde à gauche. 2007 : Ha-Sodot (The Secrets). 2010 : Paam Haiti (Le Marieur). 2013 : Wonderland. 2016 : Past life. 

Une formidable série B native des années 90 décrivant avec beaucoup d'efficacité la traque sans relâche d'un ancien émissaire de la CIA poursuivi par des tueurs sans pitié pour un enjeu terroriste. Outre l'attachante complémentarité du duo héroïque Michael Biehn / Patsy Kensit portant le film sur leurs épaules avec une énergie à perdre haleine (c'est peu de le dire !), on reste bluffé par les impressionnantes séquences d'actions impeccablement chorégraphiées et jamais gratuites. Avi Nesher n'usant jamais de racolage pour relancer l'action fulgurante qu'Eddy et Anna ont bien du mal à déjouer dans leur fonction de victimes en porte-à-faux. On s'étonne notamment de son ultra violence parfois graphique qui empiète parfois l'intrigue eu égard des méthodes criminelles de nos experts de la CIA surentrainés, tels des robots lobotomisés, s'affrontant tels des titans enragés. De par son attachant format de petite série B rondement menée au sein d'une intrigue originale (il y est question de lavage de cerveau et d'usurpation identitaire), Timebomb mérite son Prix du Public qu'il reçut à Avoriaz un an plus tard, tant et si bien qu'Avi Nesher demeure particulièrement inspiré à nous divertir sans relâche dans une mise en forme musclée dénuée de prétention. A revoir, notamment en se focalisant sur l'aspect artisanal des séquences d'action d'une incroyable vigueur visuelle. 


*Bruno Matéï
3èx. Vostfr

jeudi 24 février 2022

Batman

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tim Burton. 1989. U.S.A. 2h06. Avec Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Robert Wuhl, Michael Gough, Pat Hingle, Billy Dee Williams, Jack Palance, Jerry Hall. 

Sortie salles France: 13 Septembre 1989. U.S: 23 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children. 2019 : Dumbo.


Infiniment plus substantiel qu'un simple divertissement de super-héros, une oeuvre d'art à la fois bâtarde et gracieuse.
Succès commercial et critique (alors que dans mes souvenirs j'en soupçonnais la controverse) rameutant plus de 2 362 087 spectateurs dans nos salles hexagonales, Batman dépasse de loin le simple cadre du film de super-héros si bien qu'il ne s'adresse point au public familial en bonne et due forme. Car portant la pate si personnelle de Tim Burton (en pleine ascension de son inspiration onirico-gothique) signant ici un chef-d'oeuvre formel (en 4K c'est même une résurrection !), Batman nous fait confronter celui-ci avec le Joker immortalisé par un Jack Nicholson déchainé mais d'une justesse imparable en bouffon sardonique d'une cruauté sans morale (alors que là aussi dans mes souvenirs un certain cabotinage parfois outrancier laissait à désirer). Les décors architecturaux, grandioses (pour ne pas dire disproportionnés) au stylisme expressionniste; ou encore classieux, telle la salle à manger de Wayne ou la réception dans son manoir, nous inondant la vue de sa fulgurance fréquemment baroque. A l'instar (en guise d'apothéose) du final infiniment crépusculaire dans l'immensité d'une église longiligne (peu de le dire !). Tim Burton densifiant autour de son esthétisme parfois horrifique (quelle audace donc au sein du film de super-héros !) et du genre du film noir d'après-guerre la confrontation morale entre le Bien et le Mal que se disputent Batman et le Joker reliés par un passé meurtrier qui changeront à jamais leur destinée. 

L'intrigue aussi obscure que dramatique nous dévoilant finalement leur point commun d'une vengeance à double tranchant, notamment eu égard de la suspicion des citadins de Gotham envers l'homme chauve-souris aussi discret que mystérieux. Le Joker reportant la faute de ses crimes sur lui afin de s'attirer la sympathie du public en liesse. Outre la puissance de jeu imparable de Nicholson très à l'aise dans son rôle de mégalo diablotin, on peut autant prôner l'incroyable charisme de Michael Keaton aussi prudent et distingué en milliardaire prétendant qu'impassible et renfrogné en super héros ténébreux au latex saillant. Une posture photogénique qui laisse pantois d'admiration le spectateur sous l'impulsion de cadrages obliques ou de plans serrés ombrageux. Tim Burton sublimant chacune de ses présences bipolaires à l'aide d'un onirisme baroque littéralement hypnotique (souvent en harmonie avec une nature sombre et mystérieuse). On peut également relever la présence gironde de Kim Basinger envoûtant le spectateur de sa posture de blonde classieuse en dépit de ses expressions laconiques un tantinet perfectibles. Quoiqu'il en soit, l'actrice parvient à se détacher de sa simple apparence sensuelle en imprimant une fragilité attendrie non négligeable pour le super-héros frappé d'un passé traumatique (et donc en requête de tendresse rédemptrice). Et si les scènes d'actions sont loin d'être légions (le jeune ado actuel risque de trouver le spectacle ennuyeux !), elles n'en demeurent pas moins agréablement troussées, notamment auprès de ses effets spéciaux artisanaux résolument soignés (à 1 ou 2 plans conçus en maquettes). Alors que les moyens de déplacement de Batman font appel à un attirail technologique au pouvoir de fascination clinquant. 


Une oeuvre d'art malade
Pur film fantastique à la croisée des genres (film noir, horreur, science-fiction, romance, action, féérie, et animation s'entrechoquent dans la fluidité), Batman demeure une oeuvre hybride d'une beauté funeste à damner un saint. A la fois grandiose, somptueux, décadent, décalé et doté d'un humour noir parfois déconcertant (notamment l'incroyable séquence horrifique de la mort des parents de Wayne sous un brouillard couard), Batman transcende le simple film de super-héros de par la personnalité hétérodoxe de son auteur féru d'amour pour un macabre enchanteur. A revoir d'urgence donc, avec la surprenante impression que cette oeuvre quasi inclassable s'est bonifiée au fil du temps de par sa scénographie littéralement picturale et le charisme de ses acteurs dirigés entre la réserve et l'insolence.   

*Bruno Matéï
3èx

Ci-joint la chronique de Batman le défi: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/11/batman-le-defi.html

Récompenses:
62e cérémonie des Oscars : Meilleure direction artistique pour Anton Furst
17e cérémonie des Saturn Awards : prix du président du jury

mercredi 23 février 2022

Fou à tuer

 
                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Crawlspace" de David Schmoeller. 1986. U.S.A. 1h21. Avec Klaus Kinski, Talia Balsam, Barbara Whinnery, Carole Francis, Sally Brown, Jack Heller, David Abbott, Tane McClure.

Sortie salles France: 21 Mai 1986

FILMOGRAPHIEDavid Schmoeller est un acteur, monteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 8 décembre 1947 à Louisville, dans le Kentucky (Etats-Unis).
1976: The Spider will kill you (Court-Metrage). 1979: Le Piège. 1982: The Seduction. 1986: Fou à Tuer. 1988: Catacombs. 1989: Puppet Master. 1991: The Arrival. 1992: Le Rebelle ("Renegade"). Série TV. 1992: Netherworld. 1998: The Secret Kingdom. 1999: Please Kill Mr Kinski. 1999: Search for the Jewel of Polaris: Mysterious Museum (télé-film).


Petit maître du fantastique reconnu des vidéophiles à l 'orée des années 80 avec le désormais classique  Tourist TrapDavid Schmoeller est également responsable d'une modeste série B horrifique auquel la présence symbolique du monstre sacré Klaus Kinski y doit beaucoup. Fou à tuer décrivant les stratagèmes meurtriers et voyeuristes d'un fils de criminel nazi, Karl Gunther, résidant dans un appartement parmi ses jeunes voisines de palier. Surveillant leurs moindres faits et gestes derrière les conduits d'aération, ce dernier a également élaboré des pièges sophistiqués afin de les appréhender de la manière la plus cruelle. Dans son appartement est également retenue prisonnière une déportée juive réduite à l'état animal au sein d'une petite cage. Mais un chasseur de nazi avide de revanche rend visite à Gunther afin de lui faire savoir qu'il connait sa véritable identité. Ce pitch alléchant au cheminement néanmoins orthodoxe constitue surtout un prétexte pour brosser le fascinant portrait d'un tueur en série obsédé à l'idée de tuer avec ménagement depuis l'héritage de son paternel. Un criminel de guerre ayant autrefois endossé la fonction de médecin SS. Avec souci documentaire et par le biais de la prestance oh combien magnétique de Klaus Kinski délivrant une fois encore une fois un numéro d'acteur à la mesure de son talent, Fou à tuer parvient tour à tour à inquiéter et captiver en dépit de son absence d'intensité. 


David Schmoeller s'efforçant de crédibiliser ce personnage cynique dans la quiétude de sa plus stricte intimité. A l'instar de son journal intime où il s'applique à délivrer ses impressions subjectives sur sa fascination morbide, sa mission à perpétrer le Mal, son goût addictif à supprimer autrui et son sentiment de supériorité après y avoir commis l'irréparable. Analogie évidente sur le spectre du fascisme et les effets pervers de la débauche criminelle, Fou à tuer distille un drôle de climat malsain dans son souci scrupuleux d'y détailler l'existence solitaire de ce chirurgien aussi cynique que pervers. Nanti d'un réalisme dérangeant et parfois poignant lorsque le cinéaste s'efforce à relater l'agonie mentale d'une détenue juive, l'intrigue provoque également une forme de dérision sardonique à travers le voyeurisme de Gunther (scruter les corps féminins parmi la complicité de rats), et par le biais de son masochisme suicidaire (son goût toujours plus risqué pour la roulette russe !). Quand bien même un jeu du chat et de la souris culminera entre lui et la survivante en guise de final oppressant. David Schmoeller recourant  au caractère haletant d'une course-poursuite perpétrée dans les conduits sanitaires. 


En dépit d'une intrigue somme toute futile, Fou à tuer parvient admirablement à élever la série B horrifique en oeuvre d'auteur sous l'impériosité d'un comédien au charisme vénéneux et de par l'efficacité d'une réalisation appliquée exploitant les chausse-trapes de l'immeuble. Dérangeant, trouble et fascinant pour le portrait authentifié à son tortionnaire, Fou à tuer laisse surtout en mémoire, et sous couvert d'argument horrifique, un témoignage audacieux sur l'holocauste nazie ! A revoir d'urgence.

*Bruno Matéï
30/08/10
16/12/15. 98 v
23/02/22. 5èx.

mardi 22 février 2022

Repo Man

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alex Cox. 1984. U.S.A. 1h32. Avec Emilio Estevez, Harry Dean Stanton, Olivia Barash, Vonetta McGee, Sy Richardson, Tracey Walter. 

Sortie salles France: 19 Juin 1985

FILMOGRAPHIEAlex Cox, né le 15 décembre 1954 à Liverpool, est un acteur, réalisateur et scénariste britannique. 1980 : Sleep Is for Sissies. 1984 : La Mort en prime. 1986 : Sid and Nancy. 1987 : Straight to Hell. 1987 : Walker. 1990 : Red Hot and Blue (TV). 1991 : Highway Patrolman (El Patrullero). 1992 : Death and the Compass. 1996 : The Winner. 1998 : Three Businessmen. 1999 : Kurosawa: The Last Emperor (TV). 2000 : A Hard Look (TV). 2002 : Revengers Tragedy. 2002 : Mike Hama, Private Detective: Mike Hama Must Die! (TV). 2004 : I'm a Juvenile Delinquent, Jail Me! (TV). 2007 : Searchers 2.0. 

Oeuvre culte au sens étymologique native des glorieuses années 80, Repo Man est une oeuvre indépendante ne ressemblant à nulle autre dans sa combinaison des genres hétéroclites au doux parfum de provocation. Alors que l'on s'étonne de retrouver sur la même affiche Emilio Estevez et Harry Dean Stanton dans des rôles perfides de voleurs de voitures gagées auprès de propriétaires incapables d'y régler leur dette, Repo Man fleure bon l'esprit libertaire issu de la mode punk à travers ses moult situations décalées où action, drôlerie et anticipation font bon ménage auprès d'une description documentée de marginaux décomplexés. 

Car si l'intrigue demeure irracontable, tant le cinéaste Alex Cox cumule les rebondissements à un rythme davantage épuisant (la dernière demi-heure, complètement hystérique vaut son pesant de cacahuètes à travers ses courses-poursuites déjantées), son climat singulier (un réalisme à mi-chemin entre le reportage et la bande-dessinée !) rehaussé de la sobriété des interprètes (prenant leur rôle très au sérieux), nous font participer à un divertissement débridé quasi indicible. C'est dire si cette série B dénuée de prétention parvient à imprimer sa propre personnalité subversive à l'aide d'une fantaisie impolie que l'on ne voit pas débarquer. D'où l'effet de surprise perpétuel que le spectateur savoure en dépit de 2/3 baisses de rythme finalement transcendées de son (long) final en apothéose. Tous les personnages, en marge de la société, se combattant mutuellement pour un enjeu pécuniaire qui leur réservera bien des surprises à la fois radicales et saugrenues. 

Inventif, borderline et imprévisible auprès d'un cheminement marginal en roue libre, Repo Man est une pépite d'insolence, de provocation et d'émancipation à travers sa fureur de vivre issue d'un contexte urbain peuplé de voyous, paumés et laissés pour compte. Alex Cox soignant notamment l'esthétisme de sa société en déliquescence par le biais d'une métropole nocturne superbement éclairée afin de mieux nous immerger dans cette odyssée noctambule où pointe une nouvelle illusion du bonheur retrouvé (Spoil ! l'échappée du duo en voiture volante sous un ciel crépusculaire Fin du Spoil). A ne point rater pour les vrais fans d'OVNI underground ! 

*Bruno Matéï
2èx

Récompenses
Saturn Awards
Meilleur second rôle pour Tracey Walter
BSFC Awards
Meilleur scénario pour Alex Cox

lundi 14 février 2022

I see you

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Adam Randall. 2019. U.S.A. 1h37. Avec Helen Hunt, Jon Tenney, Owen Teague, Judah Lewis, Libe Barer

Sortie salles France: 22 Juin 2020. U.S: 6 Décembre 2019

FILMOGRAPHIE: Adam Randall est un réalisateur, scénariste et producteur anglais né le 3 Octobre 1980 à Londres. 2021: Night Teeth. 2019: I See You. 2017: iBoy. 2016: Under Control.


Il y a parfois des films qu'on loupe à leur sortie et qui créait l'heureuse surprise quand on ose enfin s'y confronter dans une optique aléatoire. Tant et si bien que louablement I see you est conçu sur l'effet de surprise de par l'originalité de son script retors jouant avec les codes du surnaturel pour mieux nous surprendre. Rien que le prologue (une disparition d'enfant), aussi étrange qu'inquiétant, s'adonne au simulacre lorsqu'un ado à vélo arpente une forêt au moment de s'éjecter de sa selle quelques secondes plus tard par une force invisible. Place ensuite à la caractérisation de la famille Harper dont l'épouse a bien du mal à renouer avec son fils et son époux faute de son adultère qu'elle déplore amèrement. Or, d'étranges évènements vont intenter à leur tranquillité au sein de leur foyer, que ce soit de nuit comme de jour si bien qu'une force invisible (un ectoplasme ?) semble roder dans les recoins de la maison. 


Ainsi, en tablant sur un suspense à la fois tendu, inquiétant et oppressant (scandé d'un tempo sonore clinquant !) où le spectateur ne cesse de s'interroger sur les tenants et aboutissants de cette disparition d'enfant, I see you surprend davantage au film d'une trajectoire narrative fertile en rebondissements et revirement dramatique. Adam Randall reconsidérant à mi-parcours l'action d'un point de vue autrement audacieux et effronté Spoil eu égard de voyeurs surfant sur l'illégalité Fin du Spoil. Le spectateur attentif à leurs faits et gestes revivant l'action antécédente avec un oeil plus avisé et rationnel, quand bien même l'évolution morale de ses nouveaux personnages nous convoquera ensuite l'empathie au gré d'un enjeu de survie que l'on a pas vu v'nir. 


De par sa mise en scène scrupuleuse plutôt bien gérée, le soin imparti à son ambiance ombrageuse assez envoûtante et surtout l'élaboration d'un script perfide usant habilement de rebondissements crédibles jusqu'à l'ultime image cuisante, I see you demeure une formidable série B horrifique aussi bien captivante qu'haletante. Et si l'interprétation avait gagné à être un peu plus solide, on a tout de même plaisir à retrouver Helent Hunt en épouse déconfite en proie aux moult accusations (même si pas très en forme du haut de ses 58 balais) entourée d'attachants comédiens sévèrement malmenés par une menace faisant office d'ubiquité. Des séries B aussi intègres, charmantes et inventives de cet acabit, je veux bien en souper tous les soirs.

*Eric Binford

vendredi 11 février 2022

J'ai épousé une ombre

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

de Robin Davis. 1983. France. 1h49. Avec Nathalie Baye, Francis Huster, Richard Bohringer, Madeleine Robinson, Guy Tréjan, Victoria Abril, Humbert Balsan.

Sortie salles France: 16 Février 1983

FILMOGRAPHIERobin Davis, né le 29 mars 1943 à Marseille, est un réalisateur français. 1975 : Ce cher Victor. 1979 : La Guerre des polices. 1982 : Le Choc. 1983 : J'ai épousé une ombre. 1985 : Hors-la-loi. 1989 : La Fille des collines. 


Un joli drame romantique teinté de thriller à voir surtout pour son interprétation imparable (quel plaisir de retrouver dans la fleur de l'âge Richard Bohringer en maître chanteur cupide, Francis Huster en prétendant équivoque, Victoria April en maîtresse envieuse, Guy Tréjan en patriarche prévenant, et enfin Véronique Genest en jeune mariée accorte !). Mais c'est surtout l'omniprésence de Nathalie Baye qui irradie l'écran de par son charme discret et sa fragilité contrariée. Une usurpatrice malgré elle emportée dans un vortex de contradictions, d'indécisions, de chantage, de rivalité sentimentale et d'espoir salvateur à travers sa tendre relation avec Pierre Meyrand, frère du défunt peu à peu amoureux d'elle. L'intrigue demeurant suffisamment intéressante, solide et gentiment inquiétante en dépit de l'absence d'intensité dramatique que Robin Davis peine à insuffler autour du portrait (bicéphale) de Patricia compromise entre ses valeurs morales et sa culpabilité déconfite. Le réalisateur étant beaucoup plus préoccupé à diriger ses comédiens issus des années 80, tant et si bien que l'on reste jusqu'au final intrigué et attaché à leurs présences spontanées dénuées de théâtralisation (rare pour ne pas le souligner). Projeté en salles le 16 Février 1983 dans l'hexagone, le public se déplaça en masse pour cumuler 2 536 305 entrées. 


*Bruno Matéï

mardi 8 février 2022

After Hours. Prix de la Mise en scène, Cannes 86.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Martin Scorcese. 1985. U.S.A. 1h42. Avec Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Tommy Chong, Linda Fiorentino, Teri Garr, Cheech Marin . 

Sortie salles France: 16 Mai 1986. U.S: 11 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york). 1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret.2013 : Le Loup de Wall Street (The Wolf of Wall Street); 2016 : Silence. 2019 : The Irishman. 2022 : Killers of the Flower Moon. 2024 : Grateful Dead. 2026 : Roosevelt. 

Merveille d'humour vitriolé auréolé du Prix de la Mise en scène à Cannes, After Hours déploie une fois de plus toute la mesure du talent inné de Martin Scorsese nous emballant une comédie noire sur fond de cauchemar sociétal (la peur de l'autre et de l'étranger, la peur d'aborder la femme). Tant et si bien que tous les personnages que rencontrera l'informaticien Paul Hackett sur sa trajectoire noctambule  demeurent soit instables, lunaires, borderline ou bipolaires dans leur malaise existentiel gagné de suspicion et de paranoïa influente. Car véritable cauchemar paranoïde du point de vue de cet informaticien timoré en quête de rencontre sentimentale (salvatrice), After Hours bénéficie d'un scénario délicieusement imprévisible au fil de ses errances nocturnes davantage inhospitalières. Griffin Dunne (le Loup-Garou de Londres) étant habité par son personnage infortuné plongé dans un tourbillon de calamités faute du poids de son introversion. Sorte de Pierre Richard ricain cumulant maladresses et quiproquos à un rythme si métronome que l'on pouvait craindre l'improbable ou le ridicule s'il eut été façonné par un cinéaste tâcheron. 

Le génie de Scorsese émanant de son habile capacité d'y renouveler l'intrigue (gigogne) dans de multiples virages incongrus en instaurant un réalisme à la fois dépressif et saugrenu sans céder à la gaudriole poussive. Car à travers le brio de sa mise en scène inventive (bien que j'y ai décelé un faux-raccord), celui-ci distille en prime une ambiance crépusculaire à la limite du surréalisme (pour ne pas dire à la lisière d'une horreur éthérée), tant et si bien que l'on se laisse envoûter par ce climat nocturne davantage hystérique au fil d'une épreuve de survie de tous les dangers. Paul Hackett ne cessant de s'attirer les ennuis les plus compromettants au fil de ses rencontres amicales et sentimentales avec des personnages névrosés, reflets de son profil esseulé en quête de fantasmes puisque souffrant également d'un malaise existentiel comme nous le confirme le prologue confiné dans les locaux de son entreprise. Outre l'omniprésence à la fois anxiogène et cocasse de Griffin Dunne s'efforçant comme un acharné à renouer avec sa routine quotidienneté, le charme érotisé de Rosanna Arquette ne manque pas d'attrait charnel dans sa fonction de maîtresse d'un soir hélas instable et immature auprès de ses tendances suicidaires. Quand bien même on est également fasciné par la posture autrement provocante de la vénéneuse Linda Fiorentino en sculptrice insomniaque aussi secrète que versatile. 

Chef-d'oeuvre de fantaisie sardonique s'adonnant à la satire sociétale à travers les portraits figés, tourmentés, complexés de cette jungle urbaine plongée dans une paranoïa grandissante (le spectre de l'auto-justice ne manque d'ailleurs pas à l'appel), After Hours est un modèle d'écriture sous couvert d'une intrigue incongrue beaucoup retorse et subtile qu'elle n'y parait. Le tout servi d'un cast proéminent et d'une mise en scène terriblement inspirée (caméra aussi véloce que sagace) que le score (tacitement inquiétant) d'Howard Shore transfigure fréquemment au gré de sonorités à la fois modérées, félines et badines. 

*Eric Binford
3èx

lundi 7 février 2022

Winter's Bone. Grand Prix du Jury, Sundance 2010.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Debra Granik. 2010. U.S.A. 1h36. Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Lauren Sweetser, Garret Dillahunt, Dale Dickey 

Sortie salles France: 2 mars 2011

FILMOGRAPHIEDebra Granik (née le 6 février 1963 au Massachusetts) est une réalisatrice américaine indépendante. 1997 : Snake Feed (court métrage). 2004 : Down to the Bone. 2010 : Winter's Bone. 2014 : Stray Dog (documentaire). 2018 : Leave no Trace. 


"La solitude est une prison".
Douloureux drame psychologique implanté dans la forêt noire des Ozarkes, Winter's Bone est une oeuvre magnifique sur la survie morale d'une adolescente de 17 ans tentant de survivre avec sa mère, son frère et sa soeur depuis la disparition de son père libéré de prison en guise de caution. A la fois poignant et bouleversant sous l'impulsion sentencieuse d'une Jennifer Lawrence sans fard s'effaçant au profit de la carrure d'une ado en berne à la recherche de son père (un trafiquant de métamphétamine), Winter's Bone magnétise notre attention en dépit de son absence de situations cinétiques. Debra Granik  prenant son temps à planter son univers acrimonieux et ses personnages revêches qui y évoluent à l'aide d'un réalisme morose déshumanisé. Son climat à la fois glauque et cafardeux déteignant sur ses profils de laissés pour compte peu recommandables car issus d'une Amérique profonde engluée dans le trafic de drogue, l'individualisme et le chômage. On suit donc le parcours initiatique et les errances de Ree avec une amertume désenchantée eu égard de son destin précaire dénué d'illusions et de mains secourables en dépit du regain de scrupule du frère du disparu. Winter's Bone puisant sa force et son intensité dramatique grâce à la moralité démunie de Ree dépendante d'un univers sans tendresse ni amour mais toutefois délibérée à s'extraire de la sinistrose, aussi frêle soit son espoir de retrouver en vie son père en démission parentale. 


Auréolé de diverses récompenses (dont le fameux Grand Prix à Sundance), Winter's Bone n'a point usurpé sa réputation élogieuse d'autant plus qu'il demeure d'une sobriété hors-pair pour nous attacher à la résilience de cette ado victime d'un milieu marginal aussi sournois que délétère. Illuminé de la présence de Jennifer Lauwrence (son 4è rôle à l'écran) se dévoilant à nu face écran, Winter's Bone cristallise à l'aide d'un réalisme cru cet univers fétide où le non-dit, le mutisme sont les maîtres mots. Une oeuvre indépendante d'une digne humanité (l'image finale y est éloquente lorsque Ree compte sur sa valeur fraternelle pour s'en sortir et trouvé un nouveau sens à son existence), aussi dur et écorché soit le portrait soumis à cette ado frondeuse plombée par sa miséreuse quotidienneté.  

*Eric Binford
2èx


Récompenses: Prix du jury - Festival international du film de femmes de Salé 2011
Grand prix du Jury - Festival du film de Sundance 2010
Best Feature - Gotham Independent Film Awards 2010
Best Ensemble Performance - Gotham Independent Film Awards 2010
Prix du Jury - Festival du cinéma américain de Deauville 2010
Cheval de bronze - Festival international du film de Stockholm 2010
Meilleur acteur dans un second rôle pour John Hawkes - Film Independent's Spirit Awards 2010
Meilleure actrice dans un second rôle pour Dale Dickey - Film Independent's Spirit Awards 2010

jeudi 3 février 2022

The Fallout. Grand Prix du Jury / Prix du Public / Prix ​​​​de l'illumination Brightcove: Festival du film South by Southwest 2021

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Megan Park. 2021. Canada. 1h36. Avec Jenna Ortega, Maddie Ziegler, Julie Bowen, Jean Ortiz, Niles Fitch, Will Ropp, Shailene Woodley

Sortie France: 24 Février 2022 uniquement en VOD

FILMOGRAPHIEMegan Park est une actrice, chanteuse et réalisatrice canadienne née le 24 juillet 1986. 2021: The Fallout. 


"Le traumatisme est une liaison à l'âme."
Drame psychologique vibrant d'intensité humaine à la fois meurtrie, fragile et torturée; The Fallout est la première oeuvre choc d'une réalisatrice (chanteuse et actrice) canadienne. Car dénonçant l'horrible phénomène sociétal des fusillades dans certains lycées ricains, The Fallout est un coup de poing dans l'estomac nullement démonstratif. A l'instar de ses premières minutes horriblement tragiques du massacre perpétré par un tireur dans son lycée que Megan Park se refuse à détailler, graphiquement parlant. Or, en misant essentiellement sur le pouvoir de suggestion, cette séquence horrifiante nous glace littéralement le sang lorsque 3 lycéens confinés dans les toilettes tentent d'y survivre en se positionnant debout sur la cuvette, quand bien même des tirs insupportables d'arme à feu leur martèlent l'ouï et l'esprit dans leur peur panique d'y trépasser dans la seconde qui suit. Mais ce qui intéresse la réalisatrice à travers son terrifiant contexte de malaise sociétal ciblant l'innocence sacrifiée émane de l'introspection de ce trio de collégiens (particulièrement Vada et Mia alors qu'à la base tout les opposent) tentant de se reconstruire après un traumatisme aussi lâche que fortuit. Ainsi donc, en s'efforçant rigoureusement d'évacuer le pathos auprès d'un sujet aussi mélodramatique,  Megan Park adopte une démarche à la fois subtile et inventive du point de vue torturé de la jeune Vada hurlant sa haine et sa rage de vivre de manière somme toute interne. 


Ses émotions bipolaires (faisant parfois intervenir des séquences étonnamment cocasses) demeurant terriblement trompeuses dans la mesure ou celle-ci s'efforce de paraître la plus spontanée possible auprès de son entourage (familial et amical) alors que derrière sa carapace de fripouille frétillante s'y éclipse une fillette profondément meurtrie, déboussolée d'avoir eu à subir l'innommable dans l'enceinte de son lycée. Et ce même si le carnage lui fut épargné de par son refuge de dernier ressort. Jenna Ortega  demeurant LA révélation du film si bien qu'à la toute fin on aurait tant aimé prolonger encore un peu son épreuve initiatique de par son caractère irrésistiblement entier et attachant. Une force de la nature de par sa personnalité affirmée, mais toute aussi bien fébrile et démunie dans son épreuve morale en porte à faux vouée à la perte de l'innocence. L'actrice déployant une expression naturelle sémillante ou véhémente au fil de ses échanges amiteux avec ses proches particulièrement hésitants à adopter telle ou telle démarche bienfaitrice afin de l'extraire de sa geôle morale. L'actrice soulevant du poids de ses frêles épaules toute l'intrigue dédiée à sa cause humaniste parmi la juste mesure de l'introversion puis de la confidence rédemptrice auprès de sa thérapeute. Et ce avant de nous quitter sur une note terriblement désarçonnant en dépit de l'écran blanc, symbole de pureté auprès d'une innocence galvaudée par une violence aussi invisible qu'aveugle.  


Cri d'alarme contre le fléau des fusillades dans les lycéens américains, The Fallout joue avec nos nerfs et nos émotions avec une inventivité constamment imprévisible. Tant et si bien que l'émotion fréquemment contenue, sous-jacente, tacite ou timorée demeure pour nous une épreuve morale terriblement déstabilisante en s'identifiant au profil instable (ou plutôt névralgique) de Vada passant par diverses étapes comportementales afin de canaliser son fardeau traumatique. Une oeuvre puissante, salutaire, candide, incandescente, personnelle, mais aussi inquiétante quant au destin précaire de cette génération Z (l'ultime image rehaussée d'une bande-son monocorde nous restent en travers de la gorge), sublimée du tempérament électrisant de
 Jenna Ortega dans sa quête désespérée de flegme et réconfort.

*Eric Binford

mercredi 2 février 2022

Les Anges du Mal / Chained Heat

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Paul Nicolas. 1983. U.S.A/Allemagne. 1h38 (Uncut Version). Avec Linda Blair, John Vernon, Sybil Danning, Tamara Dobson, Henri Silva. 

Sortie salles France: 18 Janvier 1984 (Int - 18 ans). U.S: 27 Mai 1983

FILMOGRAPHIE: Paul Nicolas est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2004: Luckytown. 1994Night of the Archer. 1986 La cage aux vices. 1983 Les Anges du mal. 1983 Un amour assassin. 

"Ce qu'elle a fait pour entrer en prison n'est rien comparé à ce qu'elle fera pour en sortir".
Dixit l'accroche publicitaire, tant et si bien que Les Anges du Mal demeure un nanar des années 80 transpirant l'invraisemblance, le n'importe nawak, le risible, l'impayable et l'ubuesque à travers sa pléthore de règlements de compte entre bandes rivales féminines mais aussi géôlier(e)s perpétrant des viols crapuleux sur détenues décérébrées. Ainsi, à travers sa splendide affiche s'apparentant à un Class 84 féministe si j'ose dire (l'oeil est immédiatement attiré par la sobre posture des délinquantes au look futuriste), les Anges du mal cumule à rythme métronomes scènes de violences parfois gorasses, réparties rustres et viols itératifs (plus corsés dans sa version uncut) au sein d'un gros foutoir décomplexé. 


La faute incombant à une réalisation à la ramasse (le montage chaotique désamorce par ailleurs la plupart des effets gores en dépit de 2 scènes chocs inopinément impressionnantes) et surtout au surjeu souvent irrésistible d'un casting féminin jouant les rebelles intraitables avec une mine éberluée. L'icone  Linda Blair se compromettant dans cette bande dessinée aussi triviale qu'insolente avec une expressivité tantôt contractée et timorée (elle semble évasive lors de sa difficile insertion carcérale), tantôt frondeuse lorsqu'elle décide de passer à l'action punitive après avoir témoigné de la corruption du directeur et de ses adjointes féminines s'entretuant par ailleurs entre eux (faute de félonie) afin de pimenter l'intrigue lunaire dénuée de vraisemblance. 


Bref, Les Anges du Mal exploite donc sans passion mais aussi sans ennui le WIP le plus racoleur au sein d'un climat parfois assez malsain (les scènes de viol, plus longues et explicites dans la version longue s'avèrent étonnamment assez crédibles) que son casting féminin désamorce entre temps à force de surjouer jusqu'au ridicule (hilarant) des rebelles criminelles aussi têtes à claque que déficientes. On apprécie enfin les aimables présences (plus convaincantes) d'Henri Silva et de John Vernon endossant les machistes misogynes à l'aide d'un cabotinage moins outrancier que leurs homologues soumises. A redécouvrir d'un oeil (voyeur et) distrait.

*Eric Binford
3èx

Pleasure

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ninja Thyberg. 2021. Suède. 1h48. Avec Sofia Kappel, Revika Anne Reustle, Evelyn Claire, Chris Cock, Dana DeArmond 

Sortie salles France: 20 Octobre 2021 (Int - 16 ans, avec Avertissement). Plusieurs scènes de violences et d’agression sexuelles sont susceptibles de troubler gravement le public.

FILMOGRAPHIE: Ninja Thyberg, née le 12 octobre 1984, est une cinéaste suédoise. 2021 : Pleasure


"La décadence se caractérise par l'avilissement des valeurs morales."
Du fait de son hyper réalisme aussi dérangeant que suffocant, ce docu-fiction suédois décrivant sans fard l'ascension d'une actrice néophyte (Sofia Kappel est si convaincante que l'on se demande s'il ne s'agit pas d'une véritable hardeuse en herbe !) prête à perdre sa morale et sa dignité pour le prix de la célébrité demeure constamment malaisant à travers sa pléthore de scènes de soumission et d'humiliations où le viol n'est parfois pas simulé. La cinéaste (dont il s'agit de son 1er long) dénonçant en filigrane le hardcore le plus trash et extrême dans une facture visuelle léchée afin de magnétiser les appétences du spectateur voyeuriste plongé dans une fiction à but ludique.

A vous dégoûter du cinéma porno d'apparence (faussement) décomplexé au même titre que de tenter de s'y faire une place dans ce milieu insidieux d'"icone objet" où machisme, égotisme, manipulation et duperie sont rois. Tant auprès des acteurs et (surtout) actrices envieuses se crêpant le chignon afin d'accéder à la première place que des cinéastes et producteurs cupides jouant les samaritains sans vergogne ni discernement.

P.S: pour public averti, notamment faute de séquences hard à peine suggérées (on peut d'ailleurs le classer X) si bien que l'on a envie de se doucher après la projo tant le métrage dilue sans complaisance un climat vitriolé irrespirable.

*Eric Binford 


Récompenses:
Festival international du film de Göteborg 2021 : prix FIPRESCI
Art Film Festival 2021 : meilleur film, meilleure interprétation féminine
Festival du cinéma américain de Deauville 2021 : prix du jury

Tour d'horizon de nos critiques hexagonales: