vendredi 26 février 2021

Hannibal

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ridley Scott. 2001. U.S.A. 2h11. Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Gary Oldman, Ray Liotta, Frankie R. Faison, Giancarlo Giannini, Francesca Neri. 

Sortie salles France: 28 Février 2001

FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2013: Cartel. 2014: Exodus: Gods and Kings. 2015: Seul sur Mars. 2017: Alien: Covenant. 2017: Tout l'argent du monde. 2021: The Last Duel. 

10 ans après le chef-d'oeuvre de Jonathan Demme, c'est à Ridley Scott qu'incombe la gageure d'offrir une séquelle au Silence des Agneaux au prémices des années 2000. Et à la vue du résultat "maladif", on se demande ce qui a bien pu passer par la tête du cinéaste tant Hannibal fleure bon l'horreur émétique avec un goût raffiné pour le baroque transalpin. A l'instar de sa première partie confinée dans la ville de Florence au cours duquel l'inspecteur  Rinaldo Pazzi tentera d'appréhender Lecter en guise de rançon de 3 millions de dollars. Superbement photographié et éclairé à travers les vastes bâtiments domestiques, bibliothèques, jardins de pierre et places touristiques, Ridley Scott ne perd rien de son sens visuel à travers ses détails architecturaux où les sculptures ornementales se fondent dans le cadre de l'action avec une fascination trouble. Tant et si bien que cette filature de longue haleine que Rinaldo s'efforce de parfaire nous distille une irrépressible tension latente à travers le vice infaillible de Lecter piégeant ses futures victimes dans l'art de l'exécution picturale. Et à ce niveau à la fois graphique et raffiné, Ridley Scott se sent terriblement inspirer à confectionner des séquences horrifiques anthologiques en réfutant le hors-champs de par ses zooms complaisants d'un réalisme vomitif. On peut donc prétendre que les meurtres d'une barbarie stylisée provoquent autant le dégoût viscéral qu'un sentiment anxiogène, notamment de par l'appréhension que nous ressentions face aux agissements tranquilles de Lecter d'un flegme impassible à étudier ses prochains stratèges criminels. 


Anthony Hopkins
demeurant à nouveau littéralement magnétique (pour ne pas dire ensorcelant) dans le corps sclérosé du serial-killer cannibale aussi féru d'affection pour l'agent Clarence Starling que Julianne Moore endosse en lieu et place de l'inoubliable Jodie Foster. Hélas, la grande actrice que représente Moore n'arrive jamais à la cheville de son aînée en agent stoïque délibérée à retrouver la trace de son ennemi juré bien que démise de ses fonctions par ses supérieurs à la suite d'une bavure policière (c'est ce que le prologue pétaradant nous détailla lors d'un règlement de compte sanglant entre flics et dealers de came). Pour autant, Julianne Moore parvient toutefois avec une certaine assurance (à défaut de charisme saillant et d'expression intense) à tailler une certaine force de caractère à son personnage féminin, entre pugnacité et vaillance. Si bien que l'on suit sans réserve ces faits et gestes avisés à retrouver la trace de Lecter lors d'un final grand-guignolesque faisant office d'anthologie dégueulbif, ad nauseum. Là encore, on s'étonne du parti-pris sarcastique de Ridley Scott à fignoler son poème baroque en farce macabre d'un mauvais goût assumé ! Cette seconde partie autrement vertigineuse demeure aussi haletante, magnétique, malsaine et dérangeante lorsque le chef Paul Krendler (endossé par un Ray Liotta  gouailleur et présomptueux) tente de duper Clarice Starling afin d'empocher une rançon sous la mainmise du milliardaire paraplégique Mason Verger. Celui-ci autrefois victime de Lecter s'étant juré d'accomplir sa vengeance en kidnappant son tortionnaire lui ayant bouffé la moitié du visage quelques années plus tôt. 


Séquelle marginale d'un chef-d'oeuvre du thriller imputrescible, Hannibal demeure également à mes yeux un grand film maladif d'une élégance horrifique aux p'tits oignons. Tant auprès de l'esthétisme de sa réalisation studieuse, de ses séquences chocs d'une barbarie couillue, de son humour noir vitriolé, que du talent de ses acteurs s'affrontant mutuellement pour l'enjeu d'un cannibale érudit passé maître dans l'art du subterfuge criminel. Et entre manigance d'autorité et jeu du chat et de la souris, Anthony Hopkins demeure une fois encore proprement électrisant (et quelque peu fantaisiste) à travers sa lucidité criminelle dénuée de complexe et de morale, puis à travers son discernement amoureux d'y respecter sa partenaire au point d'y intenter un sacrifice en guise de reconnaissance.  

*Bruno
3èx

Box Office France: 2 579 878 entrées

Récompenses:
Bogey Awards 2001 : Prix Bogey en argent
Goldene Leinwand (Golden Screen) 2001
GoldSpirit Awards 2001 : GoldSpirit Awards de la meilleure bande-son d'horreur pour Hans Zimmer
Italian National Syndicate of Film Journalists : Silver Ribbon du meilleur acteur dans un second rôle pour Giancarlo Giannini
Jupiter Awards 2001 : Jupiter Award du meilleur réalisateur international pour Ridley Scott
Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films - Saturn Awards 2002 :
Saturn Award des meilleurs maquillages pour Greg Cannom et Wesley Wofford
ASCAP / American Society of Composers, Authors, and Publishers 2002 : ASCAP Award des meilleurs films au box-office pour Hans Zimmer
Fangoria Chainsaw Awards 2002 :
Chainsaw Award du meilleur acteur pour Anthony Hopkins
Chainsaw Award du meilleur score pour Hans Zimmer

jeudi 25 février 2021

La Femme Flic

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Yves Boisset. 1980. France. 1h41. Avec  Miou-Miou, Jean-Marc Thibault, Roland Blanche, Jean-Pierre Kalfon, Leny Escudero, Alex Lacast, Philippe Caubère 

Sortie salles France: 9 Janvier 1980

FILMOGRAPHIE: Yves Boisset est un réalisateur français, né le 14 Mars 1939 à Paris. 1968: Coplan sauve sa peau. 1970: Cran d'arrêt. 1970: Un Condé. 1971: Le Saut de l'ange. 1972: l'Attentat. 1973: R.A.S. 1975: Folle à tuer. 1975: Dupont Lajoie. 1977: Un Taxi Mauve. 1977: Le Juge Fayard dit Le Shériff. 1978: La Clé sur la porte. 1980: Le Femme flic. 1981: Allons z'enfants. 1982: Espion, lève-toi. 1983: Le Prix du Danger. 1984: Canicule. 1986: Bleu comme l'Enfer. 1988: La Travestie. 1989: Radio Corbeau. 1991: La Tribu.


Une oeuvre choc sur l'omerta pédo-criminelle impossible à endiguer lorsqu'on y cible l'oligarchie.  
Cinéaste engagé à qui l'on doit une pléthore de métrages percutants (R.A.S, Folle à Tuer, Dupon Lajoie, Le juge Fayard dit le Shériff, Allons z'enfants, le Prix du Danger, Canicule; rien que ça !), Yves Boisset ne perd rien de sa radicalité tranchée avec le drame policier La Femme Flic. Le récit traitant sans ambages de la pédopornographie avec un réalisme à la fois glauque et dérangeant, notamment eu égard de certaines séquences démonstratives quasi insoutenables (la découverte macabre d'une fillette à proximité du terril, l'enfant décharné confiné dans le placard, les revues et photos de pornographie infantile que Miou Miou et son adjoint feuillètent sous notre témoignage). Tiré d'un fait-divers au cours duquel une fonctionnaire de police se donna la mort après avoir remonter la filière d'un important réseau pédophile, La Femme Flic adopte un parti-pris documenté pour nous immerger dans son enquête houleuse à travers la scénographie grisonnante du Nord de la France (ces cités minières entourées de corons à l'orée des années 80). Il s'agit donc ici de nous retracer méticuleusement l'investigation d'une jeune recrue raillée par sa hiérarchie machiste, quand bien même les citadins de la région observent d'un oeil médisant l'insigne policier souvent réduit à l'impuissance d'y résoudre leur enquête criminelle. 

Dénonçant ouvertement la corruption et la lâcheté de la police et de ces juges lorsqu'il s'agit de lever le voile sur un réseau pédophile constitué de notables intouchables, La Femme Flic dégage un aigre sentiment d'injustice tant et si bien que l'histoire, éculée, se répète inlassablement à daigner mettre sous les verrous une élite embourgeoisée capable d'y soudoyer le système judiciaire et juridique afin d'inhumer leur scandale pédophile imparti à la prostitution juvénile. Ainsi, de par son scrupuleux réalisme sociétal particulièrement acrimonieux et la faculté maîtrisée de Boisset à nous familiariser auprès de personnages profondément humains, la Femme Flic est scandé de la prestance timorée de Miou-Miou inscrite dans la réserve, la fragilité et la pudeur en petit bout de femme taiseuse s'efforçant de se faire une place au sein de sa hiérarchie phallocrate. Pour autant délibérée à appréhender les criminels les plus notoires derrière le vernis précaire d'une cité minière appauvrie par le chômage, Miou Miou délivre un portrait de femme obtuse et prévenante au fil de son initiation à la constance de par sa soif de vérité. Outre des seconds-rôles communément irréprochables dans leur force tranquille et naturelle, on reste admiratif du jeu inhospitalier de Jean-Marc Thibault en commissaire castrateur forcé de duper sa partenaire afin de se plier à l'omerta et au chantage d'une élite politique.  

Film coup de poing osant aborder dans un style docu-vérité la thématique si brulante de la pédophilie à l'orée des années 80, La Femme Flic demeure un implacable réquisitoire contre les manoeuvres policières, juridictionnelles et politiques étroitement liés à la connivence afin de préserver leur propre intérêt. Pleine de fragilité humaine à travers le témoignage de cette femme-flic en voie de rébellion, on reste d'autant plus captivé par le jeu réservé de Miou-Miou s'efforçant de parfaire son enquête avec une dignité maternelle. 

*Bruno

Box Office France: 1 807 761 entrées 

mercredi 24 février 2021

Meteor

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Ronald Neame. 1979. U.S.A. 1h47. Avec Sean Connery,  Natalie Wood, Karl Malden, Brian Keith, Martin Landau, Richard Dysart, Trevor Howard, Henry Fonda.

Sortie salles France: 9 Janvier 1980. U.S: 19 Octobre 1979

FILMOGRAPHIERonald Neame est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 23 avril 1911 à Londres (Angleterre) et mort le 16 juin 20101 à Los Angeles (Californie). 1947 : Je cherche le criminel. 1950 : La Salamandre d'or. 1952 : Trois dames et un as. 1954 : L'Homme au million. 1956 : L'Homme qui n'a jamais existé. 1956 : De la bouche du cheval. 1957 : Alerte en Extrême-Orient. 1957 : La Passe dangereuse. 1960 : Les Fanfares de la gloire. 1962 : Les Fuyards du Zahrain. 1963 : L'Ombre du passé. 1963 : Mystère sur la falaise. 1965 : Mister Moses. 1966 : Un hold-up extraordinaire. 1966 : D pour danger. 1968 : Prudence et La Pilule. 1969 : Les Belles Années de miss Brodie. 1970 : Scrooge. 1972 : L'Aventure du Poséidon. 1974 : Le Dossier ODESSA. 1979 : Meteor. 1980 : Jeux d'espions. 1981 : First Monday in October. 1986 : Le Sorcier de ces dames. 1990 : The Magic Balloon. 

On ne va pas se mentir, Meteor a beau avoir été réalisé par Ronald Neame à qui l'on doit le grand classique L'Aventure du Poséidon, il ne lui arrive jamais à la cheville de par la maîtrise de son suspense  ici plus timoré (en dépit d'une première partie assez passionnante quant à la mise en place "documentée" des concertations puis de l'accord unifié entre l'URSS et les Etats-Unis pour dévier de sa trajectoire la menace stellaire) et de 2/3 séquences spectaculaires hélas souvent désamorcées d'absence de réalisme d'FX cheap. Pour autant, avec indulgence, une pointe de nostalgie, et grâce à la sobriété de sa prestigieuse distribution (Sean Connery,  Natalie Wood, Karl Malden, Brian Keith, Martin Landau, Richard Dysart, Trevor Howard, Henry Fonda font preuve d'un charisme irréprochable), Meteor se laisse revoir sans déplaisir (surtout la 1ère heure plutôt captivante, j'insiste) sous l'impulsion de son pitch singulier toutefois issu d'un fait-divers. Si bien qu'en 1968, à l'institut technologique du Massachusetts, un plan de protection contre un météore géant en trajectoire de collision avec la terre fut mis en chantier. Ce plan porta le nom de projet ICARE nous précisera le générique final. Franchement dommage donc qu'à travers un sujet aussi opaque que fascinant, sa progression du suspense demeure finalement de faible intensité faute d'une dimension dramatique infructueuse au gré de péripéties davantage alertes et spectaculaires que l'on contemple d'un oeil aussi indulgent que gentiment fureteur.  


*Bruno
01.03.23. 3èx

lundi 22 février 2021

La Possédée

                                                                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Lupanarsvisions

"Exorcisation" de Mario Gariazzo. 1974. Italie. 1h30. Avec Stella Carnacina, Lucretia Love, Ivan Rassimov, Gabriele Tinti

Sortie salle Italie: 6 Novembre 1974

FILMOGRAPHIEMario Gariazzo est un réalisateur italien né le 4 Juin 1930 à Biella, Italie, décédé en Mars 2002 à Rome. 1992: Che meraviglia, amici! 1990 Sapore di donna. 1988 Intrigues sensuelles.  1988 Étranger de l'espace. 1987 Attraction fatale. 1985 L'esclave blonde. 1984 Cet emmerdeur d'ange gardien. 1980 Attenti a quei due napoletani. 1979 Play Motel. 1978 Incontri molto... ravvicinati del quarto tipo. 1978 La quatrième rencontre. 1974 Il venditore di palloncini. 1974 La possédée. 1973 Colin. 1973 La fureur d'un flic. 1971 Acquasanta Joe. 1971 Le jour du jugement. 1969 Dieu pardonne à mon pistolet. 1962 Lasciapassare per il morto.


Sorti 2 mois après l'ExorcisteLa Possédée est un épigone poussif mollement réalisé en dépit de ses décors réalistes d'une Province italienne, de quelques seconds-rôles convaincants (familiers des amateurs de Bis) et d'une partition funèbre gentiment sympa. Pour autant, avec indulgence, les fans de bisserie Z transalpine peuvent y trouver leur compte à travers son ambiance d'étrangeté parfois envoûtante, à  l'instar de son générique liminaire enchaînant une succession de plans fixes sur des visages épeurés, ou encore lors de ses visites touristiques au sein d'églises latines poussiéreuses. Vraiment dommage que le scénario soit aussi plat que peu motivant. Une curiosité donc, parfois glauque et malsaine, que la belle Stella Carnacina renchérit dans un jeu démonial outré quelque peu attractif. 

*Bruno
26.06.17. 389 v
22.02.21. 3èx



vendredi 19 février 2021

Enemy Mine

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site themindreels.com

"Enemy Mine" de Wolfgang Petersen. 1985. U.S.A/Allemagne. 1h48. Avec Dennis Quaid, Louis Gossett Jr., Brion James, Richard Marcus, Carolyn McCormick, Bumper Robinson.

Sortie salles France: 5 Mars 1986. U.S: 20 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden. 1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon.

Abordant le problème du racisme dans le cadre d'un divertissement familial ponctué d'humour et d'action (en dépit de la contradiction d'une violence parfois brutale et d'un écart gore rigoureusement intense et percutant lorsque Willis manque de perdre sa jambe par une créature souterraine), Enemy constitue un jolie spectacle SF où les bons sentiments flirtent auprès d'une amitié naissante entre 2 étrangers que tout sépare. Au-delà de son attachant récit initiatique pour le droit à la différence et à la tolérance à travers l'esprit d'équipe et le sens de la coopération, Enemy Mine est rehaussé d'une forme dépaysante (photo rutilante à l'appui) à travers sa scénographie stellaire mais aussi terrestre. Entre batailles galactiques étonnamment fluides et spectaculaires (pour l'époque), chutes de météores, bourrasques enneigées et pérégrinations que notre héros arpente sur des contrés désertiques afin de dénicher toute forme humaine. On peut d'ailleurs y suggérer une sorte de Robinson Crusoé en mode sci-fi à travers les rapports étroits de nos 2 héros contraints de réapprendre à vivre et à se respecter dans leur rapport de force ethnique. 

Ainsi, quelques décennies après sa sortie, on reste toujours impressionné par la qualité de ses FX typiquement artisanaux. De ses décors rocheux (parfois en matte painting), de ses vaisseaux belliqueux et de ses maquillages pour crédibiliser des reptiles humanoïdes affublés de prothèse en latex. Quant au cast notoire, Louis Gossett Jr. se fond sans le corps du lézard humanoïd avec une sagesse d'esprit bienveillante (en dépit de son entêtement à contredire parfois son partenaire), quand bien même Dennis Quaid lui offre la réplique à l'aide d'une force d'expression transi d'émoi de par sa résilience de survie et son appréhension de l'inconnu de trépasser au sein d'une planète pourtant colonisée par ses semblables (dont ces fameux déterreurs de mine). Métaphore sur la traite des noirs en seconde partie un peu plus épique auprès des pugilats sur une population asservie, Enemy mine déclare enfin sa flamme, non sans une certaine naïveté, quelques bons sentiments et raccourcis un peu trop expéditifs (notamment la convalescence elliptique de Willis), à la paix entre peuples sous l'impulsion d'un amour paternel que Willis chérit de son âme et son coeur envers Spoil ! le fils de son défunt compagnon fin du Spoil en proie à une pédagogie altruiste. 

Mené sans temps morts à travers la simplicité d'une émouvante histoire d'amitié, Enemy Mine se décline en divertissement intelligent, poétique et attachant que l'on a plaisir à revoir en dépit d'une passion des sentiments pas si vibrante et lyrique qu'escomptée. 

*Bruno
19.02.21
08.01.18. 1009 v
4èx

jeudi 18 février 2021

Palm Springs

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Max Barbakow. 2020. U.S.A. 1h30. Avec Andy Samberg, Cristin Milioti, J. K. Simmons, Camila Mendes, Tyler Hoechlin. 

Diffusion US: 10 Juillet 2020

FILMOGRAPHIEMax Barbakow est un réalisateur et scénariste américain. 2020: Palm Springs. 


Un jour sans Femme (?).
Comédie fantastique empruntant le concept payant d'Un jour sans fin, Palm Springs demeure un excellent divertissement pour qui apprécie les romcoms à la fois pétulantes et inventives, réfractaires au politiquement correct et autres nunucheries. Car si de prime abord on peut craindre la fâcheuse redite lors des 20 premières minutes calquées sur le chef-d'oeuvre d'Harold Ramis (j'évoque son schéma narratif diurne), la suite, endiablée, extravertie, décomplexée, nonsensique, nous entraîne dans un euphorisant délire festoyant. Des bouffées d'air frais et de tonicité mâtinées de crises de fou-rire, de tendresse et de poésie. Réflexion sempiternelle sur le sens de la vie à travers l'apprentissage existentiel de se (re)connaître sois même, Palm Springs aborde les thématiques de la peur de l'engagement, de l'hypocrisie, de la félonie, de la solitude et de l'initiation à la maturité sous le pilier d'un amour salvateur qu'Andy Samberg et Cristin Milioti endossent avec une spontanéité frétillante. Leur relation galvanisante nous entraînant toujours plus loin dans leur profit du temps présent dénué de complexe, de bienséance et de moralité. Tous les coups sont permis donc si bien que notre duo indocile brûle leur vie à coups de saillies fantaisistes tantôt hilarantes, tantôt oniriques (leur trip nocturne à contempler vers l'horizon la démarche nonchalante de deux dinosaures distille une émotion lyrique étonnamment impromptue !). Et si on loin du chef-d'oeuvre susnommé de Ramis ayant préalablement tout inventé, Palm Springs parvient malgré tout à s'extirper du produit lambda à travers sa frénésie tendre et drolatique sous l'impulsion de ses acteurs juvéniles crevant le cadre de l'écran à chacune de leur interprétation déjantée. 


*Bruno

mercredi 17 février 2021

Dominique: les Yeux de l'Epouvante

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Anderson. 1979. U.S.A. 1h40. Avec Cliff Robertson, Jean Simmons , Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson. 

Sortie salles France: 17 Juin 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Anderson est un réalisateur britannique, né le 30 Janvier 1920 à Londres. 1949: Private Angelo. 1950: Waterfront. 1956: 1984. 1956: Le Tour du monde en 80 Jours. 1960: Les Jeunes Loups. 1961: La Lame Nue. 1965: Opération Crossbow. 1975: Doc Savage arrive. 1976: L'âge de cristal. 1977: Orca. 1979: Dominique. 1980: Chroniques Martiennes. 1989: Millenium. 2000: Pinocchio et Gepetto. 2008: Tenderloin.


Une Ghost Story à l'ancienne jouant efficacement avec le simulacre. 
Réalisateur touche à tout à qui l'on doit tout de même le superbe et mélancolique Orca, Michael Anderson réalise en 1979 un thriller diabolique sous l'impulsion d'un cast proéminant. Tant auprès du vétéran Cliff Robertson en proprio fortuné d'un flegme imperturbable, de la raffinée Jean Simmons en épouse récalcitrante à la beauté ténue, que de ses acteurs de seconde zone bien connus des amateurs de Bis (Jenny Agutter - Le Loup-garou de Londres -, Simon Ward - l'Antéchrist / Holocaust 2000 - , Ron Moody - La Légende du Loup-garou / Meurtres en Direct - et enfin Judy Geeson - Sueurs froides dans la Nuit / Inseminoïd).  Sélectionné au Festival du film Fantastique du Rex à Paris, Dominique fut un échec commercial à sa sortie en dépit du Prix d'interprétation Masculine décerné à Cliff Robertson


Et cela est bien dommage de lui avoir fait grise mine tant ce sympathique whodunit dégage un charme gothique constamment séduisant pour qui raffole des ambiances feutrées perméables. Le réalisateur parvenant à irriguer son thriller à suspense d'une scénographie domestique à la fois étrange et inquiétante parmi le témoignage de David Ballard en proie à des évènements inexpliqués. Son épouse venant de se suicider après avoir suspecté celui-ci de l'avoir rendu folle, David joue à cache-cache avec le fantôme de sa défunte épouse déambulant la nuit dans sa vaste demeure. Ainsi, à travers un suspense latent parfois redondant il faut avouer (les récurrentes inspections de David dans sa demeure chargée de bruits, de mélodie au clavecin et de voix d'outre-tombe nous irritent un peu à travers son incapacité à dénicher le vrai du faux), Dominique instaure toutefois une efficacité permanente au fil d'une énigme prenant tout son sens lors de son renversant dénouement (qui plus est rehaussé d'une image terrifiante auprès d'un regard menaçant). 


Joliment photographié, tant auprès de sa somptueuse bâtisse aux larges corridors et escaliers que de sa serre aux éclairages flamboyants, Dominique séduit la vue et l'imagination auprès d'une machination, certes éculée, mais néanmoins envoûtante, voir parfois même sensuelle quant aux apparitions fantomatiques que Jean Simmons cultive dans une rancoeur punitive. Et s'il n'est pas le classique escompté, Dominique mérite à être redécouvert, ne serait-ce également que pour la qualité de son interprétation sobrement dirigée par un Michael Anderson prévenant. 

*Bruno
2èx

mardi 16 février 2021

Run

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Aneesh Chaganty. 2020. U.S.A. 1h29. Avec Sarah Paulson, Kiera Allen, Pat Healy, Sara John, Tony Revolori 

Sortie salles : ? 

FILMOGRAPHIEAneesh Chaganty est un réalisateur et scénariste indien naturalisé américain, né en 1991 à Hyderabad dans le Telangana. 2018: Searching : Portée disparue. 2020: Run. 

Coup de coeur tranché pour ce thriller hitchcockien mené à un rythme infernal, tant et si bien que je n'avais pas pris autant de plaisir masochiste face à un suspense oppressant depuis les classiques Seule dans la nuit, Terreur Aveugle et bien évidemment Misery auquel Run se rapproche le plus pour ces rapports amiteux entretenus entre la victime - impotente - et l'oppresseur psychotique. Sans trop déflorer l'intrigue (si bien que je n'avais lu aucun synopsis afin de préserver tout effet de surprise), Run nous illustre la confrontation tendue entre une mère prévenante et sa fille paraplégique depuis sa naissance prématurée. Rien que le prologue, douloureux, un tantinet poignant et anxiogène nous annonce déjà la couleur de son intensité dramatique (délibérément en suspens !). Il s'agit donc d'un huis-clos intimiste, un survival tendu comme un arc que nous conte ensuite avec beaucoup de savoir-faire et de perspicacité Aneesh Chaganty (cinéaste indien à qui l'on doit Searching: Portée disparue, série B beaucoup plus conventionnelle et prévisible pour un 1er essai). Et ce en accordant une scrupuleuse attention psychologiques aux profils  de ses personnages en proie au doute, à la suspicion et à l'appréhension la plus dérangeante auprès des liens filiaux. 

Ainsi, à travers le brio du cinéaste à transfigurer sans artifices une séquestration de longue haleine où le sentiment de claustrophobie nous est admirablement communiqué par la contrariété de la victime esseulée, Run est donc porté par le talent indéfectible de son duo féminin. Tant auprès de l'immense actrice Sarah Paulson (auquel je me réserve sciemment d'y dresser ici ses traits de caractère maternels) que de la jeune Kiera Allen portant le film à bout de bras en handicapée pugnace (doux euphémisme tant son parcours du combattant relève de gageure), de par sa résilience, son don d'observation et ses facultés corporelles à se dépêtre de ses chaines auquel elle est soudainement vouée dans sa nouvelle condition de claustration. Le spectateur s'impliquant promptement dans sa détresse et son désarroi particulièrement expressifs (ses crises d'asthme demeurant une torture viscérale pour le spectateur claustro !), notamment grâce à son intelligence retorse à déjouer les pièges de son embrigadement tout en découvrant au fil de son investigation les secrets de son passé et ceux de sa mère liée au trauma maternel. Ainsi donc, 1h25 durant, Aneesh Chaganty se prend un plaisir sadique à jouer avec nos nerfs pour l'enjeu de survie intenté à la victime, puisque multipliant les stratégies de défense et offensives avec une lucidité forçant le respect (on est donc loin des agissements gogos de la victime potiche comme on a trop coutume d'en supporter dans les produits standard à travers ses risibles clichés).


Un modèle du genre d'une efficacité optimale
.
Tour à tour oppressant, intense, tendu et angoissant au fil d'une dérive morale davantage délétère, Run ne nous laisse pas une seconde de retenue pour nous entrainer par la main dans l'introspection de la victime en perdition sous la mainmise d'un suspense à couper au rasoir. Aneesh Chaganty parvenant en prime, et avec souci de perfection, à contredire les codes du thriller horrifique auprès d'une intensité dramatique subitement bouleversante. C'est ce que nous réserve son épilogue étonnamment caustique à travers l'antinomie de ses émotions bipolaires lorsque Spoil ! la vendetta décide de s'y imposer en guise d'exutoire Fin du Spoil.

10/10

*Bruno

lundi 15 février 2021

The Final terror

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Andrew Davis. 1983. U.S.A. 1h24. Avec Rachel Ward, Daryl Hannah, Adrian Zmed, John Friedrich, Mark Metcalf, Joe Pantoliano.

Inédit en salles en France. U.S: 28 Octobre 1983

FILMOGRAPHIE: Andrew Davis est un réalisateur, producteur, écrivain et directeur de la photographie américain né le 21 novembre 1946. 1978: À la maison avec Shields et Yarnell. 1978: Stony Island. 1983: The Final Terror. 1985: Code du silence. 1988: Au-dessus de la loi. 1989: Le paquet. 1992: Piège en Haute mer. 1993: Le fugitif. 1995: Voler gros voler peu. 1996: Réaction en chaîne. 1998: Un meurtre parfait. 2002: Dommages collatéraux. 2003: trous. 2005: Just Legal. 2006: The Guardian. 

Inédit en salles en France, The Final Terror est un survival mineur à découvrir d'un oeil aussi distrait que curieux. Car en dépit de son air de déjà vu, de ses protagonistes transparents (dommage pour les illustres présences féminines de Rachel Ward et Daryl Hannah) et de ses traditionnels clichés usuels au genre, cette modeste série B dégage un petit charme horrifique comme seules les années 80 étaient capables d'en susciter. Tant auprès de l'exploitation de son cadre forestier à la végétation florissante que de ses scènes horrifiques à l'aura malsaine qu'une présence invisible exécute dans l'art du camouflage. A réserver toutefois aux afficionados de slasher car s'il demeure gentiment regardable, voir parfois même (timidement) envoûtant, il s'avère rapidement oublié sitôt le générique bouclé. 


Merci à Lupanars Visions
*Bruno

vendredi 12 février 2021

Les Nuits de l'Epouvante

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cinemavintage.com

"La lama nel corpo / The Murder Clinic" de Elio Scardamaglia (as Michael Hamilton). 1966. Italie. 1h27. Avec William Berger, Françoise Prévost, Mary Young, Barbara Wilson, Philippe Hersent.

Sortie salles France: 11 Octobre 1967

FILMOGRAPHIEElio Scardamaglia est un réalisateur italien né le 27 Juillet 1920, décédé le 16 Mars 2001 en Angleterre. 1966: Les Nuits de l'Epouvante. 


Une excellente surprise que cette ultime contribution au Gothisme italien sombrée dans l'oubli depuis des décennies. 
Totalement méconnu si bien que j'ignorai son existence depuis sa conception en 1966, Les Nuits de l'Epouvante est l'unique oeuvre de l'italien Elio Scardamaglia. Un thriller horrifique transplanté dans un cadre gothique d'une beauté funeste que n'aurait renié le maestrio Mario Bava à qui il réserve d'inévitables influences. Tant auprès de la posture vestimentaire du criminel sans visage, de la violence des meurtres (même si hors-champ), d'une nature onirique aussi étrange que féérique (principalement durant sa première demi-heure fertile en atmosphère lugubre), que de ses décors domestiques magnifiquement éclairés en interne d'un château de tous les dangers. Et pour cause, c'est au sein de cette clinique psychiatrique que des meurtres sont perpétrés par un mystérieux assassin vêtu de noir et affublé d'un rasoir. Et ce en présence de la nouvelle infirmière Marie et de l'hôte Gisèle hébergée par le Dr Robert après que cette dernière fut victime d'un accident en calèche parmi son défunt mari. 


Ainsi, durant certaines nuits, une vénéneuse présence hante les lieux autour des malades et des gentes dames, quand bien même le Dr Robert rend parfois visite à une femme au visage tuméfié confinée dans sa chambre secrète. Par conséquent, si l'intrigue, simpliste et naïve, s'alloue d'un air de déjà vu auprès des références Les Yeux sans Visage / L'Horrible Dr Orloff, Les Nuits de l'Epouvante parvient louablement à séduire et à duper le spectateur pris dans les mailles d'une intrigue perfide efficacement troussée et non avare de cruauté burnée (n'importe quelle femme peut trépasser à tous moments, même auprès des plus familières !). Le charme de cette modeste série B magnifiquement photographiée (tout du moins dans sa copie HD) émanant de son esthétisme constamment envoûtant, de la suspicion d'une galerie de personnages interlopes et d'une intrigue alerte  si bien que l'on ne s'ennuie pas une seconde. Quand bien même on s'attache sans réserve aux personnages d'un charisme familier auprès des fans du genre, sans compter la beauté radieuse de ses actrices italiennes se crêpant le chignon pour un enjeu sentimental ou cupide.  


Au-delà de ses conventions et du classicisme de son intrigue pour autant plaisante et ludique, les Nuits de l'Epouvante ne déçoit pas pour son honorable contribution au gothisme transalpin mâtiné de thriller horrifique (que certains compareront au giallo). Constamment accrocheur, on s'efforce de démasquer l'identité de l'assassin parmi un défilé de potentiels coupables plus ou moins complices d'une énigme sentimentale au romantisme déchu. Qui plus est, l'auteur parvenant, non sans une certaine dérision, à conclure sa tragédie romanesque par un happy-end finalement salvateur ! A découvrir sans réserve. 

Remerciement chaleureux à "L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction"

*Bruno

vendredi 5 février 2021

La Mort caresse à minuit

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"La morte accarezza a mezzanotte" de Luciano Ercoli. 1972. Italie/Espagne. 1h42. Avec Susan Scott, Simon Andreu, Peter Martell, Carlo Gentili, Claudie Lange, Luciano Rossi, Claudio Pellegrini.

Sortie salles Italie: 17 Novembre 1972

FILMOGRAPHIELuciano Ercoli, né à Rome le 19 octobre 19291,2 et mort le 15 mars 2015 à Barcelone, est un producteur, réalisateur et scénariste italien. 1970 : Photo interdite d'une bourgeoise. 1971 : Nuits d'amour et d'épouvante, 1972 : La mort caresse à minuit, 1973 : Troppo rischio per un uomo solo. 1974 : La police a les mains liées. 1974 : Il figlio della sepolta viva. 1974 : Lucrezia giovane. 1977 : La bidonata. 

Excellente surprise que ce giallo méconnu inédit chez nous (tout du moins à ce jour du 05/02/21), La Mort caresse à Minuit conjugue le film policier et le thriller avec une efficacité probante eu égard de son dénouement à twists un brin confus mais assez surprenant (suffit d'appuyer sur la touche "retour" quant aux tenants et aboutissants et tout devient plus clair). Le pitch: au moment d'accepter l'ingestion d'une nouvelle drogue hallucinogène par son ami journaliste Gio Baldi, Valentino imagine dans son délire le meurtre d'une mystérieuse brune par un tueur au poing d'acier. Après avoir été trahie par son ami d'avoir publié des photos d'elle dans un journal à sensation, Valentine décide de mener son enquête afin de savoir si un crime eut réellement lieu par cet étrange assassin affublé d'un poing à pics d'acier. Quel aubaine de retomber parfois sur de petites pépites à la réputation injustement timorée, tant et si bien que j'ignorai jusqu'à présent l'existence de ce Giallo rondement mené à travers son lot de poursuites, meurtres sanglants (même si peu présents à l'écran), action et suspense métronome de par l'investigation houleuse d'une femme en course contre la montre à daigner identifier l'éventuel assassin. 

Etonnamment convaincant au niveau de son cast méconnu, Susan Scott (épouse du réal à la ville) porte le film sur ses épaules avec une maturité autoritaire de par sa force de caractère parfois compromise par des machistes gouailleurs en concertation avec le trafic de drogue. On peut d'ailleurs relever l'aspect étonnamment cocasse de certaines situations de légèreté que Luciano Ercoli (Nuits d'amour et d'épouvante, la Police à les mains liés) privilégie par moments en éludant toute forme d'érotisme comme le souhaite la tradition du genre. Pour autant, les actrices italiennes jamais dénudées demeurent toujours aussi ravissantes et les décors urbains s'avèrent superbement exploités au sein d'un rutilant scope. L'originalité de La Mort caresse à Minuit émanant surtout de son trait d'union au film policier et au thriller horrifique que l'auteur exploite efficacement du point de vue d'un joli portrait de femme émancipée en proie à la rébellion. Et si certains spectateurs pourraient être un tantinet déçus par son manque de gore auprès des meurtres crapuleux (qui plus est assez peu nombreux), on reste toutefois impressionné par leur résultante appuyée de zoom complaisant (notamment ce bout de cervelle dépassant du crane d'une victime après avoir trébuché d'un toit). Sans compter la fascination qu'exerce l'accoutrement atypique du tueur surveillant l'héroïne à divers moments fortuits. 

Constamment ludique, intrigant et captivant autour d'une intrigue sciemment complexe (durant la quasi totalité du métrage) mais heureusement explicative (même si on peut sourire de certaines facilités comme le souligne son prologue hallucinogène que l'héroïne fantasme lors d'une réminiscence en trompe l'oeil), La Mort caresse à minuit (titre lunaire aussi exquis qu'injustifié) demeure une excellente surprise dénuée de prétention quant à l'ajout de traits d'humour faisant mouche. 

*Bruno

jeudi 4 février 2021

Vamp

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Richard Wenk. 1986. U.S.A. 1h34. Avec Chris Makepeace, Grace Jones, Dedee Pfeiffer, Sandy Baron, Gedde Watanabe, Billy Drago, Francie Swif.

Sortie salles France: 29 Juillet 1987. U.S: 18 Juillet 1986

FILMOGRAPHIERichard Wenk est un réalisateur américain né en 1956 à Plainfield, New Jersey, USA. 2002: Wishcraft. 1999: Gary & Linda. 1994: Attack of the 5 Ft. 2 Women (téléfilm second segment). 1986: Vamp.


Sympathique produit de consommation surfant sur la vague des films de "vampires pour rire" au milieu des années 80, Vamp est exhumé de l'oubli grâce à son blu-ray commercialisé chez nous. Ainsi, aussi mineur soit-il, notamment faute d'un scénario rachitique dénué de suspense et d'intensité, et de  protagonistes juvéniles décervelés (qui plus défavorisé du surjeu rigolard de l'acteur nippon Gedde Watanabe), Vamp bénéficie d'un joli décor pailleté éclairé de néons roses / verts fluos, de cadrages obliques stylés et d'une ambiance d'étrangeté tantôt envoûtante (principalement auprès de sa séduisante première demi-heure, de loin la plus attachante), à l'instar de son striptease gentiment baroque déhanché par la féline Grace Jone. Franchement dommage que cette dernière demeure d'ailleurs toujours plus discrète au fil d'une narration tournant en rond il faut avouer, même si on peut relever l'audace du réalisateur de se débarrasser du héros principal à mi-parcours. Sans surprises donc mais étonnamment charmant par moments (notamment auprès du second-rôle féminin Dedee Pfeiffer fraîchement sémillante en serveuse avenante, amoureuse de son ancien prétendant), Vamp se suit sans déplaisir, tout du moins auprès de l'indulgente génération 80 nostalgique de leur époque révolue. On peut enfin relever à titre subsidiaire la qualité (modeste) de ses FX et maquillages, notamment lors du règlement de compte final lors des offensives d'un des survivants affublé d'une arbalète pour se défendre contre l'assaillant. D'ailleurs, sans doute inspirés par sa scénographie érotico-festive, par l'armement de celui-ci ainsi que le look charnel de l'icone Grace Jones, Robert Rodriguez et Quentin Tarantino exploiteront brillamment le filon 10 ans plus tard avec l'hybride et tonitruant Une Nuit en Enfer.

* Bruno
3èx

Box office France: 60 345 entrées                           

Les Génies du Mal

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

LES GENIES DU MAL ("Evil Genius: The True Story of America's Most Diabolical Bank Heist") de Barbara Schroeder. Documentaire produit par Netflix, sorti en mai 2018.
 
4 parties de 50' approx. Saison 1. 


                                                                       "Pizza bomber".

Un livreur de pizza affublé d'un collier explosif autour du cou se dirige dans une banque pour braquer 250 000 dollars. A sa sortie, la police l'accueille en fanfare, mais la minuterie se déclenche et l'individu, davantage agité, prétend qu'il n'est qu'une victime et que la bombe va sans doute exploser. Les démineurs sont en chemin, mais un embouteillage ralenti leur course !

Deux jours plus tard, on retrouve un acolyte du braqueur, également livreur de pizza, mort d'une overdose à son domicile. 

Deux semaines plus tard, un homme contacte la police pour avouer qu'il a planqué un cadavre dans son congélateur à la demande de sa voisine, potentielle meurtrière atteinte de troubles mentaux bipolaires. On apprend ensuite que le braqueur avait livré des pizzas au domicile de cette dernière la veille de son attaque.  

L'affaire Brian Wells ne fait que commencer ! 


Fait-divers incongru truffé de rebondissements impromptus jusqu'à sa glaçante conclusion, Les Génies du Mal relate avec force et détails l'équipée délétère d'une bande de pieds-nickelés à l'intelligence retorse par leur commune détermination de se railler de la police afin d'éviter la peine de mort. Les frères Cohen auraient sans doute adorer mettre en scène ce synopsis aussi insolite que saugrenu, notamment en y dressant le portrait d'une misandre, ou plutôt d'une veuve noire passée maître dans l'art du bagout manipulatoire. 

Hypnotique à travers son suspense implacable, constamment étrange et inquiétant, voir parfois même terrifiant (les nombreux entretiens avec Marjorie affublée d'un regard noir détaché à la fois tuméfié et mortifié) les Génies du Mal nous confronte à l'un des crimes les plus bizarres et mystérieux que les Etats-Unis eurent connu (pour reprendre, non sans une certaine dérision, une tagline de The Texas Chainsaw Massacre). 


10/10
P.S: Un grand merci Corinne Phlippe ^^

mercredi 3 février 2021

Sanctions !

 

Roman écrit par David Didelot, publié en Décembre 2020. 

Une expérience horrifique aussi intolérable et authentique que A Serbian Film et Cannibal Holocaust, ad nauseam. 

Pour la 1ère fois chez Strange Vomit Dolls, je me permets d'opérer ce petit écart, cette parenthèse "enchantée" afin de vous évoquer le premier roman d'un néophyte féru d'amour du genre. Et ce en y écartant ma fameuse tagline: "quand on aime, on aime toujours trop". Car comment peut-on "aimer" de manière goulue un roman aussi extrême et hardgore ne reculant devant aucune limite ! Une intrigue résolument émétique donc conçue de l'esprit érudit d'un prof de français (dans sa vie professionnelle) qui, à travers ce(tte) (docu-) fiction, prend sa revanche auprès de ses élèves les plus dissipés (le tueur est en l'occurrence prof de français !). Et ce en mode sardonique en roue libre jusqu'à la gêne occasionnée ! Ainsi, féru de fougue et de passion pour le cinéma horrifique à ses heures perdues (avec une prédilection pour nos artisans italiens si je ne m'abuse), David Didelot est un personnage aussi attachant que talentueux que j'ai eu la chance de rencontrer à moult reprises lors du fameux Bloody Week-end d'Audincourt créé par Loïc Bugnon. Une convention du cinéma Fantastique réunissant chaque année des milliers de partisans en liesse pour leur divertissement fétiche. Mais lorsqu'il décide d'élaborer son premier roman chez Zone 52 Editions, David n'y va pas de main morte avec son parti-pris à la fois draconien / hétérodoxe d'y repousser les limites du raisonnable. Car, à l'instar des films maladifs Cannibal Holocaust, A serbian Film ou encore La Dernière maison sur la Gauche, Sanctions ! n'est surement pas conçu pour plaire au grand public afin de le caresser dans le sens du poil. Non, car comme le souligne le dos de la couv, Sanctions ! est à réserver à un public averti, en y écartant l'ombre d'une provocation mercantile. Si bien qu'émotionnellement parlant, et selon mon jugement de valeur (somme toute - hyper - sensible), j'ai ressenti le même effet de dégoût /fascination/répulsion qu'avec The Human Centipede (1 et 2) et l'infamant A Serbian Film (décrié aux 4 coins du monde). 


L'auteur traitant ici avec un talent de conteur hors-pair (l'intrigue reste passionnante de la 1ère à la dernière ligne, avec en filigrane, une investigation haletante entre flics et lycéens peu recommandables) des thèmes du Snuf movie circulant sur le dark web avec un goût prononcé pour la scatologie, la pisse, le sperme, le jus de chatte (comme il le précise sans ambages fréquemment) et le sang crapoteux que certains cinéastes italiens ont su opérer lors de l'âge d'or des années 80. Si bien que David s'emploie d'ailleurs en intermittence à leur rendre hommage au gré de divers clins d'oeil et mini références que les amateurs auront plaisir à se remémorer à travers des titres mémorables que nos antagonistes miteux affectionnent dans leur collection Vhs. Et si dès le préambule, il nous averti fissa du contenu extrême et trivial de cette débauche de tortur'porn, renforcée qui plus est de réparties rustres décomplexées, le reste demeure toujours plus éprouvant quand au second rapt livré sans anesthésie. Autant avouer que Sanctions ! c'est du sérieux, du 1er degré inmontrable, de l'horreur d'égout comme rarement un auteur n'eut parvenu à le décrire avec autant de détails anatomiques et de vérisme sordide. Si bien que David, littéralement habité par l'esprit démonial de ce couple en rut, viole notre esprit sans daigner nous demander pardon. Toute l'intrigue intimiste relatant avec une vérité psychologique extrêmement dérangeante les exactions ludiques d'un couple d'amants obsédés par le cul et la viande ! Et pour un premier roman gore discrètement publié, on reste sidéré par sa puissance de réalisme putrescent/olfactif d'après une galerie de personnages aussi passionnants que révoltants. David parvenant à nous immerger dans l'esprit paraphile de ces personnages insolents avec une intensité émotionnelle quasi insoutenable (on est parfois contraint de stopper la lecture pour se laver quelques secondes notre esprit de tant de débauche pornographique). 


Donc voilà, Sanctions !, c'est du roman gore underground à ne surtout pas mettre entre toutes les mains. Une expérience horrifique inusitée que l'insolent David Didelot retransmet avec une audacieuse et effrontée expression sadienne. Tout en se permettant d'y dénoncer à travers son récit d'exploitation les dérives immorales d'un voyeurisme licencieux que certains internautes osent frauder en circulant sur les pages de web clandestin adeptes du Snuff. Entre appétence du cannibalisme et de la pédopornographie. Difficile d'en sortir indemne donc dans sa conjugaison des sentiments contradictoires d'épanouissement lubrique et de jouissance nécrophile dévoilées ici dans une stricte intimité conjugale dénuée de vergogne. Un portrait inoubliable que de dépeindre de la façon la plus bestiale cette monstruosité humaine que notre société contemporaine engendra depuis l'éclosion des réseaux sociaux. 

*Bruno

Ci-joint lien pour le commander: http://zone52-web.blogspot.com/2020/12/collection-karnage.html