vendredi 17 août 2018

Mutant / Forbidden World. Grand Prix du Public, Prix des Effets-Spéciaux au Rex de Paris.

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lesineditsvhs.blogspot.com

d'Allan Holzman. 1982. U.S.A. 1h17 (1h22, Director's Cut). Avec Jesse Vint, Dawn Dunlap, June Chadwick, Linden Chiles, Fox Harris. Produit par Roger Corman.

Sortie salles France: 15 Décembre 1983

FILMOGRAPHIEAllan Holzman est un réalisateur, monteur, producteur, scénariste américain né en 1946 à Baltimore, Maryland, U.S.A. 1982: Mutant. 1985: Out of Control. Grunt ! The Wrestling Movie. 1987: Programmed to kill. 1991: Intimate Stranger (télé-film). 1996: Survivors of the Holocaust (télé-film). 1998: Old Man River. 2002: Sounds of Memphis (télé-film). 2003: JonBenet Messages from the Grave. 2004: Invisible Art/Visible Artists. 2007: Gullah. 2009: C-C-Cut. 2009: My Marilyn. 2010:  Invisible Art/Visible Artists. 2011: Sheldon Leonard's Wonderful Life.

 
"Gore cosmique et tumeur salvatrice : l’amour fou de la série B".
1980/1981. Contamination et Inseminoid se disputent l’écran dans une course effrénée à l’imitation, pour détrôner le monstre sacré de Ridley Scott : Alien. En 1981, Roger Corman, déjà aux commandes de la très sympathique Galaxie de la terreur, revient à la science-fiction horrifique en dénichant un jeune réalisateur encore inconnu : Allan Holzman. Présenté au Festival du Film Fantastique de Paris, Mutant décroche le Grand Prix du Public ainsi que celui des Meilleurs Effets Spéciaux. Et, malgré son budget famélique et son casting de seconde zone, ce petit outsider gagne rapidement le cœur du public jusqu’à être sacré meilleur ersatz d’Alien.

Le pitch : Dans une galaxie lointaine, très lointaine… À bord d’un vaisseau spatial, une équipe de scientifiques tente de neutraliser un métamorphe carnivore, fruit de leurs expériences douteuses, destiné à éradiquer la famine sur Terre. Mais en changeant d’apparence au fil de son évolution, le spécimen Subject 20 devient incontrôlable. Les cadavres s’empilent, les couloirs se teintent de rouge.

 
Revoir Mutant aujourd’hui, dans une version HD immaculée, relève de l’aubaine inespérée tant cette production bricole, empile et transcende les situations cauchemardesques avec une énergie formelle ensorcelante. Comment réussir, avec trois francs six sous, un scénario éculé porté par des acteurs cabotins au charme presque involontaire ? En convoquant un melting-pot de références aux grands succès horrifiques des années 70/80, Mutant tire son épingle du jeu. Il impose un cache-cache insolent entre une poignée de scientifiques (au rabais) et un monstre hybride tapi dans les entrailles de leur cocon stellaire.

Avec des moyens dérisoires, Allan Holzman accomplit le petit miracle de tout magnifier : la photo flamboyante semble jaillie d’une BD psychotronique, les décors futuristes suintent l’imagination à bout touchant, les synthés entêtants signent des envolées quasi-érotiques, et les effets gore, soignés jusqu’à la moelle, n’ont rien à envier aux artisans transalpins. L’ambiance glauque s’épaissit au rythme des exactions d’un métamorphe affamé de chair humaine. Le résultat : un survival trépidant et faussement naïf, porté par une sobriété délicieusement cocasse.


Le scénario, certes basique, n’invente rien. Mais la mise en scène, à la fois maladroite et inspirée, scande chaque danger avec une jubilation macabre. Mention spéciale à cette idée démente : éliminer la créature avec… des cellules cancéreuses ! Il fallait oser. Le rythme, vigoureux, balance entre action, érotisme léché et horreur cradingue, porté par des protagonistes aussi attachants qu’ineptes. Et pour couronner le tout, un final hallucinatoire digne d’anthologie : spoiler alert — le savant azimuté (mon chouchou, tant sa verve et sa gestuelle flirtent avec le grotesque sublime) demande qu’on lui éventre l’estomac pour extraire sa tumeur et la jeter dans la gueule du monstre. Une séquence ubuesque, à la fois ignoble et hilarante, gore et tragique, grotesque et sacrée. Fin du spoil.

 
"Jeter sa tumeur à la gueule du monstre – ode à la série B".
Condensé d’influences SF, pillant joyeusement Alien comme Star Wars (dont le prologue est un clin d’œil malicieux), Mutant incarne l’archétype idéal de la série B du samedi soir. Avec ses comédiennes dénudées (anciennes gloires de Penthouse), son gore cracra, son casting aussi improbable qu’attachant et ses péripéties barrées, le film séduit par une beauté plastique un brin baroque. Holzman, avec passion et malice, transforme son bric-à-brac cosmique en fresque interstellaire bricolée avec amour. Pétri d’affection pour le genre, Mutant est un amour de série B comme on n’en fait plus à l’ère du tout-numérique. Et bon sang, que ce genre de pépite nous manque…
 
* Bruno
21.08.23. 5èx. Vostfr. 473
17.08.18. 
27.01.12. (387)

La Chronique de la Galaxie de la Terreurhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/la-galaxie-de-la-terreur.ht…
La Chronique des Monstres de la Merhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/06/les-monstres-de-la-mer.h…

RécompensesGrand Prix du PublicPrix des Effets-Spéciaux au festival du film fantastique au Rex à Paris en 1982.

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