vendredi 28 juillet 2023

Chien de la casse. Prix du Public, Angers 2023.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean-Baptiste Durand. 2023. France. 1h33. Avec Anthony Bajon, Galatéa Bellugi, Raphaël Quenard, Dominique Reymond, Bernard Blancan.

Sortie salles France: 19 Avril 2023

FILMOGRAPHIEJean-Baptiste Durand est un réalisateur, scénariste et acteur de cinéma français né le 15 octobre 1985 à Antibes (06). 2023 : Chien de la casse. Prochainement: L'homme qui avait peur des femmes. 


Un hymne à l'amitié chez la génération périurbaine.
Comédie dramatique sociale illustrant la dissension amicale de deux acolytes périurbains aux caractères antinomiques, faute de l'intrusion d'une jeune fille dont le plus introverti en tombe amoureux, Chien de la casse est une première oeuvre sidérante de maîtrise. Un coup de coeur couronné de trois prix (à l'heure où j'imprime mes impressions personnelles) rappelant le cinéma de CorneauPialat, Claude SautetBruno Dumont de par l'authenticité de son vérisme documenté au sein d'une scénographie rurale touchée par le chômage, la petite délinquance, la solitude, le mal-être. Une véritable révélation en la personne de son auteur Jean-Baptiste Durant tant habité à tailler sur pellicule son histoire profondément humaine et de son acteur vedette Raphaël Quenard crevant l'écran à chacune de ses apparitions. A l'instar d'un Patrick Dewaere à ses prémices, toute proportion gardée, de par sa force tranquille et de sureté. C'est dire si ce dernier désarmant de spontanéité à travers son autorité écorchée s'avère brut de décoffrage dans sa posture de grand frère un poil trop orgueilleux auprès de son franc-parler parfois offensant (euphémisme, la séquence dérangeante du resto, rupture de ton narrative pour une seconde partie plus douloureuse et amère). Sans compter sa susceptibilité pathologique (tant auprès de ses amis que de sa mère) faute de son complexe d'infériorité qu'il n'ose dévoiler à lui même et aux autres. 


Surtout lorsqu'il s'adresse à son partenaire de toujours Dog endossé par Anthony Bajon dans sa présence chétive autrement timorée, taiseuse, sentencieuse, effacée. Et ce sans nullement sombrer dans la caricature auquel il aurait pu se morfondre si bien qu'il crève également l'écran auprès de son mal-être existentiel perméable que l'on subi avec tendre empathie mais aussi parfois une gêne tacite dans son incapacité à s'exprimer. Et si sur le papier, le pitch d'une banalité confondante avait de quoi faire fuir le plus clément des producteurs (alors qu'ici c'est une femme qui s'y est collée), Jean-Baptiste Durant le transcende en toute quiétude en tablant sur la caractérisation psychologique de ses personnages évoluant face à nous comme si nous étions parmi eux en interne de l'action davantage acrimonieuse. Des profils complexes (et complexés !) que l'on observe donc avec une infinie attention, les personnages s'efforçant malgré eux de communiquer, de crier leur malaise, leur solitude, entre maladresses, intimidations et provocations autoritaires lorsque Mirales, jaloux de cette rivalité amoureuse, continue d'asseoir sa mainmise avec un égoïsme aussi cruel qu'émouvant. 


“Une amitié qui peut résister aux actes condamnables de l'ami est une amitié.”
C'est donc cette profonde humanité désarmante de naturel qui fait la plus-value de cette oeuvre intimiste que d'observer ses marginaux pétris d'utopie, de bonnes intentions et de furieux désir de vivre, d'aimer dans leur fonction esseulée incertaine. Chien de la casse nous illustrant avec une vibrante humanité torturée la puissante (autant que houleuse) amitié d'un tandem (rigoureusement) contradictoire se déchirant corps et âme à crier leur amour l'un pour l'autre (y'a t'il une homosexualité refoulée chez Mirales ?). Les interprètes communément transis de vécu crevant l'écran (et l'abcès) auprès d'une force expressive contagieuse. Dans la mesure où lorsque apparait le générique de fin nous regrettons amèrement de les avoir déjà quittés, même si on se rassure de leur dessein plausiblement optimiste. Sans réserve un des grands films de 2023, en espérant que ces nouveaux talents surgis de nulle part continuent d'explorer le paysage cinématographique français avec autant de sincérité explosive.

*Bruno

Récompenses
Festival Premiers Plans d'Angers 2023 : Prix du Public.
Festival La Ciotat Berceau du cinéma 2023 : Lumière d'or et double prix d'interprétation masculine pour Raphaël Quenard et Anthony Bajon
Festival de Cabourg 2023 : Swann d'or du meilleur premier film et Swann d'or de la révélation masculine pour Raphaël Quenard

mercredi 26 juillet 2023

Straight on till morning

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Collinson. 1972. Angleterre. 1h39. Avec Rita Tushingham, Shane Briant, James Bolam, Katya Wyeth, Annie Ross, Tom Bell.

Sortie salles Angleterre: 9 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE: Peter Collinson est un réalisateur anglais, né le 1er avril 1936 à Cleethorpes (Angleterre), décédé le 16 décembre 1980 à Los Angeles (Californie).1963 : Blackwater Holiday (doc). 1967 : La Nuit des alligators. 1968 : Les Bas Quartiers. 1968 : Un jour parmi tant d'autres. 1969 : L'or se barre. 1970 : Les Baroudeurs. 1971 : La Peur. 1972 : Straight on Till Morning. 1972 : Nid d'espions à Istanbul. 1973 : Les Colts au soleil. 1974 : La Chasse sanglante. 1974 : Dix petits nègres. 1975 : La Nuit de la peur. 1976 : Le Sursis. 1977 : Un risque à courir. 1978 : Demain, la fin ou La Rage au cœur. 1980 : Australia Kid.

C'est une réelle curiosité expérimentale que nous propose la Hammer Film par l'auteur du classique maudit La Chasse Sanglante (on désespère d'une sortie BR !), Peter Colinson. Très peu connu du public, inédit en salles dans nos contrées et rarement cité auprès des aficionados, Straight on till morning se décline en huis-clos domestique un tantinet psychédélique si je me réfère aux 20 minutes liminaires festoyantes et à son montage épileptique alternant deux séquences distinctes (voirs 3 par moments) de manière furtive, pour ne pas dire agressive. Tant et si bien que de prime abord il m'eut été difficile de me familiariser à cette romance schizo auquel un célibataire utopiste (il refuse de grandir, de travailler, d'entreprendre quelconque projet) multiplie les conquêtes féminines en s'efforçant d'y dénicher le physique standard. Dans la mesure où Peter (allusion à Peter Pan), victime de sa beauté physique, ne supporte plus les cagoles d'un soir à la posture aussi sexy qu'orgueilleuse. 

Or, un jour, il fait la connaissance de Brenda, jeune fille immature et influençable, venant tout juste de quitter son cocon, faute d'une maman bigote monoparentale. Au fil de leur relation amoureuse que l'on nous illustre de manière à la fois interlope et déroutante, avec parfois cette tendance d'y privilégier le montage bicéphale moins irritable, la dinette vire au cauchemar relationnel. Avec, en intermittence, trois séquences horrifiques expérimentales assez perturbantes et épeurantes, de par une très habile utilisation auditive résolument terrifiante, dérangeante, malaisante, plutôt que de céder aux sirènes du gore graphique. Cependant,  Straight on till morning a du mal à captiver à travers son ambiance atypique quasi ineffable, à l'aune de son cheminement narratif assez prévisible et conté de manière si personnelle, même si notre curiosité reste en éveil jusqu'au générique de par l'excellence de l'acting infiniment convaincant. Et c'est bien là la plus grande qualité du métrage que de tabler sur le duo galvaudé Rita Tushingham (au physique fort particulier dans son corps de femme enfant aux yeux azurs) / Shane Briant  particulièrement magnétique dans leurs postures dégingandées de grands gamins borderline inévitablement livrés à la déroute conjugale. 

A réserver toutefois à un public averti dans la mesure où son climat hermétique peu affable et amiteux, risque de déplaire à une frange de spectateurs. C'est d'ailleurs probablement le métrage le plus bizarroïde que j'ai pu voir au sein de la firme Hammer qui tentait ici de se redorer le blason à l'orée des Seventies.

*Bruno

mardi 25 juillet 2023

Les Démons de l'Esprit / Demons of the Mind

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Sykes. 1972. Angleterre. 1h35. Avec Gillian Hills, Robert Hardy, Patrick Magee, Michael Hordern, Shane Briant

Sortie salles France: 20 Septembre 1973. Angleterre: 5 Novembre 1972

FILMOGRAPHIEPeter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit (Demons of the Mind). 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable (To the Devil a Daughter). 1979 : Jesus. 

Dommage que cette rareté oubliée issue de la firme Hammer ne soit pas reconnue par les critiques, voire même aussi du public si on excepte une poignée d'irréductibles dont je fais indubitablement parti après l'avoir revu une seconde fois avec beaucoup de plaisir. Car si effectivement l'oeuvre rigoureusement inquiétante pâtie d'un scénario à la fois mal structuré et (sciemment) confus, les Démons de l'esprit oppose efficacement horreur gothique séculaire et horreur psychologique autrement contemporaine par le truchement de la psychanalyse. D'ailleurs, cette confusion narrative partant un peu dans tous les sens permet toutefois d'insuffler un climat d'étrangeté prégnant qui ne nous lâche pas d'une semelle jusqu'au final révélateur d'une grande violence graphique (pour l'époque et pour une prod Hammer). Peter Sykes  dénonçant assez intelligemment, et dans une étonnante ambiance malsaine quasi indicible (on peut aussi rappeler que Peter Sykes récidivera dans l'inconfort licencieux avec le sulfureux Une Fille pour le Diable), les thématiques épineuses du fanatisme religieux, de l'inceste, du patriarcat et des superstitions parmi l'autorité d'un père de famille en berne s'efforçant d'emprisonner son fils et sa fille à la suite du suicide de son épouse dépressive. 

Or, incapable de surmonter la perte de l'être aimé, celui-ci se venge inconsciemment sur ses progénitures afin de punir son épouse défroquée (elle qui osa le blasphème du suicide), victime selon lui d'une malédiction démoniale. Par conséquent, en y faisant intervenir un praticien aux méthodes archaïques mais en voie de remise en question morale, les Démons de l'Esprit  y suggère une société en mutabilité de par l'éveil de conscience de mentalités plus ouvertes (notamment auprès d'un second médecin en herbe autrement perspicace, clément, lucide et rationnel s'attachant particulièrement au sort précaire d'Elisabeth, soumise et droguée) en dépit des coutumes moyenâgeuses des villageois d'accomplir une justice expéditive rigoureusement barbare. Outre sa superbe photo mettant en valeur les décors naturels oniriques ainsi que le manoir de Wykehurst Park, Les Démons de l'esprit est renforcé de la qualité de son interprétation. Tant auprès de ceux endossant les éléments perturbateurs, des villageois tributaires de l'affres du Mal que des enfants démunis de Zorn nous interrogeant fréquemment sur leur personnalité sciemment ambivalente. 


Egalement teinté de surréalisme par la fantasmagorie du rêve, de l'intuition et des hallucinations auprès de cette filiation plausiblement maléfique, les démons de l'esprit est à découvrir avec vif intérêt. Si bien qu'il s'agit d'une oeuvre horrifique étonnamment moderne d'après son cadre rétro, tout en étant déconcertante, équivoque sous le pilier d'un réalisme obscur à la violence parfois crue. 

*Bruno
2èx. Vostfr.

lundi 24 juillet 2023

The last Starfighter

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nick Castle. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Lance Guest, Dan O'Herlihy, Catherine Mary Stewart, Robert Preston

Sortie salles France: 5 Juin 1985

FILMOGRAPHIE: Nick Castle est un scénariste, acteur et réalisateur de film américain né le 21 septembre 1947 à Los Angeles (Californie, États-Unis). 1982 : T.A.G.: Le Jeu de l'Assassinat (Tag: The Assassination Game). 1984 : Starfighter (The last starfighter). 1986 : La Tête dans les nuages (The Boy Who Could Fly). 1987 : Histoires fantastiques (Amazing Stories) (Série TV) : (Saison 2, épisode 15 : Lucy). 1989 : Tap. 1990 : Shangri-La Plaza (TV). 1992 : Denis la Malice (Dennis the Menace). 1995 : Major Payne. 1996 : Mr. Wrong. 2001 : Delivering Milo. 2001 : 'Twas the Night (TV). 2003 : The Seat Filler. 2006 : Connors' War (Vidéo). 

Petit classique de la science-fiction des années 80 conçu pour émerveiller les ados à travers son sujet utopiste (un ado est recruté par un émissaire pour combattre dans l'espace de méchants E.T après avoir atomisé le score de son jeu-video "Starfighter"), The Last Starfighter demeure un divertissement bonnard que la génération 80 reverra sans doute la larme à l'oeil. Emaillé de maladresses, ultra prévisible, naïf et surtout desservi d'FX en images de synthèse obsolètes; The Last Starfighter dégage pour autant un évident charme attractif auprès de son concept débridé, à l'instar de toutes ses séquences "féeriques" de tendresse entre Alex et sa compagne mais aussi avec son voisinage familier tant attachant que l'on jurerait extirpé d'une prod Amblin Entertainment

Et c'est bien là le meilleur intérêt du métrage que de flirter fréquemment avec les bons sentiments attendrissants plutôt que de se réjouir des séquences d'action stellaires néanmoins amusantes, simplistes, ludiques. Quand à l'acting de seconde zone, là encore le métrage marque des points tant les comédiens expansifs prennent plaisir à participer à l'aventure avec une dose d'humour parfois lourdingue, mais la générosité qui en émane nous permet d'y faire abstraction si bien que The Last Starfighter doit notamment sa réussite grâce à son refus de prétention que de divertir avec une dose d'émotions exaltantes. Un plaisir mineur certes, mais qui fait chaud au coeur de renouer avec nos émotions d'ado en émoi avec une intégrité indiscutable, et ce sous l'impulsion d'une orchestration jouasse en bonne et due forme. 

*Bruno

vendredi 21 juillet 2023

Dune

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site alternativebeach.com

de Dennis Villeneuve. 2021. U.S.A/Canada. Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Jason Momoa, Stellan Skarsgård, Stephen McKinley Henderson, Josh Brolin, Javier Bardem.

Sortie salles France: 15 Septembre 2021

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners. 2015 : Sicario. 2016 : Premier Contact. 2017: Blade Runner 2049. 2021: Dune, 1ère partie. 

                                 Incapable de me prononcer pour la seconde fois.

*Bruno


jeudi 20 juillet 2023

Dune

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Lynch. 1984. U.S.A/Mexique. 2h17. Avec Francesca Annis, Leonardo Cimino, Brad Dourif, José Ferrer, Linda Hunt, Freddie Jones, Richard Jordan, Kyle MacLachlan, Virginia Madsen, Silvana Mangano, Everett McGill, Kenneth McMillan, Jack Nance, Siân Phillips, Jürgen Prochnow, Paul L. Smith, Patrick Stewart, Sting, Dean Stockwell, Max von Sydow, Alicia Witt, Sean Young.

Sortie salles France: 6 février 1985. U.S: 14 Décembre 1984

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).

"Un monde au-delà de vos rêves. Un film au-delà de votre imagination", dixit la tagline de l'époque. Et c'est véritablement (au mot près) ce que nous propose l'alchimiste David Lynch qui renia hélas son oeuvre sans jamais lui pardonner (notamment auprès des producteurs dont De Laurentiis). Or, à l'instar de films aussi mésestimés par leur auteur (Gloria de Cassavetes, Nomads de Mac Tiernan, La Forteresse Noire de Mann), Dune est un monumental spectacle SCI-FI qu'on aurait tort de bouder si on se laisse influencer par les mauvaises langues (bien qu'aujourd'hui il est enfin estampillé "culte"). Un OFNI ne ressemblant à nul autre métrage donc avec son budget de 45 000 000 dollars. Aussi dégingandé, confus, imbitable par moments, austère, froid, distant et elliptique soit ce grand spectacle d'un autre temps. Ce qui occasionna inévitablement un sévère échec public plutôt compréhensif selon moi tant l'oeuvre malade ne s'adresse surement pas au grand public (on est très loin du divertissement bonnard de la Guerre des Etoiles). D'autre part, à la (5è) revoyure, ou plutôt à chaque révision, j'ai la trouble impression de contempler et de (re)vivre une expérience quasi inédite comme s'il s'agissait de la toute première fois. Qui plus est dans une qualité 4K à damner un saint (je pèse mes mots, il faut le voir - et le comparer avec le BR - pour le croire). Du jamais vu j'vous dit ! 

Ainsi, le spectacle surdimensionné à beau nous en foutre plein la vue chaque minute (de par ses vastes décors - naturels / domestiques / sculpturaux - hérités du péplum, du film historique et de l'univers stellaire, ses costumes gradés taillés sur mesure, ses FX mécaniques charnels, sa photo sépia, son imposante figuration digne d'un De Mille, le score de Toto d'une sombre ampleur homérique) et nous déconcerter par son aspect baroque incommensurable, on reste hypnotisé par son indicible beauté funeste, lyrique, onirique, étrange, ombrageuse. Lynch nous composant avec son ambition personnelle de ballet funèbre une moisson de séquences atypiques (surtout auprès des rapports de force, des cohésions et rivalités psychologiques) nous interpelant par leur dialecte philosophique quand bien même la posture déroutante des protagonistes nous laisse pantois d'impassibilité. Tant auprès de leur façon de communiquer (en prime de certains pouvoirs télépathes), de combattre l'ennemi par un cri guerrier destructeur, que par sa foule de détails morbides (les pustules sur le visage de l'empereur, baudruche volante emplie de perversité), de pièges, ustensiles mortels et armements jamais inscrits sur pellicule. 


Le dormeur doit se réveiller.
Fort d'un prestigieux casting habité par leur rôle iconique au sein d'une insensée scénographie au trouble pouvoir de fascination (alors que l'émotion discrète, contenue, en est souvent absente, paradoxalement), Dune est un spectacle pharaonique qu'il faut au moins avoir tenté une fois dans sa vie. Tant il est impossible d'omettre sa puissance formelle traversée de séquences anthologiques dont on a parfois du mal à en saisir le sens (sans que cela soit péjoratif, bien au contraire grâce à son cachet de mystère indicible). Que l'on adhère ou pas, on est face à une forme abstraite de cinéma halluciné impossible à définir, à décrypter dans son entièreté (voir même sa globalité).

*Bruno
5èx Vostfr

mercredi 19 juillet 2023

Brainstorm

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Douglas Trumbull. 1983. U.S.A. 1h46. Avec Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson

Sortie salles France: 1er Février 1984. U.S: 30 Septembre 1983

FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles. 1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.

Oeuvre oubliée des années 80 alors que l'émérite Douglas Trumbull n'est autre que le responsable du chef-d'oeuvre Silent Running, Brainstorm anticipe de quelque décennies les travaux virtuels de Kathryn Bigelow pour l'apocalyptique Strange Days. Le récit nous contant scrupuleusement avec réalisme documenté les travaux révolutionnaires d'apprentis sorciers ayant inventé un casque capable d'y enregistrer les pensées et émotions d'autrui que le sujet savoure comme s'il s'agissait de sa propre personnalité d'après ses 5 sens. Or, lors d'un évènement tragique, une bande mémorisée de souvenirs morbides intéresse le corps militaire afin d'accomplir d'obscurs desseins. Superbement interprété par une pléiade d'acteurs notoires n'ayant plus rien à prouver (Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson), Brainstorm vaut autant pour son acting irréprochable (mention à Walken et Fletcher en savants passionnés par leur devoir mais aussi leurs sentiments) que pour l'originalité de son concept technologique alarmiste autant fascinant qu'épeurant. 

Inquiétant, fascinant et captivant à la fois de par son intrigue novatrice sobrement exposée épaulé qui plus est d'un suspense en ascension si je me réfère à l'ultime demi-heure fertile en tension et action tout en y exploitant un sens du merveilleux spirituel formellement prodigieux, Brainstorm demeure un spectacle intelligent d'une surprenante modernité. Car outre son côté documentaire prégnant (il faut impérativement prioriser la VO) renforçant la crédibilité de ses passionnantes thématiques (lire dans les pensées d'autrui pour les revivre soi même et se remémoriser nos plus beaux souvenirs, visuellement parlant), les effets-spéciaux tiennent plutôt bien la route de nos jours en dépit de certaines rares séquences visuels conçues par ordinateur (les séquences expérimentales à bord de l'avion). Enfin, pour clore sur une note poignante, un petit mot sur l'actrice Nathalie Wood décédée quelques semaines avant la fin du tournage (sa soeur la doublera pour les séquences finales) lors d'une trouble circonstance de noyade sur un yacht, alors qu'elle partage ici la vedette avec Christopher Walken à travers une romance sobrement attachante, émouvante, pour ne pas dire fragile quant à l'issue précaire de leur relation lors d'une conclusion haletante. 


*Bruno
2èx

Récompenses:

Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur 1984 :

Saturn Award de la meilleure actrice à Louise Fletcher.

Saturn Award de la meilleure musique à James Horner.

mardi 18 juillet 2023

Les 3 Mousquetaires: D'artagnan

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Bourboulon. 2023. France/Allemagne/Espagne/Belgique. 2h01. Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Jacob Fortune-Lloyd, Vicky Krieps 

Sortie salles France: 5 Avril 2023

FILMOGRAPHIE: Martin Bourboulon, né le 27 juin 1979 est un réalisateur français. 2015 : Papa ou Maman. 2016 : Papa ou Maman 2. 2021 : Eiffel. 2023 : Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan. 2023 : Les Trois Mousquetaires : Milady. 


Un divertissement carré, adulte, saillant, avec du style, du coffre et de l'ambition.
Quel formidable divertissement que nous offre là Martin Bourboulon (dont personnellement j'ignorai l'existence en tant que cinéaste) au sein d'un paysage français en voie de résurgence au vu de certains films qualitatifs touchants à tous les genres avec une sincérité (étonnamment) indéfectible (Bac Nord, Tout le monde debout, Petites, Grave, A plein temps, les Invisibles, La Nuée, les Petites Victoires, Boite Noire, As Bestas, Revoir Paris, Alibi.com 2, l'Ascension, Le Pari, etc...). Car visuellement immersif, pour ne pas dire atmosphérique, les 3 Mousquetaires est également un superbe film d'ambiance comme on en voit plus au coeur de l'aventure historique tous publics tant Martin Bourboulon fignole sa scénographie naturelle, architecturale, sculpturale, domestique avec un art consommé du réalisme sensoriel. Qui plus est épaulé d'une photo sépia que certains critiques déplorent alors qu'à mon sens ce parti-pris demeure idoine pour nous immerger dans ce thriller politique à la fois sombre, obscur, romanesque et violemment épique (toutes les incroyables scènes de combat chorégraphiées en plan-séquence sont retranscrites en vue subjective). 

Un spectacle efficace donc, formellement magnétique, bien mené (aucun temps mort à l'horizon) et impeccablement joué par une pléiade de comédiens résolument investis dans leur fonction héroïque ou inhospitalière (à l'instar de la vénéneuse Eva Green en mystérieuse Milady possédant plus d'un tour dans son sac). Mention spéciale toutefois à François Civil (la révélation de Bac Nord) endossant D'artagnan entre naturel rafraichissant et panache affûté si bien qu'il m'a un tantinet évoqué par instants les prémices du légendaire Bebel, toutes proportions gardées. Quant à la musique orchestrale que certains ont comparé au score de Zimmer de The Dark Knight, je n'ai jamais eu cette fâcheuse impression de plagiat tant les sonorités parfois similaires demeurent aussi discrètes que timorées (pour ne pas dire effacées). Léger bémol toutefois, mais qui n'engage que moi, l'intrigue bâtie sur les complots politiques entre protestants et catholiques m'a paru quelque peu complexe, un brin fouillis, peu limpide au fil d'une évolution narrative pour autant captivante quant au savoir-faire du cinéaste à nous plaquer au siège avec cette évidente ambition de renouer avec les grands (espaces de) spectacles à l'ancienne tout en le modernisant (par la forme) afin d'enthousiasmer la génération actuelle.

Vivement la suite, le 13 Décembre...

*Bruno

Box Office: 3 336 640 entrées à ce jour du 18.07.23

lundi 17 juillet 2023

Morgiana

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juraj Herz. 1972. Tchécoslovaquie. 1h41. Avec Iva Janžurová, Josef Abrhám, Nina Divíšková, Petr Čepek, Josef Somr, Jiří Kodet.

Sortie salles Tchécoslovaquie: 1er Septembre 1972

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Juraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.

Maître du cinéma Tchèque à qui l'on doit les grands classiques l'Incinérateur de Cadavres, le 9è Coeur et le splendide la Belle et la BêteJuraj Herz n'en finit plus de nous surprendre avec Morgiana. Un thriller à suspense mâtiné de fantastique (en mode suggéré), d'onirisme et de surréalisme avec l'étrange sentiment de s'immerger dans un univers gothique sans égal. L'histoire obscure d'une rivalité entre 2 soeurs, Viktoria demeurant folle de jalousie auprès de Klara que la gente masculine ne cesse de courtiser. Or, un jour elle décide de passer à l'acte criminel en tentant de l'empoisonner. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Et c'est ce qui fait le sel de ce récit reptilien latent sublimé du profil exécrable d'une snobe criminelle imbibée d'hypocrisie alors que les rebondissements que l'on ne voient pas arriver nous déconcertent en y désamorçant le surnaturel jusqu'à l'épilogue teinté de douce ironie. 

Les acteurs et actrices, tous méconnus chez nous ayant une identité propre au point que le spectateur reste fasciné pour leur comportement autre, leur façon un tantinet particulière de jouer et d'y donner la réplique, et par la manière dont le réalisateur use et abuse de gros plans, de cadrages agressifs de telle sorte de nous plonger dans une fantasmagorie singulière subtilement envoûtante. Mais outre l'efficacité de son récit machiavélique jouant sur le faux-semblant et la cruauté morale, Morgiana est transcendé de sa facture formelle faisant office de pur chef-d'oeuvre esthétisant (je pèse mes mots !). Tant auprès de sa splendide photo naturelle que de ces décors verdoyants mais aussi côtiers que Juraj Herz filme amoureusement à l'aide de cadrages alambiqués ne débordant jamais (on peut même parfois songer à Picnic à Hanging Rock pour le sens stylisé de sa poésie lascive, pour son cadre champêtre solaire, pour la tenue vestimentaire des gentes dames insouciantes, toutes proportions gardées). Enfin, la musique hétéroclite de Luboš Fišer irrigue toute l'intrigue, entre grâce, mystère, sensualité, vrombissements, dissonance, à l'instar de son autre chef-d'oeuvre bicéphale La Belle et la Bête.

A ne rater sous aucun prétexte d'autant plus que cette oeuvre rare, infiniment élégante et précieuse ne fut jamais distribuée au cinéma chez nous. 

*Bruno

jeudi 13 juillet 2023

Baby Blood. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 90.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alain Robak. 1990. France. 1h28. Avec Emmanuelle Escourrou, François Frapier, Rémy Roubakha, Christian Sinniger, Jean-François Gallotte, Thierry Le Portier

Sortie salles France: 24 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Alain Jérôme, dit Alain Robak, né le 6 juin 1954 à Paris2, est un réalisateur français. 1987 : Irena et les ombres. 1990 : Baby Blood. 1994 : Parano (film à sketches). 2000 : La Taule. 2000 : Le Piège d'Olea (téléfilm). 


Entre Frères de Sang et la Vampire Nue.
Prix Spécial du Jury à Avoriaz, on est d'autant plus surpris à la revoyure tant Baby Blood se vautre à corps perdu dans le gore émétique avec une évidente désinhibition eu égard du flot quasi ininterrompu de sang versé à l'écran. On peut même d'ailleurs peut-être prétendre qu'il s'agit là du film gore le plus trash et dégueulbif du cinéma français, qui plus est épaulé d'une réalisation étonnamment avisée, inventive pour un second essai. D'excellents effets-spéciaux mécaniques d'un rouge rutilant supervisés par Benoit Lestang et Jean-Marc Toussaint. Et si l'intrigue demeure résolument sans surprise (une jeune foraine est contrainte de nourrir de sang frais une créature tentaculaire infiltrée à l'intérieur de son estomac), Alain Robak compte sur les vicissitudes récursives de son anti-héroïne n'hésitant jamais à se mettre à nu à travers sa désinvolture naturelle pour mieux se fondre dans le corps d'une victime martyr qu'endosse l'actrice gironde Emmanuelle Escourrou. LA révélation (oh combien) étrange de cet ovni underground à la fois politiquement incorrect, ubuesque, nonsensique (les réactions impassibles de certains figurants face à l'apparition surprise de la meurtrière au visage ensanglanté), drôlement macabre, maladif aussi par son réalisme cru puis crapoteux par son climat blafard. 


Une farce de mauvais goût donc au climat malsain olfactif que les initiés devraient savourer en ayant toutefois le coeur accroché auprès des plus sensibles. Tant et si bien que je me suis surpris à détourner le regard à plus de trois reprises de par la taille surdimensionné de mon téléviseur avec une gêne viscérale. Road movie horrifique où les heureuses rencontres (Alain Chabat, Jacques Audiard que je n'ai pas reconnu) et mauvaises (Jean-Yves Lafesse  assez convaincant en routier égrillard, les fameux joueurs de foot avinés au sein de l'autobus) s'y succèdent pour s'enchaîner à rythme infernal, Baby Blood joue la carte de la série B provocatrice avec une générosité intègre. Tant on sent le réalisateur et son actrice expressive (sorte de Béatrice Dalle  autrement farouche et dévergondée, en mode crapoteux par sa tenue insalubre) communément impliqués pour nous projeter dans une absurde réaction en chaine meurtrière à la fois étrangement fascinante, répulsive, parfois même cartoonesque en mode caustique. 

P.S: Copie BR à tomber, à croire qu'il s'agit d'une remastérisation 2K.

*Bruno
3èx

mardi 11 juillet 2023

Les Gardiens de la Galaxie 3 / Guardians of the Galaxy Vol. 3

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Gunn. 2023. U.S.A. 2h30. Avec Chris Pratt, Bradley Cooper, David Bautista, Karen Gillan, Pom Klementieff, Vin Diesel, Zoe Saldaña, Sean Gunn, Maria Bakalova, Chukwudi Iwuji, Will Poulter, Elizabeth Debicki, Linda Cardellini, Nathan Fillion.

Sortie salles France: 3 Mai 2023

FILMOGRAPHIE: James Gunn est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de photo, né le 5 Août 1970 à Saint Louis, dans le Missouri (Etats-Unis). 2006: Horribilis. 2010: Super. 2013: My Movie Project (Segment: Beezel). 2014. Les Gardiens de la Galaxie. 2017 : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2. 2021 : The Suicide Squad. 2023 : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3. 


Une pyrotechnie festive de chaque instant dédiée avant tout à la cause animale pour son respect à l'harmonie de toute forme de vie, terrestre / extra-terrestre. 
On ne change pas une équipe qui gagne si bien que les Gardiens de la Galaxie, Vol 3 ne déroge pas à la règle, comme l'ont d'ailleurs souligné les réactions fougueuses de la critique et du public réconciliés, une fois n'est pas coutume. D'une durée de 2h30, ce 3è opus redoutablement spectaculaire (si on épargne une mise en place un peu laborieuse) reprend les ingrédients de ces précédents épisodes même si ici la dramaturgie prend le pas sur l'humour au gré de situations étonnamment cruelles militant ostensiblement pour la cause animale (thème central du récit forçant le respect). Toute l'intrigue se focalisant sur la condition précaire du raton Rocket à 2 doigts de trépasser après une violente attaque si ses acolytes ne parviennent pas à retrouver une clef que le maître de l'évolution possède. 

"Plus le méchant est réussi, meilleur le film sera", et James Gunn a bien pigé la leçon Hitchcockienne si bien que l'on tient là le meilleur rival de la trilogie qu'endosse l'impassible Chukwudi Iwuji (acteur britannique né au Nigeria) en savant fou mégalo dénué de vergogne ou d'empathie auprès de ses pairs et moins de ses esclaves. Formellement toujours aussi dépaysant, onirique, féerique, voir aussi parfois baroque à travers sa scénographie stellaire (ou domestique) vue nulle part ailleurs, les Gardiens de la Galaxie nous en fout à nouveau plein la vue à renfort d'actions hyperboliques souvent accompagnées d'une émotion épique ou mélancolique terriblement expressive. Tant et si bien que ce pétulant divertissement renouant avec un certain goût nostalgique pour le Muppet Show (unifier héros animaliers et humains dans une ambiance euphorisante de communion fusionnelle) peut se targuer d'être l'opus le plus émouvant en prônant les nobles valeurs du pardon, de la seconde chance, de l'unité héroïque et de l'amitié tout en y dénonçant la vivisection animale avec un réalisme qui pourrait toutefois perturber les plus petits. 

Un fabuleux spectacle donc tous publics (ou presque si on élude peut-être les moins de 10 ans à mon humble avis), résolument flamboyant, luminescent, polychrome (apparenté à l'arc en ciel cosmopolite), expansif, lyrique mais surtout communicatif par sa vibrante chaleur humaine qu'irradient constamment à l'écran ses gardiens prévenants dénués de prétention. On peut même y voir en filigrane un plaidoyer anti-raciste durant le parcours évolutif de nos super-héros s'efforçant de rassembler les peuples lors d'un final rédempteur.

*Bruno

vendredi 7 juillet 2023

Les Orgies Macabres / L'orgia dei morti / The Hanging Woman

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site thebloodypitofhorror.blogspot.com

de José Luis Merino. 1973. Italie/Espagne. 1h38. Avec Stelvio Rosi, Maria Pia Conte, Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Gérard Tichy, Carlos Quiney, Isarco Ravaioli 

Sortie salles France: 13 Février 1974. Italie: 3 Septembre 1973. Espagne: 29 Septembre 1975

FILMOGRAPHIEJosé Luis Merino (né le 10 juin 1927 à Madrid et mort le 2 juillet 2019 dans la même ville) est un réalisateur et scénariste espagnol. 1958 : Aquellos tiempos del cuplé. 1960 : El vagabundo y la estrella. 1964 : Alféreces provisionales. 1966 : Per un pugno di canzoni. 1967 : Sang et Or. 1968 : Requiem pour Gringo. 1968 : Colpo sensazionale al servizio del Sifar. 1969 : Panzer division. 1969 : La Patrouille des sept damnés. 1969 : Z comme Zorro. 1970 : Os cinco Avisos de Satanás. 1970 : La Furie des Kyber. 1970 : Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois. 1970 : Des Dollars pour McGregor. 1970 : Le Monstre du château. 1970 : Le Commando des braves. 1971 : Zorango et les comancheros. 1971:  El Zorro de Monterrey. 1972 : La rebelión de los bucaneros. 1972 : Les Orgies macabres. 1974 : Juegos de sociedad. 1974 : Tarzán en las minas del rey Salomón. 1974 : Juan Ciudad: ese desconocido. 1976 : Sábado, chica, motel ¡qué lío aquel!. 1977 : Marcada por los hombres. 1979 : Siete cabalgan hacia la muerte. 1983 : USA profession tueur. 1983 : La avispita Ruinasa. 1984 : Gritos de ansiedad. 1990 : Superagentes en Mallorca. 

Quelle aubaine incommensurable de découvrir à l'improviste une perle Bisseuse Italo-ibérique dont j'ignorai l'existence, alors que l'oeuvre zédifiante (nullement péjoratif chez moi) ne cesse de charmer l'initié à travers sa volonté de fer de nous faire croire à l'improbable. Ainsi, l'intrigue criminelle, au suspense latent, a beau constamment faire sourire (sans jamais s'en railler), on reste magnétisé par la volonté intègre des comédiens communément TRES attachants à endosser leur rôle avec sérieux rigoureusement imperturbable. Tant et si bien qu'en prime de sa scénographie gothique envoûtante (tous les intérieurs domestiques feraient presque parfois songer à du Hammer), entourée d'une vaste nature enneigée superbement photographiée et éclairée (notamment au niveau des séquences nocturnes), Les Orgies Macabres demeure génialement ludique pour qui raffole de séries B débridées (le final truffé de rebondissements vaut son pesant de cacahuètes) extrêmement sincères à tenter de nous faire frissonner l'échine avec parfois une certain brio inespéré. 

Les apparitions des zombies putréfiés faisant leur petit effet répulsif de par ses visions de cauchemar infiniment morbides, qui plus est d'une morphologie typiquement latine. On peut également préciser qu'en guise de cerise sur la gâteau (même si je ne suis pas un admirateur indéfectible de l'acteur) Mr Paul Naschy s'invite dans la demeure en fossoyeur interlope avec sa traditionnelle expressivité 1er degré si bien que l'on se distrait de ses quelques exubérances à tenter de nous faire douter de ses agissements potentiellement perfides, ou pas. Ainsi donc, l'intrigue capillotractée a beau en faire des tonnes (surtout lors de l'ultime demi-heure en roue libre menée à un train d'enfer) on croit pour autant à ce que l'on nous conte puisque plongé, comme les protagonistes, dans un cauchemar éveillé à l'atmosphère ombrageuse génialement saillante (qui plus est souvent joliment cadrée !). C'est d'ailleurs la plus grande qualité du film que de nous immerger dans cet univers macabre aux accents de Poe en prime d'apprécier avec réelle tendresse les agissements investigateurs de ces acteurs de seconde zone d'un charisme pittoresque indécrottable. A ne pas rater, d'autant plus que les 2 actrices parfois dénudées demeurent divines de beauté sensuelle par leur nationalité belge (Dorys) ou italienne (Nadja).

*Bruno

jeudi 6 juillet 2023

Né un 4 Juillet / Born on the Fourth of July. Oscar du Meilleur Réalisateur, 1990.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Oliver Stone. 1989. U.S.A. 2h24. Avec Tom Cruise, Willem Dafoe, Bryan Larkin, Raymond J. Barry, Caroline Kava, Josh Evans, Sean Stone 

Sortie salles France: 21 Février 1990. U.S: 20 Décembre 1989.

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 Septembre 1946 à New-york. 1974: La Reine du mal (Seizure), 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 juillet, 1991: The Doors, J.F.K, 1993: Entre ciel et terre, 1994: Tueurs nés, 1995: Nixon, 1997: U turn, 1999: l'Enfer du dimanche, 2003: Commandante (documentaire sur Fidel Castro), Persona non grata (documentaire sur l'Israel et la Palestine), 2004: Looking for fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W: l'improbable président, 2009: South of the border (documentaire sur Hugo Chavez), 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012 : Savages. 2016 : Snowden. 

Euphémisme que de prétendre que Né un 4 juillet est un puissant réquisitoire contre l'absurdité de la guerre du Vietnam après que le gouvernement ricain eut envoyé au front de jeunes recrues endoctrinés par leur sens du devoir patriotique. Porté à bout de bras par un Tom Cruise martyrisé dans sa condition paraplégique marquant ainsi de son empreinte estropiée peut-être le rôle de sa vie, Né un 4 juillet laisse un arrière goût d'amertume et de nonchalance sitôt le générique clôt. Oliver Stone, épaulé d'une caméra mobile, demeurant impliqué d'y autopsier l'introspection évolutive du vétéran Ron Kovic prenant peu à peu conscience de ses erreurs de s'être engagé aussi promptement par goût du risque et sens du courage et de la compétition (on témoigne d'ailleurs au préalable de sa passion pour le sport de la lutte) en rejoignant finalement le mouvement hippie en voie de rébellion contre le gouvernement (on est d'ailleurs aujourd'hui sidéré par la violence des matraques employée par les forces de l'ordre contre les manifestants). Descente aux enfers morale à la fois rigoureuse et éprouvante au fil du cheminement frondeur de Ron brisé par les horreurs de la guerre (notamment sa culpabilité inconsolable d'avoir tué accidentellement un de ses acolytes ou encore d'avoir été témoin de la mort de villageois, dont enfants et nourrissons vietnamiens), Né un 4 juillet provoque dégoût et révolte sous l'impulsion de Tom Cruise habité par la rage de l'injustice. 

Car s'efforçant de réveiller les consciences (tant auprès de sa famille profondément catholique que du gouvernement peu à l'écoute de ses anciens combattants déjà discrédités pour leurs soins hospitaliers de par la pénurie du matériel médical) avec une intensité émotionnelle où le désespoir suinte de ses pores (notamment auprès de sa romance impossible avec la ravissante Donna suggérée en filigrane). Quand bien même d'observer en temps réel l'émergence de sa prise de conscience à reconsidérer ses valeurs d'héroïsme patriotique renforce l'aspect dérisoire de sa condition soumise de s'être aussi naïvement laissé berner par les mensonges de son gouvernement. Véritable viol collectif que fut cette guerre vietnamienne ayant traumatisé sa jeune génération qui ne souhaitait qu'imprimer l'histoire afin d'honorer leurs ancêtres de la seconde guerre (dixit Ron), Né un 4 juillet est une oeuvre fleuve (2h24) résolument dure, rigoureusement cruelle et maladive, fétide, malsaine et cauchemardesque à travers les yeux éplorés d'un paraplégique, prisonnier de son corps inerte, ayant perdu toute dignité. Et ce avant de se raviser, de se relever afin de combattre son propre gouvernement pour le proscrire au pilori aux yeux du grand public. Grand film glaçant, assurément, voir même profondément édifiant, perturbant auprès de la responsabilité politique des américains du déni dénués d'empathie, de respect, de tolérance auprès de leurs héros sacrifiés. 

*Bruno

Récompenses:

National Board of Review 1989

Top Ten films

Oscars 1990

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

meilleur montage pour David Brenner et Joe Hutshing

Golden Globes 1990

meilleur film dramatique

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

meilleur acteur dans un film dramatique pour Tom Cruise

meilleur scénario pour Oliver Stone et Ron Kovic

BMI Film & TV Awards 1990

BMI Film & TV Award pour John Williams

Directors Guild of America Awards 1990

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

Chicago Film Critics Association Awards 1990

meilleur acteur pour Tom Cruise

Golden Reel Awards 1990

meilleur montage sonore

meilleur montage des effets sonores

mercredi 5 juillet 2023

Dans ses yeux / El secreto de sus ojos. Oscar du Meilleur Film Etranger, 2010.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juan José Campanella. 2009. Argentine. 2h09. Avec Ricardo Darín, Soledad Villamil, Pablo Rago, Javier Godino, Guillermo Francella, José Luis Gioia

Sortie salles France: 5 mai 2010. Espagne : 25 septembre 2009

FILMOGRAPHIEJuan José Campanella (né le 19 juillet 1959 à Buenos Aires) est un metteur en scène de cinéma argentin qui a surtout travaillé pour les télévisions américaines. 1979 : Prioridad nacional (court-métrage). 1984 : Victoria 392 (documentaire). 1991 : The Boy Who Cried Bitch (en). 1997 : La Part du mal. 1999 : El mismo amor, la misma lluvia. 2001 : Le Fils de la mariée (El hijo de la novia). 2004 : Luna de Avellaneda. 2009 : Dans ses yeux (El secreto de sus ojos). 2013 : Metegol. 2019 : La Conspiration des belettes. 

A la lisière du chef-d'oeuvre élégiaque politiquement incorrect.
Lardé de récompenses en Argentine, à Beaune et aux Oscars, Dans ses yeux est un plaisir de cinéma à la fois auteurisant et populaire comme on en voit peu dans le paysage du divertissement trop souvent formaté. Tant et si bien qu'ici on est constamment étonné, fasciné, attentionné, interloqué par le profil psychologique de ses personnages ibériques communément tourmentés, hantés, obsédés, chagrinés de culpabilité à la suite d'un viol crapuleux à l'issue finalement irrésolue. De par la profondeur psychologique de ceux-ci et cette trajectoire narrative reptilienne qu'on ne peut anticiper, on reste fasciné, magnétisé du jeu hétérodoxe des acteurs endossant leur rôle de façon à la fois si personnelle, naturelle, impliqués corps et âmes (jusque dans le non-dit), humainement versatile (notamment auprès de l'ami de Benjamin, Pablo, ivrogne prévenant, et du héros traumatisé par la candeur d'une victime sacrifiée à la beauté épurée). 

D'autre part, par sa science du suspense lestement latente et diffuse oscillant avec une rare intelligence, et au travers de nombreux flash-back, la fragilité de sentiments passionnels indécis avec l'enquête policière de longue haleine, Juan José Campanella y magnifie sa scénographie alambiquée, élégante, maîtrisée (notamment ce surprenant plan-séquence amorçant un zoom plongeant sur un stade de foot lors d'une filature) afin de parfaire une douloureuse histoire d'amour à l'issue indécise. A l'instar de son final ambigu à double niveau de lecture que le héros imagine dans sa psyché torturée. Ainsi, au bout du compte, Dans ses yeux demeure un sublime drame psychologique à la fois, trouble, ambivalent, ensorcelant, cruel et douloureux sous l'impulsion d'un récit passionnel remarquablement construit afin de surprendre le spectateur emporté dans un maelstrom d'émotions tendues, bouleversées, contrariées à la suite d'une découverte morbide inconsolable. Et d'y parfaire avec autant de brio métronome suspense, émotions et tendresse tout en prenant son temps afin de mieux nous surprendre de la tournure dramatique des évènements auprès de personnages complémentaires en proie à la corruption politique relève d'une gageure à l'identité propre. 


Dédicace à Steph Passoni

*Bruno

Récompenses

Prix Sud 2009 : 13 prix dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleure actrice argentins

Prix Goya 2010 : meilleur film étranger en langue espagnole

Oscars du cinéma 2010 : meilleur film en langue étrangère

festival international du film policier de Beaune 2010 : Grand prix du jury et prix du « jury spécial police »