vendredi 30 avril 2021

Les Griffes de Jade

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"The Lady Hermit" de Ho Meng-hua. 1971. Hong-Kong. 1h37. Avec Cheng Pei-pei, Lo Lieh, Shih Szu, Wang Hsieh. 

Sortie salles France: 22 Novembre 1972. Hong-Kong: 22 Janvier 1971

FILMOGRAPHIEHo Meng-hua (何夢華) est un réalisateur chinois né le 1er janvier 1923 à Shanghai, décédé le 19 mai 2009 à Hong Kong). 1966 : The Monkey Goes West. 1966 : Princess Iron Fan. 1967 : Susanna. 1968 : Killer Darts. 1971 : Les Griffes de Jade. 1973 : The Kiss of Death. 1975 : Black Magic. 1975 : The Flying Guillotine. 1975 : All Mixed Up. 1976 : Black Magic 2. 1977 : Le Colosse de Hong Kong. 


Un spectacle chevaleresque d'un autre temps dicté par une cause féministe. 
50 ans au compteur et frais comme une rose (épineuse) si bien que la plupart de nos films d'action contemporains font pâle figure à travers leur matière superficielle dénuée d'âme, de fougue, de passion, de sentiments. Car c'est bien de passion des sentiments, de fureur épique et de dignité héroïque dont il est question ici à travers le portrait flamboyant d'une chasseresse préparant en secret sa vengeance auprès du démon noir après s'être exilée dans un temple 3 ans durant à la suite d'une blessure à la hanche. Or, voici qu'intervient une étrangère, l'apprentie justicière Cui Ping férue de fascination pour la chasseresse au point de la considérer comme modèle. Ainsi, Leng Yu-shuang (la chasseresse) accepte d'entraîner Cui Ping afin de combattre communément leur ennemi, quant bien même au centre de leur relation un jeune homme s'interpose pour améliorer ses compétences héroïques. Cui Ping éprouvant par ailleurs au fil de leur relation amicale des sentiments pour lui alors que ce dernier a toujours aimé en secret la chasseresse. Nanti de vastes décors naturels parfois teintés d'un onirisme crépusculaire proprement féerique (on reste pantois d'admiration pour le soin des éclairages !), Les Griffes de Jade fascine et séduit à travers les péripéties de ce triangle amoureux multipliant les affrontements à mains nues et à l'épée à rythme métronome. 


Tant et si bien qu'outre le soin imparti à son art de conter, Les Griffes de Jade s'adonne au mélo et à l'aventure homérique à travers ses moults combats sanglants et crêpages de chignons non dénués d'intensité dramatique. Ainsi donc, le souffle romanesque qui y découle ne nous laisse pas indifférent de par la dimension humaine des personnages exprimant leurs émotions contradictoires avec une force d'expression aussi bien belliqueuse que sentencieuse. Car ci est mis à l'honneur la valeur de la femme vaillante transfigurée en guerrière intrépide quitte à y risquer sa vie. Ho Meng-hua dressant deux portraits féminins aussi véloces que pugnaces dans leur résignation de combattre sans relâche leurs ennemis sans morale. Outre la chorégraphie toujours lisible des scènes d'action superbement montées (dont une séquence anthologique au sein d'un pont de corde que Spielberg exploitera pour Indiana Jones et le Temple Maudit), la caractérisation de ses guerrières rebelles et du jeune chevalier pris entre deux coeurs interpelle autant à travers leur évolution morale baignant dans l'honneur héroïque. Quand bien même on s'étonne de l'inventivité de détails débridés quant au symbole des griffes de Jade, du maniement du fouet ou des mini couteaux affutés que la Chasseresse dévoile lors d'un final en apothéose. Autant dire que les griffes de Jade semble aussi moderne que génialement séculaire à travers sa facture photogénique illustrée en scope couleurs. On peut même parler d'alchimie indicible, d'étrangeté lascive, de dépaysement insolite tant la Shaw Brother férue d'ambition pour l'action en costumes parvient à nous évader avec un gout de l'aventure romanesque qui n'appartient qu'à leur culture mandarin. La grande classe j'vous dis ! 


"La guerrière est une jeune vierge qui n'a jamais connu l'amour physique. Une pure icône féminine sublimée, intouchable. L'excitation est à son comble chez des Grecs qui considèrent alors la virginité comme une valeur suprême".

*Bruno
2èx

jeudi 29 avril 2021

Tueurs de Flic

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site CinéDweller.com

"The Onion Field" de Harold Becker. 1979. U.S.A. 2h06. Avec James Woods, John Savage, Franklyn Seales, Ted Danson, Ronny Cox, David Huffman, Christopher Lloyd. 

Sortie salles France: 8 Octobre 1980 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEHarold Becker est un réalisateur et producteur américain, né le 25 septembre 1928 à New York. 1972 : The Ragman's Daughter. 1979 : Tueurs de flics. 1980 : The Black Marble. 1981 : Taps. 1985 : Vision Quest. 1987 : La Gagne. 1988 : État de choc. 1989 : Mélodie pour un meurtre. 1993 : Malice. 1996 : City Hall. 1998 : Code Mercury. 2001 : L'Intrus. 


Drame policier d'une intensité dramatique parfois éprouvante, Tueurs de Flics est la glaçante reconstitution d'un fait-divers crapuleux survenu le 9 mars 1963 à Los Angeles. Ainsi, après avoir suspecté deux individus dans leur véhicule, les policiers Campbell et Heltinger leur sollicitent un contrôle de papier. Mais lors d'un bref moment d'inattention, ces derniers sont kidnappés par les malfrats que l'un d'eux à l'intention d'assassiner dans un champs d'oignons suite à la loi Lindbergh (nouvelle législation considérant le kidnapping comme crime fédéral aux Etats-Unis). La séquence choc qui s'ensuit demeurant littéralement traumatisante de par l'effroyable réalisme qu'Harold Becker recourt en usant d'un ralenti afin de mettre en exergue son acuité cauchemardesque. Quand bien même juste avant l'homicide perpétré face caméra avec lâcheté sous nos yeux ébahis, le réalisateur aura pris soin de s'attarder (furtivement) sur les regards indécis des policiers peu à peu habités par une appréhension morbide. Si j'ai eu l'aubaine de découvrir une 1ère fois Tueurs de Flics en location Vhs, je me suis dis ce soir qu'à la revoyure la fameuse séquence qui m'eut autrefois tant ébranlé n'aurait sans doute aujourd'hui plus le même impact cinglant. Que nenni, l'estocade effroyable, la puissance de sa scénographie malsaine n'ayant point diminué d'un iota 4 décennies plus tard. Vous voilà prévenu pour les plus sensibles alors que les plus aguerris n'y resteront surement pas indifférents. Quand bien même cette séquence innommable nullement complaisante s'attarde plutôt sur les beuglements, la posture insidieuse de l'assassin et ses coups de feu répétés à bout portant sur la victime afin de provoquer une terreur à la fois sourde et fétide. 


On peut d'ailleurs prétendre qu'à travers son climat nocturne feutré et à l'écoute de son score lugubre des plus percutants, Tueurs de Flics s'apparente subitement au genre horrifique si j'ose dire. Notamment lorsque l'un des rescapés tentent fébrilement d'échapper à ses assaillants en plein champs épargné d'habitation. Passée cette macabre mise en scène minutieusement reconstituée, Harold Becker s'intéresse ensuite à la longévité du procès des coupables (s'étalant sur plus de 10 ans !) tout en alternant avec la reconstruction morale du rescapé incapable de se remettre de la mort de son acolyte. John Savage parvenant comme de coutume à traduire des expressions névralgiques dans sa condition torturée de dépressif épousant des réactions masochistes afin de se culpabiliser de la mort de son compagnon. Ses séquences intimistes (notamment ses rapports conjugaux avec son épouse prévenante) nous suscitant une poignante empathie avant de s'interroger sur son évolution morale aux accents suicidaires. Ce qui nous amène à une autre séquence quasi insupportable lorsque celui-ci osera commettre l'impardonnable faute de ne supporter les pleurs et les cris de son fils nouveau-né. Enfin, à travers la qualité irréprochable de l'interprétation (Franklyn Seales est plus vrai que nature en pied nickelé aussi lâche qu'infortuné et Ted Danson sobrement expressif en policier intègre et amiteux), on peut prôner la détestable présence de James Woods en malfrat influenceur sombrant de manière improvisée dans la criminalité. Celui-ci dégageant une force d'expression résignée et de sûreté à travers son orgueil mêlé de lâcheté à s'extraire coûte que coûte de la pire des situations. Ce qui nous vaut d'ailleurs un dénouement plein d'amertume quant au sort des coupables dont je tairai le verdict. 


Peu connu et diffusé à la TV, Tueurs de Flics oscille le drame policier et le film de procès avec une efficacité permanente en dépit de brèves longueurs intervenant lors de son ultime demi-heure (l'oeuvre accuse tout de même au compteur 2h06 en version intégrale). Passionnant, terrifiant et poignant, il doit notamment beaucoup de son impact émotionnel grâce à la qualité de son casting 4 étoiles et au réalisme de sa fidèle reconstitution d'une riche intensité dramatique. A découvrir absolument même si la partie procès en dernière ligne peut parfois paraître un tantinet poussive en s'attardant sur les stratégies de défense des coupables épaulés d'émérites avocats. 

*Bruno
2èx

mercredi 28 avril 2021

Phone Game

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Phone Booth" de Joel Schumacher. 2002. U.S.A. 1h21. Avec Colin Farrell, Kiefer Sutherland, Forest Whitaker, Radha Mitchell, Katie Holmes, Tory Kittles, Ben Foster.

Sortie salles France: 27 Août 2003

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 Août 1939 à New-York, décédé le 22 juin 2020. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St Elmo's Fire. 1987: Génération Perdue. 1989: Cousins. 1990: l'Expérience Interdite. 1991: Le Choix d'Aimer. 1993: Chute Libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de Tuer ? 1997: Batman et Robin. 1999: 8 mm. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000: Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction. 2013: House of Cards (2 épisodes). 


Excellent suspense exponentiel tirant parti de sa vigueur oppressante grâce à l'incongru scénario de Larry Cohen, Phone Game assure le spectacle 1h15 durant (si on élude le générique). Et on peut dire que de la part d'un cinéaste aussi inégal que commercial, Joel Schumacher se surpasse à parfaire une machine à frisson au sein d'un huis-clos urbain de tous les dangers. Et pour cause ! Un attaché de presse aussi condescendant que narcissique devient l'objet de soumission d'un tueur embusqué après avoir répondu à son appel dans une cabine téléphonique. Le tueur le forçant peu à peu à déclarer au public, aux médias et aux forces de l'ordre dépêchés sur place son adultère avec une jeune actrice. Auquel cas il serait purement et lâchement exécuté Spoil ! comme il le fit quelques instants plus tôt auprès d'un proxénète Fin du Spoil. Se taillant une carrure aussi humiliante qu'ubuesque dans sa condition infortunée de céder aux caprices du tueur invisible, Colin Farrell demeure irréprochable à travers ses expressions à la fois démunies et névralgique de ne pouvoir s'extirper de sa prison cellulaire (perles de sueur à l'appui sur son visage livide !). Et ce parmi le témoignage d'une population dans l'incompréhension totale à observer ce demeuré exprimant des divagations dans son combiné ! 


Joel Schumacher
nous illustrant parmi l'objet technologique de dépendance une sature féroce sur le mensonge et la félonie du point de vue de cet attaché de presse profitant de son outil téléphonique (en vogue) pour mieux duper ses partenaires féminines. Car proprement détestable à travers son orgueil décomplexé, Schumacher aura pris soin de nous dresser (à travers l'habile thématique du faux-semblant quant aux témoins marginaux persuadés de la culpabilité de la victime) son profil sans scrupule lors d'un 1er quart d'heure inscrit dans une perpétuelle gouaillerie (notamment sa relation improvisée avec le livreur de pizza ou encore ses déconvenues avec un trio de prostituées lui suppliant de sortir de la cabine). Initiation au pardon et à la repentance, Phone Game nous dresse finalement le portrait pathétique de cet individu égoïste apprenant au fil de son épreuve moral le respect d'autrui dans sa condition précaire de survie. Et ce à travers les effets délétères de la peur et de la terreur d'une menace aussi permanente qu'invisible n'hésitant à y sacrifier un témoin pour tenir lieu de son omnipotence. Schumacher recourant par ailleurs habilement par endroit au procédé du Split Screen pour nous faire suivre en direct deux actions simultanées. Un effet efficacement stylisé, notamment pour y rehausser dans un seul et même temps l'inquiétude des témoins dubitatifs. 


"Raccroche et tu es mort !"
Plaisamment saugrenu de par son contexte vrillé et l'omniprésence d'un sarcasme morbide, voir parfois même sciemment absurde, notamment lorsque la victime est contrainte de se gausser des flics et du capitaine (endossé par l'imperturbable Forest Whitaker), Phone Game retient l'attention en permanence à travers sa vigueur oppressante régie autour d'une cabine téléphonique. Schumacher ne recourant en prime à aucune ficelle racoleuse pour jouer avec nos nerfs en dépit d'effets de style parfois obsolètes et d'un final en demi-teinte quelque peu déconcertant, voir discutable. Une série B de luxe brillamment menée et interprétée par des comédiens ne débordant jamais dans leurs expressions en émoi, si bien que l'on redoute la séquence suivante avec une appréhension aussi tendue que la victime. 

*Bruno
2èx

Récompense:
AARP Movies for Grownups Awards 2004 : meilleur réalisateur pour Joel Schumacher

lundi 26 avril 2021

Assaut sur la ville

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefaniac.fr

"Napoli spara!" de Mario Caiano. 1977. Italie. 1h39. Avec  Leonard Mann, Henry Silva, Ida Galli, Jeff Blynn, Massimo Deda, Tino Bianchi

Sortie salles France: 23 Septembre 1977. Italie: 22 Février 1977

FILMOGRAPHIEMario Caiano, né le 13 février 1933 à Rome et mort le 20 septembre 2015 dans la même ville1, est un réalisateur italien. 1961 : Ulysse contre Hercule. 1963 : Duel au Texas. 1963 : Goliath et l'Hercule noir. 1963 : Pour un whisky de plus. 1963 : Le Signe de Zorro. 1964 : La Griffe du coyote. 1964 : Maciste et les 100 gladiateurs. 1964 : La Fureur des gladiateurs. 1964 : Mon colt fait la loi. 1965 : Les Amants d'outre-tombe. 1965 : Erik, le Viking. 1965 : Un cercueil pour le shérif. 1967 : Ombres sur le Liban. 1967 : Adiós hombre. 1967 : La Vengeance de Ringo. 1967 : Hold-Up au centre nucléaire. 1968 : Son nom crie vengeance. 1968 : Un train pour Durango. 1969 : Liebesvögel. 1970 : Ombre roventi. 1972 : Shanghaï Joe. 1972 : L'Œil du labyrinthe. 1973 : Les Contes de Viterbury. 1975 : ...a tutte le auto della polizia... 1976 : Milano violenta. 1977 : Assaut sur la ville. 1977 : Antigang. 1977 : Fraülein SS. 1980 : Ombre. 1988 : Nosferatu à Venise. 

Western urbain mené sans temps, Assaut sur la Ville devrait contenter tous les amateurs de Bisserie d'action transalpine alors que j'en garde un souvenir ému lorsque je le découvris en Vhs à l'orée des années 80. Car l'intrigue a beau être un prétexte d'un déferlement de violence, poursuites et braquages en tous genres (dont celui d'un train), le récit demeure suffisamment efficace et bien mené parmi l'autorité de Leonard Mann (inoubliable acteur des Yeux de la Terreur). Celui-ci endossant avec une force d'expression déterminée un flic acharné à appréhender Santoro, mafieux instaurant un climat d'insécurité galopant dans son quartier parmi la complicité de ses sbires dénués de concession (on appréciera le violent coup porté à une femme enceinte lors du braquage de banque qui ouvre le récit). Qui plus est, avec la présence ironique d'un marmot estropié, on se prend d'affection pour celui-ci dans sa condition précaire, sorte de gavroche des temps modernes multipliant les menus larcins pour subvenir à ses besoins. 

Et si l'acteur a beau manquer d'expressivité, il demeure pourtant attachant à travers sa posture dégingandée (il claudique d'une jambe) et sa mine amiteuse à côtoyer le Commissaire Belli le surveillant d'un oeil aussi affable que suspicieux. Pur divertissement donc non exempt de cocasserie, voire de situation incongrue (le marmot dérobant un bolide pour amorcer une course effrénée en plein centre-ville !), Mario Caiano (réalisateur touche à tout à qui l'on doit tout de même Les Amants d'Outre-Tombe,  l'Oeil du Labyrinthe, Changaïe Joe) ne se prend pas vraiment au sérieux pour emballer son récit épique traversé parfois d'étonnantes cascades automobiles et de poursuites urbaines bondées de passants. Sans compter la brutalité de certaines scènes gores (une décapitation à moto, une émasculation dans la cour d'une prison) sous la mainmise du vétéran Henri Sylva toujours aussi impassible en truand orgueilleux difficilement attrapable. 

Un spectacle distrayant digne d'une bonne séance de cinéma de quartier. 

*Bruno

vendredi 23 avril 2021

Le Flic de Beverly Hills 2

                                              
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site beverlyhillscop.wikia.com

"Beverly Hills Cop 2" de Tony Scott. 1988. U.S.A. 1h42. Avec Eddie Murphy, Judge Reinhold, Jürgen Prochnow, Ronny Cox, John Ashton, Brigitte Nielsen.

Sortie salles France: 26 Août 1987. U.S: 20 Mai 1987

FILMOGRAPHIETony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre, 1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan, 1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire,   2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.


Sans jamais atteindre la fraîcheur, l'originalité et la cocasserie déjantée du 1er volet dans toutes les mémoires, le Flic de Berverly Hills 2 demeure toutefois une sympathique séquelle de par son rythme échevelé ne nous laissant que peu de répit. Car outre l'abattage habituel d'Eddie Murphy auprès de sa verve infatigable (même si moins hilarant qu'antécédemment), la mise en scène nerveuse de Tony Scott épaulé d'un montage percutant, et les séquences d'actions plus nombreuses et (inopinément) violentes assurent un spectacle sans temps morts à travers une intrigue linéaire non exempt de rebondissements. Au-delà de notre trio gagnant renouant amicalement avec une bonne humeur aussi expansive que détendue (Eddie Murphy / Judge Reinhold / John Ashton), on apprécie également la présence aussi charismatique que convaincante de Brigitte Nielsen en tueuse sans vergogne, leader de braquages en série pour l'enjeu d'un trafic d'armes. Enfin le compositeur Harold Faltermeyer reprend le score musical du 1er opus avec un entrain aussi payant, qui plus est renforcé de tubes des années 80 et d'une partition électro punchy singeant efficacement l'un des scores de New-York 1997 de John Carpenter. A revoir avec plaisir donc d'autant plus que le spectacle décomplexé ne s'avère jamais prétentieux. 

*Bruno
23.04.21. 3èx
15.12.16. 84 v

Ci-joint la chronique du 1er opus:  http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/le-flic-de-beverly-hills-beverly-hills.html

jeudi 22 avril 2021

Snake Eyes

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Brian De Palma. 1998. U.S.A. 1h38. Avec Nicolas Cage, Gary Sinise, John Heard, Carla Gugino, Stan Shaw, Kevin Dunn 

Sortie salles France: 11 Novembre 1998

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma (Brian Russel DePalma), est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis. 1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion. 2019: Domino. 

Mal accueilli à sa sortie (critique et public) même s'il engrange toutefois chez nous 1 094 735 entrées, Snake Eyes est peut-être le dernier grand film de De Palma selon mon jugement de valeur. Non pas qu'il trône auprès de ses plus grands chefs-d'oeuvre, loin de là, mais tout du moins qu'il parvient à se hisser à l'excellence du thriller ludique redoutablement passionnant pour sa virtuosité technique, la présence volcanique de Cage et son suspense à couper au rasoir. C'est dire si le rythme vigoureux, neurotique, nous plaque au siège 1h38 durant à travers une intrigue retorse traditionnellement vouée au jeu de dupe et du faux semblant. Un complot de grande ampleur exécuté en huis-clos d'une salle de boxe bondée de 14 000 témoins que De Palma filme avec une précision chirurgicale. Et ce en usant parfois louablement de ralenti cinglant si je me réfère à l'élaboration du meurtre intenté autour d'une foule transie d'émoi. D'entrée de jeu, on est déjà ébaubi par son (faux) plan-séquence (numérisé) d'une durée de 15 minutes sous l'impulsion d'un Nicolas Cage déchainé en flic véreux aussi décomplexé que borderline à venir applaudir sa star notoire en usant d'extravagance, gestuelle et labiale. A ce titre, l'acteur livre également l'une de ses dernières performances à travers son passionnant profil investigateur si bien que le puzzle qu'il tente savamment de reconstituer lui permettra de se racheter une conduite rédemptrice à partir de sa prise de conscience à entériner ou refuser une juteuse transaction.

L'aspect également jouissif de l'intrigue émanant du brio inébranlable de De Palma à réexploiter durant le cheminement investigateur son fameux plan-séquence liminaire établi cette fois-ci sous différents angles. De manière à reconsidérer les actions vues préalablement sous la mainmise d'une pléthore de témoins, complices et coupables impartis à une conjuration politique. Sans compter la présence voyeuriste des nombreuses caméras TV et de surveillance filmant sous toutes les coutures le combat et son public. "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film". On connait la musique et Snake Eyes ne déroge pas à la règle Hitchcockienne quant à la présence détestable Spoil ! de Gary Sinise en manipulateur félon se vautrant dans la criminalité avec son arrogance impassible Fin du Spoil. Tant et si bien que la dernière partie du film (si décriée à sa sortie de par ses conventions requises) demeure également tendue et oppressante de par sa résignation d'éliminer l'unique témoin gênant. De Palma recourant notamment habilement à un élément naturel perturbateur afin de rehausser son suspense voguant vers le genre catastrophiste de manière alarmiste. Le tout étant admirablement servi par un score musical idoine de Ryūichi Sakamoto résolument influencé par les ambiances classieuses de Sir Alfred, notamment en y magnifiant les réactions expressives des personnages féminins vulnérables ou autrement insidieuses. On peut d'ailleurs compter sur la beauté nacrée de la fluette Carla Gugino en témoin équivoque se liant d'amitié avec l'inspecteur avec une tendresse et une fragilité démunies. 

Impeccablement mené et interprété autour d'une passionnante intrigue en trompe l'oeil et jouissant d'un brio technique singulier au point de reconsidérer sans cesse l'action préalablement entrevue, Snake Eyes se fixe comme ambition d'y parfaire un palpitant thriller parmi l'autorité dégénérée de Cage plus fringant que jamais ! A réhabiliter d'urgence. 

*Bruno
3èx

Récompense: Blockbuster Entertainment Awards 1999 : meilleur acteur catégorie suspense pour Nicolas Cage

mercredi 21 avril 2021

Le Fugitif

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.fr

"The Fugitive" d'Andrew Davis. 1993. U.S.A. 2h10. Avec Harrison Ford, Tommy Lee Jones, Sela Ward, Julianne Moore, Joe Pantoliano, Andreas Katsulas.

Sortie salles France: 1er Septembre 1993

FILMOGRAPHIEAndrew Davis est un directeur de la photographie, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 21 novembre 1946 à Chicago, dans l'Illinois (États-Unis).1978 : At Home with Shields and Yarnell (TV). 1978 : Stony Island. 1983 : The Final Terror. 1985 : Sale temps pour un flic. 1988 : Nico. 1989 : Opération Crépuscule. 1992 : Piège en haute mer. 1993 : Le Fugitif. 1995 : Faux frères, vrais jumeaux. 1996 : Poursuite. 1998 : Meurtre parfait. 2002 : Dommage collatéral. 2003 : La Morsure du lézard. 2006 : Coast Guards.  

Divertissement grand public conjuguant avec une indéniable efficacité action et suspense, Le Fugitif demeure rondement mené à travers la chasse à l'homme d'un chirurgien injustement accusé du meurtre de sa femme. Richard Kimble se substituant en enquêteur de longue haleine après s'être libéré de ses menottes afin de retrouver le ou les responsables de cette machination criminelle parmi la complicité d'un manchot. Ainsi, le marshal Samuel Gerard ne cessera de le traquer lors d'une filature millimétrée si bien que leur affrontement s'érige en incessant jeu du chat et de la souris au coeur d'une jungle urbaine aussi vaste qu'improvisée. 

Sans révolutionner le genre, faute d'une réalisation académique n'échappant pas parfois aux conventions (son final intense ne s'avère pas aussi probant) et aux personnages stéréotypés (certains "méchants"), Le Fugitif fait toutefois son job pour captiver le spectateur particulièrement attentif aux faits et gestes du fugitif et du marshal le traquant sans relâche. Tant et si bien que l'intensité de son suspense émane des nombreuses courses-poursuites qu'amorcent Kimble et Gerard à deux doigts de l'appréhender à moult reprises. Andrew Davis demeurant suffisamment habile à travers le dynamisme du montage pour renforcer la vigueur de ce pugnace affrontement que Tommy Lee Jones et Harrison Ford endossent avec un charisme à la fois sûr et déterminé. Nos deux acteurs, monstres sacrés du cinéma de genre, crevant mutuellement l'écran à travers leur visage strié terriblement photogénique. 


Un bon divertissement donc, une adaptation plutôt réussie d'une série TV dans toutes les mémoires qu'Andrew Davis façonne avec assez de savoir-faire, notamment auprès des séquences d'action artisanales comme le souligne son crash ferroviaire lors du prologue en suspens. 

*Bruno
3èx

Récompenses
Kansas City Film Critics Circle :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
Los Angeles Film Critics Association :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
Southeastern Film Critics Association :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
MTV Movie Awards pour le meilleur duo à l'écran
66e cérémonie des Oscars :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones
51e cérémonie des Golden Globes :
Meilleur acteur dans un second rôle pour Tommy Lee Jones

Box-Office: 3 555 136 entrées

mardi 20 avril 2021

Harold et Maude

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site no.pinterest.com

"Harold and Maude" de Hal Ashby. 1971. U.S.A. 1h31. Avec Ruth Gordon, Bud Cort, Vivian Pickles, Cyril Cusack,  Charles Tyner.

Sortie salles France: 23 Août 1972. U.S: 20 Décembre 1971

FILMOGRAPHIE: Hal Ashby (né William Hal Ashby) est un réalisateur, monteur, acteur et producteur américain né le 2 septembre 1929 à Ogden, Utah (États-Unis), mort le 27 décembre 1988 à Malibu (Californie). 1970 : Le Propriétaire. 1971 : Harold et Maude. 1973 : La Dernière Corvée. 1975 : Shampoo. 1976 : En route pour la gloire. 1978 : Le Retour. 1979 : Bienvenue, Mister Chance. 1981 : Cœurs d'occasion. 1982 : Lookin' to Get Out. 1983 : Let's Spend the Night Together. 1984 : Solo Trans (en) (vidéo). 1985 : Match à deux. 1986 : Huit millions de façons de mourir. 1988 : Jake's Journey (en) (TV). 


“Sois comme la fleur, épanouis-toi librement et laisse les abeilles dévaliser ton coeur !”
Trésor d'émotions, de drôlerie, de tendresse et d'extravagance à travers l'équipée incongrue entre une septuagénaire et un jeune adulte, Harold et Maude demeure le film culte par excellence. Si bien qu'à travers les thèmes altiers des convenances, de la bien-pensance et de la normalité, Hal Ashby les fait voler en éclat sous l'impulsion d'un couple en ascension amicale et sentimentale. Complètement couillu donc d'y traiter en filigrane la gérontophilie du point de vue d'un paumé introverti terriblement attristé par son existence imberbe, Harold et Maude se décline en leçon de vie sous la mainmise d'une mamie sémillante adepte de vitesse et de vols de voitures, autrement dit de "fureur de vivre". Une dame du 3è âge littéralement hédoniste à enseigner auprès de son jeune compagnon de route les joies de la vie dans un esprit libertaire dénué de complexe. Elle qui fut une rescapée des camps de concentration lors d'un bref plan évocateur ! Bien évidemment, lors de sa sortie à l'orée des Seventies, le film fut quelque peu pointé du doigt chez certains critiques pour son insolence insatiable, son arrogance, ses railleries et sa subversion (notamment le fait d'inciter au vol de voiture ou de poser nue à un âge avancé, ou encore de sa satire anti-militariste et de la différence d'âge disproportionnée du couple !), à point tel qu'il fut interdit aux moins de 13 ans et 18 ans selon les pays où il fut projeté. 


Rien de bien répréhensible toutefois puisque le film se coltine depuis sa sortie une réputation irréfragable d'oeuvre culte indémodable. Fréquemment hilarant quant aux faux suicides qu'Harold élabore pour tenter d'alerter sa mère pédante de son mal-être aristocrate, Harold et Maude est une bouffée d'air frais militant pour le politiquement incorrect avec une ironie décapante. Tant et si bien que les nombreux éclats de rire qui émaillent l'intrigue nous suscitent une pêche communicative au gré de ce road trip vertigineux sublimant l'existence en faisant fi des conventions aussi bien sociales que morales. L'oeuvre marginale, car fièrement indépendante, décomplexée et déjantée dressant le portrait inusité d'un couple que tout sépare (ou presque) mais qui au fil de leur aparté fondé sur l'insouciance, le goût du risque, la soif de vie et le désir de découvertes auront bouleversé à jamais leur destin quant à leur dénouement aussi bouleversant que salvateur. Spoil ! Maude ayant d'une noble façon (bien que brutale et précipitée) sacrifié sa vie (parmi la lucidité de son libre-arbitre) afin d'initier Harold à l'émancipation en le privant de la peur du ridicule et en lui offrant la plus belle des romances. Fin du Spoil. Et ce sans jamais faire preuve de vulgarité ou de mauvais goût de la part du cinéaste attentionné.


“Trop de fleurs s'épanouissent sans être vues.”
Ainsi donc, à travers l'inoubliable portrait de ce duo lunaire en proie à une passion existentielle, Harold et Maude resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du couple proverbial Ruth Gordon (infiniment délicieuse en mamie décalée !) / Bud Cort (on ne compte plus les fous-rires nerveux à travers les mises à mort sardoniques de son regard hébété !). Leur mutuelle exubérance donnant lieu à un vibrant poème sur l'épanouissement, le désir et la douce folie de se différencier de l'ornière sous le pilier du score rasséréné de Cat Stevens dans toutes les mémoires.

*Bruno
2èx

Récompenses et distinctions:
Le film est 45e sur la liste des 100 films les plus drôles de tous les temps de l'American Film Institute1.
Il est 69e sur la liste des films les plus romantiques de tous les temps du même American Film Institute.
Il est 42e sur la liste des 100 films les plus drôles de la chaîne de télévision américaine Bravo.
En 1974, Hal Ashby a remporté un Espiga de Oro au Festival international du film de Valladolid.
En 1997, il a été sélectionné dans le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès pour être préservé comme étant « culturellement, historiquement ou esthétiquement signifiant ».

lundi 19 avril 2021

Paiement Cash

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"52 Pick-Up" de John Frankenheimer. 1986. U.S.A. 1h50. Avec Roy Scheider, Ann-Margret, Vanity, John Glover, Clarence Williams III, Kelly Preston.

Sortie salles France: 14 Janvier 1987. U.S: 7 Novembre 1986

FILMOGRAPHIE: John Frankenheimer est un réalisateur américain né le 19 Février 1930 à New-York, décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles. 1957: Mon père, cet étranger. 1961: Le Temps du châtiment. 1962: l'Ange de la Violence. Le Prisonnier d'Alcatraz. Un crime dans la tête. 1964: 7 Jours en Mai. Le Train. 1966: Grand Prix. l'Opération Diabolique. 1968: l'Homme de Kiev. 1969: Les Parachutistes arrivent. The Extraordinary Seaman. 1970: Le Pays de la Violence. Les Cavaliers. 1973: l'Impossible Objet. The Iceman Cometh. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy le monstre. 1982: A Armes Egales. 1985: Le Pacte Holcroft. 1986: Paiement Cash. 1989: Dead Bang. 1990: The Fourth War. 1992: Les Contes de la Crypte (Saison 4, épis 10). 1992: Year of the Gun. 1996: l'Ile du Dr Moreau. 1997: George Wallace. 1996: Andersonville (téléfilm). 1998: Ronin. 2000: Piège Fatal. 2002: Sur le Chemin de la guerre.


Super thriller des années 80 comme on ose plus en reproduire de nos jours, Paiement Cash joue la carte du divertissement solide à travers sa grande efficacité aussi bien technique que narrative. John Frankenheimer, artiste pas aussi reconnu, possédant ce don inné de nous captiver à travers l'odieux chantage d'un trio de malfrats cupides en concertation meurtrière. Si bien qu'Harry Mitchell, industriel de Los Angeles, doit rassembler 100 000 dollars afin de ne pas ébruiter son adultère avec une jeune mannequin de 22 ans. Alors que son épouse est en lice pour le conseil municipal, Harry se retrouve donc dans l'impasse d'avertir la police. Qui plus est, sa propre arme et ses empreintes ont été exploités pour parfaire leur homicide. C'est alors qu'il décide d'élaborer une stratégie de défense en montant les uns contre les autres les criminels davantage irascibles à recevoir le butin réclamé. Une intrigue classique, certes, mais redoutablement efficace et étonnamment brutale quant aux exactions de ses tueurs sans vergogne évoluant autour de l'univers du X. 


Si bien que l'on reste encore aujourd'hui impressionné par la séquence de "snuf movie" si j'ose dire franchement crapuleuse et malaisante de par son réalisme épeurant. John Frankenheimer recourant par ailleurs avec parcimonie à quelques détails morbides pour éviter toute forme de racolage. Une autre séquence aussi brutale m'a d'ailleurs autant interpelé lorsqu'une jeune femme est à deux doigts de trépasser, étouffée par un coussin, et ce sans y prédire l'issue de son sort. C'est dire si Frankenheimer est en pleine maîtrise de ses moyens pour nous faire douter de sa situation d'extrême urgence à la violence aussi rigoureuse que tendue. Pour ce faire, il compte notamment sur la tagline d'Hitchcock (Plus le méchant est réussi, meilleur le film sera) pour rehausser son intensité dramatique à travers le portrait d'un trio de malfrats à l'ironie sardonique. Notamment auprès de deux d'entre eux jouant les harceleurs gouailleurs avec un flegme détendu. Au-delà de ces trois profils génialement mis en valeur, on peut enfin compter sur l'autorité virile de Roy Scheider endossant "le blaireau" avec une classe charismatique à la fois contrariée et tranquille. Quand bien même Ann-Margret lui partage la vedette dans le rôle de l'épouse trompée avec une maturité posée (exit donc le cliché trivial du crêpage de chignon revanchard même si une séquence s'y prête un peu succinctement). 


Excellent thriller parfaitement dirigé et interprété à travers un affrontement tendu entre la victime et les tueurs, Paiement Cash transpire l'amour du genre dans sa facture de série B de luxe (estampillée Cannon !) déployant une verve sardonique incisive pour tenir lieu de sa violence crapuleuse. A redécouvrir d'urgence tant le film dégage un magnétisme infaillible au rythme d'une bande-son avenante symptomatique des années 80 !

*Bruno
3èx

jeudi 15 avril 2021

Embryo

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site blu-ray.com

de Ralph Nelson. 1976. U.S.A. 1h44. Avec Rock Hudson, Barbara Carrera, Diane Ladd, Roddy McDowall, Anne Schedeen, Jack Colvin, Joyce Brothers.

Sortie salles U.S: 21 Mai 1973

FILMOGRAPHIERalph Nelson est un réalisateur américain, né le 12 Août 1916 à New York, décédé le 21 Décembre 1987 à Santa Monica. 1962: Requiem for a Heavyweight. 1963: Le Lys des champs. 1963: La Dernière Bagarre. 1964: Le Crash Mystérieux. 1964: Grand Méchant loup appelle. 1966: La Bataille de la Vallée du Diable. 1968: La Symphonie des héros. 1968: Charly. 1970: Soldat Bleu. 1972: La Colère de Dieu. 1975: Le Vent de la Violence. 1976: Embryo. 1979: Christmas Lilies of the Field (télé-film). 


"Le film que vous allez voir n'est pas totalement de la science-fiction. Il repose sur une technologie médicale qui est couramment mise en pratique pour le développement foetal extra-utérin. Ce qui va suivre sera peut-être possible demain si ce ne l'est déjà aujourd'hui." 
Charles R. Brinkman, docteur en médecine.

Si dans la filmo de Ralph NelsonSoldat Bleu reste l'une de ses oeuvres les plus connues, dures et marquantes, on a tendance à oublier que durant cette même décennie il nous concocta une série B horrifique avant-gardiste à travers le thème de la manipulation génétique, qui plus saturée d'une inopinée ambiance malsaine lors de sa seconde partie dénuée de concession. Le pitchGrâce à un remède, un chirurgien réussit à sauver la vie d'un foetus canin en accélérant sa croissance. Il décide ensuite de tenter l'expérience sur celui d'un humain, ce qui donnera naissance à une jeune femme prématurée. Mais au fil de son apprentissage existentiel, et afin de préserver sa propre survie, elle s'épargne de moralité pour parvenir à ses fins. Sur un argument scientifique visionnaire (la technologie du développement foetal extra-utérin) accouplé au fameux mythe de Frankenstein (en l'occurrence, créer la vie à partir d'un embryon humain), Ralph Nelson joue la carte de la science-fiction et de l'horreur clinique. La première partie, particulièrement prenante car oh combien passionnante et prévenante, traite de la pédagogie évolutive du cobaye féminin à la fois fureteuse, érudite et sagace à observer sa condition de vie ainsi que ses progrès cérébraux et cognitifs tout en se familiarisant auprès de son entourage (notamment celui fidèle avec le chien cerbère qui l'accompagne lors de ses déplacements).  


Avec une certaine ironie (la partie d'échec improvisée entre Victoria et le champion irascible) et légèreté (sa relation davantage romanesque avec le Dr Holliston), le réalisateur réussit à nous familiariser auprès de la bonhomie de ces amants livrés au secret inavouable. Mais surtout, il parvient facilement à nous attacher auprès de la candeur de cette femme lascive férue de curiosité et de soif de découverte pour tout ce que représente la vie. Incarné par Barbara Carrerra, cette ancienne mannequin parvient à livrer sa plus belle performance d'actrice tant elle réussit à insuffler à son personnage autant d'attachement et d'empathie (de par son innocence infantile) que d'effroi (se détermination désespérée à subvenir à sa survie sans pouvoir faire preuve de discernement). Pour cause, en jouant autant sur le charme de sa silhouette charnelle que sa physionomie étrangement impassible, la comédienne suscite un magnétisme trouble auprès du spectateur attentif à ses expressions hétéroclites. D'ailleurs, lors de la seconde partie, elle réussit tellement à nous communiquer un malaise diffus à travers ses actes perfides qu'elle vole quasiment la vedette à l'excellent Rock Hudson, endossant ici avec un humanisme circonspect le rôle du Frankenstein déchu. Si au préalable, et hormis la présence inquiétante du chien cerbère fidèle à sa maîtresse, l'ambiance légère laissait distiller une atmosphère avenante face à la déférence de Victoria, la suite adoptera un virage à 180° lorsque cette dernière cumule les malaises corporels. Qui plus est, par l'entremise d'une partition musicale dissonante, le climat ombrageux devient beaucoup plus tendu au fil de sa dégénérescence morale et corporelle. Spoil ! Car rendue accro à divers produits qu'elle doit s'injecter pour pallier sa douleur, celle-ci se soumettra finalement à l'irréparable pour sa quête de survie. Car insatiable de pouvoir perdurer son existence et remplie de lâcheté, Victoria ira jusqu'à commettre des exactions meurtrières dans une ambition purement égotiste Fin du Spoil. Avec une audace glauque,  Ralph Nelson enfonce le clou lors de son dernier acte éprouvant particulièrement sordide. Si bien que le spectateur, tour à tour incommodé, empathique et malaisant, est contraint d'observer la déchéance (sournoise) d'une femme objet noyée de désespoir mais livrée à ses instincts les plus bas. 


Une perle hybride des années 70 gardant intacte son odeur de souffre. 
Jalon d'horreur déviante transplanté dans le cadre d'une science-fiction alarmiste, Embryo joue la carte d'une ambiance faussement rassurante peu à peu gangrenée par les motivations meurtrières d'une mutante décatie en proie à une poignante déliquescence morale. Anxiogène, opaque et déstabilisant, Embryo doit beaucoup de son intensité grâce à l'intelligence de son propos décrié, à la sobriété de son étonnant casting et à sa réalisation solide (toute aussi étonnante !) instillant un climat d'inquiétude hautement malsain. 

*Bruno
15.04.21. 4èx
05.07.13. 86 v

mardi 13 avril 2021

Nomadland. Lion d'Or, Mostra de Venise 2020.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Chloé Zhao. 2020. U.S.A. 1h47. Avec Frances McDormand, David Strathairn, Linda May, Charlene Swankie, Bob Wells, Peter Spears.

Sortie salles France: 12 Mai 2021. U.S: 19 Février 2021

FILMOGRAPHIEChloé Zhao est une scénariste et réalisatrice chinoise, née le 31 mars 1982 à Pékin. 2008 : Post (court métrage). 2009 : The Atlas Mountains (court métrage). 2010 : Daughters (court métrage). 2011 : Benachin (court métrage). 2015 : Les Chansons que mes frères m'ont apprises (Songs My Brothers Taught Me). 2017 : The Rider. 2020 : Nomadland. 2021 : Eternals. 


"Rien ne suscite plus grande mélancolie que l'idée de ne pas connaître tous les êtres qu'on aurait pu aimer, qu'on va mourir avant d'avoir pu les rencontrer."
C'est une vague à l'âme qui m'assaille promptement l'esprit à travers ce splendide voyage initiatique d'une nomade sclérosée sillonnant les vastes contrées à bord de son van en tentant d'accepter la mort de son époux. Cette aura de spleen si communicative que retransmettent communément sa nature environnante et ces nomades du 3è âge demeure parfois même éprouvante, pour ne pas dire malaisante; de par ce malaise existentiel qu'insuffle Frances McDormand dans celle d'une itinérante en quête d'une forme d'exutoire. Ainsi, 1h47 durant, la réalisatrice chinoise Chloé Zhao nous radiographie ce fragile portrait de femme esseulée avide d'espace et de grand air à travers la simplicité d'une existence primale renouant avec le sens du partage, de la douceur de vivre et de la camaraderie. 


Hymne à la vie donc, à la mélancolie des souvenirs et de nos chers disparus, cantique à l'amour sous toutes ses formes, tant animale, végétale ou humaine, Nomadland bouleverse nos fiévreux sentiments de par sa profonde humanité teintée de désespoir quant à ces retraités contraints de vivre sous le seuil de pauvreté à la suite de leur pension précaire. Il s'agit donc un road trip contemplatif que nous exprime la réalisatrice avec autant de pudeur que de langueur quant aux pérégrinations de Fern littéralement amoureuse du grand air mais pour autant démunie à tenter de retrouver un havre de paix au sein de ce no man's land non dénué de lueur d'espoir quant aux retrouvailles du lendemain. Profondément mélancolique et bouleversant jusqu'au malaise moral (en mode déprime, vous voilà avertis), Nomadland interpelle par l'acuité de son onirisme naturaliste et de son humanisme candide en quête d'un ailleurs libérateur. Le portrait d'une femme en berne réfutant de renouer avec les sentiments par crainte de la mort et de l'appréhension de souffrir. 


*Bruno

Apport de l'UHD: 10.

Récompenses
Mostra de Venise 2020 : Lion d'or
Satellite Awards 2021 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleure actrice pour Frances McDormand
Golden Globes 202110 :
Meilleur film dramatique
Meilleur réalisateur
BAFTA 2021 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleure actrice pour Frances McDormand
Meilleure photographie

lundi 12 avril 2021

Asphalte

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de 1981. France. 1h38. Avec Carole Laure, Jean-Pierre Marielle, Jean Yanne, Philippe Ogouz, Louis Seigner, Danièle Lebrun, Nicole Vassel, René Bouloc, Daniel Sarky

Sortie salles France: 7 Janvier 1981

FILMOGRAPHIEDenis Amar est un réalisateur français né le 10 juin 1946 à Paris, vivant à Paris et au Cap Ferret. 1981 : Asphalte. 1984 : L'Addition. 1987 : Ennemis intimes. 1989 : Hiver 54, l'abbé Pierre. 1991 : Contre l'oubli. 1997 : Saraka bô. 


“L'horreur d'un accident qu'on découvre sur sa route provient de ce qu'il est de la vitesse immobile, un cri changé en silence (et non pas du silence après un cri).”
Fort méconnu et très peu diffusé à la TV, Asphalte est une bien étrange curiosité se taillant aujourd'hui une nouvelle résurrection grâce à sa sortie commerciale Blu-ray éditée chez Studio Canal. Chroniques d'une vie ordinaire si j'ose dire, le récit ultra simpliste s'intéresse aux pérégrinations de Juliette Delors tentant de retrouver son ami après que celui-ci lui laissa son véhicule appartenant à sa maîtresse. Ainsi, au fil de ses itinéraires routiers, et entre deux arrêts sur aires de repos, Juliette croise une foule de quidams tantôt harceleurs, tantôt amiteux, tantôt inquiétants. En intermittence, le réalisateur s'intéresse notamment au comportement irresponsable d'un couple accompagné de leur enfant sur leur toute de  vacances, quand bien même un quidam quinquagénaire arpente les autoroutes de manière détachée après avoir perdu son fils lors d'un carambolage. 

Quel sentiment trouble d'avoir participé à ce manifeste contre les violences routières au sein d'une réalisation personnelle aussi qualitative que déroutante. A l'instar de ses quelques traits de dérision et de situations volontairement ubuesques émanant de personnages lunaires afin de s'extirper de l'ornière. C'est d'ailleurs grâce au soin de cette mise en scène oscillant les ruptures de ton et au jeu convaincant des comédiens qu'Asphalte cultive tout son intérêt pour aborder le thème de la violence routière du point de vue de quelques tranches de vie peu attentifs au problème de la vitesse. Outre ses acteurs reconnus (Jean-Pierre Marielle, Jean Yanne) et quelques brèves apparitions surprises néophytes (Christophe Lambert, Richard Anconina), Asphalte nous magnétise grâce à la présence irradiante de Carole Laure de par sa douce beauté ténébreuse. Littéralement sublime et omniprésente à l'écran, la brune incendiaire promène sa dégaine sensuelle avec un naturel innocent eu égard de son comportement à la fois naïf et versatile auprès d'une gente masculine très sensible à ses formes charnelles. Quand bien même au fil de son parcours hésitant, elle finira par rencontrer une main secourable apte à lui changer son destin Spoil ! après avoir failli perdre la vie Fin du Spoil

Difficilement saisissable et toujours improvisé de situations tantôt décalées, tantôt légères, tantôt graves; Asphalte laisse une impression trouble d'avoir participer à un OVNI jalonné de 2/3 séquences de carambolages très impressionnantes (cascades exécutés par le spécialiste Remy Julienne). Comme le souligne d'ailleurs son final à la fois terrifiant et traumatique illustrant avec un vérisme glaçant les conséquences de notre comportement irresponsable au volant. Quand bien même pour renforcer le malaise et cultiver un certain parti-pris baroque, Denis Amar redouble le danger Spoil ! avec une fortuite agression animale d'une brutalité incisive Fin du Spoil. A découvrir tout en prenant conscience de son contenu biscornu émaillé de détails saugrenus. 

*Bruno

samedi 10 avril 2021

Contracted

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric England. 2013. U.S.A. 1h23. Avec Najarra Townsend, Caroline Williams, Alice Macdonald, Katie Stegeman, Matt Mercer, Charley Koontz.

Sortie salles France: ?. U.S: 22 Novembre 2013

FILMOGRAPHIEEric England est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 23 Février 988 en Arkansas. Hellbent (announced).  The Sirens (announced). 2018 Josie. 2017 Get the Girl. 2013 Contracted. 2013 Chilling Visions: 5 Senses of Fear (segment "Taste"). 2013 Roadside. 2011 Madison County. 2010 Hostile Encounter. 


Directement passé en DTV chez nous lors de sa sortie en 2013, Contracted demeure une assez réjouissante surprise pour qui raffole d'horreur viscérale placée sous le signe de la série B nauséeuse. Le pitch, somme toute linéaire, retraçant au compte goutte la dégénérescence corporelle et morale d'une jeune lesbienne après une relation sexuelle avec un inconnu abordé lors d'une soirée festive. Ainsi, la force de cette farce vitriolée contre les MST (et autre métaphore sur le SIDA) réside dans son efficacité à cumuler de manière métronome les désagréments physiques de la victime davantage erratique dans sa condition recluse de ne pouvoir s'appuyer sur une main secourable afin de s'extirper de son enfer. Et ce en dépit du témoignage démuni de sa mère (dédaigneuse) s'efforçant de comprendre son triste châtiment en dépit de leur sempiternel conflit familial. Par conséquent, de par son horreur parfois organique effleurant le cinéma clinique de Cronenberg, on est plutôt ébranler à contempler ses malaises corporels à renfort de pustules, filets de veines noires striées sur son corps, vomissures de sang dans l'évier ou la cuvette des chiottes, yeux livides et éraillés au point de les planquer sous des lunettes noires, perte progressive des ongles, asticots extraits de son vagin, etc, etc. C'est donc avec une réelle efficacité que le réalisateur Eric England exploite son horreur vomitive parmi le concept d'une série B bien troussée, et ce parmi l'empathie éprouvée pour la victime que Najarra Townsend endosse à l'aide d'une force d'expression constamment tendue. 


Le réalisateur oscillant étonnamment les ruptures de ton avec un certain risque. Entre réalisme documenté et grand-guignol ostentatoire quant au délire de son final jusqu'au-boutiste quitte à effleurer le ridicule, tout du moins auprès des pisse-froids. Car Contracted a beau partir en live lors de son ultime demi-heure désincarnée, poème morbide sur la folie homicide d'une zombie putrescente, on continue pour autant de croire à sa déliquescence morale au gré de sa condition démunie de n'y trouver aucune échappatoire. Son terrible manque d'affection, d'appui amical et sentimental la contraignant de se vautrer dès lors dans une vendetta aveugle lors de ses instants de panique et d'impuissance de dernier ressort (notamment après y avoir consulté un praticien plutôt détaché, pour ne pas dire à côté de la plaque lors de ses réflexions prémâchées). D'autre part, on peut attribuer à Eric England de céder également à la facilité et aux incohérences auprès de quelques seconds-rôles si peu effrayés par l'apparence estropiée de Samantha littéralement répugnante. A l'instar de cet hallucinant coït amorcé avec l'un de ses compagnons résolument indifférent à son physique fétide. De toute évidence, un prétexte trivial d'y forcer le trait du dégoût auprès du spectateur ébaubi assistant, les yeux apeurés, à leurs ébats dégueulbifs où s'y mêleront finalement gerbes de sang et asticots évacués des parties génitales. 


Moi Zombie, chronique de la dégradation.
A mi-chemin entre une horreur viscérale très réaliste, au point d'y insuffler à moult reprises les hauts le coeur auprès des spectateurs les plus chétifs, et une horreur grand-guignol en seconde partie incongrue, Contracted ne laisse nullement indifférent à contempler avec autant d'appréhension que de dégoût la déchéance de cette victime zombifiée condamnée à la solitude. Tant et si bien que l'on pardonne ces grosses ficelles susnommées à condition d'y préserver en cours de route un certain esprit second degré à travers la tournure débridée de cette épouvantable farce morbide. A découvrir, pour public averti.

*Bruno