mercredi 29 novembre 2023

La Colline a des Yeux 2 / The Hills have eyes 2

                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Weisz. 2007. U.S.A. 1h29. Avec Michael McMillian, Jessica Stroup, Daniella Alonso, Jacob Vargas, Lee Thompson Young, Ben Crowley. 

Sortie salles France: 20 Juin 2007 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Martin Weisz est un réalisateur allemand né le 27 mars 1966 à Berlin. 2006 : Confession d'un cannibale. 2007 : La Colline a des yeux 2. 2014 : Squatters. 

Pourquoi tant de haine ? 

Etrillé de façon tranchée par la critique et le public dès sa sortie, La Colline a des Yeux 2 ne méritait pas tant de discrédit, aussi superficiel soit son contenu mainstream conçu pour rameuter les foules en mal de sensations. Car si effectivement le réalisateur allemand Martin Weisz ne cherche surement pas la subtilité à travers son intrigue à la fois triviale et éculée, l'énergie de sa mise en scène, la beauté de sa photo solaire, la brutalité de ses séquences ultra gores, certaines trouvailles bienvenues (l'incursion d'un antagoniste salvateur, la cabine des WC) et l'intensité de certains affrontements barbares renforcent le capital hautement sympathique du projet. Quand bien même on peut tout aussi bien vanter l'aspect repoussant des mutants cannibales ici toujours aussi dégénérés, terrifiants, dénués de pitié comme le soulignent certaines séquences furibondes à la limite du supportable (le viol crapoteux est franchement impressionnant de par son réalisme insolent imparti aux châtiments pervers). 

Ainsi donc, si la psychologie sommaire des protagonistes laisse évidemment à désirer, Martin Weisz pratique pour autant une certaine forme de second degré et d'humour noir en se raillant du corps militaire avec une ironie souvent délectable tant certains d'eux se fondent dans le corps de gros bras avec une prétention (presque) sciemment ridicule. Sans compter leur attitude tantôt irresponsable lorsqu'ils osent s'aventurer indépendamment dans les endroits les plus épineux. Mais outre cette galerie de personnages gogos toutefois assez convaincants pour tenir compte de leur sort en instance de survie, deux personnages (un homme, une femme) tirent leur épingle du jeu afin de s'attacher à eux durant le périple horrifique fertile en trafalgars, chausse-trappes (avec une assez belle exploitation des décors miniers) et rebondissements à travers leur humanisme empathique, leur solidarité commune, leur bravoure de dernier ressort assez fructueux. 

Franchement ludique et jamais ennuyeux de par son rythme homérique exempt de césure, La Colline a des Yeux 2 contient suffisamment de rythme, d'intensité, d'audaces et de formalité dépaysante pour maintenir notre attention avec une immersion finalement complice. Flingué fissa à sa sortie pour des raisons qui m'échappent, ce "Vendredi 13" à  la fois hardcore, sépia et vitriolé est loin de naviguer vers les cimes du navet tant il divertit avec une générosité résolument sincère et métronome. A redécouvrir. 

Pour public averti.

*Bruno
2èx. Vostfr

vendredi 24 novembre 2023

The Crow, la Cité des Anges / The Crow: City of Angels

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tim Pope. 1996. U.S.A. 1h26. Avec Vincent Perez, Mia Kirshner, Richard Brooks, Iggy Pop, Thuy Trang, Thomas Jane.

Sortie salles France: 5 Février 1997. U.S: 30 Août 1996.

FILMOGRAPHIETim Pope est un réalisateur britannique né le 12 février 1956 à Hackney. 
1996 : The Crow, la cité des anges (The Crow: City of Angels). 


Totalement inutile (juste un copié-collé à peu de choses près), et donc à 100 lieux de son modèle insurpassable, The Crow la cité des anges est néanmoins (avec le recul) gentiment charmant et attachant, parfois même envoûtant auprès de son ambiance néo-gothique, auprès du charme innocent de Sarah (Mia Kirshner transperce l'écran de par la douce intensité de son regard bleu-émeraude) et surtout auprès de sa facture visuelle autrement cauchemardesque à travers ses teintes jaunes et ocres. Et si Vincent Perez a bien du mal à nous faire omettre l'icone Brandon Lee, il s'efforce toutefois d'imposer sa propre personnalité avec une certaine sobriété l'évitant ainsi de sombrer dans le ridicule. En revanche excellent atout en la présence inattendue du chanteur Iggy Pop endossant un junky destroy avec son charisme en lame de couteau indécrottable. Dommage enfin que certaines scènes d'action (parfois habilement) bricolées ne soient pas si percutantes qu'escomptée et que sa BO pop/rock, heavy metal soit un peu mal exploitée pour mieux nous immerger dans son opéra macabre sur un air festoyant de carnaval mexicain.


*Bruno
3èx. Vostfr.

mercredi 22 novembre 2023

Les Innocents aux mains sales

                                            
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Chabrol. 1975. France/Italie/Allemagne de l'Ouest. 2h01. Avec Romy Schneider, Rod Steiger, Paolo Giusti, Pierre Santini, François Maistre, Jean Rochefort, François Perrot, Hans Christian Blech.

Sortie salles France: 26 Mars 1975

FILMOGRAPHIE (Part 1): Claude Chabrol, né le 24 juin 1930 à Paris où il est mort le 12 septembre 2010, est un réalisateur français, également producteur, scénariste, dialoguiste et à l'occasion acteur. 1958 : Le Beau Serge. 1959 : Les Cousins. 1959 : À double tour. 1960 : Les Bonnes Femmes. 1961 : Les Godelureaux. 1962 : Les Sept Péchés capitaux (segment L'Avarice). 1962 : L'Œil du Malin. 1963 : Ophélia. 1963 : Landru. 1964 : L'Homme qui vendit la tour Eiffel (segment dans Les Plus Belles Escroqueries du monde). 1964 : Le Tigre aime la chair fraîche. 1965 : Paris vu par... (segment La Muette). 1965 : Marie-Chantal contre docteur Kha. 1965 : Le Tigre se parfume à la dynamite. 1966 : La Ligne de démarcation. 1967 : Le Scandale. 1967 : La Route de Corinthe. 1968 : Les Biches. 1969 : La Femme infidèle. 1969 : Que la bête meure. 1970 : Le Boucher. 1970 : La Rupture.


Plutôt rare et oublié, cet excellent thriller Chabrolien se veut un hommage à Hitchcock à travers son incroyable scénario machiavélique multipliant les rebondissements sans pouvoir les anticiper. Et ce en imposant la patte de notre auteur français instaurant un climat d'étrangeté au rythme lent qui pourrait dérouter une frange de spectateurs, faibles connaisseurs de sa filmographie pour autant pléthorique. Bénéficiant d'une distribution solide (Jean Rochefort nous offre un savoureux numéro d'avocat lunaire aussi zélé que tranquille, Rod Steiger est à la fois pathétique et empathique en époux bourru sombrant dans l'alcoolisme faute de son échec conjugal), Les Innocents aux mains sales se pare d'une rigueur indéfectible en la présence de Romy Schneider. Une mante religieuse discrètement vénéneuse à l'évolution morale passionnante eu égard de sa rétractation à reconsidérer ses actions et l'amour pour ses amants auprès d'une rédemption improvisée à notre (agréable) surprise. Claude Chabrol bouclant son récit dramatique autour de ce trio sans vergogne à travers un épilogue aussi couillu que singulier afin de hanter le spectateur emporté dans une amertume dérangée. Sans compter cette misogynie insoluble auprès d'une gent masculine plutôt machiste, à l'instar des 2 inspecteurs d'une verve ironique à la fois salace, méprisante, arrogante. Un thriller moite, inquiétant, désarçonnant, baroque, chaudement recommandé donc si bien qu'il ne nous laisse pas indemne sitôt le générique clos. 


*Bruno

FILMOGRAPHIE (Part 2): 1971 : Juste avant la nuit. 1971 : La Décade prodigieuse. 1972 : Docteur Popaul. 1973 : Les Noces rouges. 1974 : Nada. 1975 : Une partie de plaisir. 1975 : Les Innocents aux mains sales. 1976 : Les Magiciens. 1976 : Folies bourgeoises. 1977 : Alice ou la Dernière Fugue. 1978 : Les Liens de sang. 1978 : Violette Nozière. 1980 : Le Cheval d'orgueil. 1982 : Les Fantômes du chapelier. 1984 : Le Sang des autres. 1985 : Poulet au vinaigre. 1986 : Inspecteur Lavardin. 1987 : Masques. 1988 : Le Cri du hibou. 1988 : Une affaire de femmes. 1990 : Jours tranquilles à Clichy. 1990 : Docteur M. 1991 : Madame Bovary. 1992 : Betty. 1993 : L'Œil de Vichy. 1994 : L'Enfer. 1995 : La Cérémonie. 1997 : Rien ne va plus. 1999 : Au cœur du mensonge. 2000 : Merci pour le chocolat. 2002 : La Fleur du mal. 2004 : La Demoiselle d'honneur. 2006 : L'Ivresse du pouvoir. 2007 : La Fille coupée en deux. 2009 : Bellamy.

mardi 21 novembre 2023

Les Canons de Navarone / The Guns of Navarone

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de Jack Lee Thompson. 1961. Angleterre/U.S.A. 2h37. Avec Gregory Peck, David Niven, Anthony Quinn, Stanley Baker, Anthony Quayle, James Darren,Irène Papas, Gia Scala.

Sortie salles France: 8 Septembre 1961. U.S: 22 Juin 1961

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Jack Lee Thompson (John Lee Thompson), est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 1er Août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 Août 2002 à Sooke (Canada). 1955: An Alligator Named Daisy. 1959: Aux Frontières des Indes. 1959: Les Yeux du Témoin. 1961: Les Canons de Navarone. 1962: Les Nerfs à Vif. 1962: Tarass Boulba. 1963: Les Rois du Soleil. 1964: Madame Croque-maris. 1965: l'Encombrant Monsieur John. 1966: l'Oeil du Malin. 1969: l'Or de Mackenna. 1969: l'Homme le plus dangereux du monde. 1970: Country Dance. 1972: La Conquête de la Planète des Singes. 1973: La Bataille de la Planète des Singes. 1976: Monsieur St-Yves. 1977: Le Bison Blanc. 1979: Passeur d'Hommes. 1980: Cabo Blanco. 1981: Happy Birthday. 1981: Code Red (télé-film). 1983: Le Justicier de Minuit. 1984: l'Enfer de la Violence. 1984: l'Ambassadeur: chantage en Israel. 1985: Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon. 1986: La Loi de Murphy. 1986: Le Temple d'Or. 1987: Le Justicier braque les Dealers. 1988: Le Messager de la Mort. 1989: Kinjite, sujets tabous.

Du grand cinéma d'action à l'ancienne entouré de stars prestigieuses qu'on ne se lassera jamais de revoir (on ne voit même pas défiler les 2h37) tant le travail artisanal est ici retranscrit avec souci consciencieux. On apprécie en filigrane la qualité de ses effets-spéciaux toujours aussi bluffants aujourd'hui, récompensé à juste titre d'un Oscar. 

Copie 4K: 10/10

*Bruno

                                                       L'archétype du film de commando

Une grosse machine de guerre anglo-américaine qui décrit des aventures militaires plus spectaculaires que vraiment surprenantes. Inspiré d'une histoire romancée par Alistair McLean entièrement fictive, mais plausible, c'est du cinéma à grand spectacle tourné en Grèce et dans les Balkans, et soutenu par une célèbre musique de Dimitri Tiomkin, où les événements dramatiques se succèdent comme une série de petits morceaux de bravoure, et dont le clou final reste la destruction de ces énormes canons. La recette est courante : un petit groupe d'hommes intrépides, une mission impossible et périlleuse, les inévitables Allemands dans le rôle du méchant, une grosse dose de suspense et d'héroïsme... et ça vous donne un grand film de guerre au succès international, qui bénéficie d'une interprétation de qualité grâce à de grandes stars et une poignée de solides acteurs de second plan. Vu comme ça, on a l'impression que je présente le film d'une façon ironique, mais pas du tout, j'adore ce film, je l'ai en DVD et j'adore le revoir, j'aime ces superproductions qui même si elles n'ont pas toujours une grande ambition artistique, ont ce côté soigné et cet amour du travail bien fait, et je sais que je passerai à chaque fois un bon moment. Les personnages sont dessinés simplement et restent au sein de cette aventure des hommes pris dans la guerre qui doivent remplir une mission coûte que coûte, l'essentiel réside donc dans l'action et le suspense ; on passera aussi sur les effets obsolètes (les canons en cartons qui s'écroulent dans un bassin), il est clair qu'on ne ferait plus ainsi de nos jours, mais pour l'époque c'est pas si mal. Une grande fresque à gros budget, sans cesse captivante, et devenue un classique.

Ugly (Sens Critique)
9/10       

Récompenses:

Oscars 1962 : Meilleurs effets spéciaux pour Bill Warrington

Golden Globes 1962 :

Golden Globe du meilleur film dramatique

Golden Globe de la meilleure musique de film pour Dimitri Tiomkin

vendredi 17 novembre 2023

Ghost

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jerry Zucker. 1990. U.S.A. 2h06. Avec Patrick Swayze, Demi Moore, Whoopi Goldberg, Tony Goldwyn, Rick Aviles, Vincent Schiavelli. 

Sortie salles France: 7 Novembre 1990. U.S: 13 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: Jerry Zucker est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain, né le 11 mars 1950 à Milwaukee, dans le Wisconsin. 1979 : Rock 'n' Roll High School. 1980 : Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (Airplane!) coréalisé avec Jim Abrahams et David Zucker. 1984 : Top secret ! coréalisé avec Jim Abrahams et David Zucker. 1986 : Y a-t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? (Ruthless People) coréalisé avec Jim Abrahams et David Zucker. 1990 : Ghost. 1995 : Lancelot, le premier chevalier (First Knight). 2001 : Rat Race. 

                                             

Enorme succès international (chez nous il cumule 3 047 553 entrées) si bien qu'il engrange 505,7 millions de dollars de recettes (vs 22 millions de budget) alors que les critiques à l'époque (tout du moins chez nous) furent assez timorées en dépit de ses 2 oscars (Meilleur Scénario, Meilleure Actrice de second-rôle pour Whoopi Goldberg), Ghost marqua de son empreinte commerciale l'année 90. Et à la revoyure, ce succès notoire est largement compréhensible et mérité eu égard du pouvoir attractif de ce divertissement rondement mené, étudié, géré, digéré de par sa maîtrise des genres étonnamment disparates (thriller, horreur, romance, comédie, drame se télescopent avec une alchimie insensée !). Car outre l'aspect jouissif de nos sentiments contradictoires manipulés avec beaucoup d'habileté et d'intelligence (on passe du rire aux larmes, de l'angoisse à une certaine forme de terreur - les ombres démoniales qui emportent les âmes damnées font franchement froid dans le dos -), Ghost doit autant de sa vigueur émotionnelle, de son pouvoir séducteur pour la structure d'une intrigue passionnante multipliant quiproquos et rebondissements avec autant d'humour que de suspense haletant, que pour l'emprise sentimentale que génère le couple Demi Moore / Patrick Swayze crevant l'écran 2h06 durant. 


D'autre part, l'oeuvre tantôt grave, sensible, touchante et bouleversante (à l'instar de la fragilité épurée d'une Demi Moore juvénile d'une surprenante sensibilité naturelle à s'efforcer de croire à l'improbable pour y accepter son deuil) est exacerbée par la disparition de Patrick Swayze illuminant l'écran avec une force émotive toute aussi bien tenace que bienveillante à s'efforcer de préserver la vie de sa partenaire en berne en proie à un danger létal aussi sournois que perfide. Tony Goldwyn endossant le méchant cadre cupide avec une aisance expressive littéralement détestable. Quant à Whoopi Goldberg récompensée de son Oscar, son naturel inné à susciter les éclats de rire parmi son insatiable fringance fait mouche tant le spectateur se divertit en diable de ses excentricités labiales et comportementales durant tout le long de la seconde partie du récit fertile en actions aussi bien décomplexées que nuisibles quant aux tueurs lancés à ses trousses. Et pour parachever je tiens à relever 2 séquences anthologiques d'une puissance émotive proche de la féerie en me référant à la magnifique scène érotique de la poterie et à celle des adieux de nos amants lors d'une étreinte spirituelle résolument divine. Une ultime séquence (prémonitoire) d'autant plus bouleversante quant on connait le triste destin que connu en fin de carrière le regretté Patrick Swayze nous imprimant ici une interprétation nuancée dans toutes les mémoires en ectoplasme inconsolable transi d'émoi, d'amour et de fulgurance colérique pour préserver l'être aimé. 


On y croit tous ! 
Un divertissement commercial, certes, mais une vraie réussite (des genres) n'ayant rien perdu de son pouvoir émotionnel/ludique sous l'impulsion d'effets-spéciaux encore aujourd'hui crédibles pour tenir lieu de croire à l'improbable (même si l'ultime image incandescente demeure un tantinet grossière) 

*Bruno
5èx. vf

Oscars 1991 :

Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Whoopi Goldberg

Oscar du meilleur scénario original pour Bruce Joel Rubin

Golden Globes 1991 : Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Whoopi Goldberg

Saturn Awards 1991 :

Saturn Award du Meilleur film fantastique

Saturn Award de la Meilleure actrice pour Demi Moore

Saturn Award de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Whoopi Goldberg

British Academy Film Awards 1991 : BAFTA de la meilleure actrice dans un rôle secondaire pour Whoopi Goldberg

NAACP Image Awards 1992 : prix de la Meilleure actrice pour Whoopi Goldberg

Nikkan Sports Film Awards 1990 : prix du Meilleur film étranger

ASCAP Film and Television Music Awards 1991 : prix du « Top Box Office Films » pour Maurice Jarre

American Comedy Awards 1991 : prix de l'actrice dans un rôle secondaire la plus drôle pour Whoopi Goldberg

Goldene Leinwand 1991

Kansas City Film Critics Circle Awards 1991 : prix de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Whoopi Goldberg

People's Choice Awards 1991 : prix du Film dramatique préféré

Prix du film Mainichi 1991 : prix du choix des lecteurs du Meilleur film étranger

Prix Sant Jordi 1991 : prix du Meilleur film étranger

Young Artist Awards 1991 : prix du Film familial le plus divertissant

mardi 14 novembre 2023

The Creator

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gareth Edwards. 2023. U.S.A. 2h15. Avec John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan, Ken Watanabe, Allison Janney, Sturgill Simpson, Ralph Ineson, Marc Menchaca.

Sortie salles France: 27 Septembre 2023

FILMOGRAPHIE: Gareth Edwards est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 31 Décembre 1975. 2010 : Monsters. 2014 : Godzilla. 2016: Rogue One: a star wars story. 2023: The Creator. 


L'enfant roi.
Impossible pour moi d'établir un avis concret détaillé juste après avoir subi de plein fouet ce choc visuel aussi prégnant que Blade Runner (carrément oui j'ose le dire), si bien que je n'ai pas vu défiler les 2h15 (2h04 sans le générique) au point de me surprendre de voir débouler brutalement le générique final sans pouvoir comprendre ce que je venais de vivre le temps (trop furtif) de cette expérience chimérique. Alors oui, si certains ont reproché la simplicité de son scénario classique il est vrai, il m'eut paru pour autant dense, réflexif, spirituel, métaphysique, digne d'intérêt pour les rapports de force les moins véreux, pour son discours sur l'impérialisme ricain et pour l'enjeu de la survie de l'humanité sous l'impulsion d'une profondeur humaine désespérée. Et ce en y opposant personnages de chair et humanoïdes au sein d'une compétition belliqueuse militant en filigrane pour une paix universelle quand on saisi les tenants et aboutissants des rapports de force finalement fallacieux. Ainsi donc, à cause de son pouvoir visuel littéralement fascinatoire, ensorcelant, immersif, capiteux, de par l'intensité de ce dépaysement authentifié, je suis parfois un peu passé à côté de son intensité émotionnelle impartie aux rapports humains d'amour filial et familial. A moins qu'il y manque une certaine maîtrise pour rendre compte de la psychologie fragile de ces personnages partagés entre doute, remise en question, revirement sacrificiel. 

Or, les acteurs (communément) charismatiques sont pleinement investis dans leur mission alerte pour se fondre dans ce décor d'anticipation avec un humanisme aussi torturé que contrarié eu égard de l'avalanche d'incidents guerriers qui irriguent l'intrigue auprès d'effets spéciaux numériques ahurissant de réalisme presque charnel. Bref, le grand spectacle escompté est rigoureusement si stupéfiant, palpable, sensoriel, plus vrai que nature, que l'on en perd parfois le fil narratif à force de (trop) se concentrer sur sa virtuosité formelle fourmillant d'autant de détails techniques et ornementaux que Blade Runner de Scott (encore lui). Je reste en tous cas persuadé que The Creator gagnera en fiabilité et réputation au fil des années pour atteindre le niveau de classique tant le métrage novateur dégage une puissance formelle (mais aussi discursive) résolument trouble quant à notre devenir de l'humanité potentiellement tributaire de l'IA, pour le meilleur et (ou) pour le pire. En tout état de cause, loin de se soumettre à l'apologie de la guerre (c'est tout le contraire dont il s'agit en y dénonçant le mensonge, l'hypocrisie, le faux-semblant), The Creator me semble porteur d'espoir par son message autant divin que technologique afin de préserver le calme plutôt que la tempête dans un futur anarchisé. Tristement actuel donc au point de se questionner sur l'éventuelle humanisation d'une intelligence artificielle autrement plus lucide, pacifiste, tolérante, déférente envers son prochain. A revoir absolument passée sa digestion visuelle. 

*Bruno

Doomsday

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Neil Marshal. 2008. U.S.A/Afrique du Sud, Allemagne/Angleterre. 1h52 (Uncut). Avec Rhona Mitra, Bob Hoskins, Adrian Lester, Alexander Siddig, David O'Hara, Malcolm McDowell, Craig Conway.

Sortie salles France: 2 Avril 2008

FILMOGRAPHIE: Neil Marshall, né le 25 mai 1970 à Newcastle upon Tyne en Angleterre au Royaume-Uni, est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur britannique. 2002: Dog Soldiers. 2005: The Descent. 2008: Doomsday. 2010: Centurion.

Un Bis de luxe incompris formidablement ludique pour le plus pur plaisir du fun décomplexé. 

Pur trip d'actionner bourrin (Dieu sait si je déteste cette locution), Doomsday est un plaisir de chaque instant à tous ceux et toutes celles qui vouent une véritable affectation au cinéma Bis "post-apo" que les transalpins se sont surtout appropriés dans les années 80 à travers leur système D, entre débrouillardise et générosité en roue libre. C'est peut-être d'ailleurs à cause de ce malentendu que le film fut à l'époque si mal perçu par la critique quand bien même le jeune public réfractaire aux séries Z de cette époque révolue n'avaient pas le bagage culturel pour les comprendre. Si bien qu'en l'occurence, et à la revoyure d'un regard autrement plus indulgent, complice, fougueux, en mode "âme d'enfant", Doosmday transpire l'amour de la série Z (de luxe !) à l'aide d'un budget contrairement plus dense, substantiel eu égard de l'avalanche de scènes d'action pétéradantes chorégraphiées au sein d'une scénographie urbaine aussi vaste que dépaysante (la partie moyen-ageuse totalement lunaire injecte un effet de surprise beaucoup plus appréciable à la revoyure). Et si on peut déplorer que les bastonnades corporelles demeurent étonnamment timorées car peu véloces et inventives, les gun-fight, courses poursuites et cascades automobiles sont heureusement d'un niveau technique autrement plus persuasif afin d'appuyer l'attrait jouissif de situations aussi saugrenues que débridées. 

Le final mad-maxien est d'aileurs sans doute le moment le plus jubilatoire par son délire assumé d'une action hyperbolique à donner le vertige. L'intrigue, à peine influencée par le référentiel  New-York 1997 (on remplace l'anti-héros par une anti-héroïne en mission pour récupérer un sérum au sein de la prison urbaine d'Ecosse afin de sauver Londres d'un virus mortel) n'étant qu'un pur prétexte à cumuler les affrontements barbares, bourrins, bien gorasses avec un art consommé de la désinhibition (tous les acteurs sont à la fête). Neil Marshal ne se prenant nullement au sérieux pour rendre hommage à tout un pan de la série Z italienne qu'auront marqué de leur empreinte Atomic Cyborg, 2019 après la chute de New-York, les Guerriers du Bronx; le Gladiateur du Futur et consorts). Pour se faire, outre son budget beaucoup plus conséquent au sein d'un format scope crépusculaire (en dépit du final résolument solaire), il s'entoure notamment d'illustres acteurs que forment Bob Hoskins en faire-valoir conseiller jouant la sobriété assumé et Malcolm McDowell en dictateur médiéval à l'ironie à peine tacite. Quant à Rhona Mitra, si elle ne délivre pas l'interprétation de l'année, elle s'avère suffisamment pugnace, renfrongnée, affirmative, voire même assez charismatique de par son regard borgne (électronique !) pour se laisser aimablement convaincre de sa posture héroïque en leader féministe à l'autorité frondeuse (l'épilogue attendu, pied de nez au politiquement correct). 

                                            

Généreux en diable à travers son contexte de divertissement du Samedi soir ne tablant que sur le rythme endiableé et l'excentricité des punks décervelés pour rendre un charmant hommage à la série B/Z du post-nuke des Eighties, Doomsday insuffle une sympathie assez jouissive pour rendre l'attraction pop-rock (concert improvisé en sus génialement entrainant sous l'impulsion de Frankie Goes to Hollywood) jamais ennuyeuse au sein de ces règlements de compte déjantés, cocasses, triviaux, devergondés aussi. 

*Bruno
2èx. Vf

lundi 13 novembre 2023

The Killer

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Fincher. 2023. U.S.A. 2h00. Avec Michael FassbinderTilda Swinton, Charles Parnell, Arliss Howard, Kerry O'Malley, Sophie Charlotte, Emiliano Pernía.

Diffusé sur Netflix le 10 Novembre 2023

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl. 2020: Mank. 2023: The Killer. 

Pas un grand Fincher, faute d'une intrigue éculée plutôt classique, mais un excellent polar qui tient la route et retient l'attention (on ne s'ennuie pas une seconde) grâce au jeu personnel de Michael Fassbinder en tueur à gage méthodique, taiseux, impassible, et à la maîtrise de la mise en scène quasi hypnotique. Avec une scène de baston sidérante d'intensité fulgurante pour tenir lieu de brio technique et de gestion des sentiments d'appréhension et d'effroi. Photo scope, subtilité de la luminosité nocturne et bande-son à la fois concise et monocorde aussi habités par le goût du travail bien fait.

*Bruno

jeudi 9 novembre 2023

U-571

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jonathan Mostow. 2000. U.S.A/France. 1h56. Avec Matthew McConaughey, Bill Paxton, Harvey Keitel, Jon Bon Jovi, David Keith.

Sortie salles France: 6 Septembre 2000

FILMOGRAPHIE: Jonathan Mostow est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 28 novembre 1961 à Woodbridge, Connecticut (États-Unis). 1991: Flight of Black Angel. 1997: Breakdown. 2000: U-571. 2003: Terminator 3: Le Soulèvement des machines. 2009: Clones. 2017: The Professionnal (Hunter's Prayer).


Ce film est dédié aux matelots et aux officiers alliés qui risquèrent leur vie pour s'emparer d'Enigma pendant la bataille de l'Atlantique. 
9 Mai 1941, Machine Enigma et codes saisis sur l'U-110 par HMS Bulldog et HMS Aubretia. 
30 Octobre 1942, Chiffre météo saisi sur l'U-559 par HMS Petard. 
4 Juin 1944, Machine Enigma et codes saisis sur l'U-505 par US Navy. 

Epoustouflant ! Peux pas mieux dire. S'il y a bien un film de sous-marin oublié aujourd'hui et méritant toute votre attention, c'est bien ce métrage natif des années 2000. Et c'est bougrement dommage lorsque l'on revoit ce modèle du genre mené de main de maître par Jonathan Mostow (sa déclinaison super efficace de DuelBreakdown, le mal aimé et pourtant fort réussi Terminator 3) cumulant les scènes d'anthologie à rythme quasi métronomique passée la 1ère partie pour la présentation des personnages et des préparatifs de leur mission. Véritable expérience immersive au sein d'un huis-clos à la fois humecté, exigu, étouffant, rubigineux, notamment grâce à la précision du son récompensé d'un Oscar à l'époque (faites tourner urgemment vos Home Cinema !), U 571 prône admirablement les valeurs de bravoure, de résilience et de sens du sacrifice avec une intensité surmenée. 

Eu égard de l'avalanche d'incidents, offensives, contre-offensives explosives qu'une poignée de matelots et d'officiers ricains tentent de repousser après s'être emparés d'un sous-marin allemand détenant la fameuse chiffreuse Enigma qui leur permettait de communiquer secrètement entre alliés. Sans céder à une quelconque surenchère aussi vaine que gratuite, toutes les séquences d'action qui empiètent les enjeux de survie sont entièrement soumises à l'épreuve de force que transcendent ces forces navales américaines sous l'impulsion d'un cast (Matthew McConaughey d'une redoutable ténacité en commandant de fortune, Bill Paxton, Harvey Keitel, Jon Bon Jovi, David Keith) habité par l'appréhension autant que le courage de vaincre l'insurpassable. Et c'est autant ce qui fait la force, la dignité de ce furibond récit inspiré de fait réels que de nous démontrer avec un réalisme ahurissant les efforts surhumains qu'ont pu perpétrer ces héros de la seconde guerre avec une audace aussi stoïque et incongrue que désespérée. On en sort donc aussi lessivé qu'admiratif d'avoir témoigné d'autant de bravoures en un minimum de temps et parmi la présence d'un ennemi allemand impitoyable. 


Spectacle absolu littéralement époustouflant au sens large autant que vibrant hommage héroïque forçant le respect, U-571 est à ne rater sous aucun prétexte d'autant plus qu'il est conçu à l'ancienne à faire pâlir les films d'action actuels bien trop souvent débilitants, opportunistes, hyperboliques, vite oubliés. Du grand art.

P.S: Copie 4K restaurée hallucinante de beauté immaculée. 

*Bruno
2èx. vf

mercredi 8 novembre 2023

Les Ordres du Mal / Sister Death / Hermana muerte

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paco Plaza. 2023. Espagne. 1h30. Avec Aria Bedmar, Maru Valdivielso, Luisa Merelas, Almudena Amor, Chelo Vivares, Sara Roch, Olimpia Roch.

Diffusé sur Netflix le 27 Octobre 2023

FILMOGRAPHIE: Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1973 à Valence (Espagne). 2002: Les Enfants d'Abraham. 2004: L'Enfer des Loups. 2006: Scary Stories. 2007: REC. 2008: REC 2. 2012: REC 3 Genesis. 2019: Quien a hierro mata. 2021: La abuela. 2023: Hermana Muerte. 

Si réducteur de discréditer de manière (trop souvent) expéditive les productions Netflix, principalement à travers les réseaux sociaux où les langues se délient facilement pour le meilleur et surtout pour le pire. Si bien que Les Ordres du Mal ne déroge pas à la règle de la bonne surprise sous l'impulsion de Paco Plaza étonnamment inspiré à nous proposer un film d'horreur 1er degré. Pour ne pas dire à contre-emploi des prods mainstream ciblant bien trop souvent le public ado en mal d'effets chocs n'ayant aucune culture du cinéma Fantastique au sens noble. Et même si on pourrait reprocher, à raison, une intrigue simpliste cédant lors des 20 dernières minutes à une démonstration de force en roue libre, Les Ordres du Mal demeure si constamment efficace et inquiétant, formellement soigné (un réel plaisir des yeux), atmosphérique en diable (à ce niveau il y a une véritable création picturale au sein de cet univers chrétien sous formol), anxiogène au possible, parfois même terrifiant auprès de visions d'effroi aussi originales qu'inventives qu'il ne peut que ravir le public adulte résolument attentif aux faits et gestes de soeur Narcisa. 

Celle-ci affublée d'une toge de soie blanche naviguant entre hallucinations et réalité au point de ne plus pouvoir distinguer la rationalité de sa quotidienneté déjà perturbée par la culpabilité morale. Aria Bedmar portant le film sur ses frêles épaules de par sa fragilité torturée, ses doutes et ses craintes grandissantes de témoigner d'évènements surnaturels davantage délétères, pour ne pas dire mortifères parmi le témoignage d'adolescentes très attachantes auprès de leurs tourments psychologiques d'assister impuissantes aux évènements inexpliqués. Les autres seconds-rôles, adeptes du fanatisme religieux, ne sont pas en reste pour ne convaincre de leur foi religieuse chargée de déni et de mutisme, faute de secrets inavouables, pour ne pas dire éhontés. Quand bien même les étudiantes scolaires s'avèrent irréprochables à travers leur innocence naturelle archaïque, leur charisme sensiblement trouble, pour ne pas dire dérangeant, surtout si je me réfère au profil ambigu de Rosa génialement crédible en victime soumise seule contre les nonnes (en dépit de l'appui bienfaiteur de Narcisa). 

Ainsi, grâce au parti-pris de Plaza d'élever le genre horrifique dans la catégorie A, en prenant beaucoup de soin à peaufiner son cadre religieux et le profil de ses interprètes en berne, Les Ordres du Mal redore le blason de la Nunsploitation au sein d'un contexte historique criant de vérité, notamment à travers tous ses symboles religieux hantés d'une aura acrimonieuse. Impeccablement interprété sans fard, mené avec ambition (notamment auprès de certains effets de mise en scènes stylisés) et beaucoup de sincérité, Les Ordres du Mal se forge surtout le talent d'y parfaire une ambiance occulte sans se laisser dériver par les effets-chocs gratuits (puisque toujours justifiés du point de vue de l'entité en mal de justice, d'amour et de reconnaissance) coutumier au sous-genre. A découvrir avec un vif intérêt donc.

*Bruno

mardi 7 novembre 2023

Dangereuse Alliance / The Craft

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Andrew Fleming. 1996. U.S.A. 1h41. Avec Robin Tunney, Fairuza Balk, Neve Campbell, Rachel True, Skeet Ulrich, Cliff De Young, Christine Taylor.

Sortie salles France: 24 Juillet 1996

FILMOGRAPHIEAndrew Fleming, né le 14 mars 1963 ou le 30 décembre 1965, est un réalisateur et scénariste américain.1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2003 : Espion mais pas trop ! 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2. 2014 : Barefoot. 2018 : Ideal Home.

Devenu culte au fil du temps (tout du moins Outre-Atlantique) et précédé d'un succès commercial inattendu pour ce genre de production à la fois modeste et horrifique, Dangereuse Alliance n'a rien perdu de son efficacité quelques décennies plus tard alors que son réalisateur se fit déjà connaître avec les forts sympathiques Panics (Bad Dreams) et Deux garçons, une fille, trois possibilités. Variation moderne du film de sorcières dans le cadre du Teen Movie franc-tireur, Dangereuse Alliance doit beaucoup de son capital attractif en la présence d'un quatuor de jouvencelles très attachantes auprès de leur fonction hétérodoxe de marginales féministes dépassées par leur suprématie surnaturelle depuis leur crise d'ado. Tout du moins auprès de la leader du groupe, Nancy, que campe magistralement Fairuza Balk en sorcière démoniale au look gothique délibérée à prendre sa revanche sur la société (elle vit dans une caravane avec sa mère alcoolique et son beau-père abusif) et son entourage lycéen de par sa condition d'exclusion. Manifeste pour le droit à la différence autour des sempiternels discours sur le harcèlement scolaire, le machisme, le bizutage et l'humiliation, Dangereuse Alliance est loin de se réduire aux conventions du Teen Movie dénué d'âme et d'ambition. 

Tant et si bien qu'à la revoyure on reste donc captivé par l'évolution progressive de ces sorcières des temps modernes éprises de revanche sur leur entourage au moment de se laisser guider par leurs pulsions destructrices de haine refoulée. Surtout auprès de celle qui subit une adolescence tourmentée d'écorchée vive en voie de rébellion. Il s'agit donc de lever le voile sur la dégénérescence psychologique de ces sorcières juvéniles trop espiègles et immatures pour s'extraire des forces du Mal auquel elles se soumettent aujourd'hui. A l'exception toutefois de Sarah, la plus censée, loyale, fragile et discursive de toutes qu'endosse avec beaucoup de charme naturel l'élégante Robin Tunney. Une ado en éveil cérébral car prenant peu à peu conscience des conséquences hostiles et dramatiques qu'exercent ses camarades d'avoir osé perpétré des expériences satanistes échappant à leur contrôle au point d'y refuser de distinguer les valeurs du Bien et du Mal. L'emprise de leur propre pouvoir individuel les amenant à surenchérir de coups bas et maléfices auprès de leurs ennemi(e)s pour se prétendre supérieure à eux au nom d'une cause démoniaque. 


Jeux Interdits.
Très efficace auprès de sa trajectoire narrative prenant son temps à implanter son intrigue et ses personnages avant de céder vers son final à de furieux règlements compte surnaturels aux FX assez crédibles, Dangereuse Alliance exploite assez habilement les thématiques du malaise existentiel chez les ados selon leur caractère et leur interprétation personnelle à distinguer les valeurs du Bien et du Mal. Et si cette série B rondement menée reste aujourd'hui bougrement ludique et spectaculaire elle le doit notamment beaucoup à la prestance très convaincante des comédiennes en herbe formant un quatuor infortuné aussi dérangeant que fascinant. 

*Bruno
3èx. vf

Infos subsidiaires
Le film est souvent considéré comme culte, principalement aux États-Unis, avec une forte présence sur internet. Dans un article de 2016, le HuffPost salue le film car il s'éloigne des clichés des autres films pour adolescents et incorpore des thèmes plus sombres. Pour le journaliste, le film mérite son statut de film culte. La même année, le magazine Complex publie un article dans lequel le film est décrit comme « encore plus progressiste que beaucoup de films sortis aujourd'hui » et considère que le visionnage du film est un « rite de passage » pour beaucoup de jeunes femmes. 

Détour Mortel / Wrong Turn

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rob Schmidt. 2003. U.S.A. 1h24. Avec Desmond Harrington, Eliza Dushku, Emmanuelle Chriqui, Jeremy Sisto, Kevin Zegers, Lindy Booth.

Sortie salles France: 30 Juillet 2003 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Rob Schmidt est né le 25 septembre 1965 à Pennsylvanie, États-Unis. Il est réalisateur et acteur. The Alphabet Killer. (2008). Détour mortel (2003). An American Town (2001). Crime + Punishment (2000). Saturn (1999). 

Pur hommage aux survivals des années 70 et 80 initiés par Délivrance, La Colline a des yeux et Survivance pour y remémorer les plus notoires, Détour Mortel transpire l'amour de la série B horrifique en ne misant uniquement que sur l'efficacité des enjeux de survie qu'un quatuor de touristes tente de déjouer avec une appréhension somme toute palpable. Et si évidemment le concept et les situations horrifiques demeurent hélas éculés, Rob Schmidt possède suffisamment de savoir-faire dans son désir de vouloir bien faire, de peps (rythme pulsatile) et d'idées retorses (l'offensive nocturne dans la tour de guêt et les stratégies de défense qui en résultent) pour rendre l'aventure cauchemardesque à la fois palpitante, captivante, un tantînet atmosphérique (son cadre forestier reculé chargé d'inquiétants panoramas), mais aussi violente sous l'impulsion d'une intensité dramatique dénuée de clémence. 

Certaines scènes gores lestement concises demeurant brutales auprès de nos protagonistes épeurés sans pouvoir anticiper leur sort indécis. Qui plus est, et en dépit de la caractérisation sommaire de ces personnages (bien que Jessie fait preuve d'une certaine profondeur affectée lors d'une confidence sentimentale impartie aux raisons qui ont amené le groupe à rejoindre la forêt), ceux-ci demeurent suffisamment attachants en victimes démunies pours s'inquiéter de leur destin avec une anxiété souvent tendue. C'est peut-être d'ailleurs la meilleure qualité du métrage que de tabler sur l'intensité d'un suspense omniprésent quant au sort fébrile de ses jeunes touristes usant parfois de leur capacité de réflexion (les 2 derniers survivants) pour s'extirper de cet enfer vert. 

Un très bon divertissement donc qui fleure bon l'amour de la série B horrifique en toute simpicité de par son charme artisanal dénué de prétention. 

*Bruno
3èx. vostfr

lundi 6 novembre 2023

Suitable Flesh

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joe Lynch. 2023. U.S.A. 1h38. Avec Heather Graham, Judah Lewis, Barbara Crampton, Bruce Davison, Johnathon Schaech. 

VOD.

FILMOGRAPHIE: Joe Lynch est un réalisateur et producteur américain. 2011: Chillerama. 2013: Knights of Badassdom. 2014: Everly. 2017: Mayhem. 


A tous les fans des années 80, du cinéma de Stuart Gordon à ses plus belles heures et des nouvelles d'H.P Lovecraft, Suitable Flesh est une formidable surprise exploitant intelligemment gore et érotisme de par  l'efficacité de son amusante intrigue faisant inévitablement référence à Hidden et The Thing. Porté à bout de bras par la blonde fluette Heather Graham en doctoresse bicéphale (malgré elle) entourée de l'illustre Barbara Crampton en faire-valoir psychiatrique, de Bruce Davison en voleur de corps (de prime abord sclérosé) et enfin de Johnathon Schaech en époux trompé à l'ironie sous-jacente, Suitable Flesh parvient constamment à retenir l'attention. 


Autant pour cet avenant casting se prêtant au jeu du surnaturel au gré de règlements de compte aussi bien cérébraux que corporels que pour l'horreur des situations débridées émaillées d'effets (très) gores du plus bel effet charnel (à une exception près - le couteau dans le front numérisé -). D'autre part, outre le soin de sa réalisation au budget pour autant étriqué, on s'étonne de l'inventivité du montage (alternatif) et de certains effets de mise en scène (le coup du GPS afin d'observer 2 actions distinctes en évitant le contre-champs, les séquences de transformations concises mais percutantes - rehaussées de bruitages dissonants - alors que tout est suggéré) que Joe Lynch filme en scope afin de renforcer l'aspect cinégénique de l'entreprise. Une excellente série B donc se détachant largement du lot mainstream si bien que sa mise en scène aussi bien intègre qu'inspirée respire l'odeur des années 80, quitte à me répéter. 


*Bruno
Vostfr

dimanche 5 novembre 2023

Long Week-end (2008)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jammie Blancks. 2009. Australie. 1h28. Avec James Caviezel Claudia Karvan Robert Taylor.

Sortie salles France: 30 Janvier 2009

FILMOGRAPHIE: Jamie Blanck est un réalisateur et compositeur australien. 1998 : Urban Legend. 2000 : Mortelle Saint-Valentin. 2007 : Storm Warning ou Insane. 2009 : Long Weekend. 2010 : Needle


Un remake infortuné d'une puissance formelle, cérébrale et narrative aussi digne que son modèle.
Vilipendé un peu partout si je ne m'abuse lors de sa sortie confidentielle, Long Week-end, version 2008, est à mes yeux un remake écolo exceptionnel à tous points de vue. Tant narratif pour sa thématique écolo tristement actuelle, formelle (on en prend plein la vue au sein de ce paradis perdu filmé en scope), atmosphérique (quel malaise palpable planant dans l'air !) que du jeu expressif des acteurs communément détestables dans leur fonction rigoureusement antipathique. Car même si Jamie Blanks utilise la facilité du copié-collé, cet authentique cauchemar naturaliste (les images magnifiquement éclairées et contrastées sont absolument sublimes par leur tonalité sensorielle) parvient miraculeusement, et avec réel talent de conteur et de faiseur d'images; à nous coller au siège 1h30 durant. De par sa faculté à nous attacher à ce couple aussi irresponsable qu'égoïste n'attachant aucun crédit à leur environnement naturel (tout à la fois étrangement mutique et sensiblement auditif) que par l'ambiance feutrée que le cinéaste parvient à instiller autour de leurs faits et gestes immatures sous l'impulsion d'un climat d'étrangeté aussi expressif que le chef-d'oeuvre de Colin Egleston (qui est au passage un de mes films préférés même s'il demeure autrement plus oppressant). 

Et donc à travers le soin imparti à cette progression de l'angoisse et du suspense savamment distillés au fil d'évènements insidieux toujours plus graves et inquiétants, j'insiste à surligner le jeu criant de vérité du couple James Caviezel / Claudia Karvan se crêpant le chignon avec une arrogance, une immaturité, voir même une haine davantage risible, pathétique eu égard de la tournure morale de leur dissension obtuse irrécupérable. Soutenu d'une partition monocorde à la fois pesante et envoûtante irriguant toute l'intrigue lestement anxiogène, Long-Week-end convoque un malaise d'autant plus vigoureux qu'il fait appel au pouvoir de suggestion en la présence de dame nature et de ces animaux sauvages molestés par l'hostilité de l'homme dénué de respect dans sa nature mégalo, altière, méprisante, ingrate. Il y émane un moment de cinéma horrifique aussi rude et escarpé que désespéré et tragique de par son intensité dramatique en crescendo dénuée d'illusion. Tant et si bien que l'on sort de la projo la mine quasi dépressive, tout du moins pleine d'amertume, d'avoir assister à cette confrontation cruelle entre l'homme et la nature incapables de communier entre eux faute de notre irrespect à violer leur terre et tuer sans état d'âme ces hôtes qui n'avaient rien demander. 

A découvrir d'urgence pour tous amateurs de films d'ambiance prégnante tributaire d'un Fantastique adulte d'autant plus malsain, malaisant, angoissant qu'il suscite une réelle frousse au sein de cette nature sournoise que nous ne sommes pas prêts d'omettre.  

*Bruno
2èx. Vostfr (une soirée d'exception ce Samedi 05.11.23 dès 22h)

Ci-joint la chronique de son modèle de 79https://brunomatei.blogspot.com/2018/10/long-week-end.html