mardi 31 juillet 2018

Scanners

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site toddkuhns.com

de David Cronenberg. 1981. Canada. 1h43. Avec Jennifer O'Neill, Stephen Lack, Patrick McGoohan, Lawrence Dane, Michael Ironside, Robert A. Silverman, Lee Broker, Mavor Moore, Adam Ludwig, Murray Cruchley...

Sortie salles France08 avril 1981  U.S.A: 14 janvier 1981

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone,1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants, 1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method.


10 secondes... la douleur commence, 15 secondes... vous étouffez, 20 secondes... vous explosez !
Deux ans après l'éprouvant Chromosome 3, drame horrifique sur les conséquences d'un divorce névrotique engendrant une lignée monstrueuse, David Cronenberg poursuit son exploration de la mutation génétique avec Scanners. Le docteur Paul Ruth, figure de proue de l'organisation ConSec, capture un SDF du nom de Cameron, ignorant l'origine de ses dons de télépathe, aussi puissants que destructeurs. Le médecin lui révèle l'étendue de ses capacités psychiques tout en apaisant ses souffrances mentales (un scanner perçoit les voix et pensées d'autrui de façon décuplée). Grâce à l'éphémerol, médicament initialement prescrit aux femmes enceintes, Cameron peut contenir ses effets secondaires. Mais une mission capitale l'attend : traquer et éliminer Darryl Revok, scanner renégat à la tête d'une organisation criminelle.

Ce pitch, aussi passionnant que délirant, nous entraîne dans les méandres de la mutation biologique via une enquête mêlant espionnage industriel, horreur viscérale et science-fiction alarmiste. Avec une efficacité métronomique, Cronenberg orchestre un duel mental entre deux entités aux cerveaux hypertrophiés. L'un, Cameron, s'efforce de canaliser ses facultés grâce à l'aide bienveillante de son mentor. L'autre, Revok, ambitionne de créer une nouvelle race de mutants pour imposer sa domination, en exploitant les vertus mutagènes de l'éphémerol.

Dans cette guerre silencieuse où le cerveau devient arme de destruction, se pose la question des origines de leur pouvoir : radiation, mutation, effet secondaire d'un traitement médicamenteux ? En filigrane, Cronenberg dénonce les dérives pharmaceutiques et l'expérimentation sauvage de molécules non maîtrisées. Une résonance troublante avec les scandales médicaux bien réels, tel que celui du Médiator.

Michael Ironside campe un Revok mégalomane, froid et cynique, manipulateur né pour dominer. Face à lui, Stephen Lack impose une présence hagarde, désincarnée, son regard fuyant et sa posture rigide accentuant l'étrangeté de ce héros muré dans le doute. Le duel est d'autant plus poignant qu'il est porté par une tension quasi mystique. Autour d'eux gravitent Jennifer O'Neill, troublante et vulnérable dans la peau d'une télépathe fragile, et Patrick McGoohan, savant ambigu dont la bienveillance apparente masque une responsabilité plus trouble.             


La chair des Pensées.
Traitant avec une originalité rare de la mutation cérébrale à travers la télépathie, Scanners demeure une référence incontournable du genre, autant par son intensité visuelle que par son intrigue singulière, à la fois paranoïaque et charnelle. Outre la partition d'Howard Shore, vibrante de menace souterraine, on salue le design sonore : battements de cœur étirés, respirations lourdes, voix diffractées comme autant d'éclats d’un monde intérieur au bord de l'implosion.

Quant à ses visions chocs, Cronenberg signe des moments d'anthologie : cafétéria en transe, hypnose sépulcrale, explosion crânienne culte, et cette idée insensée d'un fœtus télépathe influençant un esprit hostile depuis le ventre de sa mère. Et pour finir, un climax dantesque : affrontement psychique, chaires en fusion, regards embrasés, écorces d'hommes calcinées. Une hallucinante bataille mentale où le corps explose sous l'assaut de l'esprit. Le tout sublimé par les effets spéciaux de Dick Smith, artisan de la désintégration de l'âme et du corps, en dépit de lentilles trop laiteuses.

Un choc sensoriel et métaphysique. Une onde de choc qui résonne encore sous la peau.

Gaïus
31.07.18. 5èx24.02.11. (102 vues)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire