vendredi 30 juillet 2021

J.F partagerait appartement

                                            
                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site grainandnoise.wordpress.com

"Single White Female" de Barbet Schroder. 1992. U.S.A. 1h48. Avec Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh, Steven Weber, Peter Friedman, Stephen Tobolowsky, Frances Bay

Sortie salles France: 16 Septembre 1992. U.S: 14 Août 1992

FILMOGRAPHIEBarbet Schroeder est un réalisateur et producteur, de nationalité française d'origine suisse, né le 26 Août 1941 à Téhéran (Iran). 1969: More. 1972: La Vallée. 1976: Maîtresse. 1984: Tricheurs. 1987: Barfly. 1990: Le Mystère Von Bulow. 1992: J.F partagerait appartement. 1995: Kiss of Death. 1996: Before and after. 1998: l'Enjeu. 2000: La Vierge des Tueurs. 2002: Calculs Meurtriers. 2007: l'Avocat de la terreur (Documentaire). 2008: Inju, la Bête dans l'ombre. 2009: Mad Men (série TV). 2015: Amnesia.


"Les années 90 et leur thriller domestique resté dans les mémoires." 
Surfant sur la vague du thriller érotique initié par Liaison Fatale puis Basic Instinct, JF partagerait appartement adopte le principe du psycho-killer hollywoodien avec efficacité et savoir-faire. Le pitchA la suite d'une annonce, Hedy se présente à l'appartement d'Allie pour s'y partager une collocation. Rapidement, les deux locataires parviennent à entamer une relation amicale en dépit de la nouvelle intrusion de l'ancien amant d'Allie. Mais peu à peu, Hedy éprouve des signes de jalousie envers leur réconciliation. Un pitch simpliste et prévisible que l'artisan Barbet Schroder parvient à imprimer sur pellicule au gré d'un percutant suspense toujours soutenu, et ce avant de se laisser chavirer vers les conventions lors d'un final sanglant pour autant intense, haletant et assez convaincant. Pour ce faire, il compte avant tout sur le jeu mesuré de son duo féminin pleinement convaincant à travers leur affrontement psychologique de longue haleine où l'une ne cesse de s'interroger sur l'ambiguïté morale de l'autre constamment fureteuse et envieuse. Hedy (Jennifer Jason Leigh) demeurant une fille solitaire profondément perturbée (pour ne pas dire traumatisée) depuis la mort accidentelle (?) de sa soeur jumelle. Ainsi, incapable de se pardonner sa culpabilité, Hedy, en mal d'affection et de rédemption, tente de renouer une amitié (amoureuse) indéfectible auprès de sa co-locataire Allison Jones. 


Trouble, malaisante, saisissante, voire parfois même épeurante, Jennifer Jason Leigh porte l'intrigue sur ses frêles épaules avec une force d'expression lestement dérangée. La jeune actrice insufflant un jeu taciturne et insidieux davantage malsain au fil d'un climat vénéneux agrémenté de morts quelque peu horrifiques. Barbet Schroder exploitant d'autant mieux les pièces de l'immeuble académique (façon Rosemary's Baby) auquel finira par s'y jouer une partie de cache-cache pour la survie entre victime et bourreau. Un ascenseur, une chambre ou un salon se déclinant en huis-clos étouffant lorsque les victimes se retrouvent prises au piège en tentant désespérément d'y invoquer de l'aide par l'entremise d'un téléviseur, d'internet ou d'un téléphone. Quant à Bridget Fonda, petite bout de femme gironde ultra sexy, celle-ci n'a rien à envier à sa rivale en proie autrement influençable un brin naïve à pardonner un trop facilement l'adultère de son amant et la folie meurtrière de sa rivale résolument amoureuse d'elle. De par sa personnalité assez sensible, son indulgence humaine et sa lucidité d'y cerner peu à peu la personnalité torturée de sa comparse, Bridget Fonda nous provoque une empathie méritoire, notamment auprès de son initiation héroïque à se mesurer à Hedy avec une détermination assez véloce, voire également retorse (son opposition dans l'ascenseur, sa planque dans un conduit). 


Psycho-killer grand public jouant habilement avec les nerfs du spectateur (tout du moins 1h30 durant avant la facilité des confrontations explicites pour autant percutantes), J.F Partagerait appartement  repose beaucoup sur les talents indiscutables de son duo féminin en y cultivant à terme une fascinante réflexion sur la dichotomie de la culpabilité et du pardon du point de vue d'une gémellité avilie par la jalousie, la rancoeur et la manipulation. Bon suspense psycho donc toujours aussi diaphane, inquiétant et captivant en dépit de scories téléphonées (bien qu'on a largement vu pire ailleurs avec beaucoup moins d'efficacité et de plausibilité).  

*Eric Binford
30.07.21. 4èx
27.10.16. 

jeudi 29 juillet 2021

Milla. Coup de coeur du Jury au Festival de Valenciennes.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Shannon Murphy. 2019. Australie. 1h58. Avec Eliza Scanlen, Essie Davis, Ben Mendelsohn, Toby Wallace, Andrea Demetriades, Emily Barclay.

Sortie salles France: 28 Juillet 2021. Australie: 23 Juillet 2020

FILMOGRAPHIE: Shannon Murphy est une réalisatrice, scénariste et productrice australienne. 2019: Milla.


"Un crève-coeur capiteux; condensé d'humour, d'onirisme, de fraîcheur et de violence amoureuse, sans jamais se morfondre dans la sinistrose. Eprouvant mais rédempteur."
Romcom mâtinée de mélo à la sauce australienne sous couvert d'un pitch éculé faisant craindre le produit sirupeux à faire pleurer dans les chaumières, Milla en est le contre-exemple impératif dans sa capacité à élever les genres à un état de grâce insoupçonné. C'est dire si la néophyte (c'est sa 1ère réalisation) s'y entend pour nous amener à la suivre sur les pentes d'une tragédie humaine écorchée vive (le final déchirant vous martyrisera la mémoire ad vitam aeternam) détournant les clichés avec une dextérité forçant le respect. Tant et si bien qu'à travers la maladie mortelle de Milla, jeune ado en mal d'amour mais férue de joie de vivre au grand dam de sa condamnation, c'est le portrait d'une famille dysfonctionnelle que l'on nous dépeint parmi l'intrusion précipitée d'un délinquant impertinent tombant peu à peu amoureux de celle qu'il venait de secourir (incidemment ?) lors d'une tentative de suicide ferroviaire. Mais pour quelles mobiles Milla s'avère aussi puissamment vertigineux, lumineux, universel sans jamais s'en rendre compte ? (les séquences se succèdent au rythme d'évènements aléatoires en se laissant bercer par la confusion des sentiments des personnages désorientés). Pour une raison d'authenticité documentée à travers l'expression sidérante des acteurs, juvéniles ou adultes, s'échangeant la réplique auprès de leurs homologues avec une intensité humaine plus vraie que nature. Parce que Shannon Murphy s'alloue aussi d'un pilier inébranlable pour s'extraire du pathos bon marché à travers un humour ravageur quasi permanent quant aux portraits fragilisées des parents substitués en junkies pour y pallier leur douleur morale difficilement gérable. 


Ce qui donne lieu à des moments bipolaires rafraichissants tout en saisissant le sens de leurs comportement troublé face à l'injustice du cancer que leur fille supporte tel un fardeau sans jamais se plaindre, ouvertement parlant (en dépit du final rédempteur où l'on se confond vers une autre dimension émotionnelle). Et ce au point qu'on en omet la maladie de l'héroïne tant son climat de tendresse réconfortant, orageux, cocasse, badin nous est scandé dans un déluge d'images exaltantes, positives, vitales, sémillantes, gracieuses, naturelles tout simplement, de par la personnalité épurée de son auteur au plus près des sentiments humains qu'elle se refuse à caricaturer sans soupçon de voyeurisme. Quand bien même le jeune charismatique  Toby Wallace se dégage du stéréotype délinquant avec une force de caractère anti manichéenne en paumé sur la corde raide récupéré par un soupçon de sentiments pour cette étrangère qu'il apprend à côtoyer. Eliza Scanlen endossant sa petite amie avec une douceur d'âme et de personnalité responsable en malade incurable dévorant l'instant présent avec une joie de vivre ancrée dans la pudeur. Tous ces personnages déambulant autour de Milla avec une sincérité humaine jamais outrée dans leur désir d'y susciter le goût de vivre, l'appât de la joie quotidien jusqu'à la fatalité. Le tout irrigué d'un onirisme tantôt lunaire (la séquence singulière de la boite de nuit puis celle au sein d'un bar avec ses mouvements sensuels des corps déhanchés), tantôt naturaliste (la plage, le crépuscule à l'écoute des oiseaux) afin d'élever le film vers des horizons gratifiantes en dépit de la violence toujours plus affirmée des sentiments que les personnages expriment (mais aussi combattent) avec une personnalité autoritaire pleine de dignité, d'humilité, de modestie. 


"La mort commence lorsque vous cessez d'être un enfant".
Bijou d'humour et de gravité sous l'impulsion d'une poignée de personnages extrêmement familiers, Milla est un miracle d'émotions capiteuses jamais programmées. Un hymne à la tolérance et à la vie établit du point de vue de l'atavisme de la mort, cette injustice morbide que la réalisatrice traite sans ambages, avec autant de tact et de suggestion que de brutalité escarpée (on a parfois réellement l'impression de se retrouver face à la mort à travers les yeux de saphir de Milla). 

*Eric Binford

Récompenses: Mostra de Venise 2019 : Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir pour Toby Wallace
Festival international du film de Transylvanie 2020 : Trophée Transilvania du meilleur film et prix du public. 
Coup de coeur du Jury au 18è Festival de Valenciennes. 

mercredi 28 juillet 2021

Voyage au bout de l'horreur

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Nest" de Terence H. Winkless. 1987. U.S.A. 1h29. Avec  Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies. 

Sortie salles France: ?. U.S: 13 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Terence H. Winkless est un réalisateur, acteur et scénariste américain. 1988: Voyage au bout de l'horreur. 1992 Rage and Honor. 1992. The Berlin Conspiracy. 1990 Private Offerings. 1990 Corporate Affairs. 1989 Bloodfist. 1996: Les aventuriers de la rivière sauvage. 1996: Ladykille. 1995. Mighty Morphin Power Rangers: Ninja Quest (Video).  1995 Not of This Earth. 1997: The Westing Game (TV Movie). 2013: Heart of Dance. 2009Twice as Dead. 2007 Nightmare City 2035.  2003 Fire Over Afghanistan. 


Formidable B movie horrifique inédit en salles chez nous (si je ne m'abuse), Voyage au bout de l'horreur fit les beaux jours des vidéophiles lors de son exploitation en Vhs à l'issue des années 80. Et bien qu'aujourd'hui il demeure hélas à la fois oublié et méconnu, ce divertissement sans prétention dégage un charme encore plus probant aujourd'hui faute de son époque révolue à l'ère du tout numérique qui ne nous fait que rarement tripper ou rêvasser. C'est dire si Terence H. Winkless s'y entend pour nous divertir avec une générosité et une sincérité transpirants à chaque coin de l'écran. Et ce 1h29 durant car Voyage au bout de l'horreur se permet en outre d'y cultiver un rythme vif pour ne pas ennuyer le spectateur embarqué dans une énième invasion de cafards mutants (ils sont quasi omniprésents à l'écran afin de nous fasciner avec appréhension viscérale) qu'une poignée d'entomologistes, de bénévoles et un shérif tentent de juguler avec un courage en herbe. Or, ce qui rend si ludique et bonnard le spectacle du samedi soir émane autant du charisme ingénu des comédiens de seconde zone se prêtant à l'aventure avec une bonhomie inébranlable. 


On reconnaîtra d'ailleurs à travers cet attachant cast la jeune actrice Lisa Langlois révélée dans le cintré Class 84, incarnant ici la fille d'un savant s'efforçant d'épauler ce dernier à la suite des conséquences dramatiques de ses expériences génétiques. Une prestance amiteuse convaincante donc puisque l'on craint pour sa survie lors de ses stratégies de dernier ressort culminant au final explosif confiné dans une grotte. Ponctué d'humour noir entre deux séquences comiques (dont un clin d'oeil à Ré-animator avec ce chat mutant erratique coursant ses victimes tous azimuts dans une cave, ou encore cette tenancière d'un snack affrontant les cafards avec ses ustensiles de cuisine !), Voyage au bout de l'horreur est généreux en scènes gorasses du plus bel effet répulsif. Et si certains trucages ont beau accuser une facture inévitablement cheap, le spectateur immergé dans l'action croit dur comme fer à ce qu'il voit, à l'instar d'un bambin guilleret contemplant son jouet qu'on vient de lui offrir dans son paquet cadeau artisanal. Non, franchement, les situations horrifiques les plus sanglantes demeurent jouissives par leur attrait plaisamment provocateur, voir également par leur aspect débridé. Quand bien même on se fascine avec recul pour la posture malsaine d'une des protagonistes féminines jouant les médecins scientifiques avec un sado-masochisme déviant pour son amour lubrique des cafards hybrides ! 


Beaucoup plus stimulant et divertissant qu'à son époque alors qu'il s'agit d'un 1er essai, Voyage au bout de l'Horreur s'avère l'archétype du B movie horrifique du samedi soir pour son amour immodéré aux insectes mutants ici pleinement convaincants quant au parti-pris du réal à recruter de véritables blattes à l'écran (hélas parfois sacrifiés pour un mobile de réalisme morbide). A redécouvrir sans hésiter chez tous les puristes nostalgiques des années 80 ! 

Eric Binford
2èx

mardi 27 juillet 2021

Pig

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Sarnoski. 2021. U.S.A. 1h32. Avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin, October Moore, Dalene Young, Gretchen Corbett.

Sortie salles U.S: 16 Juillet 2021

FILMOGRAPHIEMichael Sarnoski est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2021: Pig. 


Difficile de se faire une opinion objective à la sortie de la projo si bien que Pig déconcerte, désarçonne autant qu'il séduit selon notre immersion émotionnelle, notre humeur du jour et notre degré de sensibilité. Tant auprès de la cause animale, subsidiaire au récit, que de la déchéance humaine d'un solitaire déchu de son passé véreux. Le kidnapping de son cochon n'étant qu'un prétexte pour y tenter de profiliser ce veuf meurtri replié sur lui même au point de vivre en autarcie en pleine nature. Difficile d'accès et dénué de violence, en dépit du 1er quart d'heure concis et d'une bastonnade officieuse (sorte de Fight Club à l'envers !), Pig insuffle un rythme très lent au fil de la requête de Robin Feld déterminé à retrouver son cochon truffier par simple amour pour l'animal comme il l'avoue à son jeune complice (et non comme outil de travail rentable pour y renifler les truffes). L'intrigue prenant son temps à étudier les personnalités de 3 protagonistes du point de vue contestataire de Rob en désarroi affectif. Son climat langoureux baignant dans une aigre mélancolie face à un type désoeuvré noyé de pessimisme, de chagrin et de remord à la suite de son passé torturé. Par conséquent, par le truchement moral de celui-ci, spécialiste culinaire entre autre, et de ces confrères peu recommandables, Pig dresse un tableau plutôt pessimiste sur la nature humaine.


Son orgueil, sa mégalomanie et son égoïsme pour tenter de survivre, de se faire une place dans un monde déloyal toujours plus intolérant envers son prochain. C'est ce qui fait la force ou la puissance dramatique de Pig, errance existentielle d'un proscrit contraint de s'extirper de son terrier pour tenter de retrouver sa seule compagnie amiteuse dans sa morne condition de déréliction. Presque méconnaissable auprès d'un regard martyrisé par le désastre, on n'avait pas observé un Nicolas Cage aussi strié dans sa carapace de clodo à la fois flegme et taciturne plombé du deuil, de la vie impossible en société tout en se remémorant son passé probablement meurtrier. Contemplatif, dépressif et plein de pudeur (notamment auprès de la fragilité fortuite des seconds-rôles), Pig tente donc de nous dévoiler au compte goutte de maigres indices sur le passé de Robin au gré d'un climat de désillusion dénué de fioriture. Tant et si bien que sa conclusion, bouleversante mais résolument sobre, risquera sans doute de déplaire à une frange de spectateurs, surtout ceux militant pour la cause animale (rester dans l'interrogation demeure ici assez frustrant). Le réalisateur s'efforçant d'authentifier sa tragédie humaine sans optimisme du happy-end. Et ce parmi cette volonté assumée d'y parfaire la gravité de son récit dans une intimité humaine ne comptant que sur les traces du passé pour se remémorer un bonheur conjugal aujourd'hui éteint. 


En tout état de cause, pour qui sait apprécier les vraies propositions d'un cinéma personnel réfractaire aux codes, à la conformité et aux effets de manche, Pig ne peut laisser indifférent. Que l'on adhère ou que l'on rejette cette ambulation humaine que Nicolas Cage immortalise de sa (douce) présence en berne. 

*Eric Binford

lundi 26 juillet 2021

The Visitor

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site buddy-movierepack.blogspot.com

"Stridulum / Le Visiteur Maléfique". de Giulio Paradisi (Michael J. Paradise). 1979. U.S.A/Italie. 1h48. Avec John Huston, Mel Ferrer, Glenn Ford, Lance Henriksen, Shelley Winters, Sam Peckinpah, Joanne Nail 

Sortie salles France: 21 Novembre 1980. Italie: 3 Août 1979.

FILMOGRAPHIEGiulio Paradisi (né en 1934 à Rome, Italie) est un acteur, scénariste et réalisateur italien. Il est aussi connu sous le nom de Michael J. Paradise. 1970 : Terzo canale (Avventura a Montecarlo); 1976 : Ragazzo di Borgata; 1979 : Tesoro mio. 1979 : Le Visiteur maléfique (Stridulum). 1982 : Spaghetti House. 

Quelle bien étrange curiosité que ce Visitor autrefois diffusé sur Canal + lors des années 80, si bien que j'en ai toujours préservé un souvenir assez séduisant à travers son alliage hybride des genres (Fantastique - Horreur - Science-Fiction se télescopent en mode psychédélique). Production italo-américaine dont on reconnait bien là la patte transalpine à travers le soin de sa partition musicale et de son inquiétante bande-son monocorde), The Visitor surfe sur le succès de la Malédiction à travers son synopsis référentiel lorsqu'une fillette, envoyée du Mal, tente d'asseoir sa réputation sur Terre en tourmentant sa famille et son entourage. Réalisé sans habileté (notamment au niveau du montage superficiel) avec parfois quelques incohérences narratives (également dans la posture de certains personnages, tel l'envoyé du Bien se substituant à la baby-sitter le temps d'une soirée, ou encore la mère de Katy devenue tétraplégique sans que cela ne la traumatise), l'intrigue militant pour l'affrontement entre le Bien et le Mal demeure sans surprise bien que le spectacle tantôt envoûtant (toutes les séquences onirico-mystiques épaulées d'une bande-son lancinante) ne manque pas de surprises. 

Tant auprès de certaines scènes chocs surgies de nulle part (la conduite erratique de Glenn Ford sur l'autoroute, la poursuite entre bambins sur la patinoire) et assez bien réalisées, de ses moments ésotériques planants (on peut parfois songer à La Forteresse Noire), de ses idées ou détails imprévisibles (l'utilisation symbolique des volatiles) que de son incroyable casting parmi lesquels s'y croisent John Huston, Mel Ferrer, Glenn Ford, Lance Henriksen, Shelley Winters, Sam Peckinpah et Franco Nero !). Une distribution oh combien surprenante d'avoir accepter de se compromettre à un projet aussi mineur bien que le réalisateur demeure tout à fait inspiré pour se démarquer de l'ornière en y alliant efficacement les genres au gré d'un climat d'étrangeté prégnant. C'est ce qui fait le charme désuet de The Visitor que l'on a plaisir à revoir (même si uniquement réservé aux afficionados d'ovni introuvable !) en dépit d'un schéma narratif approximatif, voir parfois même redondant (notamment auprès des moult tentatives de Katy à se débarrasser de sa mère).


Killing Birds
Réalisé sans habileté mais formellement baroque et souvent soigné à daigner se démarquer des convenances, The Visitor demeure une intéressante curiosité aussi déconcertante que surprenante (notamment auprès de la brutalité inopinée de certaines situations punitives que Katy impulse). 

Remerciement à buddy-movierepack

*Eric Binford
2èx

mercredi 21 juillet 2021

La Mante Religieuse

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Tang lang" de Liu Chia-liang. 1978. Hong-Kong. 1h36. Avec David Chiang, Cecilia Wong, Lily Li, Chia Yung Liu, Norman Chu, Frankie Wei. 

Sortie salles France: 6 Avril 1983. Hong-Kong: 28 Juin 1978.

FILMOGRAPHIELiu Chia-liang (劉家良 en chinois, Lau Kar-leung en cantonais) (né le 28 août 1936 à Canton et mort le 25 juin 2013 à Hong Kong) est un réalisateur, acteur et chorégraphe chinois.1975 : Wang Yu défie le maître du karaté. 1976 : Le Combat des maîtres. 1977 : Les Exécuteurs de Shaolin. 1978 : La Mante religieuse. 1978 : La 36e Chambre de Shaolin. 1979 : Les Démons du karaté ou Shaolin contre Ninja. 1979 : Spiritual Boxer 2. 1979 : Le Prince et l'arnaqueur. 1979 : Le Singe fou du kung-fu. 1980 : Retour à la 36e chambre. 1980 : Emperor of Shaolin Kung Fu. 1981 : Martial Club. 1981 : Lady Kung-Fu. 1982 : Cat Versus Rat. 1982 : Les 18 armes légendaires du kung-fu. 1983 : Les Huit Diagrammes de Wu-Lang. 1983 : The Lady Is the Boss. 1984 : Carry On Wise Guy. 1985 : Les Disciples de la 36e chambre. 1986 : Les Arts martiaux de Shaolin. 1988 : Tiger on the Beat. 1989 : Mad Mission 5. 1990 : Tiger on the Beat 2. 1992 : Opération Scorpio. 1994 : Combats de maître/Drunken Master 2. 1994 : Drunken Master 3 (Jui kuen III). 2002 : Drunken Monkey. 

Sans daigner concourir au chef-d'oeuvre du genre, La Mante Religieuse est un excellent divertissement revisitant Romeo et Juliette avec tendresse, espièglerie, cruauté et action virevoltante. Wei Fung ayant pour mission d'infiltrer la famille de la jeune Chi-chi afin d'y dénicher une liste secrète. Or, en tant qu'enseignant, celui-ci tombe amoureux d'elle si bien qu'ils finissent par se marier. Mais pour leur enjeu de survie, les deux amants auront à traverser 5 épreuves mortels avant de vouloir présenter Chi-chi à sa belle-famille. Si les 3 premiers quarts-d'heure imprégnés de suave légèreté cèdent place aux batifolages de nos amants en apprentissage martial, pédagogue et amoureux, la suite relève de la pyrotechnie estampillée "Shaw Brothers" eu égard des improbables combats s'enchaînant à coup de sabre, de lance, de poignard, de nunchaku ou à poings nus. Les affrontements ultra furtifs nous donnant le vertige à travers la lisibilité d'une action éclectique que se partagent 2, 3, voir 4 adversaires férus de soif de victoire. 

Tant auprès des 5 épreuves offensives d'une inventivité en roue libre que de la vengeance intime de Wei Fung s'inspirant des gestes de défense d'une véritable mante religieuse pour venir à bout de ses futurs ennemis. Ses séquences d'entrainement instaurées en pleine nature nous valant des moments de poésie à la limite de la féerie lorsque celui-ci s'efforce de reluquer consciencieusement les expressions et gestes de la mante pour reproduire son agilité héroïque. Ainsi donc, à travers le thème des valeurs familiales,  Liu Chia-liang y dénonce la tradition conservatrice sous couvert de rivalité engendrant à mi-parcours des bravoures toutes plus époustouflantes les unes que les autres. Et ce au risque de déconcerter à terme une partie du public lors de son épilogue d'une amère cruauté (si bien que l'on ne s'y attend pas vraiment tant le revirement demeure aussi soudain que beaucoup trop précipité). En tout état ce cause, le spectacle ébouriffant en vaut la chandelle pour tous amateurs de divertissement d'art-martial d'une fulgurance visuelle inégalable. Et ce plus de 40 ans après sa sortie, comme quoi les classiques (même les plus mineurs !) ont encore de belles soirées devant eux pour courtiser le fan. 

*Eric Binford.

mardi 20 juillet 2021

Le Trésor de la Montagne sacrée

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Arabian Adventure" de Kevin Connor. 1979. Angleterre. 1h34. Avec Christopher Lee, Oliver Tobias, Puneet Sira, Milo O'Shea, Emma Samms, Mickey Rooney, John Wyman.

Sortie salles France: 18 Juillet 1979

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


Inévitablement mineur, faute d'une intrigue faiblarde, de situations éculées ici rendues ringardes, de personnages mal développés (sans compter le charisme poussif du héros redresseur de tort) et du manque d'ambition de Kevin Connor peu épaulé de son modeste budget (bien qu'au niveau formel les décors de carton pate et la photo demeurent flamboyants), cette sympathique aventure des 1001 nuits est incontestablement à prioriser aux enfants. Ses points forts: toutes les scènes d'action se déroulant sur tapis volant font leur impression d'immersion féérique, et ce en dépit de trucages perfectibles pour autant charmants par leur attrait désuet. On apprécie enfin le jeu naturel de Puneet Sira en faire-valoir candide, le meilleur interprète de l'aventure affublé d'un charmant capucin agrippé sur son épaule. 

*Eric Binford
4èx

lundi 19 juillet 2021

Cop

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James B. Harris. 1988. U.S.A. 1h51. Avec James Woods, Lesley Ann Warren, Charles Durning, Charles Haid, Raymond J. Barry, Randi Brooks.

Sortie salles France: 25 Janvier 1989. U.S: 11 Mars 1988

FILMOGRAPHIEJames B. Harris est un producteur et réalisateur américain né le 3 août 1928 à New York. 1965 : Aux postes de combat. 1973 : Some Call It Loving. 1982 : Fast-Walking. 1988 : Cop. 1993 : L'Extrême Limite (Boiling Point). 

Si James B. Harris possède une si courte carrière à son actif, il eut au moins réalisé une oeuvre marquante des années 80, un thriller porté à bout de bras sur les épaules de James Woods, Cop d'après un roman de l'illustre James Elroy. Car sous ses faux airs de modeste série B du samedi soir, ce psycho-killer symptomatique des années 80 demeure un excellent suspense criminel tirant parti d'un cheminement narratif aussi imprévisible que délétère. Notre personnage majeur, un flic à la fois sournois, cynique et expéditif, évoluant autour d'un univers de corruption à travers la drogue, la prostitution et les flics ripoux qui empiètent son enquête. Si bien que Lloyd Hopkins s'efforce de mettre sous les verrous un dangereux serial-killer sévissant dans le quartier depuis 15 ans. Un tueur de prostituée adepte de poème et de gerbe de fleurs qu'il envoie à ses prétendantes. Avec l'aide de quelques témoignages féminins, Lloyd tente de démasquer l'assassin en usant et abusant de son insigne policier lors de ses ripostes tranchées. Bien que l'intrigue demeure un tantinet difficile à suivre si on fait preuve d'inattention, Cop s'avère aussi fascinant que captivant de par l'intelligence de James B. Harris réfractaire au conformisme et aux clichés pour se démarquer du produit standard. 

Cop affichant au rythme d'un score monocorde génialement opaque (tendance film d'horreur) une carrure de psycho-killer franc-tireur en nous dressant une galerie de portraits aussi fantaisistes que marginaux (surtout l'écrivaine godiche à deux doigts de se faire déssouder par le maniaque faute de sa posture sirupeuse). Et si l'action s'y fait discrète, lorsqu'elle frappe c'est au bon moment et vers la bonne cible d'après les légitimes défenses (discutables) de Lloyd acharné à éradiquer l'ennemi qui se présente face à lui. James Woods crevant à nouveau l'écran à travers ses expressions naturelles de flic en rut plutôt indépendant, rustre et parfois manipulateur afin de parvenir à ses fins. On apprécie également quelques touches d'humour émanant de réparties irascibles ou de comportements niais (l'interrogatoire de l'écrivaine vaut son pesant de cacahuètes, la 1ère rencontre entre Lloyd et la prostituée de luxe adepte des partouzes). 

Ponctué d'éclairs de violence froides, concises mais impressionnantes, au service d'une intrigue à suspense où plane un vénéneux climat d'insécurité sous-jacent, Cop joue finalement dans la cour des grands à charpenter sa narration auprès d'un schéma tortueux réfractaire à l'ornière. James Woods épaulé  de son adjoint, l'accort et bon-vivant Charles Durning, monopolisant l'écran avec une pugnacité imparable dans sa personnalité anti-manichéenne. De ce fait, Cop possède aujourd'hui une patine proéminente grâce à son emballage discourtois aucunement conçu pour plaire à tous.

Eric Binford.
3èx

vendredi 16 juillet 2021

Dans ma peau

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marina de Van. 2002. France. 1h34. Avec Marina de van, Laurent Lucas, Léa Drucker, Thibault de Montalembert, Dominique Reymond, Bernard Alane, Marc Rioufol. 

Sortie salles France: 4 Décembre 2002 (Int - 16 ans avec mention: certaines scènes du film peuvent être difficilement soutenable).

FILMOGRAPHIEMarina de Van est une réalisatrice, scénariste, écrivaine et actrice française de cinéma, née le 8 février 1971 à Boulogne-Billancourt. 2002 : Dans ma peau. 2009 : Ne te retourne pas. 2011 : Le Petit Poucet (Téléfilm). 2013 : Dark Touch.


"La femme qui se mange elle même"
Oeuvre extrême flirtant avec l'horreur viscérale lorsqu'une jeune femme plonge dans l'automutilation après s'être incidemment blessée à la jambe, et ce sans y éprouver sur le moment une quelconque douleur, Dans ma peau est formellement déconseillé aux personnes sensibles si bien que certaines séquences sont difficilement supportables de par son réalisme cru (personnellement j'ai détourné le regard une poignée de secondes à 2 reprises). Autant prévenir d'entrée de jeu car ce premier film réalisé par l'actrice du film, Marina de Van, demeure une éprouvante expérience corporelle lorsque celle-ci s'adonne à la mutilation, la scarification et même l'anthropophagie à la suite de pulsions morbides incontrôlées, pour ne pas dire littéralement addictives. Dans la mesure où celle-ci, perturbée de n'avoir pu ressentir une quelconque douleur lors de sa première blessure, tente de renouer, de communiquer avec son corps en se martyrisant la peau. Un parti-pris névrotique d'y retrouver la souffrance dans son intimité secrète. 

Il s'agit donc d'un film d'auteur premier degré redoutablement malaisant et dérangeant à travers une incroyable mise en scène épurée si bien que l'on observe sa déliquescence morale avec une fascination répulsive (le sang, les cicatrices, les plaies béantes, les bouts de chair sont instaurés a une fréquence métronome). Mais bien au-delà de sa réalisation clinique étrangement poétique, documentée et vertigineuse, Dans ma peau est transcendé du jeu schizo de Marina de Van absolument épeurante en victime dépressive apprenant par le goût du sang à réinterpréter (remodeler ?) son corps tout en lui faisant intimement l'amour et ainsi s'offrir une nouvelle chair (le morceau de peau qu'elle se tanne pour le caler entre son sein et son soutien-gorge). Possible métaphore sur le malaise de nos sociétés modernes au sein d'une spéculation professionnelle avide de rentabilité dans leur enjeu d'émulation, Dans ma peau laisse également transparaître l'égoïsme, l'opportunisme de certains employés dans leur esprit  compétitif (la discussion rébarbative au restaurant entre confrères et consoeurs). Alors que Sandrine, amie envieuse d'Esther, s'endosse une nouvelle posture de rivale dans sa soif de revanche à la fois sadique et infantilisante à la suite d'un poste de leader.  


La nouvelle chair.
Que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc cet objet inclassable rigoureusement autre et couillu, Dans ma peau ne peut laisser indifférent tout passionné de cinéma en requête d'expérience créative, aussi malsain et dérangeant soit son contenu extrême adepte de déchéance mortifiée. Et ce sans jamais se complaire dans une démonstration de force complaisante (un exploit pour un sujet aussi scabreux et déviant !). Etouffant et psychologiquement terrifiant à travers l'accoutumance pathologique de l'héroïne en proie à une solitude délétère (son cheminement en perdition semble irréversible auprès d'une conclusion néanmoins ouverte), Dans ma peau tire parti de son pouvoir de fascination grâce à sa puissance visuelle résolument sensorielle. Qui plus est transfiguré du jeu ambivalent de l'étrange Marina de Van franchement inquiétante d'expression faciale indicible lors de ses prises de conscience contradictoires, ses feintes et ses simulacres avec son amant contrarié (incarné par l'excellent Laurent Lucas !). Une attitude froidement érotisante fréquemment accompagnée d'un regard effacé dénué d'explication, de logique, de résolution. 
Pour public averti.

*Eric Binford
2èx

jeudi 15 juillet 2021

L'Anti-gang

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Sharky's Machine" de Burt Reynolds. 1981. U.S.A. 2h02. Avec Burt Reynolds, Charles Durning, Vittorio Gassman, Brian Keith, Bernie Casey, Rachel Ward, Darryl Hickman, Earl Holliman, Henry Silva. 

Sortie salles France: 7 Juillet 1982 (Int - 13 ans). U.S: 18 Décembre 1981 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Burton Leon Reynolds, dit Burt Reynolds est un acteur, producteur de cinéma et cascadeur américain né le 11 février 1936 à Lansing au Michigan, décédé le 6 septembre 2018 à Jupiter en Floride. 1976 : Gator. 1978 : Suicidez-moi docteur. 1985 : Stick, Le Justicier de Miami. 1993: La gloire oubliée (TV Movie). 1993: Harlan & Merleen (TV Movie). 1998: Hard time - Coup dur (TV Movie). 2000 : The Last Producer. 


Encore une oeuvre maudite, un polar urbain oublié des années 80, une perle rare que Burt Reynolds  réalisa avec inspiration somme toute consciencieuse. Tant et si bien qu'à la revoyure, l'Anti-gang peut se targuer d'être sa plus grande réussite (nulle hésitation possible !) à travers son lot d'actions sanglantes (peu de le dire !), de suspense latent surfant sur le principe du psycho-killer (il y plane parfois un climat délétère aux cimes de l'horreur; notamment de par la prestance hallucinée d'Henry Silva habité par son personnage de junkie psychotique), de romance suave et de policier investigateur. Le tout mis en scène avec une solide inventivité afin d'y détourner les codes de manière aussi finaude que narquoise (ah ce 1er baiser fallacieux que Sharky hésite à échanger avec Dominoe lors de regards mutiques !). Le pitch: à la suite d'une bavure ayant engendré la mort d'une victime par un preneur d'otage froidement abattu l'instant d'après, « Sharky » se retrouve muté à la brigade des moeurs pour prendre en filature une prostituée de luxe. Mais un mystérieux assassin poursuit sa série de meurtres auprès de jeunes catins en coït avec des sénateurs. Quand bien même Sharky est sur le point d'alpaguer un éminent macro en étroite connivence avec son frère toxico, le ténébreux "Billy Score". Clairement influencé par la saga l'Inspecteur Harry et son fameux 357 magnum, L'Anti-gang réexploite surtout le flingue et ses éclairs de violence encore plus incisifs (aux States le film est interdit aux moins de 17 ans) au sein d'une efficace intrigue minutieusement charpentée. 


Burt Reynolds
soignant autant la caractérisation de ses personnages, en prime de nous dresser un magnétique profil de flic à la fois stoïque, réac, studieux et empathique (sa relation naissante avec Dominoe donne lieu à des étreintes romantiques d'une élégance épurée, sans compter une splendide et mélancolique vision fantasmatique biaisée) que sa réalisation assidue où rien n'est laissé au hasard (décors high-tech parfaitement exploités à l'appui avec en sus un épilogue vertigineux en gratte-ciel). Burt Reynolds se fondant dans le corps d'un flic en faction au tempérament discret et laconique mais perspicace dans sa colère contenue lorsqu'il s'agit de mettre hors d'état de nuire un réseau de prostitution huppée. Et si Burt Reynolds monopolise l'écran sans jamais singer Harry Callahan pour imposer sa personnalité autonome, les seconds-rôles délétères, machiavéliques, ne sont pas en reste. Tant auprès du monstre sacré Vittorio Gassman en mac pédant injecté d'arrogance à travers ces petits yeux noirs viciés, que du monolithique Henry Silva absolument bluffant d'expression démoniale à travers ses hurlements hystérisés faute d'abus de coke. Probablement l'un de ses meilleurs rôles à l'écran, tout du moins le plus électrisant, se permettant d'ailleurs à un moment fatidique de larmoyer face écran avec un réalisme toujours aussi trouble que dérangeant. Qui plus est, le final homérique se permet d'y exacerber sa présence délétère en instaurant subitement un climat horrifique à la lisière du surnaturel ! Une démarche aussi couillue que convaincante grâce au talent de la réalisation profilant cet acteur charismatique en proie à une haine indécrottable. Quant à l'envoûtante Rachel Ward (à la carrière hélas concise mais fascinante),  elle illumine naturellement l'écran de sa présence charnelle aussi voluptueuse que rassurante. Aucunement potiche, elle livre une sobre prestance de prostituée au grand coeur en instaurant parfois des séquences intimistes quelque peu empathiques dans sa condition soumise sans échappatoire. 


Captivant et passionnant de par son enquête soigneusement brodée, cinglant et sans concession auprès de ses bravoures sanguinolentes impeccablement montées, surprenant et fréquemment imprévisible à travers ces rebondissements ou situations faussement éculées, L'Anti-gang se décline en polar de grande classe en prime d'y côtoyer le psycho-killer en mode thriller érotique. Si bien que De Palma s'en serait peut-être inspiré pour y parfaire Body Double (notamment auprès de la posture spectrale, assumée, du tueur sans pitié, comme extirpé d'un film d'horreur). A ne pas rater, ou à redécouvrir d'urgence sous l'impulsion d'un score génialement stylé oscillant Jazz, Funk and Soul ! 

*Eric Binford. 
3èx

mardi 13 juillet 2021

Comme un homme libre

                              Photo emprunté sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Jericho Mile" de Michael Mann. 1979. U.S.A. 1h37. Avec Peter Strauss, Richard Lawson, Roger E. Mosley, Brian Dennehy, Geoffrey Lewis, Billy Green Bush, Ed Lauter, Beverly Todd, William Prince, Miguel Pinero, Richard Moll, Edmund Penney.

Sortie salles France: 6 Mai 1981. U.S: 18 March 1979 (diffusion ABC)

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né le 5 février 1943 à Chicago, dans l'État de l'Illinois, aux États-Unis. 1979: Comme un homme libre, 1981 : Le Solitaire, 1983 : La Forteresse noire, 1986 : Le Sixième Sens, 1992 : Le Dernier des Mohicans, 1995 : Heat, 1999 : Révélations, 2001 : Ali, 2004 : Collatéral,  2006 : Miami Vice - Deux flics à Miami ,2009 : Public Enemies. 2015 : Hacker 


“Tout ce que tu vois, derrière ou devant toi, tu dois le dépasser en te dépassant toi-même.”
Oublié de nos jours, Comme un homme libre est le premier long-métrage de Michael Mann réalisé pour la télévision. Sa diffusion programmée sur la chaine ABC le 18 Mars 1979 eut un tel écho médiatique qu'elle fut réexploitée dans certaines salles de cinéma (ce qui était déjà le cas 8 ans plus tôt avec Duel de Spielberg). Quand bien même sa diffusion TV chez nous aura marqua toute une génération de téléspectateurs fasciné par les talents athlétiques d'un taulard pas comme les autres. Le pitch: Rain Murphy est un détenu du pénitencier de Folsom condamné à perpétuité pour le meurtre sauvage de son père. Afin de palier sa routine, faute de sa privation de liberté, il court machinalement autour du terrain de la prison sans jamais y éprouver un sentiment de lassitude. Et ce face au témoignage médusé de la populace carcérale et de son directeur compatissant. Au point d'ailleurs que celui-ci lui propose de concourir aux jeux olympiques ! Avec un certain souci de réalisme proche du documentaire, le néophyte Michael Mann exploite son intrigue au coeur d'un véritable pénitencier de Californie, et ce parmi la présence d'authentiques prisonniers purgeant leur peine. Ainsi, durant le tournage parfois houleux, un meurtre fut hélas perpétré sans qu'un quelconque comédien n'y soit impliqué. Scrupuleusement dépeint, l'atmosphère étouffante du pénitencier éclairé d'un soleil écrasant n'a pas de peine à nous immerger dans cet environnement marginal où plane incessamment les provocations entre bandes rivales. 


Par conséquent, parmi cette foule peu recommandable aussi sournoise qu'arrogante, un détenu s'extirpe du lot. Il s'agit de Larry Murphy condamné à perpétuité mais aspiré à retrouver un semblant de liberté de par son enjeu d'une course à pied en interne de la cour de la prison surveillée par les géôliers. Ainsi, avec la permission du directeur accort et de l'aide fraternelle de prisonniers afros résolument reconnaissants pour son courage et son amitié indéfectible pour l'un des leurs, le terrain de l'établissement y devient une piste chevronnée afin de parfaire ses performances. Dès lors, Murphy va pouvoir s'entrainer dans des conditions idéales et ainsi envisager de participer aux fameux jeux olympiques bien qu'il préfère expier sa faute dans une solitude assumée. Au-delà de la sobriété des comédiens, connus et méconnus, assez attachants et au charisme assorti, Peter Strauss s'y détache haut la main dans celui du coureur aguerri rongé par une culpabilité morale irrévocable. Déterminé et acharné à accomplir un exploit afin de cultiver la rédemption, Peter Strauss se transcende corps et âme, mâchoire serrée, pour se donner un nouveau sens à sa vie dans sa condition recluse. Ainsi, grâce à sa force d'expression pugnace et à sa résilience communicative, l'acteur soulève le métrage du poids de ses agiles épaules avec une dignité poignante. L'intérêt de l'intrigue résidant dans son évolution morale à se pardonner sa culpabilité en affichant une résilience qui laissera pantois d'admiration tout le corps carcéral après un règlement de compte meurtrier et en dépit de la décision drastique d'un dirigeant impassible. 


Vivre libre.
En dépit d'un score obsolète plutôt inapproprié auprès de certaines actions romantisées (alors que paradoxalement son thème principal affiche une tonalité cadencée beaucoup plus idoine), Comme un homme libre reste un témoignage fort du surpassement de soi auprès d'un taulard en guerre contre lui même pour autant décidé à accomplir l'improbable en guise de catharsis. Humble et loyal, torturé et écorché la rage au ventre, spartiate et intransigeant auprès de son éthique, Peter Strauss imprimant de son empreinte un poignant portrait de forçat renouant avec la liberté (morale et corporelle) par sa passion du sprint. 

*Bruno
13.07.21. 3èx
21.02.11

lundi 12 juillet 2021

Alphabet City

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Amos Poe. 1984. U.S.A. 1h25. Avec Vincent Spano, Michael Winslow, Kate Vernon, Jami Gertz, Zohra Lampert, Raymond Serra. 

Sortie salles France: 27 février 1985. U.S.A: 4 Mai 1984

FILMOGRAPHIEAmos Poe est un réalisateur et scénariste américain né en 1949 à Tel-Aviv, Israël. Night Lunch (1975). The Blank Generation (1976). Unmade Beds[2] (1976). The Foreigner (1978). TV Party (1978). Subway Riders (1981). Alphabet City (1985). Rocket Gibraltar (1988) (screenplay)
Triple Bogey on a Par Five Hole (1991). Dead Weekend (1994). Frogs for Snakes (1998). 29 Palms (2001) (murchian engineering). Steve Earle: Just An American Boy (2003). When You Find Me (2004). John The Cop (2004). Her Illness (2004). Empire II (2007). La Commedia di Amos Poe (2010). Ladies & Gentlemen (2012). A Walk in the Park (2012). Happiness Is a Warm Gun (2015). 


Série B oubliée des années 80 (tournée en seulement 20 nuits), Alphabet City n'échappe pas aux poncifs et au personnages caricaturaux à travers un scénario prévisible beaucoup trop faible pour captiver le spectateur embarqué dans la virée nocturne d'un petit caïd de la drogue mis à mal avec sa hiérarchie après avoir refusé une mission. Si Vincent Spano demeure quelque peu attachant en mafieux en herbe au tempérament (gentiment) rebelle tentant de se fonder un semblant de vie familiale malgré sa marginalité criminelle, les autres seconds-rôles sont beaucoup trop outrés dans leur posture caricaturale à forcer le trait d'expressions surjouées. Et si l'ensemble s'avère éculé et que les situations effleurent la semi-parodie le rythme est bizarrement assez soutenu (épaulé de l'omniprésence de sa bande-son pop désuète), sa réalisation parfois stylisée et son climat nocturne quelque peu surréaliste (néons à dominante rouge, rose et bleue). Si bien que Alphabet City dégage un petit charme bisseux symptomatique des années 80 tout en étant largement dispensable. 


*Eric Binford
2èx

jeudi 8 juillet 2021

Frankie et Johnny

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de Garry Marshall. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Al Pacino, Michelle Pfeiffer, Hector Elizondo, Nathan Lane, Kate Nelligan, Jane Morris 

Sortie salles France: 5 Février 1992

FILMOGRAPHIE: Garry Masciarelli, dit Garry Marshall, né le 13 novembre 1934 à New York et mort le 19 juillet 2016 à Burbank (Californie), est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain. 1982 : Docteurs in love. 1984 : Le Kid de la plage. 1986 : Rien en commun. 1987 : Un couple à la mer. 1988 : Au fil de la vie. 1990 : Pretty Woman. 1991 : Frankie et Johnny. 1994 : Exit to Eden. 1996 : Escroc malgré lui. 1999 : L'Autre Sœur. 1999 : Just Married. 2001 : Princesse malgré elle. 2004 : Fashion Maman. 2004 : Un Mariage de princesse. 2007 : Mère-fille, mode d'emploi. 2010 : Valentine's Day. 2011 : Happy New Year. 2016 : Joyeuse fête des mères. 


Une ballade romantique férue de charme, d'humour et de tendresse à la faveur du couple fusionnel Pacino / Pfeiffer. 
Reconnu avec son succès planétaire Pretty Woman, Gary Marshall remet le couvert un an plus tard avec Frankie et Johnny. Une romcom pleine de bons sentiments que les midinettes raffolent prioritairement à travers un concentré d'humour frivole et de tendresse romantique. Inévitablement mielleux donc à travers 2/3 séquences triviales, caricatural au possible auprès d'une poignée de seconds-rôles forçant le trait, parfois maladroit de par sa réalisation classique exploitant des clichés gros comme des boules de billard, un peu trop gentillet aussi ou carrément improbable auprès de situations romancées (le type sortant de prison comme s'il revenait du club-med face à un géôlier mimant la mine impassible, arme à la main), Frankie et Johnny ne peut faire office de chef-d'oeuvre bien que les critiques et le public ne furent pas insensibles à la nouvelle contribution sentimentale de Gary Marshall. Et pourtant, 1h58 durant, le miracle opère comme par magie. Ou plutôt grâce au tempérament incandescent du couple Al Pacino / Michelle Pfeiffer, le film dégage un charme et une spontanéité aussi rafraichissantes que galvanisantes. Si bien que Franky et Johnny parvient haut la main à nous duper et à nous manipuler de par les échanges tantôt torrides, tantôt houleux du couple orageux en voie perpétuelle de contradiction. Et ce sans jamais nous lasser d'une scène de ménage en trop, notamment grâce à l'utilisation judicieuse d'un humour quasi omniprésent, voir parfois même très drôle.

On peut d'ailleurs évoquer l'exploit tant la recette habilement fusionnelle y porte ses fruits sans prétention. Johnny étant frappé du coup de foudre dès son embauche au snack de leur première rencontre, Frankie étant pétrie de trouille à l'idée de s'engager auprès de ce cuisinier éloquent fraîchement sorti de détention pour une fraude bancaire. Par conséquent, de par son intensité émotionnelle étonnamment pure, vertueuse et si scintillante, on peut rapprocher l'alchimie du couple à celui de Rocky et Adrian à travers leurs ballades romantiques (parfois crépusculaires) inscrites dans la simplicité des sentiments et la tendresse candide que Pacino provoque incessamment sans ambages. Les 2 acteurs se livrant corps et âme face caméra avec une redoutable efficacité eu égard de leurs étreintes et apartés romantiques qu'ils nous communiquent dans une modestie souvent intime si on épargne leur crépage de chignon en communauté amicale. Michelle Pfeiffer insufflant une prestance renfrognée nullement outrée et encore moins ridicule en femme blessée d'un passé résolument torturé. Taciturne et frigide mais curieuse et sensiblement attirée à travers ses sentiments et réflexions contradictoires où le chaud et le froid ne cessent de s'y télescoper, Michelle Pfeiffer crève l'écran de A à Z sans jamais nous susciter une émotion programmée préjudiciable. Al Pacino tentant d'y percer les causes de sa souffrance morale avec une verve aussi chaleureuse que loyale au gré de ses ardents sentiments pour elle qu'il chérit sans modération. Là aussi l'acteur viril demeure tout bonnement éclatant de sincérité dans sa fonction de Dom Juan empoté pour autant productif dans ses intentions de prétendant intègre. 


Je t'aime, moi non plus. 
D'une simplicité prévisible à travers l'universalité d'un amour en demi-teinte où l'un ne cesse d'y faire marche arrière par peur de l'engagement alors que l'autre emprunte un cheminement autrement optimiste à travers sa persuasion amoureuse, Frankie et Johnny se permet en outre d'y traiter en filigrane le thème de la violence conjugale du point de vue de la femme molestée incapable de se reconstruire passée l'épreuve traumatique. En dépit de ses maladresses précitées, de son manque de tact et de subtilité et de ses conformités trop aimables, Frankie et Johnny est un trésor d'émotions  gratifiantes en compagnie d'un couple d'acteurs au diapason de leur carrière. Rien que pour leur complémentarité démiurge (ils étaient vraiment fait l'un pour l'autre à travers le conte !), cette ballade romantique à la fois drôle, charnelle et attendrissante atteint haut la main son but: ensorceler le spectateur infiniment troublé, charmé, consumé par leur symbiose amoureuse !

Dédicace à Sonia. 

*Bruno
2èx