mercredi 31 mai 2023

Un papillon aux ailes ensanglantées / Una farfalla con le ali insanguinate / Cran d'Arrêt

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ducio Tessari. 1971. Italie. 1h39. Avec Helmut Berger, Giancarlo Sbragia, Evelyn Stewart, Wendy D'Olive, Günther Stoll, Silvano Tranquilli 

Sortie salles France:  ?  Italie: 10 Septembre 1971

FILMOGRAPHIE: Duccio Tessari, de son vrai nom Amadeo Tessari, né le 11 octobre 1926 à Gênes et mort d'un cancer le 6 septembre 1994 à Rome, en Italie, est un réalisateur et scénariste italien. 1962: Les Titans. 1963 : Le Procès des doges ou Le Petit boulanger de Venise. 1964 : La sfinge sorride prima di morire - stop - Londra. 1965 : Una voglia da morire. 1965 : Un pistolet pour Ringo . 1965 : Le Retour de Ringo. 1966 : Très honorable correspondant. 1967 : Per amore... per magia... 1968 : Meglio vedova. 1968 : Le Bâtard. 1968 : Un train pour Durango. 1969 : Mort ou vif... de préférence mort. 1970 : Quella piccola differenza. 1970 : La Mort remonte à hier soir. 1971 : Cran d'arrêt. 1971 : Forza G. 1971 : Et viva la révolution ! 1973 : Les Grands Fusils. 1973 : Les Enfants de chœur. 1974 : L'Homme sans mémoire. 1974 : Les Durs. 1975 : Zorro. 1976 : Les Sorciers de l'île aux singes 1976 : La madama. 1978 : Le Crépuscule des faux dieux. 1981 : Un centesimo di secondo. 1985 : Tex Willer e il signore degli abissi. 1985 : Baciami strega (TV). 1986 : Bitte laßt die Blumen leben. 1987 : Una grande storia d'amore (TV). 1990 : Au bonheur des chiens. 1992 : Beyond Justice. 1994 : Le Prince du désert.


Relativement de faible réputation (quand bien même il est resté inédit en salles en France), Un papillon aux ailes ensanglantées est à mon sens subjectif un Giallo mineur faute de son absence de suspense et d'un rythme défaillant cumulant sans intensité enquête policière (avec la collaboration de la police scientifique nous précisera le générique de fin), scènes de prétoire, étreintes lubriques (parfois déviantes) et ambiance horrifique timorée, à l'instar des exactions hors-champs. Et ce en dépit d'un photo et d'une mise en scène soignées, d'une sublime partition au clavecin de Gianni Ferrio et d'un bon acting bien connu des amateurs, bien que Helmut Berger semble effacé, peu concerné par ce qui se trame autour de lui. On se console tout de même avec son final élégiaque d'une beauté romantique langoureuse par son onirisme candide (quand bien même l'élément du "papillon" se justifie) où l'émotion perce enfin au gré d'un montage scrupuleux autrement plus convaincant que ce qui nous fut préalablement illustré sans génie ni passion. A voir par curiosité sans laisser de souvenir impérissable. 


*Bruno

mardi 30 mai 2023

Intimate confessions of a chinese Courtesan / Ai nu

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site rakuten.com

de Chu Yuan. 1972. Hong-Kong. 1h31. Avec Lily Ho, Betty Pei Ti, Yueh Hua

Sortie salles Hong Kong: 9 juillet 1972 

FILMOGRAPHIE: Chu Yuan (楚原 en chinois, donnant Chor Yuen dans une transcription du cantonais) est un réalisateur hongkongais né le 8 octobre 1934 à Canton, décédé le 21 février 2022, . 1972 : Intimate Confessions of a Chinese Courtesan. 1972 : Le Tueur de Hong-Kong. 1973 : The House of 72 Tenants. 1973 : Haze in the Sunset. 1974 : Sex, Love and Hate. 1976 : La Guerre des clans. 1976 : Farewell to a Warrior. 1976 : Le Sabre Infernal. 1976 : The Web of Death. 1977 : Le Complot des Clans. 1977 : Le Tigre de Jade. 1977 : Death Duel. 1977 : Le Poignard volant. 1978 : Clan of Amazons. 1978 : L'Île de la bête (en) (Legend of the Bat). 1978 : Swordsman and Enchantress. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2. 1979 : Full Moon Scimitar. 1980 : Bat Without Wings. 1988 : Diary Of A Big Man. 1990 : The Legend Of Lee Heung Kwan. 1990 : Blood Stained. Tradewinds. 1990 : Sleazy Dizzy. 

Encore une perle luminescente estampillée Shaw Brothers. Une oeuvre féministe où le saphisme fait la part belle à une vendetta de longue haleine qu'on ne pu prévoir. A l'instar de son cheminement meurtrier (étonnamment et étrangement) permissif et de son renversant épilogue aussi magnifique que d'une cruauté sans égale. Ainsi donc, Intimate confessions of a Chinese Courtesan est un spectacle sulfureux où se conjugue érotisme, tendresse, tortures et combats au sabre parmi l'efficacité d'un script couillu quant à la stratégie vindicative s'esquissant sous nos yeux sous le pilier d'un amour indéfectible (tout du moins du point de vue de la dominatrice). Et c'est bien là la grande originalité du récit que de nous attacher à une justicière stoïque soumise à sa souveraine sans pitié éperdument amoureuse de son esclave. 

Comme de coutume, si les séquences d'action martiale demeurent toujours plus épiques au fil d'une provocation féministe dénuée de complexe à brimer l'homme lubrique; attendez de contempler les 20 ultimes minutes littéralement anthologiques. Tant pour les festivités de son aspect sanglant qu'homérique. Si bien que Tarantino s'en est inspiré pour Kill Bill (rien que ça). Enfin, de par son climat tantôt onirique (les chambres aux draps roses de soie arborées en permanence à l'écran), on retient également à 2 uniques reprises l'intonation baroque d'une partition musicale terriblement envoûtante lors de la relation intime entre la dominatrice et son esclave sexuelle séparée par les valeurs du Bien et du Mal. Ainsi, par cette charge émotionnelle d'une trouble sensualité, Intimate Confessions... atteint des sommets d'immersion capiteuse eu égard de son pouvoir de fascination émanant du duo galvaudé et de sa conclusion funeste prenant tout son sens quant à sa réflexion amère impartie au mobile de la vengeance.  

Une perle flamboyante donc à la fois étrange, baroque, déroutante, violente et sensuelle abordant sous un angle aussi singulier qu'incongru une romance vampirique terriblement félonne. 

*Bruno
3èx. Vostfr

lundi 29 mai 2023

Tin et Tina

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rubin Stein. 2023. Espagne. 2h00. Avec Milena Smit, Jaime Lorente, Carlos González Morollón, Anastasia Russo, Teresa Rabal, Sergio Ramos

Diffusé sur Netflix: 26 Mai 2023

FILMOGRAPHIE: Rubin Stein est un réalisateur et scénariste espagnol. 2023: Tin et Tina. 

Encore une belle surprise que nous offre là Netflix, une proposition hispanique renouant avec l'horreur adulte en y dénonçant la fanatisme religieux du point de vue de ce qu'il y a de plus innocents, des enfants placés dans un couvent qu'un jeune couple décide d'adopter. Or, rapidement, ces jumeaux se comportent de manière obsessionnelle avec la religion au point de mettre en pratique certains versets de la Bible. Elégamment filmé (cadrages alambiqués) au sein d'une photo limpide mettant en valeur une pléthore d'images stylisées chargées de poésie; Tin et Tina joue efficacement la carte de l'angoisse (palpable) et du suspense émoulu lorsqu'un couple est davantage tourmenté par les actes déraisonnés de leurs enfants en proie à une doctrine chrétienne. 

Et si toutes les séquences anxiogènes puis dramatiques demeurent fatalement assez prévisibles, la maitrise de la mise en scène si attentionnée et le talent des acteurs à la force d'expression tourmentée (même si on peut juger discutable certains comportements un tantinet incohérents) parviennent un instaurer un climat malaisant constamment hypnotique, notamment eu égard de la cruauté des épisodes les plus graves franchement éprouvants (voir mêmes à la limite du supportable tant la gêne m'a pris à la gorge). A point tel que l'ambiance domestique régie dans cette vaste demeure s'avère davantage irrespirable, tant auprès des agissements sournois des enfants que des points de vue antinomiques du père et de la mère s'efforçant de relativiser tout en s'inquiétant (dans leur caractère distinct) de la posture équivoque des enfants habités par leur religion. Qui plus est, affublés de cheveux blancs et d'un visage au teint blême, ils réussissent sans ambages à susciter angoisse, malaise et inquiétude exponentielle au fil d'un cheminement évolutif plus intelligent et surprenant qu'escompté quant à la culpabilité de ces  derniers qu'une mère refusait finalement d'éduquer par impuissance et désarroi.

Les Innocents
Excellent suspense horrifique au climat étouffant de par le vortex de ces confrontations psychologiques soumises aux règles du Bien et du Mal, Tin et Tina doit beaucoup de son intensité dramatique grâce à l'intelligence de son script dénué de grand-guignol et de racolage au profit d'une psychologie torturée. Le réalisateur primant sur un réalisme froid à la fois vénéneux, onirique, insidieux, pour jouer avec nos nerfs et provoquer l'incommodité au sein de cette famille infortunée perturbée par une étique démiurge. Poignant.

*Bruno

Ci-joint la chronique de Jérôme André tranchant

Coup de coeur 
Sur Netflix. 

En 1981, en Espagne, Lola et Adolpho se marient.  Lola est enceinte de deux enfants.  En sortant de l'église, lola saigne.  Elle a perdu ses deux enfants.  Six mois après, le couple décide d'adopter.  Ils vont aller dans un orphelinat tenu par une religieuse.  Lola a un coup de coeur pour des jumeaux de 7 ans.  Ils se prénomment Tin et Tina.  Ils sont blonds, yeux bleus, teints livide.  Les deux enfants sont aussi très pieux.  Le couple les adoptent.  Lola va découvrir que ses enfants sont très particuliers. 

Il y avait très longtemps que je n'avais pas ressenti ce sentiment d'être dérangé devant mon écran.  Le réalisateur se sert de certains clichés du cinéma d'horreur pour les détourner.  Il ne le fait pas de manière spectaculaire, il le fait de manière très insidieuse.  On ne s'attend jamais à ce qu'il va se passer.  Bien sûr, le cinéaste Rubin Stein s'amuse avec des références cinématographiques, on pense à Hitchcock, Polanski et Bunuel mais il se sert de ses influences pour tromper le spectateur.  Et puis par les temps qui courent un film d'horreur anticlérical, ça fait du bien.  Ce métrage ne pourrait pas être produit par les états-unis.  Le réalisateur garde son identité espagnole, ce qui lui permet de taper sur le machisme avec une grande violence.  Le dernier tiers du film est un tour de force. Il s'agit d'un plan séquence terriblement angoissant.  Donc "Tin et Tina" est une réussite dans le genre gothique.  Et ça fait un bien fou.

Critique de Thierry Savastano

Top 2023

Tin & Tina ⭐️⭐️⭐️⭐️ 2023 vf 1h59 4K 

❤️Coup de Coeur❤️

Après une fausse couche traumatisante, un jeune couple adopte dans un couvent de curieux jumeaux dont l'obsession pour la religion ne tarde pas à perturber la famille.

👉Pépite Netflix !

Cette opposition forte de l'église et de son icône principal DIEU a travers un duo de petits monstres est le point central de cette pépite hispanique ou l'ambiance y est terriblement effrayante, une trame lente mais bien succulente, un long métrage obscure teinté d'humour noir qui nous plonge dans une histoire horrifique psychologique tordue mais jouissive. 

vendredi 26 mai 2023

Sisu : de l'or et du sang

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jalmari Helander. 2022. Finlande/U.S.A. 1h31. Avec Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan, Mimosa Willamo, Onni Tommila

Sortie salles France: 21 Juin 2023. Finlande: 27 janvier 2023

FILMOGRAPHIEJalmari Helander est un réalisateur et un scénariste finlandais né le 21 juillet 1976.
2010 : Père Noël Origines (Rare Exports: A Christmas Tale). 2014 : Big Game (également coscénariste). 2022 : Sisu : de l'or et du sang (Sisu). 

Sacrée (pochette) surprise que ce Sisu du réalisateur du savoureux Rare Export (en français Père Noël Origines), si bien que le finlandais Jalmari Helander nous livre un actionner hyperbolique ne ressemblant à nul autre si j'ose dire. Dans la mesure où les séquences homériques, toutes plus invraisemblables les unes que les autres, parviennent à transcender l'improbable avec un degré de fascination inédit dans le paysage bourrin eu égard de son réalisme cinglant (euphémisme), comme du portrait imparti à ce vieillard increvable (pour ne pas dire immortel comme le sous-entend sa réputation quasi surnaturelle après avoir exterminé plus de 300 russes). On peut d'ailleurs même le décliner en nouvelle icone du cinéma d'action que campe Jorma Tommila avec un mutisme expressif particulièrement viscéral. Le spectacle furibond adoptant un parti-pris laconique, sans doute aussi pour s'extirper de la convenance afin d'imposer sa personnalité propre comme le souligne avec astuce l'aura proverbiale du héros du 3è âge que tout un chacun (ou presque) redoute. 

L'aspect fascinatoire du récit linéaire (seul contre tous, Aatami Korpi tente de fuir des nazis après avoir découvert des lingots d'or dans un champs) découlant de son ambiance quasi mystique renforcée de l'inventivité des ripostes de survie se renouvelant incessamment au gré d'idées folingues génialement jouissives. Et ce aussi grotesques ou ubuesques soient les pires situations de self-défense ou d'entrave (la pendaison, la confrontation aérienne). Or, si au départ on peine à croire à ce qui se déroule sous nous yeux tout en éprouvant un plaisir ludique (quelque peu nostalgique par son aspect "grindhouse"), la maîtrise de la réalisation, la dose de dérision injectée fréquemment aux moments les plus barbares ou héroïques, et enfin sa fulgurance visuelle à damner un saint (les images de désolation, crépusculaires, solaires, demeurent magnifiques d'onirisme quasi surnaturel - certains plans éthérés évoquant même l'Au-delà de Fulci -) nous immergent dans l'aventure cinétique avec une générosité immodérée. Quand aux gueules striées des méchants nazis tous plus triviaux les uns les autres (avec un leader hyper charismatique), ils se taillent un charisme insalubre (sang, sueurs, terre noire se confondent sur les visages en perdition) génialement expressif afin de mieux les haïr et croire en leur véracité criminelle. 

Moment de péloche vrillé du Samedi soir d'une ultra violence jubilatoire (ça en est même parfois cartoonesque), Sisu s'avère peut-être LE film d'action de l'année 2023 (ce que aurait dû être d'ailleurs la saga surfaite John Wick auquel il prête quelques clins d'oeils ou encore Rambo 5 que Stallone doit sans doute secrètement envier). Truffé d'action 1h25 durant sans trop se prendre au sérieux et avec une évidente volonté d'en foutre plein la vue au gré d'une inventivité déconcertante, Sisu honore généreusement le divertissement régressif avec un degré de fascination inédit pour le genre. A point tel que tout en étant conscient de son invraisemblance en roue libre, on finit presque par croire à l'alchimie indestructible de ce guerrier silencieux tant le personnage résilient nous impressionne sans cesse à cumuler les bravoures, entre providence et invention désarmantes. 

*Bruno

Récompenses: meilleur film, meilleur acteur pour Jorma Tommila, meilleure photographie, meilleure musique au Festival international du film fantastique de Catalogne 2022 (Sitges). 

mardi 23 mai 2023

La guerre des Clans / Liu xing hu die jian / Killer Clans

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdfr.com

de Chu Yuan. 1976. 1h41. Hong-Kong. Avec Tsung Hua, Ku Feng, Lo Lieh, Yueh Hua, Ching Li

Sortie salles Hong-Kong: 20 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Chu Yuan (楚原 en chinois, donnant Chor Yuen dans une transcription du cantonais) est un réalisateur hongkongais né le 8 octobre 1934 à Canton, décédé le 21 février 2022, . 1972 : Intimate Confessions of a Chinese Courtesan. 1972 : Le Tueur de Hong-Kong. 1973 : The House of 72 Tenants. 1973 : Haze in the Sunset. 1974 : Sex, Love and Hate. 1976 : La Guerre des clans. 1976 : Farewell to a Warrior. 1976 : Le Sabre Infernal. 1976 : The Web of Death. 1977 : Le Complot des Clans. 1977 : Le Tigre de Jade. 1977 : Death Duel. 1977 : Le Poignard volant. 1978 : Clan of Amazons. 1978 : L'Île de la bête (en) (Legend of the Bat). 1978 : Swordsman and Enchantress. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre. 1978 : Heaven Sword and Dragon Sabre 2. 1979 : Full Moon Scimitar. 1980 : Bat Without Wings. 1988 : Diary Of A Big Man. 1990 : The Legend Of Lee Heung Kwan. 1990 : Blood Stained. Tradewinds. 1990 : Sleazy Dizzy. 

Synopsis: Sur les ordres d'un employeur à l'identité secrète, Meng Sheng-hun, un tueur renommé, est engagé pour éliminer Sun Yu, chef du clan martial de la Porte-du-Dragon. L’assassin doit donc s'infiltrer au sein du clan sous une fausse identité pour tenter de gagner la confiance de sa future victime. Mais la détermination habituelle du tueur solitaire est remise en question lorsqu'il croise par hasard une charmante et mystérieuse femme dans la Forêt aux Papillons...

(Enième) Trésor de la Shaw Brothers exhumé de l'oubli par Wild Side Video, La Guerre des Clans fascine à point tel que l'on reste perpétuellement happé par sa thématique fondée sur la félonie amicale irriguant l'entièreté de l'intrigue. Car en dépit des nombreuses scènes d'action toutes plus impressionnantes les unes que les autres par sa chorégraphie gracile et son inventivité baroque, c'est la densité de l'histoire et les personnages vengeurs qui nous impliquent à corps perdu d'où émane une réflexion contre la corruption du pouvoir engendrant règlements de compte et ripostes sanglantes à un moment propice de soif de gloire. Pour autant, de par l'efficacité des divers traitres et stratagèmes afin d'éliminer l'oncle Sun Yu, chef du clan Lung Men, découle une poésie vernale afin d'y extraire la pureté de l'amour en nous rappelant aussi que la vie demeure aussi éphémère qu'un papillon. 

Ainsi, de par la puissance de ces thématiques imparties à la trahison et au sens loyal de l'amitié, la mort hante chaque protagoniste, tant auprès de leur sens du sacrifice, de leur bravoure héroïque (quasi suicidaire) que de leur refus de céder à la peur face à la fatalité du trépas. Et si je ne suis guère un afficionado du genre quant à connaître sur le bout des ongles le genre (l'art martial j'entends) et ses inépuisables références, La Guerre des Clans m'a tant émotionnellement impliqué, fasciné (notamment pour son contexte historique), dépaysé (la beauté de sa photographie, son jardin onirique), interloqué (son érotisme couillu pour l'époque auprès d'une séduction parfois vénéneuse ou autrement innocente) qu'il me semble confiné au chef-d'oeuvre. 

*Bruno
2èx

lundi 22 mai 2023

Yeti, le Géant d'un autre Monde / Yeti - Il gigante del 20° secolo

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ebay.fr

de Gianfranco Parolini. 1977. Italie. 1h41. Avec Donal O'Brien, Mimmo Crao, Antonella Interlenghi, Tony Kendall, John Stacy

Sortie salles France: 1er août 1979. Italie: 23 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Gianfranco Parolini est un réalisateur italien né le 20 février 1925 à Rome et mort dans la même ville1 le 26 avril 2018. Il a également été scénariste, acteur, producteur et monteur.1953 : Il bacio dell'Aurora. 1954 : François il contrabbandiere. 1961 : Samson contre Hercule. 1962 : Il vecchio testamento. 1962 : Hercule se déchaîne. 1962 : Les Derniers jours d'Herculanum. 1963 : Les Dix Gladiateurs. 1964 : Les Diamants du Mékong. 1964 : Ursus l'invincible. 1965 : Les Frères Dynamite. 1966 : Le commissaire X traque les chiens verts. 1966 : Chasse à l'homme à Ceylan. 1966 : Commissaire X dans les griffes du dragon d'or. 1966 : Le Triomphe des sept desperadas. 1967 : Les Trois Fantastiques Supermen. 1967 : Commissaire X : Halte au L.S.D. 1968 : Commissaire X : Trois panthères bleues. 1968 : Sartana. 1969 : Sabata. 1969 : Cinq pour l'enfer. 1971 : Adios Sabata. 1971 : Le Retour de Sabata. 1972 : Sotto a chi tocca! 1974 : Un poing, c'est tout. 1975 : Trinita, nous voilà ! 1976 : Les Impitoyables. 1977 : Yéti, le Géant d'un autre monde. 1987 : Le Secret du temple inca. 


Génialement affligeant car improbable mais vrai !
Surfant sur le succès de King-Kong de John Guillermin, Yéti, le géant d'un autre monde est l'une des plus improbables séries Z que le cinéma nous ait pondues. Une aventure fantastique incidemment transplantée dans le cadre d'une comédie involontairement drôle que Gianfranco Parolini nous emballe avec une maladresse (heureusement) attachante. Tant et si bien qu'il faut le voir pour le croire tant l'ensemble, risible, impayable, ubuesque, incongru, biscornu, se paye le luxe de nous divertir à rythme métronomique. Et si l'histoire étique demeure toute à fait redondante (pourchassé par la police et des méchants cupides, Yeti s'échappe de sa geôle en cassant tout sur son chemin urbain), l'omniprésence de la créature de taille disproportionnée, son jeu d'ahuri génialement outrancier et les seconds-rôles surjouant sans complexe rendent l'aventure aussi bonnard que constamment pittoresque. 


D'autres part, les effets-spéciaux ont beau être ringards, on parvient tout de même à croire à la taille outre-mesure du molosse, entre fascination, rire nerveux, et déconcertement eu égard de la poésie surréaliste qui se dégage, notamment auprès des séquences les plus tendres et puériles si je me réfère à sa liaison amicale entre une jeune fille (Antonella Interlenghi juste sublime par le velours de ses yeux de saphir pâle) et son frère cadet inexpressif qu'elle trimballe avec elle (et de façon erratique par son jeu involontairement bipolaire) à travers leur passion géologique. Bref, vous l'aurez compris, pour tous les initiés de Bisserie Z d'une bêtise aussi décalée qu'inégalée, Yéti le géant d'un autre monde est une oeuvre unique au monde à découvrir absolument pour son aspect génialement foutraque à émuler son homologue King-Kong sous l'impulsion de têtes d'affiche aberrantes et d'un score musical à côté de la plaque mais si entêtant qu'on finit par l'adouber. Et puis rien que pour le jeu tantôt attendrissant, tantôt furibond de Mimmo Crao en nounours maous costaud décervelé, c'est à ne louper sous aucun prétexte.


*Bruno

jeudi 18 mai 2023

12 Feet Deep

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Matt Eskandari. 2017. U.S.A. 1h25. Avec Diane Farr, Nora-Jane Noone, Tobin Bell

Sortie Dtv: 20 Juin 2017

FILMOGRAPHIE: Matt Eskandari est réalisateur et scénariste américain. 12 Feet Deep (2017), Victim (2010) et Survivre (2020).


                                                             CHRONIQUE FURTIVE

Le Pitch: 2 nageuses (des soeurs dont l'une au caractère bien trempé) se retrouvent prisonnières sous le toit d'une piscine couverte. Elles vont tenter de s'extirper de leur gêole 1h20 durant.

Un bon petit suspense aquatique tirant parti de son charme et de son intérêt grâce à l'acting (exclusivement féminin) assez convaincant et d'une réalisation perfectible dénuée de prétention s'efforçant de préserver la tension avec assez d'efficacité pour nous garder éveiller 1h20 durant en mode huis-clos. Et ce en dépit de quelques couacs (la posture soudainement versatile d'un des personnages peine à convaincre lors d'un moment clef d'indulgence), facilités et rebondissements pas toujours indispensables. Notamment vers son final alarmiste (un tantinet redondant) tentant de renforcer la psychologique torturée des 2 héroïnes tributaires d'un passé familial tragique, alors que l'élément perturbateur vient refaire son apparition. Or, l'émotion étonnamment poignante de dernier ressort vient soudainement nous heurter pour pardonner ses menus défauts précités. 

On passe donc un bon moment tout en louant son concept original nanti de moyens modestes plutôt bien exploités.

*Bruno
Vostfr

Simetierre / Pet Sematary

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer. 2019. U.S.A. 1h40. Avec Jason Clarke, Amy Seimetz, Sonia Maria Chirila, John Lithgow, Hugo Lavoie et Lucas Lavoie, Obssa Ahmed, 

Sortie salles France: 10 Avril 2019

FILMOGRAPHIE: Kevin Kölsch est réalisateur et scénariste. Il est connu pour Starry Eyes (2014), Simetierre (2019) et Holidays (2016).


Une déclinaison habitée par la Mort.
Implacable. On ne peut plus idoine. C'est bel et bien un cauchemar implacable que nous communique le duo Kevin Kölsch / Dennis Widmyer (inconnu au bataillon en dépit de Starring Eyes) pour leur remake dont je n'aurai pas misé un seul clopet. Pour preuve, il m'aura fallu 4 années pour tenter de m'y frotter grâce aux éloges de divers Youtubeurs considérant de leurs aveux qu'il s'avère même supérieur à son modèle (celui-ci étant aujourd'hui encore toujours aussi mal aimé, et donc infortuné). Or, paradoxalement, ce remake que personne n'attendait (ou si peu) demeure lui aussi boudé par la critique, à l'instar d'une malédiction, comme le fut donc le classique de Mary Lambert en 89 (même si certaines critiques spécialisées de l'époque le défendirent bec et ongle - Mad Movies en tête - pour ne pas le citer). Alors oui, n'y allons pas par 4 chemins, et je peine à croire ce que j'imprime à l'instant T, mais Simetierre version 2019 est également à mes yeux supérieur à la version 89. Dans la mesure où j'ai ressenti en permanence; et de façon subtilement insidieuse, vénéneuse, opaque, un malaise sous-jacent puis perceptible au fil d'un cheminement que je connais d'avance. Alors que la sagacité des cinéastes est d'y renouveler toutefois le récit prévisible (grief déjà émis pour la version de 89) par le biais de certains changement narratifs mieux développés et détaillés (la topographie du cimetière hyper photogénique, la soeur moribonde de Rachel Creed beaucoup plus présente ici en intermittence, les rapports ambivalents entre Louis et son voisin Jude) et de points de vue plus terrifiants selon moi pour qui aime l'appréhension de façon dérangée, viscérale si je me réfère aux apparitions si malaisantes de Zelda et au jeu glaçant de Jeté Laurence. Car rarement une gamine ne m'aura autant foutu la trouille (viscérale, j'insiste) par son apparence à la fois lestement putride, maléfique, perfide, cynique tout en préservant une certaine attention "humaine". Le film suscitant d'autant mieux le malaise indécrottable en abordant à nouveau intelligemment les fameuses thématiques de Stephen King: la mort, la dichotomie de la foi religieuse avec l'athéisme et surtout la douleur incommensurable, l'incapacité à pouvoir faire le deuil (avec des séquences encore ici terriblement poignantes). 

Et ce en se focalisant prioritairement du point de vue de l'athée auquel son égoïsme, son refus de souffrir face à l'absence (éternelle !) de l'être cher le mèneront à une descente aux enfers inextinguible. Tant et si bien que l'ultime demi-heure infiniment malsaine, oppressante, ensorcelante (tout cela étant mis en scène de manière à la fois posée, studieuse, alchimique) m'a hypnotisé de manière éprouvée. Au point de m'empresser par petites touches de m'extraire de ce cauchemar sur pellicule en escomptant voir défiler le générique de fin. J'en oublierai presque d'évoquer ou plutôt de confirmer l'extrême soin de la réalisation auquel on sent à chaque plan l'amour du genre sous l'impulsion d'une direction d'acteurs sobrement crédibles, attachants dans leur fonction galvaudée d'une malédiction inarrêtable (même si la mère endossée par Amy Seimetz demeure la moins expressive par sa pudeur naturelle quelque peu timorée et son absence de charisme). C'est par ailleurs ce qui fait la force et l'acuité de ce récit putride au final désespéré, dévastateur de nihilisme (remember The Mist, c'est quasiment la même dépression pour le spectateur imbibé du cauchemar perméable lorsque la mort (ici patibulaire) transpire un peu plus de chaque pore par son autorité escarpée. Sans compter que la violence des actes, d'un réalisme gore là encore viscéral demeure aussi cuisante qu'électrisante sans dévoiler d'indices éloquents qui font très mal. On peut enfin souligner l'aspect lui aussi fétide, pestilentiel du chat fréquemment exploité pour souligner la contagion d'un Mal indicible (par le biais du Wendigo plus explicatif ici) que l'homme aura malencontreusement amorcé dans sa fragilité humaine, sa peur, son désarroi d'y refuser de mourir, surtout quand le néant est fondé sur une conviction personnelle irrévocable. 

Un authentique cauchemar donc (tant pis pour les répétitions) à l'aura de souffre et de malaise morbide à marquer d'une pierre blanche. Si bien que personnellement, rarement un film de "Zombie" ne m'aura autant convaincu par son pouvoir épeurant (aussi bien psychologique que physique). Mais il y aurait encore tant de choses à dire et à analyser sur ce remake maudit aux thématiques sans doute trop incommodantes pour emporter l'adhésion du grand public. 

*Bruno
vf

Ci-joint chronique de la version 89: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/08/simetierre-pet-sematary-prix-du-public.html


mercredi 17 mai 2023

Obsession Fatale / Unlawful Entry

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jonathan Kaplan. 1992. U.S.A. 1h51. Avec Kurt Russell, Ray Liotta, Madeleine Stowe, Roger E. Mosley, Ken Lerner, Deborah Offner.

Sortie salles France: 23 Septembre 1992. U.S: 26 Juin 1992

FILMOGRAPHIE: Jonathan Kaplan est un réalisateur américain né le 25 novembre 1947 à Paris.1972 : Night Call Nurses. 1973 : The Student Teachers. 1974 : Truck Turner. 1975 : La route de la violence. 1977 : On m'appelle Dollars. 1979 : Violences sur la ville. 1983 : Pied au plancher. 1987 : Project X. 1988 : Les Accusés. 1989 : Immediate Family. 1992 : Obsession fatale. 1992 : Love Field. 1994 : Belles de l'Ouest. 1994 : Reform School Girl (téléfilm). 1996 : Coup de sang. 1999 : Bangkok, aller simple.

Excellent souvenir que ce thriller symptomatique des années 90, quelle fut ma surprise de constater à la revoyure qu'il demeure toujours aussi glaçant que passionnant de par la grande efficacité que Jonathan Kaplan cultive à brosser la confrontation stoïque entre un flic psychotique contre un jeune couple en étreinte. Ainsi, à travers les rapports psychologiques toujours plus tendus entre ses victimes contre leur oppresseur, il faut mettre en exergue la faculté infaillible du réal à les diriger avec un art consommé tant chacun transperce l'écran 1h50 durant. Le spectateur s'identifiant à eux comme s'il les connaissaient personnellement par leur spontanéité familière dénuée de prétention. Kurt Russel, comme de coutume, demeurant tant impliqué en époux aimant s'efforçant de protéger sa dulcinée au gré d'un franc-parler davantage irritable eu égard des rebondissements malaisants qui empiètent sa tranquillité au sein de son cocon douillet. Madeline Stowe (l'une des plus belles femmes du monde, rien que ça) endossant l'épouse à la fois mature et équilibrée avec sobriété tout en jouant de sa sensualité avec un talent naturel nullement démonstratif (en dépit de sa fonction de séductrice d'un soir en concertation avec son époux). 

Mais outre le jeu rigoureusement attachant de ses 2 illustres acteurs d'une force d'expression affirmée, Obsession Fatale dilue avec délice une atmosphère anxiogène de plus en plus oppressante sous l'impulsion d'un Ray Liotta terriblement inquiétant car habité par son rôle démonial de façon insidieuse. L'acteur affichant un regard azur subtilement équivoque lorsqu'il s'efforce de se faire apprécier auprès du couple avec une générosité faussement amiteuse. Renforcé de son sourire contracté lestement maléfique, Ray Liotta nous terrifie par sa posture sournoise de flic redresseur de tort sombrant dans une rancune criminelle incontrôlable. Le final au suspense intense exploitant les codes horrifiques de façon conventionnelle tout en nous instaurant avec savoir-faire une angoisse tangible qui ira crescendo jusqu'à la confrontation musclée particulièrement haletante, pour ne pas dire effrénée. Et ce en dépit de l'ombre d'un ultime rebondissement éculé pour autant beaucoup plus grossier chez d'autres productions mercantiles opportunistes. 

Formidable thriller psychologique donc d'un magnétisme à la fois trouble et malsain, Obsession Fatale n'a pas pris une ride (ou alors si peu par son final prévisible toutefois bien rodé) grâce au trio d'interprètes crevant l'écran parmi la juste mesure d'une conviction somme toute expressive. Dommage qu'il soit sombré dans l'oubli car Jonathan Kaplan sait notamment filmer son récit avec suffisamment d'adresse, de maîtrise, d'intelligence (avec en filigrane une dénonciation des violences policières), d'efficacité et de sincérité pour élever son divertissement au rang de "classique du Samedi soir" (à un ou deux couacs près).

*Bruno
3èx

mardi 16 mai 2023

Misanthrope / To catch a Killer

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site tribunedelyon.fr

de Damian Szifron. 2023. U.S.A. 1h59. Avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo, Ralph Ineson, Rosemary Dunsmore, Michael Cram 

Sortie salles France: 26 Avril 2023. U.S: 21 Avril 2023

FILMOGRAPHIEDamián Szifron (né le 9 juillet 1975 à Ramos Mejía, dans le Grand Buenos Aires) est un réalisateur et scénariste argentin. 2003 : El fondo del mar. 2005 : Tiempo de valientes. 2014 : Les Nouveaux Sauvages (Relatos salvajes). 2023 : Misanthrope. 


Du grand cinéma, sans fioriture, que ce terrible constat d'échec où l'hypocrisie est reine. 
Une claque dont on ne sort pas indemne pour faire concis en cette année 2023. Car thriller psychologique nous suscitant un arrière gout de souffre dans la bouche lorsque le générique de fin se met à défiler, Misanthrope porte bien son titre français à mettre en exergue le portrait écorché vif d'un sociopathe (végétarien) épris de haine, de lassitude et de dégoût face à la corruption du monde capitaliste, médiatique, politique, qui l'entoure depuis trop longtemps. Telle une pandémie indécrottable planant sur la métropole de Baltimore alors que chaque citadin s'éclipse sous un masque pour taire leur solitude existentielle... Si bien que le spectateur s'identifie naturellement au désarroi du criminel; à sa rancoeur, à ses états d'âme avilis par l'injustice d'une société aliénante n'obéissant à aucune règle pour asseoir son autorité, son pouvoir, de manière à la fois égotiste, détachée. Mais aussi horrifiants et implacables soient ces tueries en série qu'on nous illustres sans complaisance (le préambule demeure anthologique sans en dire trop) sous l'impulsion d'une réalisation chiadée (épaulée parfois de cadrages alambiqués faisant perdre notre sens de l'orientation), Misanthrope porte également une énorme attention à son héroïne policière en herbe elle-même en proie à une haine sociétale et au dégoût de sa propre personne. 

Un effet de miroir lui permettant ainsi de mieux saisir les aboutissants de l'auteur des crimes gratuits que son supérieur en uniforme épaulera avec confiance et certain goût du risque (au passage, quelle audace d'y instaurer un rebondissement aussi inopportun là où on ne l'attend pas). Et si ce thriller magnétique, impeccablement interprété (Shailene Woodley s'accapare de l'écran, entre fragilité et détermination dans une expressivité sans fard), s'avère aussi palpitant que passionnant (en renouant avec le "cinéma" au sens noble) de par la densité de ses thématiques tristement actuelles, il s'enrichit au fil de l'intrigue d'une ultime demi-heure à la dramaturgie escarpée au point de nous déchirer les larmes. Car rarement un thriller à suspense ne m'aura si profondément troublé, parlé (intrinsèquement j'entends), désarçonné pour m'immerger dans le trauma cranien d'un psychotique en y laissant exprimer ses mobiles que tout un chacun assimile dans sa propre condition de claustration depuis l'émergence de la cancel culture, du spectre du fascisme (de nouveau en ascension aux 4 coins du monde) et de la corruption gangrénant tous corps de métiers, et ou l'effet de rentabilité empoisonne un peu plus chaque citoyen. Et ce jusqu'au voyeurisme des réseaux sociaux imbibés de vendetta, de délation, de soif de gloire, d'auto-justice. 


Au crépuscule du Mal.
Subtilement vénéneux, implacable, tendu comme un arc (la séquence des galeries marchandes ou celle de l'épicerie), terrifiant et envoûtant, Misanthrope est donc une oeuvre fertile derrière son apparat de thriller contemporain parvenant sans prévenir à nous bouleverser aux larmes (sans excuser les actes du tueur) pour ce terrible constat imparti à la désillusion (la solitude existentielle de masse gagnant toujours plus de terrain) au point de sortir de la séance avec la méchante gueule de bois. Quand bien même certains esprits fragiles, ou autrement tourmentés, oseront peut-être à leur tour se poser l'improbable question: "suis-je également apte à commettre l'impensable un jour prochain ?". Traumatisant, les nerfs mis à rude épreuve, la mine déconfite.

*Bruno

lundi 15 mai 2023

Retour vers l'Enfer / Uncommon Valor

                                          
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Ted Kotchef. 1983. U.S.A. 1h45. Avec Gene Hackman, Robert Stack, Fred Ward, Reb Brown, Randall "Tex" Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester.

Sortie salles France: 18 Avril 1984 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIETed Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada). 1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !


Si on est en droit de préférer Rambo 2 et Portés DisparusRetour vers l'Enfer demeure à mon sens plus efficace, plus maîtrisé, plus détaillé dans sa facture visuelle, moins tape à l'oeil, aussi épique et parfaitement troussé pour combler l'amateur d'action belliqueuse initié un an au préalable avec le phénomène Rambo 1. Et si le pitch prévisible, tracé d'avance, se soumet aux conventions (George Pan Cosmatos et Joseph Zito  n'exploiteront que deux ans plus tard le même schéma narratif avec Rambo 2 et Portés Disparus), Retour vers l'enfer ne relâche jamais l'attention sous l'impulsion de cette mission commando très attachante car charismatique, expressive et véritablement investie dans leur fonction à la fois solidaire, pugnace et enfin suicidaire à tenter de récupérer une poignée de prisonniers ricains restés confinés dans des géôles vietnamiennes 10 années depuis. Ainsi, lors de sa première partie fondée sur le recrutement et l'entrainement militaire, son aspect troupier renforcé de la posture décomplexée de nos touristes mastards demeure bon enfant à travers leurs esprits de camaraderie plein de bon sens, de relativisme, de pardon et surtout de fraternité eu égard de leur cohésion humaine indéfectible. Tout cela étant illustré avec une étonnante efficacité, notamment de par l'habileté du montage allant droit à l'essentiel. 


Outre ses sympathiques têtes d'affiche opposant ancienne et nouvelle génération (Robert Stack, Fred Ward, Reb Brown, Randall "Tex" Cobb et Patrick Swayze communément impliqués dans leur jeu spartiate jamais ridicule), on est surpris de retrouver en leader de peloton le monstre sacré Gene Hackman à la fois sobrement autoritaire, contrarié et résigné en colonel en berne s'efforçant (contre l'avis de ses supérieurs) à retrouver son fils prisonnier des Vietcongs. Et ce en dépit des négociations entamés entre les 2 pays qui pérennent depuis plus de 10 ans. Bonnard, dépaysant (les paysages naturels grandioses sont magnifiquement cadrés en plan large) et toujours aussi redoutablement épique (son long final anthologique à travers ses moyens déployés d'explosions tous azimut et massacres en règle), Retour vers l'Enfer demeure un excellent film d'action moderne proprement jouissif lorsque Ted Kotchef  chorégraphie ses séquences d'action furieusement badass (qui plus est quel bonheur de se retrouver avec de vrais décors et FX artisanaux). Enfin, on reste surpris de la tournure funeste de la mission sous l'impulsion d'une intensité dramatique bouleversante eu égard de son rebondissement final que personne n'attendait. Un parti-pris payant renforçant la densité humaine des personnages et des conséquences tragiques du contexte historique (notamment celle des prisonniers de guerre que l'Amérique laissa de côté) afin d'y évoquer leur sentiment de déroute étalé sur 15 ans de conflit. Si bien que l'on peut enfin rappeler ici à travers ce divertissement stoïque plein de charme, de sueur et de valeurs positives (courage, résilience, ode à l'amitié, sens du sacrifice, pardon, rédemption, héroïsme) que la guerre du Vietnam coûta la vie à 320 000 soldats. 


*Bruno
30.04.19. 151 v
15.05.23. 3èx. vf

samedi 13 mai 2023

Evil-Dead Rise

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lee Cronin. 2023. U.S.A. 1h36. Avec Alyssa Sutherland, Lily Sullivan, Nell Fisher, Gabrielle Echols, Morgan Davies, Anna-Maree Thomas, Richard Crouchley. 

Sortie salles France: 21 Avril 2023 (Int - 16 ans). U.S : 15 mars 2023

FILMOGRAPHIE: Lee Cronin est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2023: Evil Dead Rise. The Hole in the Ground (2019). 2016: Minutes Past Midnight (segment 'Ghost Train'). 


Sans jamais atteindre la maîtrise de l'excellent remake de Fed Alvarez (que j'ai vu 3 fois jusqu'à présent avec un plaisir fascinatoire davantage accompli - à ma grande surprise -), Evil-Dead Rise est une sympathique Bisserie lorgnant plus du côté de Démons de Lamberto Bava par sa mise en scène bricolée et son interprétation hésitante plutôt que de se rapprocher de la trilogie originelle en dépit de ses astucieux clins d'oeil disséminés ici et là. L'intrigue évidemment simpliste cumulant les attaques démoniaques à rythme métronome afin de ne pas ennuyer le spectateur embarqué dans un train fantôme parfois/souvent réjouissant à défaut d'y provoquer la frousse escomptée, faut d'absence d'intensité si on élude son superbe prologue et quelques situations anxiogènes suscitant un certain malaise sous-jacent. Ainsi, si Evil-dead Rise pourrait décevoir une frange de spectateurs, il faut toutefois reconnaître l'aimable volonté de Lee Cronin s'efforçant maladroitement de divertir avec une générosité indiscutable tant il cumule les affrontements dantesques sous l'impulsion de séquences gores parfois très réussies, renforcées qui plus d'FX artisanaux du plus bel effet. Avec aussi en intermittence des plans tarabiscotés génialement inventifs. 


A cet égard, le splendide climax "tomate cerise" vaut assurément le détour lorsque les victimes s'acharnent à prendre la poudre d'escampette au sein d'un ascenseur substitué en baignoire de sang (hommage éclatant à Shining) ou encore lorsque l'héroïne en herbe se défend contre les possédées à l'aide de la traditionnelle tronçonneuse que Bruce Campbel eut coutume de brandir en archétype héroïque. Et comme toute bonne bisserie du samedi soir, l'interprétation timorée finit rapidement par être attachante de par leurs efforts naïf de se fondre dans le corps de personnages sévèrement molestés, quand bien même l'étrange Alyssa Sutherland tire son épingle du jeu en possédée démoniale à la morphologie décharnée et au rictus diablotin afin d'y cultiver des sautes d'humeur noir assez jouissives pour qui apprécie les expressions insolentes bêtes et méchantes. Sympathique donc, on passe un agréable moment même si un goût d'inachevé et de bâclage s'y fait hélas ressentir sitôt le générique clos. Pour autant, conscient de son contenu dégingandé, un second visionnage pourrait le rendre plus appréciable après l'avoir apprivoisé avec soupçon de clémence et de second degré typiquement Bisseux.


*Bruno
vf

vendredi 12 mai 2023

S.O.S. Fantômes: l'Héritage / Ghostbusters: Afterlife

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jason Reitman. 2021. U.S.A. 2h04. Avec Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Paul Rudd, Logan Kim, Celeste O'Connor, Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson, Bokeem Woodbine, Sigourney Weaver, Annie Potts, Harold Ramis.

Sortie salles France: 1er Décembre 2021. U.S: 19 Novembre 2021

FILMOGRAPHIEJason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 octobre 1977 à Montréal. 2005 : Thank You for Smoking. 2007 : Juno. 2009 : In the Air. 2011 : Young Adult. 2013 : Last Days of Summer. 2014 : Men, Women and Children. 2018 : Tully. 2018 : The Front Runner. 2021 : SOS Fantômes : L'Héritage. 


"Un coup de 💓  en toute simplicité."
Formidable déclaration d'amour au S.O.S Fantômes initial, à son auteur défunt Ivan Reitman et au regretté Harold Ramis dont le final élégiaque arrachera les larmes aux nostalgiques, S.O.S Fantômes: l'héritage est le divertissement idoine afin de réconcilier l'ancienne et la nouvelle génération de spectateurs ayant su préserver leur âme d'enfant. Car baignant dans un esprit typiquement Eightie par ses doux instants de tendresse, l'innocence naturelle de ses chasseurs de fantômes en culotte courte et l'amour immodéré que porte le fils Jason Reitman pour cette licence mondialement respectée, S.O.S Fantômes... est un petit miracle d'y instaurer au sein de sa scénographie bucolique une ambiance hybride que l'on ne pu anticiper. Car l'idée de délocaliser l'action dans un cadre écolo aussi vaste que désert donne lieu à une ambiance fantastique légèrement envoûtante au point de se remémorer inconsciemment le cinéma de Spielberg (avec E.T ou encore Poltergeist pour la menace sous jacente des fantômes persécuteurs). Et puis quel plaisir de savourer la fantaisie (jamais surjouée) d'ados attachants par leur débrouillardise, leur capacité de réflexion, leur esprit de camaraderie et leur héroïsme en herbe dénué de prétention. 

Avec une mention particulière pour la craquante Mckenna Grace, LA révélation du film tant elle le porte sur ses frêles épaules avec un sérieux à la fois imperturbable et stylé en scientifique surdouée à la discrétion honorable. Et ce même lorsqu'elle ose narrer à ses partenaires ses blagues foireuses dans une décontraction tranquille. Une actrice adorable donc jonglant autant avec sa maturité humaine qu'une détermination vaillante étonnamment convaincante du haut de ses 12 ans. La première heure, posée et placide nous présentant ses personnages amiteux évoluant au sein d'une famille monoparentale en requête paternelle et sentimentale, tant et si bien que Jason Reitman se focalise autant sur leurs exploits héroïques que sur leurs états d'âme en berne, instable, à tenter de redorer la réputation sulfureuse d'un grand-père incompris de tous. C'est par ailleurs à travers ce personnage capital que Jason Reitman brode son récit pour vouer un ultime hommage si respectueux à l'acteur Harold Ramis avec une émotivité davantage poignante, pour ne pas dire bouleversante. A l'instar de cette étreinte luminescente imprégnée de doux lyrisme. Et puis lorsque l'action accoure à mi-parcours narratif on en prend plein les mirettes, tel un rêve de gosse éveillé, lorsque nos héros juvéniles pourchassent et traquent les fantômes avec un professionnalisme à la fois décomplexé, contre-intuitif et ironique afin de rendre l'aventure aussi exaltante qu'ébouriffante.  

Ainsi donc, de par la probité de sa charge émotionnelle jamais factice, le raffinement de ses paysages naturels et de ses FX (artisanaux et numériques) d'un réalisme fréquemment féérique, S.O.S Fantômes: l'Héritage conjugue action, tendresse, loufoquerie et romance avec une humilité forçant le respect. Et puis lorsque apparait Dan Aykroyd pour ensuite céder place à l'équipe charnière des années 80, comment ne pas être ému, verser une larme de bonheur et de nostalgie auprès de ce quatuor légendaire (jusqu'aux seconds-rôles surprises !) venu nous rendre visite dans leur morphologie sclérosée. Or, leur blague bonnard a beau fonctionner un peu à vide, on reste tellement charmé, impressionné, illuminé par leur présence (presque divine), à l'instar de leur vibrant hommage imparti à leur camarade parti trop tôt. Superbe cadeau surprise donc que ce 3è véritable opus, digne représentant du classique de papa Reitman que sa progéniture honore avec une tendre humilité (j'insiste).

P.S: ne ratez sous aucun prétexte les clins d'oeil inter/post génériques !

Dédicace à Stéphane Passoni.

*Bruno